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dimanche, 15 juillet 2012

Considérations sur la sainteté - Mère Teresa

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Mère Theresa (1910-1997)

 

"Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait." (Matthieu 5, 48)

La sainteté n'est pas un luxe de quelques-uns, mais un simple devoir pour vous et moi, aussi soyons saints comme l'est notre Père céleste. Saint Thomas dit : "La sainteté, ce n'est rien d'autre qu'une ferme résolution" - acte héroïque d'une âme qui s'abandonne à Dieu.

Nos progrès en sainteté dépendent de Dieu et de nous-mêmes - de la grâce de Dieu et de notre volonté d'être saints. Notre détermination à atteindre la sainteté doit vraiment impliquer notre vie. "Je serai saint" signifie : je me dépouillerai de tout ce qui n'est pas Dieu ; j'arracherai mon cœur à toutes les choses créées ; je vivrai dans la pauvreté et le détachement ; je renoncerai à ma volonté, à mes inclinaisons, à mes fantaisies et à mes rêves, et je me ferai l'esclave consentant de la volonté de Dieu...

Donnez-vous entièrement à Dieu. Il se servira de vous pour accomplir de grandes choses à condition que vous croyiez beaucoup plus à son amour qu'à votre propre faiblesse.

Saint Augustin a dit : "Commencez par vous remplir et ensuite seulement vous pourrez vous donner aux autres." Si nous voulons vraiment que Dieu nous remplisse, nous devrons nous vider, par humilité, de tout ce qui en nous est égoïsme.

Nous ne devons pas essayer de contrôler les actions de Dieu. Nous ne devons pas compter les étapes du voyage qu'il veut nous faire entreprendre. Ni désirer avoir une claire perception de notre avance sur la route, savoir où nous sommes exactement sur le chemin de la sainteté. Je lui demande de faire de moi une sainte mais je dois lui laisser le choix de cette sainteté, et plus encore des voies qui y mènent.

Assuez-vous que vous laissez la grâce de Dieu agir en vous en acceptant tout ce qu'il vous donne, et en lui donnant tout ce qu'il vous demande. La vraie sainteté consiste à accomplir la volonté de Dieu avec le sourire.

 

vendredi, 22 juin 2012

Considérations sur le temps - Daphné et Apollon, Debluë, Le Bernin

Extrait de la "Lettre au philosophe du Nord", 2012, Romain Debluë

 

Connaissez-vous Le Bernin, en italien Gian Lorenzo Bernini, l'un des plus grands sculpteurs de l'histoire, incontestable maître du baroque à qui le cardinal Borghèse commanda en 1623 une statue représentant la transformation de la nymphe Daphné en laurier, au moment même où Apollon s'apprête à la saisir ? Non, naturellement, tel nom ne vous dit rien et c'est bien normal, à vous qui jamais n'avez quitté votre brumeux Danemark. Souffrez donc que je vous dise quelques mots de cet ouvrage exceptionnel. 

 

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Daphné et Apollon, Le Bernin

 

Apollon et Daphné, marbre aux enivrantes en envibrantes courbes, ne constitue pas, comme la plupart des statues, la pétrification d'un mouvement mais, au plus exact inverse, le jaillissement surpuissant du mouvement au sein même du lourd statisme des pierres qui elles-mêmes, selon la prophétie, finiront par crier lorsque l'Homme se taira.

Imaginez donc la nymphe Daphné, poursuivie par Apollon dont Eros a voulu se venger en lui décochant une flèche d'or, le rendant ainsi amoureux follement de Daphné, tandis qu'il décochait à cette dernière une flèche de plomb, saisant croître en elle le dégoût profond de l'amour.

Imaginez donc la longue course à travers vallées et forêts, Apollon riant sans doute des turgescentes exaltations qu'à présent suscite en lui la vue de Daphné, laquelle à lui s'obstinément refuse et plus loin s'enfuit, ce dont il n'a cure.

Imaginez le désespoir de la nymphe lorsqu'elle sent, à la parfin de telle cavalcade, ses forces la quitter et soudain la pression moite d'une main sur son flanc éburnéen. Sa bouche, néanmoins, s'ouvre sur un cri qui n'est pas de désespérance mais de détresse puisqu'il est celui par lequel elle implore, en ultime ressource (c'est le cas, aquatiquement propice, de le dire), le secours du dieu fleuve Pénée, qui n'est autre que son père, bien sûr, toujours présent lorsqu'il s'agit de préserver sa fille de toute masculine souillure. Qui d'ailleurs s'empressera de la métamorphoser en laurier, et c'est précisément l'instant de cette transformation, en ses premières subtiles efflorescences, que Le Bernin a décidé d'immortaliser - ou plutôt d'éterniser, puisque c'est bien ce qui se joue en cette admirable sculpture. 

 

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Daphné et Apollon, Le Bernin

 

Le mot français instant, vous ne pouvez sans doute pas le savoir, vient du latin instans qui signifie plusieurs choses dont, bien sûr, "présent, actuel", mais également "pressant, menaçant, empressé", sens qui n'est curieusement plus aujourd'hui présent qu'en la forme adjectivée du terme, et non plus en sa forme nominale. Pourtant, au risque de faire violence à ma propre langue, c'est bien ici ce dont il s'agit : élever l'instans à hauteur d'éternité, en un mouvement qui du fond même de son apparent figement saillit comme l'intemporelle eau vive d'une source dont, en arrière-fond ovidien, la figure de Pénée s'offre comme un mythologique écho.

Au travers de cette sculpture, ainsi que par une ontologique transfiguration, éclot à la surface de la pierre, par Bernin rendue vibratile, un corymbe en la mouvante multiplicité duquel resplendit néanmoins l'instance tranquille qui, dans sa fixe plénitude, lui offre la possibilité même de son épiphanie. La vie jaillissant, en un éternel empressement, du sein même de la stance par excellence, matérielle métaphoe de l'Etre lui-même en le marbre duquel pourtant se peut façonner les courbes les plus exaltées de la Vie en ses organiques influx.

Apollon et Daphné, ce n'est pas la représentation figée d'un instant donné mais au contraire la dilataion métaphysique d'un présent - avant tout présence - jusques en ses plus éternels étirements. Au-delà du mouvement de perpétuelle dérobation en laquelle Daphné apparaît, à la fois saisie par Apollon et néanmoins toujours déjà sauvée par l'action immédiate de la paternelle métamorphose, Le Bernin parvient, en son singulier et unique génie, à appréhender la puissance même d'Eternel qui en tel moment gît, et s'agite de ne point se pouvoir éployer.

Daphné n'est pas sur le point d'être saisie, encore moins sur le point de s'échapper : elle s'échappe, et elle est saisie. Telle concomitance n'est paradoxale que pour ceux qui ne savent penser à hauteur non plus de présent, mais bien d'Eternité, dont le Temps n'est que "l'ombre aimante", comme l'a dit l'un, maxencien, des plus grands philosophes de la mienne époque. Elle illustre de la plus profonde des manières l'expression "vie éternelle", qui pour moi toujours resplendit d'une mystérieuse clarté obscure en sa congruence de mouvement : la vie ; et d'absolue fixité : l'Eternité.

 

> A consulter pour le texte intégral et beaucoup plus : http://amicusveritatis.over-blog.com/article-lettre-au-ph...

 

dimanche, 17 juin 2012

Considérations sur l'exil - ST2L

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sainte Thérèse de Lisieux, sainte Thérèse de l'enfant Jésus, Thérèse Martin (1873-1897)

 

 

Extrait de "Ce que je verrai bientôt pour la première fois", sainte Thérèse de Lisieux

Je suis encore sur la rive étrangère

Mais pressentant le bonheur éternel

Oh ! Je voudrais déjà quitter la terre

Et contempler les merveilles du Ciel...

Lorsque je rêve aux joies de l'autre vie

De mon exil je ne sens plus le poids

Puisque bientôt vers ma seule Patrie

Je volerai pour la première fois. 

 

Extrait de "Pourquoi je t'aime, ô Marie", sainte Thérèse de Lisieux

Oh ! je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t’aime
Pourquoi ton nom si doux fait tressailler mon cœur
Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur
Si je te contemplais dans ta sublime gloire
Et surpassant l’éclat de tous les bienheureux
Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire
O Marie, devant toi, je baisserais les yeux !…

(...)

Oh ! je t’aime, Marie, te disant la servante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité
Cette vertu cachée te rend toute-puissante
Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité
Alors l’Esprit d’Amour te couvrant de son ombre
Le Fils égal au Père en toi s’est incarné…
De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre
Puisqu’on doit l’appeler : Jésus, ton premier-né !…

O Mère bien aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie_
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu'en mon coeur descent la blanche ostie,
Jésus ton doux agneau croit reposer en toi.

(...)

Oh ! que j’aime, Marie, ton éloquent silence,
Pour moi c’est un concert doux et mélodieux
Qui me dit la grandeur et la toute-puissance
D’une âme qui n’attend son secours que des Cieux…

Plus tard à Bethléem, ô Joseph et Marie !
Je vous vois repoussés de tous les habitants
Nul ne peut recevoir en son hôtellerie
De pauvres étrangers, la place est pour les grands…
La place est pour les grands et c’est dans une étable
Que la Reine des Cieux doit enfanter un Dieu.
O ma Mère chérie, que je te trouve aimable
Que je te trouve grande en un si pauvre lieu !…

(...)

Sur la terre d’Egypte, il me semble, ô Marie
Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux,
Car Jésus n’est-Il pas la plus belle Patrie,
Que t’importe l’exil, tu possèdes les Cieux ?…

(...)

Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l’exemple
De l’âme qui Le cherche en la nuit de la foi.

(...)

Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime
Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui.
Aimer c’est tout donner et se donner soi-même
Tu voulus le prouver en restant notre appui.
Le Sauveur connaissait ton immense tendresse
Il savait les secrets de ton cœur maternel,
Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’Il nous laisse
Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel.

(...)

Un prophète l’a dit, ô Mère désolée,
« Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! »
O Reine des Martyrs, en restant exilée
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur !

(...)

Bientôt je l’entendrai cette douce harmonie
Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir
Toi qui vins me sourire au matin de ma vie
Viens me sourire encor… Mère… voici le soir !…
Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême
Avec toi j’ai souffert et je veux maintenant
Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime
Et redire à jamais que je suis ton enfant !…

 

> Texte intégral : http://www.therese-de-lisieux.catholique.fr/Pourquoi-je-t...

> Œuvres complètes : http://bibliotheque.editionsducerf.fr/par%20page/2653/TM....

 

vendredi, 01 juin 2012

Considérations sur le temps - Ratzinger

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Extrait de la Foi chrétienne, hier et aujourd'hui, 2005, Joseph Ratzinger

 

La pensée actuelle est tributaire de cette idée que l'éternité est pour ainsi dire enfermée dans son immutabilité. Dieu apparaît comme le prisonnier de son dessein formé "avant tous les temps". Etre et devenir ne se mélangent pas. L'éternité est ainsi comprise de façon purement négative comme l'absence de temps ; elle est ce qui est autre par rapport au temps, et qui ne saurait exercer aucune influence dans le temps, ne serait-ce que parce qu'elle cesserait alors d'être immuable et deviendrait elle-même temporelle...

Or l'éternité n'est pas ce qu'il y a de plus ancien, ce qui était avant le temps, mais ce qui est tout autre ; elle est pour chaque moment du temps qui passe l'aujourd'hui, elle est pour lui présent ; elle n'est pas enfermée entre un avant et un après, elle est au contraire puissance du présent en tous les temps. L'éternité n'est pas à côté du temps, sans rapport avec lui, elle est la force créatrice qui porte tous les temps, qui englobe le temps qui passe en son unique présent et lui permet d'être. Elle n'est pas absence de temps mais domination du temps. Et parce qu'elle est l'aujourd'hui contemporaine à tous les temps, elle peut aussi agir dans le temps, à chaque instant.

 

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Joseph Ratzinger, le Pape Benoît XVI (né en 1927)

 

jeudi, 31 mai 2012

Considérations sur le temps - Maurice Blondel

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Crédits photographiques Karim Hobeika

 

 

Extrait de L'action, 1893, Maurice Blondel

 

C'est pour avoir prétendu se contenter de la durée et se borner à la nature, que l'homme meurt ; non qu'il ne puisse emplir et dépasser l'espace ou le temps : mais il a tant agrandi ce domaine des sens et de la science qu'il pourrait presque feindre de s'y mouvoir à l'aise et d'y trouver une demeure définitive s'il ne lui fallait, bon gré mal gré, toujours en sortir par l'inévitable avertissement de la conscience, par le scandale de la souffrance et de la mort. Si mourir au temps lui apprend ce qu'est vivre, c'est parce que cette vie qui ne passe pas dans le temps, est exposée à la seconde mort, à celle qui subsiste à jamais. Faire, ce n'a été l'oeuvre que d'un instant ; avoir fait et vouloir, c'est pour toujours. Ce qui est fait ne peut pas ne pas avoir été fait... sous les apparences qui se succèdent dans notre connaissance, se cache l'action qui en fixe la réalité permanente.

 

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Maurice Blondel (1861-1949)

 

mercredi, 30 mai 2012

Considérations sur le temps - Rainer Maria Rilke

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Extrait des Lettres à un jeune poète, 23 avril 1903, Rainer Maria Rilke

 

Tout n'est que porter à terme, puis mettre au monde. Laisser chaque impression et chaque germe de sentiment parvenir à la maturité au fond de soi, dans l'obscurité, dans l'indicible, l'inconscient, l'inaccessible à l'entendement, et attendre avec une profonde humilité, une profonde patience, l'heure de l'accouchement d'une nouvelle clarté : vivre dans l'art, c'est cela, et c'est cela seul : pour comprendre aussi bien que pour créer.

Là, il n'y a point de mesure temporelle, une année ne compte pas et dix ans ne sont rien, être artiste signifie : ne point calculer ni compter ; mûrir comme l'arbre, qui ne fait pas monter sa sève plus vite qu'elle ne va et se dresse avec confiance au milieu des tempêtes du printemps sans avoir peur que ne vienne aucun été. Il viendra. Mais il ne viendra que pour ceux qui sont patients, qui sont là comme s'ils avaient l'éternité devant eux, dans l'insouciance de son calme et de son immensité. Je l'apprends tous les jours, je l'apprends dans la douleur, à qui j'en ai la gratitude : la patience est tout.

 

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Rainer Maria Rilke (1875-1926)

 

mardi, 29 mai 2012

Considérations sur le temps - saint Augustin, Dali

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La permanence du temps, Salvator Dali

 

Extrait des Confessions, livre XI, saint Augustin

 

Peut-être, dira-t-on avec vérité : il y a trois temps, le présent du passé, le présent du présent et le présent de l'avenir. Car ce triple mode de présence existe dans l'esprit ; je ne le vois pas ailleurs.  Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'attention actuelle ; le présent de l'avenir, c'est mon attente...

Toute ma vie à moi n'est qu'une dissipation ; et votre main m'a rassemblé en mon Seigneur, fils de l'homme, médiateur en votre unité et nous, multitude, multiplicité et division, afin qu'en lui j'appréhende celui qui m'a appréhendé par lui ; et que ralliant mon être dissipé au caprice de mes anciens jours, je demeure à la suite de votre unité, sans souvenance de ce qui n'est plus, sans aspiration inquiète vers ce qui doit venir et passer, mais recueilli "dans l'immutabilité toujours présente," et ravi par un attrait sans distraction à la poursuite de cette palme que votre voix me promet dans la gloire où j'entendrai l'hymne de vos louanges, où je contemplerai votre joie sans avenir et sans passé. 

 

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Saint Augustin (354-450)