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vendredi, 24 janvier 2014

Elisa - Paradis, Courau, Depardieu

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Film : Elisa (1995, durée 1h55)

Réalisateur : Jean Becker

Marie (Vanessa Paradis), Solange (Clotilde Courau), Ahmed (Sekkou Sall)

Jacques Desmoulins le père, alias "Leibovich" (Gérard Depardieu), Elisa Desmoulin la mère (Florence Thomassin), la grand-mère (Reine Bartève), le grand-père (André Julien)
 
Samuel (Michel Bouquet), le fumeur de Gitanes (Philippe Léotard), Manina (Catherine Rouvel), Samuel (Werner Schreyer), le fils du pharmacien (Melvil Poupaud), Kevin (Olivier Saladin), le passager du taxi (José Garcia)
 
 
 

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Marie en voix off : Allez, un œil sur mon cul et l'autre sur le compteur. Qu'est-ce qu'il espère ? Il verse des arrhes alors il se sent des droits ? Je suis sure que c'est la même chose quand il achète à diner. Ils doivent compter dans leur tête. Elle va me coûter huit cent balles de restau et cent cinquante pour le ciné. Même s'ils le disent pas vraiment parce qu'ils sont trop lâches, au fond, ils pensent que pour neuf cent cinquante balles, ils auraient plus vite fait de se payer une pute.

Le passager du taxi : Dites-moi, vous avez un numéro où je peux vous joindre ?

Marie : Euh, oui. Ah oui, j'dois avoir ça, mais... oh ! ce matin, j'ai complètement oublié, j'suis partie tellement vite, j'suis partie sans argent ! Vous pouvez pas me dépanner ? Ca vous dérange pas, cinq cent francs ?

Ahmed en voix off : Elle aurait vendu n'importe quoi à n'importe qui. Même à moi, elle m'aurait fait bouffer du porc.

 

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Marie : Alors, c'est quoi aujourd'hui ?

Samuel : Il y a un point intéressant formé par Pluton / lune noire. Pluton, ça symbolise les formes inconscientes, tandis que la lune noire représente la part d'ombre. Fais attention, ce sont des livres anciens.

Un habitué de la librairie : Livres anciens, des vieux bouquins, oui !

Samuel : Pluton, au fond du ciel, t'incite à percer le secret de tes origines, à dépasser le sacrifie qui t'a privée d'un foyer chaleureux.

Solange : Hé, sur le cœur, ils disent quoi pour moi ?

Marie : Ils disent que t'as pas intérêt à coucher avec n'importe qui, voilà. 

Samuel : C'est en explorant cette douleur, ce manque, que tu trouveras les armes pour te projeter dans l'existence et rencontrer la vérité.

Une cliente qui vient d'entrer : Vous avez Elle, mademoiselle ?

Marie : Oh, vous avez déjà vu une libraire ras-la-touffe ?

Samuel : Arrête, tu veux. Sur le présentoir. Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Ca va pas, tu te sens mal ? Tu veux qu'on parle ?

Marie : Je t'en... Tu veux ma photo ?

Marie en voix off : Quand j'suis pas gentille avec lui, j'm'en veux., mais c'que j'm'en veux. C'est toujours ceux qu't'aimes le plus qui prennent. Forcément, c'est les seuls qui s'intéressent à toi.

 

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- Ils forment un beau couple.

- Sa robe est superbe. 

- Oui, enfin, quand on n'a pas de poitrine, on met pas un décolleté.

- Une orangeade, s'il vous plaît.

Une femme : Tu resteras toujours mon plus beau souvenir, chéri.

Son amant : Je peux te le dire maintenant, j'étais puceau.

La femme : Ha-ha-ha, j'avais remarqué, figure-toi.

Marie : Oh-la-la, j'en ai marre de danser, moi.

Solange : Pas moi.

Marie : Oui, benh, on finit celle-là, et après c'est tout. 

Solange : Hé, c'est une rolex ?

Un garçon : Oui.

Solange : Elle est en or ?

Le  garçon : Oui. Le mécanisme aussi.

Solange : Attends, je rêve. Même le dedans, c'est de l'or ? Alors là, ça me troue le cul.

Le  garçon : Euh, dis, t'as pas un téléphone ?

Solange : Euh, attends. Tu peux essayer de me joindre à colline des Gobelins, oui, chez Samuel, le libraire. Tu sais, c'est à côté de euh... enfin, faudrait demander à Marie, dès fois qu'elle ait des choses contre.

Une fille : On ne s'est pas présentés. Tu t'appelles comment ?

Solange : Solange.

La fille : Aaaah, Solange. Tu es parentée avec la mariée ?

Solange : Ouais. Enfin, euh... Ouais.

La fille : Tu es donc ma cousiiiine.

Solange : Ouais ! J'suis ta cousiiiine !

Le  garçon : Si tu es sa cousine, tu es ma cousine aussi.

Solange : Attendez là, vous m'embrouillez.

La fille : Allez viens, je vais te présenter à la famille, ça leur fera sûrement plaisir.

Le garçon : Arrête. Laisse-la tranquille. Laisse tomber.

La fille : Décidément, t'es comme mon père. Tu peux coucher qu'avec des boniches.

Marie : Pardon ? C'est qui ton père ?

Marie, sur l'estrade au micro : Bonjour. Excusez-moi, j'aimerais savoir qui est le père de cette charmante demoiselle, oui la... la jolie blonde là-bas qui est au buffet.

Un homme : Oui-oui, c'est moi.

Applaudissements.

Marie : C'est vous ?

L'homme : Oui. 

Marie : Bien, il paraît que vous pouvez coucher qu'avec des boniches. C'est vrai, ça ? Enfin, d'après votre fille. Heureusement que votre femme se rattrape, elle se tape tous les puceaux de la famille. Y'en a combien qui y sont passés, ici ? Allez, levez la main. T'as une jolie robe, la mariée. Eh benh l'autre, là, avec sa moustiquaire, elle trouve que t'as pas assez de seins pour mettre un décolleté. Et toi, le marié ? C'est parce que j'étais pas assez bien pour toi, c'est pour ça que tu m'as laissé tomber ? J'étais pas de ton milieu, j'é... j'étais pas assez riche... alors t'as fait mumuse avec moi et puis tu m'as jetée comme un vieux kleenex.

Un homme : Maintenant ça suffit, descendez.

Ahmed : Toi, tu la touches, je t'éclate.

Un homme : Qui c'est, cette fille ?

Solange : Bon benh, salut.

Le garçon : Salut.

Ahmed : Allez, beaucoup de bonheur et bonne bourre.

Solange : Oh, t'es con ou quoi ? Hé, tu m'avais jamais dit que tu t'étais tapée le marié ?

Marie : Quoi ? Mais j'le connais même pas.

Solange : Mais pourquoi t'as fait ça ?

Marie : Pour les faire chier. Y'a pas de raison, c'est toujours les mêmes qui sont heureux.

  

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Marie : Benh tu pourrais ouvrir, ce serait plus co-mmo-de.

La grand-mère : Oh, comme t'es grande !

Marie : Forcément, dix ans, ça laisse le temps de grandir.

La grand-mère : Bonjour... Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, comme t'as changé ! Et tu viens pour quoi ?

Le grand-père : Mais qui c'est qui est là ?

Marie : C'est le père Noël !

La grand-mère : C'est Marie ! Elle vient nous embrasser.

Marie : Arrache le papier, ça va prendre trois heures.

Ahmed : Hé m'sieur, j'peux changer de chaîne ?

Le grand-père : Laisse ça, c'est très bien.

Ahmed : Mais c'est en allemand, j'comprends rien, moi.

Marie : Kkhhh, et on va peut-être baisser pour s'entendre ?

Le grand-père : Du Distel, tu t'es souvenue ?

Marie : Oui, j'me souviens.

Marie : T'as vu, j't'ai pris des biscuits dans une grosse boîte en fer, celle que t'aimes avec les-beaux-paysages-suisses !

La grand-mère : Oh, t'es gentille ! J'la mets avec les autres. Comme ça, c'est comme s'ils jouaient.

Le grand-père, lisant les inscriptions sur la boîte: Ah, de mon temps c'était "Morlin, exploitant, négociant" et puis maintenant c'est "Morlin et fils".

Solange: Je savais pas que Marie elle avait des grands-parents. J'croyais qu'elle avait plus du tout de famille, moi.

Marie : Donne, j'irai plus vite que toi, t'as les pouces tout tordus.

Le grand-père : Oui, ça c'est en 64, c'est les fondations. Puis ça, c'est le gros œuvre, voilà. A cette époque-là, ils savaient y faire, hein, c'était des vrais ouvriers.

Marie en voix off : Il y a des vieux, ils ont toujours été vieux même quand ils étaient jeunes. Je l'jure, j'serai jamais vieille. Regarde-la, ça range dans un ordre, puis ça remet dans un autre. Elle rétrécit, elle se ratatine. Elle est comme son gâteau, toute sèche à l'intérieur. Et lui, petit, mesquin, avec la peur de manquer. Il a le cœur comme ses doigts de pied, ça rebique comme des griffes.

Flash back.

Le grand-père : On te voit que quand t'en as besoin. Quand personne veut plus de toi.

La grand-mère : Et puis cette gamine, d'où qu'elle sort ? Tu débarques avec elle, on la connaît même pas ! D'où qu'elle vient ?

Marie en voix off : Pauvre conne, moi j'sais d'où j'viens.

La grand-mère : Tu sais, à notre âge, un enfant, ça va nous fatiguer très vite. 

Marie en voix off : Gna, gna, gna. De toute façon, j'aurais jamais pu vivre dans ta boîte à chaussures. Y'a que les canaris qu'on enterre là-dedans. C'est moche ! C'est tout petit comme vous, c'est pas plus grand que votre caveau de Maison-Alfort. Et puis ça sent la boule à mites.

Le grand-père : Je trime toute une vie. Avec maman, on croit que c'est fini, qu'on va être pénards, eh benh non. Faut remettre ça. Et en plus avec un mouflet qu'a même pas de père !!

La mère : C'est trop sombre ici, c'est pour ça qu'elle a peur.

Marie en voix off : Forcément, c'est l'hiver polaire. C'est l'hiver des vieux. Ca dure trente ans.

La mère : Faut ouvrir.

La grand-mère : Non-non-non-non ! Ton père, il fait la sieste au salon, on n'ouvre qu'en fin d'après-midi.

Le grand-père : Ouais ! A mon âge, j'supporte plus les courants d'air, alors tu vas pas commencer à nous emmerder !!

Au présent.

Marie : Ca pue ici, faut ouvrir !

Le grand-père : Non-non-non, attention aux courants d'air.

Marie : Pépé, il faut prendre l'air.

La grand-mère : Hé, ferme-lui la fenêtre ! Il va attraper la mort. Tu sais, il va même pas jusqu'au lac l'après-midi. Il aime mieux faire sa sieste.

Marie : Ouais, il a raison de s'acharner. Il veut durer comme les petits lapins avec leurs petites piles duracell ? Faut pas se faire péter le cœur à votre âge ! Faut les regarder, les coin-coins ! Faut leur donner du pain !!

La grand-mère : Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce que tu as encore, t'étais si gentille ?

Le grand-père : On t'ouvrira plus.

Marie : Et pourquoi tu la gardes, la bouteille ? Pour la boire avec ma mère !?

La gran-mère : T'es méchante !

Marie : Et pis toi, arrête de chouiner !! Qu'est-ce que t'as fait pour elle, hein !? Qu'est-ce que t'as fait pour elle !?

La grand-mère : Qu'est-ce que tu veux ? Mais qu'est-ce que tu veux !? Qu'est-ce que tu veux ?

Marie : Pourquoi tu l'as pas prise, ma mère !? Pourquoi vous l'avez pas prise !!? On était dehors !! On était dehors !!!

 

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Marie : Salut Kevin.

Kevin : Oh non, hé, pas encore vous.

Solange : Hé, salut Kevin, on te dérange pas ?

Kevin : Si !

Ahmed : Salut Kevin.

Kevin : Oh non, ils vont encore me piller mon frigidaire ! Marie, j'te préviens, s'il bâfre comme un cannibal, c'est toi qui fais les courses.

Marie : Tiens, j'ai spécialement tiré ça à la maison d'Angleterre.

Kevin : Non mais hé, j'veux pas d'ennui avec les flics, moi ! [...] Non, hé, j'te préviens, c'est la dernière fois que tu fous les pieds ici, t'as compris ?

Marie : Ooh, arrête de râler ! T'es angoissé, la preuve, t'as du monde chez toi, ça te fait chier, t'as personne, tu déprimes. Me trompe-je ? Ahmed, réponds au téléphone !!

Kevin : Ah non h, pas lui !

Ahmed : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù !

Kevin : Prends pas ton accent beurre et note correctement les messages, s'il te plait !

 

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L'assistante sociale : On peut pas fumer ici.

Marie : Tu vois, on peut très bien.

L'assistante sociale : Où est-ce que tu étais ces six derniers mois ? Comment tu vis ? Tu sais que la D--- a fait une demande officielle de recherche aux Mineurs ? Tu as terrorisé tes grands-parents. C'est sérieux. Ils ont porté plainte.

Marie : Bon t'as fini ? Tas fait ton devoir ? C'est vrai que j'suis une fille de pute ? C'est vrai que... mon père est un maquereau ? Benh tu réponds ?

L'assistante sociale : Tu sais que je suis tenue au secret professionnel. Certaines informations sont confidentielles. Tu dois comprendre que ton père...

Marie : Mais tu l'fais mal, ton boulot, ma vieille ! C'qui faut, c'est mentir. Et mentir correctement. Quand c'est moche, la vérité, faut l'embellir, faut... l'enfermer dans une cage à beauté. C'est pas de me raconter des bobards. J'te demande de m'faire rêver. Après tout, il était présentable mon père, il était pianiste. Et puis, mes grands-parents le détestaient alors, pour un peu, j'l'aurais aimé. Attends, tu veux que j'te mette à l'aise ? Dans six mois, j'ai dix-huit ans, la vérité, j'la saurai de toute façon. Mais c'est pas vrai ! Y'a que des ratés ici ! Toi, par exemple. J'suis sure que t'as pas de gosses. Ta vie sentimentale elle est nulle. Bon, rassure-toi, comme tout le monde. Mais... t'as peur de vieillir. T'as un faux chanel. Tu te voyais chirurgien et t'es psycho-machin. J'continue ? Bilan de tout ça, t'es payée pour donner des... ? Conseils. Je rêve ! L'image du père... les zones d'ombre de l'enfance, et patati et patata ! Au moins, dis la vérité ! Moi, tu sais, tout me va.

Elle lui tend le dossier.

L'assistante sociale : J'suis à côté. Si tu as besoin d'moi.

Marie lit : Marie Desmoulins... Desmoulins Jacques né le 22 février... Desmoulins Elisa... Secret des origines... Domicile du père : introuvabe... Mère décédée... Incompatibilité avec les grands-parents... Circonstances de son admission : admis suite au suicide de sa mère Elisa Desmoulins, épouse de Jacques Desmoulins, condamné par défaut de présence au tribunal, le 3 avril 1976 à trois ans fermes pour... proxénétisme.

 

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Jacques Desmoulins : Laaaah, j'aime pas les chiens. Ils savent rien de moi et pourtant ils me détestent. C'est la seule relation stable que j'ai dans la vie. Ca, au moins, c'est du durable.

Le barman : Oh écoute, commence pas, Lebo, hein ?

Jacques Desmoulins : Allez, donne-moi un verre, donne-moi un verre. D'abord, je bois. Et après... après, je parle. Comment il va mon pote ? Tout ce que je déteste. Jeune. Il est con, mais con ! A boire !

Le barman : Eh benh justement,... paie ta tournée, rentre chez toi parce que j'pense bien que t'es fait, tu vois ? Allez ooh-ooh-oooh !

Jacques Desmoulins : Quoi !?

Le barman : Donne-moi ça là !

Jacques Desmoulins : Quaaaah !

Le barman : C'est une mouette, ce gars ! Il te pique tout ce que t'as !

Jacques Desmoulins : Aaah !?

Le barman : Même quand t'as rien !

Jacques Desmoulins : Aaah...

Le barman : Remarque, il sait y faire avec les femmes, lui, hein.

Un homme : C'est pas comme toi, vermine.

Jacques Desmoulins : Oh benh t'as raison. J'ai les grelots qui se sont jamais agités plus de cinq minutes. On m'a jamais donné de plaisir. Mais j'ai une excuse, j'en ai jamais pris. Allez ! Donne m'en un autre, là !

Le barman : Oh écoute, tu devrais aller dormir, hein.

Jacques Desmoulins : Hé hop, attention, hop, la bébête ! Pour jouer les désespérés, faut du talent. Etre alcolo, c'est... c'est une discipline, p'tit gars. Ca supporte pas la médiocrité. Faut de l'endurance. Faut... faut y croire. Tu prends deux verres et puis t'entends La Pastorale. Tu tutoies les anges. Tu voyages dans le sublime. Tu te grises au désespoir et puis tu rentres chez papa et maman qui t'ont laissé un plat dans le four et la lumière allumée parce que t'as peur dans le noir. Et dans le fond, t'es généreux. Heureusement qu'elle t'a, ta pauvre mère ! Elle se barbouille à l'anti-rides, la brave femme. Elle a tellement peur de vieillir que son mouflet, c'est son bain de jouvence. Avant, elle changeait tes couches pleines de merde et maintenant elle ramasse ton vomi mais elle a toujours vingt ans. Tiens, je vais te dire, peut-être même que si je pouvais encore... j'aurais le gourdin pour elle.

 

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Marie : Eh benh, le temps s'est arrêté pour vous. Y'a rien de plus moderne dans votre musée ?

Jacques Desmoulins : J'aime pas les changements.

Marie : Y'a pas de couverts ?

Jacques Desmoulins : Non, y'a pas de couverts. 

Marie : Ah, je vois. On mange avec ses doigts, c'est l'homme nature ? C'est dégueulasse ici, c'est une vraie poubelle. Et vous lavez, quand même ?

Jacques Desmoulins : Benh, quand il pleut, oui. Tiens regarde, j'vais te montrer un truc. C'est con, une moule. Tu vois, tu les chauffes un peu, et hop, elle s'ouvre. Les plus connes, c'est les plus jeunes. C'est elles qui s'offrent en premier.

Marie : Pourquoi vous me dites ça ?

Jacques Desmoulins : Moi... ? Pour rien.

Marie : Et c'est vous qui peignez ces croûtes là ?

Jacques Desmoulins : Oui. J'aime bien les naufrages. Tu crois qu'ils vont s'en tirer ? 

Marie : Non.

Jacques Desmoulins : Ah. Alors, à la baille... C'est quoi ton vrai nom ?  

Marie : J... j'vous l'ai dit.

Jacques Desmoulins : Pas celui-là. Ton vrai nom, c'est quoi ?

 

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jeudi, 25 octobre 2012

Considérations sur la ponctuation - Anouilh, Aragon, Cioran, Flaubert, Hugo, de Montherlant, Wilde, Sollers

 

sollers,paradis

azartaz/Flickr

 

Oscar Wilde :

"J'ai travaillé toute la matinée à la lecture des épreuves d'un de mes poèmes et j'ai enlevé une virgule. Cet après-midi, je l'ai remis."

 

Victor Hugo :

"Si vous saviez comme la virgule s'acharne et renaît sous le deleatur !"

 

Emil Michel Cioran :

"Les "vérités", nous ne voulons plus en supporter le poids, ni en être dupes ou complices. Je rêve d'un monde où l'on mourrait pour une virgule."

 

Gustave Flaubert :

"Pour moi, la plus belle fille du monde ne vaut pas une virgule mise à sa place."

 

Charles Dantzig :

"On respire par les yeux ! Nous l'avons tous expérimenté, à lire des livres non ponctués, où notre pauvre œil haletant cherche un point, une virgule, le moindre bout de banc où s'asseoir.

  

Jean Anouilh :

"Nous vivons dans un monde qui a complètement perdu l'usage du point-virgule, nous parlons tous par phrases inachevées, avec trois petits points sous-entendus, parce que nous ne trouvons jamais le mot juste."

 

Henry de Montherlant :

"On reconnaît tout de suite un homme de jugement à l'usage qu'il fait du point et virgule."  

 

Louis Aragon :

"Je demande à ce que mes livres soient critiqués avec la dernière rigueur, par des gens qui s'y connaissent, et qui sachant la grammaire et la logique, chercheront sous le pas de mes virgules les poux de ma pensée dans la tête de mon style."

  

> Pour davantage de citations : http://www.dicocitations.com/citation.php?mot=virgule

 

 ¤     ¤     ¤

 

Extrait de Paradis, 1981, Philippe Sollers, Seuil :  

 

Extrait de la quatrième de couverture :

Pourquoi pas de ponctuation visible ? Parce qu'elle vit profondément à l'intérieur des phrases, plus précise, souple, efficace ; plus légère que la grosse machinerie marchande des points, des virgules, des parenthèses, des guillemets, des tirets. Ici, on ponctue autrement et plus que jamais, à la voix, au souffle, au chiffre, à l'oreille ; on étend le volume de l'éloquence lisible !

Pourquoi pas de blancs, de paragraphes, de chapitres ? Parce que tout se raconte et se rythme à la fois maintenant, non pas dans l'ordre restreint de la vieille logique embrouillée terrestre, mais dans celle, merveilleusement claire et continue, à éclipses, des ondes et des satellites. Autour de quoi ça tourne chez l'être humain ? Des mille et une façons de s'illusionner sur le pouvoir et l'argent du sexe. Salut petite planète roulante et pensante dans sa galaxie de galaxies !

[...]

 

Extrait de l'ouvrage :

voix fleur lumière écho des lumières cascade jetée dans le noir chanvre écorcé filet dès le début c'est perdu plus bas je serrais ses mains fermées de sommeil et le courant s'engorgea redevint starter le fleuve la cité des saules soie d'argent sortie du papier juste lin roseau riz plume coton dans l'écume 325 lumen de lumine en 900 remplacement des monnaies 1294 extension persane après c'est tout droit jusqu'à nos deltas ma fantaisie pour l'instant est de tout arrêter de passer les lignes à la nage brise matin feu lacs miroirs brouillant les feuillages calme d'eau marée on ne sait jamais l'aborder pourtant j'ai commencé je commence je prends la sphère commencée j'en viens j'y revais j'y vais commencement commencé tendu affalé sur elle et tenant ses poings dans mes mains elle dormait sec comme un caillou débranché piqué dans son rêve et moi pensant xanadu voûte caverne mer sans soleil vagin sans retour et jamais atteint jardins ruisseaux sinueux arbres d'encens à clairières quel ravin pour s'y détendre au milieu de la nuit couverte dancing rocks and mazy motion voilà la fontaine limite génitale de l'homme flos florum dôme ensoleillé près des caves de glace comment se nourrir de rosée lactée il est rare de saisir ainsi le saisissement dans l'insaisissable on dirait qu'un muscle s'avertit de laisser filer traînée brune gazeuse fissurée dorée allons allons puisque je vous dis que ça veut pas s'inscrire ils ont cru un moment l'isoler sous forme de poches halo bleuté d'atmosphère énergie éponge de l'anti-cancer yeux gris-bleu matière des matières impossible donc d'arriver comme un fleur et de dire j'y fus j'y étais j'y est je m'y fus j'y serai j'irai bien avant abraham lui-même raconté coupé décompté or c'est pas pour rien cependant que j'ai eu ce rêve en collier touches dentées piochées en faisceau de pinces me sautant au cou pour percer fouiller dégrafer une lutte à mort je vous dis pour me l'enlever la mâchoire c'est sanglant partout ça coule partout c'est drôlement gardé la contrée quant aux autres je les vois brûler non non je ne les vois pas je les pense non je ne les pense pas ça se passe de moi contre moi poussière légère cendreuse légère poussière impalpable détour de poussière et toujours encore et toujours tenus avec ce rictus ils se dressent flammes poussières et flammes poussières faut-il manger ce temps qui s'ébrèche qui s'ampute à brèche faut-il le longer le crever s'y plonger ou s'en détourner en réalité aristote dit que la tragédie remonte aux dithyrambes et la comédie aux chants phalliques mais phallus on l'a dit qu'en 1615 peu employé avant le 19e marrant ça je savais pas que tu comprends je ne peux pas considérer comme libre un être n'ayant pas le désir de trancher en lui les liens du langage voyons entre 13 et 18 ans l'espèce a son inondation génésique d'un côté le foutre de l'autre les règles comme le chuchotent les filles à l'école les garçons aussi ils ont ça on le voir à leurs yeux cernés tu crois moi je crois sacrés mâle et fils pissant dans les bois je passe entre eux inondé spongieux plus loin dans la mousse je file maintenant lavé délavé ouah voyons l'arabe appelle solaires les syllabes linguales dentales les autres lunaires l'expression chinoise lianxie veut dire lier en écrivant en avant l'enfant se débrouille d'abord avec ses accents multiples ou encore dans la flûte le si-bémol est la tonalité des adieux adieu o adieu je veux bien que ce soit en français si c'est vous qui le dites n'affirmons plus qu'il n'y a qu'une sorte de lutte il y en a deux la première sera louée de qui la comprendra l'autre est à condamner autrement dit tout ça est aussi vieux que le monde est ronde donc j'avais immédiatement deviné qu'il y avait une liaison entre ponctuation et procréation d'où leurs résistances clichés ponctuant miché leurs journées à savoir qu'ils n'enregistrent que les points de rencontre avec leur image virgule tiret point virgule conclusion vous me croirez si vous voulez mais ce truc donnait directement sur leur hantise à grossesse genre sésame bloqué en deçà de telle sorte que l'inconscient est bien le non-né hors-né jamais né en priorité caisses retraites tiédeur du voilage hagard en nécécité car si tu amènes ta poudre vivante si tu dis en plus de l'en-plus y a l'en-plus ils crachent individués flanchés cramponnés faisant chut chut en livide si tu nais ils meurent si tu meurs tu nais pas mal d'arrive à ça rien qu'avec des mots sur la page viseur effusé télescope vibrant amusé ça vous racle intestin les poches si je vais vite levé tôt ciel enroulé plié battant brillant du bitant moi j'y comprends rien fait-il foetus fait-elle en outre il faut prendre les phrases en ensembles scenarii couplés abrégés comme des microfilms bourrés de documents de formules imagine un peu le calcul facile à transporter à cacher l'histoire dans une boîte d'allumettes dans les défauts du papier voilà tu développes agrandis ouvres et c'est tout le stock qui saute à la gueule quel progrès violé pour qui veut passer tu comprends je suis devenu les six roues à la fois les grandes explosées les petites sujets en reflet les grandes en perte univers les petites en moi ou les autres on peut définir le réel comme l'intersection des dents poussées des six cercles les grands les petits de nouveau les grands les petits les grands toujours plus grands les petits petits que dit ézéchiel au bord du canal en déportation le vent du nord se lève en tempête la nuée arrive fulgurant son feu chacun va selon l'orientation de ses faces souffle-moi les braises la torche volée comme si une septième roue mais est-ce bien une roue se mouvait au milieu des autres les yeux sur les jantes aïe tous ces yeux qui arrivent dans le bruit des ailes des eaux sous les flots soulèvement par-derrière shaddaï el shaddaï vieux nom de montagne sais-tu ce qu'ils font dans les ténèbres chacun dans sa chambre à images les jours s'approchent ainsi que la parole de toute vision je mettrai leurs voix sur leurs têtes je dirai ce que je dirai nom de dieu et ils auront beau crier contre mon oreille je ne les entendrai pas le futur est là sous mes pas maintenant mes lettres commencent par l'enveloppe on dirait qu'un pouce les efface en montant à plat je connais sur le bout des doigts filés dissipés la disparition prévue de tout l'homme qu'est-ce qui reste à la fin des animaux insensés ayant vaincu l'insensé une simple énergie devenue cadence bref un flamboiement cristallin éclairant le rien me voici contre vos bandelettes [...] il suffit de voir les transformations dans l'obscurité de les halluciner et ensuite de tracer les traits luminés là où la vie palpite voilà ma formule le hasard rend le sens plus profond compter ce qui passe mouvement en avant connaître ce qui vient mouvement arrière ici le sud en haut le vent descend la montagne tous ils s'avancent dans le signe de l'éveilleur il est troué père jade métal froid glace rouge sombre c'est un bon cheval un vieux cheval un cheval maigre un cheval sauvage il est droit il est le dragon le vêtement de dessus la voir le réceptif en revanche est l'égal d'une étoffe un chaudron l'économie un veau une vache un grand char c'est la forme la multitude le tronc ou encore le waker est tonnerre jaune foncé étendue grande rue fils aîné bambou jonc se tenant se fléchant la dose bon et du côté du zodiaque les poissons à sec on entre dans le verseau ère de lucidité d'invention d'ivresse y en a pour 2155 ans quelle barbe j'ai envie de crever ce qui dans la bible se dit maintenant je m'en vais par toutes les voies de la terre ainsi parlent josué david au moment de quitter le cirque en improvisant pour finir sur fond de musique et la maint de l'éternel agitant sur eux leurs cheveux comme moi ici sans rien sans cithare toujours en éveil alignant mes bruits mes replis je sens ma nuit des oreilles je deviens tympan sans répit tout se fait granuleux micro clinamen hurlement de calme sacrée vie poker allons je joue pique ou je coupe cœur cellule à l'occidental avec toute l'histoire sur moi sous moi hors de moi tout à l'heure j'ai rêvé de dico descartes il était tout pâle attentif ergo je lui demande si on pense pendant qu'on dort bonne question il fait l'air malin mais mort ne se doutant pas que l'être est en langues attention au décollage salvagente sotto la poltrona je répète life vest under your seat au fond je suis votre bête de somme théologique si vous m'obligez à marcher au pas je dois avouer que cette page résiste comme toutes les femmes de la planète ne donnant pas au premier venu leurs ruisseaux de lait ou de miel non ça se viole pas non ça se prend pas par surprise non on ne peut pas dire n'importe quoi un bon mouvement reconnaissez que ça n'arrive pas des masses en un siècle et la vie d'un individu c'est vite couru tout le reste est tringlage allusif interdit carabiné scié de l'inceste à savoir de la vraie jouissance au-delà que ceux qui y son m'entendent alors pour oublier ils baisent ou ne baisent pas du pareil au même tricotés triqués harponnés n'ayant connu qu'un bof sous orgasthme après quoi fermeture de la tirelire les privant de lire de tirer je vous donne les deux cas extrêmes de l'humanité il tue son père et sa mère fou furieux il ne tue ni son père ni sa mère débile mental si vous mettez ça au féminin ça donne n'importe comment elle jouit même si elle jouit pas puisque de toute façon elle sait pas je précise qu'il ou elle c'est pas la même chose qu'un homme ou femme au sens des planches anatomiques qui vont être affichées pour la première fois dans les écoles preuve que c'est plus le problème [...]

 

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Extrait de Paradis II, 1986, Philippe Sollers, Coll. Blanche, Gallimard :  

 

soleil voix lumières écho des lumières soleil cœur lumière rouleau des lumières moi dessous dessous maintenant toujours plus dessous par-dessous toujours plus dérobé plus caché de plus en plus replié discret sans cesse en train d'écouter de s'en aller de couler de tourner monter s'imprimer voler soleil cœur point cœur point de cœur passant par le cœur il va falloir rester réveillé maintenant absolument réveillé volonté rentrée répétée le temps de quitter ce cœur simplement le temps qu'il se mette enfin comme il voudra quand il voudra de la dure ou douce façon qu'il voudra bien peu de choses en vérité n'est-ce pas poussière de poussière bien peu très très peu comme on exagère comme on a tendance à grossir tout ça moi-moi-moi en vérité presque rien côtoiement d'illusion couverture du cœur d'illusion aujourd'hui j'écris aujourd'hui et aujourd'hui j'écris le cœur d'aujourd'hui et hier j'écrivais aujourd'hui et demain j'écrirais aujourd'hui c'est vraiment aujourd'hui et rien qu'aujourd'hui on devrait l'écrire aujournuit différente manière d'être à jour en suivant ses nuits dans la nuit salle de séjour noire bleue blanche j'attends le vide à sa tranche qu'il décide ou non de bouger de claquer si je reste comme ça réveillé le coup va venir c'est fini le coup va revenir cette fois vraiment c'est fini un deux trois pas tout à fait trois et de nouveau un deux et puis trois on est au cœur du cœur maintenant dans le cœur du cœur battant se taisant c'est lui qui creuse c'est lui qui poursuit c'est lui qui sait ce qu'il faut savoir pour continuer dans la nuit on n'ira jamais assez vite pour coïncider avec lui pour rejoindre son instinct fibré sa folie un muscle dites-vous seulement un muscle au fond d'après vous soleil cœur voix cœur germe en lui de lui tout en lui voilà le vent s'est levé de nouveau maintenant et je suis là de nouveau comme écrivant le temps de nouveau comme si le temps pouvait n'être rien d'autre que des lignes recoupant des lignes à la ligne là comme au bout du monde ne tenant plus que par un bout de bord à ce monde droites diagonales angles cadrans demi-cercles rayons revenant au centre cours des astres reflétés comme ça par le centre danse en cours avec moi reflet du danseur dans la nuit moi spectre et moi poison d'ombre moi squelette abstrait mangé par son ombre pas tout à fait cependant pas encore tout à fait déclic sursaut nerfs juste assez pour tracer conduit ce qui suit voilà on y va le concerte reprend sa cadence joie joie voilà c'est reparti ça se suit en effet un important groupe de taches s'étendant sur près de 300 000 kilomètres se déplace en direction du centre du disque solaire selon un observatoire de thénanie-westphalie elles devraient l'atteindre le 8 ou le 9 avril et ce phénomène qui pourrait perturber l'atmosphère terrestre est une des conséquences de la formidable activité que le soleil connaîtra au cours de l'année elle entraînera cette activité un comble de nervosité d'inexplicables fatigues des dissolutions dépressions décompositions des morts anticipées convoitées brusquées un supplément de crime de frime des séparations guerres convulsions récriminations falsifications dissimulations leucémisations cancérisations expulsions bref un état général de crible agité en noeud du tissu rongé des ponctions une frénésie négation des apoplexies pleins poumons des attaques et contre-attaques rupture de vaisseaux inondation des cervons disjonction des systèmes nervons déhanchements fanatiques rafales d'antibiotiques et puis faim et soif et bile et surtout faim et soif à partir du foie dans sa bile matriciation omnibile dans sa tellurique omnubilation que doit faire le narrateur  [...] je l'aurai attendu longtemps ma vision soufflée en ce monde moment soulevant mon exode à froid dans la monde j'aurai été patient finalement dans ce corps fragment de boue du monde bouée amarrée flottée ballottée respirant bloquée tourniquet voyons ça maintenant que les choses sont devenues sérieuses furieuses voyons ça d'un peu près avant de quitter crevé le procès les mondes enfin ce qu'on est obligé d'appeler comma ça dans les mondes sont donc au féminin c'est la monde absolument intrinsèquement goulûment obséquieusement funéraillement variqueusement platement et secrètement ravalant l'épargne de son logement l'ammonde c'est le dieu des dieux moulé monde la seule vraie valeur en ce monde c'est-à-dire le faux né du faux enclenchant le faux dans le faux mécaniquement machinalement règlement faux d'emblée faux chiffré faux dissimulé contracté plaqué supposé automatisé soudé obturé jalousement suturé passionnellement camouflé la monde c'est la vérité refermée ventre chaud gelé dans sa tombe faux-jour du faux ciel faux parcours nature sous le ciel et l'ammonde se tient sur la monde avec son faux soleil revenant chaque jour pressant son nouveau soleil faux soleil sa faux décapitant l'hors-soleil pour reprendre en main le soleil et la monde se sent bien comme ça [...]

 

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Pour agrandir : Sollers - Paradis II p10.JPG

 

 [...] personne n'a osé montrer à quel point nous respirons rien dans le rien colères justifications pleurs souffrances adieu romances adieu cadences adieu adieu talkie-walkie déjà-dit adieu l'ardent sanglot qui roule d'âge en âge et vient mourir au bord de l'immense truquage adieu plumages ramages modelages massages baisages adieu visages adieu collages attention par de bruit on va de nouveau tenter la sortie premier acte tête en avant dans la tête et puis retrait descendant vers le cœur point de cœur passant par le cœur deuxième acte arrêt des poumons envoi de la prespiration dans le noeud nerveux des talons troisième acte retour au cerveau images pensées mots ébauches de mots vidéo quatrième acte ventre sexe et dessous du cul dans son sexe remontée méningée vers le cervelet bulbé d'illustré cinquième acte suspens ralentissement réfraction du sang dans le sang plaine fraîche courant dans les veines sixième acte rentrée des antennes septième acte plongée ouf ça y est je suis passé j'ai gagné mais quoi même pas un cent millième de seconde intervalle en tampe du sans-temps fraction brisée sans mesure évanouissement sous piqûre j'ai affaire à de drôles de chiffres maintenant effrités mangés mal notés difficiles atomes invisibles impossibles à imprimer à classer même si j'arrive à tenir la nuit quand je tombe en elle endormi comme si je devenais le carbone où se double en creux le récit je ne sais plus qui se suis je ne sais plus où je suis je ne l'ai jamais su j'ai toujours fait semblant j'ai perdu ils l'ont deviné pour finir que je n'étais pas dans leur trame dans leur transmission mélodrame dans leur romantisme à la gamme triple croches soupirs lunés révolus je n'y crois pas que voulez-vous qu'est-ce que j'y peux je n'y crois pas je n'y ai jamais cru je n'ai jamais pu jouer à leur jeu glorification de la merde en nécessité nature dieu planification d'épluchures logification de l'ordure dissimulation du cadavre aux nouveaux venus dans l'obtus ils arrivent ils ne sont pas prévenus ils tombent dans l'assemblée criminelle bien décidée à se venger sur eux à se rattraper sur eux de leur pus voilà ils font leur entrée dans les usa les utérus sataniques associés avant d'être pris en charge par l'urss l'utérus roulant socialoïdement stimulé ils sont immédiatement enregistrés numérotés contaminés tatoués bridés traumatiquement initiés magnétiquement conforéms électriquement inscrits à l'ursas union de ravalement symbolique animiquement subluné donc salaire retraite assurée apprentissage du mini gigotage rechargeant le nerf de l'effet à partir de là distribution des traits personnalisés indices de perversions de névroses tickets de débilités de psychoses répartition des quotients sexuels nécessaires à la rutilation de la pile centrale entassées tout est prévu chacun a ses illusions son menu ses zones permises ses périphéries défendues chacun et chacune n'oublions pas les chacunes apparemment dominées par les chacuns masculins mais en réalité solidement à la barre de la grande lacune en sous-main ce qui fait que les chacuns féminins surveillent les chacunes à chacun [...] maintenant et encore ici maintenant je n'avance plus je ne m'entends plus je ne comprends plus je ne me sens plus c'est vécu tout ça maintenant ici maintenant c'est connu déjà vu déjà parcouru et pourtant ça tourne et ça continue toujours ici maintenant sans tenir compte des dépenses de lignes ou d'argent répétant l'ici maintenant comme ça pour rien dans une fuite sur place d'harmonie fugue trace qu'est-ce qu'on est loin maintenant moi et moi ici maintenant moi et ma main moi et mes yeux ouverts et ma main devant moi pendant que mon autre main maintient le papier dans la direction d'ici maintenant toujours maintenant folie vrillée délire tempéré tempête figée du clavier ce n'est plus le corps masse volume qui écoute la partition venant de droite ou de gauche mais la clé la clave l'échelle cave lignes portées noires sonores pointillées crevées recevant en elles ce corps abrégé l'allégeant le retournant transparent l'enveloppant dans l'ici maintenant veillant résonnant pinçant chevauchant s'ouvrant voilà ça y est de nouveau dans le spectres en vérité sensation à vif de nouveau seule vérité trempée tympan du temps ici maintenant et j'écris là ici maintenant toute la nuit maintenant et le vent souffle dans les vitres de la nuit montante violente tordant les branches dehors et giflant l'eau qui remonte dehors à travers les herbes et les pierres envahissant de nouveau les canaux de pierres mangées d'herbes toute la nuit dans le clavecin ici maintenant dans sa volonté frêle inflexible algébrique violette ascétique comme si le squelette de touts les éléments s'entendait ici maintenant canon du temps se chiffrant se clavant se claviculant résurrection dans la plaine soufrée du temps maintenant pleine lune d'argent sur la droite et ici maintenant souffle sur les os du temps maintenant pendant que l'eau noire progresse avec la nuit noire se levant à la verticale de l'océan pour y retomber demain matin ici maintenant quand le bleu reviendra dans le soleil ici maintenant et toujours le même vent peu à peu visible sans que cesse pour autant l'impression de clou d'ici maintenant perçant la situation comme frappée d'une vie et d'une mort éternelles simultanées emboîtées s'engendrant et se détruisant pour donner cette annulation de lucidité soulignée parfois par une accalmie une pause solennelle de la machinerie un blanc de mouvement tao central éclairé vidé avec ses cris d'oiseaux saisis d'une ivresse incompréhensible célébrant ou commémorant de tous temps ce passage à vide de la nature débranchée de la substance épuisée lui donc là fou caché peut-être simplement ridicule obstiné buté acharné poursuivant son récit accroché à ses petits signes à son sillage bleuté intra-signes fugue en fa dièse majeur prélude et fugue en fa dièse mineur prélude et fugue en sol majeur prélude et fugue en sol mineur prélude et fugue en la bémol majeur prélude en sol dièse mineur fugue en sol dièse mineur prélude et fugue en la majeur prélude et fugue en la mineur prélude et fugue en si bémol majeur prélude et fugue en si bémol mineur prélude et fuugue en si majeur prélude et fugue en si mineur prélude ici mineur en fugue maintenant majeure d'abord exposition définition délimitation des conditions de la chute condamnation damnation puis extension spiralation explosion de la réanimation rédemption les mêmes mots pour descendre et pour remonter pour se plaindre et pour protester pour gémir et pour adorer pour blasphémer pour louer combien de fois n'a-t-il pas pensé en finir abandonner le projet se retirer se taire couper les ponts les communications les informations disparaîtront dans son coin attendre [...]

 

  

sollers, paradisSe procurer l'ouvrage :

Paradis

Philippe Sollers

1981

Seuil

254 pages

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sollers,paradisSe procurer l'ouvrage :

Paradis II

Philippe Sollers

1986

Coll Blanche, Gallimard

114 pages

http://www.amazon.fr/Paradis-2-Philippe-Sollers/dp/207070...