mercredi, 26 février 2014
San Antonio, c’est graveleux docteur ? #3
Source : http://www.starzik.com/magazine/847-san-antonio-frederic-...
Les Hercule Poirot, Arsène Lupin, Sherlock Holmes n’arrivent pas à la braguette de San Antonio. Impossible de jouer les critiques Dard, sa gouaille Rabelaisienne a trop nourri notre bagage linguistique pour lui botter le derche.
San Antonio fait office d’oiseau rare dans la famille des détectives. A sa création, en 1949, il a apporté un vent de fraicheur au monde noir et parfois glauque du polar. San Antonio c’est du bagout de bon goût, des cabrioles pour fidèles voyeurs.
L’érection qu’a suscitée en nous San Antonio n’aurait pas pu naître sans un subterfuge littéraire. Frédéric Dard, papa intellectuel de San Antonio, a fait du personnage l’auteur de ses romans. En d’autres termes, Dard a signé ses romans San Antonio. Celui-ci n’est donc pas seulement le héros de ses aventures et le narrateur de ses histoires, c’est aussi l’écrivain de ses livres.
Ce n’est pas tant la double casquette du bonhomme qui nous séduit, mais son langage fleuri. Prince du calembour, roi de l’humour graveleux, le commissaire San Antonio manie la langue de Molière avec un talent fou. Aucune expression, aucune tournure ne sont laissées au hasard. Les livres de San Antonio regorgent de grivoiseries, de petits mots tels que « roustons » qu’on avait oubliés ou qu’on n’osait prononcer. Les périphrases polissonnes sont aussi de la partie. Ainsi pour parler d’orgasme San Antonio dit qu’il « poinçonne son ticket d’arc-en-ciel ».
On a oublié de vous dire, San Antonio est un obsédé de l’amour. Le commissaire vicelard s’est même lancé dans la refonte d’un Kamasutra très personnel plus complet que l’original. On est ravi de découvrir la signification du tire-bouchon moldave, du hanneton téméraire ou de la pompe à vélo investigatrice.
Celui qui a dit « L’amour, d’abord, ça ne se dit pas, ça se fait » ne cesse de raconter ses frasques sexuelles sans pudeur aucune et avec humour surtout.
Alors si le scénario est un peu facile parfois, s’il est naïf par rapport aux Sherlock Holmes et aux Miss Marpple, on s’en tamponne le coquillard. La gauloiserie de San Antonio, son humour ordurier, sa verve absolument inimitable excitent le scabreux qui sommeille en nous et c’est ça le principal.
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07:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Portraits de personnalités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : san antonio, frédéric dard
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