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lundi, 24 février 2014

San-Antonio alias Frédéric Dard #1

 

 

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Frédéric Dard, chez lui à Genève, en 1973

 

Extrait de "La face cachée de Frédéric Dard", Sébastien Lapaque (slapaque@lefigaro.fr), Le Figaro littéraire, jeudi 13 février 2014 :

 

Souvent, c'est l'arbre qui cache la forêt. Mais avec Frédéric Dard (1921-2000), c'est toujours la forêt des livres écrits avec une régularité de métronome - "Trois pages par jour, confiait-il, mais trois pages tous les jours" - qui cache un bosquet. 180 volumes des aventures de San-Antonio, la créature qui a fini par dévorer son créateur en devenant plus célèbre que lui, nous font généralement oublier la cinquantaine de volumes dans lesquels Frédéric Dard a donné le meilleur de lui-même. Parmi ceux-ci, les 28 ites que l'écrivain nommait lui-même les "romans de la nuit" - un peu comme Georges Simenon avait parlé de "romans de la destinée" à propos de la crème de sa production : Le Testament Donadieu, Les Patard, le Bourgmestre de Furnes, etc.

[...]

Frédéric Dad, comme Georges Simenon, est un écrivain qu'on aurait tort de négliger sous prétexte qu'il fut un Hercule de la littérature de gare. D'abord parce que la littérature de gare n'est pas sans noblesse - de aurice Dekobra à Gérard de Villiers. Ensuite parce qu'à l'instar du maître liégeois, son disciple lyonnais fut un romancier capable de donner d'éblouissantes leçons sur leur propre terrain aux meilleurs écrivains de sa date. Du point de vue de la nervosité de l'intrigue, C'est toi le venin n'arainsi rien à envier à Thérèse Desqueyroux de François Mauriac ; pour ce qui est du coup de théâtre final, celui du Monte-Charge vaut bien celui de Un crime de Georges Bernanos ; quant au narrateur de Cette morte dont tu parlais, il n'est pas interdit d'en faire un cousin de L'Etranger de Camus. Vous souriez ? Lisez les sept "romans de la nuit" aujourd'hui rassemblés en volume. [...]

Non seulement parce qu'il écrivait ses livres en pensant au cinéma, mais aussi parce qu'il avait retenu les leçons du nouveau réalisme américain dont la "Série Noire" avat lancé la mode à partir de 1945. Das ses "romans de la nuit" publiés entre 1951 et 1966, Frédéric Dard a su acclimater en France une esthétique béhavioriste consistant à mettre en scène des personnages dont on ignore presque tout des pensées intimes - comme l'avait fait auparavant Boris Vian sous le pseudonyme de Vernon Sullivan avec ses romans de durs à cuire : J'irai cracher sur vos tombes, Et on tuera tous les affreux.

La haute valeur de la part méconnue de l'oeuvre de Frédéric Dard n'est pas à proprement parler une révélation. Les lecteurs disposant d'un bon radar l'avaient repérée depuis longtemps. Dans Le Nouveau Dictionnaire des auteurs de Laffont-Bompiani, publié en 1994, Alain Quesnel célébrait ainsi la valeur de ses romans sans gaudriole ni jeux de mots. "Ici, l'intrigue policière se plie à une analyse psychologique des plus fines qui révèle une vision pessimiste de la condition humaine. Dard peut légitimement être situé du côté de chez Céline, Marcel Aymé, voire Roger Nimier, à cause de son rejet désespéré de la "connerie univerelle"." [...]

 

 

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