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vendredi, 24 janvier 2014

Elisa - Paradis, Courau, Depardieu

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Film : Elisa (1995, durée 1h55)

Réalisateur : Jean Becker

Marie (Vanessa Paradis), Solange (Clotilde Courau), Ahmed (Sekkou Sall)

Jacques Desmoulins le père, alias "Leibovich" (Gérard Depardieu), Elisa Desmoulin la mère (Florence Thomassin), la grand-mère (Reine Bartève), le grand-père (André Julien)
 
Samuel (Michel Bouquet), le fumeur de Gitanes (Philippe Léotard), Manina (Catherine Rouvel), Samuel (Werner Schreyer), le fils du pharmacien (Melvil Poupaud), Kevin (Olivier Saladin), le passager du taxi (José Garcia)
 
 
 

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Marie en voix off : Allez, un œil sur mon cul et l'autre sur le compteur. Qu'est-ce qu'il espère ? Il verse des arrhes alors il se sent des droits ? Je suis sure que c'est la même chose quand il achète à diner. Ils doivent compter dans leur tête. Elle va me coûter huit cent balles de restau et cent cinquante pour le ciné. Même s'ils le disent pas vraiment parce qu'ils sont trop lâches, au fond, ils pensent que pour neuf cent cinquante balles, ils auraient plus vite fait de se payer une pute.

Le passager du taxi : Dites-moi, vous avez un numéro où je peux vous joindre ?

Marie : Euh, oui. Ah oui, j'dois avoir ça, mais... oh ! ce matin, j'ai complètement oublié, j'suis partie tellement vite, j'suis partie sans argent ! Vous pouvez pas me dépanner ? Ca vous dérange pas, cinq cent francs ?

Ahmed en voix off : Elle aurait vendu n'importe quoi à n'importe qui. Même à moi, elle m'aurait fait bouffer du porc.

 

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Marie : Alors, c'est quoi aujourd'hui ?

Samuel : Il y a un point intéressant formé par Pluton / lune noire. Pluton, ça symbolise les formes inconscientes, tandis que la lune noire représente la part d'ombre. Fais attention, ce sont des livres anciens.

Un habitué de la librairie : Livres anciens, des vieux bouquins, oui !

Samuel : Pluton, au fond du ciel, t'incite à percer le secret de tes origines, à dépasser le sacrifie qui t'a privée d'un foyer chaleureux.

Solange : Hé, sur le cœur, ils disent quoi pour moi ?

Marie : Ils disent que t'as pas intérêt à coucher avec n'importe qui, voilà. 

Samuel : C'est en explorant cette douleur, ce manque, que tu trouveras les armes pour te projeter dans l'existence et rencontrer la vérité.

Une cliente qui vient d'entrer : Vous avez Elle, mademoiselle ?

Marie : Oh, vous avez déjà vu une libraire ras-la-touffe ?

Samuel : Arrête, tu veux. Sur le présentoir. Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Ca va pas, tu te sens mal ? Tu veux qu'on parle ?

Marie : Je t'en... Tu veux ma photo ?

Marie en voix off : Quand j'suis pas gentille avec lui, j'm'en veux., mais c'que j'm'en veux. C'est toujours ceux qu't'aimes le plus qui prennent. Forcément, c'est les seuls qui s'intéressent à toi.

 

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- Ils forment un beau couple.

- Sa robe est superbe. 

- Oui, enfin, quand on n'a pas de poitrine, on met pas un décolleté.

- Une orangeade, s'il vous plaît.

Une femme : Tu resteras toujours mon plus beau souvenir, chéri.

Son amant : Je peux te le dire maintenant, j'étais puceau.

La femme : Ha-ha-ha, j'avais remarqué, figure-toi.

Marie : Oh-la-la, j'en ai marre de danser, moi.

Solange : Pas moi.

Marie : Oui, benh, on finit celle-là, et après c'est tout. 

Solange : Hé, c'est une rolex ?

Un garçon : Oui.

Solange : Elle est en or ?

Le  garçon : Oui. Le mécanisme aussi.

Solange : Attends, je rêve. Même le dedans, c'est de l'or ? Alors là, ça me troue le cul.

Le  garçon : Euh, dis, t'as pas un téléphone ?

Solange : Euh, attends. Tu peux essayer de me joindre à colline des Gobelins, oui, chez Samuel, le libraire. Tu sais, c'est à côté de euh... enfin, faudrait demander à Marie, dès fois qu'elle ait des choses contre.

Une fille : On ne s'est pas présentés. Tu t'appelles comment ?

Solange : Solange.

La fille : Aaaah, Solange. Tu es parentée avec la mariée ?

Solange : Ouais. Enfin, euh... Ouais.

La fille : Tu es donc ma cousiiiine.

Solange : Ouais ! J'suis ta cousiiiine !

Le  garçon : Si tu es sa cousine, tu es ma cousine aussi.

Solange : Attendez là, vous m'embrouillez.

La fille : Allez viens, je vais te présenter à la famille, ça leur fera sûrement plaisir.

Le garçon : Arrête. Laisse-la tranquille. Laisse tomber.

La fille : Décidément, t'es comme mon père. Tu peux coucher qu'avec des boniches.

Marie : Pardon ? C'est qui ton père ?

Marie, sur l'estrade au micro : Bonjour. Excusez-moi, j'aimerais savoir qui est le père de cette charmante demoiselle, oui la... la jolie blonde là-bas qui est au buffet.

Un homme : Oui-oui, c'est moi.

Applaudissements.

Marie : C'est vous ?

L'homme : Oui. 

Marie : Bien, il paraît que vous pouvez coucher qu'avec des boniches. C'est vrai, ça ? Enfin, d'après votre fille. Heureusement que votre femme se rattrape, elle se tape tous les puceaux de la famille. Y'en a combien qui y sont passés, ici ? Allez, levez la main. T'as une jolie robe, la mariée. Eh benh l'autre, là, avec sa moustiquaire, elle trouve que t'as pas assez de seins pour mettre un décolleté. Et toi, le marié ? C'est parce que j'étais pas assez bien pour toi, c'est pour ça que tu m'as laissé tomber ? J'étais pas de ton milieu, j'é... j'étais pas assez riche... alors t'as fait mumuse avec moi et puis tu m'as jetée comme un vieux kleenex.

Un homme : Maintenant ça suffit, descendez.

Ahmed : Toi, tu la touches, je t'éclate.

Un homme : Qui c'est, cette fille ?

Solange : Bon benh, salut.

Le garçon : Salut.

Ahmed : Allez, beaucoup de bonheur et bonne bourre.

Solange : Oh, t'es con ou quoi ? Hé, tu m'avais jamais dit que tu t'étais tapée le marié ?

Marie : Quoi ? Mais j'le connais même pas.

Solange : Mais pourquoi t'as fait ça ?

Marie : Pour les faire chier. Y'a pas de raison, c'est toujours les mêmes qui sont heureux.

  

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Marie : Benh tu pourrais ouvrir, ce serait plus co-mmo-de.

La grand-mère : Oh, comme t'es grande !

Marie : Forcément, dix ans, ça laisse le temps de grandir.

La grand-mère : Bonjour... Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, comme t'as changé ! Et tu viens pour quoi ?

Le grand-père : Mais qui c'est qui est là ?

Marie : C'est le père Noël !

La grand-mère : C'est Marie ! Elle vient nous embrasser.

Marie : Arrache le papier, ça va prendre trois heures.

Ahmed : Hé m'sieur, j'peux changer de chaîne ?

Le grand-père : Laisse ça, c'est très bien.

Ahmed : Mais c'est en allemand, j'comprends rien, moi.

Marie : Kkhhh, et on va peut-être baisser pour s'entendre ?

Le grand-père : Du Distel, tu t'es souvenue ?

Marie : Oui, j'me souviens.

Marie : T'as vu, j't'ai pris des biscuits dans une grosse boîte en fer, celle que t'aimes avec les-beaux-paysages-suisses !

La grand-mère : Oh, t'es gentille ! J'la mets avec les autres. Comme ça, c'est comme s'ils jouaient.

Le grand-père, lisant les inscriptions sur la boîte: Ah, de mon temps c'était "Morlin, exploitant, négociant" et puis maintenant c'est "Morlin et fils".

Solange: Je savais pas que Marie elle avait des grands-parents. J'croyais qu'elle avait plus du tout de famille, moi.

Marie : Donne, j'irai plus vite que toi, t'as les pouces tout tordus.

Le grand-père : Oui, ça c'est en 64, c'est les fondations. Puis ça, c'est le gros œuvre, voilà. A cette époque-là, ils savaient y faire, hein, c'était des vrais ouvriers.

Marie en voix off : Il y a des vieux, ils ont toujours été vieux même quand ils étaient jeunes. Je l'jure, j'serai jamais vieille. Regarde-la, ça range dans un ordre, puis ça remet dans un autre. Elle rétrécit, elle se ratatine. Elle est comme son gâteau, toute sèche à l'intérieur. Et lui, petit, mesquin, avec la peur de manquer. Il a le cœur comme ses doigts de pied, ça rebique comme des griffes.

Flash back.

Le grand-père : On te voit que quand t'en as besoin. Quand personne veut plus de toi.

La grand-mère : Et puis cette gamine, d'où qu'elle sort ? Tu débarques avec elle, on la connaît même pas ! D'où qu'elle vient ?

Marie en voix off : Pauvre conne, moi j'sais d'où j'viens.

La grand-mère : Tu sais, à notre âge, un enfant, ça va nous fatiguer très vite. 

Marie en voix off : Gna, gna, gna. De toute façon, j'aurais jamais pu vivre dans ta boîte à chaussures. Y'a que les canaris qu'on enterre là-dedans. C'est moche ! C'est tout petit comme vous, c'est pas plus grand que votre caveau de Maison-Alfort. Et puis ça sent la boule à mites.

Le grand-père : Je trime toute une vie. Avec maman, on croit que c'est fini, qu'on va être pénards, eh benh non. Faut remettre ça. Et en plus avec un mouflet qu'a même pas de père !!

La mère : C'est trop sombre ici, c'est pour ça qu'elle a peur.

Marie en voix off : Forcément, c'est l'hiver polaire. C'est l'hiver des vieux. Ca dure trente ans.

La mère : Faut ouvrir.

La grand-mère : Non-non-non-non ! Ton père, il fait la sieste au salon, on n'ouvre qu'en fin d'après-midi.

Le grand-père : Ouais ! A mon âge, j'supporte plus les courants d'air, alors tu vas pas commencer à nous emmerder !!

Au présent.

Marie : Ca pue ici, faut ouvrir !

Le grand-père : Non-non-non, attention aux courants d'air.

Marie : Pépé, il faut prendre l'air.

La grand-mère : Hé, ferme-lui la fenêtre ! Il va attraper la mort. Tu sais, il va même pas jusqu'au lac l'après-midi. Il aime mieux faire sa sieste.

Marie : Ouais, il a raison de s'acharner. Il veut durer comme les petits lapins avec leurs petites piles duracell ? Faut pas se faire péter le cœur à votre âge ! Faut les regarder, les coin-coins ! Faut leur donner du pain !!

La grand-mère : Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce que tu as encore, t'étais si gentille ?

Le grand-père : On t'ouvrira plus.

Marie : Et pourquoi tu la gardes, la bouteille ? Pour la boire avec ma mère !?

La gran-mère : T'es méchante !

Marie : Et pis toi, arrête de chouiner !! Qu'est-ce que t'as fait pour elle, hein !? Qu'est-ce que t'as fait pour elle !?

La grand-mère : Qu'est-ce que tu veux ? Mais qu'est-ce que tu veux !? Qu'est-ce que tu veux ?

Marie : Pourquoi tu l'as pas prise, ma mère !? Pourquoi vous l'avez pas prise !!? On était dehors !! On était dehors !!!

 

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Marie : Salut Kevin.

Kevin : Oh non, hé, pas encore vous.

Solange : Hé, salut Kevin, on te dérange pas ?

Kevin : Si !

Ahmed : Salut Kevin.

Kevin : Oh non, ils vont encore me piller mon frigidaire ! Marie, j'te préviens, s'il bâfre comme un cannibal, c'est toi qui fais les courses.

Marie : Tiens, j'ai spécialement tiré ça à la maison d'Angleterre.

Kevin : Non mais hé, j'veux pas d'ennui avec les flics, moi ! [...] Non, hé, j'te préviens, c'est la dernière fois que tu fous les pieds ici, t'as compris ?

Marie : Ooh, arrête de râler ! T'es angoissé, la preuve, t'as du monde chez toi, ça te fait chier, t'as personne, tu déprimes. Me trompe-je ? Ahmed, réponds au téléphone !!

Kevin : Ah non h, pas lui !

Ahmed : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù !

Kevin : Prends pas ton accent beurre et note correctement les messages, s'il te plait !

 

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L'assistante sociale : On peut pas fumer ici.

Marie : Tu vois, on peut très bien.

L'assistante sociale : Où est-ce que tu étais ces six derniers mois ? Comment tu vis ? Tu sais que la D--- a fait une demande officielle de recherche aux Mineurs ? Tu as terrorisé tes grands-parents. C'est sérieux. Ils ont porté plainte.

Marie : Bon t'as fini ? Tas fait ton devoir ? C'est vrai que j'suis une fille de pute ? C'est vrai que... mon père est un maquereau ? Benh tu réponds ?

L'assistante sociale : Tu sais que je suis tenue au secret professionnel. Certaines informations sont confidentielles. Tu dois comprendre que ton père...

Marie : Mais tu l'fais mal, ton boulot, ma vieille ! C'qui faut, c'est mentir. Et mentir correctement. Quand c'est moche, la vérité, faut l'embellir, faut... l'enfermer dans une cage à beauté. C'est pas de me raconter des bobards. J'te demande de m'faire rêver. Après tout, il était présentable mon père, il était pianiste. Et puis, mes grands-parents le détestaient alors, pour un peu, j'l'aurais aimé. Attends, tu veux que j'te mette à l'aise ? Dans six mois, j'ai dix-huit ans, la vérité, j'la saurai de toute façon. Mais c'est pas vrai ! Y'a que des ratés ici ! Toi, par exemple. J'suis sure que t'as pas de gosses. Ta vie sentimentale elle est nulle. Bon, rassure-toi, comme tout le monde. Mais... t'as peur de vieillir. T'as un faux chanel. Tu te voyais chirurgien et t'es psycho-machin. J'continue ? Bilan de tout ça, t'es payée pour donner des... ? Conseils. Je rêve ! L'image du père... les zones d'ombre de l'enfance, et patati et patata ! Au moins, dis la vérité ! Moi, tu sais, tout me va.

Elle lui tend le dossier.

L'assistante sociale : J'suis à côté. Si tu as besoin d'moi.

Marie lit : Marie Desmoulins... Desmoulins Jacques né le 22 février... Desmoulins Elisa... Secret des origines... Domicile du père : introuvabe... Mère décédée... Incompatibilité avec les grands-parents... Circonstances de son admission : admis suite au suicide de sa mère Elisa Desmoulins, épouse de Jacques Desmoulins, condamné par défaut de présence au tribunal, le 3 avril 1976 à trois ans fermes pour... proxénétisme.

 

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Jacques Desmoulins : Laaaah, j'aime pas les chiens. Ils savent rien de moi et pourtant ils me détestent. C'est la seule relation stable que j'ai dans la vie. Ca, au moins, c'est du durable.

Le barman : Oh écoute, commence pas, Lebo, hein ?

Jacques Desmoulins : Allez, donne-moi un verre, donne-moi un verre. D'abord, je bois. Et après... après, je parle. Comment il va mon pote ? Tout ce que je déteste. Jeune. Il est con, mais con ! A boire !

Le barman : Eh benh justement,... paie ta tournée, rentre chez toi parce que j'pense bien que t'es fait, tu vois ? Allez ooh-ooh-oooh !

Jacques Desmoulins : Quoi !?

Le barman : Donne-moi ça là !

Jacques Desmoulins : Quaaaah !

Le barman : C'est une mouette, ce gars ! Il te pique tout ce que t'as !

Jacques Desmoulins : Aaah !?

Le barman : Même quand t'as rien !

Jacques Desmoulins : Aaah...

Le barman : Remarque, il sait y faire avec les femmes, lui, hein.

Un homme : C'est pas comme toi, vermine.

Jacques Desmoulins : Oh benh t'as raison. J'ai les grelots qui se sont jamais agités plus de cinq minutes. On m'a jamais donné de plaisir. Mais j'ai une excuse, j'en ai jamais pris. Allez ! Donne m'en un autre, là !

Le barman : Oh écoute, tu devrais aller dormir, hein.

Jacques Desmoulins : Hé hop, attention, hop, la bébête ! Pour jouer les désespérés, faut du talent. Etre alcolo, c'est... c'est une discipline, p'tit gars. Ca supporte pas la médiocrité. Faut de l'endurance. Faut... faut y croire. Tu prends deux verres et puis t'entends La Pastorale. Tu tutoies les anges. Tu voyages dans le sublime. Tu te grises au désespoir et puis tu rentres chez papa et maman qui t'ont laissé un plat dans le four et la lumière allumée parce que t'as peur dans le noir. Et dans le fond, t'es généreux. Heureusement qu'elle t'a, ta pauvre mère ! Elle se barbouille à l'anti-rides, la brave femme. Elle a tellement peur de vieillir que son mouflet, c'est son bain de jouvence. Avant, elle changeait tes couches pleines de merde et maintenant elle ramasse ton vomi mais elle a toujours vingt ans. Tiens, je vais te dire, peut-être même que si je pouvais encore... j'aurais le gourdin pour elle.

 

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Marie : Eh benh, le temps s'est arrêté pour vous. Y'a rien de plus moderne dans votre musée ?

Jacques Desmoulins : J'aime pas les changements.

Marie : Y'a pas de couverts ?

Jacques Desmoulins : Non, y'a pas de couverts. 

Marie : Ah, je vois. On mange avec ses doigts, c'est l'homme nature ? C'est dégueulasse ici, c'est une vraie poubelle. Et vous lavez, quand même ?

Jacques Desmoulins : Benh, quand il pleut, oui. Tiens regarde, j'vais te montrer un truc. C'est con, une moule. Tu vois, tu les chauffes un peu, et hop, elle s'ouvre. Les plus connes, c'est les plus jeunes. C'est elles qui s'offrent en premier.

Marie : Pourquoi vous me dites ça ?

Jacques Desmoulins : Moi... ? Pour rien.

Marie : Et c'est vous qui peignez ces croûtes là ?

Jacques Desmoulins : Oui. J'aime bien les naufrages. Tu crois qu'ils vont s'en tirer ? 

Marie : Non.

Jacques Desmoulins : Ah. Alors, à la baille... C'est quoi ton vrai nom ?  

Marie : J... j'vous l'ai dit.

Jacques Desmoulins : Pas celui-là. Ton vrai nom, c'est quoi ?

 

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mardi, 31 juillet 2012

Je t'aime moi non plus - Gainsbourg, Birkin, Depardieu, Blanc

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Film : Je t'aime moi non plus (1976, durée 1h30)

Réalisateur : Serge Gainsbourg

Public averti, interdit aux moins de 16 ans.

Johnny serveuse à l'allure de garçon (Jane Birkin), Boris son patron pétomane (Reinhard Kolldehoff), Krassky (Joe Dallesandro) éboueur homosexuel en couple avec son coéquipier Padovan (Hugues Quester), un paysan fier de son engin (Gérard Depardieu), un ouvrier (Michel Blanc), Moïse (Jimmy Loverman Davis)

 

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Krassky emmène Johnny dans son camion faire les courses ches le boucher pour Boris, le patron du bar routier où elle est serveuse.

 

Johnny au boucher : Trois kilos de cheval.

Johnny à Krassky : C'est Boris, il fait passer ça pour du boeuf.

Krassky : Saloperie d'enfoiré de merde. Chier.

 

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Krassky : Vous terminez à quelle heure ?

Johnny : Minuit, une heure, ça dépend. Boris il dit que vous êtes un homosexuel.

Krassky : Saloperie d'enfoiré de merde. Chier.

Johnny : C'est pas une réponse.

 

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Le patron d'un motel : Ouvrez ! 

Krassky : Qu'est-ce que c'est ?

Le patron : On a égorgé une fille dans cette chambre, la police a fermé le motel pour six mois, vous comprenez ?

Krassky : C'est toi qui vas comprendre, mon pote.

Le patron : Moi je veux pas d'ennuis. Faut pas rester là. Vous emmenez la fille ! C'est tout.

Krassky : Connerie. Fait chier ... Les putes ça baise en silence.

 

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Le paysan (Gérard Depardieu) à Padovan : Je sais ce que tu cherches. Tu veux que je t'en file un grand coup dans les miches. Mais vaut mieux pas, p'tit. Avec c't'engin-là... j'en ai envoyé plus d'un à l'hosto. Alors, j'me dis, la police, les emmerdes, terminé, pas vrai bichon ? Salut p'tit gars.

 

Bichon est son cheval.

 

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Krassky : Dis-donc, t'as couché avec Boris ?

Johnny : Quoi !? Ce gros porc ? Ca va pas, non ? T'es malade dans ta tête ?... Merde ! J'ai quelque chose dans l'oeil.

Krassky : Fais voir. C'est parti ?

Johnny : Parti, mon œil.

Krassky : Ca s'en ira à la première larme.

Johnny : Pourquoi, tu veux déjà me quitter ? ... Krass travaille dans la crasse...

Krassky : Moi je trouve ça beau, cette montagne de merde. C'est la nausée des villes. La vomissure des hommes. La source du Styx.

Johnny : Qu'est-ce-c'est qu'ça ?

Krassky : Le fleuve des enfers, coco. Dans la mythologie grecque. Sur ses bords erraient ceux qui n'avaient pas été ensevelis, et pour l'éternité.

Johnny : Dis donc, t'es vachement calé. Quand même, tu parles d'un job. Tu vas chercher des saloperies pour les mettre ailleurs.

Krassky : Et alors ? Les hommes aussi, quand ça crève, on les met ailleurs.

Johnny : Ca y est, je suis morte. Tu m'emmènes ?

Krassky : Ouais.

Johnny : Où ça ?

Krassky : Je sais pas, on verra. Allez, debout.

Johnny : Oh non, tu vas me faire mal encore.

Krassky : Debout.

 

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Krassky : Avec tes gueulantes on n'y arrivera jamais.

Johnny : C'est pas ma faute si ça fait mal.

Krassky : OK. On va se baigner.

Johnny : J'ai pas de maillot de bain.

Krassky : T'inquiète.

Johnny : J'sais pas nager.

Krassky : Pas de problème.

 

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Krassky : On va rester ici jusqu'à ce que le soleil se fasse la malle.

Johnny : Non, j'peux pas. Faut que je rentre. Je vais me faire engueuler par Boris.

Krassky : Saloperie d'enfoiré de merde. Chier. Tu vois, c'est comme ça la vie : amer.

Johnny : Tu trouves ? Moi pas. Ca dépend de ce que tu lui demandes... Dis-moi, avec un nom comme ça, t'es sûrement pas un mec.

Krassky : Polak.

Johnny : Les yeux slaves... Mais pourquoi t'as toujours l'air triste comme ça ?

Krassky : Y'a des jours, j'sais pas ce que je donnerais pour me chier tout entier. Quand j'étais gosse, mon rêve, c'était de conduire des locomotives à vapeur, tu sais, celles où tu mets du charbon. Aujourd'hui elles sont toutes électriques, c'est con, non ?

 

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Krassky : Qu'est-ce-c'est que ça ?

Johnny : Quoi !?

Krassky : Ce déguisement là, qu'est-ce que c'est ?

Johnny : Benh tu m'as dit.

Krassky : Quoi, j't'ai dit ? J't'ai dit... J'tai dit d'te fringuer, c'est tout !

Johnny : Benh j'suis une fille !! Merde alors !

Krassky : Ok, ça va, grimpe.

 

Johnny porte une robe.

 

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Johnny : Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Toi, tu m'aimes un petit peu quand même ?

Krassky : C'qui compte, c'est pas par quel côté j'te prends, c'est l'fait qu'on s'mélange, et qu'on ait un coup d'épilepsie synchrone. C'est ça l'amour, bébé, et crois-moi, c'est rare.

 

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Padovan surprend Johnny dans son bain et l'étouffe dans un sac plastic allant presque jusqu'à la tuer. Krassky arrive, en prenant tout le temps pour renverser des tables sur son passage.

 

Krassky : Pauvre con.

Padovan : J'voulais juste lui faire peur, c'est tout.

Johnny : Tu lui casses pas la gueule ? Non mais vas-y ! Qu'est-ce t'attends ?

Krassky : Qu'est-ce que ça changerait ? Regarde-le. Tu veux que j'lui fasse la tronche comme un tartare ?

Johnny : Il manque de m'étrangler et c'est tout ce que tu trouves à dire ? Ne me touche pas !!

Krassky : Ecoute, Johnny.

Johnny : Tu me dégoûtes, fous-le camp. Pédale !!

Krassky : Ok. Allez, Padovan, on s'en va.

Johnny : Je voulais pas dire ça !! Je voulais pas dire ça. Je voulais pas dire ça. Je voulais pas dire ça. 

 

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lundi, 30 juillet 2012

La lune dans le caniveau - Beneix, Yared, Depardieu, Kinski, Abril, Pinon

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Film : La lune dans le caniveau (1983, durée 2h17)

Réalisateur : Jean-Jacques Beneix

D'après le roman The Moon in the Gutter de David Goodis

Musique : Gabriel Yared

Gérard (Gérard Depardieu), Loretta dont Gérard tombe amoureux (Nastassja Kinski), Bella la compagne de Gérard (Victoria Abril), Newton le frère de Loretta (Vittorio Mezzogiorno), Franck (Dominique Pinon), Tom le père de Gérard (Gabriel Monnet), Lola la compagne de Tom (Bertrice Reading), Catherine la sœur de Gérard qui s'est suicidée après avoir été violée (Katia Berger), Frieda (Milena Vukotic).

 

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Newton : C'était magnifique.

Gérard : Qu'est-ce qui était magnifique ?

Newton : Le calendrier.

Gérard : Le calendrier ?

Newton : Le calendrier avec la photo de la fille. Elle portait un manteau d'hermine, il était pas boutonné. Au-dessous, elle avait rien. C'était de ça que je rêvais.

Gérard : Comment elle s'appelait, la fille ?

Newton : Elles ont jamais de nom. Que des numéros de téléphone. Celle-là, elle avait même pas le téléphone. Je les préfère sans téléphone. Celles que j'aime le mieux, c'est les mortes. Elles viennent jamais m'embêter les mortes. Peut-être que je te dois quelque chose ?

Gérard : Pourquoi ?

Newton : Pour avoir arrêté ce rêve. Tu veux que je te paie un rêve ?

Gérard : Peut-être que t'as besoin d'une femme.

Newton : Qui es-tu ?

Gérard : Je suis désolé, monsieur, on ne se connaît pas. Je savais que je vous avais jamais vu mais j'avais besoin de parler à quelqu'un. Je m'appelle Gérard Delmas.

Newton : Moi c'est Newton Channing.

Gérard : Je m'en souviendrai. Vous habitez où ?

Newton : En ville.

Gérard : En haute ville ?

Newton : Oui, la haute. Maison blanche, stores pudiques, pelouse et jets d'eau, parties de tennis invisibles dans des bosquets d'arbres aux essences rares, cris d'enfants blonds, propres, trop propres, purement bourgeois. J'habite avec ma sœur. On s'entend bien. Un soir, la semaine dernière, elle m'a mis KO. C'est vraiment une fille très bien, ma sœur. J'essayais tranquillement de foutre le feu à la baraque, elle a pris sa chaussure, talon aiguille, et paf ! KO, pendant au moins dix minutes.

 

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Loretta : Allez Newton, finis ton verre, on rentre.

Newton : Le dernier tram... Tu es mon ange gardien.

Loretta : Viens, on rentre.

Newton : Je suis pas prêt. Il faut encore que je boive.

Loretta : Tu veux que j'appelle une ambulance ?

Newton : Ca ne fait pas encore d'effet, faut que je reste, jusqu'à ce que ça me fasse de l'effet.

Loretta : Un jour, ça te fera vraiment de l'effet, on t'emportera sur un brancard, c'est ce que tu veux ?

Newton : Ce que je veux, c'est qu'tu me foutes la paix. Tu peux ?

Loretta : Non, je ne peux pas, je tiens beaucoup trop à toi.

Newton : Beaucoup trop. C'est gentil. J'en ai de la chance.

Gérard : Ca n'existe pas, la chance.

Loretta : Tu es mal élevé, Newton. Tu ne m'as pas présentée à ton ami... J'attends toujours, Newton.

Newton : Ici, on ne fait pas de présentations.

Loretta : Je suis désolée, monsieur, je ne pense pas que ce soit cela qu'il veuille dire. C'est parce qu'il a bu.

Gérard : Ca fait rien.

Loretta : Ne le prenez pas mal.

Gérard : Non, j'ai dit ça fait rien.

Newton : Evidemment que ça fait rien.

Loretta : Je m'appelle Loretta.

Newton : C'est très important qu'il sache ton nom. Et ton adresse, invite-le à dîner aussi. Dis-lui : "Vous serez le bienvenu". Prends-lui la main, pour un temps super.

Loretta : Je vais te gifler.

Gérard : C'est pas la peine. Je m'appelle Gérard Delmas.  Votre frère a raison, mademoiselle, vous pouvez venir manger quand vous voulez. J'habite au 7, chemin de l'océan, le 7 ça porte bonheur. C'est la maison la plus pourrie du quartier, vous pouvez pas vous tromper.

 

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Bella : On se marie ou pas ?

Gérard : Je sais pas.

Bella : On se plaît, non ?

Gérard : Ca suffit pas, Bella. T'es trop jalouse.

Bella : J'ai tous les droits d'être jalouse. Peut-être t'as d'autres projets, te fous pas de ma gueule, Gérard.

Gérard : Tu voudrais peut-être que je m'enferme dans un placard.

Bella : Oui. J'aimerais bien. Mais qu'est-ce qui m'arrive !? J'ai ce mec dans la peau, je pense qu'à ça. Je pense qu'à ça. Y'a des nuits, j'peux pas dormir. J'essaie de comprendre. Chaque fois il y a des bonnes femmes, des milliers de femmes, qui veulent toutes t'avoir, elles te courent après.

Gérard : Y'en a pas d'autre, Bella.

Bella : Je peux pas m'empêcher. Je suis jalouse, jalouse ! Tu comprends ça ?

Gérard : J'ai pas regardé un cul depuis qu'on est ensemble.

Bella : Mais c'est pas toi ! C'est pas toi. Comment elles te regardent. T'as vu la gueule que t'as ? Tu vois ta gueule ?

 

Elle lui tend un miroir.

 

Bella : Penche-toi. Encore. Là. Tu vois ta gueule ? C'est cette gueule-là que t'as quand t'es au-dessus d'une femme. Quand tu baises, quand tu me baises... Viens, viens, on rentre, viens ! [...] Tu viens ?

Gérard : J'prends l'air.

Bella : Combien de temps ?

Gérard : J'sais pas.

Bella : J'ai pas envie d'attendre.

 

¤   ¤   ¤

 

Gérard : Vous êtes sure de pas vous gourrer d'adresse ?

Loretta : On peut pas se tromper, c'est la maison la plus pourrie de tout le quartier. J'accepte votre invitation.

Gérard : Il est un peu tard pour dîner.

Loretta : Non, c'est juste une visite, j'avais envie de vous voir.

Gérard : C'est gentil. C'est gentil. Il est deux heures du matin, vous me voyez.

Loretta : Oui, j'espérais que vous ne seriez pas couché.

Gérard : Vous m'auriez réveillé. Vous auriez défoncé la porte de ma chambre.

Loretta : Non, je ne vais jamais jusque là. Jamais.

Gérard : Je n'en suis pas si sûr.

 

¤   ¤   ¤

 

Voix off : Il savait que dans quelques heures la frénésie reviendrait. Des hordes de camions envahiraient le port, le ventre des navires s'ouvrirait, les bras de métal se tendraient, les câbles siffleraient, une chaleur de plomb s'abattrait sur le port et les hommes sueraient au travail.

 

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Loretta : Pourquoi vous serrez toujours les poings ?

Gérard : J'suis un docker, je vois pas les choses comme vous.

Loretta :On voit tous les deux la même chose.

Gérard : Regardez de plus près. Vous êtes venue voir la saleté, alors regardez-là.

Loretta : Pourquoi vous dites saleté ? C'est magnifique.

Gérard : Un rêve, une ville propre, blanche, avec de jets d'eau, des arbres. C'était ça que je rêvais quand vous me réveillez pour me montrer l'endroit où je travaille.

Loretta : Tu n'as jamais voulu t'en aller sur un bateau ?

Gérard : Si.

Loretta : Alors ?

Gérard : Peut-être que j'en ai trop vu partir.

 

¤   ¤   ¤

 

Gérard : Vous faites une promenade, mais faites attention. Vous êtes dans un monde de brutes.

Loretta : Mais vous n'êtes pas une brute, vous vous êtes souvenu de mon nom. Je vous plais ?... Emmenez-moi. Loin.

Gérard : Laissez tomber.

Loretta : Je ne peux pas. J'attends depuis si longtemps.

Gérard : C'est dommage.

Loretta : Dommage pour nous deux.

Gérard : Pas pour moi.

Loretta : C'est faux. Regardez-moi. S'il vous plaît, regardez-moi. Regardez-moi.

Gérard : Foutez le camp.

Loretta : Je te fais peur. Un jour, vous parlerez, vous laisserez s'ouvrir votre cœur, il y aura du bleu dans votre ciel et une route infinie vers le soleil, des bateaux comme des oiseaux, la douceur. Vous n'aurez plus peur. Il fera beau. Il n'y a pas de fatalité au malheur.

Gérard : Foutez le camp.

 

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Gérard : Je voulais pas te frapper, mais y'a un moment où...

Loretta : Ne t'excuse pas ! Ne t'excuse pas. J'aurais pas dû venir sur ce quai, ah non, j'avais pas le droit de te photographier.

Gérard : Tu l'as fait.

Loretta : Oui, je n'ai pas d'excuse, c'est tout, j'ai honte. Pardonne-moi.

Gérard : C'est classé, oublie ça.

Loretta : Je peux pas, je regrette ! Je veux te le dire !

Gérard : Voilà, c'est fait.

Loretta : T'as perdu ton boulot ?

Gérard : Oui, la vie c'est pas un pique-nique.

Loretta : C'est de ma faute. Laisse-moi t'aider.

Gérard : M'aider ?

Loretta : Je connais l'armateur, je vais aller le voir. Ca marchera.

Gérard : Si je retrouve mon travail, ce serait important.

Loretta : Oh oui, oui, pour moi aussi, je suis responsable. Tu me dois rien. C'est de ma faute.

Gérard : Au revoir.

Loretta : Alors je pense qu'on se reverra plus. Hein ?

Gérard : Non. Non.

 

¤    ¤    ¤

 

Frieda : Il te faut une femme, tu peux pas continuer comme ça.

Newton : Une femme comme toi, Frieda.

Frieda : Le couple, ça équilibre. C'est important, l'équilibre.

Newton : Quel âge t'as, Frieda ?

Frieda : Je suis comme neuve.

Newton : Tu pèses combien ?

Frieda : Quarante... habillée.

Newton : Tu sais faire la cuisine ?

Frieda : C'est pas c'que je sais faire de mieux.

Newton : Tu devrais apprendre.

Frieda : Vraiment ?

Newton : Oui, je voudrais que tu apprennes.

Gérard : Il se fout de ta gueule ! Il se fout de ta gueule, j'te dis, pauv'conne ! Il en veut pour son argent.

Frieda : C'est ça qu'il fait ? T'es juste en train de te moquer de moi ?

Newton : T'es belle, Frieda, t'es belle.

Frieda : Ca fait rien. Tu sais, c'est juste pour rire. Ca peut pas être sérieux. Ca fait rien.

Newton : Tu te trompes, crois-moi.

 

¤   ¤   ¤

 

Gérard : T'es belle, t'es pure.

Loretta : Aujourd'hui tu le dis franchement ? C'est toi que je veux, j'ai ressenti tout de suite quelque chose, fort, une sensation, un sentiment que je n'avais jamais eu avant. C'est tout ce que je sais. Seulement, être, près de toi.

Gérard : Pour toujours... Loretta, ne pars jamais.

 

¤   ¤   ¤

 

Gérard : Tu l'aimes, ton frère ?

Loretta : C'est un ivrogne, un paresseux, un excentrique mais, quelques fois, il est très tendre. Oui, je l'aime, je l'aime.

Gérard : Qu'est-ce qu'il vient faire par ici ?

Loretta : Ici, il croit pouvoir se cacher, cacher.

Gérard : De quoi ?

Loretta : De lui-même.

Gérard : Je comprends pas.

Loretta : C'est pas la peine d'en parler.

 

Gérard et Loretta se marient.

 

¤  ¤   ¤

 

Bella : Où tu vas ?

Gérard : J'ai un lit.

Bella : Ah oui ? Ecoute voir un peu, espèce de pouilleux !

Gérard : Ne m'parle pas comme ça !

Bella : Tu vas me raconter, hein, maintenant.

Gérard : Il faut que je dorme, j'ai la gueule de bois.

Bella : Justement, t'as fait quoi hier soir ? Tu bois jamais !

Gérard : Rien !

Bella : Rien ? Je te retrouve dans le coma en train de bécoter une sainte Vierge (une statuette) et c'est normal ?

Gérard : Et alors ?

Bella : Et alors je suis jalouse. Et ça me rend curieuse. Tu pèses lourd, tu sais, je t'ai traîné jusqu'ici.

Gérard : Merci.

Bella : C'est pas pour que tu me dises merci. C'est pour être sure d'être là, raconte !

Gérard : Non, tu manques pas de culot, toi. Mais j't'ai pas demandé de m'amener dans ton pieu. 

Bella : Comme si c'était la première fois. D'habitude il faut pas te traîner, mon salaud. Tu vas pas dormir.

Gérard : Si.

Bella : Tu vas pas dormir, je te dis ! Tu vas me raconter.

 

Il essaie de la calmer avec un câlin.

 

Bella : Non, c'est trop facile.

Gérard : Alors mets quelque chose.

Bella : Ca t'excite ? Tu veux pas que ça t'excite ?

Gérard : Ecoute, Bella. Ecoute.

Bella : J'vais t'aider. Elle est bien restée à t'attendre dans sa belle bagnole. Elle a bien pleuré avec ses beaux yeux. Mais elle s'est tirée, tiens ! Moi je suis plus patiente.

Gérard : J'étais venu chercher mes affaires, tu comprends ? C'est fini, tous les deux.

Bella : Quoi ?

Gérard : Je me suis marié, hier soir.

Bella : C'est pas vrai.

Gérard : Chez le vieux.

Bella : Non.

Gérard : Elle a signé. Moi aussi.

Bella : C'est pas vrai, ça. C'est pas vrai. C'est pas vrai. Avec cette pute de riche ! Tu mens. T'as pas d'alliance.

Gérard : Ah oui. Dans ma chemise.

Bella : Mais c'est du plastic ça, t'étais bourré, t'étais bourré, tu savais pas ce que tu faisais, ça compte pas, ça compte pas !

Gérard : On a bu après.

Bella : Chambre d'hôtel ? Raconte. Les détails, je veux tout savoir, vas-y.

Gérard : Il s'est rien passé, si c'est ça que tu veux savoir. J'suis venu chercher mes affaires. Elle m'attendait. J'sais pas c'qui s'est passé, j'étais bourré, j'suis tombé, j'me suis trompé d'chambre.

Bella : Non, tu t'es trompé pas beaucoup, maintenant t'es dans la bonne, t'es dans la bonne chambre. J'suis là. Baise-moi, baise-moi.

Gérard : J'ai plus envie, Bella. J'ai plus envie.

Bella : Attends ! Attends. T'en veux une ? Tu veux une cigarette ?

Gérard : Faut qu'tu comprennes un truc, Bella. J'suis marié.

Bella : Où elle est ? Où elle est ? Où elle est, la mariée ? Où elle est ? Où elle est la mariée ? Tu sais pas ? Je vais te dire. Elle est dans son p'tit lit bien propre. Elle dort d'un sommeil bien propre. Mais elle dormira jamais dans un taudis ! Elle s'est taillée, la mariée ! Mais vraiment, on peut pas lui en vouloir, c'est dur de vivre ici, faut y être né ! Ca se casse la gueule, on roule sur les bouteilles, c'est crasseux, ça pue ! Tu sais ce qu'elle va faire, hein ? Elle va aller au coiffeur, elle va se nettoyer la tête, s'asperger de DDT, elle va se laver et s'astiquer !!

Gérard : Arrête !! Tu la fermes ! Tu la fermes. Ou j'te casse la tête.

Bella : Là haut, on respire, dans les beaux quartiers.

Gérard : T'as rien compris, Bella, t'as rien compris. Elle est partie mais elle m'a pas quitté.

Bella : C'est toi qui a rien compris. Peut-être qu'elle t'aime, oui, mais elle, elle quittera jamais son quartier. Et toi, toi, t'es d'ici, et tu seras toujours d'ici.

Gérard : Il suffit d'un ticket de train, Bella.

Bella : Mais non.

Gérard : Un ticket.

Bella : Mais non, dépense pas ton fric pour rien. Dépense pas ton fric pour rien !

Gérard : Elle m'attend, là-haut. Dis à la grosse que j'mangerai pas là ce soir.

Bella : Crétin !

 

mercredi, 06 juin 2012

Camille Claudel - Rodin, Adjani, Depardieu

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Film : Camille Claudel (1988, durée 2h50)

Réalisateur : Bruno Nuytten

Auguste Rodin (Gérard Depardieu), Camille Claudel (Isabelle Adjani), Paul Claudel le frère de Camille (Laurent Grévil), Eugène Blot marchand d'art (Philippe Clévenot), Louis-Prosper Claudel le père de Camille et Paul (Alain Cuny), Louise-Athanaise Claudel la mère de Camille et Paul (Madeleine Robinson), Jessie Lipscomb amie anglaise de Camille (Katrine Boorman), Rose Beuret la compagne de Rodin (Danièle Lebrun) 

 

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Auguste Rodin à Camille Claudel : Ne comptez pas sur l'inspiration, elle n'existe pas. Qu'est-ce que vous voulez que je vous apprenne ? Une sculpture demande du temps. Il faut la laisser se reposer. L'oublier pour mieux la juger. 

 

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Auguste Rodin à Camille Claudel : On n'en parle pas, mais c'est très important, le chauffage. Quand j'avais votre âge, j'avais loué une écurie qui me servait d'atelier. Il faisait un froid de canard. Je devais y faire mon premier buste, d'après nature, une femme du monde. Alors comme je n'avais pas le sou, je suis allé chez le cordonnier du coin, chercher plein de vieilles paires de chaussures. Me voilà parti à fourguer tout ça dans le poêle pour donner un peu de chaleur, n'est-ce pas. La femme est arrivée, s'est installée. Mais l'odeur, l'odeur ! Elle n'a pas résisté. Elle tourne de l'oeil et hop ! la voilà partie dans les pommes. J'ai eu la frousse de ma vie, j'ai cru qu'elle était morte.

 

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La mère de Camille Claudel : Ca vous amuse ? Moi pas. On verra si vous baillerez dimanche devant Papa. Jusqu'ici ton père était d'accord avec cette histoire d'atelier, Camille. Mais cette fois il ne te donnera pas raison. Tu n'as pas supporté la discipline de l'académie de Colarossi. Tu préfères ta liberté, partager un atelier avec une étrangère délurée. Et tu t'en moques que ça nous coûte trois fois plus cher ! Les cours, le loyer... Et si Papa n'est pas là, c'est justement pour gagner cet argent, sou par sou, au point de tout sacrifier. Mais tu crois que c'est une vie pour un homme de son âge ! de voir sa famille une seule fois par semaine. Et pour moi ? Quand il apprendra que tu découches pour aller voler de la terre dehors, que tu nous obliges à passer des nuits blanches, que ton frère risque de tripler sa philo à cause de tes lubies, et tout ça pour ta soi-disant vocation ! Et puis tu le perturbes, à lui faire lire des cochonneries qui ne sont pas de son âge, l'âge de personne d'ailleurs.

 

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Paul Claudel à Camille Claudel : Je te remercie de m'avoir fait connaître la poésie de Rimbaud. Il m'arrache les pieds de la terre. Est-ce que j'arriverais un jour à m'enfuir comme lui ? 

 

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Rodin : Je vais peut-être vous surprendre, mais j'ai failli entrer dans les ordres. J'étais jeune, j'avais une sœur aînée,  Maria, que j'adorais. Maria est devenue novice à la suite d'une promesse de mariage qu'un ami à moi n'a pas tenu. Elle en est morte de chagrin. Alors après sa mort, je suis entré au monastère. Pour la garder vivante, j'ai mené sa vie. A ma grande surprise, mon directeur de conscience m'a demandé de faire un buste de lui. En m'obligeant à sculpter, il m'a rendu à la vie, à la mienne je veux dire.

Le père de Camille Claudel : Par miracle, cet homme-là a su faire la différence entre un chagrin et une vocation.

Rodin : Sans doute, sans doute.

Camille : Je crois que si j'avais un chagrin pareil, je ferais la même chose.

La mère : Toi, Camille, tu deviendrais religieuse ?

Camille : Je m'arrêterai.

La mère : Quel orgueil. Je me demande de qui tu tiens ça.

Le père : Camille n'est pas une orgueilleuse. Seulement elle ne cède jamais une once de ce qu'elle estime devoir lui revenir. Là où elle est violente, ce n'est que parce qu'elle est passionnée. Quand elle était enfant, elle s'amusait à reproduire avec de la glaise des os de squelette humain. Ensuite elle les mettait au four pour les cuire. Elle en perdait le boire et le manger. C'était stupéfiant. Là où elle est ombrageuse, c'est parce qu'elle est d'une grande intention.

Camille : Papa...

Le père : Monsieur Rodin, lui, a dû s'en rendre compte, n'est-ce pas monsieur Rodin ?

Rodin : ah monsieur Claudel, le témpérament, d'où nous vient le tempérament ?

La mère : Ca, on sait pas d'où ça vient mais on sait ce que ça fait, le tempérament. 

 

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Camille Claudel à Auguste Rodin : Peux-tu faire des ronds de jambes à des gens qui ne comprennent pas ce que tu fais ?

 

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Eugène Blot : Votre sœur se remet mal de sa séparation avec Rodin.

Paul Claudel : Elle a tout misé sur lui. Elle a tout perdu avec lui, ma sœur.

 

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Eugène Blot : On vous bafoue parce qu'on ne peut pas vous détuire. Un génie est toujours un effroi pour son temps.  

 

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