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lundi, 04 novembre 2013

Angélique et le roy - épisode III

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Film : Angélique et le roy - IIIe épisode (1965, durée 1h45)

Réalisateur : Bernard Borderie

Musique : Michel Magne

D'après le roman de Anne et Serge Golon

Angélique (Michèle Mercier), Louis XIV (Jacques Toja), Bachtiary Bey (Sami Frey), Desgrez (Jean Rochefort), le prince Racoczi (Fred Williams), Philippe de Plessis-Bellières (Claude Giraud), Joffrey de Peyrac (Robert Hossein), madame de Montespan (Estella Blain), Molinès (Jacques Hilling), l'apothicaire (Jean Lefebvre), Bontemps (Michel Galabru)Thérèse (Ann Smyrner)

 

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Racoczi : Je meurs, sire.

Louis XIV : Vous déraisonnez. La fièvre en est la cause.

Racoczi : Non, sire. Ma vie me quitte le corps. Mais ma raison est là. Le roi aime ma femme.

Louis XIV : Que dites-vous ?

Racoczi : Je dis... que le roi de France... veut me prendre le seul bien que je ne puisse céder... ma femme. Ah, sire, j'aime aussi Angélique. Et comme d'autre part, je chéris mon roi plus que ma propre vie,... l'existence en était devenue... par trop lourde à porter.

Louis XIV : Mon ami.

Racoczi : Que votre majesté me pardonne... cette brutale franchise... que ne peut excuser que ma situation...

 

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Angélique, à son fils : Monsieur, les hommes de notre famille n'ont jamais eu peur. Et je compte sur vous pour ne pas déroger à la tradition !

- Madame, pourquoi êtes-vous si dure avec ce garçon.

Angélique : Moline, dans le siècle où nous sommes ne survivent que les forts. En conséquence, vous comprendrez que j'aime trop mes fils pour les ménager.

 

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Desgrez : Madame, je vous retrouve telle qu'en vous-même vous fûtes depuis toujours.

Angélique : Desgrez, mon ami, seriez-vous devenu homme de cour ?

Desgrez : Pas seulement ! Monsieur de la Rénie et moi-même sommes en train d'éclairer Paris. Une lanterne à chaque carrefour, notre belle capitale devient la ville lumière.

Angélique : Quel bon vent vous amène ?

Desgrez : Le roi.

Angélique : Que me veut-il ?

Desgrez : Vous.

Angélique : Plaisanterie.

Desgrez : Vérité. Votre deuil ayant pris fin, le roi a formé le souhait que vous gagniez la cour.

Angélique : Je refuse.

Desgrez : Aaah, la chose est délicate, madame, car les désirs du roi s'entendent comme des ordres.

Angélique : Je n'irai pas. Desgrez, je ne veux pas revoir le roi. Deux fois il m'a pris mon bonheur. D'abord Joffrey parce qu'il était trop puissant, et puis Philippe.

Desgrez : Monsieur de Plessis-Bellières, ce n'était pas le roi. C'était la guerre.

Angélique : Il n'a pas été tué à la guerre. Il s'est fait tuer exprès à la guerre. Et vous qui savez tout le savez parfaitement

Desgrez : Dans ce cas... Le roi voulait vous confier une mission diplomatique.

Angélique : Une mission ?

Desgrez : De la plus haute importance. Enfin, il la confiera à une autre. Vous resterez dans vos terres, vos fils ne connaîtront ni éloges ni honneurs. De par leur naissance, ils auraient pu avoir des régiments. Au lieu de cela, ils seront gentilshommes de campagne, des ces hobereaux qui portent bien l'épée et aussi les sabots.

Angélique : Quelle est la nature de cette mission ?

Desgrez : Oh, énorme. Economique, politique, stratégique et militaire. C'était pour vous l'occasion unique de gravir aisément les échelons supérieurs de la gloire.

Angélique : Vous moquez.

Desgrez : non, non. Le coup d'éclat que je vous apporte ferait pâlir le nom de madame de Montespan, favorite du roi.

Angélique : Bon. Alors expliquez-moi.

Desgrez : Ah, je ne puis, je ne suis que le messager.

Angélique : Vous savez ce que vous êtes, Desgrez ? Un corrupteur !

Desgrez : Ho-ho-ho, si peu ! Heu-heu-heu-heu !

Angélique : Hé bien soit, j'irai à la cour, je subirai le roi... à moins que ce ne soit lui qui me subisse.

 

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Madame de Montespan : Louis !?

Louis XIV : Madame.

Madame de Montespan : Que se passe-t-il ?

Louis XIV : Le travail, madame, toujours le travail. Dormez, mon amie.

Madame de Montespan : Et vous, sire, ne dormirez-vous point ?

Louis XIV : Les affaires du royaume passent avant mon sommeil, madame.

 

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Angélique : Sire, je...

Louis XIV : Relevez-vous. Vous manquiez à la cour. Et vous manquiez au roi. Savez-vous, madame, que le temps n'a rien changé, bien au contraire, à l'inclination profonde que j'éprouve pour votre personne ?

Angélique : Que votre majesté me pardonne, mais monsieur Desgrez m'avait entretenue d'une mission.

Louis XIV : Je vois que vos humeurs hardies, elles aussi, sont inchangées.

Angélique : Si mon caractère déplaît à votre majesté, je puis ne pas le montrer.

Louis XIV : Il ne me déplaît pas. Il m'amuse. Il m'enchante. Mais il me blesse aussi parfois. Le royaume de Perse. Les Russes ont offert à la Perse une alliance. Si elle était conclue, tous les états chrétiens d'Europe seraient en péril. Il est donc essentiel que les Perses soient nos alliés, et non ceux des Moscovites.

Angélique : Dieu du ciel, sire, que puis-je donc faire là-dedans ?

Louis XIV : Vous pouvez faire signer le traité d'alliance entre la France et la Perse.

Angélique : Dois-je comprendre que votre majesté veut que j'aille chez les Perses ?

Louis XIV : Oh non, mais son excellence Bachtiar Iqbay, embassadeur du chah, est actuellement à Paris.

Angélique : Mais je n'entends rien du tout à la diplomatie !

Louis XIV : Mmmh, nous n'en croyons rien.

Angélique : Je ne parle pas persan !

Louis XIV : Vos yeux, votre sourire, votre maintien, vos cheveux même parlent le persan. Et puis vous aurez un interprète en la personne de monsieur de Saint-Amont.

Angélique : Saint-Amont ! Mais cet homme-là n'a pas toute sa tête !

Louis XIV : Mais il a toute sa langue, et c'est de mes diplomates le seul qui parle le persan.

Angélique : Puis-je savoir plus précisément ce que votre majesté attend de moi ?

Louis XIV : Que vous fassiez rire le dey, que vous lui parliez de nos coutumes, bref que vous lui fassiez prendre le chemin de Versailles, qu'il s'obstine à refuser à cause des bévues accumulées de Saint-Hamon !

Angélique : Sire, cette mission n'est pas celle d'un diplomate, mais d'une courtisane !

Louis XIV : Mon Dieu, que de courroux... J'avais seulement pensé que là où un homme médiocre avait échoué, une femme telle que vous pouvait réussir aisément.

Angélique : De quelle femme votre majesté veut-elle parler ? Car, sire, vous ne sauriez confier cette mission à la marquise de Pléssis-Bellières, alors que vous la demandez à la veuve du sorcier Peyrac !

Louis XIV : Vos propos vont parfois jusqu'à l'extravagance ! Et vous voyez le roi plus noir qu'il n'est. D'ailleurs, je vais vous en donner la preuve. Monsieur Colbert. Oui, madame, sachez que le meilleur de mes ministres ne dort que quatre heures par nuit.

Colbert : Sire, tout a été fait selon les ordres de votre majesté.

Louis XIV : Merci, monsieur Colbert. Voici l'ordre de restitution de l'hôtel de Beautreilli, propriété de votre premier mari, Joffrey de Peyrac, comte de Toulouse.

Angélique : Sire, merci.

Louis XIV : Irez-vous voir l'ambassadeur de Perse ?

Angélique : Votre majesté me permet-elle de réfléchir un peu ?

Louis XIV : Nous nous sentons prêt à tout vous permettre.

Angélique : Sire, il me déplairait que ceci paraisse être aux yeux de votre majesté le prix de mon acceptation.

Louis XIV : Ha-ha-ha-ha, madame, vous êtes tout à fait impossible, mais surtout, surtout ne changez pas.

 

à suivre...

 

jeudi, 22 novembre 2012

Un été 42 - Jennifer O'Neill

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Film : Un été 42 (1971, durée 1h43)

Réalisateur : Robert Mulligan

Musique : Michel Legrand

D'après les mémoires de Herman Raucher

Dorothy (Jennifer O'Neill), Herbert (Gary Grimes), Oscar (Jerry Houser), Bernard (Oliver Conant), Aggie (Katherine Allentuck), Miriam (Christopher Norris), le droguiste-épicier (Lou Frizzell)

 

¤     ¤     ¤

 

Voix off : Quand j'avais quinze ans, ma famille est venue passer les vacances dans l'île. Il y avait beaucoup moins de maisons et beaucoup moins de gens que maintenant. Le caractère de ville et la singularité de la mer étaient beaucoup plus remarquables à cette époque-là. Pour qu'un garçon ne meurt pas d'ennui, il fallait que sa famille soir sure que d'autres familles du voisinage fourniraient à l'île son contingent d'enfants. 

Pendant l'été de quarante-deux, il y avait en plus de moi Oscar, mon meilleur ami, et Bernard, mon second meilleur ami. Nous nous étions donné le nom de "trio terrible"

Cette maison isolée était celle qu'elle habitait. Personne, depuis la première fois que je l'ai vue, ni rien de ce qui m'est arrivé ensuite, ne m'a donné une telle sensation de peur et de confusion. Aucun des êtres que j'ai connus n'a autant fait pour me rendre plus sûr de moi et plus incertain, plus persuadé de mon importance et de mon insignifiance.

 

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Bernard : Hé, hé Oscar, regarde, c'est encore cette femme.

Oscar : Oh, Herbert, tu vas pas encore recommencer à te mettre en transe, non ? Ah, j'te l'jure, je sais pas ce qui te prend avec elle. Tu ne t'es pas encore aperçu que c'était une vieille ? Je vois pas l'intérêt, moi.

Bernard : C'est pour son esprit ! Leurs esprits vont peut-être se rencontrer et se dire "salut !".

Oscar : Tu devrais aller lui dire bonjour à son esprit, Herbert ! Vas-y, va lui dire bonjour.

Herbert : Ca va, écrase.

Oscar : Allez, vas-y, si elle est l'amour de ta vie, il faut que tu ailles la saluer. Allez, dépêche-toi, on veut te voir lui dire bonjour. T'es peut-être un tombeur formidable ? On n'en sait rien après tout.

 

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Dorothy : J'ai reçu une lettre de douze pages aujourd'hui !

Herbert : Oh c'est chic ça.

Dorothy : Oui alors, c'est chic !

 

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Dorothy : Vous avez beaucoup d'amis dans l'île ? 

Herbert : Euh, deux.

Dorothy : Ah.

Herbert : Mais c'est des types... pas très mûrs, vous voyez ?

Dorothy : Et qu'est-ce que vous faites pendant les vacances ?

Herbert : Il y a évidemment le basket qui me plaît. Mais j'trouve que ça vaut quand même pas le baseball. Au moins, au baseball, on n'a pas les épaules tombantes à force de dribbler.

Dorothy : Non, c'est très juste. Vous aimez la musique ?

Herbert : Oui, oui, je suis très musicien.

Dorothy : Ah, vous jouez d'un instrument ?

Herbert : Oui, je chante. Moi j'trouve que la voix, c'est une sorte d'instrument.

Dorothy : Oui, moi aussi.

Herbert : Et puis on peut toujours siffler pour changer.

Dorothy : C'est évident.

 

¤     ¤     ¤

 

Oscar : Comment ça a marché ?

Herbert : Pas mal.

Oscar : Qu'est-ce que t'as fait ?

Herbert : Oh j'lui ai tenu un nichon.

Oscar : C'est pas vrai !

Herbert : Pendant près de onze minutes.

Oscar : Sans blague ! Formidable !

Herbert : Onze minutes pleines.

Oscar : T'as chronométré ?

Herbert : Ouais. Le plus que j'avais fait c'était huit minutes avec Lily Harrisson.

Oscar : Alors t'as battu ton record.

Herbert : De trois minutes.

Oscar : Quel effet ça te faisait ?

Herbert : Comment l'effet que ça faisait ? L'effet d'un nichon !

Oscar : Pas plutôt l'effet d'un bras ?

Herbert : Un bras ?

Oscar : Oui.

Herbert : Non, ça faisait l'effet d'un nichon.

Oscar : Et moi j'te parie que c'était comme un bras.

Herbert : Pourquoi ça aurait été comme un bras ?

Oscar : Parce que c'en était vraiment un.

Herbert : Non mais sans blague, t'es pas un peu cinglé ?

Oscar : C'que tu tenais, c'était son bras. J't'ai regardé, c'est justement pour ça que j'te dis ça. Tu lui a serré le bras pendant onze minutes, hé patate ! Alors ton record de huit minutes avec Lily Harrisson tient encore.

Herbert : T'es un menteur et un dégueulasse !

Oscar : Oh, j'te mentirais pas pour un bras, Herbert.

Herbert : C'était un bras ? Oh merde alors, dire que je m'excitais juste à cause d'un bras.

Oscar : Oui, mais c'était un très joli bras.

Herbert : T'es un beau salopard !

Oscar : Quoi ?

Herbert : Un beau salopard ! Pourquoi tu m'l'as dit ?

Oscar : Quoi ?

Herbert : Pourquoi tu m'as pas laissé croire que c'était un nichon ?

Oscar : Il fallait que tu saches la vérité. Il faut que tu t'instruises pour pas faire la même gourance une autre fois.

Herbert : T'as seulement voulu me gâcher mon souvenir, espèce de salopard.

Oscar : Oh, dis, moi j'en ai rien à foutre si tu passes toute ta vie en t'amusant à serrer des bras. Mais il faut que tu vois la réalité, surtout si tu chronomètres tes performances pour battre des records.

Herbert : Oh j'crois que t'as raison. Bon Dieu, je pourrai plus jamais la regarder en face.

Oscar : T'auras qu'à lui dire de mettre des manches longues.

Herbert : Un bras, c'est pas vrai !

Oscar : Un bras de onze minutes !

Herbert : Un bras ! Un bras !

Oscar : Lily Harrisson, ton record est toujours bon !

Herbert : Lily Harrisson ! 

 

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Dorothy : Mais qu'est-ce qu'il y a ? Vous vous sentez bien ?

Herbert : Euh oui.

Dorothy : Vos jambes tremblent.

Herbert : J'crois que l'escabeau est pas très solide.

Dorothy : Vous voulez que je vienne ?

Herbert : Vous pouvez me passer un autre paquet maintenant.

Dorothy : Voilà, c'est le dernier. Ca y est, vous pouvez descendre. Vous m'avez bien aidée. Ecoutez, cette fois, il faut que vous me laissiez vous donner un peu d'argent.

Herbert : Non-non, je veux pas d'argent, merci.

Dorothy : Oh, mais il faut accepter. Jamais je ne serais arrivée à monter ces boites au grenier à moi toute seule.

Herbert : Non, vraiment. Je vous aime bien.

Dorothy : Vous êtes très gentil, Herbert, je vous aime bien aussi.

Herbert : Je veux dire, il n'y a pas beaucoup de gens que j'aime.

 

¤     ¤     ¤

 

Oscar : Ah, j'aimerais les peloter toutes, les filles. Tu sais, j'aurais qu'à faire semblant de tomber dessus, et elles s'apercevraient de rien.

Herbert : Eh non, c'est pas comme ça qu'il faut faire.

Oscar : Non ? Alors comment il faut faire ?

Herbert : Faut leur dire des choses.

Oscar : Ouais, c'est ça, j'vais leur dire "Excusez-moi..."

Herbert : Tu sais très bien c'que j'veux dire. Tu peux pas accoster une fille et lui tomber dessus comme ça. Ca s'fait pas.

Oscar : Pourquoi ? Je l'ai fait à Gladys Potter.

Herbert : Ouais mais c'est une p'tite gosse de douze ans. Elle sait rien.

Oscar : C'est pas sûr. En tout cas, elle a pas rouspété.

Herbert : Elle a été surprise.

Oscar : Oui, moi aussi, y'avait rien à peloter. Hé Bernard, tu t'amènes, oui ? J'sais pas c'qu'on va faire de lui. Il n'a aucune émotion.

Herbert : Il est troublé, c'est de son âge.

Oscar : Oui. C'est comme moi. Je m'réveille au milieu de la nuit en ce moment. Toutes les nuits.

Herbert : Ouais, c'est normal. Moi aussi.

Oscar : Toi aussi ?

Herbert : Oui.

Oscar : Ben ouais, mais... je m'réveille comme un dingue. Et je pense à Vera Miller.

Herbert : Et alors ?

Oscar : Alors ? Je déteste Vera Miller. Tu crois que j'suis amoureux d'elle ?

Herbert : J'en sais rien, moi.

Oscar : Non, j'peux pas être amoureux d'elle, puisque j'la déteste.

Herbert : Quel genre de pensées tu as à propos d'elle ?

Oscar : Benh, j'ai oublié.

Herbert : Alors qu'est-ce que tu veux que j'fasse pour toi ?

Oscar : Personne te demande de faire quelque chose pour moi.

Bernard : De quoi vous parlez, tous les deux ?

Oscar : De choses que tu comprendrais pas.

Bernard : Oh, va te faire voir !

Oscar : C'est justement de ça qu'il est question, Bernard. Dis dons, si au lieu de m'envoyer aller m'faire voir, t'aller voir une fille, toi ?

Bernard : Ouais, d'accord.

Oscar : Haa, d'accord qu'il a dit ! Ca c'est quelque chose ! Tu saurais même pas pas où commencer.

Bernard : Si, j'saurais.

Oscar : Alors, par quoi tu commencerais ?

Bernard : Pas la peloter !

Oscar : Mais non, par l'embrasser.

Bernard : T'as pas embrassé Gladys Potter.

Oscar : Parce que j'avais pas le béguin pour elle. Quand on a le béguin pour une fille, on l'embrasse d'abord ! C'est pas vrai, Herbert ?

Herbert : C'est plus poli.

Bernard : En tout cas, c'est pas forcé.

Oscar : Mais si, c'est forcé, hé cloche !

Bernard : C'est pas vrai !

Oscar : Aah, qu'est-ce que t'en sais ?

Bernard : J'l'ai lu dans un bouquin.

 

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Bernard : Si ma mère savait que j'ai pris c'bouquin ! Il n'est pas à moi ! Il n'est pas non plus à ma mère ! Il appartient aux gens qui nous louent la maison. Si vous faites des taches, j'vous préviens, c'est vous qui trinquerez ! Ha, ma mère va s'apercevoir qu'il est plus là. C'est le plus gros livre de l'étagère. J'en ai fait tomber dix en le prenant !

Herbert : Dépêche-toi, quoi.

Oscar : J'peux pas lire aussi vite que toi.

Herbert : Allez, tourne !

Oscar : Tu crois que c'est vrai tout ce qu'ils disent là-dedans ?

Herbert : Oh oui, c'est un bouquin médical. Ils racontent pas d'histoires.

Oscar : Mais... mais comment ils prennent ces photos-là ?

Herbert : Ils doivent avoir des appareils spéciaux.

Oscar : Oh, penses-tu, aucun drugstore ne voudrait les développer ! Si on portait des trucs pareils au père Sanders, on s'ferait mettre en maison de correction.

Herbert : Oui, sans doute qu'ils les développent eux-mêmes. Oui, je pense que c'est comme ça qu'ils doivent faire.

Bernard : Laisse-moi voir.

Oscar : Oh, vas-t-en, Bernard ! Ca va te faire baver.

Bernard : Mais c'est à moi, c'bouquin !

Herbert : Oh tu peux le laisser voir, merde.

Oscar : Tiens, là ils le font !

Herbert : J'crois pas que ça soit ça.

Oscar : Benh si tu crois pas, c'est dommage pour toi parce que, quand ce sera ton tour de l'faire, il vaudra mieux que tu saches.

Bernard : Oh non, c'est pas comme ça. Mon père et ma mère font jamais ces trucs-là ! Jamais !

Oscar : Pourquoi ça ?

Bernard : Parce que c'est stupide.

Oscar : Oh écoute, je regrette beaucoup de te l'apprendre, mais c'est comme ça qu'on fait.

Bernard : Dites, vous avez intérêt à pas me charier, parce que ça pourrait être dangereux pour vos gueules.

Herbert : Oh écoute, Bernard, si tu regardes simplement les photos comme ça, bien sûr que ça a l'air bête. Mais quand deux personnes s'aiment, il paraît que ça peut vraiment faire plaisir.

Bernard : Oh, qu'est-ce que t'en sais ? Tu l'as jamais fait, alors tais-toi.

Herbert : C'est c'qui est marqué dans l'bouquin. En noir et blanc et en couleurs. C'est pour ça qu'on s'embrasse d'abord ! C'est la meilleure manière de faire connaissance. Une fois que les gens se connaissent, ils deviennent amoureux et une fois qu'ils sont amoureux, ils font l'amour.

Oscar : Pré-li-mi-naires, ça s'appelle "préliminaires" ! Euh, d'abord, tout le monde se déshabille, et après on fait les préliminaires. Ensuite, lui il fait ça. Et puis elle, elle fait ça ; lui, il fait, ça, et en moins de deux, ils sont en train de se grimper ! C'est tout ce qu'il y a de plus simple, tu avoueras ! Tu sais, moi aussi, avant de voir les photos, je croyais que c'était pas possible, ces choses-là. Mais c'est des photos prises d'après nature. C'est pas comme des dessins. Moi, j'en ai vu des dessins. Ca, c'est des vraies photos. 

 

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Herbert : Mais qu'est-ce que tu fous ?

Oscar : Eh bien je fais deux copies, une pour moi et une pour toi. Tu pourras l'avoir tout le temps sous la main pour l'étudier et la consulter.

Herbert : Mais à quoi ça va me servir ?

Oscar : Tu vas pas t'amener chez une fille avec un livre sous le bras, alors j'en fais un résumé point par point. Si tu suis exactement, ça marchera.

Herbert : Ecoute, j'suis bien embêté. J'crois que j'ai des sentiments profonds pour elle.

Oscar : Et alors ?

Herbert : Alors j'veux pas juste coucher avec elle. J'la respecte.

Oscar : Herbert, il y a une chose qu'il faut que tu comprennes. C'est très bien de respecter une fille, mais elle ne te respecte pas si tu n'essaies pas de coucher avec elle.

Herbert : J'crois pas à ça.

Oscar : Mais c'est vrai, c'est mon frangin qui m'la dit. Toutes les femmes sont comme ça. Elles veulent qu'on essaie, même si elles ne marchent pas. Parce que, même si elles ne te laissent pas faire, elles veulent que tu essaies.

Herbert : J'cois que je vois ce que tu veux dire, oui.

 

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Herbert : Vous allez bien ?

Dorothy : Très bien, merci, et vous ?

Herbert : Pas mal.

Dorothy : Bien. Quelle merveilleuse matinée ! Ca sera une belle journée, je crois.

Herbert : Ah oui, je crois aussi. Au fait, les boites qu'on a mises au grenier, tout va bien ?

Dorothy : Oui-oui, ça va très bien, elles sont toujours en place.

Herbert : Elles sont mieux là-haut.

Dorothy : Mmmmh.

Herbert : Oh je vous aurais invitée au ciné, mais c'est le même film. Vous voulez le revoir ?

Dorothy : Oh, non, non, merci.

Herbert : Au fond, j'vous comprends, quand on connaît la fin, ça perd tout son intérêt.

Dorothy : Oui. 

 

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Herbert : Vous n'avez pas chez vous d'autres objets lourds à déménager ?

Dorothy : Oh, non, je vois pas pour l'instant.

Herbert : Si vous vouliez quelque chose, faut pas vous gêner.

Dorothy : Entendu, j'y penserai, merci.

Herbert : Vous serez chez vous ce soir ?

Dorothy : Pardon ?

Herbert : Je pensais que je pourrais peut-être passer. Je dois justement aller par-là.

Dorothy : Alors vous n'aurez qu'à passer.

Herbert : Je suis pas tout à fait sûr de pouvoir, hein, alors comptez pas trop sur moi.

Dorothy : Bien. Oh, il commence à être tard, il faut que j'aille à la poste, je dois expédier des lettres.

Herbert : J'peux vous les porter si vous voulez.

Dorothy : Oh, non, non merci, c'est un peu compliqué, c'est pour l'étranger, merci quand même.

Herbert : Hé, dites, j'connais même pas votre nom.

Dorothy : Dorothy.

Herbert : J'ai eu une chatte qui s'appelait comme ça. Elle est passée sous un camion.

Dorothy : Au revoir.

 

¤     ¤     ¤

 

Herbert : Oh dis donc, c'est dingue !

Oscar : Quoi ?

Herbert : Le numéro III !

Oscar : Qu'est-ce que ça a de dingue ?

Herbert : Jamais j'ai entendu ce mot-là !

Oscar : C'est du latin. Les gars qui ont trouvé ça étaient des latins.

Herbert : J'sais même pas comment ça s'prononce !

Oscar : Ne le prononce pas, fais-le.

Herbert : Mais je sais même pas où ça se tient ! Et de quoi est-ce qu'ils parlent au numéro 4 ?

Oscar : C'est aussi du latin, tout est en latin, tu vois pas ?

Herbert : Ah oui, alors j'vais lui demander où se trouvent tous ces trucs-là ?

Oscar : Oh, ils sont tous à peu près au même endroit. Cherche t tu trouveras. Et puis d'ailleurs, elle sera là pour t'aider.

Herbert : Oh oui, j'espère, parce que je vais vachement avoir besoin d'aide.

Oscar : Le numéro VI, Herbert, c'est très important.

Herbert : Préliminaires ?

Oscar : Oui, c'est un mot qui revient à tout bout-de-champ.

Herbert : N'empêche que j'sais toujours pas quoi faire. J'vais pas lui dire "On fait un coup de préliminaires" ?

Oscar : Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas besoin de parler.

Herbert : Tu crois ça ? Au numéro II, ils disent en toutes lettres qu'il faut converser.

Oscar : Oui, mais quand tu arrives au numéro VI, tu n'as plus besoin de rien dire, tu pousses des gémissements. Des gémissements, c'est tout.

Herbert : Mais elle croira que j'ai mal au cœur.

Oscar : Non, elle poussera aussi des gémissements.

Herbert : Ca risque de faire du chahut. Bon Dieu... Dis donc, Oscar, si je vais au bout des XII paragraphes, je vais lui faire un gosse ? J't'assure que j'tiens pas à avoir un gosse à mon âge ! Oh, j'aime mieux laisser tomber !

Oscar : Oh c'est pas croyable c'que tu peux être balo.

Herbert : J'suis peut-être balo, mais j'ai pas du tout envie d'être père. Deux maux ne font pas un bien.

Oscar : Prends des précautions. Mets une capote anglaise. T'as jamais entendu parler des capotes ?

Herbert : Si, bien sûr, j'sais c'que c'est.

Oscar : Alors ça va. Tu n'as qu'à en mettre une, c'est tout. Moi, j'ai déjà la mienne. Quand mon frère est parti à l'armée, il m'en a fait cadeau. J'la porte toujours sur moi depuis c'teps-là. Elle me sert de talisman.

Herbert : Combien tu m'la vendrais ?

Oscar : Elle me vient de mon frère. J'la vends pas, c'est un bijou de famille ! Tu n'as qu'à t'en acheter une autre. Y'en a au drugstore.

Herbert : Oh, j'peux pas risquer l'coup ! Puis il verrait bien que j'ai pas encore l'âge ! Et puis d'ailleurs, j't'apprendrais qu'il y a tout le temps des femmes dans le drugstore.

Oscar : Où et-ce que tu espères en trouver ? Dans un magasin de sport ?

Herbert : Enfin, si t'étais un vrai copain, tu me prêterais la tienne !

Oscar : Quoi ?

Herbert : J'te la rendrai !

Oscar : Oh-ho, Herbert, j'commence à croire sérieusement que tu dois être pédé !

Herbert : Tout va bien, j'te remercie.

Oscar : Non, non, j'veux dire que tu n'connais rien de rien. Une capote anglaise, ça ne sert qu'une fois. Seulement une fois et seulement pour une personne. On ne pet jamais la partager, même avec son meilleur ami.

Herbert : Oh... Y'a qu'à laisser choir, tant pis.

 

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Le droguiste : Qu'est-ce que vous cherchez ? J'pourrais peut-être vous aider à trouver.

Herbert : Oh,... je l'saurai en le voyant.

Le droguiste : Pourquoi ne me dites-vous pas ce que vous cherchez ?

Herbert : Oh,... j'vais vous l'dire. Je viens juste de me rappeler.

Le droguiste : Hein, oui ?

Herbert : J'voudrais une glace, à la fraise.

Le droguiste : Très bien, venez avec moi. Simple ou double ?

Herbert : Vous pouvez m'en donner une triple.

Le droguiste : Voilà, ça fait dix cents.

Herbert : J'aurais besoin d'autre chose, j'viens de me rappeler.

Le droguiste : Oui, qu'est-ce que c'est ?

Herbert : Un peu de chocolat.

Le droguiste : Bon, très bien. Du chocolat. Et voilà.

Herbert : J'vous remercie.

Le droguiste : Ca nous fera douze cents. Vous désirez autre chose ?

Herbert : Euh, oui, je regrette de vous déranger, mais je...

Le droguiste : Parlez, je vous écoute.

Herbert : J'peux avoir une serviette ?

Le droguiste : Oui, voilà. Et avec ça ?

Herbert : Est-ce que j'peux avoir des capotes ?

Le droguiste : Pardon ?

Herbert : J'ai entendu dire que vous en avez.

Le droguiste : Que j'ai quoi ?

Herbert : Oh, voyons, vous savez bien.

Le droguiste : Des préservatifs ?

Herbert : Oui ! Voilà.

Le droguiste : Et vous avez l'intention d'en acheter.

Herbert : Oui.

Le droguiste : Pourquoi faire ?

Herbert : Oh, j'pense que vous devez l'savoir.

Le droguiste : Très bien. Quelle marque ?

Herbert : Quelle marque ?

Le droguiste : Oui, quelle marque ? Quel modèle ?

Herbert : L'habituelle.

Le droguiste : Oh, vous savez, il y a plusieurs marques.

Herbert : Ne les étalez pas, c'est pas la peine !

Le droguiste : Alors, lequel voulez-vous ?

Herbert : Le paquet bleu.

Le droguiste : Et combien en voulez-vous ?

Herbert : Oh, trois douzaines ?

Le droguiste : Vous prévoyez une belle nuit !

Herbert : Oh, juste comme d'habitude.

Le droguiste : Ca nous fera douze dollars.

Herbert : Douze dollars !?

Le droguiste : Et pour le cornet de glace douze cents en plus.

Herbert : Ca ferait combien pour une douzaine ?

Le droguiste : Quatre dollars.

Herbert : J'en aurais combien pour un dollar ?

Le droguiste : Trois.

Herbert : J'en prendrai deux.

Le droguiste : Je regrette mais c'est en paquet de trois.

Herbert : Alors est-ce que vous pourriez me faire crédit pour la glace ?

Le droguiste : Ecoutez, mon garçon, on a bien le droit de s'amuser, mais quel âge avez-vous ?

Herbert : Seize ans.

Le droguiste : Quel âge ?

Herbert : A mon prochain anniversaire.

Le droguiste : Qu'est-ce que vous pensez faire avec ça ?

Herbert : Eh benh, c'est pour mon frère, mon frère aîné.

Le droguiste : Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas les acheter lui-même ?

Herbert : Il est malade.

Le droguiste : Eh bien pourquoi en a-t-il besoin ?

Herbert : Pour quand il ira mieux. Il est dans les Rangers.

Le droguiste : Oh. Est-ce que vous savez quel usage on doit en faire ?

Herbert : ... Oh oui, on commence par les remplir d'eau et on les jette du haut d'une fenêtre.

Le droguiste : Très bien, je voulais seulement m'assurer que vous saviez comment on n'en servait.

Herbert : Bien sûr que je l'sais. Mon frère m'aurait jamais envoyé en acheter sans m'expliquer à quoi ça servait.

Le droguiste : Bon, alors ça fera un dollar tout compris, avec le cornet de glace.

Herbert : D'accord. Merci beaucoup.

 

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Oscar : On s'est disputés cet après-midi. Alors après, j'ai été chez elle pour lui dire que je regrettais. Elle avait l'appendicite, tu te rends compte !? Il a fallu la transporter d'urgence sur le continent. Oh, mais je regretterais qu'on lui coupe les nichons pour l'opérer !

Herbert : Oh, y'a pas d'raisons pour que l'entaille aille si loin.

Oscar : Elle me dit qu'elle veut plus de moi et après elle se paie une appendicite. Elle peut rien faire sans exagérer.

 

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Lettre de Dorothy : Cher Herbert, il faut que je reparte. Je suis sure que vous comprendrez, j'ai beaucoup de choses à faire. Je ne veux pas essayer d'expliquer ce qui s'est passé hier soir, parce que je suis sure que plus tard, dans votre souvenir, vous en trouverez la vraie raison. Je ne vous oublierai pas. J'espère que toutes les tragédies absurdes vous seront épargnées. Je vous souhaite tout le bien possible, Herbert. Rien que du bien. Toujours. Dorothée.

 

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Voix off de Herbert : Je ne devais jamais la revoir. Ni savoir ce qu'elle est devenue. En ce temps-là, les jeunes étaient différents. Nous n'étions pas comme ceux d'aujourd'hui. Il nous fallait plus longtemps pour comprendre ce que nous éprouvions. La vie est faite de changements, petits ou grands. Pour chaque chose qu'on acquiert, on en abandonne une autre. Pendant l'été quarante-deux, nous avons attaqué quatre fois le poste de garde-côte, nous avons vu cinq films et eu neuf jours de pluie. Bernard a cassé sa montre. Oscar a abandonné l'harmonica et d'une manière bien particulière, j'ai perdu Herbert, pour toujours.

 

> Pour écouter : lettre et voix off de fin.WMA

 

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> Et en musique, trois vidéos : http://fichtre.hautetfort.com/archive/2014/06/17/un-ete-42.html

 

mardi, 31 juillet 2012

Je t'aime moi non plus - Gainsbourg, Birkin, Depardieu, Blanc

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Film : Je t'aime moi non plus (1976, durée 1h30)

Réalisateur : Serge Gainsbourg

Public averti, interdit aux moins de 16 ans.

Johnny serveuse à l'allure de garçon (Jane Birkin), Boris son patron pétomane (Reinhard Kolldehoff), Krassky (Joe Dallesandro) éboueur homosexuel en couple avec son coéquipier Padovan (Hugues Quester), un paysan fier de son engin (Gérard Depardieu), un ouvrier (Michel Blanc), Moïse (Jimmy Loverman Davis)

 

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Krassky emmène Johnny dans son camion faire les courses ches le boucher pour Boris, le patron du bar routier où elle est serveuse.

 

Johnny au boucher : Trois kilos de cheval.

Johnny à Krassky : C'est Boris, il fait passer ça pour du boeuf.

Krassky : Saloperie d'enfoiré de merde. Chier.

 

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Krassky : Vous terminez à quelle heure ?

Johnny : Minuit, une heure, ça dépend. Boris il dit que vous êtes un homosexuel.

Krassky : Saloperie d'enfoiré de merde. Chier.

Johnny : C'est pas une réponse.

 

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Le patron d'un motel : Ouvrez ! 

Krassky : Qu'est-ce que c'est ?

Le patron : On a égorgé une fille dans cette chambre, la police a fermé le motel pour six mois, vous comprenez ?

Krassky : C'est toi qui vas comprendre, mon pote.

Le patron : Moi je veux pas d'ennuis. Faut pas rester là. Vous emmenez la fille ! C'est tout.

Krassky : Connerie. Fait chier ... Les putes ça baise en silence.

 

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Le paysan (Gérard Depardieu) à Padovan : Je sais ce que tu cherches. Tu veux que je t'en file un grand coup dans les miches. Mais vaut mieux pas, p'tit. Avec c't'engin-là... j'en ai envoyé plus d'un à l'hosto. Alors, j'me dis, la police, les emmerdes, terminé, pas vrai bichon ? Salut p'tit gars.

 

Bichon est son cheval.

 

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Krassky : Dis-donc, t'as couché avec Boris ?

Johnny : Quoi !? Ce gros porc ? Ca va pas, non ? T'es malade dans ta tête ?... Merde ! J'ai quelque chose dans l'oeil.

Krassky : Fais voir. C'est parti ?

Johnny : Parti, mon œil.

Krassky : Ca s'en ira à la première larme.

Johnny : Pourquoi, tu veux déjà me quitter ? ... Krass travaille dans la crasse...

Krassky : Moi je trouve ça beau, cette montagne de merde. C'est la nausée des villes. La vomissure des hommes. La source du Styx.

Johnny : Qu'est-ce-c'est qu'ça ?

Krassky : Le fleuve des enfers, coco. Dans la mythologie grecque. Sur ses bords erraient ceux qui n'avaient pas été ensevelis, et pour l'éternité.

Johnny : Dis donc, t'es vachement calé. Quand même, tu parles d'un job. Tu vas chercher des saloperies pour les mettre ailleurs.

Krassky : Et alors ? Les hommes aussi, quand ça crève, on les met ailleurs.

Johnny : Ca y est, je suis morte. Tu m'emmènes ?

Krassky : Ouais.

Johnny : Où ça ?

Krassky : Je sais pas, on verra. Allez, debout.

Johnny : Oh non, tu vas me faire mal encore.

Krassky : Debout.

 

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Krassky : Avec tes gueulantes on n'y arrivera jamais.

Johnny : C'est pas ma faute si ça fait mal.

Krassky : OK. On va se baigner.

Johnny : J'ai pas de maillot de bain.

Krassky : T'inquiète.

Johnny : J'sais pas nager.

Krassky : Pas de problème.

 

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Krassky : On va rester ici jusqu'à ce que le soleil se fasse la malle.

Johnny : Non, j'peux pas. Faut que je rentre. Je vais me faire engueuler par Boris.

Krassky : Saloperie d'enfoiré de merde. Chier. Tu vois, c'est comme ça la vie : amer.

Johnny : Tu trouves ? Moi pas. Ca dépend de ce que tu lui demandes... Dis-moi, avec un nom comme ça, t'es sûrement pas un mec.

Krassky : Polak.

Johnny : Les yeux slaves... Mais pourquoi t'as toujours l'air triste comme ça ?

Krassky : Y'a des jours, j'sais pas ce que je donnerais pour me chier tout entier. Quand j'étais gosse, mon rêve, c'était de conduire des locomotives à vapeur, tu sais, celles où tu mets du charbon. Aujourd'hui elles sont toutes électriques, c'est con, non ?

 

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Krassky : Qu'est-ce-c'est que ça ?

Johnny : Quoi !?

Krassky : Ce déguisement là, qu'est-ce que c'est ?

Johnny : Benh tu m'as dit.

Krassky : Quoi, j't'ai dit ? J't'ai dit... J'tai dit d'te fringuer, c'est tout !

Johnny : Benh j'suis une fille !! Merde alors !

Krassky : Ok, ça va, grimpe.

 

Johnny porte une robe.

 

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Johnny : Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Toi, tu m'aimes un petit peu quand même ?

Krassky : C'qui compte, c'est pas par quel côté j'te prends, c'est l'fait qu'on s'mélange, et qu'on ait un coup d'épilepsie synchrone. C'est ça l'amour, bébé, et crois-moi, c'est rare.

 

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Padovan surprend Johnny dans son bain et l'étouffe dans un sac plastic allant presque jusqu'à la tuer. Krassky arrive, en prenant tout le temps pour renverser des tables sur son passage.

 

Krassky : Pauvre con.

Padovan : J'voulais juste lui faire peur, c'est tout.

Johnny : Tu lui casses pas la gueule ? Non mais vas-y ! Qu'est-ce t'attends ?

Krassky : Qu'est-ce que ça changerait ? Regarde-le. Tu veux que j'lui fasse la tronche comme un tartare ?

Johnny : Il manque de m'étrangler et c'est tout ce que tu trouves à dire ? Ne me touche pas !!

Krassky : Ecoute, Johnny.

Johnny : Tu me dégoûtes, fous-le camp. Pédale !!

Krassky : Ok. Allez, Padovan, on s'en va.

Johnny : Je voulais pas dire ça !! Je voulais pas dire ça. Je voulais pas dire ça. Je voulais pas dire ça. 

 

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jeudi, 12 juillet 2012

OSS 117 Le Caire nid d'espions - Michel Hazanavicius, Jean Dujardin, Bérénice Bejo

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Film : OSS 117 Le Caire nid d'espions (2006, durée 1h39)

Réalisateur : Michel Hazanavicius

Hubert Bonisseur de La Bath alias OSS 117 alias Lucien Bramard (Jean Dujardin), Jack Jefferson alias OSS 283 (Philippe Lefebvre), Armand Lesignac leur supérieur (Claude Brosset), Gilbert Plantieux ambassadeur de France au Caire (Eric Prat), Slimane l'homme à tout faire de la SCEP (Abdallah Moundy)

Larmina El Akmar Betouche (Bénérince Bejo), la princesse Al Tarouk (Aure Atika)

Ieveni Setine l'éleveur de moutons russe (Constantin Alexandrov), Nigel Gardenborough le dirigeant de la filière agneau anglais (Laurent Bateau), Raymond Pelletier le dirigeant belge de la filière poulet SBEEP (François Damiens), Gerhard Moeller le dirigeant allemand de la filière boeuf SEEB (Richard Sammel) 

 

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Princesse Al Tarouk : Chien !

OSS 117 : Commençons tranquillement, voulez-vous, avant de corser les choses.

Princesse Al Tarouk : Traître ! Je t'ai percé à jour.

OSS 117 : Tiens donc ?

Prncesse Al Tarouk : Tu travailles pour les services secrets franaçais, tu as OSS 117. Tu as un numéro coimme ces vaches que l'on conduit à l'abattoir.

OSS 117 : A votre service. Moi aussi, je sais qui vous êtes. Vous n'êtes pas Jamlila Naroubi, journaliste libanaise en poste à Rome, mais la princesse Al Tarouk, la nièce du souverain d'Egypte Farouk.

Princesse Al Tarouk : Je suis bien la nièce de Farouk, mais il n'est plus roi d'Egypte. Il a été exilé il y a trois ans par cet infâma Nasser. Qu'il meurt dans d'affreuses souffrances, ce chien !

OSS 117 : Vous êtes bien grossière pour une femme dont le tonton est pharaon.

Princesse Al Tarouk : Mon oncle est roi, les pharaons régnaient il y a quatre mille ans.

OSS 117 : Je le sais, ça. Quoi qu'il en soit, princesse, vous avez quelque chose là dont j'ai un grand besoin.

Princesse Al Tarouk : Porc ! Tu paieras pour ta traîtrise.

OSS 117 : On verra cela.

Princesse Al Tarouk : Avant de partir, sale espion, fais-moi l'amour.

OSS 117 : Je ne crois pas, non.

Princesse Al Tarouk : Pourquoi ?

OSS 117 : Pas envie. Je n'ai pas aimé le truc sur les vaches.

Princesse Al Tarouk : D'accord, je le retire.

OSS 117 : Merci.

Princesse Al Tarouk : Non, attachée.

OSS 117 : Baillonnée ?

Princesse Al Tarouk : Oui... %µ¨-£%µ¨£.... %µ¨-£%µ¨£.... %µ¨-£%µ¨£...

 

Il lui retire le foulard avec lequel il l'a baillonnée.

 

Princesse Al Tarouk : Vient, crotale.

OSS 117 : Oui, mais dépêchons-nous, je n'ai que quelques heures.

 

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Larmina : Cigarette ?

OSS 117 : Non, merci, je ne fume pas. Je n'arrive pas à aimer cela.

Larmina : Quel dommage, pourtant fumer détend. Surtout dans votre travail.

OSS 117 : Je sais, j'enrage. Ne pas fumer me tue. Je vais réessayer, je vous le promets... Jolie voiture. Dommage qu'elle soit si sale.

Larmina : Il y a beaucoup de poussière dans notre pays.

OSS 117 : C'est le moins qu'on puisse dire ! Que je te trimballe des poules, que je te trimballe des pastèques... Ceci dit, c'est sympathique au fond.

Larmina : Sympathique ? Sympathique ? L'Egypte a regné sur le monde pendant plus de deux mille ans. Nous avons inventé l'astronomie, les mathématiques, nos architectes ont construit des sanctaires dont les archéologues s'échinent encore à découvrir l'entrée, monseur le Bonisseur de La Bath ! 

OSS 117 : Bramard, Lucien Bramard.

 

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OSS 117 : C'est somptueux. J'aime les panorama. Celui-ci est magnifique. C'est là que l'on voit la grandeur de votre civilisation. Construire pareil ouvrage il y a quatre mille an, il fallait être visionnaire.

Larmina : Ce canal a été construit il y a seulement quatre-vingt-six ans.

OSS 117 : Ah bon ? En tout cas, quelle fierté pour votre pays.

Larmina : Le canal a un statut international, la compagnie qui le gère est à majorité anglaise. Rien de tout cela n'est égyptien, à part les cadavres des ouvriers qui se sont échinés à le creuser.

OSS 117 : Que se passe-t-il ?

Larmina : Mon père est mort ici.

OSS 117 : Il a participé à la construction du canal ?

Larmina : Non. Il a joué au jokari avec un ami, l'élastic s'est distendu, la balle est partie, il l'a suivie, emporté par les flots. C'était un saint homme.

OSS 117 : L'Egypte est décidément bien meurtrie.

 

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Larmina : Monsieur Jefferson avait découvert qu'un stock d'armes avait été dérobé. Il avait rendez-vous avec un informateur à Ismaéla il y a un mois. Il n'est jamais revenu depuis.

OSS 117 : Curieux.

Larmina : N'est-ce pas.

OSS 117 : Oui, curieux. Vous voyez l'automobile derrière moi ?

Larmina : Oui.

OSS 117 : Ca fait un petit moment que je l'observe.

Larmina : Hé bien ?

OSS 117 : Hé bien, elle est absolument impeccable ! C'est quand même bien mieux une voiture propre, non ? A l'occasion, je vous mettrais un petit coup de polish.

 

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Slimane : Bienvenue à la SCEP, sidi.

OSS 117 : Qu'est-ce que c'est ?

Larmina : La SCEP, la société cairote d'élevage de poulets. Monsieur Jefferson était éleveur de poulets, donc vous aussi maintenant.

OSS 117 : Ah. Très bien.

Slimane : Quatre-cent-cinquante poules, cent-dix coqs, cent-cinquante poulets, c'est ça la SCEP, sidi.

OSS 117 : Et quelle est cette curieuse odeur ?

Slimane : C'est le poulet, sidi.

OSS 117 : Et ce bruit ?

Slimane : C'est aussi le poulet, sidi.

Larmina : Ils font ça quand on allume, ils s'arrêtent quand on éteint.

OSS 117 : Ah. Oui, en effet. C'est cocasse.

 

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Larmina : Lucien, il y a une réception ce soir à l'ambassade de Grande-Bretagne.

OSS 117 : Ah, à la bonne heure. Ce sera l'occasion de porter mon smocking en alpaga.

Larmina : Oui, si vous voulez. Enfin, ce sera surtout l'occasion de rencontrer le gratin cairote.

OSS 117 : Et non pas le gratin de pommes de terre... Non parce que ça ressemble à carotte, cairote, le légume... parce que vous avez dit gratin, gratin de pommes de terre... gratin de pommes de terre, c'est une astuce.

Larmina : Je passerai vous prendre à dix-neuf heures.

OSS 117 : Oui ! très bien !

 

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OSS 117 : Maintenant, princesse, dites-moi pourquoi vous tenez tant à cette enveloppe.

Princesse Al Tarouk : Je n'te dirai rien, fennec !

OSS 117 : Comme vous voudrez.

Princesse Al Tarouk : Je n'te dirai rien !

OSS 117 : Hé bien comme ça nous sommes quitte puisque de mon côté je ne vous ferai pas l'amour. Alors bien sûr, je pourrais me servir de cet outil. Ceci est un pistolet. Par le passé, il a su faire parler beaucoup de monde, hommes comme femmes d'ailleurs. Il se charge et se décharge comme ceci, chargé, déchargé, chargé, déchargé, chargé, déchargé. C'est une arme fiable, ferme, mais qui a un coefficient de pénétration de...

Princesse Al Tarouk : Safi, je ne sais pas d'où vient cette enveloppe ni ce qu'il y a dedans. Je sais juste qu'un inconnu m'a demandé de la transmettre à mon oncle, le roi Farouk.

OSS 117 : Merci.

 

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OS 117 : Vous étiez belle, cet après-midi, Larmina. Vous êtes encore plus belle ce soir. J'ai hâte d'être demain.

Larmina : Je vous conduis ?

OS 117 : Je ne peux rien refuser à une brune aux yeux marrons.

Larmina : Et si j'étais blonde aux yeux bleus ?

OS 117 : Ce serait pareil, vous êtes exactement mon type de femme.

Larmina : Et si j'étais myope et naine.

OS 117 : Je ne vous laisserais pas conduire, c'est absurde.

 

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OSS 117 : Un philosophe a dit un jour, le mystère des pyramides, c'est le mystère de la conscience  dans laquelle on n'entre pas.

Ieveni Setine : Les pharaons se faisaient enterrer avec leurs serviteurs.

Raymond Pelletier : Lorsque l'on meurt, souvent l'on voudrait que tout s'arrête avec soi.

OSS 117 : Mais, c'est le cycle même de la vie. Lorsque quelqu'un ou quelque chose meurt, quelqu'un ou quelque chose naît ailleurs.

Gerhard Moeller : Nous tentons d'oublier que nous sommes que nous sommes des animaux, la nature nous le rappelle, parfois cruellement.

 

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OSS 117 : Bonjour Larmina.

Larmina : Bien dormi ?

OSS 117 : Oui, très bien, merci. J'ai fait un rêve merveilleux. J'ai rêvé qu'une femme sublime aux yeux marrons m'apportait mon petit déjeuner au lit.

Larmina : Vous dites ça à toutes les femmes.

OSS 117 : Non, seulement aux femmes sublimes aux marrons, qui m'apportent mon petit déjeuner au lit. 

 

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OSS 117 : Larmina ?

Larmina : Te voilà fait comme un rat, OSS 117.

OSS 117 : Comment avez-vous pu me trahir ainsi ? Je n'aurais jamais dû vous faire confiance. On ne devrait jamais faire confiance à une femme d'ailleurs ! Moi qui pensais même vous... laisser faire l'amour avec moi. Nous voilà bien lotis.

Larmina : Faire l'amour avec toi ? Toi qui a voulu faire taire un Muezzin parce qu'il t'empêchait de dormir ? Je préférerais forniquer avec un porc un vendredi de Ramadan ! Speuh !