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mercredi, 16 janvier 2013

Le temps d'un week-end / Scent of a woman - Al Pacino (suite et fin)

 

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Film : Le temps d'un week-end / Scent of a woman (1992, durée 2h37)

Réalisateur : Martin Brest

Frank Slade (Al Pacino), Charlie Simms (Chris O'Donnell), monsieur Trask (James Rebhorn), Donna (Gabrielle Anwar), George Willis Jr (Philip Seymour Hoffman), WR Slade le frère de Frank (Richard Venture), Randy le fils de WR (Bradley Whitford), Gretchen (Rochelle Oliver), Gail la femme de Randy (Margaret Eginton), Garry (Tom Riis Farrell), Harry Havemeyer (Nicholas Sadler), Trent Potter (Todd Louiso)

 

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Monsieur Trask : J'ai convoqué tous les membres du conseil général parce que l'incident qui s'est déroulé mardi dernier révèle une situation qui concerne chacun de nous. Il ne s'agit pas d'un acte isolé de vandalisme. Ce qui s'est passé est le symptôme d'une maladie de notre société. C'est une affection qui porte atteinte à tous les principes sur lesquels est fondée notre école. Une école des rangs de laquelle sont sortis deux hommes qui présidèrent aux destinées de ce pays, dont le bureau ovale de la Maison Blanche. Des compagnons de Berd ont dirigé d'importants ministères, de grandes banques d'affaires. Ils ont fondé des chaînes de magasins et entraîné des équipes de football. Nos anciens élèves reçoivent leur bulletin annuel dans des ashrams en Inde et des palaces en Jordanie. Nous sommes connus à travers le monde entier comme étant le berceau des dirigeants de ce pays, le flambeau de la nation qui montre la voie aux générations à venir. Mais aujourd'hui, nous souffrons d'un mal terrible : le manque de respect. Un manque de respect flagrant, manque de respect envers nos valeurs, manque de respect envers notre réputation, manque de respect pour les traditions de Berd, et en tant que gardiens de ces traditions, nous sommes réunis aujourd'hui pour nous protéger de ceux-qui-les-menacent. Qui est cette personne, monsieur Simms ?

 

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Charlie : Euh.

Frank : Cette personne est Frank Slade, lieutenant colonel des Etats-Unis d'Amérique. En retraite. Je suis venu en lieu et place des parents de Charles.

Monsieur Trask : Je vous demande pardon ?

Frank : In loco parentis. Ils sont retenus par leurs obligations dans l'Oregon.

Monsieur Trask : Quel est votre lien de parenté avec monsieur Simms ?

Frank : Est-ce un tribunal ?

Monsieur Trask : C'est ce que nous avons trouvé de plus approchant.

Frank : Si nous devons prêter serment, il y a deux ou trois personnes que j'appellerais à la barre.

Monsieur Trask : On ne prête pas serment à Berd. Nous sommes des hommes d'honneur.

Frank : Larry et Fanny Simms sont pour moi des amis très proches. Ils m'ont demandé de venir présenter la défense de leur fils. Est-ce autorisé ?

Monsieur Trask : Ravi de vous accueillir. Monsieur Willis.

 

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George Willis : Quel monsieur Willis ?

Monsieur Trask : Monsieur Willis fils.

George Willis Jr : ... Oui.

Monsieur Trask : Vous étiez posté à un endroit d'où vous pouviez voir les responsables de cet acte de vandalisme. Qui était-ce ?

George Willis Jr : Ahh, j-j'ai une idée de qui ça pouvait être.

Monsieur Trask : Non-non-non-non-non, pas une idée, monsieur Willis. Les avez-vous vus, oui ou non ?

George Willis Jr : Benh... j-j-j'avais pas mes lentilles de contact... J'étais dans la bibliothèque, j'avais enlevé mes lunettes, je voulais remettre mes lentilles et puis... Hhhh... J'avais aidé Simms à fermer, on s'était retrouvés dehors. Et là, j'ai entendu un bruit... j-j'ai pas eu le temps de mettre mes lentilles.

Monsieur Trask : Qu'avez-vous vu avec votre vision restreinte ?

George Willis Jr : ... ... Je l'ai dit, je voyais flou... ... Je vois rien sans mes lentilles.

Monsieur Trask : Qu'avez-vous vu au juste, monsieur Willis ?

George Willis Jr : Hh-hh... vu précisément...

Monsieur Trask : Arrêtez de viser avec moi, monsieur Willis, qu'avez-vous vu ce soir-là ?

George Willis Jr : ... Ecoutez, je m'excuse, mais j'avais pas mes lentilles et il faisait nuit. Qu'est-ce que je peux vous dire, c'est vrai.

Monsieur Trask : Monsieur Willis !

George Willis Jr : C'était peut-être Harry Havemeyer, Trent Potter et Jimmy Jameson.

 

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Monsieur Trask : "C'était peut-être" ?

George Willis Jr : J'peux pas vous dire mieux qu'ça.

Monsieur Trask : Vous ne pourriez pas nous fournir quelques détails ?

George Willis Jr : Posez la question à Charlie, je crois qu'il était plus près.

Monsieur Trask : Monsieur Simms.

 

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Charlie : Hum, oui. 

Monsieur Trask : Vous ne portez pas de lentilles, vous ?

Charlie : Nnnon.

Monsieur Trask : Vous, dont la vision n'est pas défaillante, qui avez-vous vu ?

Charlie : ... Eh bien j-j'ai vu quelque chose, monsieur, mais... je ne pourrais pas vous dire ce que c'était.  

Monsieur Trask : Très bien. Quelle est cette chose que vous avez vue ?

Charlie : ... j-je ne saurais...

Monsieur Trask : Vous ne sauriez ou vous ne voudriez le dire ?

Charlie : ... Non, c... Non, j'pourrais pas.

Monsieur Trask : "Pourrais-voudrais-devrais", monsieur Simms, vous venez à bout de ma patience, vous vous moquez des membres de ce jury ! Je vous donne une dernière chance ! Les conséquences de votre réponse peuvent être des plus néfastes. Par néfastes, je veux dire que votre avenir sera irrémédiablement compromis. Alors, pour la dernière fois, qu'avez-vous vu mardi dernier dans la soirée en sortant de la bibliothèque ?

Charlie : J'ai vu trois personnes. 

Monsieur Trask : Ah, trois personnes ! On avance. Avez-vous vu à qui ils ressemblaient ?

Charlie : Oui.

Monsieur Trask : Et à qui ressemblaient-ils, monsieur Simms ?

Charlie : ... Eh bien, je crois qu'ils ressemblaient... ... à n'importe quel élève de l'école.

Monsieur Trask : ... ... Nous sommes donc privés de tout témoignage. La déposition de monsieur Willis n'est pas seulement vague, elle n'a aucune substance. Cette substance, que nous recherchons, monsieur Simms, je pensais la trouver en vous.

Charlie : J'suis désolé.

Monsieur Trask : Et moi encore plus, monsieur Simms. Vous vous doutez de ce que vous m'obligez à faire, dans la mesure où je ne peux punir monsieur Havemeyer, monsieur Potter ni monsieur Jameson. Et je ne punirai pas monsieur Willis, il est le seul protagoniste de cet incident qui puisse encore s'enorgueillir du titre de compagnon de Berd. Je m'en vais recommander au conseil de discipline de vous expulser. Vous êtes un virtuose du trompe-l'œil et vous êtes un menteur.

Frank : Mais pas un indic.

Monsieur Trask : ... Excusez-moi ?

Frank : Non ! Je vous excuse pas.

Monsieur Trask : Monsieur Slade,...

Frank : Tout ceci est un ramassi de conneries !

Monsieur Trask : Monsieur Slade, je vous demanderais de surveiller votre langage. Vous êtes à Berd, une grande école, pas une caserne. Monsieur Simms, je vais vous offrir une ultime possibilité de vous  justifier.

Frank : Monsieur Simms vous remercie du cadeau. Monsieur Simms en a rien à branler d'être estampillé ou pas compagnon de Berd. C'est quoi cette secte ? Qu'est-ce que c'est que votre devise ? Messieurs, il faut balancer vos camarades et assurer vos arrières, faute de quoi nous vous clouerons au pilori ! Mais quoi - comme on dit - quand les choses tournent au vinaigre, il y en a qui baissent leur froc et d'autres qui montent la garde, hein ! Ici, Charles, qui brave la tourmente et là, George, qui se cache dans les jupes de papa. Et vous, qu'est-ce que vous faites ? Vous récompensez George. Et vous sacrifiez Charles.

Monsieur Trask : Avez-vous terminé, monsieur Slade ? 

Frank : Non, non, je commence à peine à m'échauffer. Je ne sais pas qui est sorti de cette école, William Howard Taft, William James Brown, Guillaume Tell, qui vous voulez. Leur esprit s'est éteint, s'ils en ont jamais eu un. Eteint ! Vous bâtissez le Radeau de la Méduse, un vaisseau pour cafards aquatiques ! Et si vous croyez préparer ces marins d'eau douce-là à être des hommes, vous vous mettez le doigt dans l'œil, parce que j'affirme que vous tuez l'esprit-même que cette institution prétend faire naître ! Tout ça, c'est du pipo. Qu'est-ce que c'est que cette comédie que vous mettez en scène !? Le seul qui a de la classe dans cette farce est assis à côté de moi. Et je suis venu vous le dire : l'âme de ce garçon est intacte, elle n'est pas négociable, là-dessus aucun doute. Une des personnes présentes - et je ne dirai pas qui - a voulu l'acheter. Et l'âme de Charlie n'était pas à vendre.

Monsieur Trask : Vous allez trop loin, monsieur !

Frank : Trop loin !? Je vous ferais voir, moi, jusqu'où on peut aller !! Aller trop loin, vous ne savez pas ce que c'est, monsieur Trask !! Je vous le ferais voir, mais je suis trop vieux, trop fatigué et bien sûr aveugle. Si seulement j'étais le même homme qu'il y a cinq ans, c'est au lance-flamme que j'attaquerais Berd !! "Trop loin", mais à qui croyez-vous vous adresser, hein !? Ah j'en ai vu des choses, vous savez. Il fut un temps où je n'étais pas aveugle, un temps où j'ai vu, des gamins comme ceux-là, et plus jeunes que ceux-là, des jambes arrachées, des bras déchiquetés par les bombes ! Mais il n'y a rien de pire que le spectacle de l'amputation d'un esprit ! Il n'existe aucune prothèse pour ça ! Vous croyez simplement renvoyer ce splendide fantassin dans ses foyers au bout de l'Oregon, la queue entre les jambes pour tout salaire ? Moi je dis que vous êtes en train d'exécuter son âme !! Et pourquoi !? Parce qu'il n'est pas compagnon de Berd ? Compagnon de Berd ! Faites-lui du mal et on vous appellera les compagnons de merde tous autant que vous êtes ! Et Harry !? Jimmy !! Trent !! Où que vous soyez, allez vous faire foutre !!

Monsieur Trask, trois coups de marteau : Veuillez vous asseoir, monsieur Slade.

Frank : Non, je n'ai pas fini ! Quand je suis arrivé ici, j'ai entendu ces mots : "berceau des dirigeants du pays". Quand la proue du bateau se brise, le berceau va par le fond et il coule, corps et biens ! Vous qui formez les chefs, qui façonnez nos dirigeants, faites bien attention au genre de dirigeants que vous nous préparez. Je n'sais pas si le silence de Charlie est justifié ou non, je ne suis ni juge ni juré. Mais il y a une chose que je sais : ce n'est pas quelqu'un qui vendrait père et mère pour se payer un avenir !! Et ça, mes amis, ça s'appelle l'intégrité, ça s'appelle le courage !! Voilà quelle est l'étoffe dont nos dirigeants devraient être faits. Se retrouver à la croisée des chemins, ça m'est déjà arrivé : à chaque fois, je savais quel était le bon chemin. Sans aucune exception, je l'savais, mais je ne l'ai jamais suivi. Et vous savez pourquoi ? Il m'aurait fallu ce qu'on appelle le courage. Et maintenant regardez Charlie. Il est à la croisée des chemins. Il a choisi sa voie. C'est la bonne voie. C'est une voie fondée sur des principes qui forgent un caractère. Laissez-le poursuivre sa route. Vous tenez dans vos mains l'avenir de ce garçon, mesdames et messieurs. Et c'est un avenir plein de promesses, vous pouvez me croire. Vous ne devez pas le détruire. Protégez-le. Prenez-en soin. Vous pourrez être fiers de lui un jour, je vous l'promets.

Monsieur Trask : Le conseil de discipline va se retirer maintenant afin de délibérer à huis clos.

Une des membres du jury : Nous avons déjà pris notre décision.

Monsieur Trask : Sans avoir délibéré ?

La membre du jury : Nous sommes prêts, ce n'est pas la peine.

Monsieur : Bon, très bien. Apparemment , la délibération est inutile. Madame Winsaker.

 

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La membre du jury : La session extraordinaire du conseil de discipline estime superflue toute délibération ultérieure. Elle est parvenue à une décision. Messieurs Havemeyer, Potter et Jameson auront une période de mise à l'épreuve. Ils sont soupçonnés d'agissements discourtois. En outre, il est recommandé que monsieur George Willis Junior ne reçoive aucun satisfecit ni éloge d'aucune sorte pour sa collaboration. Monsieur Charles Simms ne devra subir aucune conséquence préjudiciable à la suite de cet incident.

Frank : Ou-haa !

 

 

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Christine : Colonel ! Je m'présente, Christine Danst, j'enseigne les sciences politiques dans cette école. Je voulais vous dire à quel point j'ai apprécié votre intervention et votre franc-parler.

Frank : Merci beaucoup, vous êtes mariée ?

Christine : Hhh, j... hhhh.

Frank : J'ai connu à l'école d'artillerie de Fortshill un certain Mickey Danst. Il vous a mis le grapin d'sus ?

Christine : Non-non non-non, j'ai bien peu que non.

Charlie : Le colonel Slade a travaillé dans l'équipe de Lindon Johnson, mademoiselle.

Christine : De Johnson ? Fascinant.

Frank : Nous devrions nous revoir, nous parlerions politique.

Christine : Oui.

Frank : Fleur de rocaille.

Christine : C'est ça.

Frank : Fleur de torrent au flanc d'une montagne.

Christine : C'est bien dit.

Frank : Mademoiselle Danst, je saurai où vous retrouver.

 

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mardi, 15 janvier 2013

Le temps d'un week-end / Scent of a woman - Al Pacino

 

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Film : Le temps d'un week-end / Scent of a woman (1992, durée 2h37)

Réalisateur : Martin Brest

Frank Slade (Al Pacino), Charlie Simms (Chris O'Donnell), monsieur Trask (James Rebhorn), Donna (Gabrielle Anwar), George Willis Jr (Philip Seymour Hoffman), WR Slade le frère de Frank (Richard Venture), Randy le fils de WR (Bradley Whitford), Gretchen (Rochelle Oliver), Gail la femme de Randy (Margaret Eginton), Garry (Tom Riis Farrell), Harry Havemeyer (Nicholas Sadler), Trent Potter (Todd Louiso)

 

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Frank : On dit que les cheveux font la femme. T'est-il déjà arrivé d'enfouir ton nez dans une forêt de boucles et de... de vouloir dormir et de ne plus t'éveiller ? Ou bien, les lèvres. Quand elles touchaient les tiennes, elles avaient le goût de la première gorgée de vin après la traversée d'un désert. Et les seins. Des poitrines fortes ou des petites poires, ces mamelons qui te regardaient droit dans les yeux comme des phares dans la nuit. Et les jambes. Que ce soient des colonnes de temple grec ou des Steinway d'occasion, au milieu on trouve... un passeport pour le ciel. Ah, ça me donne soif. 

 

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Frank : Donc je m'réveille, il est quatre heures du matin, je n'sais pas avec qui je suis ni pourquoi j'suis là, ni... ni où je suis et qu'est-ce que je vais faire. J'ai cette exquise fleur d'orient d'un côté, toute gloussante et roucoulante... et une infirmière dure à cuire qui arrive droit de Omaha de l'autre. Nous sommes là, tous les trois, au pieu, hé-hé, le cul et le reste à l'air, hein. Et tout d'un coup, je m'dis : "que l'est rejoigne l'ouest, et nous bâtirons un pont sur le Pacifique". Ha-ha-ha-ha, ah j'ai eu l'impression qu'on venait de m'affecter dans le génie civil. Ah-ha-ha-ha !... Vous êtes toujours là ? 

 

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Randy : Passionnante, cette histoire. Ca te plaît tant qu'ça de... choquer ton public, oncle Frank ?

Gail : Chéri...

Frank : J'ignorais que tu étais si facile à choquer, Randy. J'admire ta sensibilité, c'est touchant.

Randy : Tu te souviens, Papa, de la fois où... tu as persuadé Frank d'aller dans un... un chenil ? Il a failli mettre la corporation des chiens d'aveugles sur la paille.

WR Slade : Du calme, Randy.

Gary : Tout ça, c'est de l'histoire ancienne.

Frank : En effet, Gary. C'est fini, et le dîner aussi. Charlie, quelle heure as-tu ? Je crois qu'on ferait bien de dire au revoir.

Randy : T'as jamais envisagé de t'acheter une montre braille, Frank ?

Gail : Randy...

 

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Randy : Stevie Wonder en a une. A moins que tu craches sur Stevie aussi ?

Gail : J't'en prie, chéri.

Frank : Ah ça ne fait rien, Gloria. Les remarques de Randy m'intéressent.

Randy : Ma femme s'appelle Gail, Frank. T'entends ? Gail.

Frank : Oh excuse-moi. Gail. Gail me semble être une très belle femme. Mais tu sais, il y a quelque chose de tendu dans sa voix. Je ne sais pas ce que c'est, mais ça peut être deux choses. Ou bien Gail est nerveuse, ou insatisfaite.

Randy : On peut savoir où tu veux en venir ? 

Frank : Broute-lui le cresson.

Randy : Ca suffit comme ça !

Frank : T'es tellement obnubilé par le commerce du sucre que t'as oublié le goût du miel nature !

Gail : Frank, pour l'amour du ciel...

Frank : Mais tu entends cette voix ? Il y a du feu sous cette jupe !

WR Slade : Tu vas t'arrêter, oui ?

Randy : Est-ce que tu vas foutre le camp, bordel ?

Frank : Ou-haa !

Randy : T'as qu'à remonter dans ta limousine et aller sous les ponts avec les autres poivrots, tu seras à ta place.

Charlie : Doucement, quand même.

Randy : Qu'est-ce qu'il y a ?

Charlie : C'est pas très gentil.

Randy : Pourquoi, qu'est-ce qu'il y a, Charlot ? Tu veux que j'lui fiche la paix parce qu'il voit pas clair ?

Charlie : Non, mais j'pense...

Frank : Mon ami n'aime pas qu'on l'appelle Charlot. Son prénom, c'est Charles.

Charlie : C'est vrai, quoi, normalement c'est une fête de famille, c'est...

Frank : Simple mise au point.

Randy : Oh non, pitié, encore un connard qui prend ce minus pour un héro de guerre.

Frank : Ou-haa !

Randy : Enfin, il y a longtemps, peut-être, il t'a sûrement parlé de l'époque où il travaillait avec Lindon Johnson, il t'a raconté.

Frank : J'avais envie de partir mais maintenant je ne m'en vais plus.

 

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Frank : "Charles". Tu arrives à l'dire, non ? Charles.

Randy : ...

Frank : Tu sais c'que c'est, ça ? C'est la tenaille coréenne...

Charlie : Colonel...

Frank : ... que j'apprenais à ces sous-lieutenants.

Charlie : Partons.

Frank : Une légère pression et je te pète la trachée artère.

Charlie : Colonel, ça m'est égal ce qu'il a dit.

Frank : "Charles".

Charlie : Allons-nous-en, s'il vous plaît.

Randy : Hhh-hhh-hhhh-.

Gail : Chéri...

 

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Frank : Avec qui buvons-nous ? Une agréable senteur de savonnette vient me chatouiller les narines.

Charlie : Euh, sexe féminin.

Frank : Sexe féminin. Si tu dis "sexe féminin", c'est qu'elle te plaît sûrement ou tu ne serais pas si cavalier.

Charlie : Hhhh...

Frank : Elle est seule ?

Charlie : Oui, elle est seule.

Frank : L'atmosphère se réchauffe. Cheveux châtains ?

Charlie : Bruns. Pas noirs.

Frank : Dans les vingt-deux ?

Charlie : Hhhh... je suis pas extra-lucide, vous savez.

Frank : Quand on cesse d'observer, c'est qu'on a cessé de vivre. En avant !

Charlie : Où on va ?

Frank : Tu l'sais très bien. Un peu d'audace, que diable ! Cette femme est faite pour toi, je le sens. Elle est foutrement belle, non ?

Charlie : Elle est pas mal.

Frank : Ma parole, tu vis encore ? Allez mon gars, viens, on s'promène. Faisons quelques pas.

 

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Frank : Excusez-moi, Señorita. Pourrions-nous nous asseoir ? J'ai l'impression qu'on vous néglige.

Donna : Mais... c'est que j'attends un ami.

Frank : A l'instant même ?

Donna : Non mais... d'une minute à l'autre.

Frank : D'une minute à l'autre ? Mais on peut vivre une vie entière en moins d'une minute. Et que faites-vous maintenant ?

Donna : J-j-j-j'attends qu'il arrive.

Frank : Est-ce que cela vous dérangerait si nous l'attendions avec vous ? Ne serait-ce que pour... pour tenir les coureurs de jupons à distance ?

Donna : ... Non, ça ne me dérange pas.

Frank : Merci infiniment.

 

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Frank : Je crois déceler un parfum dans l'air. Nnnh, ne m'dites pas c'que c'est. Savon des soeurs Ogilvie.

Donna : C'est prodigieux !

Frank : Oui, je suis un pro du prodige.

Donna : Ohhh, c'est bien le savon des soeurs Ogilvie. Ma grand-mère m'en a offert trois pour mon anniversaire.

Frank : O-ho, la bonne grand-mère que voilà. Je crois qu'elle aurait trouvé Charlie à son goût.

Charlie : Ne faites pas attention à lui.

Frank : Quel est votre nom ?

Donna : Donna.

Frank : Donna. Moi, c'est Frank. Et voici...

Donna : Charlie.

Frank : Oui. Hein, tu lui plais. Charlie passe un week-end difficile, il traverse une crise. Vous trouvez qu'il a l'air de tenir le coup ?

Donna : Je trouve qu'il a l'air très bien.

Frank : Ahhh, tu lui plais vraiment. Alors, Donna, vous, vous dansez le tango ?

Donna : Non... Je voulais apprendre mais...

Frank : Mais ?

Donna : Mais Michael n'a pas voulu.

Frank : Michael... Votre rendez-vous ?

Donna : Pour lui, danser le tango, c'est ringard.

Frank : Moi, je dirais que c'est Michael qui est ringard.

Charlie : Ne faites pas attention à lui. J'vous l'ai déjà dit.

Donna : Ha-ha-hhh !

Frank : Vous avez un beau rire, vous savez ?

Donna : Merci, Franck.

Frank : Aimeriez-vous apprendre le tango ?

Donna : Maintenant ?

Frank : Je vous offre mes services, à titre gracieux. Ca vous tente ?

Donna : Il me semble que j'aurais peur.

Frank : Vous auriez peur ?

Donna : Peur de faire des bêtises.

Frank : Pas de bêtise dans le tango, Donna. C'est pas comme dans la vie. C'est simple. C'est pour ça que c'est une si belle danse. Si vous faites un faux-pas, même si vous tanguez un peu, le tango continue. Vous devriez essayer. Vous voulez ?

Donna : D'accord, j'veux bien essayer.

Frank : Tu m'aides, fiston ? Votre bras.

 

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Frank : Charlie, fais-moi une petite reconnaissance du terrain.

Charlie : La piste fait à peu près vingt mètres sur trente, et... vous êtes du grand côté. Il y a quelques tables à l'extérieur et là-bas c'est...

  

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> Début du tango : Début du tango.WMA          

               > Suite : Tango.WMA

 

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Donna : Vous êtes un merveilleux danseur.

Frank : Attendez de voir danser Charlie.

Charlie : C'est un menteur, je sais pas danser.

Frank : Et alors, quel charmeur. Et c'est pas seulement un danseur, en plus il va vous pousser la chansonnette, il imite les oiseaux, il fait très bien Dracula.

 

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Michael : Chérie, bonsoir.

Donna : Michael, je te présente Frank et Charlie.

Michael : Enchanté. Excuse-moi, j'ai eu un mal fou pour venir.

Donna : Ah non, c'est pas grave. Ces deux messieurs m'ont tenu compagnie. Et le temps a passé très vite.

Michael : Ah, bien !

Frank : Votre fiancée est une excellente danseuse de tango.

Michael : T'as enfin trouvé quelqu'un pour danser le tango avec toi. C'est fantastique ! Laissez-moi vous serrer la main.

Michael tend sa main à Charlie pour la lui serrer.

Donna : Euh non, c'était avec Frank.

Michael : J'vous serre la main à tous les deux. Ca doit être super comme endroit mais il faut absolument qu'on y aille, on a rendez-vous avec Daryl et Carol à Greenwich Village.

Donna : Ah bon ?

Michael : Combien on doit ?

Frank : Non, s'il vous plaît. Michael, faites-moi plaisir.

Michael : Ah non-non-non, c'est de la monnaie.

Frank : Retirez la main de votre poche, c'est pour moi. Je vous en prie.

Michael : Alors merci. Au revoir ! Tu viens ?

Donna : Au revoir...

 

à suivre...

 

lundi, 14 janvier 2013

Thelma et Louise - Ridley Scott, Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel, Brad Pitt

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Film : Thelma et Louise (1990, durée 2h09)

Réalisateur : Ridley Scott

Louise Sawyer (Susan Sarandon), Thelma Dickinson (Geena Davis), Hal Slocumb (Harvey Keitel), Jimmy (Michael Madsen), JD (Brad Pitt), Darryl (Christopher McDonald), Max (Stephen Tobolowsky), Harlan Puckett (Timothy Carhart), Lena (Lucinda Jenney), le policier en patrouille (Jason Beghe), Albert (Sonny Carl Davis), le chauffeur routier (Marco St John)

 

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Jimmy : Ecoute, je sais pas du tout ce qui se passe, ce qui s'est passé ou... ou ce que vous avez fait mais... d'abord je dirai rien à personne et ensuite je dirai même pas que j't'ai vue. D'accord ?

Louise : Jimmy, qu'est-ce qui t'arrives là, t'as pris une pilule pour dire tout c'qui faut quand il faut ?

Jimmy : Ouais, je m'étrangle avec. T'es sure, tu veux pas que je vienne avec vous ?

Louise : Non, j'crois pas que c'est vraiment la bonne idée là pour l'instant. Mais j... j'te rattraperai un de ces quatre, à la croisée des chemins.

Jimmy : Oui. Bon, eh benh, mon taxi est là. Dis donc, pourquoi tu la gardes pas ?

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Louise : Merci.

Jimmy : Je veux que tu sois une femme heureuse.

Louise : J'suis une femme heureuse, Jimmy, du mieux qu'je peux.

Jimmy : Si tu l'dis. Bon. Benh on lui fait pas une grosse bise à Jimmy, il s'en va ? Et après moi j'disparais.

Louise : Viens là p'tit Jimmy.

Jimmy : A bientôt, Louise.

Louise : Ouais, bon voyage.

 

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Louise : Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ?

Thelma : Rien. Emmêlés !

Louise : Thelma, ça tourne pas rond, toi ?

Thelma : Si-si. Pourquoi ? J'suis pas comme avant ?

Louise : Benh maintenant que t'en parles, là, oui, j'trouve que justement, t'as l'air cinglé ou alors drogué.

Thelma : Benh, j'suis pas droguée. Mais peut-être bien... cinglée !!

 

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Louise : Thelma, qu'est-ce qui s'est passé ?

Thelma : Aaaah ! Hi-hi !

Louise : Qu'est-ce qui s'est passé !?

Thelma : Kiddy est revenu !

Louise : Non !

Thelma : Oh mon Dieu, Louise, mon Dieu !

Louise : Oh non !

Thelma : J'en reviens pas, là non, j'en reviens pas !

Louise : Non !!

Thelma : Si tu savais, c'était mmmmh-rrrrrh !! J'vois enfin pourquoi les gens en font tout un plat ! Ecoute, c'est un truc qui, huh ! j'te jure ça ouvre des ouvre des horizons !

Louise : Oh, chérie, ça me fait tellement plaisir, c'est géant, c'est vraiment super ! Enfin un mec qui baise bien.

Thelma : Ah !

Louise : C'est trop mignon. Et où il est, là ?

Thelma : Là, je l'ai laissé sous la douche.

Louise : Ne m'dis pas que tu l'as laissé seul dans la chambre ? Où t'as mis le fric ? Oh mon Dieu, Thelma, où t'as mis le fric ?

Thelma : Sur la table de nuit !! T'inquiète ! Il est sur la table de nuit, t'inquiète ! ... Oh ! Oh, putain de merde ! J'ai jamais eu de chance. Pas une fois !

 

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Louise : Thelma !

Thelma : Quoi ?

Louise : J'voudrais que tu téléphones à Darryl.

Thelma : Pourquoi ?

Louise : J'veux qu'tu...

Thelma : Hein ?

Louise : J'veux qu'tu vois s'il sait quelque chose. Si tu sens qu'oui, tu raccroches tout de suite, parce que la police lui aura dit et vous serez sur table d'écoute. Tu comprends ?

Thelma : Ta-ble d'é-coute ? M'enfin, Louise, t'es malade ?

Louise : Réfléchis, Thelma. Meurtre et vol à main armée en plus.

Thelma : Comment ça, meurtre ? Qu'est-ce que tu fais de la légitime défense ?

Louise : C'en était pas, on a foutu l'camp, on a foutu l'camp.

Thelma : Oui mais ils en savent rien, y'avait que toi et moi là-bas. J'dirai que ce type m'a violée et qu'tu l'as buté, c'est presque la vérité.

Louise : Ca marchera pas.

Thelma : Pourquoi pas ?

Louise : Il n'y a aucune preuve de c'que tu avances là. Comment prouver qu'il t'a violée ? Et même, comment prouver que cette sale ordure t'a touchée ?

Thelma : Vacherie !

Louise : La justice, c'est une vraie chienlit, hein !

Thelma : Et comment ça se fait que tu sais tous ces machins ?

Louise : Et puis qu'est-ce qu'on trouverait à dire pour le hold-up, hein ? Y'a pas d'excuse pour ça. Jusqu'à nouvel ordre, le vol légitime, j'connais pas.

Thelma : Ca suffit, Louise, tu veux.

 

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Louise : Quoi ? Quoi ? Explique-toi.

Thelma : Rien-rien, c'est juste... c'est juste le regard qu'il avait quand... A-ha-haaa !

Louise : Quand quoi ?

Thelma : Il s'y... il s'y attendait pas à ça ! A-ha-haaa ! Suce-moi, connasse et prrrrrt !

Louise : Thelma, c'est pas drôle.

Thelma : Hi-hi-hi! ... Je sais... C'est sûrement ça qui t'est arrivé.

Louise : Quoi ? De quoi est-ce que tu parles ?

Thelma : Au Texas. C'est ce qui t'est arrivé, c'est ça ? T'as été violée ?

Louise : J'te préviens, Thelma, ça suffit. Tu laisses tomber. J'parlerai pas de ça. C'est clair ?

Thelma : Oui.

Louise : J'parlerai pas de ça.

Thelma : D'accord.

Louise : C'est clair ?

Thelma : Oui. D'accord, Louise. C'est d'accord. C'est d'accord.

 

¤      ¤      ¤

 

Louise : C'était des excuses, ça ? Je crois pas...

 

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samedi, 12 janvier 2013

Hannah

 

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Rainer Fassbinder, Hanna Schygulla

  

Extrait de La Croix, vendredi 12 octobre 2012 :

 

"Elle fait partie de ces très rares comédiennes qui apportent avec elles, sur le plateau, leur propre lumière, explique l'écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière. Phénomène inexplicable, signe d'un état intérieur particulier, qui donne à l'interprète sa force naturelle, mais aussi son indépendance, sa fermeté." [...]

 

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Née le 25 décembre 1943 à Katowice, une ville polonaise alors allemande, elle porte un nom polonais germanisé. Une double identité qui lui convient : "J'ai en moi les deux mentalités : le laisser-faire et la tendance à la démesure slaves, la volonté et la persévérance allemandes." Alors qu'elle est bébé, sa mère qui craint un bain de sang quitte la Silésie quand arrivent les Russes et s'installe à Munich. "On nous appelait les "réfugiés d'en haut" parce que nous avons occupé un grenier. Je trouvais libérateur de pouvoir parler le patois bavarois comme les autres enfants et d'être aussi d'ailleurs."

 

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Etudiante en philologie, elle suite une copine dans un cours d'art dramatique. Hanna Schygulla, qui dit joliment voir dans le hasard "Dieu incognito", y rencontre Rainer Werner Fassbinder. Il fera d'elle son actrice fétiche, l'employant d'abord sur scène, puis dans près d'une vingtaine de films de 1969 à 1981 : Les larmes amères de Petra von Kant, Effi Briest, Le Mariage de Maria Braun, Lili Marleen...

 

hannah schygulla, fassbinder
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"Son univers était loin du mien. Il a titré un film L'amour est plus froid que la mort, alors que pour moi l'amour est comme un coup de baguette magique sur la vie. Je parlais peu, il ne pouvait pas cerner tout à fait qui j'étais. J'étais la marionnette dotée d'une vie propre, l'instrument parfait avec une part indomptable." 

 

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Elle joue également avec les réalisateurs Wim Wenders, Volker Schlöndorff et Margarethe Von Trotta, une génération en rupture. "La tradition qui n'avait pas pu empêcher ce qui s'était produit en Allemagne n'était pas une valeur sûre pour nous, explique Hannah Schygulla. Nous ne voulions pas vivre aliénés par les règles de la société, du travail, de la propriété. Nous voulions être plutôt qu'avoir, et repousser les limites." Grâce à des films comme Lily Marleen, la notoriété de la comédienne dépasse largement le cadre de l'Allemagne, et elle tourne avec Ettore Scola, Carlos Saura, Andrzej Wajda, Jean-Luc Godard et Marco Ferreri.

 

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Mais être interprète ne lui suffit pas. "Souvent je me disais que j'aurais tourné telle scène autrement. Même si je ne l'exprimais pas toujours, cela gênait les metteurs en scène." Pour satisfaire un besoin de créer, elle réalise des courts métrages et monte sur scène pour chanter ("Un rêve d'enfant !"). Au fil des années, les propositions de tournage s'espacent, avec néanmoins des seconds rôles, remarqués comme dans De l'autre côté de Fatih Akin, ou Faust, d'Alexandre Sokourov.

 

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Après plus de trente ans à Paris, Hannah Schygulla envisage de s'installer à Berlin. "J'aurais plus de possibilités d'être mêlée à des projets intéressants." Elle considère l'Ours d'honneur reçu à Berlin en 2009 et la nuit d'hommage du Festival du cinéma allemand le 12 octobre avec circonspection : "C'est toute une vie derrière moi, mais j'en veux également une devant moi, pas forcément aussi spectaculaire, mais riche et gratifiante. Maintenant que j'entre dans le dernier chapitre, je me sens libérée d'avoir à prouver. Mais être sur le socle du passé m'ennuie. Je préfère en descendre et marcher pieds nus sur un chemin nouveau."

 

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vendredi, 11 janvier 2013

L'amour est plus froid que la mort - Fassbinder, Fassbinder, Schygulla

 

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Film : L'amour est plus froid que la mort / Liebe ist kalter als der Tod (1969, durée 1h28)

Réalisateur : Rainer Werner Fassbinder

Bruno (Ulli Lommel), Joanna (Hanna Schygulla), Franz (Rainer Werner Fassbinder), Peter (Hans Hirschmüller), Georges (Les Olvides), Raoul (Howard Gaines), la femme dans le train (Katrin Schaake)

 

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- Vous avez trois condamnations à votre actif, deux pour braquage, une pour proxénétisme. Est-ce exact ?

Franz : A peu près.

- C'est parfaitement exact. Nos renseignements sont de premier ordre. Bien. Vous connaissez la raison de notre présence ici ? Dans ce cas, je vais vous l'expliquer. Le syndicat désire que vous travailliez pour nous. Vous fumez ? ... Et les désirs du syndicat sont des ordres, vous le savez.  Sur le principe, c'est simple. Vous travaillez et vous êtes régulièrement rémunéré. Cette perspective vous paraît sympathique ? Vous avez une petite amie. Elle est très mignonne, n'est-ce pas ? Allez-vous travailler pour le syndicat ? Vous allez travailler pour le syndicat.

Franz : Je travaille uniquement pour mon compte.

- Raoul...

 

Raoul (à droite) se lève.

 

Franz : Je veux pas travailler pour le syndicat.

- Avez-vous réfléchi à la chose ? Votre avenir est assuré au service du syndicat. Le syndicat a les meilleurs avocats, les meilleures relations.

Franz : Je veux être libre.

 

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Munich, 129 rue Hess. 

 

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La femme dans le train : A cette station, je me retrouve souvent en agréable compagnie. Vous la voulez, cette pomme ?... Ce que c'est banal. C'est bien ? ... Elle était bonne la pomme.

Bruno : A douze ans, j'ai tué mon père en lui cassant un vase sur la tête. A seize ans, j'étais meneur de bande. Un jour, on a liquidé un type assis sur un banc avec une gamine. On lui avait pissé dessus du haut de la colline. Il est venu râler. On l'a tabassé. Il a tourné de l'oeil. Avec des coups de poing américains. Il était mort. Clamsé, quoi. 

 

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La femme : Je t'ai observé. Tu es garé là depuis un bout de temps. T'es seul, pas vrai ? Moi aussi, je suis seule. Tous les deux, on pourrait peut-être...

 

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Franz : Comment c'était ?

 

Elle lui tend l'argent, s'en va et revient.

 

Joanna : On devrait avoir un logement où on puisse rester, et un enfant, et du calme.

 

Il se lève et part.

 

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Munich, 129 rue Hess.

 

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mercredi, 09 janvier 2013

Cinéphiles & co

 

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Extrait d'un entretien avec Michel Ciment, rédacteur en chef de "Positif", par Stéphane Dreyfus et Arnaud Schwartz, La Croix, vendredi 12 octobre 2012

 

[...]

 

Avec la multiplication des sources de cinéma (DVD, VOD), la nouvelle génération de cinéphiles a-t-elle besoin d'avoir des repères ?

M.C. : Le DVD nous a fait beaucoup de bien. [...] J'ai connu une époque où très peu de gens avaient vu La Règle du jeu de Jean Renoir (1939), car il passait tous les trois ans à la Cinémathèque. Ce n'est plus le cas de nos jours avec le DVD.

En 1959, j'avais 20 ans et trente ans me séparaient du cinéma muet. A l'époque, quand nous nous retrouvions à la Cinémathèque, nous avions à peu près tous la même culture : nous avions tous vu Pabst, Mizoguchi, Murnau, etc. Aujourd'hui, cinquante ans nous séparent d'A bout de souffle de Jean-Luc Godard. L'histoire du 7e art est deux fois plus importante dans le temps comme dans l'espace par rapport à ce qu'elle était. Les jeunes cinéphiles ont donc une culture plus fragmentaire, mais sont souvent très spécialisés dans une cinématographie nationale, le paysage cinématographique mondial s'étant considérablement élargi.

Ce noyau dur de cinéphiles se précipite sur des rétrospectives à la Cinémathèque française pour voir, par exemple, des séries B américaines des années 1950 et 1960. Le fait de se sentir un peu seuls et singuliers leur donne du caractère et conforte le souci qu'ils ont de renforcer leur culture artistique. Une culture moins littéraire, mais avec une approche très visuelle du cinéma.

 

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Avec la multiplication des sites sociaux de critiques sur le Net, la fonction critique a-t-elle changé ?

M.C. : Le critique doit avoir la même démarche que le créateur et obéir à lui-même. Le cinéaste doit faire le film qu'il a envie de faire et de voir s'il payait sa place au cinéma. Le critique doit penser au lecteur en étant dans la clarté et en évitant l'amphigouri, l'obscurité qui ont été à un moment très dominants dans ce type de revue. Nous pensons au lecteur comme s'il avait notre goût.

Dans une période où le nombre d'entrées est roi, il n'est pas mauvais de prendre ses distances avec cette forme de populisme. Je regrette d'ailleurs l'aplatissement  de l'accueil critique qui se doit de hiérarchiser davantage ses choix éditoriaux. [...]

 

La cinéphilie peut-elle se déplacer du cinéma vers la série télévisée, très créative de nos jours ?

M.C. : La série télévisée s'est réappropriée le romanesque sans se préoccuper du style. Je ne crois pas qu'existent des séries qui aient l'inventivité et l'originalité formelles d'un long métrage de Stanley Kubrick ou de Robert Altman. Elles sont en revanche beaucoup plus riches du point de vue de la fiction que les films. Un cinéaste comme Alain Resnais adore les séries comme Les Sopranos, car il ne voit pas les oeuvres filmiques de la même façon : il en apprécie avant tout l'histoire en se demandant ce qu'il aurait pu en faire.

 

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Comment le cinéma américain a-t-il évolué depuis la création de Positif ?

M.C. : Les grands cinéastes américains n'ont plus la place prééminente qu'ils avaient dans le box-office des années 1930 à 1950. Les films de Capra, Ford, Lubitsch, Mankiewicz, Hitchcock sortaient dans toutes les salles et avaient un large public populaire. A partir de 1960 et surtout 1970, avec le Nouvel Hollywood, les oeuvres de Scorsese, Pakula, Schatzberg n'ont pas eu le même succès, à quelques exceptions près comme Le Parrain de Francis Ford Coppola.

A partir de 1975, le 7e art américain a été tué par les blockbusters dont les premiers ont été réalisés par Steven Spielberg et George Lucas. Les producteurs se sont alors engouffrés dans des films pour adolescents moins ambitieux et ont rendu la mise en chantier des oeuvres d'artistes comme Robert Altman beaucoup plus ardues. A l'autre bout du spectre, Michael Cimino et les millions qu'il a dépensés sur Les Portes de paradis ont été responsables de la défiance d'Hollywood à l'égard des artistes. Il y a aujourd'hui moins de créativité aux Etats-Unis, malgré les oeuvres des frères Coen, Jeff Nichols, Paul Thomas Anderson, etc. Mais, à son meilleur, le cinéma américain arrive encore à former un trait d'union conciliant tous les publics. Et c'est la chose la plus difficile à faire dans l'expression artistique.


 

vendredi, 14 décembre 2012

Le Lauréat - Dustin Hoffmann, Mrs Robinson (fin)

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Film : Le Lauréat / The Graduate (1967, durée 1h42)

Réalisateur : Mike Nichols

Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), monsieur Braddock (William Daniels), madame Braddock (Elizabeth Wilson)

Elaine Robinson (Katharine Ross), monsieur Robinson (Murray Hamilton), madame Robinson (Anne Bancroft) 
 
L'employé de l'hôtel (Buck Henry), Carl Smith (Brian Avery), monsieur McGuire (Walter Brooke), monsieur McCleery (Norman Fell), madame Singleman (Alice Ghostley), mademoiselle DeWitte (Marion Lorne)
 

 

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Benjamin : Bonjour.

Madame Braddock : Salut, est-ce que je peux te dire un mot ?

Benjamin : Oui.

Madame Braddock :Benji, chéri, j'aimerais... j'ai une question à te poser, mais tu sais, tu n'es pas forcé de répondre si ça t'ennuie.

Benjamin : Qu'y a-t-il ?

Madame Braddock :Eh bien, je voudrais savoir ce que tu fais le soir lorsque tu sors.

Benjamin : Lorsque je sors ?

Madame Braddock : Ne me réponds pas si tu n'en as pas envie.

Benjamin : Non-non, ça m'est égal, je te répondrai. Je fais un tour en voiture.

Madame Braddock : Rien d'autre ?

Benjamin : Non, rien d'autre.

Madame Braddock : Mais tu ne roules pas de minuit jusqu'au lendemain sans t'arrêter, je suppose.

Benjamin : Oh, non.

Madame Braddock : Alors que fais-tu ? Tu vois une fille ?

Benjamin : Je vois une fille ? Et pourquoi dis-tu ça ?

Madame Braddock : Bon, ça te regarde. Je ne veux pas jouer aux devinettes.

Benjamin : Non, pas si vite. Je ne retrouve personne, maman, pourquoi dis-tu ça ?

Madame Braddock : Benjamin, je ne veux pas me mêler de tes affaires, mais je préférerais que tu n'aies rien dit du tout plutôt que de m'avoir menti. Bonne nuit.

Benjamin : Maman, mais attends une minute.

 

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Benjamin : Attendez une minute, madame Robinson, vous ne croyez pas que nous pourrions bavarder un peu d'abord, pour une fois ?

Mrs Robinson : Nous n'avons pas tellement à nous dire, je crois.

Benjamin : Ecoutez, depuis des mois, nous n'avons fait que monter ici et nous fourrer au lit.

Mrs Robinson : En avez-vous assez ? 

Benjamin : Non-non, non, pas du tout. Vous ne croyez pas que nous pourrions pimenter les choses par un peu de conversation ?

Mrs Robinson : De quoi voulez-vous que nous parlions ?

Benjamin : Je ne sais pas, de n'importe quoi.

Mrs Robinson : Voudriez-vous me parler de certaines de vos aventures au collège ?

Benjamin : Oh, mon Dieu. Trouvez un autre sujet.

 

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Mrs Robinson : Hhhh, si nous parlions d'art ?

Benjamin : D'art ? Ah ça c'est un bon sujet ! Allez, commencez !

Mrs Robinson : Non, commencez vous, je n'ai aucune notion artistique.

Benjamin : Eh bien, que voudriez-vous savoir ? Qu'est-ce qui vous intéresse ? L'art moderne ou le classique ?

Mrs Robinson : Ni l'un ni l'autre.

Benjamin : Les arts ne vous intéressent pas ?

Mrs Robinson : Non.

Benjamin : Alors pourquoi voulez-vous en parler ?

Mrs Robinson : Je n'y tiens pas.

 

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Benjamin : Ecoutez, nous allons faire ceci, nous allons parler un peu de tout. Dites-moi ce que vous avez fait aujourd'hui.

Mrs Robinson : Hhhh, je me suis levée.

Benjamin : Mmmh.

Mrs Robinson : J'ai préparé le petit déjeuner de mon mari.

Benjamin : Ah tenez, tenez, en voilà un sujet de conversation, votre mari.

Mrs Robinson : O-ho, lui...

Benjamin : Expliquez-moi tout. Je ne sais pas comment vous vous arrangez pour tout ça. Que lui dites-vous quand vous vous en allez ?

Mrs Robinson : Rien du tout, il dort.

Benjamin : Toujours ? Il ne se réveille pas quand vous rentrez ?

Mrs Robinson : Hhhh, nous faisons chambre à part.

Benjamin : Ah, je vois. Ainsi, vous n... Enfin, je m'en voudrais d'être un peu indiscret, mais je devine que vous ne couchez plus ensemble.

Mrs Robinson : Non, c'est fini.

Benjamin : Depuis combien de temps est-ce que ça dure ?

Mrs Robinson : Oh je vous en prie, laissez-moi.

Benjamin : Non, un instant. Pourquoi l'avez-vous épousé ?

Mrs Robinson : Voyons si vous devinez.

Benjamin : Eh bien, j'y renonce.

Mrs Robinson : Réfléchissez bien, Benjamin.

Benjamin : Je ne vois pas pourquoi, à moins que... vous n'avez pas été forcée de l'épouser, n'est-ce pas ?

Mrs Robinson : ... Ne dites rien à Elaine.

Benjamin : Non, vous avez dû vous marier parce que vous étiez enceinte ?

Mrs Robinson : Ca vous choque ?

Benjamin : Jamais je ne vous aurais vu vous et monsieur Robinson sous...

Mrs Robinson : Ca suffit, nous n'avons mieux à faire...

Benjamin : Un instant, attendez une minute. Comment est-ce arrivé ?

Mrs Robinson : Quoi ?

Benjamin : Vous et monsieur Robinson. Vous ne voulez pas me dire dans quelles circonstances ?

Mrs Robinson : Pas particulièrement.

Benjamin : Il faisait ses études de droit à cette époque ?

Mrs Robinson : M-hm.

Benjamin : Et vous étiez étudiante vous aussi ?

Mrs Robinson : Hm-hm.

Benjamin : Dans un collège ?

Mrs Robinson : Oui hhh.

Benjamin : Quelles études faisiez-vous ?

Mrs Robinson : Oh mais pourquoi me posez-vous toutes ces questions, Benjamin ?

Benjamin : Parce que ça m'intéresse, madame Robinson. J'aimerais savoir en quoi vous étiez étudiante.

Mrs Robinson : En art.

Benjamin : En art ? Mais je croyais... Je vois, ce sujet a cessé de vous intéresser il y a de ça des années.

Mrs Robinson : Oui, c'est vrai.

Benjamin : Comment cela est-il arrivé ?

Mrs Robinson : Quoi ?

Benjamin : Vous et monsieur Robinson ?

Mrs Robinson : Qu'allez-vous chercher...

Benjamin : Je veux dire, est-ce qu'il vous a emmenée dans sa chambre ou... dans un hôtel ?

Mrs Robinson : Oooh, Benjamin, mais qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?

Benjamin : Ca m'intrigue.

Mrs Robinson : Ca s'est passé dans son auto.

Benjamin : Oh non, quoi, dans une auto ?

Mrs Robinson : Eh bien nous n'étions sûrement pas les premiers.

Benjamin : C'était une auto de quelle marque ?

Mrs Robinson : Quoi ?

Benjamin : Vous vous rappelez pas la marque de l'auto ?

Mrs Robinson : Oh, mon Dieu... C'était une Ford, Benjamin.

Benjamin : Oh, une Ford ! Ha-ha-ha !! Ca ! Ca lors, elle est bonne, une Ford !

Mrs Robinson : Allons, ça suffit.

Benjamin : Cette chère Elaine Robinson a donc été mise en chantier dans une Ford.

Mrs Robinson : Ne parlez pas d'Elaine.

Benjamin : Vous ne voulez pas que j'en parle ?

Mrs Robinson : Non.

Benjamin : Pourquoi ?

Mrs Robinson : Parce que je n'y tiens pas.

Benjamin : M'enfin pourquoi ? J'aimerais que vous me le disiez.

Mrs Robinson : Il n'y a rien à dire.

Benjamin : Pourquoi devient-elle tout à coup un sujet tabou ? Parce que je veux essayer de connaître le fond des choses.

Mrs Robinson : Benjamin, je vous interdis de sortir avec cette petite ! Avez-vous compris ?

Benjamin : Ecoutez, je n'ai aucune intention de sortir avec elle.

Mrs Robinson : Bien.

Benjamin : Je ne faisais que vous taquiner.

Mrs Robinson : Bien.

Benjamin : Mais pourquoi me le défendre ?

Mrs Robinson : J'ai mes raisons.

Benjamin : Exposez-les moi.

Mrs Robinson : Non.

Benjamin : Exposez-les moi, madame Robinson, parce que je crois les connaître. Je ne suis pas assez bien pour la fréquenter, n'est-ce pas ? Je ne suis pas assez bien même pour lui adresser la parole !

Mrs Robinson : N'en parlons plus.

Benjamin : Si, nous en reparlerons ! Je suis assez bien pour vous mais pas assez pour fréquenter votre fille, c'est bien ça, n'est-ce pas ?

Mrs Robinson : Benjamin !

Benjamin : C'est ça, hein ?

Mrs Robinson : ... Oui.

Benjamin : Allez au diable. Allez-y au diable, madame Robinson. Vous me croyez fier de moi, je suppose. Vous me croyez fier ? Eh bien, je ne le suis pas. Non alors, je ne suis pas fier de passer mon temps avec une femme vieille et alcoolique.

Mrs Robinson : Je saisis.

Benjamin : Si vous croyez que je viens dans cet hôtel autrement que par pur ennui, alors là vous vous trompez. Parce que là, madame Robinson, ceci est la chose la plus perverse, la plus sale qui me soit arrivée. Et si ça vous amuse, moi je vais foutre le camp !

Mrs Robinson : Ah oui ?

Benjamin : Oui, je vais m'en aller immédiatement.

 

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Mrs Robinson : C'est ça que vous pensez de moi ? Que je suis un être écœurant et malade ?

Benjamin : Ne commencez pas ce disque.

Mrs Robinson : Lequel ?

Benjamin : Ne jouez pas la femme blessée.

Mrs Robinson : Vous ne vous attendiez pas à ce que je le sois un peu ?

Benjamin : Vous restez la vautrée à me dire que je ne suis pas assez bien pour votre Elaine.

Mrs Robinson : Ai-je donc dit ça ?

Benjamin : En termes très précis.

Mrs Robinson : Hhhh, Benjamin, j'aimerais que vous me pardonniez si c'est là l'impression que vous avez eue.

Benjamin : Mais, il y a deux minutes encore, vous me disiez que j'étais indigne de votre fille, et maintenant vous regrettez que j'ai eu cette impression.

Mrs Robinson : Je n'ai pas voulu dire ça. Je pense que vous n'êtes pas faits pour vous entendre. Jamais je ne prétendrais que vous n'êtes pas aussi bien qu'elle.

Benjamin : C'est vrai, ça ?

Mrs Robinson : Bien sûr, c'est vrai.

Benjamin : Mais, qu'est-ce que vous faites ?

Mrs Robinson : Eh bien ça, ça doit se voir. Vous ne voulez plus de moi auprès de vous.

Benjamin : Mais, écoutez,... j'étais assez énervé. Je m'excuse d'avoir dit ces choses-là.

Mrs Robinson : Ca ne fait rien. Je crois être en mesure de comprendre pourquoi je vous dégoûte.

Benjamin : Je n'en sais rien. Ecoutez, vous me plaisez, autrement je n'aurais pas continué à venir ici.

Mrs Robinson : Ca ne vous écœurait donc pas ?

Benjamin : Oh, ce n'est pas... J'aime beaucoup ça, je n'attends que ça, c'est d'ailleurs la seule chose que j'ai dans l'existence.

Mrs Robinson : Vous n'auriez pas dû dire ça.

Benjamin : Non, je l'avoue. Mais je ne le dirais pas si c'était pas vrai.

Mrs Robinson : Puis-je rester dans ce cas ?

 

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Benjamin : Oui, je vous en prie, j'y tiens.

Mrs Robinson : Merci.

Benjamin : Ne me... Ne me remerciez pas parce que j'y tiens.

Mrs Robinson : Et vous ne sortirez pas avec Elaine, n'est-ce pas ? Je veux que vous me promettiez cela.

Benjamin : Mais pourquoi diable avez-vous abordé ce sujet ? Il ne m'est jamais venu à l'idée de la sortir.

Mrs Robinson : Alors donnez-moi votre parole.

Benjamin : Hhhh, c'est absurde.

Mrs Robinson : Promettez-moi, Benjamin !

Benjamin : Hhh, entendu, je vous promets, je jure sur les saintes Ecritures de ne jamais sortir avec Elaine Robinson.

Mrs Robinson : Merci. Benjamin.

Benjamin : Maintenant, n'en parlons plus. Ne parlons plus du tout.

 

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Monsieur Braddock : Elaine est revenue du collège. Ce serait vraiment gentil de l'inviter à sortir un de ces soirs. Je suppose qu'elle n'est pas assez bien pour toi, c'est ça ?

Benjamin : Ecoutez, Elaine et moi, nous ne sommes pas faits pour nous entendre.

Monsieur Braddock : Qu'en sais-tu ? Vous ne vous êtes pas vus depuis le lycée. Je crois que tes soirées, mon garçon, pour l'usage que tu en fasses, sont trop précieuses.

Benjamin : Ca n'a rien à voir avec ça.

Monsieur Braddock : Je crois que je vais devoir dire à monsieur Robinson que tu es trop occupé le soir à faire Dieu seul sait quoi !

Madame Braddock : Allons, cessez de discuter ainsi ! Oh si Benjamin refuse catégoriquement de sortir Elaine...

Benjamin : Je refuse.

Madame Braddock : Alors moi, il ne me reste plus qu'à inviter tous les Robinson en bloc pour jeudi.

 

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Benjamin : Ecoutez, ça ne vient pas de moi, cette idée, elle vient de mon père, je vous assure.

Mrs Robinson : Benjamin, je croyais m'être fait clairement comprendre sur ce point.

Benjamin : Ecoutez-moi, nous irons dîner, nous prendrons un verre et puis je ma ramènerai. Parce que, ou c'était ça ou un dîner à la maison pour le deux familles et j'avais peur de ne pouvoir endurer ça, si vous comprenez. Ecoutez, je n'ai pas l'intention, croyez-moi, de sortir votre précieuse fille, Elaine, une autre fois. Alors ne soyez pas tourmentée.

Mrs Robinson : Je le suis. Ca me tourmente au plus haut point, Benjamin.

Elaine : Hello.

Benjamin : Hello.

Mr Robinson : Je te conseille de te tenir sur tes gardes, ce soir. Nul ne peut savoir quels trucs Ben a pu apprendre là-bas dans l'est.

 

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Elaine : Alors tu vis chez tes parents à présent ?

Benjamin : Oui.

Elaine : Sais-tu ce que tu vas faire ensuite ?

Benjamin : Non.

Elaine : Est-ce que tu comptes retourner à l'université ?

Benjamin : Non.

Elaine : Est-ce que tu conduis toujours comme ça ?

Benjamin : Oui.

 

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Benjamin : Assieds-toi. Pourquoi ne regardes-tu pas le spectacle ?

Elaine : Benjamin, as-tu une raison spéciale de me haïr ?

Benjamin : Non, pourquoi ça ?

Elaine : J'en sais rien.

Benjamin : Tu rates un effet extraordinaire. Qu'est-ce que tu penses de ça ? Tu pourrais le faire ?

 
 

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Benjamin : Elaine, pardonne-moi. Elaine.

Elaine : Peux-tu me reconduire chez moi ?

Benjamin : Je regrette de t'avoir emmenée ici.

Elaine : Il vaut mieux que je rentre, je t'en prie.

Benjamin : Elaine.

Elaine : Mais où est ta voiture ?

Benjamin : J'aimerais te dire quelque chose.

Elaine : Et moi je voudrais rentrer.

Benjamin : Je peux te dire uniquement cette chose-là.

Elaine : Laquelle ?

Benjamin : Toute cette idée, ce rendez-vous et le reste, ça vient de mes parents, ils m'ont forcé à l'accepter.

Elaine : Oooh, c'est très gentil à toi de me dire ça.

Benjamin : Non, je veux dire, ça explique ma conduite, je ne suis pas comme ça, je m'en veux à mort d'ailleurs. Je t'en prie, tu ne peux pas cesser de pleurer ?

Elaine : Non, je ne peux pas !

Benjamin : Pourrais-tu essayer ?

Elaine : Non !

 

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Benjamin : Je ressens cette impression depuis que je suis lauréat. On dirait qu'une force secrète en moi me pousse à être goujat, tu vois ce que je veux dire ?

Elaine : Oui, je vois.

Benjamin : On dirait qu'elle me fait jouer une espèce de jeu, mais ces règles n'ont pas de sens pour moi. Elles sont fabriquées par des gens non qualifiés.

 

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