samedi, 31 mai 2014
Lambert clôt, Dolan rayonne
Cannes 2014 - Cérémonie de clôture
Discours de clôture, Lambert Wilson :
Good evening ladies & gentlemen, bonsoir mesdames et messieurs, buonasera, buenas tardes, guten Abend, et cætera, et cætera ,et cætera,
Dear friends from all around the world, I guess you know the deal by now : it's going to be in French. "Voilà".
Ils sont venus de tous les continents pour se faire acclamer, ou siffler. La sélection a été implacable. Tous savent bien qu'il s'agit d'une compétition sans merci. Vous attendez ; le monde entier attend de savoir qui va remporter le plus prestigieux, le plus convoiter de tous les trophées : plus que dix-huit jours avant la coupe du monde de football.
Nous vivons les derniers instants de cette soixante-septième édition. Dans quelques minutes, vous, nous ne serons plus le centre du monde. Les Européens pourront aller voter. Les grands démocrates de ce monde pourront recommencer à élargir impunément leurs frontières. Le gouvernement chinois et la NSA recommenceront à lire vos emails. Et Godzilla sera à nouveau le film le plus important de la semaine.
Le monde redeviendra illisible.
Alors, dès demain, il vous faudra à nouveau écrire, et réaliser des films pour tenter de nous le rendre compréhensible.
Oui, le festival se termine. Nous disons en français : "les meilleures choses ont une fin". Pas les meilleurs films. Ils continuent à exister. Et leur souvenir se mélange en nous avec ceux de notre vie réelle ; ils nous accompagnent et nous apprennent à vivre.
Le monde est écrit dans une langue incompréhensible. Mais les films la traduisent pour nous dans un langage universel : celui des images et des émotions. Sans eux, sans leur lumière, chacun reste dans sa nuit.
Comme vous le savez, rien ne remplacera la passion que déchaîne la projection d'un film. On sort du cinéma, on commence à discuter avec sa femme, avec un ami, avec un collègue,... On comprend qu'il a osé aimer. Oh, pire : qu'il est resté totalement insensible à tant de beauté. On lui demande de s'expliquer et d'argumenter. Chacun défend son point de vue ; la conversation se fait débat ; le débat s'envenime. Comment ne pas apercevoir dans ce film ce que j'y ai vu, MOI ? Et là, il n'y a plus d'amis, plus d'amour, que des emmerdes.
Les couples se font et se défont sur UN commentaire, sur UN jugement hasardeux.
Alors, il faut imaginer un jury de festival comme un couple, composé de neuf personnes, et qui irait au cinéma deux fois par jour : stress, complots, négociations, stratégies... scènes de la vie conjugale. [...]
A la 35e et 39e minute, réception du prix du jury, Xavier Dolan :
Je suis désolé, je suis très nerveux et ému, donc je vais dire ceci au mieux de ma capacité. L'émotion qui me gagne en contemplant cette salle mythique est bouleversante. Je suis éperdu de gratitude devant la reconnaissance de votre jury. La quantité d'amour aussi que nous avons reçue au cours de la dernière semaine me fait réaliser que, en fait de festival, que c'est vrai que l'on fait se métier pour aimer et être aimé en retour. C'est la revanche en quelque sorte de nos amours imaginaires.
[...] A word for the people my age, my generation. This is I guess for me the coolest notes from the past years in this crazy business. I just wanna tell you that, despite people who are entitled to their own tastes and will dislike what you do - some will dislike who you are - yet let's hold on to our dreams because together we can change the world and the world needs to be changed.
Touching people, making them cry, making them laugh can change their minds, it can change minds, it changes lives slowly, it changes life and it changes the world.
Not only politicians and artists can change it... Not only politicians and scientists - sorry - can change it but artists as well. They've been doing it forever. There's not limit to our ambition except the ones we build for ourselves, and the ones people build for us.
En bref, je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n'abandonne jamais. Et puisse, je l'espère, ce prix en être la preuve la plus rayonnante.
07:00 Publié dans Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 30 mai 2014
She waits XXI - Le temps, Aznavour
http://www.youtube.com/watch?v=lusjLRrgZB8
Le temps qui va
le temps qui sommeille
le temps sans joie
le temps des merveilles
Le temps d'un jour
temps d'une seconde
le temps qui court
ou celui qui gronde
Le temps, le temps, le temps et rien d'autre
le tien, le mien, celui qu'on veut nôtre
Le temps passé
celui qui va naître
le temps d'aimer
et de disparaître
Le temps des pleurs
le temps de la chance
le temps qui meurt
le temps des vacances
There is a time for fame and for glory
a time for pride, a time to be sorry
A time to drift on wide summer rivers
a time for snow and icicles and shivers
There is a time for spring and for sighing
a time to laugh, a time too for crying
A time for dreams
and for sweet pretending
but then it seems
that suddenly its ending
This time, this time, this time there's no time to waste
We fade away as fast as the morning breaks
This time, this time, this time let's not hesitate
So take my life, my love, my eager kiss
for time flows on, and on, and on
07:00 Publié dans Chanson | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aznavour, minelly
jeudi, 29 mai 2014
L'Ascension du Christ - Camilo, Giotto, Rembrandt
A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » (Jn 14, 15-21)
L'Ascension, Francisco Camilo L'Ascension, Le Tintoret
Il vous est avantageux que je m'en aille car si je ne m'en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. (Jean 16,7)
J'enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; mais vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut. (Luc 24-49)
L'Ascension, Giotto
Les apôtres virent le Christ s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. » (Actes des Apôtres 1, 1-11)
L'Ascension, Rembrandt
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Foi, Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 28 mai 2014
La soupe aux choux - de Funes, Carmet, Villeret
Film : La soupe aux choux (1981, durée1h40)
Réalisateur : Jean Girault
Claude Ratinier / Le Glaude (Louis de Funès), Francis Chérasse / Le Bombé / Le Cicisse (Jean Carmet), l'extra-terrestre / La Denrée (Jacques Villeret), Francine (Christine Dejoux), Catherine Lamouette (Gaëlle Legrand), le Maire (Marco Perrin)
¤ ¤ ¤
Ratinier : J'aurais jamais dû le lire ce journal, on le savait pourtant que c'était que des menteries dans les journaux, des âneries de députés pour embêter l'pauv'monde.
Chérasse : Bon, c'est pas tout ça l'père mais tu me retardes, l'heure c'est l'heure, c'est l'heure du perniflard. J'va m'enfiler une larmichette, si l'voir te dérange pas pour ton régime...
Il puise dans son puit.
Chérasse : L'Glaude, mon eau ! sans m'vanter, c'est la meilleure du coin pour la soupe et pour l'perniflard. Y'a là-d'ssous une nappe phréatique comme y'a point dans tout l'Allier. Quand j'pense que t'as supprimé ton puits pour l'eau du robinet, ça m'fait sortir d'ma culotte à reculon.
Ratinier : Tu sais bien que c'est la Francine qui la voulait sur l'évier ! Les bonnes femmes, il leur faut tout le confort moderne maintenant !
Chérasse : Leur faut même l'égalité aux femelles. Ils vont être mignons tiens les gamins si elles se les fabriquent toutes seules à grands coups de s'ringues quelqu'part. Elles vont nous sortir que des hippocampes comme on en trouve dans les marres, ou bien des diabétiques.
Ratinier : !!
Chérasse : L'Glaude, l'Glaude ! L'Glaude, mon eau, elle a une température de haute précision pour le perniflard, au degré près, si c'est flacé, ça t'renfle le ventre, mais là, ça t'descend dans les boyaux comma la rosée sur les feuilles. R'garde donc, r'garde donc. Comme c'est'y bon mon Glaude, r'garde !
Sifflets des garçons.
Catherine Lamouette à Francine : eh benh tu vois, ton T-shirt te va comme une paire de mains.
Le Glaude à La denrée : T'aurais pas dû me la ressusciter ma femme, elle me cause du tracas et même du tintouin.
¤ ¤ ¤
Le Glaude à La denrée : Toi, t'es comme les bonnes femmes, t'as toujours le dernier mot. Tu me recroquevilles les artères.
¤ ¤ ¤
Le Maire à Chérasse et Ratinier : La main sur l'apéro alors qu'il est même pas midi ! C'est donc là qu'elle passe la retraite des travailleurs.
> A consulter également :
http://www.defunes.free.fr/html/rubrique-p/cine-p/pages/t...
07:02 Publié dans Films français, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis de funes, carmet, villeret, la soupe aux choux
mardi, 27 mai 2014
Considérations sur la mémoire - La guerre à neuf ans
Guernica, Picasso
Préface d'Emmanuel Berl à La guerre à neuf ans, Pascal Jardin, 1971, Grasset :
J'ai connu Pascal Jardin, plongé encore dans cette enfance dont il dit qu'on ne sort jamais.
Il m'a toujours séduit, et tant de fois déconcerté qu'il ne peut plus me surprendre, - par ses apparitions, ses disparitions ; petit ange démoniaque, tendre et dur, esclave ou libre, plus que quiconque : avec ses pieds qui ne touchent pas la terre et y sont, néanmoins, enfoncés.
J'ai aimé son livre, dès sa première version - parce qu'il lui ressemble. Est-il bon ? Est-il mauvais ? Comment savoir. En tout cas, il n'est pas rien. Pour moi, cela seul importe. Les livres sont comme les gens, transparents ou opaques, on entre en eux ou on n'y entre pas. Quand on les juge, on se trompe, non seulement sur eux, mais sur soi.
Celui-ci m'a intéressé pour des raisons multiples.
"La guerre à neuf ans" ? Moi, j'en avais quarante-huit. J'ai vu beaucoup des choses qu'il raconte. Et je ne les reconnais pas. Mais Cézanne aurait-il reconnu Vollard dans le portrait qu'en a peint Picasso ?
Pascal Jardin lui-même a-t-il vu, comme il le dit, ce qu'il nous rapporte ? Je sais trop que la mémoire est une fermentation perpétuelle où les souvenirs se transforment autant qu'ils se conservent.
C'est le cas de chacun. Mais de Pascal Jardin, plus particulièrement : il regarde tout avec tant de passion qu'il modifie tout de suite ce que, chez les autres, modifie, goutte à goutte, le temps écoulé.
Je crois que personne n'est plus véridique, et plus sincère. Mais je suis moi-même étonné quand, par hasard, il m'arrive de croire ou même de vérifier ce qu'il dit.
Chez lui, plus que chez quiconque, la perception, la mémoire ou l'imagination sont un tout que nos pédantismes, abusivement, décomposent.
Il est exactement le contraire de Cocteau "menteur qui disait toujours la vérité".
Pascal, lui, est toujours vrai, quitte à dire des mensonges : il serait, je pense, incapable de mentir. Si la vérité se transmue en imposture, la faute en est à elle, non à lui.
Il serait bien que M. Jacques Monod le fréquente un peu. Ses idées sur "la connaissance objective" y gagneraient le flou, les réserves qui leur manquent.
Sans doute M. Monod répondrait qu'il est un homme de science, et Pascal Jardin, un homme de cinématographe ; et que le laboratoire permet les vérifications expérimentales ; le retour du même prouve la justesse du discours tenu sur lui, oppose ce qui réussit à ce qui échoue.
Mais Pascal Jardin réussit : le scénario vérifie l'imaginaire d'où il provient, ou le film vérifie le scénario qu'il projette. La connaissance objective ne serait donc qu'un certaine attitude morale de celui qui tend vers elle. M. Monod lui-même, d'ailleurs, l'insinue. La guerre, l'enfance, Vichy, la première et la seconde femme de Pascal Jardin existent.
Son album d'images ne concorde pas toujours avec le mien. Mais n'était-il, n'est-il pas mieux placé que moi pour prendre ses photos ? Il est moins assuré que M. Monod de ce qu'il a vu, de ce qu'il se rappelle, de ce qu'il dit. Mais cette méfiance diminue-t-elle la probabilité de ses propos ?
Le cerveau de Pascal Jardin constitue un certain système de coordonnées. Il arrive que ses personnages m'ébahissent, quand je me réfère à ma propre souvenance. Mais la physique n'a-t-elle pas toujours ébahi le public, assuré que le soleil tourne autour de la terre, que l'espace est un milieu homogène, éternel, et que la vitesse de la lumière ne peut pas être constante, puisque les corps se meuvent soit dans le même sens qu'elle, soit dans un sens opposé ?
Je ne serai sans doute pas le seul que le livre de Pascal Jardin rappelle à l'ordre de la modestie. Il y parvient du premier coup, en nous obligeant à considérer que la guerre pourrait être vue, par des enfants - fait trop méconnu par les adultes inguérissables que sont les historiens.
Ils gagneront tous à méditer la scène où l'enfant Pascal cherche à comprendre ce que peut avoir d'insolite la présence simultanée, dans le salon de son père, de M. K. von Nidda, en visite et de Robert Aron en cavale.
De même qu'à relire dans Les dieux ont soif celles où Anatole France montre des Parisiens, inconscients qu'un événement a lieu, le neuf thermidor.
Les psychiatres aussi gagneront à lire ce que Pascal Jardin écrit des bottes et de son rapport avec elles. [...]
La guerre à neuf ans
Pascal Jardin
1971
Grasset
198 pages
www.amazon.fr/guerre-histoire-vichy-culottes-courtes/dp/B...
www.amazon.fr/guerre-à-neuf-ans-récit/dp/B0000DL9ID
07:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Réflexions, philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pascal jardin, la guerre à neuf ans, à 9 ans
lundi, 26 mai 2014
La guerre à neuf ans - Pascal Jardin
Biographie d'Alain-Gérard Slama précédant La guerre à neuf ans, Pascal Jardin, 1971, Grasset :
"Jardin (Pascal), écrivain, auteur de films. Né le 14 mai 1934 à Paris. Fils de Jean Jardin, diplomate puis banquier, et de Mme, née Simone Duchesne.
Marié en premières noces à Mlle Claudine Fayard (deux enfants, Nathalie, Emmanuel) et en secondes noces, le 3 décembre 1964, à Mlle Stéphane Sauvage (deux enfants, Alexandre, Frédéric).
Études : cours privés par précepteurs, dont Jean Giraudoux et Raymond Abellio.
Carrière : ouvrier papetier, chauffeur de taxi, puis vendeur de cartes de crédit (1952-1958). Journaliste à l'Aurore (1959). Assistant-metteur en scène de Marc Allégret (1960). Dialoguiste d'une centaine de films, dont Classe tous risque (1959), le Tonnerre de Dieu (1965), la série des Angélique, Marquise des Anges (1964-1968), Compartiment tueurs (1964), le Chat (1971), la Veuve Couderc (1971), le Train (1973), la Race des seigneurs (1974), etc.
Œuvres : la Guerre à neuf ans (récit, 1971), Toupie la rage (roman, 1972), Guerre après guerre (récit, 1973).
Adresse : 95 rue de la Faisanderie, 75116 Paris."
Tel est le bilan qu'en 1975, Pascal Jardin traçait, pour le Who's who, de sa carrière et de sa vie. Mort prématurément d'un cancer le 31 juillet 1980, il n'avait encore que cinq années à vivre, et quelques œuvres à produire : au cinéma, le Vieux Fusil, avec Robert Enrico (1975), Sale Rêveur, avec Jean-Marie Périer (1977), la Cage (1977), le Toubib (1979) ; en littérature, Je te reparlerai d'amour (roman, 1975), Comment avant (comédie, 1976), le Nain jaune (récit, 1978), la Bête à bon Dieu (récit, 1980). Mais dans cette notice insolite, l'essentiel, déjà, était dit : la place du père, la place des femmes, la formation autodidacte, le goût de la provocation, le parisianisme mondain, la veine populaire, l'ambition littéraire, la nostalgie du passé, l'appétit de modernité.
Beaucoup de contradictions, et de quoi, au total, remplir plusieurs vies. Mais n'était-ce pas, déjà, le cas de son père, Jean Jardin (1904-1976), haut fonctionnaire d'un capacité de travail débordante, qui dormait cinq heures par nuit ? Collaborateur éminent de Raoul Dautry à la tête de la SNCF, avant 1940, directeur de cabinet de Pierre Laval de mai 1942 à novembre 1943, puis représentant de Vichy à Berne, jusqu'à la Libération, Jean Jardin trouva le moyen de se rétablir dans les affaires, entre la Suisse et la France, sous la IVe République, et même de retrouver une certaine influence politique, depuis la formation du gouvernement Pinay en 1952.
Scénariste et dialoguiste débordant d'activité, à l'exemple de son père, celui que Jean Gabin appelait "le môme Jardin", a participé en vingt ans, depuis ses débuts dans le Petit Prof (écrit en une journée pour Darry Cowl, en 1958), à la réalisation de près de cent cinquante films, dont certains furent marquants comme Classe tous risques, de Claude Sautet, le Deuxième Souffle, de Jean-Pierre Melville, le Chat, de Pierre Granier-Deferre, le Vieux Fusil, avec Robert Enrico. Très vite, son tempérament passionné, sa fantaisie, son aptitude à saisir, dans un détail, la vérité romanesque et un sens aigu de la réplique, lui ont valu, avec un fortune joyeusement gaspillée, un ticket d'entrée dans le club très fermé des auteurs "à texte" les plus recherchés : Francis Weber, Jean-Loup Dabadie, Michel Audiard. En dépit de l'estime dans laquelle le tenaient un Truffaut ou un Godard, ce n'est pourtant pas l’œuvre cinématographique, où se côtoient le meilleur et le pire, qu'il a écrite, dit-il, "pour s'amuser", qui l'a fait connaître du public.
C'est ce petit livre vibrant de souvenirs sur Jean Jardin et Pierre Laval, la Guerre à neuf ans, qui, en 1971, l'a imposé comme écrivain. Par la suite, si l'on excepte Toupie la rage (roman, 1972), et deux pièces de "boulevard", Comme avant, et Madame est sortie, montée, la première par Andréas Voutsinas en 1976, la seconde par Jean-Claude Brialy en 1980, et toutes deux bien accueillies par la critique, son inspiration littéraire est restée largement autobiographique, dominée par deux passions : sa passion pour sa seconde femme (Je te reparlerai d'amour, 1975) et sa passion pour son père (le Nain jaune, 1978 et la Bête à bon Dieu, 1980). En 1978, pour le Nain jaune, cet autodidacte, qui se flattait de ne pas connaître l'orthographe, partagea avec Alain Bosquet le Grand Prix du Roman de l'Académie française.
Dans sa biographie de Jean Jardin (Une éminence grise, 1986), Pierre Assouline raconte que l'ancien directeur de cabinet de Pierre Laval s'est jugé offensé par le portrait "excessif" et "extravagant" donné de lui dans la Guerre à neuf ans : "Seuls les noms y (seraient) vrais, tout les reste (serait) faux." L'artiste, à l'évidence, a forcé le trait. Mais sans l'admiration baroque qu'il vouait à son père, il n'eût probablement pas osé élever ce monument de piété en l'honneur d'un homme qui, pour avoir joué, effectivement, double jeu, abrité des juifs et favorisé le passage de résistants à Alger, n'en a pas moins été un des principaux artisans de la collaboration.
Un quart de siècle, c'est beaucoup. Mais en 1971, pour panser les plaies des années noires, c'était encore trop court. Au-delà de l'effet de surprise créé par la nervosité de son style et par son découpage cinématographique en courtes séquences entrecoupées de "flash-back", la Guerre à neuf ans a créé un choc par la franchise, la grâce, l'absence totale de mauvaise conscience, avec lesquelles le microcosme de Vichy et des châteaux environnants se trouvait décrit. Le premier, en 1968, Patrick Modiano avait ouvert la voie avec la Place de l'Etoile, qui racontait l'histoire d'un collaborateur juif ; la même année, Emmanuel Berl avait contribué à briser les stéréotypes, en avouant ingénument, dans la Fin de la IIIe République, qu'en dépit de son appartenance à la haute société israélite, il avait participé à la rédaction des premiers discours de Pétain : ce n'est pas un hasard si Pascal Jardin lui a demandé de préfacer son livre.
1971 est aussi l'année où le film de Marcel Ophüls, le Chagrin et la Pitié, fut projeté dans les salles. Mais il s'agissait d'un réquisitoire, destiné à mettre en évidence une responsabilité collective, la Guerre à neuf ans se voulait, au contraire, "Apolitique, avec un A privatif majuscule", et revendiquait le point de vue du "photographe", non de l'historien. Sa thèse, s'il y en avait une, consistait à rappeler que les nécessités de l'histoire sont également faites de beaucoup de hasards particuliers. Chez Jean Jardin, installé près de Vichy dans le petit château de Charmeil, se côtoyaient des ultra-collaborateurs (Abel Bonnard, Paul Marion, Benoist-Méchin), des proches du maréchal (Romier, Le Roy Ladurie), des artistes (Morand, Giraudoux, Pierre Fresnay), des résistants (Georges Bidault), des Allemands (entre autres, Krug von Nidda, le représentant de Hitler auprès de Pétain) et Robert Aron, qui descendait, de temps en temps, pour prendre l'air, des combles où il était caché....
Le monde, semblait dire Pascal Jardin, est-il autre chose que cette fourmilière incohérente et vaine, reflétée dans un regard d'enfant ? Après lui, d'autres regards innocents se sont posés sur la collaboration, avec les souvenirs de Marie Chaix (fille d'un dirigeant du PPF), les Lauriers du lac de Constance, et surtout, avec le film de Louis Malle et Patrick Modiano, Lacombe Lucien (1974). AInsi un livre de deux cents pages, sans autre ambition que d'apporter un témoignage, a-t-il contribué à diffuser dans les sensibilités quelques-uns des thèmes qui avaient inspiré, vingt ans plus tôt, la protestation isolée des "hussards" - entre autres le Jacques Laurent du Petit Canard - contre les conformismes de la Libération. La Guerre à neuf ans, annonçait la vague que, dans l'euphorie des débuts du septennant de Valéry Giscard d'Estaing, on nomma la "mode rétro". Toute une métaphysique de l'absurde, jusqu'alors corsetée de tragédie, se donna libre cours, sur le mode allègre de la comédie.
La guerre à neuf ans
Pascal Jardin
1971
Grasset
198 pages
www.amazon.fr/guerre-histoire-vichy-culottes-courtes/dp/B...
www.amazon.fr/guerre-à-neuf-ans-récit/dp/B0000DL9ID
07:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Portraits de personnalités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pascal jardin, la guerre à neuf ans, à 9 ans
dimanche, 25 mai 2014
How I met my mother
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How I met
my mother
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Source : Facebook
[ Cuddled CEO ]
Les trois âges de la vie, Klimt
http://www.youtube.com/watch?v=UUv5FduE4Q4
Maman, Maman jolie
Maman tu es la plus belle du monde
Aucune autre à la ronde n'est plus jolie
Tu as pour moi, avoue que c'est étrange,
Le visage d'un ange du paradis
Dans tous mes voyages
J'ai vu des paysages
Mais rien ne vaut l'image
De tes beaux cheveux blancs
Tu es, Maman, la plus belle du monde
Et ma joie est profonde
Lorsqu'à mon bras
Maman, tu mets ton bras
Maman tu es la plus belle du monde
Car tant d'amour inonde tes jolis yeux
Pour toi, c'est vrai, je suis malgré mon âge
Le petit enfant sage des jours heureux
J'avais fait des rêves
Où l'on m'aimait sans trêve
Mais les rêves s'achèvent
Et toi seule m'est restée
Maman c'est toi la plus belle du monde
Et lorsque tout s'effondre autour de moi
Maman, toi tu es là !
www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=eZBCGVAkZLI
http://www.youtube.com/watch?v=zQJqu675Ino
http://www.youtube.com/watch?v=7RqSFiVUhDw
http://www.youtube.com/watch?v=VEp29GS1VXI
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And I met
my littlest
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Mother
of all
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Harissa vers 1900
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Chanson, Farce et attrape, Peinture, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : klimt, les trois âges de la femme, fête des mères