jeudi, 11 juin 2015
Respire
Film : Respire (2014, durée 1h32)
Réalisateur : Mélanie Laurent
Charlie (Joséphine Japy), Vanessa sa mère, (Isabelle Carré), son père (Radivoje Bukvic), Laura (Claire Keim),
Sarah (Lou de Laâge), sa mère (Carole Franck)
Victoire (Roxane Duran), Gastine (Thomas Soliveres)
Sarah : Ça y est, ta mère me déteste. Merci. T'auras vraiment essayé de me foutre tout le monde à dos. C'est fou comme quoi on se trompe. Tu m'auras bien fait du mal en tout cas. Cette histoire m'aura bien fait du mal. Mais bon, j'te mets pas tout sur le dos. C'est de ma faute aussi, j'me suis laissée faire. J't'ai laissée dépasser les limites à un moment. D'un autre côté, t'es pas une môme. J'espère au moins que cette histoire te servira, parce que si t'apprends rien, alors là... c'est vraiment triste.
Charlie : Qu'est-ce que je t'ai fait ?
Sarah : Oh non, putain, t'es forte. Tu fais encore la p'tite victime. Ça marche, hein c'est fou, j'me fais encore avoir. Il est là le problème. Tu fais tout pour rendre l'autre dingue et après tu prends ton air de chien battu. J't'ai tout donné et toi tu juges, tu penses que tu vaux mieux. [...] Heureusement que j'ai trouvé Isa. Tu vois par exemple, avec elle j'me sens bien. Elle m'fait rire, elle m'aime comme je suis. Avec toi j'me sens mal, j'mens, j'deviens dure. Tu m'donnes le mauvais rôle, c'est insupportable. On a perdu du temps, tant pis. Moi j'ai appris beaucoup en tout cas. J'me sens tellement plus légère depuis qu'on s'voit plus. Ça t'fait sourire ? ... Benh écoute, tant mieux. Sans regrets alors, Charlène.
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mercredi, 10 juin 2015
Gemma Bovery - Anne Fontaine, Fabrice Luchini
Film : Gemma Bovery (2014, durée 1h39)
Réalisateur : Anne Fontaine
Gemma Bovery, l'Anglaise (Gemma Arterton), Charles Bovery, son mari anglais (Jason Flemyng), Patrick Large, son ex anglais (Mel Raido)
Martin Joubert, le boulanger (Fabrice Luchini), Valérie Joubert, la femme du boulanger (Isabelle Candelier), Julien Joubert, le fils (Kacey Mottet Klein)
Hervé de Bressigny, le châtelain (Niels Schneider), Madame de Bressigny, sa mère (Edith Scob)
Wizzy, la voisine trop bilingue (Elsa Zylberstein), Rankin, son mari anglais (Pip Torrens)
* * * * *
Source : https://www.amazon.fr/review/RJTWAY0MPNM7A/ref=cm_cr_rdp_perm
Comme dans chacun ses films, Anne Fontaine installe dans « Gemma Bovery » une atmosphère dans laquelle réalité et fiction s'entremêlent avec beaucoup de subtilité et de finesse pour emporter le spectateur de fausses pistes en évidences.
Le scénario raconte l'histoire de Martin Joubert (Fabrice Luchini), passionné de littérature, qui a fui Paris depuis 7 ans pour reprendre dans la campagne normande la boulangerie de son père. L'arrivée comme nouveaux voisins d'un couple d'Anglais va mettre fin, selon ses mots à « dix années de tranquillité sexuelle ». Lorsqu'il découvre que sa charmante voisine (Gemma Arterton) s'appelle Gemma Bovery, Martin se sent immédiatement projeté dans son roman favori, « Mme Bovary » que Flaubert a justement écrit dans le village où il réside. Martin ne sait bientôt plus s'il se fourvoie à imaginer pour Gemma le destin d'Emma Bovary, s'il cherche à le provoquer par diverses manipulations où s'il est simplement le témoin partial d'une histoire qui le dépasse.
Grâce à des dialogues savoureux et des acteurs merveilleux, notamment Luchini en boulanger mélancolique et monomaniaque, le film d'Anne Fontaine fascine par ses divers rebondissements. On n'a d'yeux, comme tous les hommes qui la croisent dans l'histoire, pour la très belle Gemma Arterton dont on ne parvient pas à saisir la réalité du caractère. On peut se demander parfois si elle n'en fait pas trop avec sa peur maladive des souris, son amour inconsidéré pour toutes sortes de pain ou lorsqu'elle est piquée par une abeille. Mais ces situations permettent des métaphores plus évidentes avec l'état d'esprit du XIXe siècle toujours présent en filigrane, et une ambiance générale très romanesque. Notons aussi la présence d'Elsa Zylberstein dans le rôle désopilant de la très snob Wizzy et une très agréable bande musicale avec par exemple les chansons du groupe Moriarty.
« Gemma Bovery » manque sans doute du « je ne sais quoi » qui en aurait fait un très grand film, mais n'en reste pas moi une véritable réussite, agréable et originale.
* * * * *
Valérie Joubert : Je pensais qu'elle se vendrait jamais cette bicoque
Martin Joubert : Benh c'est fait. Y'a des Anglais. Devinez comment ils s'appellent.
Valérie Joubert : Mange, Julien.
Julien : J'ai pas faim.
Valérie Joubert : Mange, t'es en plein croissance, il faut te nourrir. Comment ils s'appellent ?
Martin Joubert : Devinez.
Julien : Sherlock Holmes. James Bond. Mc Donald.
Martin Joubert : Bovery. Bo-ve-ry. Il s'appelle Charles. Et elle, Gemma. C'est pas dément ? Ici, en Normandie, là même où Flaubert a écrit son chef d’œuvre.
Julien : On a vu le film en classe. C'était trop nul.
Valérie Joubert : Moi je préfère La princesse de Clèves.
Julien : Moi Call of duty.
Valérie Joubert : Non mais écoute, là. On parles de livres, pas de jeux vidéo.
Martin Joubert : Tu veux que je te dises ? J'aimerais mieux que tu te drogues plutôt que d'entendre des conneries pareilles.
¤ ¤ ¤
Martin Joubert, en voix off : En une seconde, avec ce petit geste insignifiant, c'en a été fini de dix ans de tranquillité sexuelle.
Martin Joubert, en voix off : Au fond de son âme cependant, elle attendait un événement ; comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon.
Valérie Joubert : Toi, évidemment, dès que n'importe quelle fille a peur d'une souris, tu trouves ça bouleversant.
Martin Joubert : Moi ?
Valérie Joubert : Benh oui, j'te connais, je sais comment tu fonctionnes... En plus, c'est vraiment l'Anglaise coincée, pas un sourire, rien, elle s'emmerde dans la vie. Puis elle est jolie mais elle est pas si jolie que ça, elle est même assez banale.
Martin Joubert : Une femme banale qui supporte pas la banalité de sa vie, je trouve pas ça si banal, moi.
Valérie Joubert : Madame Bovary. Il y avait longtemps ! Elle est banale. Elle est banale, point barre.
Martin Joubert : Ça n'a rien à voir. Ça c'est : pain brioché.
Gemma Bovery : Et la baguette, là, c'est quoi ?
Martin Joubert : Baguette épi.
Gemma Bovery : Baguette épi ? Mmh. Et celui-là ?
Martin Joubert : Il est à l’épeautre. Kind of blé.
Gemma Bovery : Hhh. Ça sent très très bon.
Martin Joubert : Oh vous avez raison, rien ne sent aussi bon que le pain. Hhh. Une belle boule dorée. Faut la voir lever, c'est un spectacle magnifique.
Gemma Bovery : Sounds beautiful.
Martin Joubert : Ca vous dirait de regarder comment se fait ce pain ?
Gemma Bovery : Oui !
Martin Joubert : Benh alors suivez-moi. Attention, y'a une marche hein...
Martin Joubert : Rentrez bien vos mains. Doucement, doucement. Voilà, c'est ça. Voilà, massez bien la pâte. Voilà. Very good. Very good, voilà. Voyez elle est à vous, là.
Gemma Bovery : It feels really nice. Very... calm.
Martin Joubert : C'est mon yoga à moi. Faire ça tous les jours. It removes all the bad mood. Finish !
Gemma Bovery : Magique.
Martin Joubert : Magique... Toucher le pain, c'est toucher la terre. La croûte originelle d'où est sortie la vie. C'est immerger ses sens. Y'a rien de plus naturel. Y'a rien de plus humble.... que le, que le blé.
Gemma Bovery : Il fait chaud ici.
Martin Joubert : Il fait très très chaud.
Martin Joubert : Vous l'avez lu ?
Gemma Bovery : Non.
Martin Joubert : C'est un chef d’œuvre. Ça m'a foudroyé à l'âge de seize ans. Une femme qui attend tout de l'amour et qui est toujours déçue. Une histoire banale racontée par un génie. Flaubert a inventé un caractère qui est devenu universel sur une femme qui s'ennuie. C'est devenu presque un archétype. Archétaÿpe, you know ? C'est un peu compliqué c'que j'vous raconte, non ?
Gemma Bovery : Non mais... Ça a l'air vachement marrant.
Martin Joubert : Je sais pas si c'est vachement marrant mais en tout cas vous, vous maîtrisez de mieux en mieux la langue française, non ?
Gemma Bovery : Merci. Où est Carrington ? Carrington !!?
Martin Joubert : Gus, tu viens ?
Martin Joubert : Vous avez vu c'qui nous est tombé dessus cette nuit ?
Gemma Bovery : Ah oui. On a des problèmes. Des trous dans le toit, the toilets sont trop pleins.
Martin Joubert : Oui, mais les gens, ils pensent que la vie à la campagne c'est merveilleux. Mais il faut une force intérieure très grande pour ne pas sombrer. Very strong, inside. Vous savez, contrairement aux idées reçues, il y a énormément de prescriptions d'anti-dépresseurs à la campagne.
Gemma Bovery : Oui ?
Martin Joubert : Oui, ou alors y'a le Calva. Là vous avez le meilleur producteur de la région. Vous voulez goûter ?
Gemma Bovery : Pourquoi pas.
Martin Joubert : Venez.
Gemma Bovery : Calva... Merci. It's strong.
Martin Joubert : It's Calva.
Martin Joubert, en voix off : C'est la première fois que je voyais ses jambes. Elle regardait les savons, les bougies, les éponges. Des cochonneries pour touristes. Des désodorisants aux senteurs grotesques. C'est alors que j'ai vu Hervé de Bessigny. Alors là il s'est produit quelque chose de très étrange. A la seconde où j'ai posé les yeux sur lui, j'ai eu l'impression d'être un metteur en scène. Un metteur en scène qui venait de crier "moteur !".
Martin Joubert, en voix off : Je me rappelle avoir éprouvé une étrange jubilation. Je les voyais déjà nus, enlacés. Madame Bovary croisait le chemin du châtelain local Rodolphe, tout comme Gemma venait de croiser celui d'Hervé.
Hervé de Bressigny : Oui. Allô, maman. Mais non, j'suis pas essoufflé, qu'est-ce que tu racontes... Ah non, j'fais pas mon jogging. J'travaille. Qu'est-ce que tu veux que j'fasse d'autre ?
Martin Joubert, en voix off : J'avais envie de lui dire : "il est encore temps de te reprendre. De tout arrêter. Tu es en train de te jeter à corps perdu dans une histoire qui n'a aucun avenir. Il va te détruire comme Rodolphe a détruit la Bovary. La mort est au bout, Gemma. La mort est au bout."
Valérie Joubert : Qu'est-ce que tu fais ?
Martin Joubert : Je réfléchis.
Valérie Joubert : A deux heures du matin ?
Martin Joubert : On choisit pas.
¤ ¤ ¤
Martin Joubert, en voix off : Comment tuer une histoire d'amour qui n'est pas la vôtre et qui vous fait souffrir ? J'ai d'abord essayé la transmission de pensée : "quitte-le, Gemma, quitte-le. Laisse-le tomber, ce p'tit con."
Martin Joubert, en voix off : Gemma m'avait demandé de l'accompagner à Rouen, chez l'avocat de Madame de Bressigny. Elle m'avait donné rendez-vous à la Cathédrale. J'étais surpris. Benh oui, j'étais surpris que Gemma me donne rendez-vous là. Est-ce qu'elle l'avait fait exprès ? Dans Madame Bovary, Emma aussi a rendez-vous à la Cathédrale de Rouen, juste avant cette promenade en fiacre, qui engendre peut-être la plus belle scène érotique de la littérature du dix-neuvième siècle. Une femme qui se fait sauter dans un fiacre, surtout que le voyage était très très très long !
¤ ¤ ¤
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dimanche, 07 juin 2015
120 ans de cinéma
mardi, 05 mai 2015
Une nouvelle amie
Film : Une nouvelle amie (2014, durée 1h47)
Réalisateur : François Ozon
David / Virginia (Romain Duris), Laura (Islid Le Besco)
Claire (Anaïs Demoustier), Gilles (Raphaël Personnaz)
Claire : C'est comme ça que tu comptes sortir ?
David : Benh quoi, ça va pas ?
Claire : Ecoute, j'accepte de sortir avec toi, mais discrètement. J'ai aucune envie que tout le monde se retourne en pensant que je sors avec une travelotte d'un mètre quatre-vingt dix.
David : Qu'est-ce qu'on fait ?
Claire : Pourquoi tu mets pas un pantalon ? Ça serait plus simple.
David : Ah non. Pour ma première sortie, j'veux avoir les jambes à l'air.
Claire : Bon. La robe de la dernière fois, elle est où ?
David : Laquelle ?
Claire : Celle de Laura que t'as retouchée.
David : Elle est au sale.
Claire : Va la chercher.
David : Elle est toute froissée !
Claire : David, c'est pas un défilé de mode. On va juste faire du shopping entre copines et personne va nous remarquer.
David : Bon, OK. Mais je lui donne un p'tit coup d'fer.
David : Voilà.
Claire : Très bien !
David : J'garde les bas ?
Claire : Je sais pas.
David : Parce que sinon, il faut que j'm'épile parfaitement.
Claire : Oh oui alors garde-les. J'ai pas envie d'attendre encore deux heures.
David : Faudra que tu m'aides d'ailleurs. Parce que j'ai des poils dans le bas du dos. C'est impossible de les enlever tout seul. Oh quel enfer cette robe.
Claire : Virginia.
David : Oh wow.
Claire : C'est vrai ?
David : Oh t'es belle.
La vendeuse : Ça vous va très bien.
Claire : Merci. C'est pas vraiment mon genre.
David : Si, et puis regarde la couleur avec tes cheveux.
Claire : Fffff.
David : Oh si, ça te fait une taille toute fine.
Claire : C'est vrai ?
David : Puis pour le prix, franchement.
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lundi, 10 novembre 2014
Lettre ouverte au réalisateur de La vie d'Adel - et octosyllabe
Film : La Vie d'Adèle, chapitres 1 & 2 (2013, durée 2h57)
Réalisateur : Abdellatif Kéchiche
D'après la bande dessinée "Bleu est une couleur chaude", Julie Maroh, 2010
Adèle (Adèle Exarchopoulos), Emma, artiste-peintre (Léa Seydoux)
Lise, la nouvelle compagne d'Emma (Mona Walravens)
Les parents d'Adèle (Catherine Salée, Aurélien Recoing)
La mère et le beau-père d'Emma (ANne Loiret, Benoît Pilot)
Thomas qui se fait larguer par Adèle (Jérémie Laheurte), Samir (Salim Kchiouche), Amélie qui insulte Adèle (Fanny Maurin), Béatrice qui drague Adèle (Alma Jodorowsky), Antoine (Benjamin Siksou), Valentin (Sandor Funtek), Kader (Karim Saidi), Pierre (Tom Hurier), Camille (Camille Rutheford), Vince (Vincent Gaeta)
¤
Monsieur Kéchiche,
Nausée il y a à regarder votre film... Mais d'où vient cette nausée ?
En premier lieu, de cette fâcheuse impression que derrière - ou dans le derrière d' - Adèle vous avez sournoisement flanqué votre Adel... Car quand même, Monsieur Kéchiche, vous osez d'emblée associer à Adèle une étymologie arabe - aucun dénigrement de ma part, dussé-je myself expliquer tantôt l'origine arabe de mon patronyme tout autant que de mon prénom. Voilà qui tombe vraiment comme un cheveux mal défrisé sur la soupe. Fichtre, ça commence bien. Alors soit on a oublié de nous expliquer un chapitre de l'histoire de la donzelle, soit on se moque du monde pas arabe. Je me vois ici dans l'obligation de commencer moi aussi par remettre les étymologies à leur place et les pendules à l'heure d'hiver : Adèle est un prénom français d'origine germanique et qui veut dire "noble". Tout ce que ce film n'est pas. Il est donc fortement injuste de se l'approprier sans justification.
Mais il ne suffit pas de corriger cette étymologie pour se débarrasser de cette nausée. Adèle... Adel... Et finalement, ne serait-ce pas Abdel en personne, car je ne vois ici qu'une mascarade de fausse castration qui fait qu'en réalité, vous nous montrez vos dessous à vous lorsque vous mettez au lit deux lesbiennes aux fesses bien blanches. Le film est certes tiré d'une bande dessinée écrite par une femme homosexuelle et parue en 2010, il y a pourtant imposture presque tout au long du film, à l'exception de deux vérités qui vont clore notre propos : le grand amour indélébile pour l'artiste et le naturisme sans encre.
L'imposture, c'est ce pois chiche géant gorgé d'une sauce outre-moderne inconcevable - aussi jaunâtre que celle que la muse-Adèle sert aux convives de l'artiste peintre qui aima - que vous nous enfoncez de force dans le gosier, Monsieur Kéchiche, et qui est passée sous le nez de tous, comme cette morve nasale qu'on ne veut pas laisser Adèle Exarchopoulos moucher. Le premier mouchoir n'arrive que très/trop tard. Ah comme on a envie qu'elle se mouche. Mais qu'elle se mouououche !
La bouche d'Adèle est une grosse ventouse inesthétique. Toujours en avant, gloutonne, mais jamais sexy. Comment est-ce possible d'enlaidir autant des lèvres pourtant joliment pulpeuses au départ ? On aura tout vu ici sauf les fameux baisers de cinéma. Ce n'est pas une question de naturisme : un baiser naturiste peut être splendide. Ici, non. Même l'inclusion d'un coucher de soleil entre les deux bouches ne fonctionne pas, c'est pourtant une tarte à la crème qui prend toujours. La boîte à questions canalesque reprise plus bas nous donne une piste... Un Kéchiche qui braille "maaaange !" On dépasse ici largement la malbouffe post-moderne. La malbouffe, c'est aimer la mauvaise bouffe. Ici ? Ici, c'est vraiment particulier et particulièrement outre-moderne. Toute la nourriture dégoûte. Les bouches ressemblent à des égouts. La mastication est laide. Ne parlons pas de l'enfournage... Une figurante dit avoir vu Adèle arriver "un hamburger dans la bouche". Après avoir visionné ce film, quiconque avait quelques kilos à perdre est en condition pour entamer un régime. Le jeûne est si paisible après pareilles orgies analimentaires. Et la cigarette... il est donc possible de fumer avec tant d'inélégance qu'on se prend à vouloir écraser leur clope, pas pour tenter de prolonger leur espérance de vie, mais pour ne plus subir ces wagons d'inélégance gestuelle. Comme tout ceci est plus efficace que les campagnes de santé publique, c'est magnifique. Il manque juste un petit verre de rouge...
Il faut dire aussi que ce mélange des cultures est malhonnête. Je m'explique. Abdellatif Kéchiche, vous êtes est franco-tunisien. Mais au fond, on voit ici que vous n'êtes ni l'un ni l'autre, et vous ne pouvez en fin de compte surtout pas être les deux - toujours aucun dénigrement de ma part qui suis tri-culturelle. Comme vous êtes perdu, ne sachant ni d'où vous venez, ni où en êtes allé, et l'on ne peut pas comprendre où vous essayez de nous dire que vous êtes. Vous ne faites décidément pas la part des choses. Et si jamais c'est volontaire de votre part, vous faites là une propagande douteuse.
J'explique encore un peu - par respect, contrairement à vous qui nous balancez au visage un plat suivi d'un autre sans ménagement. Mademoiselle Adèle prête ses petites mains à la préparation de bricks. Pourquoi ? Ensuite, elle fait une orgie de pâtes, une bassine géante qui est un "crève-cœur" pour mes amies italiennes et qui aurait tout au plus sa place dans une vague auberge espagnole erasmusienne ou sur une astéroïde restée en orbite, en tout cas très loin d'Italie. Je redemande pourquoi ? Entre les deux, vous nous faites un chapitre miteux sur les huîtres avec cette allusion non seulement de mauvais goût mais d'un autre temps à la moule (mince, je suis obligée d'y passer pour me faire comprendre). Comme on s'ennuie. Et cette sauce tomate qui devient jaune-pisse sur le menton des acteurs et actrices, on se sent aux chiottes depuis le début du repas. Et jamais vous ne cesserez l'horreur culinaire. On a juste envie de vomir le kebab que vous avez demandé à vos acteurs de "maaaanger". Manger, mangeoire, ce mot que des aristocrates apprécient peu dans la bouche des hommes parce qu'ils le réservent aux animaux.
A propos du langage, je serai brève : les acteurs vomissent un français des plus hideux dans le mouvement inverse avec la même vélocité qu'ils se bâfrent. Et pour ne rien dire.
Et quel est ce geste improbable : mettre ses mains dans ses cheveux entre l'eau de vaisselle et le torchon ? Ça n'existe pas. Vous avez réussi à énerver une capillophile qui supportait tant bien que mal jusqu'ici l'ensemble du décoiffage lugubre dont vous affublez Adèle. Pourquoi l'enlaidir à ce point ? Elle n'a eu des cheveux regardables que dans une seule scène nue, où d'ailleurs elle est un moment méconnaissable. On est tout à fait surpris quand une jolie hanche, sein ou fesse apparaît.
Pour ce qui est des scènes de sexe - nous y voici donc -, il y a non pas nausée mais véritable misère. Misère sexuelle précisément. Je suis agréablement surprise que Julie Maroh, qui a refusé toutes les sollicitations médiatiques, ait pris le soin de s'exprimer personnellement sur ce point et avec les arguments qu'elle avance. J'ai presque pitié de ces dames que vous mettez en scène. Mais comme elles ont du mal à atteindre l'orgasme... malgré vos injonctions du genre "tu jouiiiiis !". Cela peut se commander, oui, mais pas de là où vous vous trouviez. J'ai peur que vous ayez tué le fantasme de beaucoup d'hommes qui rêvent de voir des femmes nues ensemble. Mais sortez un peu, dans les bars et boites lesbiens justement, que vous décrivez n'importe comment. Toutes les lesbiennes ne sont pas aussi inesthétiques que ce que vous montrez là. J'ajoute qu'une lesbienne n'est pas nécessairement sans féminité. Non, ne venez pas dire qu'Adèle est féminine. Elle n'est pas finie, et plus vous la faites vieillir, plus on comprend qu'elle ne trouvera pas sa féminité, en tout cas pas devant votre caméra. Et Emma, no comment.
Et allons donc, vous nous livrez toutes les "positions" que vous avez pu imaginer, votre ultime kamasutra lesbien, qui est bien maigre il faut quand même vous le dire - malgré le temps que vous lui avez accordé. Soit, vous êtes libres de polluer l'humanité de vos images et les journalistes sont libres de perdre leur temps à chronométrer ces scènes pour arriver à une durée totale qui leur paraît faramineuse. Quand on aime, on ne compte pas. Et compter pour expliquer le problème reste au ras des pâquerettes. Le malaise soulevé provient du fait que ces scènes sont plus que maladroites tant vous mettez de temps, trop de temps à trouver un cadrage - quand cela vous arrive d'en trouver un. Et finalement, cet enchevêtrement de membres mal agencés fait plutôt penser à La chute des anges rebelles de Rubens. Et par-dessus cela, on voit tout sauf deux femmes... Ce ne sont pas deux hommes non plus... Ni un mix des deux... Sont-ce des créatures bizarres imaginées par un individu dont la sexualité ne serait elle-même pas très affirmée ? La seule chose que l'on puisse dire ici, c'est qu'on ne comprend pas. C'est peut-être aussi ce qui a perturbé les actrices qui ne savaient plus si elles étaient contre ou de travers, sur le coup mais aussi par la suite dans leurs réactions publiques. Résultat : réalisateur et actrices desservent la cause lesbienne qu'ils pensaient si fièrement défendre.
L'opposition des castes est elle aussi bigrement miteuse. Lisez opposition des classes, si vous préférez. Je gardais le mot classe pour plus tard. La caricature a été faite mille fois avant vous, monsieur Kéchiche, et avec classe ou humour, ou les deux. Ici, rien ne se produit. Le couple soit-disant intello-artiste est tout juste soixante-huitard mal dégrossi. Le couple bourgeois n'a rien de la bourgeoisie française. Il est vaguement maghrébin et seulement de loin. Et ce n'est pas drôle parce que non seulement manquant de sens critique, vous n'avez pas non plus une once d'auto-dérision - ce qui est plutôt une qualité des gens du Nord. Les scènes de repas familial avec pièce rapportée ne sont pas non plus tragiques car vous ne nous apprenez strictement rien. Pourtant les acteurs se sont donnés du mal, on voit bien qu'ils essaient, mais ils ne savent pas eux-mêmes le but de la scène.
Et puis vous êtes d'une inculture confondante. Vous voulez dépeindre des gens simples ? Eh bien les gens simples n’ânonnent pas de pareilles inepties sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas. En revanche, les cons ça ose tout... Vous avez réussi en un seul film à souiller la musique, la littérature, la philosophie et la peinture. Allez au diable, vous et votre communauté artistique bidon. Elle n'existe que dans votre imaginaire et vous auriez mieux fait de ne pas l'étaler sur écran. Il est inquiétant que vous ayez reçu la palme d'or : le cul, l'homosexualité et la différence ont plu, je peux le concevoir. Mais vous avez adressé à la communauté de l'art un film qui la méprend à tous les niveaux. Et l'on voit bien que plus personne ne pense et ne parle dès qu'on a badigeonné un sujet d'homosexualité ou de cul tout court.
Zemmour voit un tournant venu avec la série télé "Hélène et les garçons". Je me souviens de ma gentille mère qui était dépitée lorsque je rentrais du lycée et me plantais devant cette merde. En ce temps-là, et à ce créneau horaire, aucune autre des six chaînes ne trouvait grâce à mes yeux immatures, et je n'avais pas assez de neurones actifs pour penser décompresser autrement que devant la lucarne. Il semble que cette série de merde ne soit pas entrée bien loin dans ma cervelle, ou qu'elle en est sortie aussi rapidement, j'avais alors l'attention d'un poisson rouge devant un bocal vide. Pour revenir à nos moutons, je pense qu'un autre tournant est en train d'être mal négocié en France et votre film marque une étape dans notre descente vers l'horreur qui souille tout : l'art, le langage, l'école. Et le mal parler n'est plus l'apanage de séries B et autre téléréalité : le voilà exhibé au cinéma.
Voilà qui me permet de ne pas oublier l'école - moi qui suis prof. Cette maîtresse devant sa classe de CP et, avant, ses cours de français au lycée, sont la caricature du malheur de l'éducation : de trop nombreux profounets manquant de profondeur, descendus de leur estrade, et qui finissent par ne plus transmettre grand chose, c'est-à-dire rien de grand. Je remarque d'ailleurs que ça ne vous gêne pas de cracher dans la soupe - en même temps, votre inculture culinaire le prédisait - puisque que votre message, si j'ai bien compris, c'est de dire que l'école que vous peignez si mal vous a sauvé, vous - ou alors seulement Julie Maroh (?).
Résumé en une phrase, le misérable spectacle qu'offre Abdellatif Kéchiche dans sa vie d'Adel est une morve sidérale qui, en apparence seulement, se bave intello-artiste opposée à la mode - en l'occurrence la mode en peinture qui tracasse Emma qui aima toxiquement l'Adèle mal dégrossie -, et qui est en réalité totalement engluée dans l'outre-modernisme, malpensant, malparlant, malbouffant et malbaisant.
Mais passons aux qualités du film avant que ses défauts n'aient raison de nos yeux pas bleus. A propos de l'amour, on met enfin le doigt sur une vérité pure et instructive. La vérité à propos de l'amour de l'artiste. Qui se lasse aussi vite qu'il n'est pas tombé amoureux. Qui fabrique une scène de ménage violente, bourrée de cris et d'insultes tous azimuts - dont une dans la rafale qui aura raison du couple, et nous rappelle que l'attaque reste la meilleure défense de ceux qui s'inspirent de Talleyrand - et donc
tout ces sonores hurlements
pour pas dire qu'il est en faute
l'artiste aux deux bras ballants,
en panne le grand chenapan,
infidèle argonaute,
plus capable de sentiments,
vidé de sienne substance
bonhomme revenu rance,
incapable de se renouveler
sans se remettre à aspirer
une autre qu'il a déjà dans
son collimateur si savant.
L'amour dure trois ans, pour ce genre (entendez : artiste, homme ou femme, hétéro ou homo). Y a-t-il plus pute que l'amour de ce genre de mante religieuse qui oscille entre l'hystérie et la perversion narcissique ?
Dans la configuration que l'on nous propose, il faut comprendre que la femme enceinte - et en grossesse avancée - présente l'atout rare de l'enfant qu'elle peut apporter à un couple lesbien, et dont le ventre rond relance l'inspiration de l'artiste peintre en mal de muse. Attrait face auquel Adèle ne fait pas le poids, et n'en est mise au courant qu'a posteriori, preuve que la décision est prise sans elle et n'a pas pour base son infidélité pressentie - il fallait bien trouver un prétexte - en l'occurrence masculin - qui somme toute tardait à venir. Au fait, quelqu'un sait qui est le père ?
Pour boucler la boucle, il faut se demander si vous, Abdellatif Kéchiche, n'êtes pas davantage dans le profil d'une Emma manipulatrice que d'une Adèle niaise dont la consonance ne berne plus à la fin du film.
Il y a pour finir le naturisme. Le naturisme de Kéchiche est fortement appuyé par l'absence de maquillage des actrices. Adèle rougit mieux sans maquillage, cela ne fait aucun doute, bravo. On pense à une Sophie Marceau adolescente aux joues rougissantes. Mais le déséquilibre entre les actrices est dommageable : là où Adèle est présentable, avec de jolis cils naturels (d'ailleurs bien plus esthétiques ainsi que recouverts de mascara pour le spectacle de danse africaine), Léa Seydoux avait besoin d'un minimum... quand même.
Avant de partir, il nous faut souhaiter que si vous aviez le malheur de récidiver avec les chapitres suivants, de grâce, essayez de faire montre d'un chouïa d'honnêteté intellectuelle.
Jana Hobeika
Paris, le 10 novembre 2014
Vous ne refuserez pas un petit tour dans la boîte à Q
http://www.youtube.com/watch?v=gN63ZCgabZs
> Pour une critique de convenance et morve friendly :
http://www.huffingtonpost.fr/marine-le-breton/critique-la...
http://www.petitelucarneetgrandecran.com/article-la-vie-d...
> Bande annonce :
http://programme-tv.premiere.fr/film/la-vie-d-adele-chapitres-1-2
http://www.youtube.com/watch?v=PC9epD2tRgQ
14:04 Publié dans Films français, Les mots des films, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : la vie d'adèle, léa seydoux, abdellatif kechiche, adele, adèle exarchopoulos
vendredi, 03 octobre 2014
SL - et octosyllabe
Ceci est un nu.
Pas simplement au sens visuel.
Une biographie à la fois romancée et réaliste, qui par essence met à nu.
On peut justement penser à celle par Anne Fontaine sur Chanel .
YSL se confesse ici en peintre raté.
Le film peut lui-même être regardé comme une peinture, un portrait, au final un nu,
livré par un réalisateur qui serait lui-même un autre peintre raté.
Mais un mélomane averti, la narration est étoffée de chefs-d’œuvre.
Concerto de Mozart. Ave Maria de Schubert. Stabat Mater de Pergolèse.
Nos oreilles sont reconnaissantes quand cinéma et musique se rencontrent.
Bravo à ceux qui savent mêler la musique aux images et aux mots.
Rien ou presque n'est épargné, pas d'économie, tout veut être dit. D'où 2h30.
Le rapport tortueux à la mère, la filiation impossible au père,
et inversement le canidé plus qu'ami de l'artiste.
Le Travail, l'entreprise, la possession.
Et la nuit, l'homosexualité multipliée, les femmes annexes,
avec en fond le trio alco-ciga-médoc.
¤
Surtout l'appartenance à la famille intemporelle des artistes de génies
dont la moindre interaction s'apparente à un choc de titans.
Les misogynes de génie
- que de trop nous le savions -
ont le don inavouable
de mettre en beauté les jolies,
tout en restant incapables
de (re)connaître leur raison.
Et l'abîme reste infranchi.
¤
Le bémol est l'irrégularité du casting. On note Helmut Berger.
Jana Hobeika
Film : SL (2014, durée 2h30)
Réalisateur : Bertrand Bonello
Yves Saint Laurent (Gaspard Ulliel, Helmut Berger), Pierre Bergé (Jérémie Renier), Loulou de la Falaise (Léa Seydoux), Jacques de Bascher (Louis Garrel), Anne-Marie Munoz (Amira Casar), Betty Catroux (Aymeline Valade), Mme Duzer (Valeria Bruni Tedeschi)
http://www.youtube.com/watch?v=vhkSXbmm-uQ
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jeudi, 17 juillet 2014
Le bon et les méchants - Lelouch, Dutronc, Villeret, Cremer, Jobert
Film : Le bon et les méchants (1976, durée 2h)
Réalisateur : Claude Lelouch
Jacques (Jacques Dutronc), Lola (Marlène Jobert), Simon (Jacques Villeret), l'inspecteur Bruno Deschamps (Bruno Cremer), Dominique Blanchot (Brigitte Fossey), Henri Lafont (Jean-Pierre Kalfon), le commissaire Blanchot (Alain Mottet), madame Blanchot (Marie Déa), le chef de la Résistance (Serge Reggiani), Bonny (Stéphane Bouy), le général allemand (Georg Marischka), le vendeur de Citroën (Philippe Léotard), le fils Blanchot (Alain Basnier), Françoise (Valérie Lagrange), Claudio De Souza (Claudio Gaia), Arlette (Arlette Emmery), sa copine (Anne Libert)
¤ ¤ ¤
Voix off : Ce qui fit la différence entre Hitler et ses prédécesseurs, c'est qu'il organisa sa guerre avec des antennes de voyous dans toute l'Europe, plus comme un grand patron de la mafia que comme un homme d'Etat respectueux de certaines règles. Cette arrestation d'une famille juive et la récupération de ses biens expliquent nettement comment, grâce au vol, au racket et à l'extermination de six millions de créanciers innocents, Hitler pu financer seul, face au monde entier, la guerre la plus chère de tous les temps.
http://duclock.blogspot.fr/2014/02/le-bon-et-les-mechants...
07:00 Publié dans Films français, Les mots des films | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le bon et les méchants, claude lelouch, lelouch, jacques dutronc, dutronc, villeret, bruno cremer, marlene jobert
La Sortie de l'usine Lumière à Lyon
L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat
Lover of Beauty
Edison’s Films
Edison’s The Kiss
Le Voyage dans la Lune
The Great Train Robbery
The General
Les Vampires
The Birth of a Nation
Intolerance
Pandora’s Box
The Cabinet of Dr. Caligari
The Kid
Broken Blossoms
Way Down East
Nanook of the North
The Phantom of Opera
L’âge d’or
Sunrise: A Song of Two Humans
La Grève
Le Cuirassé « Potemkine »
Metropolis Citizen Kane
La Belle et La Bête
The Dictator
Le Quai des Brumes
The Wonderful Wizard of Oz
City Lights
M
Les sept samouraïs
Rashōmon
A Date with Judy
Sunset Boulevard
Frankenstein
The Night of the Hunter
Witness for the Prosecution
La Dolce Vita
Singing in the rain
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Psycho
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Eve
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Gone With The Wind
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To Kill a Mockingbird
Les quatre cent coups
La grande vadrouille
Les Tontons Flingueurs
Belle de jour
La piscine
New York-Miami
Vertigo
Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb
North by Northwest
Lawrence of Arabia
Lolita
Breakfast at Tiffany's
Le Mépris
A Bout de Souffle
Some Like It Hot
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The Godfather II
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Once Upon Time in The West
The Good, The Bad, The Ugly
The Quick and the dead
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Butch Cassidy and the Sundance Kid
Little Big Man
Danse avec les loups
Giant
Rio Bravo
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3:10 to Yuma
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The Dark Knight Rises Batman
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