vendredi, 14 décembre 2012
Le Lauréat - Dustin Hoffmann, Mrs Robinson (fin)
Film : Le Lauréat / The Graduate (1967, durée 1h42)
Réalisateur : Mike Nichols
Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), monsieur Braddock (William Daniels), madame Braddock (Elizabeth Wilson)
Benjamin : Bonjour.
Madame Braddock : Salut, est-ce que je peux te dire un mot ?
Benjamin : Oui.
Madame Braddock :Benji, chéri, j'aimerais... j'ai une question à te poser, mais tu sais, tu n'es pas forcé de répondre si ça t'ennuie.
Benjamin : Qu'y a-t-il ?
Madame Braddock :Eh bien, je voudrais savoir ce que tu fais le soir lorsque tu sors.
Benjamin : Lorsque je sors ?
Madame Braddock : Ne me réponds pas si tu n'en as pas envie.
Benjamin : Non-non, ça m'est égal, je te répondrai. Je fais un tour en voiture.
Madame Braddock : Rien d'autre ?
Benjamin : Non, rien d'autre.
Madame Braddock : Mais tu ne roules pas de minuit jusqu'au lendemain sans t'arrêter, je suppose.
Benjamin : Oh, non.
Madame Braddock : Alors que fais-tu ? Tu vois une fille ?
Benjamin : Je vois une fille ? Et pourquoi dis-tu ça ?
Madame Braddock : Bon, ça te regarde. Je ne veux pas jouer aux devinettes.
Benjamin : Non, pas si vite. Je ne retrouve personne, maman, pourquoi dis-tu ça ?
Madame Braddock : Benjamin, je ne veux pas me mêler de tes affaires, mais je préférerais que tu n'aies rien dit du tout plutôt que de m'avoir menti. Bonne nuit.
Benjamin : Maman, mais attends une minute.
Benjamin : Attendez une minute, madame Robinson, vous ne croyez pas que nous pourrions bavarder un peu d'abord, pour une fois ?
Mrs Robinson : Nous n'avons pas tellement à nous dire, je crois.
Benjamin : Ecoutez, depuis des mois, nous n'avons fait que monter ici et nous fourrer au lit.
Mrs Robinson : En avez-vous assez ?
Benjamin : Non-non, non, pas du tout. Vous ne croyez pas que nous pourrions pimenter les choses par un peu de conversation ?
Mrs Robinson : De quoi voulez-vous que nous parlions ?
Benjamin : Je ne sais pas, de n'importe quoi.
Mrs Robinson : Voudriez-vous me parler de certaines de vos aventures au collège ?
Benjamin : Oh, mon Dieu. Trouvez un autre sujet.
Mrs Robinson : Hhhh, si nous parlions d'art ?
Benjamin : D'art ? Ah ça c'est un bon sujet ! Allez, commencez !
Mrs Robinson : Non, commencez vous, je n'ai aucune notion artistique.
Benjamin : Eh bien, que voudriez-vous savoir ? Qu'est-ce qui vous intéresse ? L'art moderne ou le classique ?
Mrs Robinson : Ni l'un ni l'autre.
Benjamin : Les arts ne vous intéressent pas ?
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Alors pourquoi voulez-vous en parler ?
Mrs Robinson : Je n'y tiens pas.
Benjamin : Ecoutez, nous allons faire ceci, nous allons parler un peu de tout. Dites-moi ce que vous avez fait aujourd'hui.
Mrs Robinson : Hhhh, je me suis levée.
Benjamin : Mmmh.
Mrs Robinson : J'ai préparé le petit déjeuner de mon mari.
Benjamin : Ah tenez, tenez, en voilà un sujet de conversation, votre mari.
Mrs Robinson : O-ho, lui...
Benjamin : Expliquez-moi tout. Je ne sais pas comment vous vous arrangez pour tout ça. Que lui dites-vous quand vous vous en allez ?
Mrs Robinson : Rien du tout, il dort.
Benjamin : Toujours ? Il ne se réveille pas quand vous rentrez ?
Mrs Robinson : Hhhh, nous faisons chambre à part.
Benjamin : Ah, je vois. Ainsi, vous n... Enfin, je m'en voudrais d'être un peu indiscret, mais je devine que vous ne couchez plus ensemble.
Mrs Robinson : Non, c'est fini.
Benjamin : Depuis combien de temps est-ce que ça dure ?
Mrs Robinson : Oh je vous en prie, laissez-moi.
Benjamin : Non, un instant. Pourquoi l'avez-vous épousé ?
Mrs Robinson : Voyons si vous devinez.
Benjamin : Eh bien, j'y renonce.
Mrs Robinson : Réfléchissez bien, Benjamin.
Benjamin : Je ne vois pas pourquoi, à moins que... vous n'avez pas été forcée de l'épouser, n'est-ce pas ?
Mrs Robinson : ... Ne dites rien à Elaine.
Benjamin : Non, vous avez dû vous marier parce que vous étiez enceinte ?
Mrs Robinson : Ca vous choque ?
Benjamin : Jamais je ne vous aurais vu vous et monsieur Robinson sous...
Mrs Robinson : Ca suffit, nous n'avons mieux à faire...
Benjamin : Un instant, attendez une minute. Comment est-ce arrivé ?
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Vous et monsieur Robinson. Vous ne voulez pas me dire dans quelles circonstances ?
Mrs Robinson : Pas particulièrement.
Benjamin : Il faisait ses études de droit à cette époque ?
Mrs Robinson : M-hm.
Benjamin : Et vous étiez étudiante vous aussi ?
Mrs Robinson : Hm-hm.
Benjamin : Dans un collège ?
Mrs Robinson : Oui hhh.
Benjamin : Quelles études faisiez-vous ?
Mrs Robinson : Oh mais pourquoi me posez-vous toutes ces questions, Benjamin ?
Benjamin : Parce que ça m'intéresse, madame Robinson. J'aimerais savoir en quoi vous étiez étudiante.
Mrs Robinson : En art.
Benjamin : En art ? Mais je croyais... Je vois, ce sujet a cessé de vous intéresser il y a de ça des années.
Mrs Robinson : Oui, c'est vrai.
Benjamin : Comment cela est-il arrivé ?
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Vous et monsieur Robinson ?
Mrs Robinson : Qu'allez-vous chercher...
Benjamin : Je veux dire, est-ce qu'il vous a emmenée dans sa chambre ou... dans un hôtel ?
Mrs Robinson : Oooh, Benjamin, mais qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?
Benjamin : Ca m'intrigue.
Mrs Robinson : Ca s'est passé dans son auto.
Benjamin : Oh non, quoi, dans une auto ?
Mrs Robinson : Eh bien nous n'étions sûrement pas les premiers.
Benjamin : C'était une auto de quelle marque ?
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Vous vous rappelez pas la marque de l'auto ?
Mrs Robinson : Oh, mon Dieu... C'était une Ford, Benjamin.
Benjamin : Oh, une Ford ! Ha-ha-ha !! Ca ! Ca lors, elle est bonne, une Ford !
Mrs Robinson : Allons, ça suffit.
Benjamin : Cette chère Elaine Robinson a donc été mise en chantier dans une Ford.
Mrs Robinson : Ne parlez pas d'Elaine.
Benjamin : Vous ne voulez pas que j'en parle ?
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Pourquoi ?
Mrs Robinson : Parce que je n'y tiens pas.
Benjamin : M'enfin pourquoi ? J'aimerais que vous me le disiez.
Mrs Robinson : Il n'y a rien à dire.
Benjamin : Pourquoi devient-elle tout à coup un sujet tabou ? Parce que je veux essayer de connaître le fond des choses.
Mrs Robinson : Benjamin, je vous interdis de sortir avec cette petite ! Avez-vous compris ?
Benjamin : Ecoutez, je n'ai aucune intention de sortir avec elle.
Mrs Robinson : Bien.
Benjamin : Je ne faisais que vous taquiner.
Mrs Robinson : Bien.
Benjamin : Mais pourquoi me le défendre ?
Mrs Robinson : J'ai mes raisons.
Benjamin : Exposez-les moi.
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Exposez-les moi, madame Robinson, parce que je crois les connaître. Je ne suis pas assez bien pour la fréquenter, n'est-ce pas ? Je ne suis pas assez bien même pour lui adresser la parole !
Mrs Robinson : N'en parlons plus.
Benjamin : Si, nous en reparlerons ! Je suis assez bien pour vous mais pas assez pour fréquenter votre fille, c'est bien ça, n'est-ce pas ?
Mrs Robinson : Benjamin !
Benjamin : C'est ça, hein ?
Mrs Robinson : ... Oui.
Benjamin : Allez au diable. Allez-y au diable, madame Robinson. Vous me croyez fier de moi, je suppose. Vous me croyez fier ? Eh bien, je ne le suis pas. Non alors, je ne suis pas fier de passer mon temps avec une femme vieille et alcoolique.
Mrs Robinson : Je saisis.
Benjamin : Si vous croyez que je viens dans cet hôtel autrement que par pur ennui, alors là vous vous trompez. Parce que là, madame Robinson, ceci est la chose la plus perverse, la plus sale qui me soit arrivée. Et si ça vous amuse, moi je vais foutre le camp !
Mrs Robinson : Ah oui ?
Benjamin : Oui, je vais m'en aller immédiatement.
Mrs Robinson : C'est ça que vous pensez de moi ? Que je suis un être écœurant et malade ?
Benjamin : Ne commencez pas ce disque.
Mrs Robinson : Lequel ?
Benjamin : Ne jouez pas la femme blessée.
Mrs Robinson : Vous ne vous attendiez pas à ce que je le sois un peu ?
Benjamin : Vous restez la vautrée à me dire que je ne suis pas assez bien pour votre Elaine.
Mrs Robinson : Ai-je donc dit ça ?
Benjamin : En termes très précis.
Mrs Robinson : Hhhh, Benjamin, j'aimerais que vous me pardonniez si c'est là l'impression que vous avez eue.
Benjamin : Mais, il y a deux minutes encore, vous me disiez que j'étais indigne de votre fille, et maintenant vous regrettez que j'ai eu cette impression.
Mrs Robinson : Je n'ai pas voulu dire ça. Je pense que vous n'êtes pas faits pour vous entendre. Jamais je ne prétendrais que vous n'êtes pas aussi bien qu'elle.
Benjamin : C'est vrai, ça ?
Mrs Robinson : Bien sûr, c'est vrai.
Benjamin : Mais, qu'est-ce que vous faites ?
Mrs Robinson : Eh bien ça, ça doit se voir. Vous ne voulez plus de moi auprès de vous.
Benjamin : Mais, écoutez,... j'étais assez énervé. Je m'excuse d'avoir dit ces choses-là.
Mrs Robinson : Ca ne fait rien. Je crois être en mesure de comprendre pourquoi je vous dégoûte.
Benjamin : Je n'en sais rien. Ecoutez, vous me plaisez, autrement je n'aurais pas continué à venir ici.
Mrs Robinson : Ca ne vous écœurait donc pas ?
Benjamin : Oh, ce n'est pas... J'aime beaucoup ça, je n'attends que ça, c'est d'ailleurs la seule chose que j'ai dans l'existence.
Mrs Robinson : Vous n'auriez pas dû dire ça.
Benjamin : Non, je l'avoue. Mais je ne le dirais pas si c'était pas vrai.
Mrs Robinson : Puis-je rester dans ce cas ?
Benjamin : Oui, je vous en prie, j'y tiens.
Mrs Robinson : Merci.
Benjamin : Ne me... Ne me remerciez pas parce que j'y tiens.
Mrs Robinson : Et vous ne sortirez pas avec Elaine, n'est-ce pas ? Je veux que vous me promettiez cela.
Benjamin : Mais pourquoi diable avez-vous abordé ce sujet ? Il ne m'est jamais venu à l'idée de la sortir.
Mrs Robinson : Alors donnez-moi votre parole.
Benjamin : Hhhh, c'est absurde.
Mrs Robinson : Promettez-moi, Benjamin !
Benjamin : Hhh, entendu, je vous promets, je jure sur les saintes Ecritures de ne jamais sortir avec Elaine Robinson.
Mrs Robinson : Merci. Benjamin.
Benjamin : Maintenant, n'en parlons plus. Ne parlons plus du tout.
Benjamin : Ecoutez, Elaine et moi, nous ne sommes pas faits pour nous entendre.
Monsieur Braddock : Qu'en sais-tu ? Vous ne vous êtes pas vus depuis le lycée. Je crois que tes soirées, mon garçon, pour l'usage que tu en fasses, sont trop précieuses.
Benjamin : Ca n'a rien à voir avec ça.
Monsieur Braddock : Je crois que je vais devoir dire à monsieur Robinson que tu es trop occupé le soir à faire Dieu seul sait quoi !
Madame Braddock : Allons, cessez de discuter ainsi ! Oh si Benjamin refuse catégoriquement de sortir Elaine...
Benjamin : Je refuse.
Madame Braddock : Alors moi, il ne me reste plus qu'à inviter tous les Robinson en bloc pour jeudi.
Benjamin : Ecoutez, ça ne vient pas de moi, cette idée, elle vient de mon père, je vous assure.
Mrs Robinson : Benjamin, je croyais m'être fait clairement comprendre sur ce point.
Benjamin : Ecoutez-moi, nous irons dîner, nous prendrons un verre et puis je ma ramènerai. Parce que, ou c'était ça ou un dîner à la maison pour le deux familles et j'avais peur de ne pouvoir endurer ça, si vous comprenez. Ecoutez, je n'ai pas l'intention, croyez-moi, de sortir votre précieuse fille, Elaine, une autre fois. Alors ne soyez pas tourmentée.
Mrs Robinson : Je le suis. Ca me tourmente au plus haut point, Benjamin.
Elaine : Hello.
Benjamin : Hello.
Mr Robinson : Je te conseille de te tenir sur tes gardes, ce soir. Nul ne peut savoir quels trucs Ben a pu apprendre là-bas dans l'est.
Elaine : Alors tu vis chez tes parents à présent ?
Benjamin : Oui.
Elaine : Sais-tu ce que tu vas faire ensuite ?
Benjamin : Non.
Elaine : Est-ce que tu comptes retourner à l'université ?
Benjamin : Non.
Elaine : Est-ce que tu conduis toujours comme ça ?
Benjamin : Oui.
Benjamin : Assieds-toi. Pourquoi ne regardes-tu pas le spectacle ?
Elaine : Benjamin, as-tu une raison spéciale de me haïr ?
Benjamin : Non, pourquoi ça ?
Elaine : J'en sais rien.
Benjamin : Tu rates un effet extraordinaire. Qu'est-ce que tu penses de ça ? Tu pourrais le faire ?
Benjamin : Elaine, pardonne-moi. Elaine.
Elaine : Peux-tu me reconduire chez moi ?
Benjamin : Je regrette de t'avoir emmenée ici.
Elaine : Il vaut mieux que je rentre, je t'en prie.
Benjamin : Elaine.
Elaine : Mais où est ta voiture ?
Benjamin : J'aimerais te dire quelque chose.
Elaine : Et moi je voudrais rentrer.
Benjamin : Je peux te dire uniquement cette chose-là.
Elaine : Laquelle ?
Benjamin : Toute cette idée, ce rendez-vous et le reste, ça vient de mes parents, ils m'ont forcé à l'accepter.
Elaine : Oooh, c'est très gentil à toi de me dire ça.
Benjamin : Non, je veux dire, ça explique ma conduite, je ne suis pas comme ça, je m'en veux à mort d'ailleurs. Je t'en prie, tu ne peux pas cesser de pleurer ?
Elaine : Non, je ne peux pas !
Benjamin : Pourrais-tu essayer ?
Elaine : Non !
Benjamin : Je ressens cette impression depuis que je suis lauréat. On dirait qu'une force secrète en moi me pousse à être goujat, tu vois ce que je veux dire ?
Elaine : Oui, je vois.
Benjamin : On dirait qu'elle me fait jouer une espèce de jeu, mais ces règles n'ont pas de sens pour moi. Elles sont fabriquées par des gens non qualifiés.
08:00 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laureat, graduate, dustin, hoffman, robinson, mike, nichols
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