lundi, 04 novembre 2013
Angélique et le roy - épisode III
Film : Angélique et le roy - IIIe épisode (1965, durée 1h45)
Réalisateur : Bernard Borderie
Musique : Michel Magne
D'après le roman de Anne et Serge Golon
Angélique (Michèle Mercier), Louis XIV (Jacques Toja), Bachtiary Bey (Sami Frey), Desgrez (Jean Rochefort), le prince Racoczi (Fred Williams), Philippe de Plessis-Bellières (Claude Giraud), Joffrey de Peyrac (Robert Hossein), madame de Montespan (Estella Blain), Molinès (Jacques Hilling), l'apothicaire (Jean Lefebvre), Bontemps (Michel Galabru) , Thérèse (Ann Smyrner)
Racoczi : Je meurs, sire.
Louis XIV : Vous déraisonnez. La fièvre en est la cause.
Racoczi : Non, sire. Ma vie me quitte le corps. Mais ma raison est là. Le roi aime ma femme.
Louis XIV : Que dites-vous ?
Racoczi : Je dis... que le roi de France... veut me prendre le seul bien que je ne puisse céder... ma femme. Ah, sire, j'aime aussi Angélique. Et comme d'autre part, je chéris mon roi plus que ma propre vie,... l'existence en était devenue... par trop lourde à porter.
Louis XIV : Mon ami.
Racoczi : Que votre majesté me pardonne... cette brutale franchise... que ne peut excuser que ma situation...
Angélique, à son fils : Monsieur, les hommes de notre famille n'ont jamais eu peur. Et je compte sur vous pour ne pas déroger à la tradition !
- Madame, pourquoi êtes-vous si dure avec ce garçon.
Angélique : Moline, dans le siècle où nous sommes ne survivent que les forts. En conséquence, vous comprendrez que j'aime trop mes fils pour les ménager.
Desgrez : Madame, je vous retrouve telle qu'en vous-même vous fûtes depuis toujours.
Angélique : Desgrez, mon ami, seriez-vous devenu homme de cour ?
Desgrez : Pas seulement ! Monsieur de la Rénie et moi-même sommes en train d'éclairer Paris. Une lanterne à chaque carrefour, notre belle capitale devient la ville lumière.
Angélique : Quel bon vent vous amène ?
Desgrez : Le roi.
Angélique : Que me veut-il ?
Desgrez : Vous.
Angélique : Plaisanterie.
Desgrez : Vérité. Votre deuil ayant pris fin, le roi a formé le souhait que vous gagniez la cour.
Angélique : Je refuse.
Desgrez : Aaah, la chose est délicate, madame, car les désirs du roi s'entendent comme des ordres.
Angélique : Je n'irai pas. Desgrez, je ne veux pas revoir le roi. Deux fois il m'a pris mon bonheur. D'abord Joffrey parce qu'il était trop puissant, et puis Philippe.
Desgrez : Monsieur de Plessis-Bellières, ce n'était pas le roi. C'était la guerre.
Angélique : Il n'a pas été tué à la guerre. Il s'est fait tuer exprès à la guerre. Et vous qui savez tout le savez parfaitement
Desgrez : Dans ce cas... Le roi voulait vous confier une mission diplomatique.
Angélique : Une mission ?
Desgrez : De la plus haute importance. Enfin, il la confiera à une autre. Vous resterez dans vos terres, vos fils ne connaîtront ni éloges ni honneurs. De par leur naissance, ils auraient pu avoir des régiments. Au lieu de cela, ils seront gentilshommes de campagne, des ces hobereaux qui portent bien l'épée et aussi les sabots.
Angélique : Quelle est la nature de cette mission ?
Desgrez : Oh, énorme. Economique, politique, stratégique et militaire. C'était pour vous l'occasion unique de gravir aisément les échelons supérieurs de la gloire.
Angélique : Vous moquez.
Desgrez : non, non. Le coup d'éclat que je vous apporte ferait pâlir le nom de madame de Montespan, favorite du roi.
Angélique : Bon. Alors expliquez-moi.
Desgrez : Ah, je ne puis, je ne suis que le messager.
Angélique : Vous savez ce que vous êtes, Desgrez ? Un corrupteur !
Desgrez : Ho-ho-ho, si peu ! Heu-heu-heu-heu !
Angélique : Hé bien soit, j'irai à la cour, je subirai le roi... à moins que ce ne soit lui qui me subisse.
Madame de Montespan : Louis !?
Louis XIV : Madame.
Madame de Montespan : Que se passe-t-il ?
Louis XIV : Le travail, madame, toujours le travail. Dormez, mon amie.
Madame de Montespan : Et vous, sire, ne dormirez-vous point ?
Louis XIV : Les affaires du royaume passent avant mon sommeil, madame.
Angélique : Sire, je...
Louis XIV : Relevez-vous. Vous manquiez à la cour. Et vous manquiez au roi. Savez-vous, madame, que le temps n'a rien changé, bien au contraire, à l'inclination profonde que j'éprouve pour votre personne ?
Angélique : Que votre majesté me pardonne, mais monsieur Desgrez m'avait entretenue d'une mission.
Louis XIV : Je vois que vos humeurs hardies, elles aussi, sont inchangées.
Angélique : Si mon caractère déplaît à votre majesté, je puis ne pas le montrer.
Louis XIV : Il ne me déplaît pas. Il m'amuse. Il m'enchante. Mais il me blesse aussi parfois. Le royaume de Perse. Les Russes ont offert à la Perse une alliance. Si elle était conclue, tous les états chrétiens d'Europe seraient en péril. Il est donc essentiel que les Perses soient nos alliés, et non ceux des Moscovites.
Angélique : Dieu du ciel, sire, que puis-je donc faire là-dedans ?
Louis XIV : Vous pouvez faire signer le traité d'alliance entre la France et la Perse.
Angélique : Dois-je comprendre que votre majesté veut que j'aille chez les Perses ?
Louis XIV : Oh non, mais son excellence Bachtiar Iqbay, embassadeur du chah, est actuellement à Paris.
Angélique : Mais je n'entends rien du tout à la diplomatie !
Louis XIV : Mmmh, nous n'en croyons rien.
Angélique : Je ne parle pas persan !
Louis XIV : Vos yeux, votre sourire, votre maintien, vos cheveux même parlent le persan. Et puis vous aurez un interprète en la personne de monsieur de Saint-Amont.
Angélique : Saint-Amont ! Mais cet homme-là n'a pas toute sa tête !
Louis XIV : Mais il a toute sa langue, et c'est de mes diplomates le seul qui parle le persan.
Angélique : Puis-je savoir plus précisément ce que votre majesté attend de moi ?
Louis XIV : Que vous fassiez rire le dey, que vous lui parliez de nos coutumes, bref que vous lui fassiez prendre le chemin de Versailles, qu'il s'obstine à refuser à cause des bévues accumulées de Saint-Hamon !
Angélique : Sire, cette mission n'est pas celle d'un diplomate, mais d'une courtisane !
Louis XIV : Mon Dieu, que de courroux... J'avais seulement pensé que là où un homme médiocre avait échoué, une femme telle que vous pouvait réussir aisément.
Angélique : De quelle femme votre majesté veut-elle parler ? Car, sire, vous ne sauriez confier cette mission à la marquise de Pléssis-Bellières, alors que vous la demandez à la veuve du sorcier Peyrac !
Louis XIV : Vos propos vont parfois jusqu'à l'extravagance ! Et vous voyez le roi plus noir qu'il n'est. D'ailleurs, je vais vous en donner la preuve. Monsieur Colbert. Oui, madame, sachez que le meilleur de mes ministres ne dort que quatre heures par nuit.
Colbert : Sire, tout a été fait selon les ordres de votre majesté.
Louis XIV : Merci, monsieur Colbert. Voici l'ordre de restitution de l'hôtel de Beautreilli, propriété de votre premier mari, Joffrey de Peyrac, comte de Toulouse.
Angélique : Sire, merci.
Louis XIV : Irez-vous voir l'ambassadeur de Perse ?
Angélique : Votre majesté me permet-elle de réfléchir un peu ?
Louis XIV : Nous nous sentons prêt à tout vous permettre.
Angélique : Sire, il me déplairait que ceci paraisse être aux yeux de votre majesté le prix de mon acceptation.
Louis XIV : Ha-ha-ha-ha, madame, vous êtes tout à fait impossible, mais surtout, surtout ne changez pas.
à suivre...
samedi, 01 décembre 2012
Les Gaspards - Tchernia, Serrault, Noiret, Denner, Galabru, Depardieu, Carmet, Chantal Goya, Annie Cordy (fin et bonus)
Film : Les Gaspards (1974, durée 1h35)
Réalisateur : Pierre Tchernia
Musique : Gérard Calvi
Jean-Paul Rondin le libraire (Michel Serrault), Marie-Hélène sa fille (Chantal Goya), le facteur (Gérard Depardieu)
Le ministre (Charles Denner), son directeur de cabinet (Marie-Pierre de Gérando), le commissaire Lalatte (Michel Galabru), Ginette Lalatte son épouse (Annie Cordy), l'inspecteur Balzac son successeur (Gérard Hernandez)
Gaspard de Montfermeil (Philippe Noiret), Paul Bourru (Jean Carmet), Bougras (Jacques Legras), Helmut Von Strumundrang (Konrad von Bork)
Gaspard de Montfermeil : Et il s'appelle comment, ce petit curieux ?
Rondin : Rondin, Jean-Paul Rondin, libraire.
Gaspard : Jean-Paul Rondin ? L'historien ?
Rondin : Oui, enfin, historien, le mot est un peu fort. Enfin, quand même, je m'intéresse au vieux Paris.
Gaspard : Vous avez écrit un livre remarquable.
Rondin : Oui... je n'en ai pas vendu beaucoup.
Gaspard : Aaaah, mais Mathieu tout s'explique, monsieur connaît admirablement ce quartier. Vous avez si joliment décrit la vie de cet arrondissement sous Louis XV.
Rondin : Oui, on imagine mal d'ailleurs ce qu'était le quatorzième au dix-huitième.
Gaspard : Asseyez-vous, je vous prie. Mais non, le fauteuil, monsieur Rondin, le fauteuil !
Gaspard : Je suis trop heureux de rencontrer un de mes auteurs favoris. Je me présente, Montfermeil, vieille famille du village d'Auteuil.
Rondin : Ah effectivement, il y avait un Montfermeil, lieutenant général au baillage du Louvre, vers 1740.
Gaspard : C'est exact.
Rondin : Il avait en charge toutes les carrières de Paris.
Gaspard : C'est exact. Comment croyez-vous que j'ai découvert ces cavernes, hein ? Jetez un œil.
Rondin : C'est merveilleux.
Gaspard : N'est-ce pas ?
Rondin : Ah benh oui. Alors en effet, là je comprends, alors nous sommes exactement...
Gaspard : Oui, permettez. Moi je suis Gaspard de Montfermeil, c'est amusant, ne trouvez-vous pas, que mon père m'ait prénommé Gaspard ? Vous savez ce que c'est qu'un gaspard, en argot ?
Rondin : Oui, oui, c'est un rat.
Gaspard : C'est un rat, oui. D'ailleurs, entre nous, je les appelle souvent comme ça, mes gaspards... les gaspards de la nui, loin du monde, et du bruit ! Ah, vous essayez de voir où nous sommes, monsieur Rondin ! Vous devez bien le deviner un peu.
Rondin : Pas exactement.
Gaspard : Eh benh, tant mieux ! Nous avons le goût du secret, mes amis et moi.
Rondin : Oui. Vous êtes nombreux ?
Gaspard : Les philosophes sont rares.
Rondin : Les philosophes...
Gaspard : Oui, ou les ermites, ou les hommes sages, qui ont renoncé à vivre avec les fous, là-haut.
Rondin : Ah oui. Pas d'impôts.
Gaspard : Pas d'autos !
Rondin : Est-ce que vous faites du recrutement ?
Gaspard : Comment ça ?
Rondin : Non, enfin, je veux dire, je ne sais pas, enfin est-ce que...
Gaspard : Comment ?
Rondin : Quelques fois, est-ce que vous allez chercher des gens là-haut, par exemple, des jeunes filles ?
Gaspard : Quelle drôle de question.
¤ ¤ ¤
Gaspard : La truite de Schubert !
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vendredi, 30 novembre 2012
Les Gaspards - Tchernia, Serrault, Noiret, Denner, Galabru, Depardieu, Carmet, Chantal Goya, Annie Cordy (suite)
Film : Les Gaspards (1974, durée 1h35)
Réalisateur : Pierre Tchernia
Musique : Gérard Calvi
Jean-Paul Rondin le libraire (Michel Serrault), Marie-Hélène sa fille (Chantal Goya), le facteur (Gérard Depardieu)
Le ministre (Charles Denner), son directeur de cabinet (Marie-Pierre de Gérando), le commissaire Lalatte (Michel Galabru), Ginette Lalatte son épouse (Annie Cordy), l'inspecteur Balzac son successeur (Gérard Hernandez)
Gaspard de Montfermeil (Philippe Noiret), Paul Bourru (Jean Carmet), Bougras (Jacques Legras), Helmut Von Strumundrang (Konrad von Bork)
¤ ¤ ¤
Le facteur : Elle a pas pu tomber dans l'trou.
Une amie : Y'a des palissades.
Le facteur : Ouais, puis c'est pas profond, ça doit être des travaux du gaz ou de la voirie. Chez nous aussi on fait des travaux aux PTT, mais ils sont plus propres. C'est peut-être l'EDF, hein. On sera jamais foutus d'ouvrir un trou tous en même temps. C'est le gaz qui arrive, ils font un trou, ils le referment. Puis les autres qui arrivent, ils refont un trou.
Un clochard, l'oreille collée sur l'ouverture d'une canalisation : Hé-là, tu me fais d'l'ombre.
Rondin : Dites-moi, monsieur, c'est la radio... c'est la radio que vous écoutez ? La radio ?
Le clochard : Non, c'est ma petite musique à moi.
Rondin : Ah bon...
Le clochard : Et pis tire-toi là ooooh !!
Le commissaire Lalatte : Un enlèvement, j'aime pas ça du tout... Bon, votre nom ?
Rondin : Rondin.
Lalatte : Prénom ?
Rondin : Jean-Paul.
Lalatte : Marié ?
Rondin : Veuf.
Lalatte : Profession.
Rondin : Benh mettez... euh... oui, euh, libraire.
Lalatte : Benh, vous faites autre chose ?
Rondin : Oui, je... j'écris aussi des livres, je suis auteur.
Lalatte : Non, libraire, c'est mieux. Le prénom de votre fille ?
Rondin : Marie-Hélène.
Lalatte : Son âge ?
Rondin : 22 ans.
Lalatte : 22 ans ? Aaaaah, benh ça change tout, alors, ça c'est pas un détournement ! C'est une promenade.
Rondin : On l'a enlevée.
Lalatte : Non, non-non-non-non-non, vous avez vu le soleil, non-non-non-non-non, rassurez-vous, elle est pas toute seule.
Rondin : Enfin, ça, vous connaissez pas ma fille.
Lalatte : Ah benh vous non plus. Oui, on ne connaît jamais ses enfants, non-non, 22 ans. Ils sont deux ! C'est une fugue. C'est une fugue. Hhhhhh... Deux de mes hommes qui ont disparu depuis trois jours.
Rondin : Ils sont deux ? Deux ? C'est une fugue.
¤ ¤ ¤
Le facteur : Ah, c'est drôle, cette disparition. Enfin, je veux dire, c'est pas drôle. Oh, ms'ieur Rondin, va, depuis quelques temps, j'en entends dire dans le secteur. Tenez, à côté, au couvent, là, il se passe des choses pas catholiques. Y'a des bonnes sœurs qui ont vu des légumes qui s'enfonçaient dans le sol.
Rondin : Dans le sol ?
Le facteur : Oui, parfaitement. Et puis pour pas chercher bien loin, euh, dans la cave de m'sieur Bourru, vous savez bien là, m'sieur Bourru, le marchand de vin. Benh y'a des tas de bouteilles qui disparaissent, on sait pas par où, et pis des bonnes, hein, du Château-Margaux !
Bourru : Depuis deux-trois mois, ça fait bien 150 bouteilles.
Rondin : Vous en avez pas parlé au commissaire de police ?
Bourru : Il s'est foutu d'moi. Il m'a dit que c'était certainement les rats du quartier qui venaient se saouler la gueule. Ah si c'est les rats, ils ont bon nez, hein, parce que c'est pas n'importe quoi qu'ils m'emportent, c'est pas de la piquette, Château-Margaux, Châteaux-Margaux 66, vous savez ce que ça coûte ? C'est un mystère. M'sieur...
Rondin : Rondin.
Bourru : Oui, monsieur Rondin, votre voisin d'en-face, le marchand de bicyclettes, on lui fauche ses cadres de vélo.
Rondin : Ses cadres de vélo ?
Bourru : Ses cadres de vélo. C'est sûrement les jeunes.
Rondin : Pourquoi les jeunes ?
Bourru : Benh, parce qu'ils sont jeunes.
Rondin : Y'a pas que des égouts. Vous vous rendez pas compte de tout ce qu'il peut y avoir sous les trottoirs... des galeries, des tunnels... Tiens, le métro, rien que le métro, mmmh ? 180 kilomètres. Et les carrières... tout le quartier ici, c'est une termitière, d'où on a sorti du calcaire, de l'argile, et même un peu de charbon. Pour construire la maison au-dessus, ils ont pris les pierres en-dessous. Il y a ça aussi, pendant des siècles, on a cultivé des champignons, les champignons de Paris. En 1848, les insurgés se cachaient dans les carrières de Montmartre. Les Misérables, que j'oubliais... qui est-ce qui se promène dans le ventre de Paris avec Marius sur les épaules ? C'est Jean Valjean.
Nos informations : au mirco, Patrick Beaulieu. Premier août. Dans les rues de la capitale, les touristes étrangers remplacent les Parisiens car le grand rush des vacances est commencé. Cependant, la situation internationale reste préoccupante, en particulier...
Balzac : Bonjour monsieur le commissaire.
Lalatte : Ah, bonjour. Comment vous vous appelez ?
Balzac : Balzac, Hervé Balzac.
Lalatte : Aaaah, c'est un nom célèbre, ça ! Il y a la rue Balzac... il y a le cinéma Balzac... il y a un standard téléphonique aussi Balzac !
Balzac : Il y a, il y a l'écrivain.
Lalatte : Aaaah... aussi, eh benh dites donc.
Lalatte, qui lit un écriteau : "C'est ici l'empire de la mort". Comme disaient les anciens, "O tempora, ô mores".
Un gendarme : Qu'est-ce que ça veut dire, monsieur le commissaire ?
Lalatte : Hein ? C'est du latin, une langue morte.
Le gendarme : Oh alors.
Rondin : Vous êtes gentil, hein, vous refermez derrière moi, mais juste avec la planche, que j'puisse resortir. Au revoir.
Le facteur : Au revoir. Monsieur Rondin, monsieur Rondin !
Rondin : Oui !
Le facteur : Vous allez rester longtemps ?
Rondin : Je ne sais pas, une journée ou deux. Je veux retrouver ma fille.
Le facteur : Si je vous revois plus, moi, qu'est-ce que je dois faire ?
Rondin : Je reviendrai. De toute façon, vous pouvez pas prévenir ma famille, je la cherche !
Un gendarme : Ils étaient en voyage organisé, ils passaient huit jours à Paris.
Lalatte : Vous aves les passeports ? Frankenfeld, Fuji, Von Buven, Nixon... Nixon ?
Le gendarme : Ah oui, mais Averel, pas Richard. Averel Nixon.
Lalatte : Mais, mais, mais il habite Washington ! C'est la famille, ça ! Oh la-la-la-la-la-la... J'suis pas parti encore en vacances, c'est une affaire politique, ça ! Allez, embarquez-moi tout ça au commissariat ! Allez !! Allez !!
Lalatte : Un des touristes s'appelle Nixon, monsieur le directeur. Nixon. Alors tout cela risque de prendre des proportions internationales. Je vous demande ce que je dois faire.
Le directeur : Surtout ne faites pas de bruit autour de tout cela, gardez le silence, prenez la situation en main et... et faites pour le mieux ! Malheureusement, je dois quitter Paris tout de suite, mais je vous fais confiance, Lalatte, hein.
Lalatte : Ecoute, Ginette, c'est une affaire plus grave que je ne pensais.
Ginette : Le jour de ton départ en vacances.
Lalatte : Le plus simple serait que tu rentres à la maison.
Ginette : Il n'en est pas question.
Lalatte : Non, c'est juste pour ce soir, parce que demain, je t'assure...
Ginette : Nnnnon. Nous avons pris la voiture ce matin pour aller en vacances ?
Lalatte : Oui.
Ginette : Mmmh oui. Les bagages étaient bien préparés ?
Lalatte : Très bien.
Ginette : J'ai mis les housses sur les fauteuils ?
Lalatte : Comme toujours.
Ginette : Les enfants sont prêts pour le voyage ?
Lalatte : Oh les mignons.
Ginette : Eh bien nous ne rentrerons pas à la maison.
Lalatte : Ginette, tu veux rester là ?
Ginette : Dans la voiture.
Lalatte : Mais comment va-t-on manger ?
Ginette : Dans la voiture.
Lalatte : Mais où va-t-on dormir ??
Ginette : Dans la voiture.
Lalatte : Mais, avec les enfants, c'est pas possible.
¤ ¤ ¤
Lalatte : C'est quand même extraordinaire. C'est choses-là n'arrivent qu'à moi ! On m'enlève vingt touristes, dont un Nixon, et personne ne me demande de rançon !!
Lalatte : Je pensais qu'il s'agissait de vous, monsieur le ministre.
Le ministre : Ca va, j'ai lu, vous pouvez faire effacer.
Lalatte : C'est une pièce à conviction.
Le ministre : Je sais, mais ça fait sale. Et puis, les Français sont en vacances, inutile de les tracasser ! Pas de photos, pas de journaliste !
Lalatte : Alors, qu'est-ce que vous comptes faire, monsieur le ministre ?
Le ministre : Comment, qu'est-ce que je compte faire ? Je ne fais pas de "trous", commissaire, j'ordonne des excavations ! D'ailleurs, c'est à vous de retrouver ces touristes. Ce n'est pas à moi de traiter avec une organisation subversive, enfin !
L'assistant du ministre : Monsieur le ministre, ça va être l'heure de la réception à l'ambassade.
Le ministre : J'irai plus tard.
L'assistant : Ensuite il y a le fala italien à l'opéra.
Le ministre : On verra. Ce qui arrive est trop grave. C'est à moi qu'on en veut.
Un employé : Il y a la guerre ?
Rondin : Non, il n'y a pas la guerre, non.
Rondin : Il se passe des choses, vous savez, dans le sous-sol de Paris.
Lalatte : Qu'est-ce que vous dites ?
Rondin : Il y a tout un monde, monsieur le commissaire, dans le sous-sol.
Lalatte : Mais un monde de quoi ?
Rondin : Il y a des gens... j'ai vu des gens, je vous dis, travailler dans une galerie souterraine.
Lalatte : Dans une galerie...
Rondin : J'ai vu une femme, sur une échelle, qui cueillait des poireaux.
Lalatte : Vous êtes fou.
Rondin : Monsieur le commissaire, ma fille est sous mes pieds ! J'en suis sûr ! Ils me l'ont prise !
Lalatte : Elle a fait une escapade.
Rondin : Mais non !! Elle est en-dessous, bon sang !! Commissaire !
Le ministre : C'est intéressant ce que dit ce soldat. Approchez.
Lalatte : Monsieur le ministre, c'est un illuminé.
Le ministre : Et si les touristes étaient restés prisonniers dans les catacombes ?
Le ministre : C'est donc ça, le métro ?
Le ministre : Ecoutez, commissaire, ça m'amuserait infiniment d'aller à mon gala en métro. Métro !
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jeudi, 29 novembre 2012
Les Gaspards - Tchernia, Serrault, Noiret, Denner, Galabru, Depardieu, Carmet, Chantal Goya, Annie Cordy
Film : Les Gaspards (1974, durée 1h35)
Réalisateur : Pierre Tchernia
Musique : Gérard Calvi
Jean-Paul Rondin le libraire (Michel Serrault), Marie-Hélène sa fille (Chantal Goya), le facteur (Gérard Depardieu)
Le ministre (Charles Denner), son directeur de cabinet (Marie-Pierre de Gérando), le commissaire Lalatte (Michel Galabru), Ginette Lalatte son épouse (Annie Cordy), l'inspecteur Balzac son successeur (Gérard Hernandez)
Gaspard de Montfermeil (Philippe Noiret), Paul Bourru (Jean Carmet), Bougras (Jacques Legras), Helmut Von Strumundrang (Konrad von Bork)
Un habitué de la librairie : Dites donc, ça avance les travaux, hein ?
Rondin : Oui.
L'habitué : Ils sont tout autour.
Rondin : Oui, si on veut. J'ai le sentiment d'être sur un petit rocher quand la mer monte. Asseyez-vous cher ami. J'ai trouvé des choses qui vont vous plaire.
L'habitué : Vraiment ?
Rondin : Regardez. Ce sont des photos du vieux Paris.
L'habitué : Oh, c'est extraordinaire. Ah mais oui, c'est la place de la Bourse. La rue du 4 septembre et le Théâtre du Vaudeville qui n'existe plus. Ils avaient déjà le parking. Ca, ah c'est l'Opéra.
Rondin : L'Opéra vers 1900, à peu près. Ca c'est le percement de l'avenue de l'Opéra.
L'habitué : Très curieux.
Rondin : Percement... ça correspond à la fin du second empire, 70.
L'habitué : Oui, c'est ça, c'est ça. Et ceci ? Ah c'est la place d'Italie ! Ca s'est beaucoup construit depuis !
Marie-Hélène : C'est Paris, ça ?
L'habitué : C'était Paris.
Marie-Hélène : Je vais vous chercher une tasse de café.
L'habitué : Merci.
Le facteur : Messieurs-Dames, bonjour, c'est le facteur !
Rondin : Bonjour facteur !
Le facteur : Monsieur Rondin !
Rondin : C'est lui.
Le facteur : Voilà... Votre livre, là...
Rondin : Oui.
Le facteur : Je vous en ai encore vendu deux.
Rondin : Vous en avez vendu deux ? Ca c'est gentil, alors, c'est formidable.
Le facteur : Ah benh j'suis content de vous aider, hein. Je vous en reprends encore deux, hein.
Rondin : Franchement, vous arrivez... vous arrivez à les vendre ?
Le facteur : Vous êtes écrivain, moi j'suis facteur, on est tous les deux des hommes de lettres !
"Quand le bâtiment va, tout va", dit la sagesse populaire. Et pendant l'été, bulldozers et marteaux-piqueurs ne manquent pas à Paris. Aujourd'hui, sur l'un des grands chantiers de la capitale, le ministre des travaux publics a convoqué les journalistes pour les tenir au courant de son activité. Les efforts du ministre, chacun peut les constater dans les rues de Paris. Quant à ses projets futurs, il devait en révéler les grandes lignes cet après-midi, au ministère des travaux publics.
Le ministre : Messieurs, dans vingt-cinq ans, c'est l'an 2000. L'avenir est pour demain, il faut aller de l'avant et j'irai.
Un journaliste : Monsieur le ministre, est-ce que vous rencontrez beaucoup d'obstacles ?
Le ministre : Des obstacles, pas seulement des obstacles, des menaces ! La lettre anonyme. Merci. Regardez ce torchon : "Tu déshonores Paris, arrête de creuser des trous sinon...!" Les grands travaux, ils appellent ça des trous. Mais moi, quand je suis en route, rien ne m'arrête. Voulez-vous me suivre, messieurs. Problème numéro 1, décongestionner Paris. C'est effroyablement simple. Il suffit de bétonner la surface de la Seine, tracer une ligne blanche au milieu et vous avez l'autoroute que la capitale mérite.
Un photographe : Une photo, monsieur le ministre.
Le ministre : Merci. Maintenant, venez voir ça. Je ne recherche pas QUE l'efficacité, je veux aussi marquer mon époque. Des deux côtés des tours de Notre-Dame, je bâtis deux tours de béton et d'acier. Le Moyen-Age et le vingtième siècle se tendent la main. Messieurs, je me résume. Le problème capital, c'est le problème de LA capitale. Donnez-moi les armes nécessaires et j'engage la bataille de Paris. J'enveloppe Belleville par l'aile gauche, je fais sauter le verrou de la Contre-Escarpe, je colmate les Batignolles, je fais charger les bulldozers par la percée de l'Hôtel de ville et je gagne la bataille de Paris, je la gagne !
C'est avec ces images du ministre des travaux publics que prend fin notre dernier bulletin d'informations. Il me reste à vous souhaiter une bonne nuit.
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