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mercredi, 26 février 2014

San Antonio, c’est graveleux docteur ? #3

 

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Source : http://www.starzik.com/magazine/847-san-antonio-frederic-...

 

Les Hercule Poirot, Arsène Lupin, Sherlock Holmes n’arrivent pas à la braguette de San Antonio. Impossible de jouer les critiques Dard, sa gouaille Rabelaisienne a trop nourri notre bagage linguistique pour lui botter le derche.

San Antonio fait office d’oiseau rare dans la famille des détectives. A sa création, en 1949, il a apporté un vent de fraicheur au monde noir et parfois glauque du polar. San Antonio c’est du bagout de bon goût, des cabrioles pour fidèles voyeurs.

L’érection qu’a suscitée en nous San Antonio n’aurait pas pu naître sans un subterfuge littéraire. Frédéric Dard, papa intellectuel de San Antonio, a fait du personnage l’auteur de ses romans. En d’autres termes, Dard a signé ses romans San Antonio. Celui-ci n’est donc pas seulement le héros de ses aventures et le narrateur de ses histoires, c’est aussi l’écrivain de ses livres.

Ce n’est pas tant la double casquette du bonhomme qui nous séduit, mais son langage fleuri. Prince du calembour, roi de l’humour graveleux, le commissaire San Antonio manie la langue de Molière avec un talent fou. Aucune expression, aucune tournure ne sont laissées au hasard. Les livres de San Antonio regorgent de grivoiseries, de petits mots tels que « roustons » qu’on avait oubliés ou qu’on n’osait prononcer. Les périphrases polissonnes sont aussi de la partie. Ainsi pour parler d’orgasme San Antonio dit qu’il « poinçonne son ticket d’arc-en-ciel ».

On a oublié de vous dire, San Antonio est un obsédé de l’amour. Le commissaire vicelard s’est même lancé dans la refonte d’un Kamasutra très personnel plus complet que l’original. On est ravi de découvrir la signification du tire-bouchon moldave, du hanneton téméraire ou de la pompe à vélo investigatrice.

Celui qui a dit « L’amour, d’abord, ça ne se dit pas, ça se fait » ne cesse de raconter ses frasques sexuelles sans pudeur aucune et avec humour surtout.

Alors si le scénario est un peu facile parfois, s’il est naïf par rapport aux Sherlock Holmes et aux Miss Marpple, on s’en tamponne le coquillard. La gauloiserie de San Antonio, son humour ordurier, sa verve absolument inimitable excitent le scabreux qui sommeille en nous et c’est ça le principal.

 

Retrouvez toutes les aventures de San Antonio sur Starzik.com

 

 

mardi, 25 février 2014

Frédéric Dard alias San-Antonio #2

  

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Frédéric Dard, chez lui à Genève, en 1973

 

 

Extrait de "La face cachée de Frédéric Dard", François Rivière, Le Figaro littéraire, jeudi 13 février 2014 :

 

Au village d'Aillat, perché dans les collines du Dauphiné, tout le monde appelle la grand-mère du petit Frédéric Dard "Mme Larousse". Cette femme excentrique, veuve d'un receveur des postes de Bourgoin-Jallieu, ville natale du garçon, aime faire étalage d'une culture livresque totalement hétéroclite qui séduira très tôt l'enfant qu'on lui a confié. "Le goût de la lecture, c'est à ma grand-mère que je le dois, racontait Frédéric Dard en 1975 dans Je le jure. Elle me lisait au lit le soir jusqu'à ce que je sombre dans le sommeil." Ayant littéralement gavé Frédéric de contes pour enfants mai aussi des exploits des Pieds Nickelés, de Bicot et Bibi Fricotin, l'aïeule passe sans transition à ceux d'Al Capone racontés en feuilleton dans Le Petit Dauphinois. Car Mme Larousse est friande de faits divers et dévore avec le même appétit les recueils de "Crimes célèbres" de Léon Treich, Fantômas et les fascicules pliciers aux couvertures bariolées de chez Ferenczy.

Elle n'en restera pas là. Frédéric se voit offrir, lors de rituelles visites à une librairie de la place Bellecour à Lyon, les romans classiques de la collection Nelson. "A dix ans, dira-t-il encore, j'avais déjà lu Tolstoï, à treize, je m'étais farci tout Victor Hugo. A quatorze ans, j'attaquais Zola." Celui qui fanfaronna ainsi est l'auteur déjà auréolé du succès phénoménal de son double, San-Antonio, et qui se remémore avec une émotion teintée d'ironie sa soumission aux classiques. Mais lorsque, à seize ans, le cancre patenté d'une école de comptabilité lyonnaise se lance dans l'écriture d'une longue nouvelle baptisée La Peuchère, ce texte assez plat ne révèle aucune influence majeure. Frédéric vient pourtant, sur le conseil d'un parfait excentrique nommé Léon Charlais, de découvrir Voyage au bout de la nuit. Il en fera beaucoup de cas plus tard, affirmant par ailleurs : "Mort à crédit et pour moi le bouquin le plus important de ce siècle. A côté du cri de Céline, moi je pousse des plaintes de chiot qui a envie de pisser."

Toutefois, la véritable influence littéraire reflétée par les premiers écrits de Frédéric Dard, et singulièrement le roman Monsieur Joos, publié à Lyon en 1940, est celle de Simenon. Il a dévoré Faubourg et La Marie du port. En 1939, à la faveur d'une interview accordée par le célèbre père de Maigret au jeune pigiste du Mois à Lyon, le magazine où il a été engagé par l'humoriste Marcel Grancher, Frédéric fait part à Simenon de son désir d'écrire. Simenon et Dard resteront en contact pendant toute la duée de l'exil américain du premier, qui accepte de préfacer Au massacre mondain, le roman que Frédéric fait paraître, encore à Lyon, en 1948.

Il a toutefois compris que son destin passerait par la capitale, où certains de ses amis, comme Jacques Robert, l'auteur de Marie-Octobre, ont déjà émigré. Il a beau rêver du Goncourt, il sait aussi qu'en dépit de l'intérêt suscité par son court romain La Crève, traitant de l'Epuration, accepté par les très exigeantes Editions Confluences en 1946, il va devoir diversifer son talent. Frédéric écrit vite et la lecture des romans de Peter Cheyney, qui ne l'éblouissent pas autant que Le facteur sonne toujours deux fois, de James Cain, l'incite à faire dans le genre noir. C'est ainsi qu'il crée San-Antonio, se démarquant rapidement du modèle anglosaxon pour se lancer plus ou moins consciemment dans une entreprise langagière sans équivalent dans le roman d'évasion.

Mais il n'a pas jeté aux orties ses ambitions littéraires. La fascination qu'il éprouve pour le monde interlope de Francis Carco, rencontré à Paris et qui l'a autorisé à adapter pour la scène Jésus-laè-Caille, aurait pu amener Frédéric à renouveler le succès rencontré sur la scène du Théâte de l'OEuvre par la pièce qu'il a tirée de La neige était sale, de Simenon. Mais la critique ne l'entend pas de cette oreille et un Frédéric Dard mortifié se réfugie alors, dès 1951, dans la production intensive de littérature policière. Suivant le bon conseil de Cocteau, qui lui voue une grande admiration et l'incite à continuer à "écrire de la main gauche", Dard cédera enfin à la veine rabelaisienne, qui, loin de tout académisme, le changera pour toujours.

 

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http://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2010/06/28/03013-2010...

 

 

lundi, 24 février 2014

San-Antonio alias Frédéric Dard #1

 

 

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Frédéric Dard, chez lui à Genève, en 1973

 

Extrait de "La face cachée de Frédéric Dard", Sébastien Lapaque (slapaque@lefigaro.fr), Le Figaro littéraire, jeudi 13 février 2014 :

 

Souvent, c'est l'arbre qui cache la forêt. Mais avec Frédéric Dard (1921-2000), c'est toujours la forêt des livres écrits avec une régularité de métronome - "Trois pages par jour, confiait-il, mais trois pages tous les jours" - qui cache un bosquet. 180 volumes des aventures de San-Antonio, la créature qui a fini par dévorer son créateur en devenant plus célèbre que lui, nous font généralement oublier la cinquantaine de volumes dans lesquels Frédéric Dard a donné le meilleur de lui-même. Parmi ceux-ci, les 28 ites que l'écrivain nommait lui-même les "romans de la nuit" - un peu comme Georges Simenon avait parlé de "romans de la destinée" à propos de la crème de sa production : Le Testament Donadieu, Les Patard, le Bourgmestre de Furnes, etc.

[...]

Frédéric Dad, comme Georges Simenon, est un écrivain qu'on aurait tort de négliger sous prétexte qu'il fut un Hercule de la littérature de gare. D'abord parce que la littérature de gare n'est pas sans noblesse - de aurice Dekobra à Gérard de Villiers. Ensuite parce qu'à l'instar du maître liégeois, son disciple lyonnais fut un romancier capable de donner d'éblouissantes leçons sur leur propre terrain aux meilleurs écrivains de sa date. Du point de vue de la nervosité de l'intrigue, C'est toi le venin n'arainsi rien à envier à Thérèse Desqueyroux de François Mauriac ; pour ce qui est du coup de théâtre final, celui du Monte-Charge vaut bien celui de Un crime de Georges Bernanos ; quant au narrateur de Cette morte dont tu parlais, il n'est pas interdit d'en faire un cousin de L'Etranger de Camus. Vous souriez ? Lisez les sept "romans de la nuit" aujourd'hui rassemblés en volume. [...]

Non seulement parce qu'il écrivait ses livres en pensant au cinéma, mais aussi parce qu'il avait retenu les leçons du nouveau réalisme américain dont la "Série Noire" avat lancé la mode à partir de 1945. Das ses "romans de la nuit" publiés entre 1951 et 1966, Frédéric Dard a su acclimater en France une esthétique béhavioriste consistant à mettre en scène des personnages dont on ignore presque tout des pensées intimes - comme l'avait fait auparavant Boris Vian sous le pseudonyme de Vernon Sullivan avec ses romans de durs à cuire : J'irai cracher sur vos tombes, Et on tuera tous les affreux.

La haute valeur de la part méconnue de l'oeuvre de Frédéric Dard n'est pas à proprement parler une révélation. Les lecteurs disposant d'un bon radar l'avaient repérée depuis longtemps. Dans Le Nouveau Dictionnaire des auteurs de Laffont-Bompiani, publié en 1994, Alain Quesnel célébrait ainsi la valeur de ses romans sans gaudriole ni jeux de mots. "Ici, l'intrigue policière se plie à une analyse psychologique des plus fines qui révèle une vision pessimiste de la condition humaine. Dard peut légitimement être situé du côté de chez Céline, Marcel Aymé, voire Roger Nimier, à cause de son rejet désespéré de la "connerie univerelle"." [...]

 

 

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http://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2010/06/28/03013-2010...

 

 

lundi, 10 février 2014

Femmes - IV - Sollers

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Crédits photographiques Sylvia El Aarabi

 

Extrait de Femmes, 1985, Philippe Sollers, Gallimard :    

 

J'entends mon père se lever, le matin, pour aller travailler... Ces dames restaient au lit... Il faisait sa toilette le plus doucement possible, se rasait, ne pouvait pas s'empêcher de chanter un peu tellement il devait être content de partir... Il venait de passer sa nuit d'homme... Sa nuit de promiscuité, de soupirs, de fatigue et parfois de plaisir, de soucis, d'additions et de multiplications, de ronflements réprimés, de rêves compensateurs ou accusateurs... Il sortait, spectre rentable, accomplir sa journée de civilisé... Maintenant que je pense à lui, je me demande comment il trouvait la force ou l'inconscience, le surcroît d'adolescence ou de sainteté spontanée, le génie infranerveux, de rester toujours, ou presque, de bonne humeur... C'était peut-être sa vengeance... Montrer qu'il ne se passait rien... Que rien n'avait de sens... Silencieux, mais gai... Pas d'issue, mais léger... Une fois qu'il était dehors, le règne des femmes commençait. Prélassements, papotages, étirements, bâillements, courses en chemise de nuit, évaluation des achats de l'après-midi... Je les écoutais avec un plaisir effrayé... Lucidité, superficialité, vénalité : toutes les qualités pour bien coller à la réalité. Une horreur, un enchantement...  [...] Comme le résume froidement Tertullien cité par Bossuet dans son sublime Panégyrique de saint Thomas de Cantorbéry (1668, il a quarante et un ans) : "Toute notre affaire en ce monde, c'est d'en sortir au plus tôt." ... Le suicide ? Mais non... Si le monde est la mort, la mort ne permet pas de sortir du monde... Il faut donc tenter d'être là tout en n'étant pas là ; se sentir avec le plus de certitude, comme n'étant pas là pendant que, transitoirement, on est là... Vous me suivez ? Non ? Dommage... Ou tant mieux... [...] Regard des hommes apeurés, débilisés, racornis, enjupés, domestiqués, maternisés, mammas molles... Les voilà payeurs, porteurs, chauffeurs, bricoleurs, débardeurs de la connerie sans fin et sans faille... Asphyxiés au bain-marie, perfusés dans l'insignifiance, la glu de l'aménagement permanent... [...] Voilà le roman moderne... Autant dire que la littérature antérieure est complètement périmée. Inutile d'insister. Plus rien à changer, sinon la série des détails techniques. Plus rien à interpréter, sinon la toujours semblable bouffonnerie camouflée. La guerre, pourtant, est en train de changer d'abattoir... Nucléaire intime... Laissons flotter... On ne s'étonne de rien ; on n'est pas indigné ; on constate... Ce qui est devenu impossible, simplement, c'est la phrase trop subordonnée, propriétaire, la photo fixée... Il nous faut l'incertitude, désormais ; la légère certitude de l'incertitude ; l'approximation différée ; la veineuse oblique... La seringue hypo, son derme en écho...

 

Philippe, Sollers, FleursPhilippe Sollers

 

[...] Qu'est-ce qu'elles ont pu m'emmerder... Il faudrait que je leur décerne des prix. En tête, nettement, Flora... Puis Bernadette, presque un comble... Et puis Déborah, avec des circonstances atténuantes... Exceptions : Cyd, Ysia, Diane. J'ai beau me creuser, non, il n'y a que ces trois-là dont je ferai l'éloge à peu près sans restrictions... En général, je les notes (+) ou (-). Rarement (+)(+). Rarissimement (+)(+)(+). Parfois (+?). Quelquefois (+!). Très souvent (-)(-). Et combien de (-!). Pages de carnets, entailles rapides du temps... Quelle idée, aussi, quelle malédiction, d'être attiré par les femmes, magnétiquement, sourdement... J'attends que ça passe... Que ça s'exténue... Misère du besoin physiologique... Tenaille, il faut bien l'avouer... Carcan... Enfin, ça commence à se desserrer, on dirait...

[...]

 

 

51JMW0F9P2L__SL500_.jpgSe procurer l'ouvrage :

Femmes

Philippe Sollers

1985

Coll. Folio, Gallimard

672 pages

http://www.amazon.fr/Femmes-Philippe-Sollers/dp/2070376206/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1357915467&sr=1-3

 

 

lundi, 03 février 2014

Femmes - III - Sollers

 

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Crédits photographiques Sylvia El Aarabi

 

Extrait de Femmes, 1985, Philippe Sollers, Gallimard :    

 

     Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
     Et que languissamment je me tournai vers elle
     Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
     Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
     Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
     Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
     A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
     Qui semblait avoir fait provision de mon sang,
     Tremblaient confusément des débris de squelette,
     Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
     Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
     Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.

 

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Baudelaire, pipe à la bouche, par Courbet

 

J'aime Baudelaire sans conditions, moi... Je le trouve net, musical, irréductible... Très bon observateur... La moelle... L'outre aux flancs gluants... Le pus... Le mannequin... Le squelette... Le cri de la girouette qui ne peut pas ne pas évoquer la chouette... L'enseigne... La tringle de fer... La disparition dans le vent... Beau comme Macbeth... "Le goût du monde féminin fait les génies supérieurs. Je suis sûr que les dames intelligentes qui m'écoutent absolvent la forme presque sensuelle de mes expressions." Baudelaire ? Confucius ? Commentez, choisissez, justifiez votre choix, faites part de votre expérience personnelle... [...] 

En effet, il est absolument indispensable de tricher. Non pas que l'espèce dans laquelle nous sommes contraints d'accomplir notre petit tour soit tricheuse en elle-même, non, la pauvre. Simplement, elle n'a pas la force de la vérité sur ce plan. C'est-à-dire sur tous les plans. Le sexe la laisse en plan... C'est sa différence... Nombril de néant...

Au point qu'un individu né pour la désillusion ultime ne peut pas ne pas connaître dans toutes ces péripéties des révélations anticipées... Insolites... Logiques... Automatiques...

[...]

 

Philippe, Sollers, FleursPhilippe Sollers

 

Comment révéler au grand jour ce que j'ai connu dès mes premières années ? Ce que j'ai vu, deviné, senti, touché, vérifié ? La force noire dérobée des femmes... Leur radar, leur stratégie, leur permanent calcul souterrain, le mystère insensé, inconnu d'elles-mêmes, mais poursuivi implacablement en retrait ? Initié, je le suis, au plus caché des rites... La Déesse m'a reçu chez elle, appris ses philtres, montré ses lacets... Je sais comment chacune d'elles, même apparemment et consciemment la plus préservée, la plus détachée, n'est qu'un masque d'une réalité insaisissable, intraitable, grandiosement minable, manifeste seulement par crises grimaçantes, larvées... Il ne faut rien croire, jamais, de ce qu'elles montrent ni de ce qu'elles disent, c'est toujours autre chose, toujours à côté... Il ne faut pas non plus s'imaginer qu'elles possèdent la clé de leur fonction clé... Pas le moins du monde... Parfois, quelques secondes... C'est tout... Ca leur échappe... Elles sont dans l'échappée... L'évanouissement... D'où leur obsession du lieu, du nid, du point fixe, de la sécurité domicile, de la légalisation assurée... D'où leur dépression immédiate dès que le lest vient à manquer, que les rapports sont trop libres... C'est de mère en fille, ou plutôt de grand-mère en petite-fille que ça se transmet, chez elles, ce lourd, si lourd et ensorcelé problème de la régulation contrôlée... La face cachée de la galaxie, la part sous-entendue maudite, méconnue, tue, incongrue... Bonne chance au cosmonaute, donc, qui s'enfonce dans ces courants magnétiques, dans la végétation impalpable des phénomènes paranormaux... Fleurs carnivores... Chausse-trapes... Tourbillons soudains... Entonnoirs invisibles... Castrations en sous-main... Inhibitions inexplicables, paralysies, paraplégies, hémorragies nerveuses, catalepsies sous épilepsies... Décalages d'abîmes... Tressautements, dérapages... Forêt obscure du chemin de la mort en vie à travers nos gouttelettes de vie...

[...]

 

51JMW0F9P2L__SL500_.jpgSe procurer l'ouvrage :

Femmes

Philippe Sollers

1985

Coll. Folio, Gallimard

672 pages

http://www.amazon.fr/Femmes-Philippe-Sollers/dp/2070376206/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1357915467&sr=1-3

 

 

lundi, 27 janvier 2014

Femmes - II - Sollers

 

Sylvia El Aarabi, Philippe Sollers, femme
Crédits photographiques Sylvia El Aarabi

 

Extrait de Femmes, 1985, Philippe Sollers, Gallimard :

[...]

Kate arrive avec son chapeau fantaisie cow-boy. Elle se prend maintenant pour une amazone. La tête farcie d'épopée femme et re-femme. "Nous les femmes..." On sent qu'elle y pense sans arrêt, excitée, déprimée, terrorisée. Maniaque. Elle souffre, mais elle doit le cacher sous une allure toujours "en forme", gaie, décidée... Surtout que personne ne se rende compte que le tissu de sa vie n'est que vertige, peur. Sans fin donner le change, mentir. La dissimulation est pour elle une première nature, une nature d'avant la nature, une protection spontanée, un voile au sens où on dit qu'une roue est voilée... Je la vois serrer légèrement les dents. Elle va m'approcher, moi, l'ennemi public n°1, la tête de liste noire, celui qui en sait dix fois trop, qui est renseigné de l'intérieur... Elle m'embrasse, elle allume les stéréotypes de la séduction. Rapports de forces... Je la regarde. Elle est épuisée, elle sort d'une longue journée de travail pour marquer ses droits, s'affirmer ; d'une interminable série de grimaces, partout, au Journal, à l'Agence, à la conférence de presse du candidat réactionnaire-progressiste qu'elle doit, elle, progressiste-réactionnaire, feindre de trouver réactionnaire modéré. Ou quelque chose dans ce genre. Sa peau est grasse, luisante, ses seins affaissés, son ventre ballonné comme par une grossesse à demi rentrée permanente. Le foie ?

[...]

"Tu sais que, souvent, je me demande sur telle ou telle question ce que tu en penses, ce que tu ferais. Et je sais tout de suite que je dois penser, ou faire exactement le contraire." ... 

C'est dit. Je suis pour elle, et son réseau, l'étalon tordu absolu... Le plus étrange, après ça, est qu'elle a l'air de penser que la conversation peut continuer comme si de rien n'était. Davantage : on dirait que sa perversité a besoin de ce genre de préambule agressif. Dans un moment, après m'avoir raconté quand même un maximum de potins ; après avoir dit le plus de mal possible des amis qu'elle va retrouver tout à l'heure ; après avoir essayé de m'extorquer quelques renseignements qu'elle juge importants pour sa carrière des huit jours ou deux mois à venir, elle va tout à coup se pencher sur moi, me faire sentir son haleine déjà chargée d'alcool :

"Tu vois, je pourrais t'en dire plus... Un certain nombre de choses... Mais il faudrait du temps... Que je m'habitue... Au bout de deux ou trois jours, peut-être..." Ca y est, le coup du voyage ! Ca ne rate jamais... Elles finissent toujours par proposer un voyage... Un déplacement... Pour mieux rentrer... En Egypte, en Grèce, à Rome, à Venise, aux Indes, à Singapour, au Maroc... Seulement un week-end... Trois jours, huit jours... Qu'on reste ensemble... Qu'on ne se quitte plus... L'hôtel, le face-à-face, le bord-à-bord, les promenades, les repas, les musées... Et puis peut-être, le second jour... Vers la fin de l'après-midi... Après quelques achats... Des souliers... Une bague... Un bracelet... Un collier... La fusion... On se dirait tout, vraiment tout... L'affaire serait faite... Le mariage, quoi. Finalement, ça en revient toujours là : qu'on s'installe, qu'on régularise, que ça ne fasse plus qu'une seule atmosphère partagée... La bulle unanime... La transparence... Le placenta en commun... Les petites choses de la vie, un peu dégoûtantes mais tellement touchantes, les vraies choses... Là, donc, elle me dirait ce dont j'ai besoin... Les trucs qui me menacent... Les conseils... Ce que les autres projettent, ont réellement contre moi, les ragots, tout ce qui se trame dans mon dos... Les détails que je brûle de connaître... Je me creuse légèrement sous le choc. Il ne faut pas qu'elle perçoive ma répulsion. Au contraire, j'y vais tout de suite... Je lui prends la main, je me courbe, je l'embrasse un peu dans le cou... Rien... Moi pourtant si client...

 

Philippe, Sollers, FleursPhilippe Sollers

 

"Mais oui, il va falloir calculer ça."...
Je trouve ma voix un peu molle... Sans l'enthousiasme qui conviendrait... Elle va se rendre compte... Mais non, une femme ne se rend jamais compte, par principe... Défendue par un narcissisme à toute épreuve, monumental, cosmique... Ou bien elle est déprimée dans toutes les situations, à l'avance ; ou bien elle est persuadée de sa fatalité en action... Le plus souvent à juste titre d'ailleurs... Vibrations, médiumnisation, ça finit par faire vaciller les volumes, par jeter un sort, un malaise, quel que soit le bonhomme présent, le plus homosexuel, le plus professionnel... Encore mieux ! L'effet-mère... L'effet causalité dérobée. C'est toujours tout ou rien, jamais peut-être... Elle veut que je la désire, il ne lui viendrait même pas à l'idée que je ne la désire pas... A moins que... On ne sait pas vraiment... Elle a peut-être perçu mon mouvement de recul, ma réserve... Moi, je voyais déjà le film à toute allure... L'auberge, le parc, les tables sous les arbres, la rivière, le lit, la salle de bains... Un premier moment peut-être émouvant malgré tout, ma main dans la braguette de son pantalon, le doigt dans la fente... Elle, si sûre d'elle... Et d'elles... Le mouilli-mouilla des débuts...

Qu'est-ce qu'elle sait faire, à propos ? Bouche pincée, incisive un peu décrochée... J'allume une cigarette, je finis mon verre... Je bafouille l'urgence d'un rendez-vous... Elle se raidit d'un coup en arrière... Je viens d'ajouter une note hypernégative à mon dossier déjà lourd... L'histoire Phèdre... La rumeur Racine en fureur... Au revoir chéri, on s'appelle... Je sors presque en courant... Le soir de juin parfumé...

Le rendez-vous, je l'ai en effet, mais pas celui que j'ai dit. Cyd m'ouvre la porte. Toujours nette, ponctuelle, discrète... Le jeu consiste à ne pas se parler, à faire directement l'amour... Elle est nue sous sa robe noire, on y va tout de suite... On ne parle qu'après... C'est tout différent... Une fois que la crise a eu lieu de façon physique... Le malentendu exorcisé... L'incommunicabilité mimée, déchargée... Elle a compris ça, elle accepte le rythme, je ne sais rien de sa vie ou presque... Voilà la liberté aujourd'hui... Séparer, installer des cloisons étanches, se taire, ne jamais avouer, ne surtout pas se plaindre, changer de décor... Multiplier les scènes, suivre les diagonales, passer. [...]

 

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Crédits photographiques Sylvia El Aarabi

 

Cyd a beaucoup d'humour, elle est en même temps violente... Elle est pour la comédie... Le cinéma qui fait jouir... L'artifice efficace... La magie, le style ironique geisha an 2000... Les bas noirs, les jarretelles, l'absence de culotte, les préliminaires chuchotés, les obscénités entrecoupées... Tout le rétro de l'affaire... Il faut que je fasse une théorie du chuchotement, un jour, une thèse, je l'enverrai à mes amies universitaires, je dirai lesquelles... Zones souples, légères, langage troué, gratuité... Le pourtour démodé, idiot, mais qui trouble, qui finit par troubler... N'est-ce pas, hypocrite lecteur, lucide lectrice... [...]

Je regarde Cyd dans l'ombre. Elle est nue, maintenant, avec ses souliers... Belle comme ça, blonde, brunie par son dernier séjour dans le Midi... Elle s'agenouille, me suce... Longtemps... On entre dans la mécanique universelle, dans le roulement... Je sais ce qui l'intéresse, là, le moment mental, la domination abstraite par l'intérieur, le rite de possession muet, le yoga focal... Voir si je tiens le coup, et comment... Ca l'exalte... Je m'allonge sur le divan... Elle continue à sucer... Je la réentends toujours, la première fois où elle m'a dit : "Salaud, tu veux que je te suce ?"... [...] Pourquoi fait-elle comme ça avec moi, je veux dire : sans rien demander en échange ? Chaque fois, je m'attends qu'elle me dise son prix... Même indirect.... Une intervention ici ou là, un service quelconque, une demande de resserrement d'intimité, la procédure habituelle... Mais non, rien... Tout reste lisse, enfiévré, emballé, comme si l'instant seul comptait... Peut-être quand même une ou deux fois... Pour la forme... Non... C'est gratuit... Ou alors, elle pousse l'investissement à long terme... Je la laisse jouer... Elle doit s'ennuyer autant que moi dans le temps... D'où le côté savant des rencontres... Elle va jouir de me forcer à jouir... Elle monte sur moi, spasmodique, tremblée... Parcourue du frisson... Elle m'enfile. [...] Cyd, là, dansant sur le radeau en dérive... Elle redescend, précipite sa bouche, m'arrache... Voilà, je pars... Je la laisse passer... Elle me mange... L'amour... Elle me mange tout... Les électrons, les protons, les neutrons, les photons, les leptons, les muons, les hadrons... Et même les nouveaux venus qui assurent la cohésion des fibres : les gluons... Elle secoue de part en part la substance... Crinière d'atomes... Comme si elle se nourrissait direct cogito... Elle me le murmure : "C'est ton cerveau qui m'excite."... Son image recomposée invisible à travers mon cerveau... Elle s'inspire complètement, elle s'effondre... Couchée, dormant, maintenant... Pas de conversation, aujourd'hui ? Je me lève, je me rhabille en douceur... Elle a un petit mmmm mmmm gentil... Je trouve la porte dans le noir... Je suis dans l'escalier froid...

[...] La nuit est complètement tombée dans ma fenêtre, maintenant, rideau bleu-noir... J'écoute le Clavecin bien tempéré... Das Wohltemperierte Klavier... Zuzana Ruzickova... Une tchèque... C'est parfait... Délicat, énergique, détaillé, massif... Les musiciennes... Les seules que j'aimerais sauver... Chanteuses, pianistes, clavecinistes, violonistes... Je pense à cette petite brune... Louise... On se voyait le dimanche... Elle travaillait constamment...Reprenant, reprenant... Scarlatti, Haydn, Mozart... Ses mains, son profil, les doigts volant, son buste balancier souple... Je l'aurais écoutée des heures... On flirtait à peine, rien de poussé... Gammes de nuances... Températures tempérées...

[...] Je revois l'enterrement de Marie-Thérèse, à l'église Saint-Thomas-d'Aquin... [...] Je ne l'aimais pas... Elle m'ennuyait, elle sentait déjà la mort quand je l'ai connue... Pas la mort vivante, qui fait bander, la mort morte, moisie... Trop grosse, affectée... Baisée une fois, et encore parce que j'avais trop bu, mollement, plus jamais ensuite, impossible... Elle collait à moi dans un sursaut de haine éperdu... Je l'évitais, elle en voulait dix fois plus... Elle organisait des dîners auxquels je me dérobais à la dernière minute... Par pneumatique... Par télégramme... Par téléphone interposé... Elle continuait... Le réalisme des femmes, leur cynisme... Tout doit pouvoir s'obtenir... S'obtenir. Elles sont prêtes à payer, à soudoyer, à corrompre, à arranger les situations... Quand la force anale de fond a été déclenchée en elles, aucun sens moral, aucune pudeur... Plus le moindre goût... La violence pure, l'insistance acharnée... Butées... Elle avait dit à l'un de mes amis : "J'attends qu'il soit tombé très bas pour l'avoir." ... Au besoin elle aurait orchestré ma descente... Pour me recueillir... C'est une des dimensions très particulières de leur érotisme, on le sait... Le côté clinique, hôpital, asile, prison, banlieue, morgue... Elle rêvait de me guider, de me diriger, d'organiser pour moi le spectacle, les influences... En échange, j'aurais été là, à droite de la cheminée, près du feu de bois, pendant les réceptions... En smoking... Présentable... Odieux... Renfrogné... Redoutable... Ivre... Agressif... Spirituel... Inaccessible... Peu importe... Elle voulait son malheur de moi... [...]

[...] Qu'est-ce que j'attrape là ? Ysia... Ah, non, pas Ysia maintenant ! ... Plus tard ! ... [...] Enfin... Belle... Exquise... Laquée, souple, mince... Trente ans, mariée, en manque... Le vice léger... Tout... Flûte de jade... Le rêve du pavillon rouge... Jaune... Turquoise... Les contes du bord de l'eau... L'éventail du phénix... La rosée du clair de lune... Une précision, un appétit... Corps presque enfantin, une de mes meilleures sensations du dedans, je veux dire muqueuse à muqueuse dans le four abstrait de la jouissance incurvée... Vous comprenez ? Non ? Tant pis... Il y a longtemps que je pense qu'une véritable cartographie des coïts serait souhaitable... Une carte du tendre en action... En général, les narrateurs se taisent au moment de passer à l'acte... Ou alors ils en remettent dans le genre crispé... Microsadismes divers... Scatologies, découpages... Le plus souvent, c'est quand même le style éthéré... Elle sortit de son bain, vint s'allonger près de moi, nous éteignîmes... Elle se laissa aller, nous roulâmes sur le lit plumeux... Ce jour-là, nous ne lûmes pas plus avant... Fin du paragraphe. Non, ce qu'il faudrait, c'est la notation exacte de l'aventurier sur les sensations internes de son bout d'organe à la rencontre de la dérobade compréhensive de la chair pénétrée... Toute une palette inédite à découvrir... Positive... Négative... Neutre... Vitaminante... Plombée... Les descriptions sont trop extérieures... Littérature guindée, empêtrée, gourmée... Agressivité simplifiée... Scènes trop soumises à l'oeil, à l'idée de l'oeil, au stéréotype optique... Ysia vient ici dans la narration, parce que, voulant raconter ma vie, je lui dois une reconnaissance tactile... Une gratitude de peintre... De graveur... Deux ou trois bambous, quatre feuilles, allusion de l'air, pente, courant, densité de l'air, éclat d'eau... L'univers d'un coup de pinceau... Depuis que j'écris ce livre, d'ailleurs, tout en discutant avec S., je comprends mieux les peintres. [...]

 

51JMW0F9P2L__SL500_.jpgSe procurer l'ouvrage :

Femmes

Philippe Sollers

1985

Coll. Folio, Gallimard

672 pages

http://www.amazon.fr/Femmes-Philippe-Sollers/dp/2070376206/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1357915467&sr=1-3

 

 

lundi, 20 janvier 2014

Femmes - I - Sollers

 

Sylvia El Aarabi, Philippe Sollers, femme
Crédits photographiques Sylvia El Aarabi


 

Extrait de Femmes, 1985, Philippe Sollers, Gallimard :

 

Depuis le temps... Il me semble que quelqu'un aurait pu oser... Je cherche, j'observe, j'écoute, j'ouvre des livres, je lis, je relis... Mais non... Pas vraiment... Personne n'en parle... Pas ouvertement en tout cas... Mots couverts, brumes, nuages, allusions... Depuis tout ce temps... Combien ? Deux mille ans ? Six mille ans ? Depuis qu'il y a des documents... Quelqu'un aurait pu la dire, quand même, la vérité, la crue, la tuante... Mais non, rien, presque rien... Des mythes, des religions, des poèmes, des romans, des opéras, des philosophies, des contrats... Bon, c'est vrai, quelques audaces... Mais l'ensemble en général verse vite dans l'emphase, l'agrandissement, le crime énervé, l'effet... Rien, ou presque rien, sur la cause... LA CAUSE.

   Le monde appartient aux femmes.
   C'est-à-dire à la mort.

 

Philippe, Sollers, FleursPhilippe Sollers

 

Là-dessus, accroche-toi, ce livre est abrupt. Tu ne devrais pas t'ennuyer en chemin, remarque. Il y aura des détails, des couleurs, des scènes rapprochées, du méli-mélo, de l'hypnose, de la psychologie, des orgies. J'écris les Mémoires d'un navigateur sans précédent, le révélateur des époques... L'origine dévoilée ! Le secret sondé ! Le destin radiographié ! La prétendue nature démasquée ! Le temps des erreurs, des illusions, des tensions, le meurtre enfoui, le fin fond des choses... Je me suis assez amusé et follement ennuyé dans ce cirque, depuis que j'y ai été fabriqué...

[...]

Règlement de comptes ? Mais oui ! Schizophrénie ? Comment donc ! Paranoïa ? Encore mieux ! La machine m'a rendu furieux ? D'accord ! Misogynie ? Le mot est faible. Misanthropie ? Vous plaisantez... On va aller plus loin, ici, dans ces pages, que toutes les célébrités de l'Antiquité, d'avant-hier, d'hier, d'aujourd'hui, de demain et d'après-demain... Beaucoup plus loin en hauteur, en largeur, en profondeur, en horreur, - mais aussi en mélodie, en harmonie, en replis...

[...]

 

51JMW0F9P2L__SL500_.jpgSe procurer l'ouvrage :

Femmes

Philippe Sollers

1985

Coll. Folio, Gallimard

672 pages

http://www.amazon.fr/Femmes-Philippe-Sollers/dp/207037620...