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mercredi, 27 juin 2012

Domicile conjugal - Truffaut

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Film : Domicile conjugal (1970, durée 1h40)

Réalisateur : François Truffaut

Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud), Christine Doinel (Claude Jade)

 

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Antoine Doinel : Tu es ma petite sœur, tu es ma fille, tu es ma mère.

Christine Doinel : J'aurais bien voulu aussi être ta femme. 

 

mardi, 26 juin 2012

Jules et Jim - Truffaut

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Film : Jules et Jim (1962, durée 1h42)

Réalisateur : François Truffaut

Catherine (Jeanne Moreau), Jules l'Autrichien (Oskar Werner), Jim le Français (Henri Serre)

 

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Voix off : Le bonheur se raconte mal. Il s'use aussi avant que l'on ne remarque l'usure.

 

lundi, 25 juin 2012

Le Meunier, son Fils et l'Ane - La Fontaine

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Fable : "Le Meunier, son Fils et l'Ane", Jean de La Fontaine 

 

L'invention des Arts étant un droit d'aînesse,
Nous devons l'Apologue à l'ancienne Grèce.
Mais ce champ ne se peut tellement moissonner
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.
La feinte est un pays plein de terres désertes.
Tous les jours nos Auteurs y font des découvertes.
Je t'en veux dire un trait assez bien inventé ;
Autrefois à Racan Malherbe l'a conté.
Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa Lyre,
Disciples d'Apollon, nos Maîtres, pour mieux dire,
Se rencontrant un jour tout seuls et sans témoins
(Comme ils se confiaient leurs pensers et leurs soins),
Racan commence ainsi : Dites-moi, je vous prie,
Vous qui devez savoir les choses de la vie,
Qui par tous ses degrés avez déjà passé,
Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé,
A quoi me résoudrai-je ? Il est temps que j'y pense.
Vous connaissez mon bien, mon talent, ma naissance.
Dois-je dans la Province établir mon séjour,
Prendre emploi dans l'Armée, ou bien charge à la Cour ?
Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes.
La guerre a ses douceurs, l'Hymen a ses alarmes.
Si je suivais mon goût, je saurais où buter ;
Mais j'ai les miens, la cour, le peuple à contenter.
Malherbe là-dessus : Contenter tout le monde !
Ecoutez ce récit avant que je réponde.

J'ai lu dans quelque endroit qu'un Meunier et son fils,
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,
Allaient vendre leur Ane, un certain jour de foire.
Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit,
On lui lia les pieds, on vous le suspendit ;
Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre.
Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre.
Le premier qui les vit de rire s'éclata.
Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là ?
Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense.
Le Meunier à ces mots connaît son ignorance ;
Il met sur pieds sa bête, et la fait détaler.
L'Ane, qui goûtait fort l'autre façon d'aller,
Se plaint en son patois. Le Meunier n'en a cure.
Il fait monter son fils, il suit, et d'aventure
Passent trois bons Marchands. Cet objet leur déplut.
Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put :
Oh là ! oh ! descendez, que l'on ne vous le dise,
Jeune homme, qui menez Laquais à barbe grise.
C'était à vous de suivre, au vieillard de monter.
- Messieurs, dit le Meunier, il vous faut contenter.
L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte,
Quand trois filles passant, l'une dit : C'est grand'honte
Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils,
Tandis que ce nigaud, comme un Evêque assis,
Fait le veau sur son Ane, et pense être bien sage.
- Il n'est, dit le Meunier, plus de Veaux à mon âge :
Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez.
Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,
L'homme crut avoir tort, et mit son fils en croupe.
Au bout de trente pas, une troisième troupe
Trouve encore à gloser. L'un dit : Ces gens sont fous,
Le Baudet n'en peut plus ; il mourra sous leurs coups.
Hé quoi ! charger ainsi cette pauvre bourrique !
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ?
Sans doute qu'à la Foire ils vont vendre sa peau.
- Parbleu, dit le Meunier, est bien fou du cerveau
Qui prétend contenter tout le monde et son père.
Essayons toutefois, si par quelque manière
Nous en viendrons à bout. Ils descendent tous deux.
L'Ane, se prélassant, marche seul devant eux.
Un quidam les rencontre, et dit : Est-ce la mode
Que Baudet aille à l'aise, et Meunier s'incommode ?
Qui de l'âne ou du maître est fait pour se lasser ?
Je conseille à ces gens de le faire enchâsser.
Ils usent leurs souliers, et conservent leur Ane.
Nicolas au rebours, car, quand il va voir Jeanne,
Il monte sur sa bête ; et la chanson le dit.
Beau trio de Baudets ! Le Meunier repartit :
Je suis Ane, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue ;
Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ;
Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien ;
J'en veux faire à ma tête. Il le fit, et fit bien.

Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince ;
Allez, venez, courez ; demeurez en Province ;
Prenez femme, Abbaye, Emploi, Gouvernement :
Les gens en parleront, n'en doutez nullement.

 

Jean de La Fontaine (1621-1695)
Jean de La Fontaine (1621-1695)

 

> A consulter également : http://www.lafontaine.net/lesFables/listeFables.php?tri=a...

 

vendredi, 22 juin 2012

Considérations sur le temps - Daphné et Apollon, Debluë, Le Bernin

Extrait de la "Lettre au philosophe du Nord", 2012, Romain Debluë

 

Connaissez-vous Le Bernin, en italien Gian Lorenzo Bernini, l'un des plus grands sculpteurs de l'histoire, incontestable maître du baroque à qui le cardinal Borghèse commanda en 1623 une statue représentant la transformation de la nymphe Daphné en laurier, au moment même où Apollon s'apprête à la saisir ? Non, naturellement, tel nom ne vous dit rien et c'est bien normal, à vous qui jamais n'avez quitté votre brumeux Danemark. Souffrez donc que je vous dise quelques mots de cet ouvrage exceptionnel. 

 

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Daphné et Apollon, Le Bernin

 

Apollon et Daphné, marbre aux enivrantes en envibrantes courbes, ne constitue pas, comme la plupart des statues, la pétrification d'un mouvement mais, au plus exact inverse, le jaillissement surpuissant du mouvement au sein même du lourd statisme des pierres qui elles-mêmes, selon la prophétie, finiront par crier lorsque l'Homme se taira.

Imaginez donc la nymphe Daphné, poursuivie par Apollon dont Eros a voulu se venger en lui décochant une flèche d'or, le rendant ainsi amoureux follement de Daphné, tandis qu'il décochait à cette dernière une flèche de plomb, saisant croître en elle le dégoût profond de l'amour.

Imaginez donc la longue course à travers vallées et forêts, Apollon riant sans doute des turgescentes exaltations qu'à présent suscite en lui la vue de Daphné, laquelle à lui s'obstinément refuse et plus loin s'enfuit, ce dont il n'a cure.

Imaginez le désespoir de la nymphe lorsqu'elle sent, à la parfin de telle cavalcade, ses forces la quitter et soudain la pression moite d'une main sur son flanc éburnéen. Sa bouche, néanmoins, s'ouvre sur un cri qui n'est pas de désespérance mais de détresse puisqu'il est celui par lequel elle implore, en ultime ressource (c'est le cas, aquatiquement propice, de le dire), le secours du dieu fleuve Pénée, qui n'est autre que son père, bien sûr, toujours présent lorsqu'il s'agit de préserver sa fille de toute masculine souillure. Qui d'ailleurs s'empressera de la métamorphoser en laurier, et c'est précisément l'instant de cette transformation, en ses premières subtiles efflorescences, que Le Bernin a décidé d'immortaliser - ou plutôt d'éterniser, puisque c'est bien ce qui se joue en cette admirable sculpture. 

 

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Daphné et Apollon, Le Bernin

 

Le mot français instant, vous ne pouvez sans doute pas le savoir, vient du latin instans qui signifie plusieurs choses dont, bien sûr, "présent, actuel", mais également "pressant, menaçant, empressé", sens qui n'est curieusement plus aujourd'hui présent qu'en la forme adjectivée du terme, et non plus en sa forme nominale. Pourtant, au risque de faire violence à ma propre langue, c'est bien ici ce dont il s'agit : élever l'instans à hauteur d'éternité, en un mouvement qui du fond même de son apparent figement saillit comme l'intemporelle eau vive d'une source dont, en arrière-fond ovidien, la figure de Pénée s'offre comme un mythologique écho.

Au travers de cette sculpture, ainsi que par une ontologique transfiguration, éclot à la surface de la pierre, par Bernin rendue vibratile, un corymbe en la mouvante multiplicité duquel resplendit néanmoins l'instance tranquille qui, dans sa fixe plénitude, lui offre la possibilité même de son épiphanie. La vie jaillissant, en un éternel empressement, du sein même de la stance par excellence, matérielle métaphoe de l'Etre lui-même en le marbre duquel pourtant se peut façonner les courbes les plus exaltées de la Vie en ses organiques influx.

Apollon et Daphné, ce n'est pas la représentation figée d'un instant donné mais au contraire la dilataion métaphysique d'un présent - avant tout présence - jusques en ses plus éternels étirements. Au-delà du mouvement de perpétuelle dérobation en laquelle Daphné apparaît, à la fois saisie par Apollon et néanmoins toujours déjà sauvée par l'action immédiate de la paternelle métamorphose, Le Bernin parvient, en son singulier et unique génie, à appréhender la puissance même d'Eternel qui en tel moment gît, et s'agite de ne point se pouvoir éployer.

Daphné n'est pas sur le point d'être saisie, encore moins sur le point de s'échapper : elle s'échappe, et elle est saisie. Telle concomitance n'est paradoxale que pour ceux qui ne savent penser à hauteur non plus de présent, mais bien d'Eternité, dont le Temps n'est que "l'ombre aimante", comme l'a dit l'un, maxencien, des plus grands philosophes de la mienne époque. Elle illustre de la plus profonde des manières l'expression "vie éternelle", qui pour moi toujours resplendit d'une mystérieuse clarté obscure en sa congruence de mouvement : la vie ; et d'absolue fixité : l'Eternité.

 

> A consulter pour le texte intégral et beaucoup plus : http://amicusveritatis.over-blog.com/article-lettre-au-ph...

 

mercredi, 20 juin 2012

L'Allégorie de printemps - Botticelli

 Sandro Botticelli - L'allégorie de printempsL'Allégorie de printemps, Sandro Botticelli

 

>  A consulter également : http://www.grandspeintres.com/index.php

 

lundi, 18 juin 2012

Les Amants du Flore - Sartre, de Beauvoir

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Téléfilm : Les Amants du Flore (2006, durée 1h44)

Réalisateur :Ilan Duran Cohen

Jean-Paul Sartre (Laurànt Deutsch), Simone de Beauvoir (Anna Mouglalis), Françoise de Beauvoir (Caroline Sihol), George de Beauvoir (Didier Sandre), Nelson Algren (Kal Weber), Lumi (Clémence Poésy), Tyssen (Julien Baumgartner), Tania (Sarah Stern), Marina (Jennifer Decker), Nizan (Vladislav Galard), Lola (Laetitia Spigarelli), Camus (Robert Plagnol), Mauriac (Philippe Bardy)

 

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A la bibliothèque de la Sorbonne.

 

Sartre : Pas mal la grenouille de bénitier.

- Je l'ai vue le premier.

Sartre : Que le meilleur gagne.

- Il te les faut toutes

Sartre : Ouais.

- Restez, Simone. Veuillez cesser d'importuner mademoiselle de Beauvoir ou je vais chercher l'appariteur.

Sartre : Sale cafard.

 

Bagarre générale.

 

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Lola : Il est nabot, il est méchant, il louche mais on ne compte plus ses conquêtes. On dit que Sartre est génial.

Simone de Beauvoir : Qui "on" ?

Lola : Tous nos maîtres supérieurs ?

Simone de Beauvoir : Il est normalien, ce voyou. Oh la la, j'ai leur cœur qui bat.

Lola : Ca va marcher, j'en suis sure. Bonne chance.

Simone de Beauvoir : Tu ne restes pas ?

Lola : Je peux pas, excuse-moi, Simone.

Simone de Beauvoir : J'ai besoin de toi ! Si le professeur refuse, je vais être à ramasser à la petite cuillère.

Lola : Ma mère vient me chercher, elle doit déjà être là.

Simone de Beauvoir : Elle peut pas te laisser en paix, celle-là.

Lola : Simone, je quitte la Sorbonne.

Simone de Beauvoir : Ta mère est revenue à la charge.

Lola : Je m'fais vieille.

Simone de Beauvoir : Tu te moques de moi ? J'expédie Brancheville et je viens avec toi raisonner ta mère.

Lola : Occupe-toi de ton avenir, c'est beaucoup plus important.

Simone de Beauvoir : C'est criminel de t'empêcher d'étudier. T'es la plus douée d'entre nous.

Lola : Mais pour toi c'est tout simple, le bonheur suprême c'est d'être enseignante.

Simone de Beauvoir : Tu préfères être la domestique d'un homme ?

Lola : Pas sa domestique, Simone, sa femme. Ce n'est pas fatalement pareil. Moi je veux une robe de dentelle blanche et un homme merveilleux à mon bras et des tas d'enfants qui courent dans ma maison. Je ne suis pas comme toi. Mais on s'adore quand même, c'est ça qui est beau, non ? Ne te mets pas en retard, mademoiselle la future agrégée, cours vers ton destin.

 

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Simone de Beauvoir : Père ! Mon p'tit papa chéri, Branchefigue m'autorise à passer l'agrégation et le diplôme d'enseignement la même année. J'ai gagné, je vais faire en un an ce que tous les autres font en deux.

Son père : Viens que je t'embrasse.

Simone de Beauvoir : C'est la première fois que la Sorbonne accorde cette dérogation.

Son père : J'ai toujours dit que tu as un cerveau d'homme. Décroche tes deux diplômes, il le faut.

Simone de Beauvoir : Père, est-ce que vous êtes un peu fier de votre fille ?

Son père : Je suis rassuré. De toute façon, on a aucune chance de te caser. Alors...

Sa mère : Mais pourquoi blesser Simone ? A quoi bon, Georges ?

Son père : Qui voudrait de ta fille ? Elle est laide. Et en plus elle est pauvre. Il faudra bien qu'elle gagne sa vie.

Sa mère : Montrez-lui l'exemple, trouvez-vous du travail.

Son père : Retourne à tes chiffons. Mérite ta pitance, t'es une boniche ici. Tu m'entends ? Une bonniche sans le sou ! Ta dote que ton père m'avait promise, où est-elle ? Il m'a grugé, cet escroc. C'est pour cet argent que je t'ai épousée, pour rien d'autre, tu m'entends ? Il a fait de moi un déclassé.

 

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Sartre : Et ça s'agite, et ça travaille, comme un petit castor. Beaver en anglais, beaver / Beauvoir.

Simone de Beauvoir : Je vous prie de me laisser en paix.

Sartre : Il vous plaît votre surnom ? Il paraît que vous êtes imbattable sur Leibniz ? Je respecte ça. Vous avez des ambitions littéraires, Castor ?

Simone de Beauvoir : C'est mon affaire.

Sartre : Celui qui n'est pas célèbre à 28 ans doit pour toujours renoncer à la gloire.

Simone de Beauvoir : Cette phrase n'est même pas de vous, elle est de Rodolphe Töpffer.

Sartre : Vous m'épatez. Il paraît que vous n'avez que 21 ans. Vous êtes bigrement en avance.

Simone de Beauvoir : Et vous ?

Sartre : Les profs étaient trop cons pour m'apprécier à ma juste valeur. Mais j'ai déjà 24 ans.

Simone de Beauvoir : Il ne vous reste que 4 ans pour devenir célèbre. Vous feriez mieux de pas perdre votre temps.

Sartre : J'écris, comme un forcené, plusieurs livres à la fois. Vous aussi vous écrivez, n'est-ce pas ?

Simone de Beauvoir : Plus modestement.

Sartre : Essais ? Romans ?

Simone de Beauvoir : Un essai.

Sartre : Sur quoi ?

Simone de Beauvoir : Une morale plurielle.

Sartre : Qu'est-ce que ça veut dire une morale plurielle ?

Simone de Beauvoir : Par-delà la religion, il existe des valeurs plus hautes qui sont les valeurs morales.

Sartre : Intéressant.

Simone de Beauvoir : Ma mère est fervente catholique, mon père est athée mais il partage l'essentiel.

Sartre : Et c'est quoi l'essentiel ?

Simone de Beauvoir : Etre et agir de manière respectable.

Sartre : On en a rien à foutre d'être respectable. Inutile de gaspiller de l'encre pour justifier votre mauvaise foi. Vous cherchez simplement à vous fabriquer des raisons de croupir chez les bourgeois, mademoiselle...  Moi aussi, je pleure pour un rien, je suis très féminin.

Simone de Beauvoir : Je pleure pas. Lâchez-moi.

Sartre : Impossible, vous me plaisez trop. On pourrait travailler l'agrég ensemble, qu'est-ce que vous en dites, ma jolie ?

Simone de Beauvoir : Gardez vos boniments pour les oies. Je suis pas jolie mais je suis pas idiote.

Sartre : Vous êtes intelligente, et belle. Je vous ai trouvée belle dès que je vous ai vue.

Simone de Beauvoir : Cessez de me tourmenter, je vous en prie !

Sartre : Vous êtes belle, Castor. Vous avez cette chance, bordel !  Et vous ne le sauriez pas ? Alors vous êtes la femme idéale.

 

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Sartre : Bonjour, je suis votre prof de philosophie, je m'appelle Jean-Paul Sartre. Vous êtes mes premiers élèves.

Un élève : Excusez-moi, c'est vrai que vous remplacez monsieur Moutier parce qu'il a fait une dépression nerveuse ?

Sartre : C'est ce qu'on m'a dit. Je ne connais pas Moutier mais ça me le rend plutôt sympathique. Bon, les gars, ça ne m'emballe pas d'être prof, et je n'ai pas la vocation pour jouer les gardes-chiourme. Alors comptez pas sur moi pour pérorer sur l'estrade pendant que personne n'écoute. [...] Autrui, ce n'est pas seulement celui que je vois. C'est aussi celui qui me voit. Il confère à mon monde l'étendue de son savoir et de l'assurance qu'il me donne. C'est pourquoi, ce que chaque individu parmi vous peut penser m'intéresse. J'ai autant à apprendre de vous que vous de moi.

 

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Sartre : Castor, puisqu'on y est, autant tout clarifier dans nos rapports. Pas de mensonges entre nous.

Simone de Beauvoir : Je hais le mensonge autant que vous.

Sartre : Je n'ai aucune vocation pour la monogamie.

Simone de Beauvoir : Qu'est-ce que vous voulez dire ?

Sartre : Je vous aime comme un fou. Et je vous aimerai toujours. Mais je suis écrivain.

Simone de Beauvoir : Et alors ?

Sartre : Je ne veux pas vivre comme ces vieux cons de l'Académie. Il me faut de l'air, de la nouveauté, de l'excitation. Vous seule m'êtes nécessaire mais j'ai besoin de connaître des amours contingentes.

Simone de Beauvoir : Qu'est-ce que vous entendez par contingentes ?

Sartre : Sans importance, non essentielles, c'est le contraire de nécessaires, vous savez bien.

Simone de Beauvoir : Moi aussi ?

Sartre : Vous aussi quoi ?

Simone de Beauvoir : Je suis un écrivain. Des amours contingentes, moi aussi j'en ai besoin.

Sartre : Ca je sais pas, ça dépend.

Simone de Beauvoir : De quoi ? Mon expérience est bien plus limitée que la vôtre.

Sartre : Vous avez envie de connaître d'autres hommes ?

Simone de Beauvoir : Avouez que vous détesteriez ça.

Sartre : Ce serait justice.

Simone de Beauvoir : Avouez que vous seriez jaloux.

Sartre : Pas si nous nous racontons tout. Jusqu'au moindre détail.

Simone de Beauvoir : Vous êtes dégoûtant.

Sartre : De cette façon, vos expériences sont miennes, et réciproquement, et nous devenons riches de nos deux vies pour écrire.

Simone de Beauvoir : Vous êtes fou.

Sartre : Pour ça, il faut une femme qui ait de l'audace, de la tripe. Et vous êtes celle-là.

Simone de Beauvoir : Je suis pas celle-là.

Sartre : Vous êtes d'une envergure exceptionnelle, j'vous connais, mieux que vous-même.

Simone de Beauvoir : Cessez de me flatter. Je suis pas dupe.

Sartre : Je n'ai jamais été aussi sincère de toute ma vie. J'vous jure, Castor, je vous propose un vrai pacte d'amour, pas un contrat hypocrite comme le mariage bourgeois où tout le monde triche, tout le monde ment.

Simone de Beauvoir : Alors c'est d'accord.

Sartre : Vous bluffez ?

Simone de Beauvoir : Je ne veux plus rien faire comme les bourgeoises. Le seul choix qu'ils nous laissent, c'est d'être mariée de force ou de rancir vieille fille. Alors je vous prends au mot. J'accepte le pacte.

 

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Sartre : Je m'attendais à un amant, vous m'offrez une maîtresse. Vous m'avez épaté, comme d'habitude.

Simone de Beauvoir : Sartre, avec un autre homme que vous, j'aurais pas pu.

 

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Simone de Beauvoir : C'est peut-être dangereux cette saleté.

Sartre : On m'offre d'être le cobbaye pour explorer les effets de la mescaline alors que j'suis en train d'écrire sur l'imagination. Et vous croyez que je vais refuser ?

Simone de Beauvoir : Heureusement que vous n'écrivez pas un essai sur le crime, vous vous croiriez obligé de commettre un assassinat.

Sartre : En attendant le médecin, on s'met au boulot ?

Simone de Beauvoir : C'est pas du luxe. J'ai bien relu votre roman.

Sartre : A qui croyez-vous parler, Castor ? A une de vos élèves ?

Simone de Beauvoir : C'est pareil chaque fois que j'ose proférer la moindre critique. Ne comptez pas sur moi pour vous applaudir si vous ne le méritez pas.

Sartre : Qu'est-ce que vous attendez pour écrire si vous êtes tellement douée ?

Simone de Beauvoir : La critique est aisée, je sais. N'empêche, regardez cette page. C'est trop guindé, c'est mort, c'est un français de marbre.

L'infirmière : Monsieur, le médecin vous attend.

Sartre : Sauvé par la drogue ! Bon, continuez sans moi, et surtout ne m'épargnez pas.

 

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Simone de Beauvoir : Lumi n'est pas avec vous ?

Sartre : Partie. Vous ne trouvez pas qu'elle est une captivante table rase ?

Simone de Beauvoir : Lumi vous captive ?

Sartre : C'est une conscience neuve et spontanée. Une individualité naturelle. Elle rit, elle pleure comme un enfant.

Simone de Beauvoir : C'est souvent insupportable.

Sartre : Mais elle se donne et se refuse comme une femme.

Simone de Beauvoir : Où voulez-vous en venir, Sartre ?

Sartre : Lumi ne veut pas de moi.

Simone de Beauvoir : En quoi cela me concerne ?

Sartre : Vous avez le pouvoir de la convaincre.

Simone de Beauvoir : Vous me prenez pour une mère maquerelle ?

Sartre : Vous rabaissez tout.

Simone de Beauvoir : Il vous la faut parce que je couche avec elle.

Sartre : Bien sûr.

Simone de Beauvoir : La mescaline vous a rendu dément.

Sartre : Ensemble on pourrait la modeler, en faire une incarnation de notre philosophie. Nous serons les parents qu'elle mérite. Des parents sans tabou.

Simone de Beauvoir : Des parents incestueux.

Sartre : Il y a un côté chez vous qui n'arrive pas à se débarrasser des préjugés de sa caste. Quelque chose d'irrémédiablement mesquin.

Simone de Beauvoir : Où allez-vous, Sartre ?

Sartre : Ca ne vous regarde plus.

Simone de Beauvoir : Restez.

Sartre : Vous n'êtes pas à la hauteur de notre pacte.

 

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Lumi : Tu sais, il m'met la main aux fesses dès que t'as le dos tourné.

Simone de Beauvoir : Tais-toi, idiote.

Lumi : Tu m'crois pas ?

Simone de Beauvoir : Tu te rends compte de l'honneur qu'il te fait ?

Lumi : L'honneur ? Mais t'es complètement zinzin.

Simone de Beauvoir : Sartre ou moi, c'est pareil. Rends-lui son sourire, fais-le pour moi, je supporte pas de le voir malheureux.

 

 

Mauriac : Je questionnais monsieur Sartre sur cet étrange animal auquel il a dédié son livre, François Mauriac. Enchanté, mademoiselle.

Simone de Beauvoir : Simone de Beauvoir, enchantée.

Sartre : Je dois tout au Castor. Au fond j'écris pour elle.

Mauriac : Les jeunes gens modernes ont encore leur muse, c'est plutôt rassurant.

Sartre : Ce n'est pas son genre de jouer de la lyre, elle a la dent dure, mais ses critiques tapent dans le mil. Sans son imprimature...

Mauriac : Son imprimature ? Votre fiancée est donc le patron.

Sartre : Ma fiancée ?

Mauriac : Excusez-moi, je... j'ai cru...

Simone de Beauvoir : Je n'épouse pas. Pas d'enfants, pas de travaux ménagers, chacun sa chambre d'hôtel.

Mauriac : La vie de bohême.

Simone de Beauvoir : La vie d'écrivain.

Mauriac : Vous écrivez aussi ? ... J'aperçois monsieur Gallimard, je vais lui dire tout le bien que je pense de La nausée.

 

Sartre :  Vous l'avez affolé, le pape de la république des lettres.

Simone de Beauvoir : Je l'ai fait exprès, pour qu'il parle de nous partout.

 

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Sartre : Jamais vu un castor aussi peu doué pour la natation. Tania a raison, vous avez l'air d'une grenouille enrhumée.

Simone de Beauvoir : Toujours le mot aimable. Et votre punaise ?

Sartre : Une sangsue plutôt. J'ai dû la traîner jusqu'à son train. Elle a refusé de vous céder la place.

Simone de Beauvoir : Ces disputes violentes, ces réconciliations pathétiques, il vous faut ça pour vous sentir vivant ?

Sartre : Et comment va le jeune Tyssen ?

Simone de Beauvoir : N'en parlez à personne, j'ai juré que Lumi ne saurait rien.

Sartre : Vous avez si peur de le perdre ?

Simone de Beauvoir : Je veux la garder elle aussi. Tyssen ne sait pas qu'entre Lumi et moi ça continue.

Sartre : C'est parce que vous couchez avec eux ou parce que vous ne couchez plus avec moi que vous parvenez à écrire ?

 

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Lettre de Sartre à Simone de Beauvoir : Tania est malade et me réclame. Le seul moyen de quitter cette fichue caserne, c'est de l'épouser, un mariage purement symbolique ça va de soi, mais qui me donnera droit à six longs jours de permission. Je ferai croire à Tania que je n'en ai que trois, reste trois grands jours que je vous réserve, mon tout petit, juste vous et moi, quel bonheur.

 

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Simone de Beauvoir : Sartre ! Vous êtes de retour.

Sartre : Je m'suis démerdé un certificat médical bidon, qui me déclarait atteint de cécité partielle et de trouble de l'orientation.

Simone de Beauvoir : On vous a libéré sur la foi d'un faux document ?

Sartre : Ces enfoirés m'ont d'abord fait croupir quinze jours à Drancy. Je les ai bien baisés avec ma dispense.

Simone de Beauvoir : Quinze jours à Drancy, j'comprends que vous soyez de mauvaise humeur, mon tout p'tit.

Sartre : Vous ne comprenez rien du tout. Et arrêtez de m'affubler de noms ridicules.

Simone de Beauvoir : Je ne sais pas comment vous prendre.

Sartre : Vous, vous, il n'y a pas que vous au monde, il serait temps de vous en apercevoir.

Simone de Beauvoir : Pour moi, il n'y a que vous au monde. Rien n'a changé.

Sartre : Arretez les violons. C'est fini les rêves de gloire frelatés, les plaisirs pervers, nos airs de p'tits cons égoïstes, pour moi c'est terminé, basta.

Simone de Beauvoir : Cette humeur de chien, c'est pour m'annoncer votre mariage avec Tania ?

Sartre : Je ne suis pas revenu pour me marier mais pour combattre.

Simone de Beauvoir : Vous vous moquez de moi ? La guerre est finie.

Sartre : Nous ne sommes plus des hommes si nous acceptons le régime de Vichy. On les foutra dehors les Bosches. Ils ont tué Nizan. Il avait tout compris avant tout le monde. C'était mon ami, ma jeunesse, il me manque Nizan.

 

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Sa mère : Je veux faire des études.

Simone de Beauvoir : A votre âge ?

Sa mère : Toujours aussi encourageante. Je vais préparer un certificat d'aide bibliothécaire.

Simone de Beauvoir : Pourquoi faire ?

Sa mère : Il faut que je trouve un emploi, ton père ne m'a pas laissé un sou. J'en rêve depuis que je suis petite fille.

Simone de Beauvoir : Alors pourquoi avoir attendu la mort de Papa pour vous y mettre ?

Sa mère : Je ne voulais pas l'offenser. "Une femme est ce que son mari la fait". Il aimait bien répéter cette phrase.

Simone de Beauvoir : Pour ce qui est d'offenser, il a pas eu les mêmes scrupules à votre égard.

Sa mère : A quoi ça sert tout ce fiel ?

Simone de Beauvoir : Il a fallu qu'il soit six pieds sous terre pour que je vous vois rêver d'un peu de bonheur.

Sa mère : Comme si moi je pouvais me réjouir de la mort de mon mari.

Simone de Beauvoir : Vous vous sentez plus libre, ça crève les yeux.

Sa mère : J'ai toujours obéi, toute ma vie, j'ai le droit de penser un peu à moi. Où est le mal ?

Simone de Beauvoir : "Une femme est ce que son mari la fait". C'est quand même inouï cette phrase, quand on y pense.

Sa mère : Qu'est-ce que tu racontes ?

Simone de Beauvoir : On vous a dressée, comme un animal, vos parents, votre mari. Vous êtes de chair et de feu.

Sa mère : On ne parle pas comme ça à sa mère.

Simone de Beauvoir : On vous a mutilée, mystifiée, mais il reste encore une petite flamme.

 

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Sartre : Roulement de tambours... Primo, Gallimard prend L'Être et le Néant.

Simone de Beauvoir : L'époque est peu propice à une philosophie libertaire, vous savez.

Sartre : Au contraire, rien de tel que l'oppression pour apprécier mon appel à la liberté et à l'anarchisme.

Simone de Beauvoir : Mais vous allez faire l'unanimité contre vous, les Bosches et les vieilles barbes de la Sorbonne

Sartre : Castor, je vous ai dédié les sept-cent vingt-deux pages de mon premier vrai pavé de philosophe.

Simone de Beauvoir : Avouez que j'lai pas volé.

Sartre : J'avoue, en effet. Vous ne voulez pas savoir le deuzio, vous avez deviné peut-être ?

Simone de Beauvoir : Non.

Sartre : Mais si, Gallimard vous publie. Bienvenue au club des auteurs, Castor.

Simone de Beauvoir : Vous et moi, publiés tous les deux chez le même éditeur ? C'est trop beau.

Sartre : Bon, ils veulent changer le titre de votre roman. Ils proposent L'invité au lieu de Légitime défense. Vous êtes d'accord ?

Simone de Beauvoir : Pourquoi pas ? ... Restez, Sartre, il faut fêter ça.

Sartre : Non, pas ce soir, sinon Tania va me chanter Ramona.

 

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Simone de Beauvoir : Vous êtes bien silencieux.

Sartre : J'suis malheureux, Castor.

Simone de Beauvoir : Votre Américaine ? Ce soir, je proscris la tristesse. C'est la première fois que les Gallimards organisent un dîner en notre honneur à tous les deux.

Sartre : J'm'en fous.

Simone de Beauvoir : Parlez-moi de Carmen.

Sartre : Métisse, un esprit curieux, une intelligence vive. C'est extraordinaire comme elle partage mes goûts, mes émotions, l'accord parfait.

Simone de Beauvoir : Répondez sans détour. Qui vous est nécessaire, elle ou moi ?

Sartre : J'ai pensé m'installer en Amérique. Mais j'suis rentré.

 

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Simone de Beauvoir : Je voudrais comprendre.

Sa mère : Comprendre quoi ? Que les hommes sont ingrats, inconstants, injustes, égoïstes et qu'ils sont les plus forts ?

Simone de Beauvoir : C'est moi que je voudrais comprendre. Je me croyais tellement au-dessus du lot et je me retrouve flouée, niée, grugée, comme... comme toutes les femmes.

Sa mère : Ton père, je l'ai aimé, vraiment, et contrairement à ce que tu crois, lui aussi il m'aimait, à sa manière.

Simone de Beauvoir : Vous croyez qu'il m'aime, Sartre ?

Sa mère : Il y a quinze ans, quand tu l'as rencontré, je ne croyais pas à cette union, et pourtant elle dure encore. Elle doit être solide pour survivre, sans enfant ni bague au doigt.

Simone de Beauvoir : C'est moi qui suis solide. Au nom de la liberté, de l'authenticité, pour pas faire comme les bourgeois, j'ai tout accepté.

Sa mère : Tu as 38 ans, Simone. Pourquoi cèderais-tu ta place maintenant qu'elle est enviable ?

 

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Sartre : Je comprends que vous soyez furieuse.

Simone de Beauvoir : Je vous méprise.

Sartre : D'accord, ça n'était pas très glorieux, ce petit complot pour vous éloigner de Paris.

Simone de Beauvoir : Un vaudeville, une comédie de boulevard.

Sartre : Heureusement que le ridicule ne tue pas. Castor, j'ai pensé à me marier, moi.

Simone de Beauvoir : Je sais que c'est elle qui vous a plaqué, ne vous fatiguez pas, Sartre.

Sartre : Elle a compris que j'étais lié à vous pour l'éternité.

Simone de Beauvoir : Ne comptez plus sur moi pour jouer les lots de consolation, cette époque est révolue.

Sartre : Vous seule m'êtes nécessaire, Castor.

Simone de Beauvoir : Trop tard. J'aime ailleurs. Il me donne ce que vous avez toujours été incapable de me donner, du plaisir.

Sartre : Ca ne vous rend pas moins chiante d'être bien baisée.

Simone de Beauvoir : Personne ne vous retient.

Sartre : J'ai mieux à faire qu'une scène de ménage. Et j'en ai déjà eu plus que ma ration.

Simone de Beauvoir : Ce n'est pas une scène de ménage, c'est une rupture. Vous n'avez pas entendu ce que j'ai dit ?

Sartre : Je suis ravi que vous soyez tombée sur un bon coup mais n'en faisons pas un plat. Sur quoi travaillez-vous ? C'est ça qui m'intéresse.

Simone de Beauvoir : Sur ces créatures que vous appréciez tant.

Sartre : Les femmes, c'est vrai ? Vous en êtes où ?

Simone de Beauvoir : Oseriez-vous prétendre que la femme est libre, qu'elle est liberté, comme vous le dites de l'homme ?

Sartre : Vous ne pouvez pas m'accuser d'avoir atenté à votre liberté.

Simone de Beauvoir : Mon père disait qu'une femme est ce que son mari la fait. Hypothèse : les hommes nous fabriqueraient-ils de toutes pièces ?

Sartre : Vous voulez tordre le cou à la nature féminine ? Pas mal. Existentialiste en plein.

Simone de Beauvoir : Est-ce qu'on naît femme, Sartre, ou est-ce qu'on le devient ?

Sartre : Doucement, entre un homme et une femme il y a des différences physiologiques indéniables.

Simone de Beauvoir : Je vais vérifier qu'elles ne servent pas d'alibi à la domination ancestrale des hommes.

Sartre : Vous tenez peut-être un truc énorme.

Simone de Beauvoir : J'ai l'intention de tout passer au crible, puberté, règles, grossesse, avortement, dépucelage, ménopause, masochisme, frigidité, saphisme, adultère.

Sartre : Bravo ! Attaquez-les aux couilles, Castor. La femme comme question philosophique, personne n'y avait jamais pensé avant vous. Personne, même pas moi.

Simone de Beauvoir : Surtout pas vous.

 

dimanche, 17 juin 2012

Considérations sur l'exil - ST2L

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sainte Thérèse de Lisieux, sainte Thérèse de l'enfant Jésus, Thérèse Martin (1873-1897)

 

 

Extrait de "Ce que je verrai bientôt pour la première fois", sainte Thérèse de Lisieux

Je suis encore sur la rive étrangère

Mais pressentant le bonheur éternel

Oh ! Je voudrais déjà quitter la terre

Et contempler les merveilles du Ciel...

Lorsque je rêve aux joies de l'autre vie

De mon exil je ne sens plus le poids

Puisque bientôt vers ma seule Patrie

Je volerai pour la première fois. 

 

Extrait de "Pourquoi je t'aime, ô Marie", sainte Thérèse de Lisieux

Oh ! je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t’aime
Pourquoi ton nom si doux fait tressailler mon cœur
Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur
Si je te contemplais dans ta sublime gloire
Et surpassant l’éclat de tous les bienheureux
Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire
O Marie, devant toi, je baisserais les yeux !…

(...)

Oh ! je t’aime, Marie, te disant la servante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité
Cette vertu cachée te rend toute-puissante
Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité
Alors l’Esprit d’Amour te couvrant de son ombre
Le Fils égal au Père en toi s’est incarné…
De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre
Puisqu’on doit l’appeler : Jésus, ton premier-né !…

O Mère bien aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie_
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu'en mon coeur descent la blanche ostie,
Jésus ton doux agneau croit reposer en toi.

(...)

Oh ! que j’aime, Marie, ton éloquent silence,
Pour moi c’est un concert doux et mélodieux
Qui me dit la grandeur et la toute-puissance
D’une âme qui n’attend son secours que des Cieux…

Plus tard à Bethléem, ô Joseph et Marie !
Je vous vois repoussés de tous les habitants
Nul ne peut recevoir en son hôtellerie
De pauvres étrangers, la place est pour les grands…
La place est pour les grands et c’est dans une étable
Que la Reine des Cieux doit enfanter un Dieu.
O ma Mère chérie, que je te trouve aimable
Que je te trouve grande en un si pauvre lieu !…

(...)

Sur la terre d’Egypte, il me semble, ô Marie
Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux,
Car Jésus n’est-Il pas la plus belle Patrie,
Que t’importe l’exil, tu possèdes les Cieux ?…

(...)

Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l’exemple
De l’âme qui Le cherche en la nuit de la foi.

(...)

Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime
Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui.
Aimer c’est tout donner et se donner soi-même
Tu voulus le prouver en restant notre appui.
Le Sauveur connaissait ton immense tendresse
Il savait les secrets de ton cœur maternel,
Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’Il nous laisse
Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

(...)

Un prophète l’a dit, ô Mère désolée,
« Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! »
O Reine des Martyrs, en restant exilée
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur !

(...)

Bientôt je l’entendrai cette douce harmonie
Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir
Toi qui vins me sourire au matin de ma vie
Viens me sourire encor… Mère… voici le soir !…
Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême
Avec toi j’ai souffert et je veux maintenant
Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime
Et redire à jamais que je suis ton enfant !…

 

> Texte intégral : http://www.therese-de-lisieux.catholique.fr/Pourquoi-je-t...

> Œuvres complètes : http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/2653/TM....