vendredi, 14 décembre 2012
Le Lauréat - Dustin Hoffmann, Mrs Robinson (fin)
Film : Le Lauréat / The Graduate (1967, durée 1h42)
Réalisateur : Mike Nichols
Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), monsieur Braddock (William Daniels), madame Braddock (Elizabeth Wilson)
Benjamin : Bonjour.
Madame Braddock : Salut, est-ce que je peux te dire un mot ?
Benjamin : Oui.
Madame Braddock :Benji, chéri, j'aimerais... j'ai une question à te poser, mais tu sais, tu n'es pas forcé de répondre si ça t'ennuie.
Benjamin : Qu'y a-t-il ?
Madame Braddock :Eh bien, je voudrais savoir ce que tu fais le soir lorsque tu sors.
Benjamin : Lorsque je sors ?
Madame Braddock : Ne me réponds pas si tu n'en as pas envie.
Benjamin : Non-non, ça m'est égal, je te répondrai. Je fais un tour en voiture.
Madame Braddock : Rien d'autre ?
Benjamin : Non, rien d'autre.
Madame Braddock : Mais tu ne roules pas de minuit jusqu'au lendemain sans t'arrêter, je suppose.
Benjamin : Oh, non.
Madame Braddock : Alors que fais-tu ? Tu vois une fille ?
Benjamin : Je vois une fille ? Et pourquoi dis-tu ça ?
Madame Braddock : Bon, ça te regarde. Je ne veux pas jouer aux devinettes.
Benjamin : Non, pas si vite. Je ne retrouve personne, maman, pourquoi dis-tu ça ?
Madame Braddock : Benjamin, je ne veux pas me mêler de tes affaires, mais je préférerais que tu n'aies rien dit du tout plutôt que de m'avoir menti. Bonne nuit.
Benjamin : Maman, mais attends une minute.
Benjamin : Attendez une minute, madame Robinson, vous ne croyez pas que nous pourrions bavarder un peu d'abord, pour une fois ?
Mrs Robinson : Nous n'avons pas tellement à nous dire, je crois.
Benjamin : Ecoutez, depuis des mois, nous n'avons fait que monter ici et nous fourrer au lit.
Mrs Robinson : En avez-vous assez ?
Benjamin : Non-non, non, pas du tout. Vous ne croyez pas que nous pourrions pimenter les choses par un peu de conversation ?
Mrs Robinson : De quoi voulez-vous que nous parlions ?
Benjamin : Je ne sais pas, de n'importe quoi.
Mrs Robinson : Voudriez-vous me parler de certaines de vos aventures au collège ?
Benjamin : Oh, mon Dieu. Trouvez un autre sujet.
Mrs Robinson : Hhhh, si nous parlions d'art ?
Benjamin : D'art ? Ah ça c'est un bon sujet ! Allez, commencez !
Mrs Robinson : Non, commencez vous, je n'ai aucune notion artistique.
Benjamin : Eh bien, que voudriez-vous savoir ? Qu'est-ce qui vous intéresse ? L'art moderne ou le classique ?
Mrs Robinson : Ni l'un ni l'autre.
Benjamin : Les arts ne vous intéressent pas ?
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Alors pourquoi voulez-vous en parler ?
Mrs Robinson : Je n'y tiens pas.
Benjamin : Ecoutez, nous allons faire ceci, nous allons parler un peu de tout. Dites-moi ce que vous avez fait aujourd'hui.
Mrs Robinson : Hhhh, je me suis levée.
Benjamin : Mmmh.
Mrs Robinson : J'ai préparé le petit déjeuner de mon mari.
Benjamin : Ah tenez, tenez, en voilà un sujet de conversation, votre mari.
Mrs Robinson : O-ho, lui...
Benjamin : Expliquez-moi tout. Je ne sais pas comment vous vous arrangez pour tout ça. Que lui dites-vous quand vous vous en allez ?
Mrs Robinson : Rien du tout, il dort.
Benjamin : Toujours ? Il ne se réveille pas quand vous rentrez ?
Mrs Robinson : Hhhh, nous faisons chambre à part.
Benjamin : Ah, je vois. Ainsi, vous n... Enfin, je m'en voudrais d'être un peu indiscret, mais je devine que vous ne couchez plus ensemble.
Mrs Robinson : Non, c'est fini.
Benjamin : Depuis combien de temps est-ce que ça dure ?
Mrs Robinson : Oh je vous en prie, laissez-moi.
Benjamin : Non, un instant. Pourquoi l'avez-vous épousé ?
Mrs Robinson : Voyons si vous devinez.
Benjamin : Eh bien, j'y renonce.
Mrs Robinson : Réfléchissez bien, Benjamin.
Benjamin : Je ne vois pas pourquoi, à moins que... vous n'avez pas été forcée de l'épouser, n'est-ce pas ?
Mrs Robinson : ... Ne dites rien à Elaine.
Benjamin : Non, vous avez dû vous marier parce que vous étiez enceinte ?
Mrs Robinson : Ca vous choque ?
Benjamin : Jamais je ne vous aurais vu vous et monsieur Robinson sous...
Mrs Robinson : Ca suffit, nous n'avons mieux à faire...
Benjamin : Un instant, attendez une minute. Comment est-ce arrivé ?
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Vous et monsieur Robinson. Vous ne voulez pas me dire dans quelles circonstances ?
Mrs Robinson : Pas particulièrement.
Benjamin : Il faisait ses études de droit à cette époque ?
Mrs Robinson : M-hm.
Benjamin : Et vous étiez étudiante vous aussi ?
Mrs Robinson : Hm-hm.
Benjamin : Dans un collège ?
Mrs Robinson : Oui hhh.
Benjamin : Quelles études faisiez-vous ?
Mrs Robinson : Oh mais pourquoi me posez-vous toutes ces questions, Benjamin ?
Benjamin : Parce que ça m'intéresse, madame Robinson. J'aimerais savoir en quoi vous étiez étudiante.
Mrs Robinson : En art.
Benjamin : En art ? Mais je croyais... Je vois, ce sujet a cessé de vous intéresser il y a de ça des années.
Mrs Robinson : Oui, c'est vrai.
Benjamin : Comment cela est-il arrivé ?
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Vous et monsieur Robinson ?
Mrs Robinson : Qu'allez-vous chercher...
Benjamin : Je veux dire, est-ce qu'il vous a emmenée dans sa chambre ou... dans un hôtel ?
Mrs Robinson : Oooh, Benjamin, mais qu'est-ce que ça peut bien vous faire ?
Benjamin : Ca m'intrigue.
Mrs Robinson : Ca s'est passé dans son auto.
Benjamin : Oh non, quoi, dans une auto ?
Mrs Robinson : Eh bien nous n'étions sûrement pas les premiers.
Benjamin : C'était une auto de quelle marque ?
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Vous vous rappelez pas la marque de l'auto ?
Mrs Robinson : Oh, mon Dieu... C'était une Ford, Benjamin.
Benjamin : Oh, une Ford ! Ha-ha-ha !! Ca ! Ca lors, elle est bonne, une Ford !
Mrs Robinson : Allons, ça suffit.
Benjamin : Cette chère Elaine Robinson a donc été mise en chantier dans une Ford.
Mrs Robinson : Ne parlez pas d'Elaine.
Benjamin : Vous ne voulez pas que j'en parle ?
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Pourquoi ?
Mrs Robinson : Parce que je n'y tiens pas.
Benjamin : M'enfin pourquoi ? J'aimerais que vous me le disiez.
Mrs Robinson : Il n'y a rien à dire.
Benjamin : Pourquoi devient-elle tout à coup un sujet tabou ? Parce que je veux essayer de connaître le fond des choses.
Mrs Robinson : Benjamin, je vous interdis de sortir avec cette petite ! Avez-vous compris ?
Benjamin : Ecoutez, je n'ai aucune intention de sortir avec elle.
Mrs Robinson : Bien.
Benjamin : Je ne faisais que vous taquiner.
Mrs Robinson : Bien.
Benjamin : Mais pourquoi me le défendre ?
Mrs Robinson : J'ai mes raisons.
Benjamin : Exposez-les moi.
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Exposez-les moi, madame Robinson, parce que je crois les connaître. Je ne suis pas assez bien pour la fréquenter, n'est-ce pas ? Je ne suis pas assez bien même pour lui adresser la parole !
Mrs Robinson : N'en parlons plus.
Benjamin : Si, nous en reparlerons ! Je suis assez bien pour vous mais pas assez pour fréquenter votre fille, c'est bien ça, n'est-ce pas ?
Mrs Robinson : Benjamin !
Benjamin : C'est ça, hein ?
Mrs Robinson : ... Oui.
Benjamin : Allez au diable. Allez-y au diable, madame Robinson. Vous me croyez fier de moi, je suppose. Vous me croyez fier ? Eh bien, je ne le suis pas. Non alors, je ne suis pas fier de passer mon temps avec une femme vieille et alcoolique.
Mrs Robinson : Je saisis.
Benjamin : Si vous croyez que je viens dans cet hôtel autrement que par pur ennui, alors là vous vous trompez. Parce que là, madame Robinson, ceci est la chose la plus perverse, la plus sale qui me soit arrivée. Et si ça vous amuse, moi je vais foutre le camp !
Mrs Robinson : Ah oui ?
Benjamin : Oui, je vais m'en aller immédiatement.
Mrs Robinson : C'est ça que vous pensez de moi ? Que je suis un être écœurant et malade ?
Benjamin : Ne commencez pas ce disque.
Mrs Robinson : Lequel ?
Benjamin : Ne jouez pas la femme blessée.
Mrs Robinson : Vous ne vous attendiez pas à ce que je le sois un peu ?
Benjamin : Vous restez la vautrée à me dire que je ne suis pas assez bien pour votre Elaine.
Mrs Robinson : Ai-je donc dit ça ?
Benjamin : En termes très précis.
Mrs Robinson : Hhhh, Benjamin, j'aimerais que vous me pardonniez si c'est là l'impression que vous avez eue.
Benjamin : Mais, il y a deux minutes encore, vous me disiez que j'étais indigne de votre fille, et maintenant vous regrettez que j'ai eu cette impression.
Mrs Robinson : Je n'ai pas voulu dire ça. Je pense que vous n'êtes pas faits pour vous entendre. Jamais je ne prétendrais que vous n'êtes pas aussi bien qu'elle.
Benjamin : C'est vrai, ça ?
Mrs Robinson : Bien sûr, c'est vrai.
Benjamin : Mais, qu'est-ce que vous faites ?
Mrs Robinson : Eh bien ça, ça doit se voir. Vous ne voulez plus de moi auprès de vous.
Benjamin : Mais, écoutez,... j'étais assez énervé. Je m'excuse d'avoir dit ces choses-là.
Mrs Robinson : Ca ne fait rien. Je crois être en mesure de comprendre pourquoi je vous dégoûte.
Benjamin : Je n'en sais rien. Ecoutez, vous me plaisez, autrement je n'aurais pas continué à venir ici.
Mrs Robinson : Ca ne vous écœurait donc pas ?
Benjamin : Oh, ce n'est pas... J'aime beaucoup ça, je n'attends que ça, c'est d'ailleurs la seule chose que j'ai dans l'existence.
Mrs Robinson : Vous n'auriez pas dû dire ça.
Benjamin : Non, je l'avoue. Mais je ne le dirais pas si c'était pas vrai.
Mrs Robinson : Puis-je rester dans ce cas ?
Benjamin : Oui, je vous en prie, j'y tiens.
Mrs Robinson : Merci.
Benjamin : Ne me... Ne me remerciez pas parce que j'y tiens.
Mrs Robinson : Et vous ne sortirez pas avec Elaine, n'est-ce pas ? Je veux que vous me promettiez cela.
Benjamin : Mais pourquoi diable avez-vous abordé ce sujet ? Il ne m'est jamais venu à l'idée de la sortir.
Mrs Robinson : Alors donnez-moi votre parole.
Benjamin : Hhhh, c'est absurde.
Mrs Robinson : Promettez-moi, Benjamin !
Benjamin : Hhh, entendu, je vous promets, je jure sur les saintes Ecritures de ne jamais sortir avec Elaine Robinson.
Mrs Robinson : Merci. Benjamin.
Benjamin : Maintenant, n'en parlons plus. Ne parlons plus du tout.
Benjamin : Ecoutez, Elaine et moi, nous ne sommes pas faits pour nous entendre.
Monsieur Braddock : Qu'en sais-tu ? Vous ne vous êtes pas vus depuis le lycée. Je crois que tes soirées, mon garçon, pour l'usage que tu en fasses, sont trop précieuses.
Benjamin : Ca n'a rien à voir avec ça.
Monsieur Braddock : Je crois que je vais devoir dire à monsieur Robinson que tu es trop occupé le soir à faire Dieu seul sait quoi !
Madame Braddock : Allons, cessez de discuter ainsi ! Oh si Benjamin refuse catégoriquement de sortir Elaine...
Benjamin : Je refuse.
Madame Braddock : Alors moi, il ne me reste plus qu'à inviter tous les Robinson en bloc pour jeudi.
Benjamin : Ecoutez, ça ne vient pas de moi, cette idée, elle vient de mon père, je vous assure.
Mrs Robinson : Benjamin, je croyais m'être fait clairement comprendre sur ce point.
Benjamin : Ecoutez-moi, nous irons dîner, nous prendrons un verre et puis je ma ramènerai. Parce que, ou c'était ça ou un dîner à la maison pour le deux familles et j'avais peur de ne pouvoir endurer ça, si vous comprenez. Ecoutez, je n'ai pas l'intention, croyez-moi, de sortir votre précieuse fille, Elaine, une autre fois. Alors ne soyez pas tourmentée.
Mrs Robinson : Je le suis. Ca me tourmente au plus haut point, Benjamin.
Elaine : Hello.
Benjamin : Hello.
Mr Robinson : Je te conseille de te tenir sur tes gardes, ce soir. Nul ne peut savoir quels trucs Ben a pu apprendre là-bas dans l'est.
Elaine : Alors tu vis chez tes parents à présent ?
Benjamin : Oui.
Elaine : Sais-tu ce que tu vas faire ensuite ?
Benjamin : Non.
Elaine : Est-ce que tu comptes retourner à l'université ?
Benjamin : Non.
Elaine : Est-ce que tu conduis toujours comme ça ?
Benjamin : Oui.
Benjamin : Assieds-toi. Pourquoi ne regardes-tu pas le spectacle ?
Elaine : Benjamin, as-tu une raison spéciale de me haïr ?
Benjamin : Non, pourquoi ça ?
Elaine : J'en sais rien.
Benjamin : Tu rates un effet extraordinaire. Qu'est-ce que tu penses de ça ? Tu pourrais le faire ?
Benjamin : Elaine, pardonne-moi. Elaine.
Elaine : Peux-tu me reconduire chez moi ?
Benjamin : Je regrette de t'avoir emmenée ici.
Elaine : Il vaut mieux que je rentre, je t'en prie.
Benjamin : Elaine.
Elaine : Mais où est ta voiture ?
Benjamin : J'aimerais te dire quelque chose.
Elaine : Et moi je voudrais rentrer.
Benjamin : Je peux te dire uniquement cette chose-là.
Elaine : Laquelle ?
Benjamin : Toute cette idée, ce rendez-vous et le reste, ça vient de mes parents, ils m'ont forcé à l'accepter.
Elaine : Oooh, c'est très gentil à toi de me dire ça.
Benjamin : Non, je veux dire, ça explique ma conduite, je ne suis pas comme ça, je m'en veux à mort d'ailleurs. Je t'en prie, tu ne peux pas cesser de pleurer ?
Elaine : Non, je ne peux pas !
Benjamin : Pourrais-tu essayer ?
Elaine : Non !
Benjamin : Je ressens cette impression depuis que je suis lauréat. On dirait qu'une force secrète en moi me pousse à être goujat, tu vois ce que je veux dire ?
Elaine : Oui, je vois.
Benjamin : On dirait qu'elle me fait jouer une espèce de jeu, mais ces règles n'ont pas de sens pour moi. Elles sont fabriquées par des gens non qualifiés.
08:00 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laureat, graduate, dustin, hoffman, robinson, mike, nichols
jeudi, 13 décembre 2012
Le Lauréat - Dustin Hoffmann, Mrs Robinson (suite)
Film : Le Lauréat / The Graduate (1967, durée 1h42)
Réalisateur : Mike Nichols
Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), monsieur Braddock (William Daniels), madame Braddock (Elizabeth Wilson)
Monsieur Braddock : Mesdames et messieurs, veuillez m'écouter s'il vous plaît. Maintenant, la grande attraction du jour ! Hé là-bas, écoutez-moi, vous ! Je requière toute votre attention ! Et toi, est-ce que tu es prêt, grande attraction ? Ecoutez, je demande à chacun de vous d'applaudir de toutes ses forces afin d'amener ce gaillard à se montrer. Non, c'est pas ça, ce n'est pas ce que je voulais dire. Afin que ce jeune homme sorte de sa tanière parce qu'aujourd'hui il va fêter sa vingt-et-unième année. [...] Ce petit, oh pardon, ce jeune homme va d'ici peu continuer ses études en qualité du lauréat du prix de Harvard, mais, avant de les continuer, mais, avant de les continuer... [...] il a l'intention de vous offrir une démonstration pratique de ce que j'estime justifié d'appeler un cadeau d'anniversaire d'un genre plutôt passionnant, ha-ha-ha, et j'espère que ça marchera ou je perds deux cent dollars et prix. Allons-y, tous en cœur pour Benjamin Braddock ! [...] A présent, mes amis, ce remarquable jeune homme va accomplir en votre honneur quelques spectaculaires et surprenants numéros périlleux dans une eau qui a plus de deux mètres de profondeur.
Benjamin : Je ne sais pas très bien comment vous dire ça...
Mrs Robinson : Benjamin ?
Benjamin : Ecoutez, j'ai pensé à notre tête-à-tête... après la réception...
Mrs Robinson : Où êtes-vous ?
Mrs Robinson : Où êtes-vous ?
Mrs Robinson : Avez-vous retenu une chambre ?
Mrs Robinson : Accordez-moi une heure.
Mrs Robinson : Je vous rejoins dans une heure.
L'employé de l'hôtel : Je peux vous aider, monsieur ?
L'employé de l'hôtel : Etes-vous ici pour un rendez-vous ?
L'employé de l'hôtel : La soirée "single man", peut-être ?
L'employé de l'hôtel : Dans la salle de bal, monsieur.
Benjamin : En réalité, je ne faisais que chercher un ami.
Une femme : Oh mais je ne comprends pas.
Benjamin : Je ne viens pas à votre soirée, je m'excuse.
Mrs Robinson : Bonsoir, Benjamin. Pourrais-je m'asseoir ?
Mrs Robinson : Merci. Ca va ?
Mrs Robinson : Je prends quelque chose.
Mrs Robinson : Garçon, servez-moi un Martini.
Le garçon : Bien, madame.
Mrs Robinson : Inutile d'être aussi nerveux, vous savez.
Mrs Robinson : Et la chambre ?
Mrs Robinson : Avez-vous retenu une chambre ?
Mrs Robinson : Est-ce que vous y tenez ?
Mrs Robinson : Vous voulez que je la retienne ?
Mrs Robinson : Vous y allez tout de suite ?
Mrs Robinson : Oui.
Mrs Robinson : Pourquoi attendre ?
L'employé de l'hôtel : Oui, monsieur.
L'employé de l'hôtel : Une chambre simple ou double ?
L'employé de l'hôtel : Signez cette fiche, monsieur. Un ennui, monsieur ?
L'employé de l'hôtel : Avez-vous des bagages, monsieur Gladstone ?
L'employé de l'hôtel : Où sont-ils ?
L'employé de l'hôtel : Vos bagages, où sont-ils ?
L'employé de l'hôtel : Bien, monsieur, je vais appeler le bagagiste.
L'employé de l'hôtel : Non, bien sûr. Je vais demander qu'on vous montre la chambre.
L'employé de l'hôtel : Comme vous vous voudrez.
Benjamin : Merci.
Mrs Robinson : Allô ?
Mrs Robinson : Oui.
Mrs Robinson : Oui.
Mrs Robinson : Benjamin, où êtes-vous ?
Mrs Robinson : Oui, je vous vois.
Mrs Robinson : C'est parfait.
Mrs Robinson : Voulez-vous monter le premier ?
Mrs Robinson : Je monte dans cinq minutes.
Mrs Robinson : Benjamin.
Mrs Robinson : Est-ce que vous n'avez rien d'autre à me dire ?
Mrs Robinson : Oui.
Mrs Robinson : Le numéro.
Mrs Robinson : Le numéro de la chambre, Benjamin, il est nécessaire de me le dire.
Benjamin : Oh, vous avez tout à fait raison. C'est le... 568.
Mrs Robinson : Merci.
Benjamin : Il n'y a pas de quoi. Ah eh bien, à tout à l'heure, madame Robinson.
¤ ¤ ¤
Mrs Robinson : Bonsoir, Benjamin.
Mrs Robinson : Eh bien.
Mrs Robinson : Benjamin.
Benjamin : Oui.
Mrs Robinson : Je vais me déshabiller. Est-ce que ça vous convient ?
Mrs Robinson : Pourquoi ne pas regarder ?
Mrs Robinson : Apportez-moi un cintre.
Mrs Robinson : Un cintre.
Mrs Robinson : Quoi ?
Mrs Robinson : Oh, l'un ou l'autre ira très bien.
Mrs Robinson : Merci. Voulez-vous m'aider, s'il vous plaît ?
Mrs Robinson : Merci.
Mrs Robinson : Benjamin, ce serait moins gênant pour vous dans le noir.
Mrs Robinson : Comment ?
Mrs Robinson : Vous trouvez que je ne suis pas désirable ?
Mrs Robinson : Que pourraient-ils dire ?
Mrs Robinson : Auriez-vous peur de moi ?
Mrs Robinson : Puis-je vous poser une question personnelle ?
Mrs Robinson : Est-ce votre première fois ?
Mrs Robinson : Ca l'est, oui ou non ? Répondez, est-ce votre première fois ?
Mrs Robinson : Voyons, pourquoi ne pas l'admettre ?
Mrs Robinson : Il n'y a pas de quoi avoir honte pour si peu.
Mrs Robinson : On sait bien que la première fois, on n'est pas toujours...
Mrs Robinson : Enfin je veux dire...
Mrs Robinson : ... on a peur de ne pas être à la hauteur évidemment.
Mrs Robinson : Je crois que je ferais mieux de...
Monsieur Braddock : Pourquoi ?
Monsieur Braddock : As-tu pensé un peu à la suite de tes études ?
Monsieur Braddock : Dis-moi, ça te fatiguerait de me dire à quoi ton service et quatre années d'études préparatoires et à quoi rime l'effort que tu as fourni ?
Mrs Robinson : Ecoute, Ben... écoute, je crois que c'est une excellente chose qu'un jeune homme qui a fourni un très très bon travail puisse avoir l'occasion de se détendre et de s'offrir un peu de bon temps, de flâner, de boire un peu, enfin et caetera. Mais au bout de quelques semaines, il me semble cependant qu'il devrait se reprendre en main et réfléchir à sa situation. Et se dire que l'heure et venue de secouer sa paresse !
Madame Braddock : Les Robinson sont là.
Mr Robinson : Salut Ben ! Qu'est-ce que tu fais de ta personne ces jours-ci ?
Mr Robinson : Hé-hé, hé benh j'aimerais pouvoir en faire autant. Y'a pas de mal à ça. Dis, Ben, Elaine va bientôt revenir de Berkeley. Il faudrait que tu l'appelles cette fois-ci.
Mr Robinson : Parce que je crois que vous vous entendrez comme larrons en foire.
Madame Braddock : Dis bonjour à madame Robinson, Benjamin.
Benjmin : Bonjour, madame.
Mrs Robinson : Bonjour, Benjamin.
à suivre...
08:00 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laureat, graduate, dustin, hoffman, robinson, mike, nichols
mercredi, 12 décembre 2012
Le Lauréat - Dustin Hoffmann, Mrs Robinson
Film : Le Lauréat / The Graduate (1967, durée 1h42)
Réalisateur : Mike Nichols
Benjamin Braddock (Dustin Hoffman), monsieur Braddock (William Daniels), madame Braddock (Elizabeth Wilson)
- Une petite italienne rouge ?
Monsieur Braddock : C'est mon cadeau pour son diplôme.
- Tu n'auras pas de mal à aller draguer avec ça, n'est-ce pas ?
Benjamin : Qui ?
- Les filles ! Les nanas ! Les nymphettes !
Madame Braddock : Oh, je crois que Ben a déjà franchi le stade des nymphettes, n'est-ce pas Ben ?
Benjamin : Excusez-moi, j'ai quelque chose à faire à ma voiture, j'en ai pour une minute
- Oh Ben, que nous sommes fiers de vous !
- Fiers, fiers, fiers comme tout !
- Qu'allez-vous faire à présent ?
Benjamin : J'avais l'intention de monter une petite minute.
- Oh non, je voulais parler de votre avenir.
- De votre carrière.
Benjamin : Ah eh bien, c'est assez difficile à dire.
Monsieur Braddock : Ben.
Benjamin : Excusez-moi. Monsieur McGuire.
Monsieur McGuire : Ben.
Benjamin : Monsieur McGuire.
Monsieur McGuire : Suivez-moi une minute, j'aimerais que nous causions. Excusez-nous, John.
- Quelle charmant garçon !
- Quel âge exact à votre fils ?
- Oh il est charmant, ce garçon est très intelligent.
Monsieur McGuire : Je n'ai qu'un seul mot à vous dire. Juste un mot.
Benjamin : Oui, monsieur.
Monsieur McGuire : Vous écoutez ?
Benjamin : Oui, oui, j'écoute.
Monsieur McGuire : Plastique.
Benjamin : Qu'entendez-vous au juste par là ?
Monsieur McGuire : Il y a de l'avenir dans les plastiques. Songez-y. Vous allez y penser ?
Benjamin : Oui-oui, j'y penserai.
Monsieur McGuire : Chut. Ca suffit. Marché conclu.
: Il est là ! Voilà Ben !
Mrs Robinson : Comment ça va, Benjamin ?
Benjamin : Très bien. Merci, madame Robinson. La salle de bain est au bout du couloir.
Mrs Robinson : Elle est charmante, cette chambre.
Benjamin : Ecoutez, madame Robinson, je ne veux pas vous vexer, mais je suis affreusement...
Mrs Robinson : Y a-t-il un cendrier ici ?
Benjamin : Non.
Mrs Robinson : Ah oui, j'oubliais, notre athlète ne fume pas. Est-ce une fille ?
Benjamin : Qu'est-ce qui est une fille ?
Mrs Robinson : L'objet de vos pensées.
Benjamin : Oh non-non, c'est seulement, euh, que je suis préoccupé par des choses.
Mrs Robinson : En général.
Benjamin : C'est ça, oui.
Mrs Robinson : Eh bien, félicitations.
Benjamin : Merci.
Mrs Robinson : Oh, Benjamin, j'ai quelque chose à vous demander.
Benjamin : Quoi ?
Mrs Robinson : Voulez-vous me reconduire ?
Benjamin : Quoi ?
Mrs Robinson : Mon mari a gardé la voiture, voulez-vous me reconduire ?
Benjamin, lui donnant ses clés de voitures : Tenez, prenez ça. Vous connaissez les vitesses étrangères ? Non ?
Mrs Robinson, lançant les clés dans l'aquarium : Non.
Benjamin, les repêchant : Allons-y.
Mrs Robinson : Entrez avec moi.
Benjamin : Quoi ?
Mrs Robinson : J'aimerais que vous restiez jusqu'à ce que j'aie allumé.
Benjamin : Mais pourquoi ?
Mrs Robinson : Parce que je ne me sens jamais tranquille dans le noir.
Mrs Robinson : Vous buvez quoi, du Bourbon ?
Benjamin : Ecoutez, madame Robinson, je vous ai déposée à votre porte, ça m'a été agréable, mais j'ai pas mal de choses en tête. Est-ce que vous comprenez ?
Mrs Robinson : Oui.
Benjamin : Très bien alors.
Mrs Robinson : Qu'est-ce que je vous sers ? Benjamin, ne m'en veuillez pas d'être comme ça mais j'ai horreur de me trouver toute seule dans cette maison.
Benjamin : Pourquoi ?
Mrs Robinson : Veuillez attendre le retour de mon époux.
Benjamin : Quand compte-t-il rentrer ?
Mrs Robinson : Je ne sais pas. Buvez.
Benjamin : Non-non-non. Avez-vous toujours aussi peur de vous trouver toute seule ?
Mrs Robinson : Oui.
Benjamin : Fermez toutes les portes à clé et allez vous coucher !
Mrs Robinson : Je suis une névrosée... Puis-je vous poser une question ? Que pensez-vous de moi ?
Benjamin : Que voulez-vous dire ?
Mrs Robinson : Vous me connaissez depuis presque toujours, vous devez vous être fait une opinion sur moi.
Benjamin : Eh bien, je vous ai toujours trouvée des plus... sympathiques.
Mrs Robinson : Saviez-vous que j'étais alcoolique ?
Benjamin : Quoi ?
Mrs Robinson : Saviez-vous cela ?
Benjamin : Ecoutez, je crois qu'il faut que je m'en aille.
Mrs Robinson : Asseyez-vous, Benjamin.
Benjamin : Madame Robinson, si vous ne m'en voulez pas de le dire, cette conversation devient un peu étrange. Alors je pense que monsieur Robinson va rentrer d'une minute à l'autre.
Mrs Robinson : Non.
Benjamin : Quoi ?
Mrs Robinson : Mon mari va sûrement rentrer très tard. Il est parti pour plusieurs heures.
Benjamin : Oh, mon Dieu.
Mrs Robinson : Pardon ?
Benjamin : Oh non, madame Robinson, non.
Mrs Robinson : Mais qu'y a-t-il ?
Benjamin : Madame Robinson, vous ne comptez pas...
Mrs Robinson : Quoi ?
Benjamin : Enfin, vous ne pensiez vraiment pas que je ferais une chose comme ça ?
Mrs Robinson : Comme quoi ?
Benjamin : Comme ce que vous pensez ?
Mrs Robinson : J'en sais rien !
Benjamin : Pour l'amour de Dieu, madame Robinson, réfléchissez, enfin, vous me faites entrer chez vous, vous me faites boire, vous mettez de la musique et maintenant vous me racontez votre vie privée et vous me dites que votre mari ne rentrera pas avant des heures.
Mrs Robinson : Alors ?
Benjamin : Madame Robinson, vous essayez de me séduire.
Mrs Robinson : H-ha-ah-ah-a...
Benjamin : C'est ça ?
Mrs Robinson : Eh bien non, je n'y songeais guère. J'en suis on ne peut plus flattée.
Benjamin : Madame, m'excusez-vous pour ce que je viens de dire ?
Mrs Robinson : Ca n'a pas d'importance.
Benjamin : Si ça en a une, c'est la pire des choses que j'ai jamais dite.
Mrs Robinson : Asseyez-vous.
Benjamin : Pardonnez-moi, vous m'êtes si sympathique. J'ai une très bonne opinion de vous mais je perds le nord.
Mrs Robinson : Ca ne fait rien, finissez votre verre.
Benjamin : Madame Robinson, ça me rend malade de vous avoir dit cela.
Mrs Robinson : Eh bien n'en parlons plus et terminez votre verre.
Benjamin : Mais qu'est-ce que je peux bien avoir ?
Mrs Robinson : Avez-vous vu le portrait d'Elaine ?
Benjamin : Si j'ai vu son portrait ?
Mrs Robinson : Oui.
Benjamin : Non.
Mrs Robinson : Nous l'avons fait faire à Noël. Vous voulez le voir ?
Benjamin : Avec plaisir.
Mrs Robinson : Il est là, dans la chambre d'Elaine.
Benjamin : Mmmh, Elaine est une jeune fille très séduisante, n'est-ce pas ? Je ne me rappelais pas qu'elle avait les yeux bruns.
Mrs Robinson : Benjamin ?
Benjamin : Oui ?
Mrs Robinson : Voulez-vous venir par ici une minute ?
Benjamin : Oh, par ici ?
Mrs Robinson : M-hm.
Benjamin : Bien sûr.
Mrs Robinson : Voulez-vous défaire ma robe ? Je crois que je vais me coucher.
Benjamin : Ah, eh benh bonne nuit.
Mrs Robinson : Oh vous ne voulez pas défaire ma robe ?
Benjamin : J'aime autant pas, madame Robinson.
Mrs Robinson : Vous persistez à croire que j'essaie de vous séduire.
Benjamin : Non-non, du tout, mais c'est que je me sens un peu bizarre.
Mrs Robinson : Benjamin, vous me connaissez depuis toujours.
Benjamin : Je sais. Seulement...
Mrs Robinson : Je n'arrive pas à atteindre ma fermeture éclair. Merci.
Benjamin : Et voilà.
Mrs Robinson : Voyons, de quoi avez-vous donc si peur ?
Benjamin : Je n'ai pas peur, madame Robinson.
Mrs Robinson : Alors pourquoi vous dérobez-vous constamment ?
Benjamin : Parce que vous allez vous coucher et que je n'aurais pas dû monter.
Mrs Robinson : Vous n'avez encore jamais vu une femme en tenue légère ?
Benjamin : Si, bien sûr, mais je... écoutez... mais si monsieur Robinson rentrait maintenant ?
Mrs Robinson : Et puis après ?
Benjamin : Eh bien, ça pourrait paraître plutôt bizarre.
Mrs Robinson : Vous ne croyez pas qu'il a confiance en nous ?
Benjamin : Si, bien entendu, mais il pourrait se faire une idée fausse, comme n'importe qui.
Mrs Robinson : Je ne vois pas comment, je suis deux fois plus âgée que vous. Qui pourrait s'imaginer que vous...
Benjamin : Mais c'est forcé, réfléchissez !
Mrs Robinson : Benjamin, je ne cherche pas à vous séduire.
Benjamin : Mais j'en suis sûr, mais je vous en prie, madame Robinson, il m'est difficile de...
Mrs Robinson : Vous n'aimeriez pas que je vous séduise.
Benjamin : Quoi ?
Mrs Robinson : Est-ce ça que vous essayez de me dire ?
Benjamin : Je vais rentrer, maintenant. Et je m'excuse de ce que j'ai dit. J'espère que vous l'oublierez. A présent, je rentre chez moi.
Mrs Robinson : Benjamin !
Benjamin : Oui.
Mrs Robinson : Voulez-vous m'apporter mon sac avant de partir ?
Benjamin : Je dois m'en aller maintenant, excusez-moi.
Mrs Robinson : Je n'ai pas envie de me rhabiller. Voulez-vous me le monter ?
Benjamin : Où est-il ?
Mrs Robinson : Sur la table de l'entrée.
Benjamin : Madame Robinson ?
Mrs Robinson : Je suis dans la salle de bain.
Benjamin : Bon, je l'ai votre sac.
Mrs Robinson : Pourriez-vous me le monter ?
Benjamin : Je vais vous le passer. Venez sur le palier, je vous le donne.
Mrs Robinson : Benjamin, je commence à en avoir assez de tous ces soupçons. Si vous ne pouvez pas me rendre un petit service, alors vraiment c'est la fin de tout !
Benjamin : Je vais le poser là, sur la dernière marche.
Mrs Robinson : Pour l'amour du ciel, Benjamin, cessez de vous conduire comme ça. Apportez-le moi !
Benjamin : Je le pose ici, devant la porte.
Mrs Robinson : Vous ne voulez pas me l'apporter ?
Benjamin : J'aime mieux pas.
Mrs Robinson : Très bien. Mettez-le dans la chambre d'Elaine, là où nous étions.
Benjamin : Bon !... Oh ! Oh, Seigneur ! Non, laissez-moi sortir.
Mrs Robinson : Ne soyez pas si nerveux.
Benjamin : Ecartez-vous de cette porte.
Mrs Robinson : Je veux d'abord vous dire quelque chose. Benjamin, je veux que vous sachiez que je suis libre pour vous et que si vous refusez de coucher avec moi cette fois, si vous ne voulez pas coucher avec moi cette fois-ci, vous pourrez toujours me téléphoner et nous prendrons nos dispositions. Comprenez-vous ce que j'ai dit ?
Benjamin : Oh... Laissez-moi sortir.
Mrs Robinson : Avez-vous compris ce que j'ai dit ?
Benjamin : Oui, oui-oui. Laissez-moi sortir.
Mrs Robinson : Je vous trouve très attirant. Et le jour où vous voudrez...
Benjamin : Oh, Seigneur, c'est lui !
Il dévale les escaliers et reprend son verre en main.
Mr Robinson : C'est la voiture de Ben qui est devant la maison ?
Benjamin : Oui, monsieur ! J'ai reconduit... j'ai reconduis madame Robinson chez elle, elle m'a demandé de la reconduire alors je l'ai reconduite
Mr Robinson : Très bien, je t'en sais gré !
Benjamin : Elle est en haut. Elle a voulu que j'attende ici votre retour.
Mr Robinson : On t'a chargé de veiller sur le château, hein ?
Benjamin : Oui, monsieur.
Mr Robinson : Ah, félicitations.
Benjamin : Merci.
Mr Robinson : Alors, tu refais le plein ?
Benjamin : Oh non-non, je dois m'en aller.
Mr Robinson : T'as... t'as des ennuis ? T'as l'air d'être assez ému.
Benjamin : Oh, non, seulement, seulement un peu préoccupé par mon avenir. Je me fais du souci pour mon avenir.
Mr Robinson : Alors viens, on va s'offrir un dernier verre. Scotch ?
Benjamin : Euh, du Bourbon.
Mr Robinson : Ben, dis-moi, quel âge as-tu au juste ?
Benjamin : Euh, vingt ans, je vais en avoir vingt-et-un.
Mr Robinson : C'est un âge épatant, tu sais, Ben ?
Benjamin : Merci. Merci, monsieur.
Mr Robinson : Eh... j'aimerais avoir encore cet âge-là. Parce que, Ben...
Benjamin : Oui ?
Mr Robinson : ... tu seras plus jamais aussi jeune.
Benjamin : Oui, je sais.
Mr Robinson : Ben, je voudrais te dire quelque chose.
Benjamin : Quoi ?
Mr Robinson : Heum... Il y a combien de temps à présent, que nous nous connaissons ? Il y a combien de temps que nous deux nous nous connaissons ? Il y a combien de temps que ton père et moi sommes associés ?
Benjamin : Ca fait un bout de temps.
Mr Robinson : Je t'ai vu grandir, tu sais, Ben.
Benjamin : Oui, monsieur.
Mr Robinson : A... à maints égards, je te considère comme mon propre fils.
Benjamin : Merci.
Mr Robinson : Alors j'espère que tu ne m'en voudras pas de te donner un conseil purement amical.
Benjamin : J'ai hâte de l'entendre.
Mr Robinson : Ben, je crois... je crois que tu devrais être plus détendu et à ton aise dans l'existence que tu ne me parais l'être. Il faut jeter ta gourme. Tu dois saisir toutes les occasions ! T'amuser avec les filles, et caetera !
Mrs Robinson : Restez assis.
Mr Robinson : Je venais de dire à ...
Benjamin : ... Ben...
Mr Robinson : ... de jeter un peu sa gourme. De se distraire pendant qu'il le peut. Crois-tu que le conseil soit judicieux ?
Mrs Robinson : Oui, je crois.
Benjamin : Il faut que je parte.
Mr Robinson : Mais... tâche de t'offrir quelques ... quelques aventures, cet été. Je parie que... que tu es un homme à femmes.
Benjamin : Oh non.
Mr Robinson : Quoi !? Pourtant t'as l'air d'être ce genre de type qui doit se défendre avec les femmes ? Dis, chérie, à toi il te donne pas l'impression d'être le genre de type qui se défend avec elles ?
Mrs Robinson : Oui, c'est le genre.
Mr Robinson : Dis, Elaine... Elaine doit revenir de Berkeley samedi prochain.
Benjamin : Ah oui.
Mr Robinson : Passe-lui donc un coup de fil ?
Benjamin : Je l'appellerai.
Mrs Robinson : Benjamin ! Benjamin !
Benjamin : Oui.
Mrs Robinson : Merci de m'avoir reconduite. A très bientôt j'espère.
A suivre...
08:00 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laureat, graduate, dustin, hoffman, robinson, mike, nichols
mardi, 11 décembre 2012
De l'aubépine à l'orchidée - Philippe Sollers, Marcel Proust
Image du film "Un amour de Swann"
Pour les mots du film : http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/05/06/un-amour...
Extrait de Fleurs, 2006, Philippe Sollers, Herrmann Littérature :
[...] Et voici la reine érotique, l'orchidée, temps perdu, temps retrouvé : "Pointer de son pinceau le cœur de l'orchidée, c'est pointer le regard dans le portrait d'une femme. [...]" L'orchidée fait signe du côté des prostituées, et aller aux courtisanes s'est beaucoup dit en chinois "soigner les fleurs et s'inquiéter des saules".
Mais voici des nouvelles récentes de la revue Nature (on ne lit pas assez la revue Nature) : "La misère sexuelle est telle, chez certaines orchidées, qu'elles en sont réduites à s'autoféconder. Dans les forêts d'altitude de Simao (province du Yunnan), le vent souffle rarement et les insectes pollinisateurs sont peu nombreux. L'espèce Holcoglossum amesianum ne peut donc compter que sur elle-même pour s'assurer que des grains de pollen, porteurs de la semence mâle, se déposent sur les stigmates, l'organe femelle. Cette plante hermaphrodite - comme toutes les orchidées - a développé une technique très personnelle. Une fois la fleur ouverte, l'étamine perd son capuchon, découvrant à son extrémité deux petits sacs jaunes remplis de pollen. Ceux-ci se dressent alors vers le ciel avant de se recourber pour s'introduire dans la cavité du stigmate. L'opération, parfois, échoue. Le capuchon reste collé, ou bien les sacs de pollen ratent leur entrée. L'orchidée, pas plus que les humains, ne peut se targuer d'être performante à 100%."
La dernière phrase est un chef d'œuvre d'idéologie nataliste, comme si tout acte sexuel humain (performant) avait pour but la reproduction. Elle fait pouffer de rire Marcel Proust, et nous verrons pourquoi lorsque nous sortirons l'orchidée cattleya d'Amérique centrale (que Proust écrit avec un seul t : catleya) de sa serre ou de sa réserve.
Pour l'instant, voyons seulement ce nom : orchidée, du grec orkhis, testicule. Une orchite est une inflammation des testicules. Quant aux orchidées d'origine tropicale, on en compte quinze mille espèces, parmi lesquelles, outre le cattleya (usage littéraire réservé), l'orphrys, le sabot-de-Vénus, la vanille. Voulez-vous, lectrice sournoise, faire un peu de sabot-de-Vénus avec moi ? Non, c'est trop dur ? Un peu de vanille, alors, de façon plus glacée et plus électrique ?
Philippe Sollers
Après Dante, Shakespeare et Rimbaud, le jeu moisit, sauf chez les peintres. Le temps se perd, l'éternité, un moment retrouvée, s'abîme dans l'ombre, le soupçon, la frigidité, l'abstraction, le deuil. Pour aller vite à travers le siècle dernier, Gide Valéry Sartre, Malraux, Camus, Blanchot, Duras, Lacan, Foucault, Deleuze, etc. : beaucoup de discours, peu de fleurs.
Mais voici un botaniste génial, le grand aventurier intérieur : Proust. Lui aussi est seul, et il le reste.
Le narrateur de La recherche du temps perdu commence par nous entraîner dans son laboratoire tournant de sommeil et d'enfance, pour nous conduire assez vite dans "une petite pièce sentant l'iris" où il a pris très tôt l'habitude de s'enfermer. Ce sont bien, bien entendu, les toilettes, seul lieu de la maison qu'il peut fermer à clef. [...] Là, en-dehors d'opérations communes et plus "vulgaires", se déroulent des occupations qui réclament "une inviolable solitude : la lecture, la rêverie, les larmes et la volupté".
[...]
Ainsi de la révélation des aubépines : "Quand, au moment de quitter l'église, je m'agenouillai devant l'autel, je sentis tout d'un coup, en me relevant, s'échapper des aubépines une odeur amère et douce d'amandes, et je remarquai alors sur les fleurs de petites places plus blondes sur lesquelles je me figurai que devait être cachée cette odeur comme sous les parties gratinées le goût de la frangipane ou sous leurs taches de rousseur celui des joues de Mlle Vinteuil. Malgré la silencieuse immobilité des aubépines, cette intermittente odeur était comme le murmure de leur vie intense dont l'autel vibrait ainsi qu'une haie agreste visitée par de vivantes antennes, auxquelles on pensait en voyant certaines étamines presque rousses qui semblaient avoir gardé la virulence printanière, le pouvoir irritant, d'insectes aujourd'hui métamorphosés en fleurs."
Odeur, goût, métamorphoses, femme (et pas n'importe laquelle, Mlle Vinteuil, scandaleuse lesbienne), toute cette "virulence printanière" se trouve au pied d'un autel devenu un brasier érotique local.
On est du côté de Méséglise (décidément), du côté de chez Swann. Proust accentue sa pression florale : ce sont maintenant des lilas, des capucines, des myosotis, des pervenches, des glaïeuls, des lys et, plus loin, des pensées, des verveines, des jasmins, des giroflées. Mais le mystère est bien celui des aubépines (entendre, dans aubépines, aube et épines).
"La haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir ; au-dessous d'elles, le soleil posait à terre un quadrillage de clarté, comme s'il venait de traverser une verrière ; leur parfum s'étendait aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que si j'eusse été devant l'autel de la Vierge, et des fleurs, aussi parées, tenaient chacune d'un air distrait son étincelant bouquet d'étamines, fines et rayonnantes nervures de style flamboyant comme celles qui, à l'église, ajouraient la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail qui s'épanouissaient en blanche chair de fleur de fraisier. Combien naïves et paysannes en comparaison sembleraient les églantines qui, dans quelques semaines, monteraient elles aussi en plein soleil le même chemin rustique, en la soie unie de leur corsage rougissant qu'un souffle défait."
Proust parle en même temps des aubépines et de la phrase qu'il est en train d'écrire : les fleurs sont des mots, les mots sont des fleurs. Il cherche à s'identifier le plus possible à un phénomène qui l'enivre mais qu'il ne comprend pas. Il voudrait "s'ouvrir à son rythme", mélodie, intervalles musicaux. Il se repose un instant devant un seul coquelicot "faisant cingler au vent sa flamme rouge", puis revient aux aubépines, au plaisir obscur qu'elles lui donnent, et enfin découvre, grâce à son père qui se promène à ses côtés, une épine rose "plus belle encore que les blanches".
"Elle aussi avait une parure de fête, de ces seules vraies fêtes que sont les fêtes religieuses." Ce rose est une chose mangeable comme un fromage à la crème dans lequel on a écrasé des fraises. [...]
L'enfance et l'adolescence, dans le flot invisible du temps, c'est le surgissement, la prolifération, la multitude, la surabondance. Vient ensuite l'axe de la fixation érotique. L'excitation, désormais, choisit sa cible. Proust passe ainsi du mystère des aubépines à la révélation de l'orchidée "aux larges pétales mauves". L'orchidée, on s'en doute, n'est pas une fleur d'église. C'est ici le catleya d'Odette (Proust écrit cattleya avec un seul t). Avec Odette, dans le langage de son amant obsédé et jaloux, Swann, faire l'amour se dit "faire catleya". Ca commence, en voiture, par des arrangements timides de la fleur dans le corsage. Ca devient ensuite un code secret. [...]
Il entend l'anglais, Proust (traduction de Sésame et les lys de Ruskin), et voici son Sésame : catleya. On dit un catleya. Dans cat, il y a chat ou chatte, suivez mon regard vers ce elle et ce il y a. Ce Proust, n'en doutons pas, est un dangereux maniaque, une sorte de psychotique stabilisé pervers, qui doit se réjouir, ces temps-ci, de voir des plants de lys sauvages, espèce désormais protégée, faire obstacle, dans un vaste champ de village français, à la construction d'un incinérateur de déchets qui exigerait leur arrachage. La commune de Combray y a pourtant un besoin urgent de cet incinérateur. Le repousser à cause de lys est encore un mauvais coup des partisans de l'art pour l'art (dirait M. de Noirpois).
Odette fait peut-être "catleya", comme son amant aux goûts raffinés mais conventionnels (Botticelli, Vermeer), elle n'en perçoit pas la nature de fleur. Encore moins peut-il être question de défloration, selon les croyances antiques, puisque nous avons affaire à une demi-mondaine, autrement dit à une prostituée de luxe, entretenue et transformée en fausse noble, Odette de Crécy. Sur la défloration, Buffon a cette phrase amusante : "Toute situation honteuse, tout état indécent dont une fille est obligée de rougir intérieurement, est une vraie défloration." Odette est loin de cette pudeur naïve, et c'est pourquoi c'est une femme artificielle, ou fleur artificielle, une actrice déjà usée [...].
Proust se lance alors dans une incroyable démonstration d'érotisme floral. Il est lui-même, dit-il, "un herboriste humain", un "botaniste moral". Il a beaucoup travaillé la question de la fécondation des fleurs, surtout des hermaphrodites. Il tient à cette imagerie pour expliquer ce qu'il ne veut pas appeler l'homosexualité (mot pour lui impropre, mais l'inversion, par rapport, donc, à une version. La perversion est l'inversion, ou plutôt la réversion, d'une version. Dans ce cas, la fécondation non reproductive est quand même une fécondation mais "au sens moral". Les hommes-femmes ("descendants de ceux des habitants de Sodome qui furent épargnés par le feu du ciel") sont comparés à des fleurs le plus souvent en difficulté, qui n'ont que rarement l'occasion de trouver une rencontre satisfaisante, d'où leur abstinence forcée pour leur affairement obsédé.
C'est la Recherche du pollen perdu. La fleur mâle, par exemple, n'est pas passive : ses étamines se tournent spontanément vers l'insecte pour mieux le recevoir. La fleur femme, elle (ici l'arbuste d'Oriane), "arquera coquettement ses "styles" et, pour être mieux pénétrée par l'insecte, fera imperceptiblement, comme une jouvencelle hypocrite mais ardente, la moitié du chemin". C'est toute la signification cryptée de la danse de Charlus autour de Jupien et de leur fascination réciproque [...].
A partir de là, Proust devient fou, compare les méduses répulsives de la mer à de "mauves orchidées", s'occupe de la stérilité de certaines fleurs ("organe mâle séparé par une cloison de l'organe femelle"), des obstacles sans nombre à surmonter pour arriver au but (attraction des insectes par les fleurs, sécrétion de liqueur qui immunise contre les pollens qui ne conviennent pas), etc. [...] C'est ce qui s'appelle travailler son sujet. [...] Proust, dans l'inversion, trouve la confirmation de la version. Les deux voies, génétique et anti-génétique, ne conduisent à aucun Paradis, mais seulement à l'enfer social, au bordel, à l'usure, à la mort. L'obsession de l'éternel retour de la reproduction est générale, y compris dans ce qui semble en nier l'effectuation. Seule triomphe l'œuvre, immense Fleur.
Se procurer l'ouvrage :
Fleurs
Philippe Sollers
2006
Hermann Littérature
121 pages
08:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Réflexions, philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe sollers, marcel proust, aubépine, orchidée
lundi, 10 décembre 2012
Tout le monde dit I love you - Woody Allen, Woody Allen, Goldie Hawn, Julia Roberts, Drew Barrymore, Edward Norton, Natalie Portman
Film : Tout le monde dit I love you / Everyone says I love you (1996, durée 1h41)
Réalisateur : Woody Allen
Steffi Dandridge (Goldie Hawn), Bob Dandridge (Alan Alda), Joe Berlin (Woody Allen), DJ Dandridge (Natasha Lyonne), Von Sidell (Julia Roberts), Skylar Dandridge (Drew Barrymore), Holden Spence (Edward Norton), Charles Ferry (Tim Roth), Lane Dandridge (Gaby Hoffmann), Laura Dandridge (Natalie Portman), Claire (Barbara Hollander)
¤ ¤ ¤
Pour les fans : http://www.everywoodyallenmovie.com/post/everyone-says-i-...
¤ ¤ ¤
Cliquer pour la version audio : Skylar Dandridge I'm a dreamer.WMA
Skylar Dandridge, chantant :
I'm a dreamer, aren't we all ?
Just a dreamer, aren't we all ?
In my dreams each night it seems
my sweetheart comes to call.
He's so charming, strong and tall.
It's alarming how I fall.
He's ideal but then he isn't real and I'm a fool but aren't we all ?
Holden Spence : Voilà, d'abord alors on s'marrie.
Skylar Dandridge : Uh-hun.
Holden Spence : Et on va vivre près de mes parents, à Sharon.
Skylar Dandridge : Oh, j'pourrais jamais quitter New York.
Holden Spence : On quittera mes parents à Sharon, d'accord, et on va vivre à New York, bien sûr. La seule chose, c'est que peut-être qu'un jour on va avoir besoin de plus d'espace si on veut avoir quatre gosses.
Skylar Dandridge : Je veux deux enfants.
Holden Spence : Deux gosses, deux ? C-ç-c'est parfait ! Deux c'est, deux c'est, parfait, pour moi. Parce que, tu sais, quatre, c'est, il faut dire que c'est trop. Ce sera bien, tu pourras rester à la maison avec eux.
Skylar Dandridge : Non, j'travaillerai.
Holden Spence : ... Je veux dire quand tu travailleras pas à temps complet, évidemment. Tu, tu vas faire carrière dans le journalisme.
Skylar Dandridge : L'architecture.
Holden Spence : L'architecture. D-depuis quand ?
Skylar Dandridge : J'en sais rien, c'est une idée qui m'est passé par la tête.
Holden Spence : Une idée qui t'est pass... Tu as un diplôme de journalisme... D-de toute façon, c'qui compte, c'est qu'j'ai l'impression qu'on est tous les deux d'accord sur presque tout. Mmh ? Enfin il me semble.
Le garçon de café : Hum ! Dois-je apporter le dessert, monsieur ?
Holden Spence : Ah ! C'est, c'est l'heure du dessert, oui, c'est vrai ! Tu veux bien m'excuser une seconde, une petite chose à faire...
Von Sidell : Vous avez survécu ? Comment ça va ? J'étais inquiète.
Joe Berlin : Oh-non non-non, ça va bien ! J'ai juste, je suis juste reparti à l'hôtel. J'ai demandé au... au... de graisser mon pacemaker et, voilà... Au fait, je m'appelle Joe Berlin !
Von Sidell : Ah, Bonnie Sidell.
Joe Berlin : Oui, ah, c'est une drôle de coïncidence, je vous rencontre ici. C'est curieux, deux New Yorkais... font du jogging à Venise, et retombent l'un sur l'autre ici, c'est...
Von Sidell : Comment vous savez que je suis New Yorkaise ?
Joe Berlin : Oh je savais pas ! Mais-mais-mais, enfin, voyez, j'ai, disons... supposé que, que vous étiez mais... vous êtes tout à fait en droit de poser cette question, je veux dire, c'est, enfin, c'est... c'est-c'est une bonne question, n'ayez pas honte de l'avoir posée.
Von Sidell : J'habite la quatre-vingt quatrième à Riverside et vous habitez où à New York ?
Joe Berlin : Paris ! Je, enfin, je suis, j'étais New Yorkais mais-mais maintenant je suis installé à Paris mais je... enfin j'reviens à New York souvent parce que j'me plais là-bas.
Von Sidell : Oui. Qu'est-ce qui vous amène ici ?
Joe Berlin : Hoh ! Enfin, je-je-je pouvais pas envisager de-de venir à Venise sans-sans aller jeter un œil sur les les-les les Tintoret, parce que... c'-c'est mon peintre préféré le-le plus grand maître du monde, j'veux dire j'j'j'adore son œuvre, j'en suis fou, c'complètement fou !
Von Sidell : Il avait un profond génie.
Joe Berlin : Oh ! Le plus profond ! J'-j' la la-la-la rapidité de-de son coup de pinceau, son, son chiaroscuro, ses-ses explosions de couleur, sa, hum, cette capacité de contrôle du geste et de, hum... né en 1519 que pour mourir de nouveau en 1594 mais... ça c'est-c'est, c'est-c'est comme ça que ça arrive pour presque nous tous.
Von Sidell : Je vois que vous appréciez son œuvre à sa juste valeur.
Joe Berlin : Hhh, comment ne pourrais-je pas apprécier l'oeuvre d'un peintre plutôt court - de stature -, mais-mais tellement fier, euh, de nature qu'il, hum, ne peignait pas en marge des... des... des conventions académiques du... du seizième siècle vénitien-hheiiin !
Von Sidell : Quel est votre métier, monsieur Berlin ?
Joe Berlin : Appelez-moi Joe. Je m-moi-moi-moi je suis écrivain, n-euh-romancier, plutôt.
Von Sidell : "Joe Berlin"... J'ai vu un de vos livres un jour ! Ca y est ! Je m'rappelle. Il avait une... euh... il avait une couverture très sexy, c'était sur un éventaire, on le casait à 99 cents.
Joe Berlin : Hum ! euh oui hum ! vous savez, probablement oui, mais c'c'était le prix de lancement.
Von Sidell : Oh.
Joe Berlin : C'c'est une chose qui se fait parfois, c'c'est, vous savez, vous savez, aux Etats-Unis, je suis un écrivain controversé mais-mais, mais à Paris, où on a - vous savez - une oreille littéraire, là, enfin, on n'a pas tardé à reconnaître le génie de de-de-de de Poe, de Faulkner et de moi-même.
Joe Berlin : Au fond, vous savez, je suis un homme simple. Tout c'que j'veux, c'est... vivre à Paris. Pourquoi pas, peut-être, rencontrer... l'amour et... et... aller me promener... sous la pluie et... et... écouter de la musique... particulièrement peut-être la quatrième de Mahler.
Von Sidell : J'ai l'impression de m'entendre. La Quatrième de Mahler m'a toujours...
Joe Berlin : Ah, c'est ça, Mahler, la Quatrième, ça fait toujours ça. Je, oui-oui, je suis pas, je suis pas, comment dire ça, un fou de technologie.
Von Sidell : J'ai horreur de la technologie.
Joe Berlin : Oh j-j-je sais ! Je n'ai eu qu'à vous regarder pour le savoir. M-m-moi j-j-je tape toujours s-s-sur un de ces vieux, ces vieux machins d'un autre âge, ces vieilles machines portatives qui...
Von Sidell : Ca veut dire que vous n'avez pas succombé à l'âge de l'informatique, c'est ça ?
Joe Berlin : Hoh ! Mais vous savez, j'j'j'ai vraiment des goûts t-très simples dans la vie. Je, j'aime m'asseoir dans ma chambre à Paris et écrire, et peut-être venir à New York une ou deux fois par an, l'été par exemple. Peut-être passer un peu de temps dans un endroit romantique, du genre euh... euh... BO-RA-BO-RA.
Von Sidell : Je... j'adore Bora-Bora ! Depuis mon premier voyage là-bas, pas un instant je n'ai cessé d'y penser !
Joe Berlin : Ah oui ? C'c'c'est normal, parce c'c'c'est magnifique, la nuit, le ciel est si lumineux qu'on lit presque...
Joe Berlin et Von Sidell en chœur: à la lueur des étoiles.
Joe Berlin : A la lueur des étoiles.
Von Sidell : Oh...
Joe Berlin : Ca va, oui ? Il y a eu une... une petite... une petite buée dans vos yeux un instant. J'ai cru que vous alliez pleurer, je vous jure, j'ai cru que...
Von Sidell : Non, ç-ç-ça va, ça va très bien.
Joe Berlin : Vous êtes sure ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?
Von Sidell : Non.
Joe Berlin : Qu'est-ce qu'il y a, ça ne va pas ?
Von Sidell : Non, non, au contraire, jamais les choses n'ont été aussi bien.
Joe Berlin : Oui ?
Von Sidell : Oui.
Joe Berlin : Attendez-moi une seconde, je reviens tout de suite.
Cliquer pour la version audio : Julia Roberts Waiting for you.WMA
Von Sidell, chantant : All my life, I've been waiting for you, my wonderful one, I've begun living all my life. All my love has been waiting for you. My life is so blind now that I'm giving all my love.
Joe Berlin : J'ai un cadeau pour vous.
Von Sidell : C'est la fleur que j'adore, la marguerite africaine !
Joe Berlin : Vous savez... Qu'est-ce que vous faites ce soir ?
DJ Dandridge : Alors, comment ça a marché ?
Joe Berlin : Elle a été géniale, absolument géniale, tous tes conseils valaient de l'or, c'était, c'était parfait ! mais j'culpabilise.
DJ Dandridge : Pourquoi ?
Joe Berlin : Pourquoi ? Mais-mais parce que, tu sais, j'l'ai fait pleurer, oui, elle a dit qu'elle se sentait très proche de moi.
DJ Dandridge : Ah benh alors, tu as établi ta tête de pont. Alors au combat et à toi la victoire. Oh, n'oublie surtout pas de souffler entre ses omoplates. Ca la rend complètement dingue !
Joe Berlin : Ah non, non, j-je vais, j'vais pas faire ça, et qu'est-ce que, non-non, écoute, ce qui se passe entre elle et son psy, c'est confidentiel, tu sais. Qu'est-ce que tu vas faire ? Me faire un plan de ses zones érogènes, peut-être ?
DJ Dandridge : Papa, est-ce que tu dois la voir ce soir ?
Joe Berlin : Non, elle est mariée ! Ecoute, ce type que je joue, c'est pas moi. Je confonds Bora-Bora avec béri-béri, j'te jure, et qu'est-ce que j'connais moi au Tintoret ? Rien, rien, j'sais pas faire la différence entre son chiaroscuro et un capuccino.
DJ Dandridge : Surtout, n'oublie pas de souffler entre ses omoplates.
Joe Berlin : Je ne vais pas souffler entre ses omoplates, j'te dis ! En plus, j'utilise un traitement de texte, pas une vieille machine.
DJ Dandridge : Ah, j'espère que tu as apporté de quoi te faire beau parce qu'on va à une soirée.
Joe Berlin : Comment ça, une soirée ?
DJ Dandridge : Je vais te présenter quelqu'un.
Joe Berlin : Vous avez vu cet endroit ? J'allais rentrer justement.
Von Sidell : Non;
Joe Berlin : C'c'c'est incroyable, vous savez, ils ont... Tout ça a l'air, on dirait un vieux... palazzo. C'est vraiment, vraiment magnifique. Mais ça s'agite beaucoup à l'intérieur. Vous êtes superbe.
Von Sidell : Oh, je préfère que vous ne disiez pas ce genre de choses.
Joe Berlin : Pourquoi ça ?
Von Sidell : Parce que je supporte mal les compliments.
Joe Berlin : Mais vous êtes ravissante ! Enfin, j'veux dire, pourquoi pas ? Excusez-moi, j...
Von Sidell : Non ! C'est mon problème.
Joe Berlin : Et pourquoi ? C-ç-ça vous culpabilise ?
Von Sidell : Oui, peut-être, je sais pas. C'est vous qui semblez avoir toutes les réponses.
Joe Berlin : Non, non, mais-mais, je-je-je crois que vous culpabilisez, je-je crois, vous devez avoir des-des fantasmes du genre, peut-être quelqu'un qui croise votre chemin... vous devez faire des rêves où il y a des-des-des bateaux... des navires, peut-être... oui, ou peut-être même des, je sais pas, un ascenseur qui... vous êtes dans un ascenseur et il monte, il monte, il monte, jusqu'au dernier étage et il ne s'arrête pas au dernier étage... il continue et il passe à travers le toit... et là il s'envole au-dessus de l'océan...
Von Sidell : Je crois que je vais m'évanouir. Je le sens.
Joe Berlin : Ca ne va pas ?
Von Sidell : Hhh non. Je suis comme... terrassée. Je suis contente que vous partiez demain.
Steffi Dandridge : Tu sais, je me suis souvent demandée ce qui se serait passé si on était restés ensemble.
Joe Berlin : C'est quelque chose qu'on ne saura jamais. Au moins, on aura réussi... à fabriquer une fille extraordinaire. C'est vrai, elle est formidable ! Elle a... ton physique - heureusement - et ma... ma personnalité magique.
Steffi Dandridge : Oui, elle est merveilleuse.
Joe Berlin : Elle est géniale.
Steffi Dandridge : Oui.
Joe Berlin : Et toi tu a été très heureuse avec Bob alors ça a bien tourné.
Steffi Dandridge : Oh, il est merveilleux.
Joe Berlin : Je le trouve génial, je sais que t'aurais pas pu trouver mieux.
Steffi Dandridge : Non.
Joe Berlin : C'est un type fantastique.
Steffi Dandridge : Oui.
Joe Berlin : Bien sûr, il y a eu quelques occasions, tu te rappelles ? Tu... tu m'envoyais de terribles SOS et j'ai dû venir de sortir d'affaire. Deux ou trois choses.
Steffi Dandridge : Je sais.
Joe Berlin : De grandioses bagarres avec Bob, je me rappelle.
Steffi Dandridge : Oui.
Joe Berlin : Et une grosseur... horrible, qui... qui s'est avérée parfaitement bénigne, malgré ta panique indescriptible.
Steffi Dandridge : Je sais, tu es toujours là pour moi. C'est ça qui compte.
Joe Berlin : Et toi pour moi. C'est ça. C'est ce que j'apprécie, tu vois. Je-je-je crois qu'en réalité, nous avons été meilleurs amis, que-que que marie et femme.
Steffi Dandridge : C'est probablement vrai. Mais tu sais, personne ne m'a jamais fait rire comme toi, Joe. J'aime Bob de tout mon coeur, ça n'a rien à voir ! Ce qu'il y a, c'est que toi, tu as toujours su... euh... appuyer sur le bon bouton, avec moi.
Joe Berlin : Pourquoi c'est si important ?
Steffi Dandridge : J'en sais rien, j'en sais rien. J'en sais rien ! Peut-être qu'on est fous, hé-hé-hé-hou-hou-hou ! Hh-hhh ! Cette fille qui t'a laissé tomber aujourd'hui, elle savait te faire rire ?
Joe Berlin : J'en sais rien. Il faut... il faut que je mette ça... derrière moi. Tu vois ?
Steffi Dandridge : Comme c'est drôle la vie.
Joe Berlin : C'est surprenant, surprenant.
08:00 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tout le monde dit i love you, everyone says i love you, woody allen, goldie hawn, julia roberts, drew barrymore, edward norton, natalie portman, tintoret, poe, faulkner, mahler
dimanche, 09 décembre 2012
Tu fais ta demeure en nous - El Greco
Le Christ dépouillé de sa tunique, El Greco
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Foi, Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : el greco, christ, tunique
samedi, 08 décembre 2012
Speed
Film : Speed (1994, durée 1h56)
Réalisateur : Jan De Bont
Jack Traven (Keanu Reeves), Annie Porter (Sandra Bullock), Howard Payne (Dennis Hopper), Herb McMahon (Joe Morton), Harry Temple (Jeff Daniels), Stephens (Alan Ruck), Helen (Beth Grant), Norwood (Richard Lineback), Sam (Hawthorne James), Ortiz (Carlos Carrasco), Terry (David Kriegel)
Annie : J'ai cru que ça y était... j'ai cru que c'était la bombe... que j'étais morte. Et ensuite je l'ai vu qui passait sous l'autobus. Je m'suis dit...
Jack : Tu étais contente d'être encore en vie.
Annie : Mmmh ! J'suis tellement désolée.
Jack : Il faut pas. On n'est pas désolé d'être vivant. Et ça ne veut pas dire que tu es indifférente.
Annie : Elle avait peur, tellement peur !
Jack : Elle avait peur, oui ! C'est une gentille dame qui méritait pas de mourir. Mais si elle avait réussi à descendre, on aurait tous été tués. Y a qu'un salaud dans cette histoire, celui qui nous a mis là, il faut pas l'oublier, d'accord ?
Annie : Belle ordure.
Jack : Oui.
Jack : Il y a un segment d'autoroute qui manque.
Les passagers : Quoi !?
Une passagère : Un segment qui manque ?
Un passager : Il est grand comment l'trou ?
Jack : Au moins quinze mètres. A deux ou trois kilomètres d'ici.
Une passagère : J'ai pas bien entendu c'qu'il a dit.
Annie : Jack ? Jack ? Si je mettais au point mort mais avec le moteur à fond ?
Jack : C'est branché sur l'essieu.
Annie : Bon alors on fait quoi, on fait quoi ? Alors !? Jack !?
Jack : Fonce.
Annie : Quoi ?
Jack : Fonce j'te dis !! C'est un échangeur, il y aura peut-être une montée. Fonce !!
Jack aux passagers : Vous allez vous aggripper à vos sièges, aux courroies, à tout ce qui est fixe. Quand on arrivera au trou, baissez la tête.
Un passager : C'est tout, c'est tout ?
Jack : C'est tout c'qu'on a. On va mettre les sacs sous les sièges, d'accord ? Mettez tous les sacs sous les sièges.
Un passager : J'voulais pas tirer sur le chauffeur.
Jack : Accroche-toi.
Un passager : Ca va marcher, votre truc ?
08:38 Publié dans Films étrangers, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : speed, keanu reeves, sandra bullock