Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 21 décembre 2012

Salvador et Gala

 

Dali et Gala 5.jpg

 

 

Source : Le Figaro, lundi 19 novembre 2012

"Nous nous étions tout de suite entendus", Michel Déon de l'Académie Française

 

Salvador Dali était le fils d'un notaire de Figueras, une très honorable famille aux idées larges et que l'idée d'avoir un rejeton passionné de peinture ne désespérait nullement, et même, probablement, flattait. Le notaire, sans passer pour un ambitieux, sut canaliser l'effervescence de son fils et imposer un début classique. Puisque Salvador aimait les arts et peindre, il irait apprendre non pas à avoir du talent, mais à se préparer une vie d'artiste à l'Ecole des beaux-arts de Madrid. Après, le jeune homme serait libre de s'envoler.

A 25 ans, Salvador monte enfin à Paris. Un rêve "sublime" commence en même temps que les surréalistes prennent le pouvoir. On accueille ce jeune impétrant comme un ovni qui n'arrivait pas dans la capitale française pour s'enrégimenter dans une secte aux apparences libertaires et, en réalité, menée à la trique par son plus puissant inspiré, André Breton, qui, d'ailleurs, perçut vite des failles dans l'adhésion du jeune Catalan et le baptisa "Avida Dollars". Il est également probable que le "club" des surréalistes apprécia peu l'enlèvement de Dali par l'épouse d'Eluard, Gala, la célèbre "Rediviva", la "Gala Gradiva" destinée à trôner dans l'oeuvre peinte du jeune catalan.

 

Dali et Gala 4.jpg   Dali et Gala 1.jpg

 

J'ai du plaisir à la citer alors qu'elle a été peu prisée par l'entourage passionné des "daliniens", sans doute parce que j'ai eu la chance de toujours la voir sous son meilleur jour : l'inspiratrice, la fée bienveillante, le modèle répété de tableau en tableau, mais aussi la gardienne de l'atelier, veillant à ce que les visiteurs ne repartent pas les poches pleines de petits trésors. La disparition de Gala signa la fin de Dali et jeta le chaos dans son oeuvre. [...]

 

Dali et Gala 2.jpg   Dali et Gala 3.jpg

 

Ce fut très court, mais je garde frais le souvenir du personnage qui amusait assez prodigieusement l'Amérique et que, peut-être, elle considérait comme un mégalomane dont les éclats, les mystifications, les coq-à-l'âne, la grandiloquence et jusqu'à cette façon de porter en ville ces costumes qu'en Espagne on dit cursi, ce rien de trop, ennemi de l'élégance. Que cherchait-il à masquer ainsi, sinon, et j'en eus la certitude plus tard, une solitude paralysante et peut-être une sensibilité parfois assez puérile ?

 

Dali et Gala 6.jpg   Dali et Gala 8.JPG

 

Il était heureusement dit que nous nous rencontrerions beaucoup plus - et même pendant des années - mais dans des circonstances moins glacées, et ce fut à Paris, où la Table Ronde d'alors souhaitait publier une version française de La Vie secrète de Salvator Dali par Salvador Dali, une autobiographie assez délirante. En fait, il s'agissait du manuscrit de l'oeuvre originale avec cette particularité que Dali l'avait écrit, à la main, en lettres capitales, en français, avec une totale et irrésistible ignorance de toute orthographe. Pour en saisir le sens, il fallait la lire à haute voix avec l'accent catalan-espagnol.

 

Dali et Gala 9.JPG

 

Le grand intérêt de cette oeuvre totalement spontanée était sa sincérité, je dirais même sa nudité, tant on y rencontrait d'éclairs, de nuits, de passages drolatiques ou bouleversants. A condition de le "traiter", ce livre contenait des pages extrêmement belles et révélatrices de l'espèce d'innocence de Dali, de sa foi, de son intelligence, de ses élucubrations politiques hors des pauvres temps que nous traversions. D'autres livres suivirent dont un Journal d'un génie (pas moins !) et Les Cocus du vieil art moderne. [...]

 

Dali et Gala 7.JPG

 

1904, naissance de Salvador Dali, à Figueras (Catalogne), le 11 mai. Il voit le jour neuf mois après la mort de son frère aîné qui avait été baptisé Salvador. 

1922, il s'inscrit aux Beaux-Arts, à Madrid, où il rencontre Lorca et Bunuel.

1929, il s'installe à Paris, après un premier séjour en 1927. Il fréquente alors les surréalistes et se lie avec Gala, épouse du poète Paul Eluard. Dali et Gala se marient en 1934.

1939, pendant la guerre, Dali et Gala s'installent à New York.

1949, de retour en Europe, Dali et Gala se partagent entre Paris et la Catalogne.

En 1955, il donne à la Sorbonne sa conférence sur les "Aspects phénoménologiques de la méthode paranoïaque-critique".

1989, Salvador Dali meurt le 23 janvier, à 84 ans, à Figueras. Il y repose dans son Théâtre-Musée, édifié sur les ruines d'un théâtre détruit pendant la guerre civile. Dali a survécu sept ans à Gala qui s'est éteinte le 10 juin 1982, à 87 ans.

 

jeudi, 20 décembre 2012

Salvador dandy

Dali jeune et dandy.jpg
Dali dandy

 

 

Source : Le Figaro, lundi 19 novembre 2012

"La gloire du marquis de Pubol", Adrien Goetz

 

Les éditeurs cyniques parlent, dans leur jargon, des "livres pour non-lecteurs" et comme les "non-lecteurs" sont infiniment plus nombreux que les lecteurs, ce sont toujours des succès. Il existe aussi des artistes pour "non-visiteurs" d'expositions. Ils sont plutôt très bons, c'est ce qui distingue les musées des libraires : Magritte, Bruegel, Arcimboldo, Renoir, Hopper en ce moment au Grand Palais. Dali est le chef de cette petite troupe, le plus grand de ceux que tout le monde reconnaît au premier regard, ces artistes qui font plaisir à ceux qui n'y connaissent rien.

C'est qu'il est un excellent peintre pour classe terminale : il sert à tout. En histoire, les professeurs montrent les Six apparitions de Lénine sur un piano et L'Enigme de Hitler ; en philo, les élèves se délectent du célèbre et freudien Métamorphose de Narcisse ; en classe de lettres, les tableaux inspirés par Gala servent, juste retour des choses, à illustrer les poèmes d'Eluard.

 

 

SixapparitionsdeLeninesurunpiano.jpg
Six apparitions de Lénine sur un piano

 

 

13-dali-l-enigme-de-hitler-1939-600x400.jpg
L'Enigme de Hitler

 

la_metamorphose_de_narcisse_by_arcitenens.jpg
Métamorphose de Narcisse

 

 

Gala.jpg
Gala

 

 

Pour les historiens de l'art, Dali peut s'expliquer avec une clef unique, la fameuse méthode "paranoïa-critique", terme qui figure dans les titres de plusieurs tableaux et qu'on retrouve sans discussion chez presque tous ses commentateurs. Jean-Louis Gaillemin, dans son essai Dali. Désirs inassouvis (Le Passage), a décodé la genèse du mot : un terme soufflé à Dali par Breton, qui permit au Catalan d'abriter ses fantasmes, avec souvent beaucoup d'humour, derrière la toile tendue d'un solide alibi conceptuel. La méthode paranoïa-critique, c'est comme la moustache, ça ne sert à rien mais ça fait parler.

 

Dali a moustache.jpg

 

Pour les historiens moins attentifs, nourris au lait surréaliste, il y a un bon et un mauvais Dali. D'un côté le peintre génial des années 1920-1930, celui qui faisait scandale dans les sacristies avec son ami Bunuel et que le vicomte de Noailles avait le génie de financer. De l'autre, la marionnette des années 1970, bonimenteur de ses propres oeuvres, prêchant avant l'ouverture du Musée d'Orsay l'amour des peintres "pompiers" du XIXe siècle, plaçant Meissonier ou Bouguereau à l'égal de Vermeer, rallié au catholicisme sous Franco, aux mathématiques sous René Thom, à la physique quantique et au ruban d'ADN parce qu'il y voyait la présence de Dieu créateur caché dans l'infiniment petit. [...]

 

> A consulter également : http://divinedali.tumblr.com/

 

mercredi, 19 décembre 2012

Salvador aphrodisiaque

Veston aphrodisiaque.jpg
Dali portant son "veston aphrodisiaque"

 

Source : Le Figaro, lundi 19 novembre 2012

"Dali, la folie et la grandeur", Valérie Duponchelle

 

Il a fait tant de bruit en son temps que son oeuvre est devenue d'illustration de son discours, roucoulant, farceur et hyperbolique. On en aura un peu, mais à juste dose. Juste assez pour se souvenir de ce personnage royal, si beau jeune, si poignant vieux, qui savourait chacune de ses performances comme un banquet. [...] Dali, c'est le peintre né sur le divan freudien dont les associations libres, crues et sauvages nourrissent ses tableaux-rébus [...].

[...] les tableaux de Dali, ces virtuoses si révolutionnaires, ces délicats de tons si agressifs de sens, sont devenus la matière même de l'histoire de l'art. Depuis, l'audace du geste s'est éventée : l'art contemporain a copié les performances déjantées de ce vieil homme à Veston aphrodisiaque (1936/1967) et multiplié les installations saugrenues. 

Que reste-t-il de ces amours d'avant-garde ? Le plus crucial, l'oeuvre qui puise avec génie dans les fantasmagories des paysages flamands et des codes des maîtres anciens (Espagne, 1938 ou Portrait de Mme Isabelle Styler-Tas (Mélancolie), 1945, Métamorphose de Narcisse, 1937, star de la Tate à Londres). Et insensé comme ce Portrait de Picasso (1947), grotesque de la Renaissance qui tire une langue de caméléon, avec l'oeillet rouge des amoureux ibériques.

 

Espagne.jpg
Espagne

 

Portrait de Mme Isabelle Styler-Tas.jpg
Portrait de Mme Isabelle Styler-Tas (Mélancolie)

 

la_metamorphose_de_narcisse_by_arcitenens.jpg
Métamorphose de Narcisse

 

Portrait de Picasso.jpg
Portrait de Picasso

 

mardi, 18 décembre 2012

Tous surréalistes - Dali, Man Ray

 

Source : Madame Figaro supplément au Figaro n°21229 et 212230 des 2 et 3 novembre 2012

"Que reste-t-il des surréalistes ?" 

 

Ils voulaient transformer le monde... et aujourd'hui notre monde leur ressemble. C'est en tout cas la conviction de Michel Meffesoli, professeur de sociologie, auteur d' "Homo eroticus"*. En cinq principes clés, il nous en fait la démonstration. Propos recueillis par Philippe Nassif 

* "Homo eroticus" vient de paraître aux Editions CNRS ; Michel Maffesoli est aussi l'auteur, avec Brice Perrier, de "l'Homme postmoderne", chez François Bourin Editeur.

 

surréalisme,dali,man ray
Leda Atomica, Dali

 

"L'amour fou"* ou l'érotisation du lien social

 "Nous ne prêtons jamais assez attention au mot même de "surréalisme". Il nous rappelle que le réel ne se réduit pas à la réalité, qu'il est bien plus riche que ce principe de réalité à courte vue et déconnecté de la société que brandissent les politiques, les universitaires, les économistes ou les journalistes. Car ce qui fut l'apanage des surréalistes et reste la marque de bien des pratiques juvéniles contemporaines, c'est l'idée que la vie sociale est toujours d'abord portée par une dimension de surréel ou d'irréel. La religion, par exemple, pendant longtemps. Fondamentalement, les avant-gardes rappelaient qu'on ne peut pas réduire l'existence à un plan épargne-logement. Parce qu'il est d'autres exigences : l'amour fou de Breton, la vie festive, la dépense chère à Georges Bataille. Autrement dit, ce qui compte, c'est le prix des choses sans prix. Ce qui se déploie à travers l'idée que c'est bien plus beau lorsque c'est inutile, c'est une érotisation du lien social : un "homo eroticus" vient désormais compenser le rationalisme abstrait par une culture émotionnelle."

* André Breton

 

surréalisme,dali,man ray
La madone de port Ligat, Dali

 

"Tout est dada"* ou la chute du bourgeois

 "La métamorphose des sociétés obéit à une loi que je résumerai ainsi : un mouvement est d'abord secret, puis discret et enfin affiché. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, une poignée de romantiques, happy few très marginaux, tels Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, vont secrètement expérimenter un mode de vie alternatif au bourgeoisisme alors triomphant. Et cela va réapparaître de manière discrète dans l'entre-deux-guerres à travers les avant-gardes, de dada à la grande aventure du surréalisme, puis plus tard avec l'Internationale situationniste. Là il y a une exploration à 360 degrés des préceptes romantiques. Et ces valeurs viennent contaminer, à partir des années 1960, et cette fois de manière affichée, la jeunesse occidentale. Ce que j'ai appelé la "conquête du présent" domine le corps social. Un exemple a priori anecdotique : les titres des journaux qui, dans le sillage de "Libération", procèdent par détournement et collage pour faire jaillir un sens nouveau. C'est devenu une banalité de soigner les titres. Mais on oublie que de tels procédés ont été mis en œuvre par les situationnistes et avant eux par les lettristes et les surréalistes."

* Tristan Tzara

 

surréalisme,dali,man ray
La main de Dali retirant la toison d'or, Dali

 

"La toute-puissance du rêve"* ou la culture du virtuel

"La toute-puissance du rêve, le jeu désintéressé... : ce que le "Manifeste du surréalisme" a promu est aujourd'hui au fondement de la culture du virtuel sur le Web, dans les jeux vidéo ou à travers les mondes imaginaires du cinéma. Mais, en France, ce virtuel est encore peu étudié. Parce que "ce n'est pas réel", que "ça ne mange pas de pain", qu' "on ne sait pas à quoi ça sert" ? Précisément, il s'opère à travers les technologies numériques un véritable réenchantement du monde. "J'ai plusieurs vies dans ma vie." Ainsi, sur le Web, 70% des pseudos féminins sont utilisés par des hommes. Moi, dont la réalité physico-chimique est masculine, je vais pouvoir laisser libre cours à mes fantasmagories, me défouler réellement. C'est cela, la virtualité : une perte de son identité stable et étroite dans quelque chose qui nous dépasse. Un apprivoisement quelque peu païen de l'entièreté de sa personne, que les surréalistes, déjà fascinés par le cinématographe, avaient anticipé."

* Premier "Manifeste surréaliste"

 

surréalisme,dali,man ray
Noire et Blanche, Man Ray

 

"Être à plusieurs un seul"* ou la loi des frères

"Désormais, on n'est plus dans la loi du père, mais dans la loi des frères. Cela veut dire qu'il y a à la fois un refus du pouvoir et un besoin d'autorité. Le pouvoir, c'est le père : le supposé sachant. L'autorité qui, comme l'indique l'étymologie latine "auctoritas", renvoie à ce qui fait croître, c'est le frère. Au père qui impose se substituent des grands frères successifs, des autorités changeantes. D'où l'essor des communautés postmodernes, des tribus juvéniles aux familles recomposées, en passant par les nouvelles pratiques religieuses. Cela correspond à l'idée, à l'oeuvre dans les avant-gardes, que je n'existe que par et pour le regard de l'autre. Je ne suis pas un individu enfermé dans la citadelle de mon ego. Mais une personne aux facettes multiples, que révèle chaque nouvelle rencontre. Je le vois bien avec mes étudiants : il n'y a plus cette vénération du père, encore prégnante il y a quarante ans. Mais il y a un désir d'initiation, une logique postulant qu'il y a un trésor que chacun possède, qui n'aspire qu'à se dévoiler et à enrichir le bien commun, si je parviens à bien l'accompagner. On retrouve cela dans la culture du coaching. Là encore, les surréalistes ont été prophétiques."

* Georges Bataille

 

surréalisme,dali,man ray
En pleine occultation de Vénus, Man Ray 

 

"Ne travaillez jamais" ou créez plutôt

"Guy Debord est à l'origine de l'un des slogans les plus connus de Mai 68 : "Ne travaillez jamais !" Mais ce mot d'ordre a parfois été mal compris. Il ne s'agissait pas d'un éloge de la paresse. Mais d'une critique du travail conçu comme un instrument de torture, un "tripalium" si l'on suit l'étymologie du mot. Pour les modernes, la réalisation de soi passait nécessairement par le travail. Et cette valeur travail est aujourd'hui défendue aussi bien par la gauche que par la droite. Or, le travail n'a jamais été une valeur ! C'était réservé aux esclaves ! Et ce que Debord signale, c'est un glissement du travail vers la création. Et une capacité à intégrer le rêve, le jeu, l'intuition à mon action. Autant de paramètres que le travail salarié a évacué par souci d'efficacité. Et qui reviennent ! A travers Google, par exemple, on peut consacrer 15% à 20% du temps de travail à autre chose : se documenter sur son hobby, échanger des blagues, écrire de la poésie, draguer... Et c'est essentiel, car c'est à partir de l'appétence que se forge la compétence. L'idée s'impose que je serai, par exemple, un bon manager seulement si je sais aussi faire des confitures ou jouer de la musique ; si j'ai cultivé les capacités des sens, du corps vivant. Guy Debord et ses amis aimaient cette formule : "La vie, ce huitième art."

 

surréalisme,dali,man raySalvator Dali et Man Ray

 

> A consulter également à propos du surréalisme : 
http://garrusart.blogspot.fr/2012/01/le-surrealisme-les-p...

 

> Et à propos de Dali : http://annievorama.blogspot.fr/2007/06/salvator-dali.html

 

> Et de Man Ray: http://www.monalyz.fr/5.html

 

> Et pour d'autres photos de Man Ray : http://anthonylukephotography.blogspot.fr/2011/04/photoga...

 

lundi, 17 décembre 2012

Etymologie Eschatologie, tour du monde en statistiques googliennes, et un peu de psychologie

 

Extrait de "L'apocalypse selon les gens", Laure Belot, Le Monde, 15 décembre 2012

 

 

Etymologie - Eschatologie

 

Par quel ressort intime 700 millions de Terriens redoutent une fin du monde, annoncée pour le 21 décembre ? Et quels éléments rationnels peuvent nourrir cette crainte ? [...]


Le discours de la fin des temps a un terme, l'eschatologie, nom féminin, entré dans le Littré en 1864. Dérivant du grec savant eskhatos  ("extrême", "dernier"), et de logos ("sciences", "discours"), il désigne l'ensemble de doctrines et de croyances portant sur le sort ultime et l'homme après sa mort (eschatologie individuelle) et sur ce lui de l'univers après sa disparition (eschatologie universelle).

 

*

> Pour davantage : http://fichtre.hautetfort.com/les-mots-francais.html

 

 

Tour du monde en statistiques googliennes : Colombiens, Haïtiens, Suisses,...

 

L'analyse des citoyennetés des internautes tapant "fin du monde" sur Google aide à identifier des lieux blessés, meurtris, propices à alimenter ce sentiment d'angoisse. Ainsi, selon Google Trends, les internautes anglophones les plus avides de renseignements se trouvent aux Philippines (indice d'intensité de recherche 100), où les catastrophes naturelles se succèdent. Le dernier typhon, mardi 4 décembre, a fait près de 500 morts, un bilan encore provisoire. Les internautes américains arrivent en deuxièmes (indice 89), alors que les Etats-Unis, puissance mondiale en pleine crise existentielle, voient le barycentre de la planète basculer vers l'Asie. [...]

C'est aussi le cas en Amérique du Sud, où déforestation, instabilité politique, corruption ou criminalité alimentent l'actualité. En tête des requêtes "fin del mundo", les Colombiens (100), les Boliviens (97) et les Paraguayens (88) distancent les Nicaraguayens, les Péruviens et les Equatoriens (indice 82 chacun).

Quant aux internautes francophones, les plus soucieux en ligne se trouvent en Haïti (100), pays frappé par une gigantesque épidémie de choléra. Depuis le séisme de 2010, qui a tué 2,3% de la population (10 millions d'habitants), 7 500 victimes de la maladie ont été déclarées en Haïti. Les requêtes sont également intenses à Madagascar (89), où insécurité croissante et surexploitation de la terre sont au centre des préoccupations. Notons que les francophones s'y intéressant le moins sont... les Suisse (intensité de recherche 6), qui vivent dans un pays paisible, connu pour sa neutralité à toute épreuve.

 

 

Et un peu de psychologie

 

Curient de connaîte l'état d'esprit de notre lectorat, Le Monde a lancé, mardi 20 novembre, un appel à témoignages en ligne : "Vous redoutez (ou non) le 21 décembre. Témoignez".  Près de 200 réponses sont parvenues en quelques heures - le compteur a été arrêté sur ce chiffre rond. [...] et appel en ligne a permis de recueillir la parole de Thierry, professeur d'une quarantaine d'années. "Je suis ce qu'on pourrait appeler un "survivaliste", explique-t-il. Choqué par les images du tsunami en Thaïlande et par la multiplication des catastrophes naturelles, je me suis lancé dans la construction avec des amis d'une "arche de Noé" souterraine de 35m² où nous pouvons vivre à huit pendant au moins six mois." Thierry ajoute : "Ma femme n'a pas voulu me suivre. Je suis en instance de divorce." Pour Michel Schneider, ces personnes "ne croient pas. Elles savent et mettent de la certitude dans quelque chose d'incertain. Freud dit que tout délire se construit autour d'un noyau de vérité. C'est une manière de fuir le débat scientifique et la construction d'un savoir".

Une attitude extrême qui peut se rapprocher, selon le psychanalyste, de ceux qui raillent avec véhémence l'événement. Comme Marc, qui trouve "cet appel à témoignages complètement grotesque". C'est la catégorie "des esprits forts", note-t-il. "Ceux qui croient qu'on peut se passer de toute croyance, ce qui est encore une croyance. C'est ceux-là mêmes que moque La Bruyère quand il écrit : "Les esprits forts savent-ils qu'on les appelle ainsi par ironie ?". Le psychanalyste voit dans ces deux types de réactions opposées "un refus de penser. Or le monde humain est le monde de la croyance."

Des dizaines de lecteurs déclarent justement vouloir "profiter de cet événement pour réfléchir." Comme Sandra, infirmière : "J'espère la fin d'un système. Crises financières, guerres, destruction massive d'espèces. La colonisation a fait perdre à des peuples leur culture. Le pouvoir est laissé à une poignée d'hommes riches, alors que toute une population, même dans des pays "développés", s'appauvrit." Clément ajoute : "Si je n'ai pas poussé le vice jusqu'à me faire construire un abri antiatomique, je ne peux pas dire que le sujet n'ait eu aucun impact sur moi. Cela permet de se poser des questions sur sa vie, ce que l'on changerait si le temps nous était compté." Soit deux réactions instructives pour Michel Schneider : "Ces personnes, qui prennent en compte cette crainte sans la considérer comme une certitude et réfléchissent, ont une approche plutôt rationnelle. L'incertitude est propre au savoir."

Cet appel numérique est même arrivé en contrée maya. "Nous sommes allés à la messe dans un village au centre du pays, explique Vincent, francophone vivant au Mexique. Dans l'homélie, le célébrant a demandé si quelqu'un pensait que la fin du monde serait le 21 décembre... Réponse négative de la foule. En revanche, beaucoup d'espérance et d'attente envers le nouveau gouvernement pour qu'il apporte la paix. Pour que les narcotrafics cessent et ne conduisent pas à la fin des traditions maya, et donc de leur monde."



¤     ¤     ¤

 

21 dec 2012.jpg

 

¤     ¤     ¤

 

21 dec 2012 mayas.jpg

 

¤     ¤     ¤

 

dimanche, 16 décembre 2012

Considérations sur le silence et sur la virginité - Rembrandt, Turner, Rubens

 rembrandt-paysage-au-chateau.jpg
Paysage au château, Rembrandt

 

 

2e dimanche de l'Avent, semaine du 9 au 15 décembre 2012 :

"Un ange passe", Père Luc de Bellescize, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy 

 

Un ange passe. C'est une parole qui tente d'exprimer un silence. Le silence est l'écrin nécessaire pour accueillir la parole.

Pascal disait que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir se tenir en silence dans une chambre.

La Vierge se tient en silence dans sa chambre. Non pas le silence lourd et pesant de celui qui s'enferme en lui-même et se mure à toute influence extérieure pour rester dans son monde, non pas le silence de mort, mais le silence qui précède l'irruption de la vie, le silence comme capacité d'écoute, comme disponibilité à accueillir un autre que soi. Le silence comme présence et comme patience.

La Vierge a pu accueillir la Parole de l'Ange parce qu'elle attendait le Messie d'Israël, parce qu'elle était capable de patience. Elle était la Vierge du silence, et elle a pu enfanter la Parole. Un ange a passé, et elle a engendré le Christ.

 

4266021864.jpg
L'apparition d'un ange, Turner 

 

A Nazareth, nous pouvons prier devant ce que la tradition nous présente comme la maison de la Vierge, quelques pierres éparses qui ont vu pourtant le passage de l'Ange et l'Incarnation de Dieu, qui ont été les témoins muets de l'événement de Salut qui a changé la face du monde.

La jeune fille de Nazareth est Vierge, mais elle sait qu'elle ne pourra trouver sa vie qu'en la donnant. Sa virginité n'est pas le signe de son enfermement dans une citadelle imprenable, mais elle est une offrande à la puissance de Dieu, une disponibilité à la grâce.

Elle est pour nous le modèle de la liberté dans l'Alliance avec Dieu. L'Immaculée a laissé le Seigneur écrire en elle, comme on "écrit" une icône, le Mystère du Salut. Il y a un lien entre son silence et sa virginité. Le silence pour que retentisse la Parole. La virginité pour qu'elle devienne épouse, pour que l'Esprit Saint la prenne sous son ombre. La Vierge s'est gardée pour pouvoir mieux se donner.

On ne peut se donner qu'en s'étant d'abord gardé. On ne peut répondre qu'en ayant d'abord appris à se taire.  

 

peter-paul-rubens-l-annonciation-(1628).jpg
L'Annonciation, Rubens

 

samedi, 15 décembre 2012

L'équation française : naturellement impossible

Source : Direct Matin, jeudi 13 décembre 2012


 

L'équation impossible - l'inflation.jpg


En bon français : les prix ne baissent plus, ils augmentent de 1% à 2%.

 

 

L'équation impossible - carte orange.jpg

En bon français : la carte orange parisienne prend 3,5%

 

 

 

Il est donc sympathique et logique que...

L'équation impossible - livret A.jpg