vendredi, 12 avril 2013
Messe en si - V - Bach
Donnez à vos oreilles d'entendre et d'écouter
"la grâce de l'Amour s'écoulant du Coeur de Dieu",
*
la grâce
de l'Amour
s'écoulant
du Coeur de Dieu
*
en particulier à partir de la deuxième moitié de la huitième minute = 8'33''
jusques à la fin de cet extrait.
Notre Dame de Paris
Crédits photographiques Hermann Schurig
http://www.youtube.com/watch?v=XquwyMNjysI&feature=pl...
Extrait de La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach, Maxence Caron, 2010, Via Romana :
[...] La Croix. Cette numération à 4/4 montre Dieu qui, en la Personne du Fils, et dans la mission divine de la Deuxième Personne trinitaire, se fait disponibilité pour l'humanité entière : le Christ est déposé sur la Croix, il y est disposé bras ouverts pour le pardon des péchés et l'accueil de l'univers humain au sein du Coeur de Dieu ; le Fils de l'homme est élevé en Croix, dit l'Evangile, pour que toutes les nations viennent à lui, des quatre coins d'un monde ressentant la grâce de l'Amour s'écoulant du Coeur de Dieu ; c'est la vertu universellement rédemptrice des quatre points de la Croix. Le Christ est le nouvel Adam, et les quatre lettres qui composent le nom d'"Adam" sont les quatre premières lettres c'est-à-dire les initiales des quatre mots grecs désignant les quatre points cardinaux : Adam représentait l'humanité entière répandue dans le monde, le nouvel Adam est étendu sur le bois d'une Croix d'où de son Sang Sacré il inonde le monde afin de le faire renaître à l'Eternité dont il doit vivre. [...]
Se procurer l'ouvrage :
La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach
Maxence Caron
2010
Via Romana
273 pages
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mardi, 09 avril 2013
Messe en si - II - Bach
"L'homme ne peut de lui-même s'élever à Dieu,
c'est Dieu qui vient donner à l'homme la possibilité de Le penser.
L'idée de Dieu est une idée divine en l'homme."
Notre Dame de Paris
Crédits photographiques Hermann Schurig
Le Kyrie (suite),
le Gloria
http://www.youtube.com/watch?v=yzmBk_JjGmk
Extrait de La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach, Maxence Caron, 2010, Via Romana :
[...]
C'est ainsi que, dès les premières notes de l'oeuvre, dès le Kyrie, la communication de l'humanité et de la divinité se manifeste [...] sous la forme d'un appel à la Miséricorde au sein duquel sont incluses la connaissance par l'homme de sa misère et la science innée, pour que cette connaissance soit possible, de l'incomparable et infinie grandeur de Dieu qui la lui révèle. A cette double connaissance involvée s'ajoute la conscience qu'une infinité qui se donne ainsi à connaître le fait évidemment par sa propre initiative et agit par médiation, tendant un pont amoureux entre l'humanité et elle.
L'homme ne peut de lui-même s'élever à Dieu, c'est Dieu qui vient donner à l'homme la possibilité de Le penser. L'idée de Dieu est une idée divine en l'homme.
Affirmer que l'idée de Dieu est le phantasme d'un homme qui, ressentant sa propre imperfection, fabrique un être parfait dont il inventerait pouvoir se rapprocher un jour et ultimement sous l'impulsion divine, affirmer que l'idée de Dieu est le résultat de ce phantasme c'est oublier que l'idée d'imperfection que l'homme obtient immédiatement de soi-même n'est phénoménologiquement possible que si l'idée de perfection la précède de toute éternité - idée de perfection qui précède toutes nos pensées et que nous ne choisissons pas, idée de perfection à l'aune de laquelle nous mesurons tous nos jugements de bonheur et en fonction de l'image (déformée ou droite) de laquelle nous choisissons les actes dont les coutures parsèment la tunique de notre existence.
L'idée de Dieu nous vient de Dieu même, et l'acte par lequel Dieu franchit sa propre perfection, sa propre béatitude, pour venir à la rencontre de l'humanité, atteste l'amour du Seigneur pour sa créature. Lorsque retentit l'appel "Kyrie eleison !, Seigneur, aie pitié", se trouve déjà impliquée l'oeuvre de la médiation divine qui donne à l'homme de prononcer cette prière en sachant qu'il s'adresse à un Seigneur de Miséricorde, à un Dieu d'Amour.
[...]
Se procurer l'ouvrage :
La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach
Maxence Caron
2010
Via Romana
273 pages
07:00 Publié dans Architecture, Beaux-Arts, Ecrits, Foi, Littérature, Musique, Photographie | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 29 mars 2013
Un choc esthétique, des chocs esthétiques : la Vie
De chocs en plaisirs esthétiques,
vogue Le Galion Fichtre ©.
Ou la raison sociale de ma petite entreprise bénévole que vous honorez de votre présente visite :
*L*A*
*C*O*N*T*E*M*P*L*A*T*I*O*N*
*Q*U*O*T*I*D*I*E*N*N*E*
* * * Un choc esthétique * * *
La chute des anges rebelles, Rubens
Premières lignes de Microcéphalopolis, Maxence Caron, Via Romana, 2009 :
Nous sommes l'homme de la grande patience. Nous sommes l'homme de la dernière attente. Assistés par le Souffle, soutenus par le saint Afflux pneumatique, l'Esprit envoyé Dieu par le Dieu qui se fait agonie afin qu'une humanité seule éprise de se dissocier de la mort achemine sa misère en l'unique et miséricordieux giron qui l'exhaussera, portés par l'haleine de Trinité, nous respirons. Archiques et migraineuses, bouillantes de lumière contenue, nos têtes dardent les orages inchoatifs.
Se procurer l'ouvrage :
Microcéphalopolis
Maxence Caron
janvier 2009
Via Romana
121 pages
http://www.amazon.fr/Microc%C3%A9phalopolis-Maxence-Caron...
> Accédez au site officiel : www.maxencecaron.fr
* * * Des chocs esthétiques * * *
L'imprimerie, gravure d'après Jan van der Straet
> Accédez au site officiel : http://amicusveritatis.over-blog.com
* * * Et La Musique * * *
Pour une initiation :
Wagner, Tannhäuser "O Du mein holder Abendstern"
(O douce étoile feu du soir)
> A écouter à l'infini : 06_Piste_6 - LIED.mp3
> En scène : http://www.youtube.com/watch?v=P8VSMOsqdbE
> Version piano et partition : http://www.youtube.com/watch?v=x8DAP6TghDI
Femme à sa toilette, Degas
Pour préparer vos oreilles en profondeur et de manière irréversible à La Musique :
Bach, Messe en si
> Cliquez sur "Visionner sur YouTube" ou http://www.youtube.com/watch?v=r6ZErrGKb9c
Pour Elle :
Vivaldi, L'Estro Armonico
> A écouter à l'infini : 01_Piste_1 - VIVALDI.mp3
> Et : http://www.youtube.com/watch?v=BaXLvnpoYxY
> Avec partition : http://www.youtube.com/watch?v=1ai_ORCRCNk
> Et avec des musiciens devant nos yeux : http://www.youtube.com/watch?v=i2y6EFBZi0o
Violon d'Ingres, Man Ray
Par Lui :
Beethoven, Sonate Tempête
^
http://www.youtube.com/watch?v=LfjD-DQ5REk
http://www.youtube.com/watch?v=0Ak_7tTxZrk
Beethoven, Sonate Appassionata
09:49 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Gravure, Littérature, Musique, Partitions, Peinture, Photographie, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxence caron, microcéphalopolis, via romana, choc esthétique
samedi, 23 mars 2013
Proust chez Maxim's
Remerciements à Cyril Grunspan
pour cette invitation bien choisie.
¤ ¤ ¤
"Le grand monde de Marcel Proust"
Exposition temporaire au musée Maxim's.
> http://www.aiguille-en-fete.com/Le-grand-monde-de-Marcel-...
> http://www.offi.fr/expositions-musees/maxims-3833/le-gran...
> http://www.maxims-musee-artnouveau.com/caricature.php
Pendant trois semaines encor, venez assister au récit enjoué de monsieur le Conservateur du musée, qui vous montrera les portraits, les objets et l'ambiance qui ont inspiré Marcel Proust dans la conception des personnages de La Recherche. A commencer par trois femmes, pas moins, pour la duchesse de Guermantes, dont en voici deux, photographiées par Nadar. Le tout généreusement agrémenté de savoureuses anecdotes.
La comtesse de Greffhule Madame Standish
Et pour le baron de Charlus, toujours photographié par Nadar.
Robert de Montesquiou
La décoration, en particulier pour les luminaires, rend hommage aux femmes.
Toujours pour les dames, un set de beauté, reçu en cadeau...
... et des robes, confectionnées de nos jours mais dans des tissus d'époques.
Pour ce qui est plus généralement des lieux...
¤ ¤ ¤
Pierre-André Hélène, Conservateur du Musée Maxim's
07:05 Publié dans Architecture, Beaux-Arts, Ecrits, Littérature, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : recherche, proust, temps perdu, guermantes, charlus, marcel
lundi, 18 mars 2013
Considérations sur l'argent - Sacha Guitry, Van Reymerswaele
Le banquier et sa femme, Marinus Van Reymerswaele
Extrait de Mémoires d'un tricheur, Sacha Guitry, 1935
[...]
C'est à Caen qu'il m'a été donné de voir pour la première fois ce qu'on appelle "des gens riches". Très bonne impression, immédiate. Mieux que bonne d'ailleurs, avouons-le : déterminante.
En être un jour, de ces gens-là !
Ca a tout de suite été mon rêve.
Il s'est réalisé plus tard.
Venus de Londres ou de Paris, se rendant à Dinard, allant à Saint-Malo, deux par deux, trois par trois, quelque fois plus nombreux, je les voyais, heureux de vivre et vivant bien. Toujours en quête d'un plaisir ou d'une joie, capables de faire un détour de trente kilomètres pour manger une ratatouille notoire ou bien une omelette fameuse, ils ont une indépendance d'allure, une aisance - et cette autorité joviale que donne l'appétit, et qui ranime à leur approche les volontés déficientes et les courages anémiés.
Je sais bien qu'on dit d'eux qu'ils éclaboussent le pauvre monde de leur luxe - mais je ne suis pas de cet avis, et je voudrais m'expliquer sur ce point.
Il est des gens qu'on nomme "riches" - à l'aveuglette - cette affirmation n'étant d'ordinaire fondée que sur les apparences. Et le mot "riche", dans ce cas, ne fait allusion qu'à l'argent qu'ils dépensent - et dont autrui profite, en somme.
Il en est d'autres dont on dit qu'ils sont riches. Ce qui revient alors à dire que ce sont bien eux qui sont riches et que tout l'argent qu'ils possèdent n'est que pour eux, que pour eux seuls, à tout jamais - tandis que l'argent des premiers est de passage entre leurs doigts.
La différence essentielle entre ceux-ci et ceux qui, comme les Morlot, par exemple, se sont mis de côté, prudemment, sous par sou, de quoi vivre plus tard; de quoi pouvoir manger pendant toute leur vie. Je ne blâme pas leur prévoyance, mais je constate simplement qu'en vue d'une période dont la durée est incertaine, aléatoire, ils se seront privés de tout pendant trente ans !
Ils ne se seront pas privés de tout, d'ailleurs, non, je me trompe et je les flatte, puisqu'ils ne se sont jamais privés de leur argent. Et si leur cœur est partagé, la vanité, seule, et l'envie se le partagent. Ils n'auront dépensé quelque argent superflu que pour les satisfaire.
Et dire qu'ils se croient riches !
La richesse, ce n'est pas ça.
Etre riche, encore une fois, ce n'est pas avoir de l'argent - c'est en dépenser.
L'argent n'a de valeur que quand il sort de votre poche. Il n'en a pas quand il y rentre. A quoi peut-îl servir quand vous l'avez sur vous ! Pour qu'une pièce de cinq francs vaille cent sous, il faut la dépenser, sinon sa valeur est fictive.
L'argent-métal, c'est magnifique. Une soupière d'argent, ça vaut de l'or ! Mais qu'est-ce que vaut une pièce d'or ? Un peu d'argent. Quand un homme riche apprend que telle affaire qu'il vient de conclure lui rapportera deux cent mille francs, il n'en est digne, à mon avis, que si cette somme prend instantanément pour lui, selon ses goûts, la forme d'un bijou pour la femme qu'il aime, d'un tableau qu'il désire ou d'une automobile.
Et je dois dire en outre que s'il n'y avait pas des gens trop riches, il y aurait, à mon sens, bien plus de pauvres sur la terre.
Et, si j'étais le gouvernement, comme dit ma concierge, c'est sur les signes extérieurs de feinte pauvreté, que je taxerais impitoyablement les personnes qui ne dépensent pas leurs revenus.
Je sais des gens qui possèdent sept ou huit cent mille livres de rentes et qui n'en dépensent pas le quart. Je les considère d'abord comme des imbéciles et un peu comme des malhonnêtes gens aussi. Le chèque sans provision est une opération bancaire prévue au Code d'Instruction criminelle, et c'est justice qu'il soit sévèrement puni. Je serais volontiers partisan d'une identique sévérité à l'égard des provisions sans chèques. L'homme qui thésaurise brise la cadence de la vie en interrompant la circulation monétaire. Il n'en a pas le droit.
[...]
En vérité, je les griffonne [ces lignes], et sans effort, et sans façon, à la terrasse ensoleillée d'un modeste bistrot qui fait le coin de la rue des Vignes et de la rue Boulainvilliers - et qui se trouve exactement en face d'un ravissant petit hôtel particulier que j'avais fait construire en 1923, et qu'un huit de carreau m'a fait perdre en 29.
[...]
Se procurer l'ouvrage :
Mémoires d'un tricheur
Sacha Guitry
1935
Ed. Gallimard, folio
157 pages
http://www.amazon.fr/M%C3%A9moires-dun-tricheur-Sacha-Guitry/dp/2070364348
07:13 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Littérature, Peinture, Réflexions, philosophie, Thèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sacha, guitry, mémoires, tricheur, argent, van, reymerswaele, marinus, banquier, femme
mercredi, 06 mars 2013
De l'utilité des études littéraires - Jacqueline de Romilly
Jacqueline de Romilly (1913-2010)
Extraits de Le Trésor des savoirs oubliés, Jacqueline de Romilly, de l'Académie française, 1998, Ed. de Fallois
Tous ces romans que nous avons lus, en avons-nous le souvenir ? Et même ces tragédies ? Et même ces poèmes ? Tout cela est passé, passé à travers nous. Mais d'avoir éprouvé, fût-ce d'une façon fugitive, de la pitié pour des êtres très différents, de la compréhension pour des situations inconnues, des espoirs et des désespoirs qui n'étaient pas les nôtres, comment une telle accumulation d'expériences mêmes rapides ne laisserait-elle pas ouverte en nous la voie pour de tels sentiments, l'habitude et la connaissance de leur possibilité ? La littérature ne passe jamais en nous sans laisser après elle une petite marque qui peut être légère et à peine perceptible, mais pourtant capable de durer. Cette marque appartient au domaine du sentiment ; et chaque connaissance se double d'élans affectifs qui, peu à peu, dessinent nos goûts et nos aspirations.
[...]
Et s'il y a vraiment dans les études littéraires que je viens rapidement d'évoquer, la possibilité d'un remède quelconque, non pas infaillible certes ni suffisant, mais capable au moins d'exercer une action, il serait urgent de leur rendre la place qui était la leur, et que, par une folle imprudence, on leur a progressivement retirée.
En attendant, et d'une façon plus générale, c'est un fait qu'aucune expérience n'est jamais tout à fait froide ni indifférente. Elle s'accompagne de plaisir ou d'hostilité, d'espoir ou de colère, de sympathie, d'admiration ; elle est vivante. Elle rejoint en nous des dispositions qui seront à chaque fois enrichies, stimulées, contrariées, corrigées, complétées, mais dont le premier germe aura été semé alors - cela quel que soit le sort réservé à ces connaissances d'autrefois, et quel que soit le degré d'oubli qui les aura recouvertes.
Cette vie souterraine des souvenirs n'est pas facile à décrire, elle est secrète et impalpable ; on est obligé d'avoir recours à des métaphores plus ou moins heureuses. Après avoir parlé de fiches et de roues dentées, je me suis mise à parler d'élans de sympathie, de connexions comme avec des courants électriques. J'ai conscience que tout cela est à la fois insuffisant et incohérence : je le regrette. Mais la tâche était difficile. Valait-il mieux parler, comme le fait ce grand connaisseur de la complexité des sentiments qu'était Gaston Bachelard, de "dynamisation psychologique" ou d' "irradiation" ? J'emprunte ces mots à des études sur l'expression poétique et les éléments du monde auxquels elle fait appel. Le propos est évidemment différent du nôtre, mais la complexité qu'il veut évoquer est du même ordre : il s'agit là aussi d'échos et de résonnances s'attachant à chaque impression, la prolongeant, lui donnant son sens ; et si Bachelard cherche surtout la source de l'inspiration poétique, il lui arrive de toucher à son effet sur le lecteur, les deux se rejoignant. Les études du philosophe sont toujours plus ou moins orientées vers l'imagination et le rêve ; mais par là, elles aussi cherchent à traquer ce qui se cache derrière l'apparente simplicité du réel. D'où la tentation de chercher en lui un appui.
En fait, on se propose seulement ici de déceler l'élan de sympathie ou d'hostilité qui accompagne tous les souvenirs quels qu'ils soient, oubliés ou non. Je crois que l'on peut à leur sujet employer selon les cas et à son gré un vocabulaire affectif et parler alors de désirs, ou bien un vocabulaire moral et parler alors de valeurs. Or, une des tâches essentielles de l'enseignement, et en particulier de l'enseignement littéraire, est de semer et de renforcer en chacun ces valeurs diverses, qui sont comme l'expérience commune accumulée par l'humanité au cours des âges : sans elles - nous le pressentons aujourd'hui - il n'est pas facile de vivre.
[...]
Bien entendu, tout enfant peut tirer de l'expérience concrète de sa vie des leçons d'ordre affectif et moral qui forment sa personnalité. Il n'est pas indispensable de passer pour cela ni par la classe ni par la littérature. Il reste - on l'a dit - que l'expérience accumulée dans la littérature ou l'histoire d'une civilisation offre un registre infiniment plus étendu et plus frappant que la plupart des vies. Il existe, certes, des enfants qui ont connue à travers des aventures heureuses ou malheureuses des découvertes, des changements, toute une initiation à l'existence ; d'ailleurs la littérature s'en est parfois fait l'écho. Mais ces cas sont des exceptions ; la plupart ne connaissent qu'une expérience médiocre et n'entendent que des conversations familiales sans envergure et parfois non dénuées d'acrimonie. La littérature prend donc le relais.
Et surtout elle présente cet avantage sans pareil d'offrir à l'enfant le choix. Devant les lacunes de la formation actuelle, certains ont regretté les cours de morale et de civisme qui existaient autrefois. Je n'ai rien contre leur rétablissement ; mais je ne suis pas très sûre de leur efficacité ; et, d'autre part, je crains que ces cours n'aient l'air de vouloir imposer aux jeunes esprits des valeurs que l'on soupçonnera d'être liées à certaines situations politiques ou sociales, et qu'en tout cas ils n'auront ni choisies ni senties de l'intérieur. Au contraire la littérature, ainsi que l'histoire ou la philosophie, constitue comme un immense catalogue, illustré et saisissant, de toutes les qualités, de toutes les conduites que les hommes ont pu admirer au cours des temps et de toutes les valeurs qui ont pu leur être chères. La littérature les offre aux enfants, les laisse réagir et c'est ainsi que certaines d'entre elles, peu à peu, les pénètrent. Ils s'y habituent ; mais d'abord ils les choisissent, comme on choisit ses amis ; et, après les avoir choisies, on leur est de plus en plus attaché et on les comprend de mieux en mieux.
La démonstration serait facile à faire pour certaines valeurs qui touchent immédiatement le cœur et l'imagination. Presque tous les enfants seront émus par le sort de victimes d'une injustice ; presque tous admireront au passage tel exemple de générosité ou seront touchés par une certaine promptitude à pardonner ; presque tous vibreront aux grands exemples de fidélité et de dévouement. Ils oublieront les faits, les noms ; mais chaque exemple aura ravivé au passage une disposition qui, sans cela, serait restée vaine et ne se serait pas développée. Mais on peut aller plus loin : même les vertus qui semblent désuètes et périmées, oui, même ces vertus-là peuvent, je crois, laisser à l'occasion leur marque et prendre racine dans l'esprit de ceux qui les rencontrent. On les voit délaissées ; on est prêt à en rire ; et pourtant elles allument au passage une petite étincelle ou bien ouvrent une voie, qui peu à peu s'élargira. Elles prennent seulement dans l'esprit des jeunes soit un autre tour, soit des traits un peu différents, mais, comme les autres valeurs, grâce à l'expérience accumulée par les siècles, elles survivent.
Je commencerai par la plus démodée, peut-être, et en tout cas la plus inaccessible à de jeunes enfants, à savoir la sagesse. Le mot semble appartenir à un autre âge. Il n'est pas de notre temps. Et il agace plutôt les enfants si souvent invités à se montrer "bien sages". Les voilà donc, de prime abord, prêts à rire et à tourner le dos.
Mais peu à peu ils vont découvrir que toutes les cultures en tous les temps ont eu ce respect constant pour ceux qu'ils appelaient les sages. Dans la culture biblique, voici la sagesse de Salomon. Chez les Grecs, voici Solon ou bien encore ceux que dans cette culture on appelait les sept sages ; ou bien voici, à Rome, les sages stoïciens, les sages épicuriens, et toutes ces images laissées dans Sénèque ou dans tant de textes des orateurs ou des philosophes : tous évoquent une sorte de sérénité fière à l'égard des péripéties de l'existence et une ferme résistance à toutes les pressions venues du dehors. Puis vient le domaine du français et l'on rencontre le mot appliqué à tel homme qui a beaucoup lu, beaucoup réfléchi et en est venu à maîtriser ses passions et ses sentiments : voici Montaigne. Suivront les philosophes, les portraits tracés par les moralistes, jusqu'aux images des romans, comme ce vieillard souriant du village qui semble avoir tout connu et pouvoir donner sur tous les sujets d'excellents conseils. Et de celui que rien n'atteint ni n'abaisse, les textes disent : "C'est un sage." Voilà une vertu aux formes bien diverses mais une chose est sûre : partout on rencontre le mot avec une connotation favorable ; partout on sent qu'il attire l'estime et le respect ; et peu à peu cette connotation favorable s'impose comme une habitude et ouvre dans l'esprit des jeunes une indulgence nouvelle. ils auront oublié tous ces exemples, ou presque : ils garderont une image floue, un peu conventionnelle, d'une sorte de sérénité dans les épreuves. Ils garderont aussi l'idée que cette sérénité est louable. Ils garderont l'impression qu'il est sans doute puéril de manifester aussitôt et sans mesure sa déception ou sa colère, et que l'on peut faire mieux.
[...]
Mais ici se pose une question assez grave. Car j'ai pris soin - parfois en me donnant du mal - de joindre aux exemples anciens quelques exemples de notre littérature moderne. Or, en fait, il n'est pas vrai de dire que toute la suite des textes littéraires n'a cessé d'exalter les valeurs et de chanter les héros ou d'encourager au bien : cela a été vrai pendant de longs siècles et a récemment cessé de l'être.
Il est parfaitement exact que les littératures anciennes ont constamment loué directement et sans se cacher les vertus ; il y a eu des traités sur les vertus, sur chaque vertu ; il y a eu des éloges des héros et des grands hommes ; il y a eu des histoires édifiantes. De même la littérature classique, quand elle a montré le mal, s'en est chaque fois excusée en expliquant que c'était pour le flétrir et pour le bannir. Là aussi les textes des moralistes, les romans eux-mêmes ont constamment soutenu des valeurs qui sont en gros celles qui viennent d'être évoquées. Mais de notre temps, tout à changé. Quand s'est fait ce changement, et pour quelles raisons, c'est là une question qui mériterait d'être longuement discutée. J'aurais, a priori, tendance à penser que l'évolution a commencé doucement, dans le cours du dix-huitième siècle, pour s'épanouir ensuite, de plus en plus jusqu'à nos jours. Je ne parle pas, bien entendu, d'une évolution régulière et prenant dans son mouvement tous les auteurs et tous les genres. Bien des exemples cités plus haut prouveraient combien l'idée demande à être nuancée. Mais enfin, il semble bien que la ligne d'ensemble paraisse assez nette.
Déjà un livre comme Les liaisons dangereuses n'est point une invitation au bien ; mais, peu après, il y aura Sade ; l'on verra les romans s'attacher de plus en plus à décrire les maux et les scandales de la société ; on verra les poètes pénétrer dans les domaines jusqu'alors interdits ; cela commence avec Baudelaire mais se précise nettement avec Rimbaud ou Apollinaire. Et bientôt les livres de notre temps deviennent une invitation ouverte au refus ; ils n'écartent aucune situation ni aucun sentiment du champ de leur investigation ; et ils respirent partout la révolte. Le grand éloge, pour un livre, en notre temps, est de dire qu'il est "décapant". On célèbre ce qui ressemble à un cri. Et alors que les littératures anciennes ou classiques célébraient si volontiers la beauté de la vie humaine, les nobles sentiments et la douceur de l'existence, la littérature de notre temps exprime presque toujours une sombre amertume ; et celui qui se permet d'être optimiste passe en général pour naïf. Je ne sais trop comment il faut l'expliquer. Il se peut qu'il y ait là une évolution naturelle de l'expression littéraire : à force de progresser, l'analyse psychologique élargit progressivement son champ d'observation et s'attache à des réalités de plus en plus difficiles à traquer et de moins en moins avouées. Il se peut aussi qu'il y ait une évolution normale liée aux découvertes de la liberté, quand celle-ci, plus ou moins bien comprise, se fait dès lors une gloire de rejeter toutes les contraintes. Il se peut aussi que les contraintes, en fait, aient été trop lourdes. Il est également possible que l'idée de la nécessité du partage, et du partage entre tous, ait rendu plus apparents et plus pesants les défauts qui s'attachent pratiquement à toutes les sociétés. Dès lors le mouvement est lancé et va s'amplifiant.
[...]
> A consulter également : http://www.magazine-litteraire.com/content/rss/article?id=18057
Se procurer l'ouvrage :
Le Trésor des savoirs oubliés
Jacqueline de Romilly
1998
De Fallois
220 pages
En poche : http://www.amazon.fr/tr%C3%A9sor-savoirs-oubli%C3%A9s-J-R...
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vendredi, 01 février 2013
La maison du Chat-qui-pelote - Balzac - la morale de l'histoire
"D'une soeur l'autre"
Pour une biographie dédoublée écrite en 1929 et parue en 1830
... presque trois siècles avant mon heure ...
¤ ¤ ¤
Extrait de la page wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Maison_du_chat-qui-pelote
Monsieur Guillaume, marchand drapier, successeur de Monsieur Chevrel et ami de Jean-Jérôme Cardot, quoique riche et puissant vit dans l’austérité la plus complète, approuvé en cela par son épouse et ses deux filles Augustine et Virginie.
Cependant ce paisible négoce va être troublé par l’arrivée de Théodore de Sommervieux, aristocrate, peintre, amoureux de la beauté en général, volage, mais voué corps et âme à son art. Lorsque l’histoire commence, Théodore est en admiration devant Augustine qui apparaît à la fenêtre d’une vieille maison dans un vieux quartier de Paris. Théodore semble ne plus pouvoir détacher son regard de ce portrait vivant. Éperdument amoureux d’Augustine ou de l’idée qu’il se fait d’elle, il demande sa main et l’épouse malgré les réticences de Monsieur Guillaume, et encore plus de Madame, qui voit d’un mauvais œil ce changement de classe pour sa fille.
À juste titre car, les premiers feux de l’amour passés, Théodore ne trouve plus aucune consistance (aucun répondant ?) à sa femme, qui lui paraît fade. Théodore a besoin de sensations fortes. Il va les chercher chez une créature cruelle, la duchesse de Carigliano, qu’Augustine vient ensuite supplier de l’aider en lui donnant des recettes de séduction. Mais les conseils de la duchesse n’ont aucun effet sur Augustine, qui dépérit et meurt de chagrin.
¤ ¤ ¤
Résumé en images tirées du téléfilm : La maison du Chat-qui-pelote, 2009
Réalisateur : Jean-Daniel Verhaeghe
Scénariste : Anne Andréi
Il était une fois...
La naissance de l'amour
Les vertiges du Vertige
L'enchantement des projets
Le couple désenchanté
L'emmerdeuse désillusionneuse
La déchéance
La mort
Son indifférence
¤ ¤ ¤
> Vous êtes prêts pour un aperçu plus large de La Comédie Humaine :
http://balzac.pagesperso-orange.fr/comedie.htm
07:35 Publié dans Ecrits, Films français, Les mots des films, Littérature, Thèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : balzac