jeudi, 30 janvier 2014
L'aventure, c'est l'aventure - Lelouch, Ventura, Brel, Denner, Hallyday, Maccione
Film : L'aventure, c'est l'aventure (1972, durée 2h)
Réalisateur : Claude Lelouch
Lino (Lino Ventura), Jacques (Jacques Brel), Simon (Charles Denner), Johnny Hallyday (Johnny Hallyday), Charlot (Charles Gérard), Aldo (Aldo Maccione), Nicole (Nicole Courcel), l'ambassadeur (André Falcon), la femme de l'ambassadeur (Prudence Harrington), Ernesto Juearez (Juan Luis Bunuel), Davis (Alexandre Mnouchkine), l'avocat de la défense (Yves Robert)
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Lino : Aujourd'hui, j'ai eu mon compte. T'as compris ? J'ai mon compte. Disons que j'ai eu une journée un petit peu... un petit peu spéciale. Et vraiment, j'ai l'impression de vivre dans un monde de dingues. Je ne sais pas ce qui vous prend à tous, mais, non-non-non, écoute, je ne veux pas de... je suis pressé [...]
Son fils : Papa, il faut que je t'explique. Je veux que tu comprennes.
Lino : Oui, mais alors deux secondes.
Son fils : Deux secondes. Le capital, c'est foutu. La Cinquième, c'est foutu. Le PC, c'est foutu. La société de consommation, c'est fini tout ça, c'est foutu. Les bagnoles, foutues. Faut que tu en prennes conscience, faut que tu te réveilles. Il faut que tu nous aide.
Lino : Bon, bon, alors.
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mercredi, 29 janvier 2014
Etymologie - laveur
Source : Happy Meal Mc Donald, décembre 2013
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mardi, 28 janvier 2014
Rush hour 3 - Jackie Chan, Polanski, Attal, Julie Depardieu
Film : Rush hour 3 (2007, durée 1h30)
Réalisateur : Brett Ratner
L'inspecteur Lee (Jackie Chan), le détective Carter (Chris Tucker), Max von Sydow, La meneuse de revue (Noémie Lenoir), le commissaire (Roman Polanski), le chauffeur de taxi George (Yvan Attal), la femme du chauffeur de taxi (Julie Depardieu)
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Le taximan George : Je s'rai pas là quand vous ressortirez, j'suis désolé, ma femme dit que j'suis pas un espion, et que j'dois être à la maison pour le dîner. J'suis qu'un chauffeur de taxi, rien d'plus. C'est mon destin ! Je saurai jamais c'que c'est que d'être américain. Je saurai jamais c'que ça fait de tuer sans raison.
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lundi, 27 janvier 2014
Femmes - II - Sollers
Crédits photographiques Sylvia El Aarabi
Extrait de Femmes, 1985, Philippe Sollers, Gallimard :
[...]
Kate arrive avec son chapeau fantaisie cow-boy. Elle se prend maintenant pour une amazone. La tête farcie d'épopée femme et re-femme. "Nous les femmes..." On sent qu'elle y pense sans arrêt, excitée, déprimée, terrorisée. Maniaque. Elle souffre, mais elle doit le cacher sous une allure toujours "en forme", gaie, décidée... Surtout que personne ne se rende compte que le tissu de sa vie n'est que vertige, peur. Sans fin donner le change, mentir. La dissimulation est pour elle une première nature, une nature d'avant la nature, une protection spontanée, un voile au sens où on dit qu'une roue est voilée... Je la vois serrer légèrement les dents. Elle va m'approcher, moi, l'ennemi public n°1, la tête de liste noire, celui qui en sait dix fois trop, qui est renseigné de l'intérieur... Elle m'embrasse, elle allume les stéréotypes de la séduction. Rapports de forces... Je la regarde. Elle est épuisée, elle sort d'une longue journée de travail pour marquer ses droits, s'affirmer ; d'une interminable série de grimaces, partout, au Journal, à l'Agence, à la conférence de presse du candidat réactionnaire-progressiste qu'elle doit, elle, progressiste-réactionnaire, feindre de trouver réactionnaire modéré. Ou quelque chose dans ce genre. Sa peau est grasse, luisante, ses seins affaissés, son ventre ballonné comme par une grossesse à demi rentrée permanente. Le foie ?
[...]
"Tu sais que, souvent, je me demande sur telle ou telle question ce que tu en penses, ce que tu ferais. Et je sais tout de suite que je dois penser, ou faire exactement le contraire." ...
C'est dit. Je suis pour elle, et son réseau, l'étalon tordu absolu... Le plus étrange, après ça, est qu'elle a l'air de penser que la conversation peut continuer comme si de rien n'était. Davantage : on dirait que sa perversité a besoin de ce genre de préambule agressif. Dans un moment, après m'avoir raconté quand même un maximum de potins ; après avoir dit le plus de mal possible des amis qu'elle va retrouver tout à l'heure ; après avoir essayé de m'extorquer quelques renseignements qu'elle juge importants pour sa carrière des huit jours ou deux mois à venir, elle va tout à coup se pencher sur moi, me faire sentir son haleine déjà chargée d'alcool :
"Tu vois, je pourrais t'en dire plus... Un certain nombre de choses... Mais il faudrait du temps... Que je m'habitue... Au bout de deux ou trois jours, peut-être..." Ca y est, le coup du voyage ! Ca ne rate jamais... Elles finissent toujours par proposer un voyage... Un déplacement... Pour mieux rentrer... En Egypte, en Grèce, à Rome, à Venise, aux Indes, à Singapour, au Maroc... Seulement un week-end... Trois jours, huit jours... Qu'on reste ensemble... Qu'on ne se quitte plus... L'hôtel, le face-à-face, le bord-à-bord, les promenades, les repas, les musées... Et puis peut-être, le second jour... Vers la fin de l'après-midi... Après quelques achats... Des souliers... Une bague... Un bracelet... Un collier... La fusion... On se dirait tout, vraiment tout... L'affaire serait faite... Le mariage, quoi. Finalement, ça en revient toujours là : qu'on s'installe, qu'on régularise, que ça ne fasse plus qu'une seule atmosphère partagée... La bulle unanime... La transparence... Le placenta en commun... Les petites choses de la vie, un peu dégoûtantes mais tellement touchantes, les vraies choses... Là, donc, elle me dirait ce dont j'ai besoin... Les trucs qui me menacent... Les conseils... Ce que les autres projettent, ont réellement contre moi, les ragots, tout ce qui se trame dans mon dos... Les détails que je brûle de connaître... Je me creuse légèrement sous le choc. Il ne faut pas qu'elle perçoive ma répulsion. Au contraire, j'y vais tout de suite... Je lui prends la main, je me courbe, je l'embrasse un peu dans le cou... Rien... Moi pourtant si client...
Philippe Sollers
"Mais oui, il va falloir calculer ça."...
Je trouve ma voix un peu molle... Sans l'enthousiasme qui conviendrait... Elle va se rendre compte... Mais non, une femme ne se rend jamais compte, par principe... Défendue par un narcissisme à toute épreuve, monumental, cosmique... Ou bien elle est déprimée dans toutes les situations, à l'avance ; ou bien elle est persuadée de sa fatalité en action... Le plus souvent à juste titre d'ailleurs... Vibrations, médiumnisation, ça finit par faire vaciller les volumes, par jeter un sort, un malaise, quel que soit le bonhomme présent, le plus homosexuel, le plus professionnel... Encore mieux ! L'effet-mère... L'effet causalité dérobée. C'est toujours tout ou rien, jamais peut-être... Elle veut que je la désire, il ne lui viendrait même pas à l'idée que je ne la désire pas... A moins que... On ne sait pas vraiment... Elle a peut-être perçu mon mouvement de recul, ma réserve... Moi, je voyais déjà le film à toute allure... L'auberge, le parc, les tables sous les arbres, la rivière, le lit, la salle de bains... Un premier moment peut-être émouvant malgré tout, ma main dans la braguette de son pantalon, le doigt dans la fente... Elle, si sûre d'elle... Et d'elles... Le mouilli-mouilla des débuts...
Qu'est-ce qu'elle sait faire, à propos ? Bouche pincée, incisive un peu décrochée... J'allume une cigarette, je finis mon verre... Je bafouille l'urgence d'un rendez-vous... Elle se raidit d'un coup en arrière... Je viens d'ajouter une note hypernégative à mon dossier déjà lourd... L'histoire Phèdre... La rumeur Racine en fureur... Au revoir chéri, on s'appelle... Je sors presque en courant... Le soir de juin parfumé...
Le rendez-vous, je l'ai en effet, mais pas celui que j'ai dit. Cyd m'ouvre la porte. Toujours nette, ponctuelle, discrète... Le jeu consiste à ne pas se parler, à faire directement l'amour... Elle est nue sous sa robe noire, on y va tout de suite... On ne parle qu'après... C'est tout différent... Une fois que la crise a eu lieu de façon physique... Le malentendu exorcisé... L'incommunicabilité mimée, déchargée... Elle a compris ça, elle accepte le rythme, je ne sais rien de sa vie ou presque... Voilà la liberté aujourd'hui... Séparer, installer des cloisons étanches, se taire, ne jamais avouer, ne surtout pas se plaindre, changer de décor... Multiplier les scènes, suivre les diagonales, passer. [...]
Crédits photographiques Sylvia El Aarabi
Cyd a beaucoup d'humour, elle est en même temps violente... Elle est pour la comédie... Le cinéma qui fait jouir... L'artifice efficace... La magie, le style ironique geisha an 2000... Les bas noirs, les jarretelles, l'absence de culotte, les préliminaires chuchotés, les obscénités entrecoupées... Tout le rétro de l'affaire... Il faut que je fasse une théorie du chuchotement, un jour, une thèse, je l'enverrai à mes amies universitaires, je dirai lesquelles... Zones souples, légères, langage troué, gratuité... Le pourtour démodé, idiot, mais qui trouble, qui finit par troubler... N'est-ce pas, hypocrite lecteur, lucide lectrice... [...]
Je regarde Cyd dans l'ombre. Elle est nue, maintenant, avec ses souliers... Belle comme ça, blonde, brunie par son dernier séjour dans le Midi... Elle s'agenouille, me suce... Longtemps... On entre dans la mécanique universelle, dans le roulement... Je sais ce qui l'intéresse, là, le moment mental, la domination abstraite par l'intérieur, le rite de possession muet, le yoga focal... Voir si je tiens le coup, et comment... Ca l'exalte... Je m'allonge sur le divan... Elle continue à sucer... Je la réentends toujours, la première fois où elle m'a dit : "Salaud, tu veux que je te suce ?"... [...] Pourquoi fait-elle comme ça avec moi, je veux dire : sans rien demander en échange ? Chaque fois, je m'attends qu'elle me dise son prix... Même indirect.... Une intervention ici ou là, un service quelconque, une demande de resserrement d'intimité, la procédure habituelle... Mais non, rien... Tout reste lisse, enfiévré, emballé, comme si l'instant seul comptait... Peut-être quand même une ou deux fois... Pour la forme... Non... C'est gratuit... Ou alors, elle pousse l'investissement à long terme... Je la laisse jouer... Elle doit s'ennuyer autant que moi dans le temps... D'où le côté savant des rencontres... Elle va jouir de me forcer à jouir... Elle monte sur moi, spasmodique, tremblée... Parcourue du frisson... Elle m'enfile. [...] Cyd, là, dansant sur le radeau en dérive... Elle redescend, précipite sa bouche, m'arrache... Voilà, je pars... Je la laisse passer... Elle me mange... L'amour... Elle me mange tout... Les électrons, les protons, les neutrons, les photons, les leptons, les muons, les hadrons... Et même les nouveaux venus qui assurent la cohésion des fibres : les gluons... Elle secoue de part en part la substance... Crinière d'atomes... Comme si elle se nourrissait direct cogito... Elle me le murmure : "C'est ton cerveau qui m'excite."... Son image recomposée invisible à travers mon cerveau... Elle s'inspire complètement, elle s'effondre... Couchée, dormant, maintenant... Pas de conversation, aujourd'hui ? Je me lève, je me rhabille en douceur... Elle a un petit mmmm mmmm gentil... Je trouve la porte dans le noir... Je suis dans l'escalier froid...
[...] La nuit est complètement tombée dans ma fenêtre, maintenant, rideau bleu-noir... J'écoute le Clavecin bien tempéré... Das Wohltemperierte Klavier... Zuzana Ruzickova... Une tchèque... C'est parfait... Délicat, énergique, détaillé, massif... Les musiciennes... Les seules que j'aimerais sauver... Chanteuses, pianistes, clavecinistes, violonistes... Je pense à cette petite brune... Louise... On se voyait le dimanche... Elle travaillait constamment...Reprenant, reprenant... Scarlatti, Haydn, Mozart... Ses mains, son profil, les doigts volant, son buste balancier souple... Je l'aurais écoutée des heures... On flirtait à peine, rien de poussé... Gammes de nuances... Températures tempérées...
[...] Je revois l'enterrement de Marie-Thérèse, à l'église Saint-Thomas-d'Aquin... [...] Je ne l'aimais pas... Elle m'ennuyait, elle sentait déjà la mort quand je l'ai connue... Pas la mort vivante, qui fait bander, la mort morte, moisie... Trop grosse, affectée... Baisée une fois, et encore parce que j'avais trop bu, mollement, plus jamais ensuite, impossible... Elle collait à moi dans un sursaut de haine éperdu... Je l'évitais, elle en voulait dix fois plus... Elle organisait des dîners auxquels je me dérobais à la dernière minute... Par pneumatique... Par télégramme... Par téléphone interposé... Elle continuait... Le réalisme des femmes, leur cynisme... Tout doit pouvoir s'obtenir... S'obtenir. Elles sont prêtes à payer, à soudoyer, à corrompre, à arranger les situations... Quand la force anale de fond a été déclenchée en elles, aucun sens moral, aucune pudeur... Plus le moindre goût... La violence pure, l'insistance acharnée... Butées... Elle avait dit à l'un de mes amis : "J'attends qu'il soit tombé très bas pour l'avoir." ... Au besoin elle aurait orchestré ma descente... Pour me recueillir... C'est une des dimensions très particulières de leur érotisme, on le sait... Le côté clinique, hôpital, asile, prison, banlieue, morgue... Elle rêvait de me guider, de me diriger, d'organiser pour moi le spectacle, les influences... En échange, j'aurais été là, à droite de la cheminée, près du feu de bois, pendant les réceptions... En smoking... Présentable... Odieux... Renfrogné... Redoutable... Ivre... Agressif... Spirituel... Inaccessible... Peu importe... Elle voulait son malheur de moi... [...]
[...] Qu'est-ce que j'attrape là ? Ysia... Ah, non, pas Ysia maintenant ! ... Plus tard ! ... [...] Enfin... Belle... Exquise... Laquée, souple, mince... Trente ans, mariée, en manque... Le vice léger... Tout... Flûte de jade... Le rêve du pavillon rouge... Jaune... Turquoise... Les contes du bord de l'eau... L'éventail du phénix... La rosée du clair de lune... Une précision, un appétit... Corps presque enfantin, une de mes meilleures sensations du dedans, je veux dire muqueuse à muqueuse dans le four abstrait de la jouissance incurvée... Vous comprenez ? Non ? Tant pis... Il y a longtemps que je pense qu'une véritable cartographie des coïts serait souhaitable... Une carte du tendre en action... En général, les narrateurs se taisent au moment de passer à l'acte... Ou alors ils en remettent dans le genre crispé... Microsadismes divers... Scatologies, découpages... Le plus souvent, c'est quand même le style éthéré... Elle sortit de son bain, vint s'allonger près de moi, nous éteignîmes... Elle se laissa aller, nous roulâmes sur le lit plumeux... Ce jour-là, nous ne lûmes pas plus avant... Fin du paragraphe. Non, ce qu'il faudrait, c'est la notation exacte de l'aventurier sur les sensations internes de son bout d'organe à la rencontre de la dérobade compréhensive de la chair pénétrée... Toute une palette inédite à découvrir... Positive... Négative... Neutre... Vitaminante... Plombée... Les descriptions sont trop extérieures... Littérature guindée, empêtrée, gourmée... Agressivité simplifiée... Scènes trop soumises à l'oeil, à l'idée de l'oeil, au stéréotype optique... Ysia vient ici dans la narration, parce que, voulant raconter ma vie, je lui dois une reconnaissance tactile... Une gratitude de peintre... De graveur... Deux ou trois bambous, quatre feuilles, allusion de l'air, pente, courant, densité de l'air, éclat d'eau... L'univers d'un coup de pinceau... Depuis que j'écris ce livre, d'ailleurs, tout en discutant avec S., je comprends mieux les peintres. [...]
Se procurer l'ouvrage :
Femmes
Philippe Sollers
1985
Coll. Folio, Gallimard
672 pages
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dimanche, 26 janvier 2014
Psaume 31
Crédits photographiques Elie Emile Hobeika
Psaume 31
Heureux l'homme dont la faute est enlevée
et le péché remis !
Heureux l'homme dont le Seigneur ne retient pas l'offense,
dont l'esprit est sans faute.
Je t'ai fait connaître ma faute,
je n'ai pas caché mes torts.
J'ai dit : "Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés."
Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute.
Tu es un refuge pour moi,
mon abri dans la détresse,
de chants de délivrance tu m'as entouré.
L'amour du Seigneur entourera
ceux qui comptent sur lui.
Que le Seigneur voit votre joie, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !
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samedi, 25 janvier 2014
Etymologie - Une éminence grise
Source : Direct Matin, lundi 21 janvier 2013
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vendredi, 24 janvier 2014
Elisa - Paradis, Courau, Depardieu
Film : Elisa (1995, durée 1h55)
Réalisateur : Jean Becker
Marie (Vanessa Paradis), Solange (Clotilde Courau), Ahmed (Sekkou Sall)
Le passager du taxi : Dites-moi, vous avez un numéro où je peux vous joindre ?
Marie : Euh, oui. Ah oui, j'dois avoir ça, mais... oh ! ce matin, j'ai complètement oublié, j'suis partie tellement vite, j'suis partie sans argent ! Vous pouvez pas me dépanner ? Ca vous dérange pas, cinq cent francs ?
Ahmed en voix off : Elle aurait vendu n'importe quoi à n'importe qui. Même à moi, elle m'aurait fait bouffer du porc.
Marie : Alors, c'est quoi aujourd'hui ?
Samuel : Il y a un point intéressant formé par Pluton / lune noire. Pluton, ça symbolise les formes inconscientes, tandis que la lune noire représente la part d'ombre. Fais attention, ce sont des livres anciens.
Un habitué de la librairie : Livres anciens, des vieux bouquins, oui !
Samuel : Pluton, au fond du ciel, t'incite à percer le secret de tes origines, à dépasser le sacrifie qui t'a privée d'un foyer chaleureux.
Solange : Hé, sur le cœur, ils disent quoi pour moi ?
Marie : Ils disent que t'as pas intérêt à coucher avec n'importe qui, voilà.
Samuel : C'est en explorant cette douleur, ce manque, que tu trouveras les armes pour te projeter dans l'existence et rencontrer la vérité.
Une cliente qui vient d'entrer : Vous avez Elle, mademoiselle ?
Marie : Oh, vous avez déjà vu une libraire ras-la-touffe ?
Samuel : Arrête, tu veux. Sur le présentoir. Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Ca va pas, tu te sens mal ? Tu veux qu'on parle ?
Marie : Je t'en... Tu veux ma photo ?
Marie en voix off : Quand j'suis pas gentille avec lui, j'm'en veux., mais c'que j'm'en veux. C'est toujours ceux qu't'aimes le plus qui prennent. Forcément, c'est les seuls qui s'intéressent à toi.
- Ils forment un beau couple.
- Sa robe est superbe.
- Oui, enfin, quand on n'a pas de poitrine, on met pas un décolleté.
- Une orangeade, s'il vous plaît.
Une femme : Tu resteras toujours mon plus beau souvenir, chéri.
Son amant : Je peux te le dire maintenant, j'étais puceau.
La femme : Ha-ha-ha, j'avais remarqué, figure-toi.
Marie : Oh-la-la, j'en ai marre de danser, moi.
Solange : Pas moi.
Marie : Oui, benh, on finit celle-là, et après c'est tout.
Solange : Hé, c'est une rolex ?
Un garçon : Oui.
Solange : Elle est en or ?
Le garçon : Oui. Le mécanisme aussi.
Solange : Attends, je rêve. Même le dedans, c'est de l'or ? Alors là, ça me troue le cul.
Le garçon : Euh, dis, t'as pas un téléphone ?
Solange : Euh, attends. Tu peux essayer de me joindre à colline des Gobelins, oui, chez Samuel, le libraire. Tu sais, c'est à côté de euh... enfin, faudrait demander à Marie, dès fois qu'elle ait des choses contre.
Une fille : On ne s'est pas présentés. Tu t'appelles comment ?
Solange : Solange.
La fille : Aaaah, Solange. Tu es parentée avec la mariée ?
Solange : Ouais. Enfin, euh... Ouais.
La fille : Tu es donc ma cousiiiine.
Solange : Ouais ! J'suis ta cousiiiine !
Le garçon : Si tu es sa cousine, tu es ma cousine aussi.
Solange : Attendez là, vous m'embrouillez.
La fille : Allez viens, je vais te présenter à la famille, ça leur fera sûrement plaisir.
Le garçon : Arrête. Laisse-la tranquille. Laisse tomber.
La fille : Décidément, t'es comme mon père. Tu peux coucher qu'avec des boniches.
Marie : Pardon ? C'est qui ton père ?
Marie, sur l'estrade au micro : Bonjour. Excusez-moi, j'aimerais savoir qui est le père de cette charmante demoiselle, oui la... la jolie blonde là-bas qui est au buffet.
Un homme : Oui-oui, c'est moi.
Applaudissements.
Marie : C'est vous ?
L'homme : Oui.
Marie : Bien, il paraît que vous pouvez coucher qu'avec des boniches. C'est vrai, ça ? Enfin, d'après votre fille. Heureusement que votre femme se rattrape, elle se tape tous les puceaux de la famille. Y'en a combien qui y sont passés, ici ? Allez, levez la main. T'as une jolie robe, la mariée. Eh benh l'autre, là, avec sa moustiquaire, elle trouve que t'as pas assez de seins pour mettre un décolleté. Et toi, le marié ? C'est parce que j'étais pas assez bien pour toi, c'est pour ça que tu m'as laissé tomber ? J'étais pas de ton milieu, j'é... j'étais pas assez riche... alors t'as fait mumuse avec moi et puis tu m'as jetée comme un vieux kleenex.
Un homme : Maintenant ça suffit, descendez.
Ahmed : Toi, tu la touches, je t'éclate.
Un homme : Qui c'est, cette fille ?
Solange : Bon benh, salut.
Le garçon : Salut.
Ahmed : Allez, beaucoup de bonheur et bonne bourre.
Solange : Oh, t'es con ou quoi ? Hé, tu m'avais jamais dit que tu t'étais tapée le marié ?
Marie : Quoi ? Mais j'le connais même pas.
Solange : Mais pourquoi t'as fait ça ?
Marie : Pour les faire chier. Y'a pas de raison, c'est toujours les mêmes qui sont heureux.
Marie : Benh tu pourrais ouvrir, ce serait plus co-mmo-de.
La grand-mère : Oh, comme t'es grande !
Marie : Forcément, dix ans, ça laisse le temps de grandir.
La grand-mère : Bonjour... Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, comme t'as changé ! Et tu viens pour quoi ?
Le grand-père : Mais qui c'est qui est là ?
Marie : C'est le père Noël !
La grand-mère : C'est Marie ! Elle vient nous embrasser.
Marie : Arrache le papier, ça va prendre trois heures.
Ahmed : Hé m'sieur, j'peux changer de chaîne ?
Le grand-père : Laisse ça, c'est très bien.
Ahmed : Mais c'est en allemand, j'comprends rien, moi.
Marie : Kkhhh, et on va peut-être baisser pour s'entendre ?
Le grand-père : Du Distel, tu t'es souvenue ?
Marie : Oui, j'me souviens.
Marie : T'as vu, j't'ai pris des biscuits dans une grosse boîte en fer, celle que t'aimes avec les-beaux-paysages-suisses !
La grand-mère : Oh, t'es gentille ! J'la mets avec les autres. Comme ça, c'est comme s'ils jouaient.
Le grand-père, lisant les inscriptions sur la boîte: Ah, de mon temps c'était "Morlin, exploitant, négociant" et puis maintenant c'est "Morlin et fils".
Solange: Je savais pas que Marie elle avait des grands-parents. J'croyais qu'elle avait plus du tout de famille, moi.
Marie : Donne, j'irai plus vite que toi, t'as les pouces tout tordus.
Le grand-père : Oui, ça c'est en 64, c'est les fondations. Puis ça, c'est le gros œuvre, voilà. A cette époque-là, ils savaient y faire, hein, c'était des vrais ouvriers.
Marie en voix off : Il y a des vieux, ils ont toujours été vieux même quand ils étaient jeunes. Je l'jure, j'serai jamais vieille. Regarde-la, ça range dans un ordre, puis ça remet dans un autre. Elle rétrécit, elle se ratatine. Elle est comme son gâteau, toute sèche à l'intérieur. Et lui, petit, mesquin, avec la peur de manquer. Il a le cœur comme ses doigts de pied, ça rebique comme des griffes.
Flash back.
Le grand-père : On te voit que quand t'en as besoin. Quand personne veut plus de toi.
La grand-mère : Et puis cette gamine, d'où qu'elle sort ? Tu débarques avec elle, on la connaît même pas ! D'où qu'elle vient ?
Marie en voix off : Pauvre conne, moi j'sais d'où j'viens.
La grand-mère : Tu sais, à notre âge, un enfant, ça va nous fatiguer très vite.
Marie en voix off : Gna, gna, gna. De toute façon, j'aurais jamais pu vivre dans ta boîte à chaussures. Y'a que les canaris qu'on enterre là-dedans. C'est moche ! C'est tout petit comme vous, c'est pas plus grand que votre caveau de Maison-Alfort. Et puis ça sent la boule à mites.
Le grand-père : Je trime toute une vie. Avec maman, on croit que c'est fini, qu'on va être pénards, eh benh non. Faut remettre ça. Et en plus avec un mouflet qu'a même pas de père !!
La mère : C'est trop sombre ici, c'est pour ça qu'elle a peur.
Marie en voix off : Forcément, c'est l'hiver polaire. C'est l'hiver des vieux. Ca dure trente ans.
La mère : Faut ouvrir.
La grand-mère : Non-non-non-non ! Ton père, il fait la sieste au salon, on n'ouvre qu'en fin d'après-midi.
Le grand-père : Ouais ! A mon âge, j'supporte plus les courants d'air, alors tu vas pas commencer à nous emmerder !!
Au présent.
Marie : Ca pue ici, faut ouvrir !
Le grand-père : Non-non-non, attention aux courants d'air.
Marie : Pépé, il faut prendre l'air.
La grand-mère : Hé, ferme-lui la fenêtre ! Il va attraper la mort. Tu sais, il va même pas jusqu'au lac l'après-midi. Il aime mieux faire sa sieste.
Marie : Ouais, il a raison de s'acharner. Il veut durer comme les petits lapins avec leurs petites piles duracell ? Faut pas se faire péter le cœur à votre âge ! Faut les regarder, les coin-coins ! Faut leur donner du pain !!
La grand-mère : Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce que tu as encore, t'étais si gentille ?
Le grand-père : On t'ouvrira plus.
Marie : Et pourquoi tu la gardes, la bouteille ? Pour la boire avec ma mère !?
La gran-mère : T'es méchante !
Marie : Et pis toi, arrête de chouiner !! Qu'est-ce que t'as fait pour elle, hein !? Qu'est-ce que t'as fait pour elle !?
La grand-mère : Qu'est-ce que tu veux ? Mais qu'est-ce que tu veux !? Qu'est-ce que tu veux ?
Marie : Pourquoi tu l'as pas prise, ma mère !? Pourquoi vous l'avez pas prise !!? On était dehors !! On était dehors !!!
Marie : Salut Kevin.
Kevin : Oh non, hé, pas encore vous.
Solange : Hé, salut Kevin, on te dérange pas ?
Kevin : Si !
Ahmed : Salut Kevin.
Kevin : Oh non, ils vont encore me piller mon frigidaire ! Marie, j'te préviens, s'il bâfre comme un cannibal, c'est toi qui fais les courses.
Marie : Tiens, j'ai spécialement tiré ça à la maison d'Angleterre.
Kevin : Non mais hé, j'veux pas d'ennui avec les flics, moi ! [...] Non, hé, j'te préviens, c'est la dernière fois que tu fous les pieds ici, t'as compris ?
Marie : Ooh, arrête de râler ! T'es angoissé, la preuve, t'as du monde chez toi, ça te fait chier, t'as personne, tu déprimes. Me trompe-je ? Ahmed, réponds au téléphone !!
Kevin : Ah non h, pas lui !
Ahmed : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù !
Kevin : Prends pas ton accent beurre et note correctement les messages, s'il te plait !
L'assistante sociale : On peut pas fumer ici.
Marie : Tu vois, on peut très bien.
L'assistante sociale : Où est-ce que tu étais ces six derniers mois ? Comment tu vis ? Tu sais que la D--- a fait une demande officielle de recherche aux Mineurs ? Tu as terrorisé tes grands-parents. C'est sérieux. Ils ont porté plainte.
Marie : Bon t'as fini ? Tas fait ton devoir ? C'est vrai que j'suis une fille de pute ? C'est vrai que... mon père est un maquereau ? Benh tu réponds ?
L'assistante sociale : Tu sais que je suis tenue au secret professionnel. Certaines informations sont confidentielles. Tu dois comprendre que ton père...
Marie : Mais tu l'fais mal, ton boulot, ma vieille ! C'qui faut, c'est mentir. Et mentir correctement. Quand c'est moche, la vérité, faut l'embellir, faut... l'enfermer dans une cage à beauté. C'est pas de me raconter des bobards. J'te demande de m'faire rêver. Après tout, il était présentable mon père, il était pianiste. Et puis, mes grands-parents le détestaient alors, pour un peu, j'l'aurais aimé. Attends, tu veux que j'te mette à l'aise ? Dans six mois, j'ai dix-huit ans, la vérité, j'la saurai de toute façon. Mais c'est pas vrai ! Y'a que des ratés ici ! Toi, par exemple. J'suis sure que t'as pas de gosses. Ta vie sentimentale elle est nulle. Bon, rassure-toi, comme tout le monde. Mais... t'as peur de vieillir. T'as un faux chanel. Tu te voyais chirurgien et t'es psycho-machin. J'continue ? Bilan de tout ça, t'es payée pour donner des... ? Conseils. Je rêve ! L'image du père... les zones d'ombre de l'enfance, et patati et patata ! Au moins, dis la vérité ! Moi, tu sais, tout me va.
Elle lui tend le dossier.
L'assistante sociale : J'suis à côté. Si tu as besoin d'moi.
Marie lit : Marie Desmoulins... Desmoulins Jacques né le 22 février... Desmoulins Elisa... Secret des origines... Domicile du père : introuvabe... Mère décédée... Incompatibilité avec les grands-parents... Circonstances de son admission : admis suite au suicide de sa mère Elisa Desmoulins, épouse de Jacques Desmoulins, condamné par défaut de présence au tribunal, le 3 avril 1976 à trois ans fermes pour... proxénétisme.
Jacques Desmoulins : Laaaah, j'aime pas les chiens. Ils savent rien de moi et pourtant ils me détestent. C'est la seule relation stable que j'ai dans la vie. Ca, au moins, c'est du durable.
Le barman : Oh écoute, commence pas, Lebo, hein ?
Jacques Desmoulins : Allez, donne-moi un verre, donne-moi un verre. D'abord, je bois. Et après... après, je parle. Comment il va mon pote ? Tout ce que je déteste. Jeune. Il est con, mais con ! A boire !
Le barman : Eh benh justement,... paie ta tournée, rentre chez toi parce que j'pense bien que t'es fait, tu vois ? Allez ooh-ooh-oooh !
Jacques Desmoulins : Quoi !?
Le barman : Donne-moi ça là !
Jacques Desmoulins : Quaaaah !
Le barman : C'est une mouette, ce gars ! Il te pique tout ce que t'as !
Jacques Desmoulins : Aaah !?
Le barman : Même quand t'as rien !
Jacques Desmoulins : Aaah...
Le barman : Remarque, il sait y faire avec les femmes, lui, hein.
Un homme : C'est pas comme toi, vermine.
Jacques Desmoulins : Oh benh t'as raison. J'ai les grelots qui se sont jamais agités plus de cinq minutes. On m'a jamais donné de plaisir. Mais j'ai une excuse, j'en ai jamais pris. Allez ! Donne m'en un autre, là !
Le barman : Oh écoute, tu devrais aller dormir, hein.
Jacques Desmoulins : Hé hop, attention, hop, la bébête ! Pour jouer les désespérés, faut du talent. Etre alcolo, c'est... c'est une discipline, p'tit gars. Ca supporte pas la médiocrité. Faut de l'endurance. Faut... faut y croire. Tu prends deux verres et puis t'entends La Pastorale. Tu tutoies les anges. Tu voyages dans le sublime. Tu te grises au désespoir et puis tu rentres chez papa et maman qui t'ont laissé un plat dans le four et la lumière allumée parce que t'as peur dans le noir. Et dans le fond, t'es généreux. Heureusement qu'elle t'a, ta pauvre mère ! Elle se barbouille à l'anti-rides, la brave femme. Elle a tellement peur de vieillir que son mouflet, c'est son bain de jouvence. Avant, elle changeait tes couches pleines de merde et maintenant elle ramasse ton vomi mais elle a toujours vingt ans. Tiens, je vais te dire, peut-être même que si je pouvais encore... j'aurais le gourdin pour elle.
Marie : Eh benh, le temps s'est arrêté pour vous. Y'a rien de plus moderne dans votre musée ?
Jacques Desmoulins : J'aime pas les changements.
Marie : Y'a pas de couverts ?
Jacques Desmoulins : Non, y'a pas de couverts.
Marie : Ah, je vois. On mange avec ses doigts, c'est l'homme nature ? C'est dégueulasse ici, c'est une vraie poubelle. Et vous lavez, quand même ?
Jacques Desmoulins : Benh, quand il pleut, oui. Tiens regarde, j'vais te montrer un truc. C'est con, une moule. Tu vois, tu les chauffes un peu, et hop, elle s'ouvre. Les plus connes, c'est les plus jeunes. C'est elles qui s'offrent en premier.
Marie : Pourquoi vous me dites ça ?
Jacques Desmoulins : Moi... ? Pour rien.
Marie : Et c'est vous qui peignez ces croûtes là ?
Jacques Desmoulins : Oui. J'aime bien les naufrages. Tu crois qu'ils vont s'en tirer ?
Marie : Non.
Jacques Desmoulins : Ah. Alors, à la baille... C'est quoi ton vrai nom ?
Marie : J... j'vous l'ai dit.
Jacques Desmoulins : Pas celui-là. Ton vrai nom, c'est quoi ?
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