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mercredi, 16 janvier 2013

Le temps d'un week-end / Scent of a woman - Al Pacino (suite et fin)

 

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Film : Le temps d'un week-end / Scent of a woman (1992, durée 2h37)

Réalisateur : Martin Brest

Frank Slade (Al Pacino), Charlie Simms (Chris O'Donnell), monsieur Trask (James Rebhorn), Donna (Gabrielle Anwar), George Willis Jr (Philip Seymour Hoffman), WR Slade le frère de Frank (Richard Venture), Randy le fils de WR (Bradley Whitford), Gretchen (Rochelle Oliver), Gail la femme de Randy (Margaret Eginton), Garry (Tom Riis Farrell), Harry Havemeyer (Nicholas Sadler), Trent Potter (Todd Louiso)

 

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Monsieur Trask : J'ai convoqué tous les membres du conseil général parce que l'incident qui s'est déroulé mardi dernier révèle une situation qui concerne chacun de nous. Il ne s'agit pas d'un acte isolé de vandalisme. Ce qui s'est passé est le symptôme d'une maladie de notre société. C'est une affection qui porte atteinte à tous les principes sur lesquels est fondée notre école. Une école des rangs de laquelle sont sortis deux hommes qui présidèrent aux destinées de ce pays, dont le bureau ovale de la Maison Blanche. Des compagnons de Berd ont dirigé d'importants ministères, de grandes banques d'affaires. Ils ont fondé des chaînes de magasins et entraîné des équipes de football. Nos anciens élèves reçoivent leur bulletin annuel dans des ashrams en Inde et des palaces en Jordanie. Nous sommes connus à travers le monde entier comme étant le berceau des dirigeants de ce pays, le flambeau de la nation qui montre la voie aux générations à venir. Mais aujourd'hui, nous souffrons d'un mal terrible : le manque de respect. Un manque de respect flagrant, manque de respect envers nos valeurs, manque de respect envers notre réputation, manque de respect pour les traditions de Berd, et en tant que gardiens de ces traditions, nous sommes réunis aujourd'hui pour nous protéger de ceux-qui-les-menacent. Qui est cette personne, monsieur Simms ?

 

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Charlie : Euh.

Frank : Cette personne est Frank Slade, lieutenant colonel des Etats-Unis d'Amérique. En retraite. Je suis venu en lieu et place des parents de Charles.

Monsieur Trask : Je vous demande pardon ?

Frank : In loco parentis. Ils sont retenus par leurs obligations dans l'Oregon.

Monsieur Trask : Quel est votre lien de parenté avec monsieur Simms ?

Frank : Est-ce un tribunal ?

Monsieur Trask : C'est ce que nous avons trouvé de plus approchant.

Frank : Si nous devons prêter serment, il y a deux ou trois personnes que j'appellerais à la barre.

Monsieur Trask : On ne prête pas serment à Berd. Nous sommes des hommes d'honneur.

Frank : Larry et Fanny Simms sont pour moi des amis très proches. Ils m'ont demandé de venir présenter la défense de leur fils. Est-ce autorisé ?

Monsieur Trask : Ravi de vous accueillir. Monsieur Willis.

 

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George Willis : Quel monsieur Willis ?

Monsieur Trask : Monsieur Willis fils.

George Willis Jr : ... Oui.

Monsieur Trask : Vous étiez posté à un endroit d'où vous pouviez voir les responsables de cet acte de vandalisme. Qui était-ce ?

George Willis Jr : Ahh, j-j'ai une idée de qui ça pouvait être.

Monsieur Trask : Non-non-non-non-non, pas une idée, monsieur Willis. Les avez-vous vus, oui ou non ?

George Willis Jr : Benh... j-j-j'avais pas mes lentilles de contact... J'étais dans la bibliothèque, j'avais enlevé mes lunettes, je voulais remettre mes lentilles et puis... Hhhh... J'avais aidé Simms à fermer, on s'était retrouvés dehors. Et là, j'ai entendu un bruit... j-j'ai pas eu le temps de mettre mes lentilles.

Monsieur Trask : Qu'avez-vous vu avec votre vision restreinte ?

George Willis Jr : ... ... Je l'ai dit, je voyais flou... ... Je vois rien sans mes lentilles.

Monsieur Trask : Qu'avez-vous vu au juste, monsieur Willis ?

George Willis Jr : Hh-hh... vu précisément...

Monsieur Trask : Arrêtez de viser avec moi, monsieur Willis, qu'avez-vous vu ce soir-là ?

George Willis Jr : ... Ecoutez, je m'excuse, mais j'avais pas mes lentilles et il faisait nuit. Qu'est-ce que je peux vous dire, c'est vrai.

Monsieur Trask : Monsieur Willis !

George Willis Jr : C'était peut-être Harry Havemeyer, Trent Potter et Jimmy Jameson.

 

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Monsieur Trask : "C'était peut-être" ?

George Willis Jr : J'peux pas vous dire mieux qu'ça.

Monsieur Trask : Vous ne pourriez pas nous fournir quelques détails ?

George Willis Jr : Posez la question à Charlie, je crois qu'il était plus près.

Monsieur Trask : Monsieur Simms.

 

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Charlie : Hum, oui. 

Monsieur Trask : Vous ne portez pas de lentilles, vous ?

Charlie : Nnnon.

Monsieur Trask : Vous, dont la vision n'est pas défaillante, qui avez-vous vu ?

Charlie : ... Eh bien j-j'ai vu quelque chose, monsieur, mais... je ne pourrais pas vous dire ce que c'était.  

Monsieur Trask : Très bien. Quelle est cette chose que vous avez vue ?

Charlie : ... j-je ne saurais...

Monsieur Trask : Vous ne sauriez ou vous ne voudriez le dire ?

Charlie : ... Non, c... Non, j'pourrais pas.

Monsieur Trask : "Pourrais-voudrais-devrais", monsieur Simms, vous venez à bout de ma patience, vous vous moquez des membres de ce jury ! Je vous donne une dernière chance ! Les conséquences de votre réponse peuvent être des plus néfastes. Par néfastes, je veux dire que votre avenir sera irrémédiablement compromis. Alors, pour la dernière fois, qu'avez-vous vu mardi dernier dans la soirée en sortant de la bibliothèque ?

Charlie : J'ai vu trois personnes. 

Monsieur Trask : Ah, trois personnes ! On avance. Avez-vous vu à qui ils ressemblaient ?

Charlie : Oui.

Monsieur Trask : Et à qui ressemblaient-ils, monsieur Simms ?

Charlie : ... Eh bien, je crois qu'ils ressemblaient... ... à n'importe quel élève de l'école.

Monsieur Trask : ... ... Nous sommes donc privés de tout témoignage. La déposition de monsieur Willis n'est pas seulement vague, elle n'a aucune substance. Cette substance, que nous recherchons, monsieur Simms, je pensais la trouver en vous.

Charlie : J'suis désolé.

Monsieur Trask : Et moi encore plus, monsieur Simms. Vous vous doutez de ce que vous m'obligez à faire, dans la mesure où je ne peux punir monsieur Havemeyer, monsieur Potter ni monsieur Jameson. Et je ne punirai pas monsieur Willis, il est le seul protagoniste de cet incident qui puisse encore s'enorgueillir du titre de compagnon de Berd. Je m'en vais recommander au conseil de discipline de vous expulser. Vous êtes un virtuose du trompe-l'œil et vous êtes un menteur.

Frank : Mais pas un indic.

Monsieur Trask : ... Excusez-moi ?

Frank : Non ! Je vous excuse pas.

Monsieur Trask : Monsieur Slade,...

Frank : Tout ceci est un ramassi de conneries !

Monsieur Trask : Monsieur Slade, je vous demanderais de surveiller votre langage. Vous êtes à Berd, une grande école, pas une caserne. Monsieur Simms, je vais vous offrir une ultime possibilité de vous  justifier.

Frank : Monsieur Simms vous remercie du cadeau. Monsieur Simms en a rien à branler d'être estampillé ou pas compagnon de Berd. C'est quoi cette secte ? Qu'est-ce que c'est que votre devise ? Messieurs, il faut balancer vos camarades et assurer vos arrières, faute de quoi nous vous clouerons au pilori ! Mais quoi - comme on dit - quand les choses tournent au vinaigre, il y en a qui baissent leur froc et d'autres qui montent la garde, hein ! Ici, Charles, qui brave la tourmente et là, George, qui se cache dans les jupes de papa. Et vous, qu'est-ce que vous faites ? Vous récompensez George. Et vous sacrifiez Charles.

Monsieur Trask : Avez-vous terminé, monsieur Slade ? 

Frank : Non, non, je commence à peine à m'échauffer. Je ne sais pas qui est sorti de cette école, William Howard Taft, William James Brown, Guillaume Tell, qui vous voulez. Leur esprit s'est éteint, s'ils en ont jamais eu un. Eteint ! Vous bâtissez le Radeau de la Méduse, un vaisseau pour cafards aquatiques ! Et si vous croyez préparer ces marins d'eau douce-là à être des hommes, vous vous mettez le doigt dans l'œil, parce que j'affirme que vous tuez l'esprit-même que cette institution prétend faire naître ! Tout ça, c'est du pipo. Qu'est-ce que c'est que cette comédie que vous mettez en scène !? Le seul qui a de la classe dans cette farce est assis à côté de moi. Et je suis venu vous le dire : l'âme de ce garçon est intacte, elle n'est pas négociable, là-dessus aucun doute. Une des personnes présentes - et je ne dirai pas qui - a voulu l'acheter. Et l'âme de Charlie n'était pas à vendre.

Monsieur Trask : Vous allez trop loin, monsieur !

Frank : Trop loin !? Je vous ferais voir, moi, jusqu'où on peut aller !! Aller trop loin, vous ne savez pas ce que c'est, monsieur Trask !! Je vous le ferais voir, mais je suis trop vieux, trop fatigué et bien sûr aveugle. Si seulement j'étais le même homme qu'il y a cinq ans, c'est au lance-flamme que j'attaquerais Berd !! "Trop loin", mais à qui croyez-vous vous adresser, hein !? Ah j'en ai vu des choses, vous savez. Il fut un temps où je n'étais pas aveugle, un temps où j'ai vu, des gamins comme ceux-là, et plus jeunes que ceux-là, des jambes arrachées, des bras déchiquetés par les bombes ! Mais il n'y a rien de pire que le spectacle de l'amputation d'un esprit ! Il n'existe aucune prothèse pour ça ! Vous croyez simplement renvoyer ce splendide fantassin dans ses foyers au bout de l'Oregon, la queue entre les jambes pour tout salaire ? Moi je dis que vous êtes en train d'exécuter son âme !! Et pourquoi !? Parce qu'il n'est pas compagnon de Berd ? Compagnon de Berd ! Faites-lui du mal et on vous appellera les compagnons de merde tous autant que vous êtes ! Et Harry !? Jimmy !! Trent !! Où que vous soyez, allez vous faire foutre !!

Monsieur Trask, trois coups de marteau : Veuillez vous asseoir, monsieur Slade.

Frank : Non, je n'ai pas fini ! Quand je suis arrivé ici, j'ai entendu ces mots : "berceau des dirigeants du pays". Quand la proue du bateau se brise, le berceau va par le fond et il coule, corps et biens ! Vous qui formez les chefs, qui façonnez nos dirigeants, faites bien attention au genre de dirigeants que vous nous préparez. Je n'sais pas si le silence de Charlie est justifié ou non, je ne suis ni juge ni juré. Mais il y a une chose que je sais : ce n'est pas quelqu'un qui vendrait père et mère pour se payer un avenir !! Et ça, mes amis, ça s'appelle l'intégrité, ça s'appelle le courage !! Voilà quelle est l'étoffe dont nos dirigeants devraient être faits. Se retrouver à la croisée des chemins, ça m'est déjà arrivé : à chaque fois, je savais quel était le bon chemin. Sans aucune exception, je l'savais, mais je ne l'ai jamais suivi. Et vous savez pourquoi ? Il m'aurait fallu ce qu'on appelle le courage. Et maintenant regardez Charlie. Il est à la croisée des chemins. Il a choisi sa voie. C'est la bonne voie. C'est une voie fondée sur des principes qui forgent un caractère. Laissez-le poursuivre sa route. Vous tenez dans vos mains l'avenir de ce garçon, mesdames et messieurs. Et c'est un avenir plein de promesses, vous pouvez me croire. Vous ne devez pas le détruire. Protégez-le. Prenez-en soin. Vous pourrez être fiers de lui un jour, je vous l'promets.

Monsieur Trask : Le conseil de discipline va se retirer maintenant afin de délibérer à huis clos.

Une des membres du jury : Nous avons déjà pris notre décision.

Monsieur Trask : Sans avoir délibéré ?

La membre du jury : Nous sommes prêts, ce n'est pas la peine.

Monsieur : Bon, très bien. Apparemment , la délibération est inutile. Madame Winsaker.

 

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La membre du jury : La session extraordinaire du conseil de discipline estime superflue toute délibération ultérieure. Elle est parvenue à une décision. Messieurs Havemeyer, Potter et Jameson auront une période de mise à l'épreuve. Ils sont soupçonnés d'agissements discourtois. En outre, il est recommandé que monsieur George Willis Junior ne reçoive aucun satisfecit ni éloge d'aucune sorte pour sa collaboration. Monsieur Charles Simms ne devra subir aucune conséquence préjudiciable à la suite de cet incident.

Frank : Ou-haa !

 

 

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Christine : Colonel ! Je m'présente, Christine Danst, j'enseigne les sciences politiques dans cette école. Je voulais vous dire à quel point j'ai apprécié votre intervention et votre franc-parler.

Frank : Merci beaucoup, vous êtes mariée ?

Christine : Hhh, j... hhhh.

Frank : J'ai connu à l'école d'artillerie de Fortshill un certain Mickey Danst. Il vous a mis le grapin d'sus ?

Christine : Non-non non-non, j'ai bien peu que non.

Charlie : Le colonel Slade a travaillé dans l'équipe de Lindon Johnson, mademoiselle.

Christine : De Johnson ? Fascinant.

Frank : Nous devrions nous revoir, nous parlerions politique.

Christine : Oui.

Frank : Fleur de rocaille.

Christine : C'est ça.

Frank : Fleur de torrent au flanc d'une montagne.

Christine : C'est bien dit.

Frank : Mademoiselle Danst, je saurai où vous retrouver.

 

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