Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 22 février 2016

Le suicide français - Zemmour

 

 

"L'Histoire est le récit laissé par les vainqueurs"

  

Extraits de Le suicide français, Eric Zemmour :

[...] On exalte le "vivre ensemble", quand les communautés se séparent. On "déclare la guerre à la finance", pour s'y soumettre ; on "moralise le capitalisme", pour sauver les banques ; on "dégraisse le mammouth", en l'engraissant ; on impose la parité homme-femme en politique, quand elle devient subalterne dans le mariage. La République "une et indivisible" est plurielle est divisée comme jamais.

C'est la République-Potemkine. Tout est en carton-pâte. Tout est factice. Tout est retourné, renversé, subverti. L'Histoire est toujours notre code, mais c'est une Histoire altérée, falsifiée, dénaturée. Retournée pour être mieux ignorée. Nous ne savons plus où nous allons, car nous ne savons plus d'où nous venons. On nous a appris à aimer ce que nous détestions et à détester ce que nous aimions.

[...] Avant : une France en noir et blanc, patriarcale et xénophobe, repliée sur elle-même, enfermée dans ses frontières et ses préjugés, corsetée dans une morale rigoriste, confite en dévotion ; une France laborieuse et soumise, les corps étriqués, engoncés dans des vêtements austères et stricts, sous la férule toujours injuste et souvent cruelle du Père sur les Enfants, de l'Homme sur la Femme, du Blanc sur le Noir, et l'enrégimentement obscurantiste dans les Eglises, catholique ou communiste. Après : une France en couleurs, de toutes les couleurs, et "que cent fleurs s'épanouissent", ouverte sur l'Europe et le Monde, libérée de ses chaînes ancestrales et de ses haines recuites ; une France hédoniste et égalitaire, une France de toutes les libérations, de toutes les insolences, de toutes les minorités, jusqu'à la plus petite minorité qui soit, l'individu, nouveau Roi-Soleil magnifié par tous les coryphées.

[...] Le triptyque soixante-huitard : Dérision, Déconstruction, Destruction, sapa les fondements de toutes les structures traditionnelles : famille, nation, travail, Etat, école. L'univers mental de nos contemporains devint un champ de ruines. Le succès intellectuel des sciences humaines détruisit toutes les certitudes. Comme l'avait deviné dès 1962 Claude Lévi-Strauss : "Le but dernier des sciences humaines n'est pas de constituer l'homme, mais de le dissoudre." L'heure venue, le Marché s'emparera sans mal de ces hommes déracinés et déculturés pour en faire de simples consommateurs. Les hommes d'affaires sauront utiliser l'internationalisme de leurs adversaires les plus farouches, pour imposer la domination sans partage d'un capitalisme sans frontière.

Jean-François Revel, bien que porté par un antimarxisme militant qui l'aveuglait souvent, fut un des rares intellectuels français à deviner ce qui se passait. Peut-être une affaire de génération : il était né vingt ans après les Sartre et Aaron. Il n'avait pas leur vision traditionnelle de la révolution. Dans son livre qui le rendit célèbre dans le monde entier, Ni Marx ni Jésus*, Revel eut la formidable intuition que la révolution ne viendrait pas de Moscou, de La Havane, de Pékin, ou même de Paris, mais qu'elle était partie de San Francisco. La révolution serait libérale ou ne serait pas. La révolution serait encore une fois américaine, même si, comme au XVIIIe siècle, la révolution française parvint à aimanter tous les regards. Revel vit dans Woodstock la révolution des individus ; et dans les mouvements noirs, féministes et gays, la révolution des minorités. Il compris que la conjonction des deux forgeait, dans les universités américaines des années 1960, ce politically correct qui balaierait la société traditionnelle et patriarcale. Ni Marx : en France, les révolutionnaires de Mai 68 utilisaient la langue marxiste, pour accoucher d'une révolution capitaliste. Ni Jésus : la quasi extinction de la pratique du culte catholique accoucha d'un postchristianisme, une sorte de millénarisme chrétien sans le dogme ("les fameuses idées chrétiennes devenues folles" de Chesterton) mariant un universalisme qui vira au "sans-frontiérisme" et un amour de l'autre poussé jusqu'à la haine de soi. [...]

Et nous chérissons nos ruines davantage que les plus beaux édifices. [...]

 

* Robert Laffont, 1970

 

 

le suicide francais zemmour.jpgSe procurer l'ouvrage :

Le suicide français

Eric Zemmour

2014

Albin Michel

544 pages

http://www.amazon.fr/Suicide-fran%C3%A7ais-Eric-Zemmour/d...

 

 

 

Les commentaires sont fermés.