vendredi, 24 janvier 2014
Elisa - Paradis, Courau, Depardieu
Film : Elisa (1995, durée 1h55)
Réalisateur : Jean Becker
Marie (Vanessa Paradis), Solange (Clotilde Courau), Ahmed (Sekkou Sall)
Le passager du taxi : Dites-moi, vous avez un numéro où je peux vous joindre ?
Marie : Euh, oui. Ah oui, j'dois avoir ça, mais... oh ! ce matin, j'ai complètement oublié, j'suis partie tellement vite, j'suis partie sans argent ! Vous pouvez pas me dépanner ? Ca vous dérange pas, cinq cent francs ?
Ahmed en voix off : Elle aurait vendu n'importe quoi à n'importe qui. Même à moi, elle m'aurait fait bouffer du porc.
Marie : Alors, c'est quoi aujourd'hui ?
Samuel : Il y a un point intéressant formé par Pluton / lune noire. Pluton, ça symbolise les formes inconscientes, tandis que la lune noire représente la part d'ombre. Fais attention, ce sont des livres anciens.
Un habitué de la librairie : Livres anciens, des vieux bouquins, oui !
Samuel : Pluton, au fond du ciel, t'incite à percer le secret de tes origines, à dépasser le sacrifie qui t'a privée d'un foyer chaleureux.
Solange : Hé, sur le cœur, ils disent quoi pour moi ?
Marie : Ils disent que t'as pas intérêt à coucher avec n'importe qui, voilà.
Samuel : C'est en explorant cette douleur, ce manque, que tu trouveras les armes pour te projeter dans l'existence et rencontrer la vérité.
Une cliente qui vient d'entrer : Vous avez Elle, mademoiselle ?
Marie : Oh, vous avez déjà vu une libraire ras-la-touffe ?
Samuel : Arrête, tu veux. Sur le présentoir. Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Ca va pas, tu te sens mal ? Tu veux qu'on parle ?
Marie : Je t'en... Tu veux ma photo ?
Marie en voix off : Quand j'suis pas gentille avec lui, j'm'en veux., mais c'que j'm'en veux. C'est toujours ceux qu't'aimes le plus qui prennent. Forcément, c'est les seuls qui s'intéressent à toi.
- Ils forment un beau couple.
- Sa robe est superbe.
- Oui, enfin, quand on n'a pas de poitrine, on met pas un décolleté.
- Une orangeade, s'il vous plaît.
Une femme : Tu resteras toujours mon plus beau souvenir, chéri.
Son amant : Je peux te le dire maintenant, j'étais puceau.
La femme : Ha-ha-ha, j'avais remarqué, figure-toi.
Marie : Oh-la-la, j'en ai marre de danser, moi.
Solange : Pas moi.
Marie : Oui, benh, on finit celle-là, et après c'est tout.
Solange : Hé, c'est une rolex ?
Un garçon : Oui.
Solange : Elle est en or ?
Le garçon : Oui. Le mécanisme aussi.
Solange : Attends, je rêve. Même le dedans, c'est de l'or ? Alors là, ça me troue le cul.
Le garçon : Euh, dis, t'as pas un téléphone ?
Solange : Euh, attends. Tu peux essayer de me joindre à colline des Gobelins, oui, chez Samuel, le libraire. Tu sais, c'est à côté de euh... enfin, faudrait demander à Marie, dès fois qu'elle ait des choses contre.
Une fille : On ne s'est pas présentés. Tu t'appelles comment ?
Solange : Solange.
La fille : Aaaah, Solange. Tu es parentée avec la mariée ?
Solange : Ouais. Enfin, euh... Ouais.
La fille : Tu es donc ma cousiiiine.
Solange : Ouais ! J'suis ta cousiiiine !
Le garçon : Si tu es sa cousine, tu es ma cousine aussi.
Solange : Attendez là, vous m'embrouillez.
La fille : Allez viens, je vais te présenter à la famille, ça leur fera sûrement plaisir.
Le garçon : Arrête. Laisse-la tranquille. Laisse tomber.
La fille : Décidément, t'es comme mon père. Tu peux coucher qu'avec des boniches.
Marie : Pardon ? C'est qui ton père ?
Marie, sur l'estrade au micro : Bonjour. Excusez-moi, j'aimerais savoir qui est le père de cette charmante demoiselle, oui la... la jolie blonde là-bas qui est au buffet.
Un homme : Oui-oui, c'est moi.
Applaudissements.
Marie : C'est vous ?
L'homme : Oui.
Marie : Bien, il paraît que vous pouvez coucher qu'avec des boniches. C'est vrai, ça ? Enfin, d'après votre fille. Heureusement que votre femme se rattrape, elle se tape tous les puceaux de la famille. Y'en a combien qui y sont passés, ici ? Allez, levez la main. T'as une jolie robe, la mariée. Eh benh l'autre, là, avec sa moustiquaire, elle trouve que t'as pas assez de seins pour mettre un décolleté. Et toi, le marié ? C'est parce que j'étais pas assez bien pour toi, c'est pour ça que tu m'as laissé tomber ? J'étais pas de ton milieu, j'é... j'étais pas assez riche... alors t'as fait mumuse avec moi et puis tu m'as jetée comme un vieux kleenex.
Un homme : Maintenant ça suffit, descendez.
Ahmed : Toi, tu la touches, je t'éclate.
Un homme : Qui c'est, cette fille ?
Solange : Bon benh, salut.
Le garçon : Salut.
Ahmed : Allez, beaucoup de bonheur et bonne bourre.
Solange : Oh, t'es con ou quoi ? Hé, tu m'avais jamais dit que tu t'étais tapée le marié ?
Marie : Quoi ? Mais j'le connais même pas.
Solange : Mais pourquoi t'as fait ça ?
Marie : Pour les faire chier. Y'a pas de raison, c'est toujours les mêmes qui sont heureux.
Marie : Benh tu pourrais ouvrir, ce serait plus co-mmo-de.
La grand-mère : Oh, comme t'es grande !
Marie : Forcément, dix ans, ça laisse le temps de grandir.
La grand-mère : Bonjour... Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, comme t'as changé ! Et tu viens pour quoi ?
Le grand-père : Mais qui c'est qui est là ?
Marie : C'est le père Noël !
La grand-mère : C'est Marie ! Elle vient nous embrasser.
Marie : Arrache le papier, ça va prendre trois heures.
Ahmed : Hé m'sieur, j'peux changer de chaîne ?
Le grand-père : Laisse ça, c'est très bien.
Ahmed : Mais c'est en allemand, j'comprends rien, moi.
Marie : Kkhhh, et on va peut-être baisser pour s'entendre ?
Le grand-père : Du Distel, tu t'es souvenue ?
Marie : Oui, j'me souviens.
Marie : T'as vu, j't'ai pris des biscuits dans une grosse boîte en fer, celle que t'aimes avec les-beaux-paysages-suisses !
La grand-mère : Oh, t'es gentille ! J'la mets avec les autres. Comme ça, c'est comme s'ils jouaient.
Le grand-père, lisant les inscriptions sur la boîte: Ah, de mon temps c'était "Morlin, exploitant, négociant" et puis maintenant c'est "Morlin et fils".
Solange: Je savais pas que Marie elle avait des grands-parents. J'croyais qu'elle avait plus du tout de famille, moi.
Marie : Donne, j'irai plus vite que toi, t'as les pouces tout tordus.
Le grand-père : Oui, ça c'est en 64, c'est les fondations. Puis ça, c'est le gros œuvre, voilà. A cette époque-là, ils savaient y faire, hein, c'était des vrais ouvriers.
Marie en voix off : Il y a des vieux, ils ont toujours été vieux même quand ils étaient jeunes. Je l'jure, j'serai jamais vieille. Regarde-la, ça range dans un ordre, puis ça remet dans un autre. Elle rétrécit, elle se ratatine. Elle est comme son gâteau, toute sèche à l'intérieur. Et lui, petit, mesquin, avec la peur de manquer. Il a le cœur comme ses doigts de pied, ça rebique comme des griffes.
Flash back.
Le grand-père : On te voit que quand t'en as besoin. Quand personne veut plus de toi.
La grand-mère : Et puis cette gamine, d'où qu'elle sort ? Tu débarques avec elle, on la connaît même pas ! D'où qu'elle vient ?
Marie en voix off : Pauvre conne, moi j'sais d'où j'viens.
La grand-mère : Tu sais, à notre âge, un enfant, ça va nous fatiguer très vite.
Marie en voix off : Gna, gna, gna. De toute façon, j'aurais jamais pu vivre dans ta boîte à chaussures. Y'a que les canaris qu'on enterre là-dedans. C'est moche ! C'est tout petit comme vous, c'est pas plus grand que votre caveau de Maison-Alfort. Et puis ça sent la boule à mites.
Le grand-père : Je trime toute une vie. Avec maman, on croit que c'est fini, qu'on va être pénards, eh benh non. Faut remettre ça. Et en plus avec un mouflet qu'a même pas de père !!
La mère : C'est trop sombre ici, c'est pour ça qu'elle a peur.
Marie en voix off : Forcément, c'est l'hiver polaire. C'est l'hiver des vieux. Ca dure trente ans.
La mère : Faut ouvrir.
La grand-mère : Non-non-non-non ! Ton père, il fait la sieste au salon, on n'ouvre qu'en fin d'après-midi.
Le grand-père : Ouais ! A mon âge, j'supporte plus les courants d'air, alors tu vas pas commencer à nous emmerder !!
Au présent.
Marie : Ca pue ici, faut ouvrir !
Le grand-père : Non-non-non, attention aux courants d'air.
Marie : Pépé, il faut prendre l'air.
La grand-mère : Hé, ferme-lui la fenêtre ! Il va attraper la mort. Tu sais, il va même pas jusqu'au lac l'après-midi. Il aime mieux faire sa sieste.
Marie : Ouais, il a raison de s'acharner. Il veut durer comme les petits lapins avec leurs petites piles duracell ? Faut pas se faire péter le cœur à votre âge ! Faut les regarder, les coin-coins ! Faut leur donner du pain !!
La grand-mère : Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce que tu as encore, t'étais si gentille ?
Le grand-père : On t'ouvrira plus.
Marie : Et pourquoi tu la gardes, la bouteille ? Pour la boire avec ma mère !?
La gran-mère : T'es méchante !
Marie : Et pis toi, arrête de chouiner !! Qu'est-ce que t'as fait pour elle, hein !? Qu'est-ce que t'as fait pour elle !?
La grand-mère : Qu'est-ce que tu veux ? Mais qu'est-ce que tu veux !? Qu'est-ce que tu veux ?
Marie : Pourquoi tu l'as pas prise, ma mère !? Pourquoi vous l'avez pas prise !!? On était dehors !! On était dehors !!!
Marie : Salut Kevin.
Kevin : Oh non, hé, pas encore vous.
Solange : Hé, salut Kevin, on te dérange pas ?
Kevin : Si !
Ahmed : Salut Kevin.
Kevin : Oh non, ils vont encore me piller mon frigidaire ! Marie, j'te préviens, s'il bâfre comme un cannibal, c'est toi qui fais les courses.
Marie : Tiens, j'ai spécialement tiré ça à la maison d'Angleterre.
Kevin : Non mais hé, j'veux pas d'ennui avec les flics, moi ! [...] Non, hé, j'te préviens, c'est la dernière fois que tu fous les pieds ici, t'as compris ?
Marie : Ooh, arrête de râler ! T'es angoissé, la preuve, t'as du monde chez toi, ça te fait chier, t'as personne, tu déprimes. Me trompe-je ? Ahmed, réponds au téléphone !!
Kevin : Ah non h, pas lui !
Ahmed : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù !
Kevin : Prends pas ton accent beurre et note correctement les messages, s'il te plait !
L'assistante sociale : On peut pas fumer ici.
Marie : Tu vois, on peut très bien.
L'assistante sociale : Où est-ce que tu étais ces six derniers mois ? Comment tu vis ? Tu sais que la D--- a fait une demande officielle de recherche aux Mineurs ? Tu as terrorisé tes grands-parents. C'est sérieux. Ils ont porté plainte.
Marie : Bon t'as fini ? Tas fait ton devoir ? C'est vrai que j'suis une fille de pute ? C'est vrai que... mon père est un maquereau ? Benh tu réponds ?
L'assistante sociale : Tu sais que je suis tenue au secret professionnel. Certaines informations sont confidentielles. Tu dois comprendre que ton père...
Marie : Mais tu l'fais mal, ton boulot, ma vieille ! C'qui faut, c'est mentir. Et mentir correctement. Quand c'est moche, la vérité, faut l'embellir, faut... l'enfermer dans une cage à beauté. C'est pas de me raconter des bobards. J'te demande de m'faire rêver. Après tout, il était présentable mon père, il était pianiste. Et puis, mes grands-parents le détestaient alors, pour un peu, j'l'aurais aimé. Attends, tu veux que j'te mette à l'aise ? Dans six mois, j'ai dix-huit ans, la vérité, j'la saurai de toute façon. Mais c'est pas vrai ! Y'a que des ratés ici ! Toi, par exemple. J'suis sure que t'as pas de gosses. Ta vie sentimentale elle est nulle. Bon, rassure-toi, comme tout le monde. Mais... t'as peur de vieillir. T'as un faux chanel. Tu te voyais chirurgien et t'es psycho-machin. J'continue ? Bilan de tout ça, t'es payée pour donner des... ? Conseils. Je rêve ! L'image du père... les zones d'ombre de l'enfance, et patati et patata ! Au moins, dis la vérité ! Moi, tu sais, tout me va.
Elle lui tend le dossier.
L'assistante sociale : J'suis à côté. Si tu as besoin d'moi.
Marie lit : Marie Desmoulins... Desmoulins Jacques né le 22 février... Desmoulins Elisa... Secret des origines... Domicile du père : introuvabe... Mère décédée... Incompatibilité avec les grands-parents... Circonstances de son admission : admis suite au suicide de sa mère Elisa Desmoulins, épouse de Jacques Desmoulins, condamné par défaut de présence au tribunal, le 3 avril 1976 à trois ans fermes pour... proxénétisme.
Jacques Desmoulins : Laaaah, j'aime pas les chiens. Ils savent rien de moi et pourtant ils me détestent. C'est la seule relation stable que j'ai dans la vie. Ca, au moins, c'est du durable.
Le barman : Oh écoute, commence pas, Lebo, hein ?
Jacques Desmoulins : Allez, donne-moi un verre, donne-moi un verre. D'abord, je bois. Et après... après, je parle. Comment il va mon pote ? Tout ce que je déteste. Jeune. Il est con, mais con ! A boire !
Le barman : Eh benh justement,... paie ta tournée, rentre chez toi parce que j'pense bien que t'es fait, tu vois ? Allez ooh-ooh-oooh !
Jacques Desmoulins : Quoi !?
Le barman : Donne-moi ça là !
Jacques Desmoulins : Quaaaah !
Le barman : C'est une mouette, ce gars ! Il te pique tout ce que t'as !
Jacques Desmoulins : Aaah !?
Le barman : Même quand t'as rien !
Jacques Desmoulins : Aaah...
Le barman : Remarque, il sait y faire avec les femmes, lui, hein.
Un homme : C'est pas comme toi, vermine.
Jacques Desmoulins : Oh benh t'as raison. J'ai les grelots qui se sont jamais agités plus de cinq minutes. On m'a jamais donné de plaisir. Mais j'ai une excuse, j'en ai jamais pris. Allez ! Donne m'en un autre, là !
Le barman : Oh écoute, tu devrais aller dormir, hein.
Jacques Desmoulins : Hé hop, attention, hop, la bébête ! Pour jouer les désespérés, faut du talent. Etre alcolo, c'est... c'est une discipline, p'tit gars. Ca supporte pas la médiocrité. Faut de l'endurance. Faut... faut y croire. Tu prends deux verres et puis t'entends La Pastorale. Tu tutoies les anges. Tu voyages dans le sublime. Tu te grises au désespoir et puis tu rentres chez papa et maman qui t'ont laissé un plat dans le four et la lumière allumée parce que t'as peur dans le noir. Et dans le fond, t'es généreux. Heureusement qu'elle t'a, ta pauvre mère ! Elle se barbouille à l'anti-rides, la brave femme. Elle a tellement peur de vieillir que son mouflet, c'est son bain de jouvence. Avant, elle changeait tes couches pleines de merde et maintenant elle ramasse ton vomi mais elle a toujours vingt ans. Tiens, je vais te dire, peut-être même que si je pouvais encore... j'aurais le gourdin pour elle.
Marie : Eh benh, le temps s'est arrêté pour vous. Y'a rien de plus moderne dans votre musée ?
Jacques Desmoulins : J'aime pas les changements.
Marie : Y'a pas de couverts ?
Jacques Desmoulins : Non, y'a pas de couverts.
Marie : Ah, je vois. On mange avec ses doigts, c'est l'homme nature ? C'est dégueulasse ici, c'est une vraie poubelle. Et vous lavez, quand même ?
Jacques Desmoulins : Benh, quand il pleut, oui. Tiens regarde, j'vais te montrer un truc. C'est con, une moule. Tu vois, tu les chauffes un peu, et hop, elle s'ouvre. Les plus connes, c'est les plus jeunes. C'est elles qui s'offrent en premier.
Marie : Pourquoi vous me dites ça ?
Jacques Desmoulins : Moi... ? Pour rien.
Marie : Et c'est vous qui peignez ces croûtes là ?
Jacques Desmoulins : Oui. J'aime bien les naufrages. Tu crois qu'ils vont s'en tirer ?
Marie : Non.
Jacques Desmoulins : Ah. Alors, à la baille... C'est quoi ton vrai nom ?
Marie : J... j'vous l'ai dit.
Jacques Desmoulins : Pas celui-là. Ton vrai nom, c'est quoi ?
07:00 Publié dans Films français, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : elisa, vanessa, paradis, gérard, depardieu, clotilde, courau, jean, becker, josé, garca
mercredi, 22 janvier 2014
Jules et Jim - Truffaut
Photographie d’une scène de Jules et Jim, avec Henri Serre, Oscar Werner et Jeanne Moreau
Collection Cinémathèque française
© Collection Cinémathèque française
Extrait de "Sortie de Jules et Jim de François Truffaut" in Commémorations Nationales 2012, Antoine de Baecque, professeur d'histoire du cinéma à l'université :
En mars 1961, alors qu’il prépare son troisième long-métrage, François Truffaut écrit à une amie américaine : « J’ai un trac absolument effroyable en ce moment. Il entre sûrement là-dedans de l’orgueil, de la vanité, de l’arrivisme et je ne sais encore quoi d’infamant mais d’irrésistible aussi : je désire pour Jules et Jim un succès le plus complet possible. » Cela fait alors près de cinq ans que Truffaut a découvert, à la librairie Delamain, à côté du Palais-Royal, le premier roman de Henri-Pierre Roché, illustre inconnu déjà âgé de 76 ans. Entre l’apprenti cinéaste de 25 ans et le vieux dilettante naît une grande complicité. « L’un des plus beaux romans que je connaisse est Jules et Jim, écrit immédiatement le cadet dans un article des Cahiers du cinéma, qui nous montre, sur toute une vie, deux amis et leur compagne commune, s’aimer d’amour tendre et sans presque de heurts grâce à une morale esthétique et neuve sans cesse reconsidérée. » Ce roman paru chez Gallimard raconte, sur un ton et avec un esprit si singuliers, les amours de deux hommes, français et allemand, pour une belle femme libre, Helen Hessel. Truffaut pense très vite en proposer une adaptation au cinéma et l’écrit pour Jeanne Moreau, qu’il vient de rencontrer au festival de Cannes. Roché aura le temps de lire et de reprendre une première version du scénario de Jules et Jim, rencontre même Jeanne Moreau, mais meurt le 9 avril 1959 avant d’avoir pu voir le film tiré de son roman.
Si Truffaut est angoissé au printemps 1961, alors qu’il va commencer le tournage de Jules et Jim, c’est que sa situation est préoccupante : les Films du Carrosse, sa petite société de production, ont perdu de l’argent avec son second film, Tirez sur le pianiste, grave échec commercial. La Nouvelle Vague, plus généralement, est entrée en phase de reflux sévère. La plupart des jeunes cinéastes qui ont commencé à tourner entre 1959 et 1961 ne pourront pas poursuivre leur carrière. Jules et Jim représente donc pour Truffaut une manière de survivre à la vague.
Il y parvient par ce film conçu comme « un pur amour à trois », sur une situation qui pourrait pourtant paraître graveleuse, en dirigeant trois comédiens en état de grâce. Jeanne Moreau, rieuse et grave dans le rôle de Catherine, est entourée par Henri Serre et l’Autrichien Oskar Werner : le premier joue le Français élégant et dandy, Jim ; le second l’Allemand passionné et tolérant, Jules, les deux amants de cette femme souveraine de la Belle Époque. Soixante années plus tard, cette situation reste scandaleuse pour certains, et le film de Truffaut est interdit par la commission de censure aux moins de 18 ans. C’est là ne pas comprendre la tonalité d’un film qui, jamais vulgaire, oscille entre la joie de vivre – sa chanson célèbre, Le Tourbillon de la vie, chantée au coin du feu par Jeanne Moreau accompagnée par l’auteur, Rezvani – et une retenue dramatique impressionnante, émouvante, apportée par exemple par la voix off, très littéraire, qui narre continûment l’œuvre avec les mots même de Roché. La Nouvelle Vague trouve avec Jules et Jim l’un de ses accomplissements les plus aboutis. Sorti le 24 janvier 1962, le film tient l’affiche près de trois mois, attirant plus de 250 000 spectateurs : François Truffaut est sauvé.
A consulter également :
> http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/05/04/jules-et-jim.html
Consulter l'ouvrage :
Célébrations Nationales 2012
Ministère de la Culture et de la Communication
Direction Générale des patrimoines
Archives de France
2011
298 pages
http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2012/
07:00 Publié dans Films français, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jules et jim, jeanne moreau, francois truffaut
mardi, 21 janvier 2014
Les tontons flingueurs - Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Claude Rich, Jean Lefebvre, Charles Regnier
Film : Les tontons flingueurs (1963, durée 1h45)
Réalisateur : Georges Lautner
Dialogues : Michel Audiard
Musique : Michel Magne
Fernand Naudin (Lino Ventura), Raoul Volfoni (Bernard Blier), Paul Volfoni le frère de Raoul (Jean Lefebvre)
Louis le Mexicain (Jacques Dumesnil), Patricia la fille de Louis le Mexicain (Sabine Sinjen), maître Folace le notaire de Louis le Mexicain (Francis Blanche), Antoine Delafoy le petit ami de Patricia (Claude Rich), Adolphe Amédée Delafoy le père d'Antoine (Pierre Bertin)
Jean le majordome (Robert Dalban), Théo (Horst Frank), Tomate (Charles Regnier), Bastien (Mac Ronay), Pascal (Venantino Venantini), Henri (Paul Mercey)
Fernand : Benh parce que, tu sais, les cent bornes, faut quand même les tailler.
Louis le Mexicain : Ca fait quand même plaisir de te revoir, vieux voyou.
Fernand : Moi aussi.
Louis le Mexicain : J'ai souvent eu peur de clamser là-bas, au milieu des macaques. Sans avoir jamais revu une tronche amie. C'est surtout à la tienne que j'pensais.
Fernand : Tu sais, moi aussi c'est pas l'envie qui me manquait d'aller t'voir mais... on fait pas toujours c'qu'on veut. Et toi ? J'ai entendu dire que le gouvernement t'avait rappelé. Qu'est-ce qui t'a pris d'revenir ?
Louis le Mexicain : Merci toubib, merci pour tout. Henri, dis-leur de monter.
Henri : Tu crois pas qu'il vaut mieux quand même ?
Louis le Mexicain : Hééé, me coupe pas, sans quoi on n'aura plus l'temps. Henri, fais tomber cent sacs au toubib.
Louis le Mexicain : Je suis revenu pour m'faire enterrer à Pantin avec mes viocs. Les Amériques, c'est chouette pour prendre du carbure. On peut y vivre aussi, à la rigueur. Mais question de laisses ses os, hein, y'a qu'la France. J'décampe vite bêtement et j'laisse une mouflette la traîne. Patricia. C'est d'elle que j'voudrais que tu t'occupes.
Fernand : Hé benh dis donc t'en as de bonnes, toi !
Louis le Mexicain : T'as connu sa mère, Suzanne Beausourire.
Fernand : T'es marrant, dis donc. C'est plutôt toi qui l'as connue.
Louis le Mexicain : Et au point de vue oseille, j'te laisse de quoi faire c'qu'il faut pour la p'tite. Oui, j'ai des affaires qui tournent toutes seules. Maître Folace, mon notaire, t'expliquera. Ha, tu sais combien ça laisse, une roulette ! Soixante pourcent de velour...
Fernand : Sur le plan des emmerdements, trente-six fois la mise, hein ! Oh écoute, Louis, ta môme, tes affaires, tout ça, c'est... c'est bien gentil mais moi aussi j'ai des affaires, tu comprends ? Et les miennes, en plus, elles sont légales.
Louis le Mexicain : Oui, j'ai compris, quoi. Les potes, c'est quand tout va bien.
Fernand : Ca va pas, petit, hein !? J'ai pas dit ça, hein !
Louis le Mexicain : Nan-nan, t'as pas dit ça... T'as pas dit ça mais... tu livrerais ma petite Patricia aux vautours. Fff... Oh, mon p'tit ange.
Fernand : P'tit ange, mon p'tit ange, hein !
Louis le Mexicain : Oh, maintenant que t'es dans l'honnête, tu peux pas savoir... le nombre de malfaisants qui existent. L'monde en est plein ! Ils vont m'la mettre sur la paille, ma p'tite fille... La dépouiller, enfin tout lui prendre ! J'l'avais faite élever chez les soeurs... apprendre l'anglais... tout ! Fff ! Résultat : elle finira au tapin, et ce sera de ta faute ! T'entends ? Ce s'ra d'ta faute !
Fernand : T'arrête un peu, hein ? Depuis plus d'vingt piges que j'te connais, j'te l'ai vu faire cent fois ton guignol, alors, hein ! Et à propos d'tout ! De cigarettes, de came, de nanas !! La jérémiade, ça a toujours été ton truc à toi !! Une fois, j't'ai même vu chialer, alors tu vas quand même pas m'servir ça à moi, non !?
Louis le Mexicain : Si !! Mais tu te rends pas compte, saligaud, qu'elle va perdre son père, Patricia !? Que j'vais mourir
Fernand : J'te connais, t'en es capable. Voilà dix ans que t'es barré. Tu r'viens, j'laisse tout tomber pour te voir et c'est pour entendre ça !? Et moi, comme une... !!
On frappe à la porte.
Fernand : Hé, dis donc, Théo, t'aurais pu monter tout seul.
Théo : Si sa présence doit vous donner de la fièvre...
Fernand : Chez moi, quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent.
Théo : Je t'attends en bas, à tout de suite.
Louis le Mexicain : Voilà, je serai bref. J'viens de céder mes parts à Fernand ici présent. C'est lui qui me succède.
- Tu avais promis de m'en parler en premier.
Louis le Mexicain : Exact, j'aurais pu aussi organiser un referendum. Mais j'ai préféré faire comme ça. Pas d'objection ? Parce que... moi j'ai rien d'autre à dire. J'crois que tout est en ordre. Non ?
Louis le Mexicain : Hhh-HHh... Pascal !
Fernand : Louis ! Louis !! Louis, quoi, merde ! Louis... Pascal !
Louis le Mexicain : J'vais plus pouvoir tenir longtemps...
Fernand : Déconne pas, Louis !
Louis le Mexicain : J'sais d'quoi j'parle...
Fernand : T... Tu veux pas que j't'ouvre la fenêtre un p'tit peu, hein ? Tu vois, regarde, il faut jour.
Louis le Mexicain : ... ouais, édifiant... et j'men fous des ... j'y serai dans peu de temps. Non, c'qui m'intéresse, c'est la rue... directement, dans l'ambulance... j'ai rien pu voir... Ca avait drôlement changé.
Fernand : Tu sais, pas tellement, quoi.
Louis le Mexicain : Hé benh, raconte quand même.
Fernand : Hé benh, c'est un p'tit matin comme tu les aimes. Comme on les aimait, quoi. Les filles sortent du Lido, tiens, pareil qu'avant. Tu te souviens ? C'est cet instant-là qu'on emballait.
07:00 Publié dans Films français, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les tontons flingueurs, georges lautner, michel audiard, lino ventura, bernard blier, francis blanche, claude rich, jean lefebvre, charles regnier
mercredi, 15 janvier 2014
Anthony Zimmer - Jérôme Salle, Sophie Marceau, Yvan Attal, Sami Frey, Gilles Lellouche
Film : Anthony Zimmer (2005, durée 1h30)
Réalisateur : Jérôme Salle
Chiara (Sophie Marceau), Jean Taillandier (Yvan Attal), Akerman (Sami Frey), Müller (Gilles Lellouche)
Le contrôleur dans le train : Vous n'êtes pas assise à votre place ?
Chiara : C'est possible.
Jean Taillandier : Excusez-moi, mais, est-ce que je peux vous poser une question ?
Chiara : Dépêchez-vous.
Jean Taillandier : Pourquoi vous vous êtes assise à cette place ?
Chiara : Parce que vous êtes exactement mon genre d'homme.
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vendredi, 10 janvier 2014
L'auberge espagnole
Film : L'auberge espagnole (2002, durée 2h)
Réalisateur : Cédric Klapisch
Xavier (Romain Duris), Martine (Audrey Tautou)
L'ami du père de Xavier : Tu peux pas savoir le plaisir ce ça m'fait. Entre, entre ! Regarde, tu vois, c'est là qu'je travaille. Tu vois, un jeune qui monte... La vue sur Paris... La tour Eiffel... Tout Paris. J'connais ton père depuis... piouffff... Il a dû te dire, on était à l'ENA ensemble, à l'époque c'était encore à Paris, euffff... j'me souviens, ça fait... pioufff !
L'ami du père de Xavier : Moi j't'ai dit, la seule chose que j'sais, c'est qu'avec les nouvelles directives européennes, il y a des postes qui vont se créer dans un an. Si tu fais un DEA, sur un sujet qui, de près ou de loin, a une approche des problèmes économiques espagnols, je dois pouvoir t'aider pour te trouver un poste. C'est sûr que là-dedans, il y a des débouchés. Mais donc, il faut bien parler l'espagnol et il faut bien connaître le marché espagnol. Habla espanol ?
Xavier : ... Un poquito ?
L'ami du père de Xavier : Tu connais l'Espagne ?
Xavier : J'connais un peu Ibiza...
Xavier en voix off : Voilà, c'est à partir de là que j'ai décidé de partir un an en Espagne. Quand j'étais petit, j'étais blond. Et je voulais être écrivain. Et puis j'ai changé. On peut changer, quoi. Ma mère - disons, pour aller plus vite - que c'est une bab, une vraie bab. Et le problème avec les vrais babs, c'est qu'ils disent toujours la vérité.
La mère de Xavier : T'aimes pas l'boulghour, t'aimes pas l'tofu, on peut plus rien t'préparer ! Si tu préfères aller bouffer dans les fast foods et manger leur merde, t'enfiler les OGM, les pesticides, les prions et compagnie, mais vas-y ! J'vaispas t'en empêcher... Mais si le progrès consiste à tuer les gens et à les rendre malades avec une nourriture euh... trafiquée...
Xavier en voix off : Il a fallu que j'me renseigne à ma fac sur les échanges universitaires européens. Ca s'appelle Erasums. C'est un bordel innommable. Vous vous demandez qui était Erasmus ? J'ai cherché sur internet et très franchement, j'ai pas bien compris. Pour aller vite, j'crois qu'c'est une sorte de... voyageur hollandais vers 1500. Pour m'inscrire à un DEA en Espagne, ça m'a pris trois mois.
La secrétaire #1 : Vous patientez s'il vous plaît.
La secrétaire #2 : C'est au bureau à côté.
La secrétaire #3 : Vous êtes allé voir ma collègue à côté ?
Le responsable de Xavier : C'est ici, le 2038. Voilà, ce bureau.
L'ami du père de Xavier : On m'a dit que tu étais arrivé ? Bienvenu au club. Bonjour, Bernard.
Le responsable de Xavier : Bonjour, monsieur.
L'ami du père de Xavier : Vous lui dites tout, hein !
Le responsable de Xavier : Je n'y manque pas.
L'ami du père de Xavier : Ca c'est le dossier dont on avait parlé. Ecoute, là j'ai pas beaucoup de temps, j'suis emmerdé mais... on s'voit très vite, hein ! Cio !
Le responsable de Xavier : Bon ! Un p'tit café ?
La collègue : Vous z'allez vouare, l'bâtiment est un peu austaière mais il y a une supaire ambiance.
Le responsable de Xavier : Oui, ça s'est vrai.
La collègue : Hein ! C'est vrai, on rigole bien tout de même monsieur Bernard ! Et voilà.
Le responsable de Xavier : Bon ! Allez !
Le responsable de Xavier : Vous avez quel âge ?
Xavier : 25 ans.
Le responsable de Xavier : Ou-laaaaah ! Benh vous z'allez être un jeune retraité alors !
Le responsable de Xavier : Pour le chauffage, ils ont un peu tendance à chauffer à mort. Alors c'que je fais, moi, je le mets sur 2.
La collègue : 2 c'est bien. C'est LARGEMENT suffisant.
Le responsable de Xavier : En c'qui concerne les dossiers, faut pas s'tromper, hein. Il y a les jaunes... les bleus... les rouges... Même chose pour le fichier informatique. Ils sont assez tâtillons là-dessus à la Commission Européenne.
La collègue : Alors ça, pour ça, ça ne RIGOLE pas, hein. Faut d'l'ordre, hein. Chaque chose à sa place et une place pour chaque chose.
Le responsable de Xavier : Hé-hé-hé-hé-hé !
La collègue : Pas vrai, m'sieur Bernard ? Han-han !
Xavier en voix off : Je choisis un avenir sans débouché. J'vais faire c'que j'ai toujours voulu faire. Tout paraît clair. Simple. Je vais écrire. Limpide à présent. Tout paraît clair. Simple. Limpide à présent. Je ne suis pas ça, ni ça. Je pensais que j'étais comme ça. Je n'suis pas ça. Et je ne suis plus ça, ni ça. Ni ça, ni ça. Ni ça Mais je suis tout ça. Je suis tout ça. Je suis lui, lui, lui et lui. Et lui et lui aussi. Et lui aussi. Et je suis lui aussi : "je veux écrire des livres". Et puis lui - lui - je veux pas le décevoir. Je suis elle, elle, et elle aussi. Je suis français, espagnol, anglais, dannois. J'suis pas un mais plusieurs. J'suis comme l'Europe. J'suis tout ça. J'suis un vrai bordel.
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lundi, 25 novembre 2013
Mes stars et moi - Kad Mera, Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart
Film : Mes stars et moi (2008, durée 1h28)
Réalisatrice : Laetitia Colombani
Robert Pelage (Kad Merad), Solange Duvivier (Catherine Deneuve), Isabelle Séréna (Emmanuelle Béart), Adeline (Maria de Medeiros), Violette Duval (Mélanie Bernier), Lucie (Juliette Lamboley), Victor (Rufus), le lieutenant Bart (Antoine Duléry), Durand (Scali Delpeyrat), Dominique Bhé (Dominique Besnehard), Bruno (Jean-Pierre Martins), Patrice Leduc (Patrice Leconte)
Robert Pelage : Ca n'est pas un comportement normal, j'en suis conscient. Ca n'a pas toujours été comme ça. C'est depuis le départ de ma femme et de ma fille. C'est de pire en pire. Je sais plus quoi faire. Alors je me suis dit qu'il valait plus aller voir quelqu'un.
Le psychiatre : Vous avez bien fait, monsieur Pelage. Alors JR, qu'est-ce qui va pas ?
Robert Pelage : Il sort plus. Il bouge plus du canapé. Moi j'suis débordé, j'peux pas m'en occuper tout l'temps. Il passe toutes ses journées affalé devant la télé à regarder les programmes de cuisine. C'qui lui plaît, c'est TV Gourmet.
Le psychiatre : Très intéressant. Ca doit calmer ses angoisses. La télé apaise les félins, c'est prouvé scientifiquement.
Robert Pelage : En attendant, il arrête pas de manger.
Le psychiatre : Faut lui acheter du light. Il est deux fois trop gros là.
Robert Pelage : C'est deux fois plus cher.
Le psychiatre : Faut savoir c'qu'on veut, monsieur Pelage. Il en va de la santé de votre petit compagnon. Je vous rappelle qu'il pourrait nous faire du diabète. A mon avis, il fait une dépression. Faut aller chez un psyCHanalyste.
Robert Pelage : Un quoi ?
Le psychiatre : Un psyCHanalyste, un psychologue pour chats.
Robert Pelage : Ca existe !?
Le psychiatre : Benh évidemment. On a tous nos nevroses, pourquoi votre animal n'aurait pas les siennes ?
Isabelle (Emmanuelle Béart) - Solange (Catherine Deneuve) - Violette (Mélanie Bernier)
Isabelle : Moi qui pensais être la seule...
Solange : Ah oui, ça a toujours été ton problème.
Violette : J'ai le même fan que vous.
- Monsieur Pelage.
- Miaw.
Robert Pelage : Excusez-le, il est pas de très bonne humeur. C'est la première fois qu'on voit une... "psyCHanalyste".
La psyCHanalyste : Non, on dit "zoopsychiatre". Moi je ne suis pas analyste, j'allonge pas les animaux sur un divan. J'essaie de comprendre et de soigner les troubles du comportement chez les chats. Alors, nom et date de naissance, s'il vous plaît.
Robert Pelage : Pelage Robert, vingt-sept mars mille neuf-cent soixante-quatre.
La zoopsychiatre : Non, h-hh, je voulais parler de... de votre animal.
Robert Pelage : Ah oui ! Pardon. Euh... alors JR, né le douze janvier quatre-vingt dix-neuf. JR ça s'écrit J...
La zoopsychiatre : Et R, oui, merci, h-hh. Le docteur Mulot m'a parlé de symptômes dépressifs. Depuis combien de temps les avez-vous remarqués ?
Robert Pelage : Depuis... quelques mois.
La zoopsychiatre : Oui...
Robert Pelage : Depuis le départ de - hum ! - de ma femme, ma fille.
La zoopsychiatre : Oui...
Robert Pelage : On s'est séparés. Mais c'est provisoire ! Histoire de réfléchir.
La zoopsychiatre : Les séparations sont toujours extrêmement douloureuses à vivre... pour les chats. Est-ce qu'il était très proche de votre femme ?
Robert Pelage : Oh oui-oui, très-très proche, oui. Au début, ils étaient même... inséparables.
La zoopsychiatre : Hhh, oui je vois. Est-ce que vous lui avez parlé ? Dans ce genre de cas, c'est très important de parler, de verbaliser.
Robert Pelage : Non mais j'ai essayé de lui parler, mais... elle dit que... elle a besoin de distance euh...
La zoopsychiatre : Non-non-non, je... je veux parler... de JR ?
Robert Pelage : Ah ! Pardon, bien sûr. Euuuuh... non.
La zoopsychiatre : Bon, voilà ce qu'on va faire. Je vais d'abord procéder à un examen clinique et ensuite je verrai quel traitement je peux vous proposer. Dans certains cas, on est obligés d'avoir recours aux médicaments : antidépresseurs, anxiolitiques. Mais enfin, je préfère vous prévenir : les médicaments ne font pas tout. La guérison dépend avant tout de votre comportement.
Isabelle (Emmanuelle Béart) - Solange (Catherine Deneuve) - Violette (Mélanie Bernier)
Violette : Moi, ça a commencé avec ma série. Au début, j'étais trop contente d'avoir un fan. J'étais super fière. Alors que maintenant, je trouve ça super lourd.
Isabelle : Il est partout tout le temps. Moi, quand j'ouvre les yeux le matin, j'ai peur de le retrouver dans mon lit.
Solange : Faut dire qu'il y a du passage.
Isabelle : Pardon ? Aïe !
Violette : Moi, j'ai changé deux fois de numéro, il l'a retrouvé à chaque fois. Je sais pas comment il fait.
Solange : Il a quand même trouvé le moyen de rentrer dans nos loges ! La prochaine fois, ce sera quoi ? Le salon ?
Isabelle : Moi, je dis qu'il faut faire quelque chose.
Violette : Oui, mais quoi ?
Solange : Faudrait prévenir la police.
Isabelle : Pff, ça servirait à rien. Tant qu'il y a pas de menace, pas d'effraction, pas de vol, ils diront qu'ils ne peuvent rien faire.
Solange : Enfin, si on porte plainte, ils seront obligés d'intervenir.
Isabelle : Enfin, il a pas commis de crime. Ils vont pas l'enfermer.
Solange : Mais ils pourront lui dire de se calmer ! Ca peut remontrer très haut ! Moi, s'il le faut, j'appelle Nicolas. La sécurité, ça le connaît.
Isabelle : Toute la presse s'en mêle. Non merci.
Solange : Bon. Toi, ça devrait pas trop te gêner.
Isabelle : C'est-à-dire ?
Solange : Benh, tu fais déjà la une des journaux, non ? Remarque, c'est plus pour tes fesses que pour tes films.
Isabelle : Non mais je rêve. Tu sais ce qu'elles te disent mes fesse ?
Solange : Non, je sais pas ce qu'elles disent, mais je sais ce qu'elles font. Et apparemment, elles bossent à plein temps.
Isabelle : Et si tu t'occupais des tiennes plutôt ? Franchement, y'a du boulot.
Solange : Moi, je passe pas mon temps à les montrer à tout le monde.
Isabelle : Benh ça tombe bien, personne n'a envie de les voir.
Violette : Et pour la police alors, on fait quoi ?
Solange : C'est la solution la plus simple. Moi, je suis pour.
Isabelle : Ecoutez, faites ce que vous voulez. Moi je vous dis que ça ne servira à rien.
Robert Pelage : Il faut que je réagisse. Là elles passent les bornes. [...]
La zoopsychiatre : Ah oui-oui-oui.
Robert Pelage : Après tout ce que j'ai fait pour elles, c'est lamentable !
La zoopsychiatre : C'est sûr.
Robert Pelage : Elles pouvaient pas rester où elles étaient, non ? Sur un écran ? Là, au moins, ça se passait bien. Qu'est-ce qu'elles avaient besoin de débarquer dans ma vie !?
La zoopsychiatre : Et pour le traitement de JR alors, moi j'ai pensé qu...
Robert Pelage : Je sais ! Je vais récupérer ma twingo.
La zoopsychiatre : D'accord. Voilà. Oui. Très bien.
Robert Pelage : Merci docteur. En tout cas, ça m'aide beaucoup de parler avec vous. A lundi !
La zoopsychiatre : Oh oui mais avec le chat vraiment, parce que sinon moi je...
07:00 Publié dans Films français, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mes stars et moi, kad mera, catherine deneuve, emmanuelle béart
samedi, 23 novembre 2013
La banquière - Romy Schneider, Marie-France Pisier, Claude Brasseur, Jean-Claude Brialy, Jean Carmet, Jean-Louis Trintignant, Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte
Film : La banquière (1980, durée 2h05)
Réalisateur : Francis Girod
Emma Eckhert (Romy Schneider), Colette Lecoudray (Marie-France Pisier), Largué (Claude Brasseur), Paul Cisterne (Jean-Claude Brialy), Duvernet (Jean Carmet), Horace Vannister (Jean-Louis Trintignant), Moïse Nathanson (Jacques Fabbri), Rémy Lecoudray (Daniel Mesguich), Camille Sowcroft (Noëlle Châtelet), Duclaux (Daniel Auteuil), Devoluy (Thierry Lhermitte), sir Charles (Alan Adair), Préfaille (Yves Brainville)
Synopsis : Emma Eckhert, issue d'un milieu modeste, réussit, durant l'entre-deux-guerres, une fulgurante ascension et se trouve à la tête d'une banque et d'un journal financier spécialisé dans l'épargne populaire. Elle sera victime d'une machination politico-financière.
http://www.programme-tv.net/cinema/185873-la-banquiere/ca...
Le film intégral :
http://www.youtube.com/watch?v=Un7DUxOxSE4
Préfaille : Belle... madame... Eckhert,... pour... tant... d'efforts généreux, en faveur de... la... défense du franc... Raymond Préfaille. Je... je n'ai pas mis de guillemets à la défense du franc.
Emma Eckhert : J'ai vu. Monsieur le président, vous êtes un homme merveilleux.
Préfaille : Hhhhon-hhh.
¤ ¤ ¤
Emma Eckhert : Moi j'te veux ici. Ta femme ? ... Y'a des tas d'hommes qui aiment leur femme ou une maîtresse.
Rémy Lecoudray : Des tas.
Emma Eckhert : Mais pas une gouine.
Rémy Lecoudray : Si tu veux.
Emma Eckhert : Ils ne se font pas entretenir par une gouine, c'est ça ?
Rémy Lecoudray : Si tu veux.
Emma Eckhert : Petit con.
Rémy Lecoudray : Alors écoute-moi bien. J'ai fait des conférences parce que ça m'amusait, et parce que j'avais besoin d'argent, mais je ne serai jamais ton employé. Le reste : quand tu voudras, où tu voudras. Mais ne compte pas sur moi pour devenir un fonctionnaire de madame Eckhert. Tu m'excuseras mais je crois que je vaux un peu mieux que ça. C'est clair ?
Emma Eckhert : Tu vaux combien ? Tu demandes combien par mois ?
Rémy Lecoudray : Et voilà, c'est ça. Tu ne comprends donc pas que c'est contre ça que je me bats ? Votre pourriture d'argent.
Emma Eckhert : Faut toujours qu'il se batte, lui. Dis-donc, l'ancien combattant, on t'a jamais dit que t'étais un pauvre type ?
Rémy Lecoudray : Si, toi. Mais je ne l'ai pas cru.
¤ ¤ ¤
Vannister : Patience, dans trois mois la gauche aura vidé les caisses. Monsieur Préfaille. Et un matin, drrrr, "Allô ? Monsieur Vannister ?". Monsieur Vannister renfloue, parce que monsieur Vannister est bon. Mais il tire, monsieur Vannister, parce que monsieur Vannister en a marre de cette poule - de cette poule d'eau sur sa rivière !
Duclaux : Je peux, vous permettez ? Euh, non.
Vannister : Duclaux... Et si je vous reprenais à mon service ?
Duclaux : A quelles conditions, monsieur ?
Vannister : Douze mille.
Duclaux : Hhhh. Alors je peux ?
Vannister : Oui. Duclaux, je vous crois un peu vénal.
Duclaux : Oui, monsieur.
Rémy Lecoudray : Tout de suite ?
Emma Eckhert : Tout de suite.
¤ ¤ ¤
Emma Eckhert : Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime... Oui, je t'aime.
Le téléphone sonne.
Rémy Lecoudray : Allô ? Allô ! Allô ? Allô-allô ? Allô...
Emma Eckhert : Ma pourriture d'argent, c'est pas si mal, non ?
Rémy Lecoudray : Je n'sais pas, moi j'suis payé que pour les conférences.
Emma Eckhert : Salaud, salaud... La pourriture d'argent qui a permis à la mère Eckhert d'offrir la défense de l'Europe à son petit Lecoudray, t'as rien contre ?
Rémy Lecoudray : Je n'sais pas. Faut voir.
Emma Eckhert : Et la pourriture d'argent qui t'achètera un poste de député ?
Rémy Lecoudray : Ca s'achète ?
Emma Eckhert : Benh tiens !? Je n'ai que toi. Mon vieux, j'te pousserai comme une action.
Rémy Lecoudray : Tu n'as que moi ?
¤ ¤ ¤
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07:00 Publié dans Films français, Les mots des films, Thèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la banquière, romy schneider, marie-france pisier, claude brasseur, jean-claude brialy, jean carmet, jean-louis trintignant, daniel auteuil, thierry lhermitte