mardi, 27 janvier 2015
Bernard W
Extrait d'un entretien avec Bernard Werber, Direct Matin, jeudi 16 octobre 2014 :
J'écris tous les jours depuis l'âge de 16 ans. De 8h à 12h30. L'écriture est un muscle qui s'entretient.
[...]
Mon éditeur m'a toujours dit : "Soit vous plaisez au critique, soit vous plaisez au lecteur. Mais les deux sont antinomiques". J'ai été journaliste. Je sais comment fonctionne le système. L'accueil qui m'importe est celui des lecteurs. La meilleure critique est le temps. En France, la littérature de l'imaginaire est peu connue et peu développée. Mais il faut une littérature plus ambitieuse.
Bernard Werber (né en 1961)
http://www.loc.gov/loc/lcib/0011/werber.html
http://booknode.com/blog/2010/05/16/de-l%E2%80%99art-de-n...
http://www.lefigaro.fr/livres/2010/01/14/03005-20100114AR...
07:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bernard werber
jeudi, 22 janvier 2015
A la nue accablante - Mallarmé
Caron passant les ombres, Pierre Subleyras (1699-1749)
La barque de Caron traverse le Styx pour conduire les âmes jusqu'aux enfers
A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène.
07:05 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 20 janvier 2015
Considérations à propos de la fin d'une civilisation - Grousset
Crédits photographiques Alexandra van Montagu
A propos de Rome :
Aucune civilisation n'est détruite du dehors
sans s'être tout d'abord ruinée elle-même,
aucun empire n'est conquis de l'extérieur,
qui ne se soit précédemment suicidé.
Et une société, une civilisation, ne se détruisent de leurs propres mains
que quand elles ont cessé de comprendre leur raison d'être,
quand l'idée dominante autour de laquelle elles étaient organisées
leur est comme devenue étrangère.
René Grousset, historien (1885-1952)
07:27 Publié dans Citation, Ecrits, Politique & co | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 janvier 2015
Les lignes de la main - Grand Corps Malade
Signe astrologique de la vierge, Yves Bady
https://www.youtube.com/watch?v=KyeUo0YvY_A
Un certain soir d'incertitude
Je suis allé voir une voyante
Prêt pour l'arnaque et l'inquiétude
car la vision de l'avenir est payante
C'est mon cœur qui frappe quand je sonne à la porte
Je me sens tout gamin
Quand elle ouvre, me regarde, me sourit et m'escorte
Pour me lire les lignes de la main
Elle prend son pied en prenant mes mains
Ses mains tenant mes doigts sont balèzes
Elle est adroite et j'ai deux mains gauches, c'est main-
tenant mon malaise
Elle a la main forte
Elle a la main ferme, elle a la main mise
Moi faut que je sorte
Je veux revenir demain, mes deux mains sont prises
Sa main est agile, et ça m'indispose que sa main tripote
Car sa main est curieuse, et sa main est fouineuse, et ça m'insupporte
Mais ça m'intéresse quand sa main se calme, car sa main est belle
Oui, sa main est douce et sa main est chaude, et ça m'interpelle.
Elle prends ma main gauche pour me lire les lignes
Moi, j'ai un mauvais feeling
Car elle veut être précise, mais moi je lui propose de rester dans les grande lignes
Ses doigts glissent sur ma peau comme une piste de curling, elle vise la ligne de cœur
C'est une ligne à haute tension, elle est en première ligne, une ligne à la hauteur
Niveau cœur, pas besoin de savoir lire entre les lignes,
Elle voit que la ligne est occupée
C'est une ligne droite magnifique, longiligne, rectiligne
La ligne printemps-été
En revanche, la voyante ne trouve pas ma ligne de chance, j'ai vraiment pas de pot
Elle l'avait en ligne de mire, moi j'avais envie d'en rire, elle a ripé sur un bout de peau
Mais en ligne de compte elle a retrouvé ma chance, c'est une vraie pilote de ligne
La ligne de chance aime bien faire des feintes, elle est maligne ma ligne
La dernière ligne droite, la voyante a décidé d'analyser ma ligne de vie
Elle cherche la ligne d'arrivée
Mais la voyante a souligné
Qu'apparemment ma ligne dévie
Alors ma ligne de vie rage, ma ligne de vie perds, mais la voyante ne la voit pas bien
Elle a un air inquiet car la ligne est coupée, alors moi j'entends plus rien
Je lui demande si elle est sûre, elle scrute les interlignes
Ce moment est inhumain
Du coup elle va se faire une petite ligne
Moi j'ai perdu mon avenir quelque part au creux de ma main
Ça a mis un bout de temps mais on a retrouvé ma vie
Elle avait juste sauté une ligne
Quand la séance fut finie j'ai décidé de prendre soin de moi
Et de faire attention à ma ligne
Avant de quitter la voyante on s'est serré la main
On a mélangé nos lignes
Une chose est sûre je reviendrai pas demain
Elle s'est vraiment plantée sur toute les lignes
Depuis, ma ligne de conduite est de viser la ligne d'horizon
Pour voir plus loin que le bout de mes lignes
Fini de lire dans les mains, maintenant je préfère serrer le poing
Point à la ligne
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Chanson, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 15 janvier 2015
Le territoire de Houellebecq
L'humanité est parfois étrange, se dit-il en composant le numéro ;
mais malheureusement c'était le plus souvent dans le genre étrange et répugnant,
rarement dans le genre étrange et admirable. (p 393)
New York City from 7,500 feet above, by Pulitzer Prize-winning photographer Vincent Laforet
https://www.facebook.com/ArchDaily/photos/pcb.10155097576895603/10155097553685603/?type=1&permPage=1
Extraits de La carte et le territoire, Michel Houellebecq, Flammarion :
p 10-54
[...] depuis longtemps d'ailleurs les photographes exaspéraient Jed, en particulier les grands photographes, avec leur prétention de révéler dans leurs clichés la vérité de leurs modèles ; ils ne révélaient rien du tout, ils se contentaient de se placer devant vous et de déclencher le moteur de leur appareil pour prendre des centaines de clichés au petit bonheur en poussant des gloussements, et plus tard ils choisissaient les moins mauvais de la série, voilà comment ils procédaient, sans exception, tous ces soi-disant grands photographes, Je en connaissait quelques-uns personnellement et n'avait pour eux que mépris, il les considérait tous autant qu'ils étaient comme à peu près aussi créatifs qu'un Photomaton.
[...] le fils est la mort du père c'est certain mais pour le grand-père le petit-fils est une sorte de renaissance ou de revanche [...].
Dans les pays latins, la politique peut suffire aux besoins de conversation des mâles d'âge moyen ou élevé ; elle est parfois relayée dans les classes inférieures par le sport. Chez les gens très influencés par les valeurs anglo-saxonnes, le rôle de la politique est plutôt tenu par l'économie et la finance ; la littérature peut fournir un sujet d'appoint. [...]
L'excitation de son père était retombée, il mâchonnait son saint-nectaire avec aussi peu d'enthousiasme que le cochon de lait. C'est sans doute par compassion qu'on suppose chez les personnes âgées une gourmandise particulièrement vive, parce qu'on souhaite se persuader qu'il leur reste au moins ça, alors que dans la plupart des cas les jouissances gustatives s'éteignent irrémédiablement, comme tout le reste. Demeurent les troubles digestifs, et le cancer de la prostate. A quelques mètres sur leur gauche, trois femmes octogénaires semblaient se recueillir sur leur salade de fruits - peut-être en hommage à leur maris défunts. L'une d'entre elle tendit la main vers sa coupe de champagne, puis sa main se rabattit sur la table ; se poitrine se soulevait sous l'effort. Au bout de quelques secondes elle renouvela sa tentative, sa main tremblait terriblement, son visage était crispé par la concentration. Jed se retenait d'intervenir, il n'était nullement en position d'intervenir. Le serveur lui-même posté à quelques mètre, qui surveillait l'opération d'un regard soucieux, n'était plus en position d'intervenir ; cette femme était maintenant en contact direct avec Dieu. Elle était probablement plus proche de quatre-vingt-dix que de quatre-vingts. Afin que tout soit accompli, les desserts furent à leur tour servis. Avec résignation, le père de Jed attaqua sa bûche tradition pâtissière. Il n'y en avait plus pour très longtemps, maintenant. Le temps passait bizarrement entre eux : bien que rien ne soit dit, que le silence durablement établi maintenant autour de la table eût dû donner la sensation d'une pesanteur totale, il semblait que les secondes, et même les minutes, s'écoulassent avec une foudroyante rapidité.
[...] A quinze heure heures, ils s'arrêtèrent dans un relai un peu avant La Souterraine ; à la demande de son père, pendant que celui-ci faisait le plein, Jed acheta une carte routière "Michelin Département" de la Creuse, Haute-Vienne. C'est là, en dépliant sa carte, à deux pas des sandwiches pain de mie sous cellophane, qu'il connut sa seconde grande révélation esthétique. Cette carte était sublime ; bouleversé, il se mit à trembler devant le présentoir. Jamais il n'avait contemplé d'objet aussi magnifique, aussi riche d'émotion et de sens que cette carte Michelin au 1/150 000 de la Creuse, Haute-Vienne. L'essence de la modernité, de l'appréhension scientifique et technique du monde, s'y trouvait mêlée avec l'essence de la vie animale. Le dessin était complexe et beau, d'une clarté absolue, n'utilisant qu'un code restreint de couleurs. Mais dans chacun des hameaux, des villages, représentés suivant leur importance, on sentait la palpitation, l'appel, de dizaines de vies humaines, de dizaines ou de centaines d'âmes - les unes promises à la damnation, les autres à la vie éternelle.
p 281-282
[...] la rue Martin-Heidegger descendait vers une partie du village qu'il n'avait pas encore explorée. I l'emprunta, non sans méditer sur le pouvoir presque absolu qui était laissé aux maires en matière de dénomination des rues de leur ville. Au coin de l'impasse Leibniz il s'arrêta devant un tableau grotesque, aux couleurs criardes, peint à l'acrylique sur un panneau de fer-blanc, qui représentait un homme à la tête de canard, au vit démesuré ; son torse et ses jambes étaient recouverts d'une épaisse fourrure brune. Un panneau d'information lui apprit qu'il se trouvait en face du "Muzé'rétique", dédié à l'art brut et aux productions picturales des déments de l'asile de Montargis. Son admiration pour l'inventivité de la municipalité s'accrut encore lorsque, parvenu sur la place Parménide, il découvrit un parking flambant neuf, les traits de peinture blancs délimitant les emplacements ne devaient pas avoir plus d'une semaine, et il était doté d'un système de paiement électronique acceptant les cartes de crédit européennes et japonaises. Une seule voiture y stationnait pour l'instant, une Maserati GranTurismo de couleur vert d'eau [...].
En direction du sud le village se terminait par le rond-point Emmanuel Kant, une création urbanistique pure, d'une grande sobriété esthétique, un simple cercle de macadam d'un gris parfait qui ne conduisait à rien, ne permettait d'accéder à aucune route, aux alentours duquel n'avait été bâtie aucune maison. Un peu plus loin coulait une rivière, au débit lent. Le soleil dardait ses rayons, de plus en plus intenses, sur les prairies. [...]
A consulter également :
> http://fichtre.hautetfort.com/archive/2014/09/10/houelleb...
> http://fichtre.hautetfort.com/archive/2015/01/12/houellebecq-soumission.html
La carte et le territoire
Michel Houellebecq
2010
Flammarion
428 pages
http://www.amazon.fr/carte-territoire-Houellebecq-Michel-...
07:10 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Photographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : houellebecq
mercredi, 14 janvier 2015
A propos de soumission - Houellebecq
http://journal.alinareyes.net/2013/12/13/michel-houellebecq-le-reve-de-lamour/
Extrait du journal de 20h sur France 2, mardi 6 janvier 2015
http://www.leblogtvnews.com/2015/01/houellebecq-invite-du-20-heures-de-france-2-mardi.html
https://fr.news.yahoo.com/video/michel-houellebecq-se-d%C...
Quand une sociologue, doublée d'une romancière,
fait le constat que les médias invitent des écrivains pour en faire
des phénomènes de foire,
on comprend que plus grand monde sait "lire",
plus grand monde peut encore concevoir
l'essence et la portée d'un livre.
Et la pensée
libre de s'exprimer
est piétinée.
J'ai mal à la littérature.
J'ai un de ces mal de livre...
J'ai mal à Houellebecq.
Source: 20 MINUTES, mercredi 7 janvier 2015
Au Grand Journal, le 12 janvier 2015 (interview enregistrée le 8 janvier)
A consulter également :
> Pour un entretien : http://finestagione.blogspot.fr/2015/01/sottomissione-sou...
> Pour une recension : http://www.philomag.com/les-livres/notre-selection/soumis...
> http://fichtre.hautetfort.com/archive/2015/01/13/horvilleur.html
> http://fichtre.hautetfort.com/archive/2014/09/10/houellebecq.html
> http://fichtre.hautetfort.com/archive/2015/01/09/houellebecq-territoire.html
07:05 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : houellebecq
mardi, 13 janvier 2015
Mal à l'autre
"Faire société, c'est être capable d'avoir mal à l'autre."
Delphine Horvilleur, rabin (née en 1974)
lors d'un débat télévisé, lundi 12 janvier 2015
http://booknode.com/auteur/delphine-horvilleur/photos
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