jeudi, 28 mars 2013
L'aurore s'allume III - Victor Hugo, Turner
Le Grand Canal de Venise, William Turner
Ô Terre ! ô merveilles
Dont l'éclat joyeux
Emplit nos oreilles,
Eblouit nos yeux !
Bords où meurt la vague,
Bois qu'un souffle élague,
De l'horizon vague
Plis mystérieux !
Azur dont se voile
L'eau du gouffre amer,
Quand, laissant ma voile
Fuir au gré de l'air,
Penché sur la lame,
J'écoute avec l'âme
Cet épithalame
Que chante la mer !
Azur non moins tendre
Du ciel qui sourit
Quand, tâchant d'entendre
Je cherche, ô nature,
Ce que dit l'esprit,
La parole obscure
Que le vent murmure,
Que l'étoile écrit !
Création pure !
Etre universel !
Océan, ceinture
De tout sous le ciel !
Astres que fait naître
Le souffle du maître,
Fleurs où Dieu peut-être
Cueille quelque miel !
Ô champs ! ô feuillages !
Monde fraternel !
Clocher des villages
Humble et solennel !
Mont qui portes l'aire !
Aube fraîche et claire,
Sourire éphémère
De l'astre éternel !
N'êtes-vous qu'un livre,
Sans fin ni milieu,
Où chacun pour vivre
Cherche à lire un peu !
Phrase si profonde
Qu'en vain on la sonde !
L'oeil y voit un monde,
L'âme y trouve un Dieu !
Beau livre qu'achèvent
Les coeurs ingénus ;
Où les penseurs rêvent
Des sens inconnus ;
Où ceux que Dieu charge
D'un front vaste et large
Ecrivent en marge :
Nous sommes venus !
Saint livre où la voile
Qui flotte en tous lieux,
Saint livre où l'étoile
Qui rayonne aux yeux,
Ne trace, ô mystère !
Qu'un nom solitaire,
Qu'un nom sur la terre,
Qu'un nom dans les cieux !
Livre salutaire
Où le cour s'emplit !
Où tout sage austère
Travaille et pâlit !
Dont le sens rebelle
Parfois se révèle !
Pythagore épèle
Et Moïse lit !
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Victor Hugo (1802-1885)
07:16 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, william turner
mercredi, 27 mars 2013
L'aurore s'allume II - Victor Hugo, Turner
Tempête en mer, William Turner
Vérité profonde !
Granit éprouvé
Qu'au fond de toute onde
Mon ancre a trouvé !
De ce monde sombre,
Où passent dans l'ombre
Des songes sans nombre,
Plafond et pavé !
Vérité, beau fleuve
Que rien ne tarit !
Source où tout s'abreuve,
Tige où tout fleurit !
Lampe que Dieu pose
Près de toute cause !
Clarté que la chose
Envoie à l'esprit !
Arbre à rude écorce,
Chêne au vaste front,
Que selon sa force
L'homme ploie ou rompt,
D'où l'ombre s'épanche ;
Où chacun se penche,
L'un sur une branche,
L'autre sur le tronc !
Mont d'où tout ruisselle !
Gouffre où tout s'en va !
Sublime étincelle
Que fait Jéhova !
Rayon qu'on blasphème !
Oeil calme et suprême
Qu'au front de Dieu même
L'homme un jour creva !
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Victor Hugo (1802-1885)
07:16 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, william turner
mardi, 26 mars 2013
L'aurore s'allume I - Victor Hugo, Turner
Heidelberg, William Turner
L'aurore s'allume ;
L'ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.
Tout chante et murmure,
Tout parle à la fois,
Fumée et verdure,
Les nids et les toits ;
Le vent parle aux chênes,
L'eau parle aux fontaines ;
Toutes les haleines
Deviennent des voix !
Tout reprend son âme,
L'enfant son hochet,
Le foyer sa flamme,
Le luth son archet ;
Folie ou démence,
Dans le monde immense,
Chacun recommence
Ce qu'il ébauchait.
Qu'on pense ou qu'on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L'esquif cherche un môle,
L'abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !
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Victor Hugo (1802-1885)
07:16 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, william turner
jeudi, 21 mars 2013
Vieille chanson du jeune temps - Victor Hugo, Gustave Caillebotte
Rue de Paris, temps de pluie, Gustave Caillebotte
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: " Après ? "
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
Moi, seize ans, et l'air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
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Victor Hugo (1802-1885)
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, caillebotte
mercredi, 20 mars 2013
Elle était déchaussée - Victor Hugo, Degas
Femme s'essuyant le cou, Degas
Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?
Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !
Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
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Victor Hugo (1802-1885)
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, degas
jeudi, 30 août 2012
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse 2 : au musée Rodin
Et dans les jardins du musée
Représentation de Victor Hugo
08:25 Publié dans Beaux-Arts, Sculpture, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musée, rodin, paris, victor hugo, hugo
jeudi, 09 août 2012
Pour homme
Messieurs,
La barbe !
Il suffit.
Cachez cette joue que je ne saurais voir.
Gentils utilisateurs du rasoir,
Du rasoir électrique,
Du rasoir jetable,
De la mousse à raser et du blaireau,
La barbe...
Cessez la récolte journalière de vos poils de face.
Changez donc d'outil,
Munissez-vous d'un bel engin,
Ou de ciseaux étincelants,
Et jetez vite par les fenêtres vos babioles d'un autre temps.
La corvée ne doit en aucun cas être journalière,
Et vous vous en trouverez certainement plus beaux.
MODE D'EMPLOI
Cliquer pour le visuel entier : tondeuse.jpg
Et si vous avez la chance d'avoir belle barbe,
Laissez-la donc pousser et généreusement, parbleu !
Vous n'aurez alors utilité
Que de ciseaux et d'eau douce.
Ne sont-ils pas magnifiques, ces illustres barbus ?
Karl Marx Victor Hugo
Brahms
Paul Verlaine Alfred de Musset
Jules Verne
Gustav Klimt
Auguste Renoir Guillaume Apollinaire
Si vous hésitez, laissez au moins la moustache, pardi !
Marcel Proust Georges Bernanos Léon Bloy
Paul Claudel Jules Barbey d'Aurevilly Albert Einstein
Et n'allez pas couper les cheveux en quatre
Pour me chercher de beaux imberbes,
Ce n'est pas le propos, quand bien même il s'agirait des mêmes messieurs
Vus un autre jour sous cet autre jour.
Enfin, pour plus récents...
Philippe Noiret Michel Serrault
Jean Rochefort Pierre Richard
Jacques Dutronc Jean Reno
Fabrice Luchini Rainer Werner Fassbinder
Jean-Hugues Anglade Maxence Caron
Clint Eastwood
Sean Connery Robert De Niro
Daniel Day-Lewis Al Pacino
Jeremy Irons
Benoit Poelvoorde
http://www.sudouest.fr/2011/01/12/poelvoorde-appelle-les-...
09:52 Publié dans Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : barbe, moustache, rasoir, tondeuse, ciseaux, karl marx, victor hugo, paul verlaine, alfred de musset, gustav klimt, guillaume apollinaire, paul claudel, jules barbey d'aurevilly, albert einstein, auguste renoir, philippe noiret, michel serrault, jean rochefort, pierre richard, jacques dutronc, jean reno, fabrice luchini, rainer werner fassbinder, jean-hugues anglade, maxence caron, clint eastwood, sean connery, robert de niro, daniel day-lewis, al pacino, jeremy irons, benoit poelvoorde, marcel proust, georges bernanos, léon bloy