dimanche, 02 septembre 2012
Parisienne 37 au Cret de Rochefort - Guitry
Extrait de Mémoires d'un tricheur, Sacha Guitry, 1935
[...]
Paris !
Grande impression, dois-je dire - mais pas très bonne impression, je dois le dire. Non. Trop de monde. Ou, plus exactement, trop de mondes, au pluriel. Trop de riches et trop de pauvres, trop de filles sur les trottoirs, trop de gens qui travaillent et trop de gens qui chôment. Trop de grandeur et de misère. Trop de pluie quand il pleut, trop de chaleur quand il fait chaud, et, quand vient l'hiver, trop de froid.
C'était en vérité, trop grand, trop beau pour moi, Paris. Il m'a fallu bien des semaines, bien des mois pour en comprendre la splendeur - et, pour en goûter tout le charme, il m'a fallu bien des années.
En vérité, je crois qu'il faut en être, de Paris, pour se vanter de le connaître. [...]
Si l'on me demandait aujourd'hui brusquement ce que c'est que Paris, je répondrais tout de suite : "C'est la capitale de la France et c'est la plus belle ville du monde."
Puis, je réfléchirais - et j'ajouterais : "C'est autre chose également. Et c'est autre chose en plus."
Et j'essaierais de l'expliquer. Je dirais : "Toutes les villes ont un cœur, et ce qu'on appelle le cœur d'une ville, c'est l'endroit où son sang afflue, où sa vie se manifeste intensément, où sa fièvre se déclare, sorte de carrefour où toutes ses artères paraissent aboutir. Mais le cœur de Paris a ceci de particulier, c'est que chacun le place où il l'entend. Chacun a son Paris dans Paris. Le mien commence à l'Arc de Triomphe et se termine place de la République [...]. Ce que les Parisiens appellent entre eux Paris n'en est, en vérité, que la vingtième partie - et le nombre des Parisiens n'excède pas trois mille personnes. [...] Etre Parisien, ce n'est ni une fonction, ni un état, ni un métier - et cependant c'est tout cela. C'est unique et c'est inestimable - et ce n'est d'ailleurs pas à vendre. On en est, ou on n'en est pas. Et ceux qui n'en sont pas se demandent chaque matin ce qu'ils pourraient bien faire pour en être - et ceux-là n'en seront jamais ! Car, être de Paris, ce n'est ni une question de volonté, ni une question de fortune. Ce n'est même pas une question de valeur. C'est un indéfinissable mélange d'esprit, de goût, de snobisme, de jobardise, de bravoure et d'amoralité. On ne doit pas savoir au juste pourquoi on en est - et l'on doit seulement savoir pourquoi les autres n'en sont pas. Un Espagnol ne peut pas être Londonien, un Anglais ne peut pas être Berlinois : un Albanais peut être Parisien. Car pour en être, il ne s'agit pas d'être né à Paris - ni même en France. Il faut autre chose. Il faut être adopté par tous, sans que personne en ait parlé. Il y a dans ces élections quelque chose d'assez mystérieux, une sorte d'entente secrète. On est naturalisé Parisien, tout d'un coup, un beau soir. Oui, tous ces gens qui se haïssent, qui ne se quittent pas de l'année, qui échangent leurs femmes, leurs maîtresses et leurs amis, qui se regardent vieillir mais ne se voient pas changer, qui composent un véritable monde - je veux dire une véritable planète - avec ses moeurs, ses récréations, ses honneurs, son honneur et ses manies, oui, tous ces gens savent tomber d'accord, en un instant, quand il le faut."
S'il me fallait donner quelques conseils à un homme nouvellement élu Parisien, je lui dirais ceci : "Tu es élu ? Parfait. Maintenant, attention - pas de gaffes ! Le jour où tu as été élu, quel chapeau avais-tu ? Celui-là ? Bien. Mets-le. Il est vieux, dis-tu ? Ca ne fait rien. Mets-le. Tu avais cette cravate ridicule ? Tant pis, garde-la. Il ne faut plus jamais que tu en changes. Ceci est presque plus important que tout. Fais-toi refaire ce chapeau, fais-toi refaire cette cravate, prends modèle sur toi-même - et prends modèle aussi sur ceux qui en sont depuis trente ans. Que ta silhouette soit toujours la même, car il faut qu'on puisse te reconnaître de loin. Ta tête se fera petit à petit - c'est l'affaire d'un an ou deux. Quand elle sera faite, on la fera. C'est-à-dire qu'on fera sa caricature. Il faudra t'y conformer. C'est essentiel. Si l'on te fait un peu voûté, reste voûté. Ne grossis pas. Ne maigris pas. N'embête surtout pas les dessinateurs ! Ils ne te feraient plus. Mais la mode, dis-tu ? Là, je te mets tout de suite en garde. Lance-la si tu peux, mais ne la suis jamais. Tu ne dois pas être à la mode. Le vrai Parisien, c'est celui qui est en retard de quinze ans sur elle - ou en avance de quinze jours. Tu aurais l'air d'un provincial si tu suivais la mode. Voilà pour la façade. Le reste est moins facile. Au sujet de ta vie privée, on doit savoir de toi des choses assurément. Mais il n'est pas mauvais qu'elles soient imprécises. Il faut qu'on te croie marié si tu ne l'es pas - et divorcé si tu es marié. On ne doit connaître le nom de tes maîtresses que lorsque tu t'en es séparé. Il faut que tu aies l'air de cacher quelque chose, afin qu'une légende se crée autour de toi. Ainsi, sur ta fortune, il est bon que les avis soient partagés - et si tu peux laisser supposer que Napoléon III a été l'amant de ta grand-mère, ce sera excellent. Aux allusions qui t'y seront faites, tu souriras. D'ailleurs, en principe, n'avoue jamais rien - et tout ce qu'on dira de toi finira par être vrai - et tu finiras par le croire toi-même. Dans la conversation, sois optimiste, indulgent, paradoxal et cruel. Si tu as de l'esprit, sois féroce, impitoyable. Un "mot", c'est sacré. Tu dois le faire contre ta sœur, contre ta femme, s'il le faut - pourvu que le mot soit drôle. On n'a pas le droit de garder pour soi un mot drôle. Il y a des mots mortels. Tant pis ! Les mots qui sont mortels font vivre du moins ceux qui les font. Etre de Paris, cela nourrit son homme - et tu en vivras. Je peux même t'assurer que tu en mourras, ton chapeau sur la tête et ta cravate au cou."
[...]
Se procurer l'ouvrage :
Mémoires d'un tricheur
Sacha Guitry
1935
Ed. Gallimard, folio
157 pages
http://www.amazon.fr/M%C3%A9moires-dun-tricheur-Sacha-Guitry/dp/2070364348
11:00 Publié dans Ecrits, Littérature, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sacha, guitry, mémoires, tricheur, paris, parisiens
vendredi, 31 août 2012
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse 3 : Dans le quartier latin
Rue Bonaparte
Eglise Saint-Germain-des-Prés
Eglise Saint-Germain-des-Prés
Eglise Saint-Germain-des-Prés
Eglise Saint-Sulpice
Jardin du Luxembourg
Jardin du Luxembourg
Place du Panthéon, statue de Corneille
Boulevard Raspail
08:56 Publié dans Beaux-Arts, Sculpture, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : place, panthéon, paris, boulevard, raspail, jardin, luxembourg, rue, bonaparte, saint, sulpice
jeudi, 30 août 2012
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse 2 : au musée Rodin
Et dans les jardins du musée
Représentation de Victor Hugo
08:25 Publié dans Beaux-Arts, Sculpture, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musée, rodin, paris, victor hugo, hugo
mercredi, 29 août 2012
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse 1 (suite) : au musée du Louvre, aux peintures françaises du XIXème siècle
Poursuivons encore un peu... avant de changer de décor.
Saint Joseph, Georges de la Tour
La Baigneuse Valpinçon dite La grande baigneuse, Jean-Auguste-Dominique Ingres
Charles X récompense des artistes à l'exposition de 1824, François-Joseph Heim
Magdalena Bay, François Auguste Biard
08:27 Publié dans Beaux-Arts, Peinture, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musée, louvre, peintures, françaises, 19, xix, siècle, saint joseph, georges, de la tour, la baigneuse valpinçon, la grande baigneuse, jean-auguste-dominique, ingres, charles x, récompense, artistes, exposition, 1824, françois-joseph, heim, magdalena bay, françois auguste, biard
mardi, 28 août 2012
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse 1 (suite) : au musée du Louvre, aux peintures françaises du XIXème siècle
Une sélection...
Frédéric Chopin, Eugène Delacroix Autoportrait, Eugène Delacroix
La dame bleue, Camille Corot
L'âme brisant les liens qui l'attachent à la terre, Pierre-Paul Prud'hon
La Madeleine à la veilleuse, Georges de la Tour
La cruche cassée, Jean-Baptiste Greuze
10:19 Publié dans Beaux-Arts, Peinture, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : frédéric, chopin, delacroix la dame bleue, camille, corot, madeleine, veilleuse, georges, de la tour, cruche cassée, jean-baptiste, greuze, l'âme brisant les liens qui l'attachent à la terre, prud'hon
lundi, 27 août 2012
Où traîner ses guêtres pour faire plaisir à ses yeux ?
Réponse 1 : au musée du Louvre, aux peintures françaises du XIXème siècle
Bon à savoir : elles n'intéressent pas foule,
on y déambule tranquillement en plein mois d'août.
Mais n'allez pas le crier haut et fort sur tous les toits...
Réponse annexe : suivi d'un pique-nique à l'ombre d'un bosquet du jardin des Tuileries
08:47 Publié dans Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musée, louvre, jardin, tuileries, paris
jeudi, 09 août 2012
Pour homme
Messieurs,
La barbe !
Il suffit.
Cachez cette joue que je ne saurais voir.
Gentils utilisateurs du rasoir,
Du rasoir électrique,
Du rasoir jetable,
De la mousse à raser et du blaireau,
La barbe...
Cessez la récolte journalière de vos poils de face.
Changez donc d'outil,
Munissez-vous d'un bel engin,
Ou de ciseaux étincelants,
Et jetez vite par les fenêtres vos babioles d'un autre temps.
La corvée ne doit en aucun cas être journalière,
Et vous vous en trouverez certainement plus beaux.
MODE D'EMPLOI
Cliquer pour le visuel entier : tondeuse.jpg
Et si vous avez la chance d'avoir belle barbe,
Laissez-la donc pousser et généreusement, parbleu !
Vous n'aurez alors utilité
Que de ciseaux et d'eau douce.
Ne sont-ils pas magnifiques, ces illustres barbus ?
Karl Marx Victor Hugo
Brahms
Paul Verlaine Alfred de Musset
Jules Verne
Gustav Klimt
Auguste Renoir Guillaume Apollinaire
Si vous hésitez, laissez au moins la moustache, pardi !
Marcel Proust Georges Bernanos Léon Bloy
Paul Claudel Jules Barbey d'Aurevilly Albert Einstein
Et n'allez pas couper les cheveux en quatre
Pour me chercher de beaux imberbes,
Ce n'est pas le propos, quand bien même il s'agirait des mêmes messieurs
Vus un autre jour sous cet autre jour.
Enfin, pour plus récents...
Philippe Noiret Michel Serrault
Jean Rochefort Pierre Richard
Jacques Dutronc Jean Reno
Fabrice Luchini Rainer Werner Fassbinder
Jean-Hugues Anglade Maxence Caron
Clint Eastwood
Sean Connery Robert De Niro
Daniel Day-Lewis Al Pacino
Jeremy Irons
Benoit Poelvoorde
http://www.sudouest.fr/2011/01/12/poelvoorde-appelle-les-...
09:52 Publié dans Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : barbe, moustache, rasoir, tondeuse, ciseaux, karl marx, victor hugo, paul verlaine, alfred de musset, gustav klimt, guillaume apollinaire, paul claudel, jules barbey d'aurevilly, albert einstein, auguste renoir, philippe noiret, michel serrault, jean rochefort, pierre richard, jacques dutronc, jean reno, fabrice luchini, rainer werner fassbinder, jean-hugues anglade, maxence caron, clint eastwood, sean connery, robert de niro, daniel day-lewis, al pacino, jeremy irons, benoit poelvoorde, marcel proust, georges bernanos, léon bloy