mardi, 26 mars 2013
L'aurore s'allume I - Victor Hugo, Turner
Heidelberg, William Turner
L'aurore s'allume ;
L'ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.
Tout chante et murmure,
Tout parle à la fois,
Fumée et verdure,
Les nids et les toits ;
Le vent parle aux chênes,
L'eau parle aux fontaines ;
Toutes les haleines
Deviennent des voix !
Tout reprend son âme,
L'enfant son hochet,
Le foyer sa flamme,
Le luth son archet ;
Folie ou démence,
Dans le monde immense,
Chacun recommence
Ce qu'il ébauchait.
Qu'on pense ou qu'on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L'esquif cherche un môle,
L'abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !
> A consulter également : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor...
Victor Hugo (1802-1885)
07:16 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, william turner
samedi, 23 mars 2013
Proust chez Maxim's
Remerciements à Cyril Grunspan
pour cette invitation bien choisie.
¤ ¤ ¤
"Le grand monde de Marcel Proust"
Exposition temporaire au musée Maxim's.
> http://www.aiguille-en-fete.com/Le-grand-monde-de-Marcel-...
> http://www.offi.fr/expositions-musees/maxims-3833/le-gran...
> http://www.maxims-musee-artnouveau.com/caricature.php
Pendant trois semaines encor, venez assister au récit enjoué de monsieur le Conservateur du musée, qui vous montrera les portraits, les objets et l'ambiance qui ont inspiré Marcel Proust dans la conception des personnages de La Recherche. A commencer par trois femmes, pas moins, pour la duchesse de Guermantes, dont en voici deux, photographiées par Nadar. Le tout généreusement agrémenté de savoureuses anecdotes.
La comtesse de Greffhule Madame Standish
Et pour le baron de Charlus, toujours photographié par Nadar.
Robert de Montesquiou
La décoration, en particulier pour les luminaires, rend hommage aux femmes.
Toujours pour les dames, un set de beauté, reçu en cadeau...
... et des robes, confectionnées de nos jours mais dans des tissus d'époques.
Pour ce qui est plus généralement des lieux...
¤ ¤ ¤
Pierre-André Hélène, Conservateur du Musée Maxim's
07:05 Publié dans Architecture, Beaux-Arts, Ecrits, Littérature, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : recherche, proust, temps perdu, guermantes, charlus, marcel
vendredi, 22 mars 2013
Chanson - L'âme en fleur - Victor Hugo, Degas
La danseuse étoile, Edgar Degas
Si vous n'avez rien à me dire,
Pourquoi venir auprès de moi ?
Pourquoi me faire ce sourire
Qui tournerait la tête au roi ?
Si vous n'avez rien à me dire,
Pourquoi venir auprès de moi ?
Si vous n'avez rien à m'apprendre,
Pourquoi me pressez-vous la main ?
Sur le rêve angélique et tendre,
Auquel vous songez en chemin,
Si vous n'avez rien à m'apprendre,
Pourquoi me pressez-vous la main ?
Si vous voulez que je m'en aille,
Pourquoi passez-vous par ici ?
Lorsque je vous vois, je tressaille :
C'est ma joie et c'est mon souci.
Si vous voulez que je m'en aille,
Pourquoi passez-vous par ici ?
> A consulter également : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor...
Victor Hugo (1802-1885)
07:08 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 21 mars 2013
Vieille chanson du jeune temps - Victor Hugo, Gustave Caillebotte
Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: " Après ? "
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
> A consulter également : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor...
Victor Hugo (1802-1885)
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, caillebotte
mercredi, 20 mars 2013
Poëmes de Victor Hugo - Benoit Marchon
Préface, Benoit Marchon
La poésie de Victor Hugo est un océan de mots.
Elle a le mouvement régulier des marées. Elle chante, danse et s'amuse à nos oreilles, comme le clapotis d'une mer apaisante. C'est une houle légère qui nous berce, ou une vague énorme qui nous soulève. Parfois, c'est un vent de tempête, qui hurle et rugit. Ce sont des flots en colère qui se déchaînent.
La poésie de Victor Hugo rafraîchit l'esprit comme de l'eau froide sur le visage, ou nous réchauffe le coeur comme une douce baignade d'été. Elle a des couleurs et des lumières changeantes au fil des heures et des saisons. Elle est à l'image de la vie, avec ses grandes plages tranquilles et ses hautes falaises dangereuses.
Se procurer l'ouvrage :
Poèmes de Victor Hugo
Préface de Benoit Marchon, illustrations de François Avril
2012
Bayard Jeunesse
63 pages
http://www.amazon.fr/Po%C3%A8mes-Victor-Hugo-Fran%C3%A7oi...
07:05 Publié dans Ecrits, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
Elle était déchaussée - Victor Hugo, Degas
Femme s'essuyant le cou, Degas
Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?
Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !
Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
> A consulter également : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor...
Victor Hugo (1802-1885)
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, degas
lundi, 18 mars 2013
Considérations sur l'argent - Sacha Guitry, Van Reymerswaele
Le banquier et sa femme, Marinus Van Reymerswaele
Extrait de Mémoires d'un tricheur, Sacha Guitry, 1935
[...]
C'est à Caen qu'il m'a été donné de voir pour la première fois ce qu'on appelle "des gens riches". Très bonne impression, immédiate. Mieux que bonne d'ailleurs, avouons-le : déterminante.
En être un jour, de ces gens-là !
Ca a tout de suite été mon rêve.
Il s'est réalisé plus tard.
Venus de Londres ou de Paris, se rendant à Dinard, allant à Saint-Malo, deux par deux, trois par trois, quelque fois plus nombreux, je les voyais, heureux de vivre et vivant bien. Toujours en quête d'un plaisir ou d'une joie, capables de faire un détour de trente kilomètres pour manger une ratatouille notoire ou bien une omelette fameuse, ils ont une indépendance d'allure, une aisance - et cette autorité joviale que donne l'appétit, et qui ranime à leur approche les volontés déficientes et les courages anémiés.
Je sais bien qu'on dit d'eux qu'ils éclaboussent le pauvre monde de leur luxe - mais je ne suis pas de cet avis, et je voudrais m'expliquer sur ce point.
Il est des gens qu'on nomme "riches" - à l'aveuglette - cette affirmation n'étant d'ordinaire fondée que sur les apparences. Et le mot "riche", dans ce cas, ne fait allusion qu'à l'argent qu'ils dépensent - et dont autrui profite, en somme.
Il en est d'autres dont on dit qu'ils sont riches. Ce qui revient alors à dire que ce sont bien eux qui sont riches et que tout l'argent qu'ils possèdent n'est que pour eux, que pour eux seuls, à tout jamais - tandis que l'argent des premiers est de passage entre leurs doigts.
La différence essentielle entre ceux-ci et ceux qui, comme les Morlot, par exemple, se sont mis de côté, prudemment, sous par sou, de quoi vivre plus tard; de quoi pouvoir manger pendant toute leur vie. Je ne blâme pas leur prévoyance, mais je constate simplement qu'en vue d'une période dont la durée est incertaine, aléatoire, ils se seront privés de tout pendant trente ans !
Ils ne se seront pas privés de tout, d'ailleurs, non, je me trompe et je les flatte, puisqu'ils ne se sont jamais privés de leur argent. Et si leur cœur est partagé, la vanité, seule, et l'envie se le partagent. Ils n'auront dépensé quelque argent superflu que pour les satisfaire.
Et dire qu'ils se croient riches !
La richesse, ce n'est pas ça.
Etre riche, encore une fois, ce n'est pas avoir de l'argent - c'est en dépenser.
L'argent n'a de valeur que quand il sort de votre poche. Il n'en a pas quand il y rentre. A quoi peut-îl servir quand vous l'avez sur vous ! Pour qu'une pièce de cinq francs vaille cent sous, il faut la dépenser, sinon sa valeur est fictive.
L'argent-métal, c'est magnifique. Une soupière d'argent, ça vaut de l'or ! Mais qu'est-ce que vaut une pièce d'or ? Un peu d'argent. Quand un homme riche apprend que telle affaire qu'il vient de conclure lui rapportera deux cent mille francs, il n'en est digne, à mon avis, que si cette somme prend instantanément pour lui, selon ses goûts, la forme d'un bijou pour la femme qu'il aime, d'un tableau qu'il désire ou d'une automobile.
Et je dois dire en outre que s'il n'y avait pas des gens trop riches, il y aurait, à mon sens, bien plus de pauvres sur la terre.
Et, si j'étais le gouvernement, comme dit ma concierge, c'est sur les signes extérieurs de feinte pauvreté, que je taxerais impitoyablement les personnes qui ne dépensent pas leurs revenus.
Je sais des gens qui possèdent sept ou huit cent mille livres de rentes et qui n'en dépensent pas le quart. Je les considère d'abord comme des imbéciles et un peu comme des malhonnêtes gens aussi. Le chèque sans provision est une opération bancaire prévue au Code d'Instruction criminelle, et c'est justice qu'il soit sévèrement puni. Je serais volontiers partisan d'une identique sévérité à l'égard des provisions sans chèques. L'homme qui thésaurise brise la cadence de la vie en interrompant la circulation monétaire. Il n'en a pas le droit.
[...]
En vérité, je les griffonne [ces lignes], et sans effort, et sans façon, à la terrasse ensoleillée d'un modeste bistrot qui fait le coin de la rue des Vignes et de la rue Boulainvilliers - et qui se trouve exactement en face d'un ravissant petit hôtel particulier que j'avais fait construire en 1923, et qu'un huit de carreau m'a fait perdre en 29.
[...]
Se procurer l'ouvrage :
Mémoires d'un tricheur
Sacha Guitry
1935
Ed. Gallimard, folio
157 pages
http://www.amazon.fr/M%C3%A9moires-dun-tricheur-Sacha-Guitry/dp/2070364348
07:13 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Littérature, Peinture, Réflexions, philosophie, Thèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sacha, guitry, mémoires, tricheur, argent, van, reymerswaele, marinus, banquier, femme