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samedi, 09 juin 2012

Toi qui ravis le cœur de Dieu

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        Eglise Notre Dame de Grâce de Passy
       Crédits photographiques Jana Hobeika

 

 

Toi qui ravis le cœur de Dieu
Et qui l’inclines vers la terre,
Marie, tu fais monter vers lui
Ta réponse en offrande.

 

Toi qui reçois l’appel de Dieu
Comme une terre la semence,
Tu laisses prendre corps en toi
L’espérance nouvelle.

 

L’homme a perdu la joie de Dieu
En refusant la ressemblance ;
Par toi le Fils nous est donné
Qui nous rend à son Père.

 

Vierge bénie qui porte Dieu,
Promesse et gage de l’Alliance,
L’amour en toi rejoint nos vies
Et les prend dans la sienne.

 

 

vendredi, 08 juin 2012

"Je suis le président des bisoux"

Paris, le 8 juin 2012

 

A la recherche de quelque mot sur la situation qui sévit dans un certain pays chaud,

Je me suis salie les mains ce matin avec un gratuit dans le métro...

Non seulement, découvré-je avec effroi que l'international ne couvre qu'une seule page (je veux dire un seul recto d'une seule page) sur un total de quarante-six (je sais bien que la France va mal, que son économie nous cause bien du souci, que de nouvelles élections se préparent et sur trois pages, que le sport en réclame cinq, qu'il ne faut pas oublier l'indispensable cocktail horoscope-mots-croisés-sudoku-programme-télé, et puisqu'il faut enfin et sourtout collectionner moult réclames pour au final rémunérer le dur labeur des contributeurs de la feuille de chou, les charges qui vont avec pour alimenter les caisses de l'Etat, le loyer des bureaux parce qu'il faut bien se poser quelque part, les capsules de café et les bombones d'eau pour hydrater jeunes et moins jeunes, sans oublier les toujours en vigueur cotisations pour les retraites que nous verrons mais de quelle épaisseur...), mais voici que par-dessus ce sinistre constat, il faut aussi se fendre de la poursuite des aventures du Bizougoud...

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Au Bizouland, royaume où règne le Bizougoud élu, il serait dorénavant souhaitable que, mesdames et messieurs les journalistes, vous tâchiez de ne plus en rater une : le petit oiseau doit impérativement sortir, des instants anthologiques, des scènes mythiques, des paroles éternelles sont en train de voir le jour et il ne faudrait surtout pas nous en priver.  

 Jana Hobeika

 

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(Source : 20 minutes, vendredi 8 juin 2012)

 

mercredi, 06 juin 2012

Camille Claudel - Rodin, Adjani, Depardieu

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Film : Camille Claudel (1988, durée 2h50)

Réalisateur : Bruno Nuytten

Auguste Rodin (Gérard Depardieu), Camille Claudel (Isabelle Adjani), Paul Claudel le frère de Camille (Laurent Grévil), Eugène Blot marchand d'art (Philippe Clévenot), Louis-Prosper Claudel le père de Camille et Paul (Alain Cuny), Louise-Athanaise Claudel la mère de Camille et Paul (Madeleine Robinson), Jessie Lipscomb amie anglaise de Camille (Katrine Boorman), Rose Beuret la compagne de Rodin (Danièle Lebrun) 

 

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Auguste Rodin à Camille Claudel : Ne comptez pas sur l'inspiration, elle n'existe pas. Qu'est-ce que vous voulez que je vous apprenne ? Une sculpture demande du temps. Il faut la laisser se reposer. L'oublier pour mieux la juger. 

 

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Auguste Rodin à Camille Claudel : On n'en parle pas, mais c'est très important, le chauffage. Quand j'avais votre âge, j'avais loué une écurie qui me servait d'atelier. Il faisait un froid de canard. Je devais y faire mon premier buste, d'après nature, une femme du monde. Alors comme je n'avais pas le sou, je suis allé chez le cordonnier du coin, chercher plein de vieilles paires de chaussures. Me voilà parti à fourguer tout ça dans le poêle pour donner un peu de chaleur, n'est-ce pas. La femme est arrivée, s'est installée. Mais l'odeur, l'odeur ! Elle n'a pas résisté. Elle tourne de l'oeil et hop ! la voilà partie dans les pommes. J'ai eu la frousse de ma vie, j'ai cru qu'elle était morte.

 

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La mère de Camille Claudel : Ca vous amuse ? Moi pas. On verra si vous baillerez dimanche devant Papa. Jusqu'ici ton père était d'accord avec cette histoire d'atelier, Camille. Mais cette fois il ne te donnera pas raison. Tu n'as pas supporté la discipline de l'académie de Colarossi. Tu préfères ta liberté, partager un atelier avec une étrangère délurée. Et tu t'en moques que ça nous coûte trois fois plus cher ! Les cours, le loyer... Et si Papa n'est pas là, c'est justement pour gagner cet argent, sou par sou, au point de tout sacrifier. Mais tu crois que c'est une vie pour un homme de son âge ! de voir sa famille une seule fois par semaine. Et pour moi ? Quand il apprendra que tu découches pour aller voler de la terre dehors, que tu nous obliges à passer des nuits blanches, que ton frère risque de tripler sa philo à cause de tes lubies, et tout ça pour ta soi-disant vocation ! Et puis tu le perturbes, à lui faire lire des cochonneries qui ne sont pas de son âge, l'âge de personne d'ailleurs.

 

¤   ¤   ¤

 

Paul Claudel à Camille Claudel : Je te remercie de m'avoir fait connaître la poésie de Rimbaud. Il m'arrache les pieds de la terre. Est-ce que j'arriverais un jour à m'enfuir comme lui ? 

 

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Rodin : Je vais peut-être vous surprendre, mais j'ai failli entrer dans les ordres. J'étais jeune, j'avais une sœur aînée,  Maria, que j'adorais. Maria est devenue novice à la suite d'une promesse de mariage qu'un ami à moi n'a pas tenu. Elle en est morte de chagrin. Alors après sa mort, je suis entré au monastère. Pour la garder vivante, j'ai mené sa vie. A ma grande surprise, mon directeur de conscience m'a demandé de faire un buste de lui. En m'obligeant à sculpter, il m'a rendu à la vie, à la mienne je veux dire.

Le père de Camille Claudel : Par miracle, cet homme-là a su faire la différence entre un chagrin et une vocation.

Rodin : Sans doute, sans doute.

Camille : Je crois que si j'avais un chagrin pareil, je ferais la même chose.

La mère : Toi, Camille, tu deviendrais religieuse ?

Camille : Je m'arrêterai.

La mère : Quel orgueil. Je me demande de qui tu tiens ça.

Le père : Camille n'est pas une orgueilleuse. Seulement elle ne cède jamais une once de ce qu'elle estime devoir lui revenir. Là où elle est violente, ce n'est que parce qu'elle est passionnée. Quand elle était enfant, elle s'amusait à reproduire avec de la glaise des os de squelette humain. Ensuite elle les mettait au four pour les cuire. Elle en perdait le boire et le manger. C'était stupéfiant. Là où elle est ombrageuse, c'est parce qu'elle est d'une grande intention.

Camille : Papa...

Le père : Monsieur Rodin, lui, a dû s'en rendre compte, n'est-ce pas monsieur Rodin ?

Rodin : ah monsieur Claudel, le témpérament, d'où nous vient le tempérament ?

La mère : Ca, on sait pas d'où ça vient mais on sait ce que ça fait, le tempérament. 

 

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Camille Claudel à Auguste Rodin : Peux-tu faire des ronds de jambes à des gens qui ne comprennent pas ce que tu fais ?

 

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Eugène Blot : Votre sœur se remet mal de sa séparation avec Rodin.

Paul Claudel : Elle a tout misé sur lui. Elle a tout perdu avec lui, ma sœur.

 

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Eugène Blot : On vous bafoue parce qu'on ne peut pas vous détuire. Un génie est toujours un effroi pour son temps.  

 

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mardi, 05 juin 2012

La désenchantée - Rimbaud

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Film : La désenchantée (1990, durée 1h18)

Réalisateur : Benoît Jacquot

Beth (Judith Godrèche), Alphonse (Marcel Bozonnet), l'oncle (Ivan Desny), l'autre (Malcom Conrath), la mère de Beth (Thérèse Liotard), Rémi le petit frère de Beth (Thomas Salsmann)

 

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Beth présente son travail à la classe. Elle écrit au tableau : "Je croyais à tous les enchantements". 

Beth : Rimaud est né désenchanté et voulait partir. Personne ne pourra définir son enchantement. Etait-il de ne pas être enchanté, de toujours chercher à l'être, ou de subir l'enchantement du désenchantement ? La ligne éperdue séparant son menton de sa bouche en dit long sur ses pensées, dévoilant l'éternelle amertume, la volonté d'enchantement qui toujours échoit. Cette ombre sur le visage n'est pas muette, elle dit sur quel enfant ténébreux elle jeta son aencre*.

Elle écrit au tableau : "Je comprends en ne sachant m'expliquer sans paroles païennes je voudrais me taire".

Beth : Invoquer l'horreur et trouver la beauté, être des désenchantés le plus chantant, de pas desserrer les dents et avoir les yeux d'outre-tombe des raisons de partir. En partant, Rimbaud a cessé d'écrire mais pas d'être poète. Quel besoin a-t-il, lui qui veut de l'or et du soleil pour bronzer son visage d'un crayon pour être poète ? Rimbaud existant, Rimbaud poète. Rimbaud trafiquant, Rimbaud poète. Quelques-uns regardant la photo de Rimbaud si jeune et celle de lui en Abyssinie seront déçus. Il est beau que cette photo déçoive, d'aventurier désenchanté, de sauvage à l'apogée de sa sauvagerie, de liberté dans l'enfer. C'est une photo de silencieux, d'un poète sans plume, représentant de la ténèbre. S'étonner de son départ revient au même que de lui poser la question.

Elle écrit au tableau : "Pour êtes-vous étrange et étranger à tout ?"

Son enseignante : Ecoute, ce que je veux te faire comprendre, c'est que si tu es aussi excessive au Bac, si tu te laisses emporter, tu n'auras pas la note à laquelle tu peux prétendre. Tu n'es pas obligée de m'écouter pour Rimbaud, mais pour le Bac, tu peux me croire.

Beth : Pour moi ce sera un sujet bien tiède, bien mou, comme ça il n'y aura pas de danger.

 

¤    ¤    ¤

 

Alphonse : Si je t'avais pas vue avec ton frère, je dirais que tu es fille unique, typique fille unique, tout tout de suite.

Beth : Je suis pas fille unique, je suis femme unique.

Alphonse : Je croyais que tu étais une enfant. Il faudrait savoir.

Beth : Je serai une femme quand je serai unique pour un seul.

Alphonse : Aimer un homme ou une femme toute une vie, autant dire qu'une bougie peut brûler toute une vie. Ca dure un mois, ça dure un an, de toute façon on finit par en avoir marre, on finit même dans le dégoût.

Beth : C'est bien pour ça qu'il faut trouver autre chose. Deux personnes ensemble pour vous, c'est forcément deux qui couchent ensemble ? Enfin je veux dire qui font des cochonneries ?

Alphonse : Autre chose ? Tu me fais rigoler. Y'a pas autre chose ! C'est cochonneries et compagnie. Le roi des animaux, pas mal trouvé, enfin, les animaux, ils font ça pour se reproduire, hein, pas pour la petite secousse. Heureusement, y'a les maladies, les choses se remettent en place.

Beth : Si personne fait plus ça, y'aura plus de genre humain, non ?

Alphonse : Et pourquoi il devrait se reproduire, le genre humain ?

Beth : Benh pour qu'on existe.

Alphonse : Et à quoi bon exister, hein ?

Beth : Pour vivre.

Alphonse : Vivre pour quoi ? ... Si on n'a pas de but, si on vit la vie pour la vie, on n'a pas de raison de vivre. Et si le but est atteint, c'est clair, benh la vie doit s'arrêter. Et le but, c'est pas l'idéal des lapins, se reproduire le plus possible. C'est pas l'idéal des singes, jouir le plus possible. Tout ça, on peut pas dire que c'est idéal. Ignoble, voilà ce qu'on peut dire. Le genre humain doit disparaître ? Pas de doute, je dois mourir, tu dois mourir. Le genre humain aussi. En attendant, l'ennemi, c'est la bête à dos.

Beth : C'est qui la bête  deux dos ?

Alphonse : Je vais te montrer, tu vas voir.

Il l'enlace.

Beth : Et la cloche vous connaissez ?

Alphonse : Ah non, la cloche, non.

Beth : C'est facile, ça va vous plaire, on se met dos à dos comme ça. Voilà, maintenant vous me soulevez et après moi je vous soulève. C'est la cloche !

 

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Beth : Ca vous ennuie pas de me le donner (un couteau) ?

Alphonse : Ce que je donne, personne ne pourra jamais me le prendre. Ce que je donne m'appartient, pour toujours.

Beth : Ce que je donne, pers... C'est votre habitude de raisonner comme ça ?

Alphonse : Oui, et tu noteras que c'est toujours tordu, y'a que les couteaux que je lance droit.

 

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L'oncle : Prends place, Beth. Comme tu voudras. Un jour tu me parleras, ce ne sera pas pour m'injurier. Non, pas pour m'injurier... Tu es sure que tu n'as pas faim ?

Il jette le poisson qu'il allait cuire pour Beth.

L'oncle : Merci, Beth, le gâchi aiguise mon appétit. Il n'y a pas que la voix à être éloquente. Le regard fait partie de la voix. Tout de toi est éloquent, si je veux. Je le sais assez, mon Dieu. Ces voix que j'ai entendues, ces regards que j'ai vus, ces corps que j'ai palpés. Ta mère est mal. Je ne sais pas ce qu'on peut. Elle souffre ta mère. L--- (amecide?) n'est pas une fée. La douleur est une fée, une fée cruelle mais une fée. Rémi m'a dit que tu veux partir, loin. Il me parle, Rémi, au moins. Il crache pas sur les cadeaux, ce garçon. Evidemment, jamais il ne m'en dira autant que toi quand tu ne me parles pas... J'ai vu Rimbaud dans ta chambre hier. "On ne part pas", c'est Rimbaud qui a écrit ça. Moi je ne pars plus. Partir c'est trop facile. C'est rester qui est difficile. Ceux qui restent, voilà les héros. Si tu pars, je risque de ne pas te revoir avant longtemps, telle que je te connais. Mais enfin, les âmes hors du commun s'entendent, même lorsqu'elles s'éloignent. Et puis, il n'y a rien de plus beau que ce que nous ne voyons plus... Tu as raison, les fraises ne devraient se manger qu'en avril, quand elles sont rares...

Le téléphone sonne.

L'oncle : Je hais tout ça, avion, train, téléphone. On veut détruire l'absence. Comment s'aimera-t-on si on détruit l'absence ? Il parait que c'est cruel ce que je dis. Quand on creuse la pensée, on trouve toujours le froid. A une certaine profondeur, le froid qu'on appelle cruauté. Maintenant que tu es ici, tu voudrais bien t'en aller. Pourtant tu ne t'en iras pas... Qu'est-ce que tu fais Beth, laisse-ça ! Quelqu'un va venir. Montre-moi tes mains. Toi tu soignes tes mains au Paic Citron. Bientôt tu n'auras plus de mains, tout juste des pattes.

Il lui donne un chèque.

L'oncle : Tu devrais le faire encadrer entre deux plaques de verres et t'en faire un petit écran pare-feu. Va au milieu. Tu es toujours belle, mais ta beauté jaillit à différents moments, de différentes sources.

 

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* Hésitant entre les vocables "encre" (qui fixe les mots) et "ancre" (qui fixe le galion), lesquels nous paraissent tous deux ici plausibles, nous les marions, tout simplement, pour donner naissance à "aencre". Dans un esprit similaire, "aevenement" est non moins fichtrement né il y a quelques semaines de la paire "avènement" - "événement".

 

lundi, 04 juin 2012

Une soirée - Maupassant

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Téléfilm : Une soirée (2008, durée 40min)

Réalisateur : Philippe Monnier

D'après Maupassant

Prosper Saval notaire et chanteur lyrique amateur à Vernon (Thierry Frémont), Romantin peintre à Montmartre (Clément Sibony), Mathilde la compagne de Romantin (Marie Favasuli)

 

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Maître Saval : Paris, Paris,... On y croise les musiciens, les hommes de lettres, les peintres... Ses cafés, ses boulevards... L'air est chargé de talent, de génie.

 

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Mathilde, voyant que Romantin prépare une soirée en cachette : Ah ! sale mufle, c'est comme ça que tu me lâches ? Ah ! gredin. Tu faisais le gentil encore en m'envoyant à la campgne. Tu vas voir un peu comme je vais l'arranger ta fête. [...] Je ne te suis bonne qu'au lit !

Romantin : Mathilde, ma petite Mathile, écoute. Tu vas être bien raisonnable. Tu sais, si je donne une fête, c'est pour remercier ces messieurs pour ma médaille du Salon. Je ne peux pas recevoir de femmes. Tu devrais comprendre ça. Avec les artistes, ça n'est pas comme avec tout le monde.

Mathilde : Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ?

Romantin  C'était pour ne point te fâcher, ne point te faire de peine. Ecoute,je vais te reconduire chez toi. Tu seras bien sage, bien gentille, tu resteras tranquillement à m'attendre dans le dodo et je deviendrai sitôt que ce sera fini."

Mathilde : Oui, mais tu ne recommanceras pas ?

Romantin : Non, je te lejure.

 

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dimanche, 03 juin 2012

La sainte Trinité - Dürer

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L'adoration de la sainte Trinité - Albtrecht Dürer

 

>  A consulter également : http://www.schola-sainte-cecile.com/2007/06/03/catechisme...


vendredi, 01 juin 2012

Considérations sur le temps - Ratzinger

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Extrait de la Foi chrétienne, hier et aujourd'hui, 2005, Joseph Ratzinger

 

La pensée actuelle est tributaire de cette idée que l'éternité est pour ainsi dire enfermée dans son immutabilité. Dieu apparaît comme le prisonnier de son dessein formé "avant tous les temps". Etre et devenir ne se mélangent pas. L'éternité est ainsi comprise de façon purement négative comme l'absence de temps ; elle est ce qui est autre par rapport au temps, et qui ne saurait exercer aucune influence dans le temps, ne serait-ce que parce qu'elle cesserait alors d'être immuable et deviendrait elle-même temporelle...

Or l'éternité n'est pas ce qu'il y a de plus ancien, ce qui était avant le temps, mais ce qui est tout autre ; elle est pour chaque moment du temps qui passe l'aujourd'hui, elle est pour lui présent ; elle n'est pas enfermée entre un avant et un après, elle est au contraire puissance du présent en tous les temps. L'éternité n'est pas à côté du temps, sans rapport avec lui, elle est la force créatrice qui porte tous les temps, qui englobe le temps qui passe en son unique présent et lui permet d'être. Elle n'est pas absence de temps mais domination du temps. Et parce qu'elle est l'aujourd'hui contemporaine à tous les temps, elle peut aussi agir dans le temps, à chaque instant.

 

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Joseph Ratzinger, le Pape Benoît XVI (né en 1927)