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jeudi, 31 mai 2012

Considérations sur le temps - Maurice Blondel

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Crédits photographiques Karim Hobeika

 

 

Extrait de L'action, 1893, Maurice Blondel

 

C'est pour avoir prétendu se contenter de la durée et se borner à la nature, que l'homme meurt ; non qu'il ne puisse emplir et dépasser l'espace ou le temps : mais il a tant agrandi ce domaine des sens et de la science qu'il pourrait presque feindre de s'y mouvoir à l'aise et d'y trouver une demeure définitive s'il ne lui fallait, bon gré mal gré, toujours en sortir par l'inévitable avertissement de la conscience, par le scandale de la souffrance et de la mort. Si mourir au temps lui apprend ce qu'est vivre, c'est parce que cette vie qui ne passe pas dans le temps, est exposée à la seconde mort, à celle qui subsiste à jamais. Faire, ce n'a été l'oeuvre que d'un instant ; avoir fait et vouloir, c'est pour toujours. Ce qui est fait ne peut pas ne pas avoir été fait... sous les apparences qui se succèdent dans notre connaissance, se cache l'action qui en fixe la réalité permanente.

 

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Maurice Blondel (1861-1949)

 

mercredi, 30 mai 2012

Considérations sur le temps - Rainer Maria Rilke

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Extrait des Lettres à un jeune poète, 23 avril 1903, Rainer Maria Rilke

 

Tout n'est que porter à terme, puis mettre au monde. Laisser chaque impression et chaque germe de sentiment parvenir à la maturité au fond de soi, dans l'obscurité, dans l'indicible, l'inconscient, l'inaccessible à l'entendement, et attendre avec une profonde humilité, une profonde patience, l'heure de l'accouchement d'une nouvelle clarté : vivre dans l'art, c'est cela, et c'est cela seul : pour comprendre aussi bien que pour créer.

Là, il n'y a point de mesure temporelle, une année ne compte pas et dix ans ne sont rien, être artiste signifie : ne point calculer ni compter ; mûrir comme l'arbre, qui ne fait pas monter sa sève plus vite qu'elle ne va et se dresse avec confiance au milieu des tempêtes du printemps sans avoir peur que ne vienne aucun été. Il viendra. Mais il ne viendra que pour ceux qui sont patients, qui sont là comme s'ils avaient l'éternité devant eux, dans l'insouciance de son calme et de son immensité. Je l'apprends tous les jours, je l'apprends dans la douleur, à qui j'en ai la gratitude : la patience est tout.

 

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Rainer Maria Rilke (1875-1926)

 

mardi, 29 mai 2012

Considérations sur le temps - saint Augustin, Dali

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La permanence du temps, Salvator Dali

 

Extrait des Confessions, livre XI, saint Augustin

 

Peut-être, dira-t-on avec vérité : il y a trois temps, le présent du passé, le présent du présent et le présent de l'avenir. Car ce triple mode de présence existe dans l'esprit ; je ne le vois pas ailleurs.  Le présent du passé, c'est la mémoire ; le présent du présent, c'est l'attention actuelle ; le présent de l'avenir, c'est mon attente...

Toute ma vie à moi n'est qu'une dissipation ; et votre main m'a rassemblé en mon Seigneur, fils de l'homme, médiateur en votre unité et nous, multitude, multiplicité et division, afin qu'en lui j'appréhende celui qui m'a appréhendé par lui ; et que ralliant mon être dissipé au caprice de mes anciens jours, je demeure à la suite de votre unité, sans souvenance de ce qui n'est plus, sans aspiration inquiète vers ce qui doit venir et passer, mais recueilli "dans l'immutabilité toujours présente," et ravi par un attrait sans distraction à la poursuite de cette palme que votre voix me promet dans la gloire où j'entendrai l'hymne de vos louanges, où je contemplerai votre joie sans avenir et sans passé. 

 

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Saint Augustin (354-450)

 

samedi, 26 mai 2012

La Pentecôte - El Greco, Giotto

JPEG - 33.4 ko La Pentecôte, El Greco

 

Actes des Apôtres, II

 

Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient.

Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.

Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome.

Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : "Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Egype et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu !"

 

JPEG - 46.6 ko La Pentecôte, Giotto
 

 

>   A consulter également : http://rouen.catholique.fr/spip.php?article201 

 

vendredi, 25 mai 2012

La chambre 11 - Maupassant

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Téléfilm : La chambre 11 (2007, durée 52min)

Réalisateur : Jacques Santamaria

D'après Maupassant

Mademoiselle Clarisse / Madame Marguerite Amandon (Clotilde Courau), Verengelles (Vincent Martinez, Le Colonel Bouchalois (Laurent Gerra), Charles Amandon (Jean-Luc Porraz), Trouveau (Yves Pignot), La mère Trouveau (Marilyne Even)

 

¤   ¤   ¤

 

Une femme : Il nous faut des baisers et des bras puissants pour nous enlacer. Sans cela, nous sommes de pauvres choses. Nous attendons... de disparaître.

 

mercredi, 23 mai 2012

Le Rouge et le noir - Stendhal

En attendant de revoir la version  de Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe et Danille Darrieux de 1954...

 

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Téléfilm : Le Rouge et le noir (1997, durée 1h35 & 1h50)

Réalisateur : Jean-Daniel Verhaeghe

D'après Stendhal.

Julien Sorel (Kim Rossi Stuart), Louise de Rênal (Carole Bouquet), monsieur de Rênal (Bernard Verley), Mathilde de La Môle (Judith Godrèche),  le marquis de La Môle (Claude Rich), Elisa (Camille Verhaeghe), l'abbé Pirard (Rüdiger Vogler), l'abbé Chelan (Maurice Garrel), le comte Altamira (Francesco Acquaroli), madame de Fervaques (Claudine Auger)

 

¤   ¤   ¤   première partie   ¤   ¤   ¤

 

Julien  Sorel : Cette nuit ouvrez-moi votre porte, il faut que je vous parle.

Louise de Rênal : Mais vous êtes fou. 

 

¤   ¤   ¤

 

Louise de Rênal : Vous vouliez me parler ?

Julien Sorel : Je ... je ... je vous aime... je vous aime... je vous aime avec passion... Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus quoi faire. Il faut que vous m'aidiez. Oh aidez-moi.

Louise de Rênal : Je vous en supplie. Il ne faut pas. Tu es si jeune.

 

¤   ¤   ¤

 

Louise de Rênal : Si mon mari a entendu quelque chose, je suis perdue. Et si je suis perdue, je m'en fiche.

Julien Sorel : Et s'il te tue, tu t'en fiches aussi ?

Louise de Rênal : Non, pas ce matin. Ce matin, pour la première fois, je regretterai la vie. 

Julien Sorel : Je me sens le maître du monde.

Louise de Rênal : Tu m'aimes encore depuis hier ?

Julien Sorel : Oh oui, je t'aime. Mais au fait, je vais devenir prêtre.

Louise de Rênal : Mais tu seras pape, cardinal, ministre, comme Richelieu. Ce portrait, tu vas finir par me le dire... ?

Julien Sorel : Non, je ne peux pas te le dire.

Louise de Rênal : Si tu ne me le dis pas je crie, j'ameute la maison, je me déshonore !

Julien Sorel : Bonaparte, c'est Bonaparte, Bonaparte, Napoléon Bonaparte.

Louise de Rênal : Bonaparte ? J'étais si malheureuse à cause de Bonaparte ? Mais il est mort Bonaparte. Mon petit bonapartiste... mon amour... mon rebelle. C'est un rival merveilleux Bonaparte.

 

¤   ¤   ¤

 

Amie de Louise de Rênal : Oh, flute !

Louise de Rénal : Trop fort, ton jeu manque de subtilité.

Amie : Le tien aussi.

Louise de Rénal : Oh je t'en prie.

Amie : Tu te ridiculises. Tu vas te perdre Louise. Je suis ton amie et je refuse d'assister à une...

Louise de Rénal : Tu crèves de jalousie. Ca fait quinze ans que tu m'abreuves de récits sucrés, salés, poivrés. Tu changes d'amant à chaque courant d'air. Alors garde tes conseils.

 

¤   ¤   ¤   deuxième partie   ¤   ¤   ¤

 

Le Marquis de La Môle : Il y a une chose que j'aimerais savoir. Au moins y a-t-il eu pour vous, à un moment quelconque, un amour imprévu ?

Julien Sorel : Comment ça, un amour imprévu ?

Le Marquis de La Môle : Vous savez que j'ai cent mille écus de rente, que j'aime ma fille plus que tout. Tout ça vous le saviez ! J'ai du mal à croire que Mathilde, la première, a pris l'initiative, mais admettons. Pourquoi n'avez-vous pas fui ? C'était votre devoir.

Julien Sorel : Je vous l'ai demandé, je vous ai demandé de m'envoyer plutôt à Londres ! Vous vous en souvenez ?

Le Marquis de La Môle : Vos sentiments, il n'y a jamais eu de vulgarité ? De vulgarité matérielle dans vos sentiments ?

Julien Sorel : Je ne suis pas intéressé par l'argent.

Le Marquis de La Môle : Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu veux ?

Julien Sorel : J'aime la vie, je veux vivre pour mon fils maintenant ! Vous ne pouvez pas me priver de cet amour, de mon enfant, et de Mathilde. Et je sais que vous ne pouvez pas vivre sans elle. Et elle ne peut pas vivre sans moi. 

 

¤   ¤   ¤

 

Un militaire : Ce qui les énerve, c'est que vous soyez lieutenant sans jamais avoir été sous-lieutenant.

Julien Sorel : C'est compréhensible. Et ils n'ont encore rien vu. Avant mes trente ans, je serai général, c'est moi qui te le dis.  

 

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Mathilde de La Môle : Pourquoi m'as-tu écrit cette lettre affreuse ? m'ordonner de ne pas te répondre, m'interdire de parler de toi à notre enfant ? Je sors de chez le directeur. J'ai juré que j'étais ta femme, que nous étions mariés secrètement. J'ai tout obtenu : un droit de visite tous les jours, j'habite à deux rues, je me suis installée à Besançon.

Julien Sorel : Mathilde... Je t'en prie, ne me fais pas répéter. Ne me fais pas répéter ce que je t'ai dit dans ma lettre.

Mathilde de Le Môle : Pour les repas, ils te seront livrés deux fois par jour par quelqu'un de chez moi. La cour, celle où il y a les arbres, dorénavant tu peux t'y promener quand tu veux.

Julien Sorel : Je ne veux pas que tu t'occupes de moi, Mathilde... Tu m'oublieras, dans un an tu épouseras Philippe de Croisenois, tu seras heureuse, tu seras heureuse comme tout le monde. Même si aujourd'hui ça te parait impossible. Tu dois vivre, tu dois quitter le seixième siècle, Mathilde.

Mathilde de Le Môle : Pour l'avocat, j'ai le meilleur, maître Massonnet. Il a sauvé des dizaines d'assassins. Alors que toi, tu ne l'as pas tuée. Tu ne vas pas mourir pour quelqu'un que tu n'as pas tué.

Julien Sorel : Qu'est-ce que tu as dit ? Je ne l'ai pas tuée, c'est ce que tu as dit ? Tu en es certaine ?

Mathilde de Le Môle : Nous allons nous battre. Je te sauverai, Julien. Tu n'as rien fait qui vaille un tel châtiment.

Julien Sorel : Elle est vivante. Mais alors, alors je l'ai blessée, elle doit souffrir, je l'ai blessée. Mais où je l'ai blessée ? Comment va-t-elle ? Tu le sais ? Tu peux te renseigner ? Je veux savoir.

Mathilde de Le Môle : Oui, je peux me renseigner.

Julien Sorel : Elle est vivante. Mais alors, peut-être, va-t-elle me pardonner, peut-être.

Mathilde de Le Môle : Et dans ce cas au procès son pardon sera considéré comme...

Julien Sorel : Procès... C'est vrai, le procès....

Mathilde de Le Môle : Julien, pourquoi as-tu tiré sur cette femme ? Pourquoi ?

Julien Sorel : Il faudra que je me défende, l'éloquence des uns et les injures des autres, les journaux, toute cette vulgarité. Je préfère mourir tranquille.

Mathilde de Le Môle : Si tu meurs, je mourrai. 

 

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Louise de Rênal : Comme vous voyez, monsieur le Juge, je vais très bien. A peine deux mois se sont écoulés et je suis venue en voiture de Verrières à Besançon.

Le juge : Vous souhaitez donc assister au procès.

Louise de Rênal : Oh non, ma présence pourrait faire du tort à monsieur Sorel. On pourrait penser que je suis là pour demander vengeance. Alors que je souhaite plus que tout au monde qu'il soit sauvé.

Le juge : Mais il vous a tiré dessus.

Louise de Rênal : Mais c'était un moment de folie. Tout le monde vous dira à Verrières qu'il avait des lubies, des moments d'égarement. Il passait de l'enthousiasme à la mélancolie comme ça, sans préavis. Mon fils, qui l'adore, pourrait vous le confirmer. Il a des ennemis, qui n'en a pas. Mais personne n'a jamais mis en doute le talent, l'intelligence, la culture profonde de ce jeune homme. Ce n'est pas un être ordinaire que vous allez juger, monsieur. Il connaît la sainte Bible par cœur. C'est un homme pieux, pur.

Le juge : Vous avez écrit le contraire à monsieur de La Môle.

Louise de Rênal : Je le regrette tellement. J'ai été influencée, j'ai été trompée. J'ai perdu la tête. Je comprends que cette lettre l'ait rendu fou.

Le juge : Vous admettez donc que c'est votre lettre qui l'a poussé à ce geste effroyable. D'ailleurs il vous a tiré dessus une deuxième fois, il y a eu préméditation.

Louise de Rênal : Mais ce n'est pas vrai. Je l'ai vu, il ne savait pas ce qu'il faisait. J'ai reconnu son regard, ce regard un peu vague qu'il avait avant ses crises de délire. Je l'ai vu ! Monsieur le Juge, si par ma faute un innocent est conduit à la mort, ma vie entière en sera empoisonnée. Il n'y a pas eu préméditation.

 

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Julien Sorel : Je voudrais vous demander quelque chose. Avez-vous peur de la mort ?

L'abbé Chelan : La mort est une aventure individuelle. J'ai eu de la chance, je vis la mienne en compagnie de Dieu. Tu lui as tourné le dos mais il te sera beaucoup pardonné, puisque tu as beaucoup aimé.

Julien Sorel : J'aimerais tant que tout... tout se passe bien, simplement. J'espère ne pas avoir honte de moi avant de mourir.

L'abbé Chelan : Si tu sens ton courage fléchir, pense aux plus beaux moments, aux plus belles lumières. Dieu, lui, ne te tournera pas le dos. Tu n'es pas un monstre, mon enfant, moi je le sais.

 

mardi, 22 mai 2012

Le Cinéma frappe à ma porte

C'est peut-être à force de prêter mes yeux et mes oreilles au cinéma,

Intensément et depuis de nombreux mois,

Non seulement mes yeux et mes oreilles, mais mes mains de surcroît,

Espérant, en vous offrant ici lecture de remarquables dialogues, engendrer en vous quelque émoi,

Mais le voici - le Cinéma en personne - qui frappe littéralement à ma porte,

cet instant précis, oui, en ce moment même, il projette ses lumières au coin de ma fenêtre.

Voyez donc, ce que je raconte est dans le tracte et les images qu'avec zèle je vous rapporte.

Ou si vous ne me croyez pas, vous avez le choix entre venir voir de vous-mêmes ou aller paître.

 

 

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Pour agrandir le tracte tournage film Grand Ecart David Moreau.pdf

 

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Canon à pluie

 

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Le jour la nuit

 

 

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Le camion-cantine qui fait monter des odeurs de cuisine à ma fenêtre.

 

 

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Nous souhaitons un franc succès à David Moreau et ses équipes.