samedi, 22 mars 2014
Etymologie - Comme dans un moulin
Source : Direct Matin, lundi 3 décembre 2012
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vendredi, 21 mars 2014
La mélodie du tic-tac
Extrait de La mélodie du tic-tac et autres bonnes raisons de perdre son temps, Pierre Cassou-Noguès, 2013, Flammarion :
Un philosophe qui traîne
Je reprends entièrement à mon compte la formule de Merleau-Ponty, qu'il emprunte à Husserl mais à laquelle il donne toute sa portée, selon laquelle la tâche de la philosophie est de porter l'expérience à l'expression. La philosophie est essentiellement descriptive. Il s'agit de rendre dans le langage l'expérience ou, disons, la vie. La vie, non pas comme on oppose la vie et la mort, le vivant et l'inerte, mais au sens où l'on dit "dans la vie" ou "c'est la vie".
Pourquoi alors la philosophie ? Parce que la vie, telle qu'elle est donnée dans le langage courant, fait problème. Le langage dont nous disposons, les textes classiques que nous avons étudiés à l'école, les journaux, la conversation de tous les jours, semblent laisser échapper quelque chose de la vie, qu'il reste donc à essayer d'écrire. C'est ce à quoi le philosophe s'attache. Et, dans cet effort, il rencontre non seulement des questions de mots - il lui faut trouver une façon de raconter les scènes qui lui importent - mais aussi des question de concepts : il reste des éléments de la vie, qui n'entrent pas dans les catégories véhiculées dans la langue courante. Sans doute, la distinction entre questions de mots et questions de concepts est une affaire de degré. L'effort de trouver les mots conduit au niveau des concepts : des termes généraux qui permettent d'analyser et, par conséquent, de décrire les scènes de la vie. Bien décrire, c'est comprendre. La description du philosophe ne fait donc pas l'économie des concepts. Elle est confrontée aussi à des problèmes, et peut-être pas toujours aux même problèmes qu'ont rencontrés les philosophes qui précèdent, la justice, la liberté, la subjectivité : que suis-je et comment en viens-tu, en vient-on, à être je ?
Ce n'est pas dire que la philosophie soit dirigée par ces problèmes, qu'elle ait pour tâche de répondre aux problèmes qui lui a laissés la tradition, ou simplement de les reprendre. C'est dans son effort de décrire l'expérience qu'elle peut retomber sur les problèmes classiques, comme elle peut découvrir de nouvelles questions, de nouveaux angles d'attaque sur la vie.
La philosophie n'est pas non plus dirigée par l'idée de vérité. Elle n'a pas pour but de produire des énoncés vrais. Du moins, la description du philosophe n'est pas tenue d'être vraie dans le sens où un article dans le journal, le bulletin météorologique par exemple, est dit "vrai" : je vérifie d'un coup d’œil par la fenêtre s'il pleut comme l'annonce le journal. En fait, le texte philosophique n'est jamais lu de cette façon. Lorsque, dans les Méditations, Descartes se présente en robe de chambre près du feu jouant avec un morceau de cire, personne (dans son bon sens) ne songe à demande si cette description est exacte. Cela n'importe aucunement. La description de la vie, dans laquelle s'engage le philosophe, peut bien passer par la fiction. La meilleure façon de décrire la vie, d'isoler ces moments qui font problème peut bien être d'évoquer une scène qui n'a jamais eu lieu ou ne pourrait même jamais avoir lieu.
Plus profondément, la mise à l'écart de l'idée de vérité tient à ce que l'usage que nous faisons du terme dans la vie ordinaire, à propos du bulletin météorologique par exemple, suppose une adéquation bien établie entre le langage courant et des éléments de l'expérience. Nous savons à quoi doit répondre dans le paysage la prévision météorologique : à quelles conditions nous pourrons dire qu'il pleut. Mais le philosophe s'attache précisément à ce qui dans la vie échappe à ce langage bien défini. Le philosophe peut parler de la pluie, Bachelard l'a fait. Mais ce qui l'intéresse dans la pluie ne s'exprime pas dans le bulletin météorologique, ne se décrit pas, ou se décrit mal, et, pour cette raison même, nous ne savons pas encore bien le voir. Peut-être la description que tente le philosophe peut entrer après coup dans le langage commun et s'y fixer et prendre alors une vérité dans le même sens que le bulletin météorologique. Dans ce cas, d'un concept psychologique qu'invente un philosophe, ou un écrivain, ou de la description même d'un élément comme la pluie, nous pourrons dire rétrospectivement qu'ils sont vrais. Mais il faut qu'ils soient lentement entrés dans un usage courant pour acquérir une vérité qu'ils n'avaient pas au moment où ils se sont d'abord énoncés. Et il faut aussi que nous oubliions qu'ils ont pu être mis en place dans une fiction, une scène qui n'avait pas de répondant dans la réalité. Les énoncés du philosophe ne son jamais simplement vrais.
Il est possible de chercher à modifier le concept de vérité pour y rattacher cette philosophie descriptive. C'est ce que tente Merleau-Ponty. Mais, à mes yeux, il vaut mieux l'abandonner entièrement et conserver à la description philosophique la liberté qu'elle a dans son énonciation première, le plus souvent fictive. La description du philosophe alors n'est pas soumise à la question de la vérité. Elle doit seulement fonctionner. Il s'agit d'y adhérer comme à n'importe quelle fiction. Il y a des fictions qui marchent, que nous suivons avec intérêt, et des fictions qui ne marchent pas. C'est ce seul critère, immanent à la fiction, qui importe.
Dirigée par cet effort descriptif, la philosophie n'est pas non plus assujettie à l'ordinaire, ni au langage ordinaire ni à la vie ordinaire. En réalité, l'ordinaire auquel renvoient parfois les philosophes, recouvre une abstraction. Il s'appuie sur ce qu'il entend éliminer. L'appel à l'ordinaire, la description de l'ordinaire ne sont jamais eux-mêmes ordinaires. Comment le seraient-ils ? Dans l'idée d'engager à rapporter les problèmes philosophiques au langage ordinaire, Wittgenstein par exemple se lance dans des expériences de pensée qui n'ont rien d'ordinaire mais font écho à la littérature fantastique. Le philosophe emprunte, qu'il le reconnaisse ou non, à toute une littérature qui dépasse l'ordinaire. Il est donc amené à l'ordinaire et organise ce plan en référence à un extraordinaire qu'il entend écarter et qui reste un soubassement refoulé mais toujours actif. Le passer sous silence, c'est tomber dans l'abstraction.
La vie, telle que nous la recevons d'abord, est sous-tendue par l'extraordinaire, puisque nous avons toujours déjà entendu des contes, été nourris d'une littérature fantastique. Il s'agit d'interroger cet extraordinaire et de le réactiver par la fiction. Finalement, la méthode n'est pas très différente de ce que Husserl appelait l'intuition eidétique. Les différentes dimensions des éléments de la vie se dévoilent par une sorte de variation imaginaire, dans des fictions dont certaines pourraient se produire dans le réel tandis que d'autres le débordent tout à fait. Il s'agit ainsi d'isoler, de décrire, de comprendre autant que possible, de reprendre dans un langage aussi transparent que possible des noyaux de sens, des invariants de la vie.
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A lire également, dans Libé Livres :
http://www.liberation.fr/livres/2013/09/25/entretenir-la-...
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Et pour un entretien sur France Musique :
http://www.dailymotion.com/video/x158m3q_pierre-cassou-no...
La mélodie du tic-tac et autres bonnes raisons de perdre son temps
Pierre Cassou-Noguès
2013
Flammarion
301 pages
http://www.amazon.fr/m%C3%A9lodie-tic-tac-autres-bonnes-r...
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jeudi, 20 mars 2014
Etymologie - parler à la cantonnade
Source : Direct Matin, lundi 17 décembre 2012
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mercredi, 19 mars 2014
Ta banque
La banque vue par les banquiers
A la fin de la troisième minute, précisément à 3'52''
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid1784-c-les-gu...
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mardi, 18 mars 2014
Considérations sur le jeu de mot - Le mime Marceau - Stéphane De Groodt
Virtuose et surréaliste
Source : Le Supplément, Canal +, le dimanche 16 mars 2014
Vous le savez peut-être / hêtre, ou peu de chênes, si vous préférez jouer dans la cours des glands, mais depuis la rentrée de septembre, c'est sans vice mais vers ça que je me dirige, à savoir tenter de ressusciter nos chers disparus en prodiguant des messages cardiaques, traitant ainsi les maux par les mots, même si la mort agit à terme.
Mais si j'ai valeureusement répondu présent chaque dimanche à cette mission qui m'incombait - Macumbé, elle dans tous les soirs - un Raffrin déjà entonné, mais dont j'en perds / Jean-Pierre pas une miette. Bief... Bref !
Je dois bien avouer qu'au niveau de l'inspiration des expirations, ce mois de mars n'est pas très lumineux. Un mars à l'ombre, qui se réduit à peu de chagrin. Benh oui, il y a des fins de mois difficiles pour tout le monde.
Essayant alors d'évacuer les idées noires de ma page blanche, je décidai de me mettre un bon coup de pied aux fesses, de me remonter les hanches - c'est plus facile pour prendre les jambes à son cou - et de partir à la rencontre du mime Marceau - de son petit nom Marcel - car né le 22 mars, il aurait fêté ses 91 ans s'il n'était désormais redevenu un enfant du Paradis.
J'enfilai alors, non pas ce bon vieux marcel, mais mon plus beau collant pour me présenter à Marceau qui, mime de rien, a beaucoup fait parler de lui. Comme je ne suis pas né de la dernière pluie, et non l'averse, je débarquai donc les mains vides, car pour un mime ou pour un non, c'est le geste qui compte.
Une fois arrivé devant la porte mattante - c'est comme une porte battante mais qui a perdu un combattant / un con de battant -, je suis accueilli par la fille Marceau, tellement surprise de me voir qu'elle en perd ses moyens, et qui m'invite à rejoindre ses parents occupés à déjeuner dans la mezzanine autour du mime molette / d'une mimolette et d'un bavarois / bavard roi.
Grimpant alors les escaliers pentus afin de les retrouver, remontant donc la pente au mime / pantomime, je me retrouve assis à leurs côtés, plongé dans le silence des amants. Après un certain temps à ne rien dire, c'est dire si j'avais le temps de parler pour ne rien faire, je me permis de briser la glace, entraînant alors des bris de mots, que je m'empressais, sans en faire un fromage, de ramasser et de rassembler dans une phrase d'approche.
A peine je m'y mets, que Marcel silence le premier, en m'expliquant qu'on s'exprime parfois plus dans une phrase sans mots qu'avec cent mots par phrase car ces cent mots sont vains à son sens.
Il poursuit, en joignant le geste à... à rien. Et en deux temps et surtout trois mouvements, me précise que s'il s'est construit un destin à mimer, c'est pour avoir la vie éternelle car on ne s'éteint jamais quand on est un mime mortel / un immortel.
Même si je ne pige absolument rien à ce qu'il me raconte, je fais mime d'avoir compris. Mais réalisant à mon air déconfit que je suis totalement sourd et surtout aveugle à la poésie que son langage dessine, il se propose de m'initier en m'offrant, non pas un canapé, mais un des CD où il interprète ses meilleurs Marceau / morceaux, comme "Laisse-moi mimer", en solo avec Mike Brandt, qui a lui aussi brassé pas mal d'air / airs sur la fin. "Kiss mime !", ça C Jérôme. Sans oublier bien sûr une bonne partie du répertoire de Véronique sans son / Sanson.
Gêné, je refuse poliment, en refusant poliment. C'est dire si j'étais poli. Il prend alors congé de moi, car sa femme, très excitée, a promis à Marcel Desailly / deux saillies. Visiblement, il chauffe, Marcel. Donc je le laisse s'en retourner franchir le murmure du son, non sans lui exprimer mon regret de devoir le quitter si tôt car j'aurais aimé qu'il soit le Marceau puis l'ami mais pas que. Touché, le mime y m'a dit / le mimi m'a dit, sans le prendre de haut, quoi, que la prochaine fois que je n'ai rien à dire, mieux vaut que je la ferme avant de l'ouvrir. En même temps, ça m'arrange d'écrire pour ne rien dire car ça m'aurait embêté d'avoir un texte sans silence, enfin sans chut / chute.
http://www.babelio.com/auteur/Stephane-de-Groodt/290869/photos
http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_De_Groodt
Il est pilote de course professionnel pendant une quinzaine d'années avant d'entamer sa carrière de comédien. Il se fait remarquer notamment en Formule Renault, F3000, Porsche SuperCup, aux 24 h de Spa, ou encore en Procar où il décrocha le titre de Champion de Belgique en BMW Compact Cup.
Il est le créateur de la série File dans ta chambre, diffusée sur France 2, RTBF et Canal+ Belgique, dont les textes sont coécrits par sa femme Odile d'Oultremont. Il est aussi une des voix des personnages animés de la série Une minute avant retraçant des événement historiques une minute avant qu'ils se produisent. Ce programme est diffusé sur Canal+ depuis août 2010. Il est aussi la voix des publicités Carrefour diffusées sur toutes les chaînes de télévision, ainsi que le père Dumas dans la saga B-Box.
Depuis la rentrée 2012, il est présent tous les dimanches dans l'émission de Canal+ Le Supplément dans laquelle il anime une chronique de quelques minutes intitulée Retour vers le futur. Cette chronique fonctionne sur le même principe que celle qu'il présentait jusqu'en 2012 dans l'émission La Matinale sur Canal+ avec Maïtena Biraben, où il racontait sa rencontre avec des personnages célèbres sur un ton humoristique mêlant jeux de mots et calembours. Il y présentait également un "courrier des téléspectateurs" imaginaire et loufoque. Il reprend cette chronique hebdomadairement sur RTL aux côtés de Stéphane Bern dans À la bonne heure où il commente un faux courrier d'auditeurs improbables. Depuis la rentrée 2013, après avoir quitté RTL on le retrouve sur France Inter dans l'émission Comme on nous parle animée par Pascale Clark, tous les jeudis il anime une chronique de quelques minutes intitulée Mes mails, il commente une série de faux mails d'auditeurs adressés à France Inter et Pascale Clark.
Son humour absurde et très littéraire ainsi que le rythme effréné de ses jeux de mots le rapprochent d'humoristes comme Raymond Devos ou Pierre Desproges. Toutefois, Stéphane De Groodt se considère influencé par des humoristes comme Pierre Repp.
07:00 Publié dans Farce et attrape, Les mots français, Trivialités parisiennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stéphane de groodt, canal+, canal plus, le supplément
lundi, 17 mars 2014
Considérations sur le rire - Gaspard Proust
Désabusé mais poëtique.
Ou poëtiquement désabusé.
http://www.elle.fr/Loisirs/Cinema/Dossiers/Gaspard-Proust-drolement-odieux-1852066
Cartésien désabusé + une petite sarkoïdose
http://www.youtube.com/watch?v=o71Jxk7d_D0&feature=player_embedded
Quelques mots sur les politicards
http://www.youtube.com/watch?v=913KiRX-_ec
Misogyne, mais sur scène
http://www.youtube.com/watch?v=6Y7RKo5AFOA&feature=player_embedded
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaspard_Proust
Petit-fils, par son père, d'une rescapée de Ravensbrück et d'un enrôlé de force dans l'armée allemande, il nait et grandit en Slovénie avant de s'installer, à cause du travail de son père, en Algérie où il vit 12 ans. Il y fréquente l'école primaire française d'Hydra. En 1994, à la suite des attentats qui secouent Alger, il quitte le pays en direction d'Aix-en-Provence où il finit sa terminale C dans une institution catholique. Il est réformé après dix jours dans l'armée de terre. Il est ensuite diplômé de HEC Lausanne et devient gestionnaire de fortunes en 2000. Il dit réaliser s'ennuyer à la suite d'un bonus conséquent perçu, ne voyant pas de finalité intéressante à ce travail qui n'est motivé que par l'argent. Il démissionne et s'installe dans les Alpes à Chamonix pour se faire plaisir et s'adonner à l'alpinisme. Il se met ensuite à l'écriture de textes humoristiques. Il débute sur scène en Suisse puis à Paris. Il adopte alors son nom de scène Proust qui déforme à peine son nom de naissance : « Je voulais être sûr qu'on le prononce bien ». En 2010, il remporte le Prix Raymond-Devos du Festival de Morges-sous-Rire pour son spectacle Enfin sur scène ?. Depuis 2010, il participe de temps en temps à l'émission de Laurent Ruquier, On va s'gêner sur Europe 1. Il tient une chronique hebdomadaire sur LePoint.fr : « L'espace délation de Gaspard Proust ». En septembre 2012, il remplace Stéphane Guillon dans l'émission Salut les Terriens !, le talk-show de Thierry Ardisson.
Le style de Proust est un humour cynique, noir et mordant. Le ton de sa voix souvent monocorde le fait comparer à Pierre Desproges.
Ancien banquier & HEC Lausanne
http://www.youtube.com/watch?v=QjTi3LfPig8&feature=player_embedded
A lire également :
http://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2011/09/20/03013-20110920ARTFIG00498-le-petit-proust-illustre.php
Opéra. Une institution qui a été inventée pour permettre aux analphabètes ne sachant pas lire un livret de tout de même pouvoir suivre l'intrigue d'une œuvre. Détestant toutes les formes de théâtralité - dont la seule utilité est de permettre à une actrice de donner une forme socialement acceptable à son hystérie et à un comédien l'illusion qu'il comprend le texte qu'il est en train de dire -, vous ne m'y croiserez pas.
Philosophie. Généralement vue comme un moyen de rendre la vie « plus intense » ou « d'apprendre à mourir ». Pour le dernier point, c'est une évidence. Dans les services de soins palliatifs, les gens réclament plus volontiers le Tractatus logico-philosophicus, de Wittgenstein, qu'un rab de morphine. En ce qui concerne la possibilité « d'une vie plus intense », je dois avouer qu'essayer de vivre avec 700 euros par mois à Paris constitue une alternative intéressante pour éprouver de l'intense vertige vital.
Comique. Une personne qui pense que pour exister, il suffit de décrocher un rire chez l'autre. Donc des gens éminemment respectables puisque fondateurs d'une nouvelle école existentialiste : le « tu ris, donc je suis ». La seule chose qu'on peut leur reprocher, c'est la conscience de ce calcul, l'intérêt égoïste sous-entendu par le don de la blague. C'est pourquoi je ne ris jamais à mes propres blagues. Par chance, le fait de les voir arriver à des kilomètres m'aide beaucoup ; je suis rarement surpris. Et c'est aussi sans doute pour cela que je ris principalement à la bêtise du monde, parce qu'elle s'offre sans calcul préalable. On oublie trop souvent la vraie générosité des imbéciles.
Gauche. La gauche avant une élection me fait penser à une fille de joie avant une passe : ça promet toutes les outrances et ça finit en missionnaire.
Droite. La droite avant une élection me fait penser à une vierge après le premier rapport : voyant la médiocrité de sa prestation, pour ne pas se faire oublier, elle sombre dans l'outrance.
Place de Clichy. S'asseoir à la terrasse du Wepler, se souvenir du début du Voyage au bout de la nuit et rire.
Wilhelm Furtwängler. Le chef d'orchestre dont la permanente familiarité avec le sublime présente sur ses enregistrements m'évite d'aller perdre mon temps aux concerts classiques.
Chaussures. Domestiquer un cul de veau pour en faire un soulier à 1 000 euros, c'est peut-être une des synthèses les plus abouties entre la préhistoire et la civilisation moderne. Habiller un pied, c'est le début de l'histoire, c'est ce moment particulier où l'homme met une distance physique nécessaire entre son corps et la terre, séparant accessoirement par cet acte fondateur le cèpe de la mycose.
Les cabarets. Le temple du féminisme. Un lieu merveilleux où les femmes peuvent librement lever leurs cuisses pour balancer aux visages des premiers rangs les effluves de leur toboggan à mioches. Il n'y a rien de plus sensuel qu'une danseuse, excepté peut-être la palpation d'un ris de veau frais. Et la sensualité, c'est précieux. Parce que c'est pas un truc imitable. La sensualité, c'est pas un truc d'actrice.
La tour Saint-Jacques. Paris est si chargé d'histoire que chaque bout de pavé semble vouloir vous raconter ses petites turpitudes historiques. Je n'ai rien contre ce débordement de paroles muettes frustrées mais je déteste ce qui veut, sans me connaître, venir s'épancher sur mon épaule. Il y a des touristes pour ça. C'est pourquoi j'aime les monuments pudiques et discrets comme la tour Saint-Jacques. De loin, visible ; de près, elle se déroberait presque. De la verdure et un jardin d'enfants - qui est à l'amour ce qu'un fossé d'enceinte est aux châteaux forts - en dissimulent sa base. Ce mirage urbain est pourtant vissé au centre de la ville… Il suffit de lever un peu la tête pour apercevoir à son sommet une silhouette solitaire se détachant sur ce gouffre bleu que mes élans poétiques ne veulent pas appeler ciel. Cette figure impassible, ignorant superbement la ruche bruyante plus bas, laissant aux gargouilles le soin de répondre aux regards des passants, semble perdue dans un rêve dont l'objet n'est pas Paris. C'est le paradoxe des choses centrales ; vues de loin, elles sont un lieu d'arrivée, de près, elles invitent au départ. Accessoirement, cette tour est si indifférente à l'idée de se faire visiter que, contrairement à Notre-Dame, elle a fait l'impasse sur son hangar à fidèles, qu'elle possédait autrefois. C'était alors une église, ne l'oublions pas. Et c'est peut-être là sa modernité. Elle est, par l'absence d'un lieu d'accueil, l'église d'un siècle sans fidèles. Donc sans Dieu.
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dimanche, 16 mars 2014
Stabat Mater
1979, La Scala, Milano
http://www.youtube.com/watch?v=moa58YWUAzk
Cliquez sur les images pour agrandir
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Stabat_Mater#Le_texte_origin...
Une femme, un homme
http://www.youtube.com/watch?v=nEntTwMhl4A
Deux femmes
http://www.youtube.com/watch?v=9mrVZHPikqM
http://www.youtube.com/watch?v=Tt7uK4vJ9Dg
Version lente
http://www.youtube.com/watch?v=tpubRQCzXng
Chorale
http://www.youtube.com/watch?v=AogRuKseGAA
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