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samedi, 23 mars 2013

Proust chez Maxim's

Remerciements à Cyril Grunspan
pour cette invitation bien choisie.

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"Le grand monde de Marcel Proust"

Exposition temporaire au musée Maxim's.

> http://www.aiguille-en-fete.com/Le-grand-monde-de-Marcel-...

> http://www.offi.fr/expositions-musees/maxims-3833/le-gran...

> http://www.maxims-musee-artnouveau.com/caricature.php

 

Pendant trois semaines encor, venez assister au récit enjoué de monsieur le Conservateur du musée, qui vous montrera les portraits, les objets et l'ambiance qui ont inspiré Marcel Proust dans la conception des personnages de La Recherche. A commencer par trois femmes, pas moins, pour la duchesse de Guermantes, dont en voici deux, photographiées par Nadar. Le tout généreusement agrémenté de savoureuses anecdotes.

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La comtesse de Greffhule                                        Madame Standish
  

 

Et pour le baron de Charlus, toujours photographié par Nadar. 

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Robert de Montesquiou

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La décoration, en particulier pour les luminaires, rend hommage aux femmes.

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 Toujours pour les dames, un set de beauté, reçu en cadeau...

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... et des robes, confectionnées de nos jours mais dans des tissus d'époques.

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Pour ce qui est plus généralement des lieux...

 

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Pierre-André Hélène, Conservateur du Musée Maxim's

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dimanche, 20 mai 2012

Un amour de Swann - Proust, Irons, Delon, Muti, Ardant

 

Ce qu'il y a de gentil avec vous, c'est que vous n'êtes pas gaie.

 Comment veux-tu que je t'aime si tu es une eau informe qui coule selon la pente
qu'on lui offre, un poisson sans mémoire ni volonté.

 

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Film : Un amour de Swann (1984, durée 1h50)

Réalisateur : Volker Schlöndorf

D'après Proust.

Charles Swann (Jeremy Irons), Odette de Crécy (Ornella Muti), le baron de Charlus (Alain Delon), la duchesse de Guermantes (Fanny Ardant), le duc de Guermantes (Jacques Boudet), madame Verdurin (Marie-Christine Barrault), monsieur Verdurin (Jean-Louis Richard), madame de Cambremier (Charlotte de Turckheim), Forcheville (Geoffroy Tory), Chloé (Anne Bennent).

 

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Voix off de Charles Swann :

L'air est chaud et frais, plein d'ombres et de songes. Mon amour pour Odette va bien au-delà des régions du désir physique. Il est si étroitement mêlé à mes actes, à mes pensées, à mon sommeil, à ma vie, que sans lui je n'existerais plus.

Cela ne vous gêne pas que je remette droites les orchydées de votre corsage ?

Comme ça, en les enfonçant un peu moi-même.

Et si je les respirais ? Je n'en ai jamais senties.

Chaque matin au réveil, je sens à la même place la même douleur. Je sacrifie mes travaux, mes plaisirs, mes amis, finalement toute ma vie, à l'attente quotidienne d'un rendez-vous avec Odette.

Cette maladie qu'est mon amour en est arrivée à un tel degré qu'on ne pourrait me l'arracher sans me détruire tout entier. Comme on dit en chirurgie, il n'est plus opérable.

Lorsqu'un soir au théâtre le baron de Charlus me présenta Odette, elle m'était apparue, non pas sans beauté, mais d'un genre de beauté qui me laissa indifférent, me causa même une sorte de répulsion physique.

 

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Charles Swann : Mémé, vous ne pourriez pas aller la voir et lui dire en passant que j'irai à Bagatelle cet après-midi disons à partir de cinq heures. Où allez-vous ?

Le baron de Chalus : Mais porter votre message.

Charles Swann : Surtout, surtout ne lui dites pas que je la demande. Enfin, si elle veut venir avec vous, ne l'empêchez pas de le faire. Dites-moi Mémé.

Le baron de Charlus : Oui ?

Charles Swann : Vous avez couché avec Odette ?

Le baron de Charlus : Pas que je sache.

 

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La duchesse de Guermantes : Comme c'est ennuyeux de ne plus vous voir. Avouez que la vie est une chose affreuse.

Charles Swann : Oh oui, affreuse.

La duchesse de Guermantes : Il y a des jours où l'on aimerait mieux mourir. Il est vrai que mourir, c'est peut-être tout aussi ennuyeux puisqu'on ne sait pas ce que c'est.

Charles Swann : Ce qu'il y a de gentil avec vous, c'est que vous n'êtes pas gaie.

 

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Charles Swann : Odette, mon chéri, je sais bien que je suis odieux, mais il faut que je te demande des choses. Tu te souviens de l'idée que j'avais eue à propos de toi et de madame Verdurin. Dis-moi si c'était vrai. Avec elle ou avec une autre.

Odette : Qui est-ce qui a pu te mettre une idée pareille dans la tête ? Je ne comprends rien. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Charles Swann : Est-ce que tu as déjà fait des choses avec des femmes ?

Odette : Avec des femmes, non.

Charles Swann : Tu en es sure ?

Odette : Tu le sais bien.

Charles Swann : Non, ne me dis pas tu le sais bien ! Dis-moi "je n'ai jamais fait ce genre de chose avec aucune femme". A mon âge on a besoin de connaître la vérité.

Odette : Je n'ai jamais fait ce genre de chose avec aucune femme.

Charles Swann : Tu peux me le jurer sur ta médaille de notre Dame de Laghet ?

Odette : Mais tu auras bientôt fini ! Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Tu as décidé qu'il fallait que je te déteste.

Charles Swann : Tu as tort de te figurer que je t'en voudrais. Je ne t'en voudrais pas du tout. J'en sais toujours beaucoup plus que je ne dis. Si je suis en colère contre toi, ce n'est pas à cause de ce que tu fais, je te pardonne tout, puisque je t'aime. C'est à cause de ta fausseté. Ta fausseté absurde ! Pourquoi nier des choses que je sais ! Si tu veux ce sera fini dans une seconde. Tu seras délivrée pour toujours. Alors dis-moi, sur ta médaille si, oui ou non, tu l'as fait !

Odette : Mais je n'en sais rien. Peut-être il y a très longtemps. Sans me rendre compte de ce que je faisais. Peut-être deux ou trois fois !

Charles Swann : C'est fini. C'est fini... Dis-moi, c'était avec quelqu'un que je connais ?

Odette : Mai non, bien sûr. Je te le jure. D'ailleurs, je crois que j'ai un peu exagéré. Je n'ai jamais été jusque là.

Charles Swann : Ca ne fait rien. Mais c'est malheureux que tu ne puisses pas au moins me dire le nom. Si je pouvais me représenter la personne, je suis sûr que je n'y penserais plus. Et je ne t'ennuierais plus. Ce qui est affreux, c'est ce qu'on ne peut pas imaginer. Tu as déjà été si gentille. Je ne veux pas te fatiguer. Je te remercie, de tout mon cœur, c'est fini, c'est fini... Un mot seulement : il y a combien de temps ?

Odette : Charles, tu ne vois pas que tu me tues. Tout ça c'est de l'histoire ancienne. Je n'y avais jamais repensé. On dirait que tu veux absolument me redonner ces idées-là. Tu seras bien avancé.

Charles Swann : Je voulais seulement savoir si c'est depuis que je te connais. Est-ce que ça se passait ici ? Mais dis-moi au moins un soir pour que je puisse me rappeler ce que je faisais ce soir-là ! Et ne me dis pas que tu ne te rappelais pas avec qui, parce que ça ça n'est pas possible !

Odette : Mais je ne sais pas moi ! Je crois que c'était au bois. Le soir où tu es venu nous retrouver dans l'île. Tu te rappelles ? Il y avait une femme à la table voisine. Je ne l'avais pas vue depuis très longtemps. Elle me dit : "Venez donc derrière le petit rocher voir l'effet du clair de lune sur l'eau." D'abord j'ai baillé, j'ai répondu : "Non, je suis fatiguée, je suis très bien ici." Elle a insisté : "Vous avez tort, vous n'avez jamais vu un clair de lune pareil." Je lui ai répondu : "Cette blague !" Je savais très bien où elle voulait en venir. Charles, tu es un misérable. Tu te plais à me torturer, n'est-ce pas ? Tu me fais dire des tas de mensonges et je les dis pour que tu me laisses tranquille.

Charles Swann : Jamais je n'aurais pensé que c'était aussi récent. Pardonne-moi. Je sens que je te fais de la peine. C'est fini, je n'y pense plus. Alors, ce catleya...

Odette : Pas maintenant, il faut que je m'habille.

 

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Charles Swann : Et si je te demandais de ne pas y aller ?

Odette : Et pourquoi ?

Charles Swann : Oh ça n'est pas à cause d'Une nuit de Cléopâtre, non, ça ne compte pas. Si je te demande de ne pas sortir ce soir, c'est pour voir si tu m'aimes assez pour renoncer à un plaisir. Je dois savoir qui tu es. Comment veux-tu que je t'aime si tu es une eau informe qui coule selon la pente qu'on lui offre, un poisson sans mémoire ni volonté.

Odette : Toi et tes laïus vous allez finir par me faire rater l'ouverture.

Charles Swann : Je te jure que je ne pense qu'à toi en te demandant cela. Je serais même bien embarrassé si tu restais avec moi car j'ai mille choses à faire ce soir.

Odette : Eh bien fais-les, ce n'est pas moi qui t'en empêcherais.

Charles Swann : Vraiment, tu es bien moins intelligente que je ne le croyais... D'ailleurs j'ai réfléchi, je viens avec toi. Ah oui, ça me fera du bien de voir et d'entendre jusqu'où les gens s'abaissent.

Odette : Mais tu n'es même pas en tenue de soirée. Tu veux seulement afficher notre liaison. Tu me traites comme une fille. Donne-moi ma cape.

 

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Charles Swann : Elle vous ressemble, vous ne trouvez pas ? La saillie des pommettes, la cadence de la nuque, la flexion des paupières. L'air mélancolique.

Odette : Qui est-ce ?

Charles Swann : Zephora, la fille de Jéthro, par Boticelli. Il l'a peinte à la Détrempe au XVème siècle sur des murailles de la Chapelle Sixtine.

Odette : Mais je ne suis pas une pièce de musée, moi.

 

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Odette à Charles Swann : Vous êtes un être si à part. J'aimerais connaître ce que vous aimez. Deviner un peu ce qu'il y a sous ce grand front qui travaille tant.

 

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Charles Swann : J'imagine que vous devez être très prise.

Odette : Moi ? Je n'ai jamais rien à faire. Je suis toujours libre. Et je le serai toujours pour vous. A toute heure du jour ou de la nuit, appelez-moi et je serais trop heureuse d'accourir. Vous le ferez, vous m'appellerez souvent ?

Charles Swann : Je vous demande pardon, mais les amitiés nouvelles m'effrayent un peu.

Odette : Vous avez peur d'une affection ? Comme c'est étrange. Je ne cherche que ça. Je donnerais ma vie pour en trouver une.

 

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Charles Swann à Odette : Tu as mis du sérieux dans ma vie. Et de la délicatesse dans mon cœur. Grâce à toi je vois le monde entier baigné dans une lumière mystérieuse. Si tu savais la sécheresse de ma vie avant toi.

 

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Au dernier moment, Odette décide de rentrer en calèche avec les Verdurin et Forcheville, et non pas avec Charles Swann.

Le cocher : Qu'est-ce qui se passe monsieur, il vous est arrivé un malheur ?

Charles Swann : Non, Rémi. Je vais marcher un peu, suivez-moi.

Charles Swann à lui-même : Vulgaire ! Pauvre petite ! Aaaah ! Surtout tellement bête !! Cette maquerelle ! L'entremetteuse ! La mère Verdurin. Ah c'est vraiment le plus bas dans l'échelle humaine. Ca croit aimer l'art. Quelle idiote. Cette plaisanterie fétide. Moi qui ai voulu tirer Odette de là. Ah c'est vraiment les bas-fonds de la société, le dernier cercle de Dante ! Ah et moi, pourquoi je me soumets à cette humiliation ? Au début je la trouvais laide ! Il a fallu que je décide de l'aimer ! Que je décide qu'elle me rappelait un Botticelli. Et maintenant je décide de ne plus l'aimer, je ne peux pas ! Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas. Ce soir, ce soir, j'ai compris, que son amour pour moi, que j'ai d'abord refusé, que ce sentiment qu'elle a eu, pour moi, ne renaîtra plus jamais. Et sans elle je n'existerais plus. Je sens que c'est une maladie, dont je peux mourir. En même temps j'ai peur de guérir ! Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux qu'Odette meurt, sans souffrance, dans un accident. Ce serait fini.

 

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Le jeune homme : Je croyais que vous vouliez vraiment regarder ce clair de lune avec moi.

Le baron de Charlus : Monsieur ! La plus grande des sottises est de trouver ridicules les sentiments que l'on n'éprouve pas ! J'aime la nuit et vous la redoutez. Adieu ! Ma sympathie pour vous est bien morte. Rien ne peut la résusciter.

Le jeune homme : Monsieur, je vous jure que je n'ai rien dit pour vous offenser.

Le baron de Charlus : Et qui vous dit que je suis offensé ! Vous ne savez donc pas quel prodigieux personnage je suis ! [...] Adieu monsieur, nous allons nous quitter pour toujours. Il n'est pas indigne de moi de confesser que je le regrette. Je me sens comme le booz de Victor Hugo. Je suis seul, je suis veuf, et sur moi le soir tombe.

 

Le baron se repoudre le nez. 

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Charles Swann :  Il  est grand temps que je me mette à travailler, s'il n'est pas trop tard déjà. Quand je me suis réveillé ce matin, j'étais tout à coup délivré d'Odette. Maintenant, même son image s'éloigne de moi, son teint pâle, ses pommettes saillantes. Elle m'a peut-être aimé plus que je n'ai cru.

Le baron de Charlus : Elle vous a aussi trompé davantage.

Charles Swann : Elle va partir pour l'Egypte avec Forcheville et les Verdurin.

Le baron de Charlus : C'est vous qui payez le voyage ?

Charles Swann : Oui. Dire que j'ai gâché des années de ma vie. Puis j'ai voulu mourir. J'ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre.

Le baron de Charlus : Quand l'épouserez-vous ?

 

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La duchesse de Guermantes : Ah Charles, comme c'est bien de venir saluer sa vieille amie. D'ailleurs en vous Charles, tout est comme il faut, ce que vous portez, ce que vous dites, ce que vous lisez et ce que vous faites.

 

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