Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 20 mai 2012

Un amour de Swann - Proust, Irons, Delon, Muti, Ardant

 

Ce qu'il y a de gentil avec vous, c'est que vous n'êtes pas gaie.

 Comment veux-tu que je t'aime si tu es une eau informe qui coule selon la pente
qu'on lui offre, un poisson sans mémoire ni volonté.

 

swann 1.jpg

 

Film : Un amour de Swann (1984, durée 1h50)

Réalisateur : Volker Schlöndorf

D'après Proust.

Charles Swann (Jeremy Irons), Odette de Crécy (Ornella Muti), le baron de Charlus (Alain Delon), la duchesse de Guermantes (Fanny Ardant), le duc de Guermantes (Jacques Boudet), madame Verdurin (Marie-Christine Barrault), monsieur Verdurin (Jean-Louis Richard), madame de Cambremier (Charlotte de Turckheim), Forcheville (Geoffroy Tory), Chloé (Anne Bennent).

 

¤   ¤   ¤

 

Voix off de Charles Swann :

L'air est chaud et frais, plein d'ombres et de songes. Mon amour pour Odette va bien au-delà des régions du désir physique. Il est si étroitement mêlé à mes actes, à mes pensées, à mon sommeil, à ma vie, que sans lui je n'existerais plus.

Cela ne vous gêne pas que je remette droites les orchydées de votre corsage ?

Comme ça, en les enfonçant un peu moi-même.

Et si je les respirais ? Je n'en ai jamais senties.

Chaque matin au réveil, je sens à la même place la même douleur. Je sacrifie mes travaux, mes plaisirs, mes amis, finalement toute ma vie, à l'attente quotidienne d'un rendez-vous avec Odette.

Cette maladie qu'est mon amour en est arrivée à un tel degré qu'on ne pourrait me l'arracher sans me détruire tout entier. Comme on dit en chirurgie, il n'est plus opérable.

Lorsqu'un soir au théâtre le baron de Charlus me présenta Odette, elle m'était apparue, non pas sans beauté, mais d'un genre de beauté qui me laissa indifférent, me causa même une sorte de répulsion physique.

 

swann 3.jpg

 

Charles Swann : Mémé, vous ne pourriez pas aller la voir et lui dire en passant que j'irai à Bagatelle cet après-midi disons à partir de cinq heures. Où allez-vous ?

Le baron de Chalus : Mais porter votre message.

Charles Swann : Surtout, surtout ne lui dites pas que je la demande. Enfin, si elle veut venir avec vous, ne l'empêchez pas de le faire. Dites-moi Mémé.

Le baron de Charlus : Oui ?

Charles Swann : Vous avez couché avec Odette ?

Le baron de Charlus : Pas que je sache.

 

swann 4.jpg

 

La duchesse de Guermantes : Comme c'est ennuyeux de ne plus vous voir. Avouez que la vie est une chose affreuse.

Charles Swann : Oh oui, affreuse.

La duchesse de Guermantes : Il y a des jours où l'on aimerait mieux mourir. Il est vrai que mourir, c'est peut-être tout aussi ennuyeux puisqu'on ne sait pas ce que c'est.

Charles Swann : Ce qu'il y a de gentil avec vous, c'est que vous n'êtes pas gaie.

 

swann 5.jpg

 

Charles Swann : Odette, mon chéri, je sais bien que je suis odieux, mais il faut que je te demande des choses. Tu te souviens de l'idée que j'avais eue à propos de toi et de madame Verdurin. Dis-moi si c'était vrai. Avec elle ou avec une autre.

Odette : Qui est-ce qui a pu te mettre une idée pareille dans la tête ? Je ne comprends rien. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Charles Swann : Est-ce que tu as déjà fait des choses avec des femmes ?

Odette : Avec des femmes, non.

Charles Swann : Tu en es sure ?

Odette : Tu le sais bien.

Charles Swann : Non, ne me dis pas tu le sais bien ! Dis-moi "je n'ai jamais fait ce genre de chose avec aucune femme". A mon âge on a besoin de connaître la vérité.

Odette : Je n'ai jamais fait ce genre de chose avec aucune femme.

Charles Swann : Tu peux me le jurer sur ta médaille de notre Dame de Laghet ?

Odette : Mais tu auras bientôt fini ! Qu'est-ce que tu as aujourd'hui ? Tu as décidé qu'il fallait que je te déteste.

Charles Swann : Tu as tort de te figurer que je t'en voudrais. Je ne t'en voudrais pas du tout. J'en sais toujours beaucoup plus que je ne dis. Si je suis en colère contre toi, ce n'est pas à cause de ce que tu fais, je te pardonne tout, puisque je t'aime. C'est à cause de ta fausseté. Ta fausseté absurde ! Pourquoi nier des choses que je sais ! Si tu veux ce sera fini dans une seconde. Tu seras délivrée pour toujours. Alors dis-moi, sur ta médaille si, oui ou non, tu l'as fait !

Odette : Mais je n'en sais rien. Peut-être il y a très longtemps. Sans me rendre compte de ce que je faisais. Peut-être deux ou trois fois !

Charles Swann : C'est fini. C'est fini... Dis-moi, c'était avec quelqu'un que je connais ?

Odette : Mai non, bien sûr. Je te le jure. D'ailleurs, je crois que j'ai un peu exagéré. Je n'ai jamais été jusque là.

Charles Swann : Ca ne fait rien. Mais c'est malheureux que tu ne puisses pas au moins me dire le nom. Si je pouvais me représenter la personne, je suis sûr que je n'y penserais plus. Et je ne t'ennuierais plus. Ce qui est affreux, c'est ce qu'on ne peut pas imaginer. Tu as déjà été si gentille. Je ne veux pas te fatiguer. Je te remercie, de tout mon cœur, c'est fini, c'est fini... Un mot seulement : il y a combien de temps ?

Odette : Charles, tu ne vois pas que tu me tues. Tout ça c'est de l'histoire ancienne. Je n'y avais jamais repensé. On dirait que tu veux absolument me redonner ces idées-là. Tu seras bien avancé.

Charles Swann : Je voulais seulement savoir si c'est depuis que je te connais. Est-ce que ça se passait ici ? Mais dis-moi au moins un soir pour que je puisse me rappeler ce que je faisais ce soir-là ! Et ne me dis pas que tu ne te rappelais pas avec qui, parce que ça ça n'est pas possible !

Odette : Mais je ne sais pas moi ! Je crois que c'était au bois. Le soir où tu es venu nous retrouver dans l'île. Tu te rappelles ? Il y avait une femme à la table voisine. Je ne l'avais pas vue depuis très longtemps. Elle me dit : "Venez donc derrière le petit rocher voir l'effet du clair de lune sur l'eau." D'abord j'ai baillé, j'ai répondu : "Non, je suis fatiguée, je suis très bien ici." Elle a insisté : "Vous avez tort, vous n'avez jamais vu un clair de lune pareil." Je lui ai répondu : "Cette blague !" Je savais très bien où elle voulait en venir. Charles, tu es un misérable. Tu te plais à me torturer, n'est-ce pas ? Tu me fais dire des tas de mensonges et je les dis pour que tu me laisses tranquille.

Charles Swann : Jamais je n'aurais pensé que c'était aussi récent. Pardonne-moi. Je sens que je te fais de la peine. C'est fini, je n'y pense plus. Alors, ce catleya...

Odette : Pas maintenant, il faut que je m'habille.

 

swann 8.jpg

 

Charles Swann : Et si je te demandais de ne pas y aller ?

Odette : Et pourquoi ?

Charles Swann : Oh ça n'est pas à cause d'Une nuit de Cléopâtre, non, ça ne compte pas. Si je te demande de ne pas sortir ce soir, c'est pour voir si tu m'aimes assez pour renoncer à un plaisir. Je dois savoir qui tu es. Comment veux-tu que je t'aime si tu es une eau informe qui coule selon la pente qu'on lui offre, un poisson sans mémoire ni volonté.

Odette : Toi et tes laïus vous allez finir par me faire rater l'ouverture.

Charles Swann : Je te jure que je ne pense qu'à toi en te demandant cela. Je serais même bien embarrassé si tu restais avec moi car j'ai mille choses à faire ce soir.

Odette : Eh bien fais-les, ce n'est pas moi qui t'en empêcherais.

Charles Swann : Vraiment, tu es bien moins intelligente que je ne le croyais... D'ailleurs j'ai réfléchi, je viens avec toi. Ah oui, ça me fera du bien de voir et d'entendre jusqu'où les gens s'abaissent.

Odette : Mais tu n'es même pas en tenue de soirée. Tu veux seulement afficher notre liaison. Tu me traites comme une fille. Donne-moi ma cape.

 

¤   ¤   ¤

 

Charles Swann : Elle vous ressemble, vous ne trouvez pas ? La saillie des pommettes, la cadence de la nuque, la flexion des paupières. L'air mélancolique.

Odette : Qui est-ce ?

Charles Swann : Zephora, la fille de Jéthro, par Boticelli. Il l'a peinte à la Détrempe au XVème siècle sur des murailles de la Chapelle Sixtine.

Odette : Mais je ne suis pas une pièce de musée, moi.

 

¤   ¤   ¤

 

Odette à Charles Swann : Vous êtes un être si à part. J'aimerais connaître ce que vous aimez. Deviner un peu ce qu'il y a sous ce grand front qui travaille tant.

 

¤   ¤   ¤

 

Charles Swann : J'imagine que vous devez être très prise.

Odette : Moi ? Je n'ai jamais rien à faire. Je suis toujours libre. Et je le serai toujours pour vous. A toute heure du jour ou de la nuit, appelez-moi et je serais trop heureuse d'accourir. Vous le ferez, vous m'appellerez souvent ?

Charles Swann : Je vous demande pardon, mais les amitiés nouvelles m'effrayent un peu.

Odette : Vous avez peur d'une affection ? Comme c'est étrange. Je ne cherche que ça. Je donnerais ma vie pour en trouver une.

 

swann 7.jpg

 

Charles Swann à Odette : Tu as mis du sérieux dans ma vie. Et de la délicatesse dans mon cœur. Grâce à toi je vois le monde entier baigné dans une lumière mystérieuse. Si tu savais la sécheresse de ma vie avant toi.

 

¤   ¤   ¤

 

Au dernier moment, Odette décide de rentrer en calèche avec les Verdurin et Forcheville, et non pas avec Charles Swann.

Le cocher : Qu'est-ce qui se passe monsieur, il vous est arrivé un malheur ?

Charles Swann : Non, Rémi. Je vais marcher un peu, suivez-moi.

Charles Swann à lui-même : Vulgaire ! Pauvre petite ! Aaaah ! Surtout tellement bête !! Cette maquerelle ! L'entremetteuse ! La mère Verdurin. Ah c'est vraiment le plus bas dans l'échelle humaine. Ca croit aimer l'art. Quelle idiote. Cette plaisanterie fétide. Moi qui ai voulu tirer Odette de là. Ah c'est vraiment les bas-fonds de la société, le dernier cercle de Dante ! Ah et moi, pourquoi je me soumets à cette humiliation ? Au début je la trouvais laide ! Il a fallu que je décide de l'aimer ! Que je décide qu'elle me rappelait un Botticelli. Et maintenant je décide de ne plus l'aimer, je ne peux pas ! Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas. Ce soir, ce soir, j'ai compris, que son amour pour moi, que j'ai d'abord refusé, que ce sentiment qu'elle a eu, pour moi, ne renaîtra plus jamais. Et sans elle je n'existerais plus. Je sens que c'est une maladie, dont je peux mourir. En même temps j'ai peur de guérir ! Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux qu'Odette meurt, sans souffrance, dans un accident. Ce serait fini.

 

swann charlus delon.jpg

 

Le jeune homme : Je croyais que vous vouliez vraiment regarder ce clair de lune avec moi.

Le baron de Charlus : Monsieur ! La plus grande des sottises est de trouver ridicules les sentiments que l'on n'éprouve pas ! J'aime la nuit et vous la redoutez. Adieu ! Ma sympathie pour vous est bien morte. Rien ne peut la résusciter.

Le jeune homme : Monsieur, je vous jure que je n'ai rien dit pour vous offenser.

Le baron de Charlus : Et qui vous dit que je suis offensé ! Vous ne savez donc pas quel prodigieux personnage je suis ! [...] Adieu monsieur, nous allons nous quitter pour toujours. Il n'est pas indigne de moi de confesser que je le regrette. Je me sens comme le booz de Victor Hugo. Je suis seul, je suis veuf, et sur moi le soir tombe.

 

Le baron se repoudre le nez. 

swann charlus delon 2.jpg

  

Charles Swann :  Il  est grand temps que je me mette à travailler, s'il n'est pas trop tard déjà. Quand je me suis réveillé ce matin, j'étais tout à coup délivré d'Odette. Maintenant, même son image s'éloigne de moi, son teint pâle, ses pommettes saillantes. Elle m'a peut-être aimé plus que je n'ai cru.

Le baron de Charlus : Elle vous a aussi trompé davantage.

Charles Swann : Elle va partir pour l'Egypte avec Forcheville et les Verdurin.

Le baron de Charlus : C'est vous qui payez le voyage ?

Charles Swann : Oui. Dire que j'ai gâché des années de ma vie. Puis j'ai voulu mourir. J'ai eu mon plus grand amour pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre.

Le baron de Charlus : Quand l'épouserez-vous ?

 

swann 2.jpg 

La duchesse de Guermantes : Ah Charles, comme c'est bien de venir saluer sa vieille amie. D'ailleurs en vous Charles, tout est comme il faut, ce que vous portez, ce que vous dites, ce que vous lisez et ce que vous faites.

 

swann 6.jpg

jeudi, 17 mai 2012

L'Ascension du Christ - Grünewald, Giotto, Rembrandt

http://www.spiritualite-chretienne.com/christ/tableaux/66.jpgLa Résurrection, Mathias Grünewald

 

Il vous est avantageux que je m'en aille car si je ne m'en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m'en vais, je vous l'enverrai. (Jean 16,7)

J'enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; mais vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance d'en haut. (Luc 24-49)

 

http://www.spiritualite-chretienne.com/christ/tableaux/71.jpgL'Ascension, Giotto

 

Les apôtres virent le Christ s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s'en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. » (Actes des Apôtres 1, 1-11)

 

[Rembrandt - The Ascension of Christ] L'Ascension, Rembrandt


 

mercredi, 16 mai 2012

Marie douce lumière

marie-4bc409.jpg

 

Marie douce lumière
Porte du ciel temple de l'Esprit,
Guide-nous vers Jésus et vers le Père,
Mère des pauvres et des tout petits.

 

Bénie sois-tu Marie, ton visage rayonne de l'Esprit
Sa lumière repose sur toi
Tu restes ferme dans la foi.

Bénie sois-tu Marie, en ton sein, tu portes Jésus-Christ
Le créateur de tout l'univers
Le Dieu du ciel et de la terre.

Bénie sois-tu Marie, la grâce de Dieu t'a envahie
En toi le Christ est déjà Sauveur
De tout péché il est vainqueur.

Bénie sois-tu Marie dans tes mains qui sans cesse supplient
Tu portes la douleur du péché
Le corps de Jésus déchiré.

Bénie sois-tu, Marie, toi l'inône de l'église qui prie,
Pour l'éternité avec tous les saints,
Les anges te chantent sans fin.

 

07:59 Publié dans Foi | Lien permanent | Commentaires (0)

mardi, 15 mai 2012

Firefox - Clint Eastwood

 firefox.jpg

 

Film : Firefox (1982, durée 2h16)

Réalisateur : Clint Eastwood

Mitchell Gant le pilote américain (Clint Eastwood), Pavel Upenskoy son complice russe (Warren Clarke), le Premier Secrétaire soviétique (Stefan Schnabel)

 

¤   ¤   ¤

 

Premier contrôle dans la station de métro.

 

Officier soviétique: Vos passeports, monsieur... Monsieur Lewis, américain ?

Gant : Oui.

Officier : On dirait un autre homme sur cette photo. La chevelure... est plus foncée.

Gant : A cette époque, j'étais plus gros aussi.

Officier : S--- est une belle ville à ce qu'on dit.

Gant : Oui, surtout au printemps.

Officier : Vous n'avez pas l'air en bonne santé, vous êtes malade ?

Gant : En ce moment, j'ai des problèmes d'estomac. La nourriture...

Officier : La nourriture est mauvaise à l'hôtel ?

Gant : Ce n'est pas ça, elle est trop riche pour moi.

Officier : Ah. Merci, monsieur Lewis.

Gant : Merci.

  

¤   ¤   ¤

 

Deuxième contrôle aux latrines.

 

Officier soviétique : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù !

Gant : C'est occupé.

Officier : Vous êtes étranger ? Sécurité Nationale. Vos papiers, s'il vous plaît.

Gant : Euh, attendez une minute.

Officier : Bien, mais faites vite.

 

Gant sort.

 

Officier : Vos papiers, s'il vous plaît... Vous êtes malade ou vous avez PEUR ?

Gant : J'ai une espèce de dérangement d'estomac, c'est pas grave.

Officier : Vos papiers, ils sont pas en règle.

Gant : Ils sont en règle ! Regardez-bien.

Officier : Non-non. Non, j'ai regardé.

 

L'officier semble sortir un pistolet de sa poche, en fait non. Gant le frappe quand même, presque à mort, puis attrape le bâton en bois du dévidoir de l'essuie-main et l'utilise pour étrangler l'officier. Arrive Upenskov.

 

Upenskoy :  Tu n'es qu'un pauvre imbécile ! Tu l'as tué, il est mort.

Gant : Il a sorti son pistolet, il était au courant !

 

L'officier a effectivement sorti un pistolet au cours de la bagarre, il se trouve au sol.

 

Upenskoy :  C'est un KGB. Tu sais ce que ça signifie ? Tu sais, oui ou non !? Prends l'escalier. Monte vite jusqu'à la sortie. Si on t'arrête de nouveau, obéis ! Montre-leur tes papiers, tu es malade, joue-leur la comédie comme tout à l'heure.

Gant : Il a dit que mes papiers n'étaient pas en règle !

Upenskoy :  Tu es stupide ! Ils SONT en règle ! J'ai AUSSI été arrêté par le KGB et mes papiers AUSSI étaient en REGLE ! Sors d'ici en vitesse ! Dès qu'ils découvriront le corps, toute la station sera bouclée. Tire-toi !

 

Upenskoy cache le cadavre.

 

¤   ¤   ¤

 

Troisième contrôle qui se déroule près de la sortie concomitamment avec la découverte du cadavre.

 

Officier soviétique : *ù%§¤£µé"'_çè('-($$£^^$**§§ù !

Gant : Je vous demande pardon, je suis étranger, je ne sais pas me diriger.

Autre officier soviétique : Vous êtes américain ?

Gant : Oui.

Officier : Vous devez rester dans la queue.

Gant : Mais je ne s...

Officier : Vos papiers, je vous prie ! ... Vous devez faire la queue, monsieur Lewis. Ce n'est pas bien d'être antisocial dans votre comportement.

Gant : Veuillez m'excuser.

Officier : Attendez. Qu'est-ce que nous avons là, on ne va pas vous retarder sans nécessité. Vous êtes à l'hôtel Varsovie.

Gant : Oui.

Officier : J'ai envie de les appeler pour voir si quelqu'un là-bas vous connaît... Non, je vous ferai confiance, vos papiers sont tout à fait en règle. Excusez-nous de ce dérangement. Nous sommes à la recherche d'une bande de criminels, en quelque sorte. Vous êtes libre en tant que touriste de circuler la nuit dans notre capitale. 

Gant : Merci.

firefox eastwood 3.jpgfirefox eastwood 2.jpgfirefox eastwood 4.jpgfirefox eastwood 0.jpg

Le Premier Secrétaire : Ici le Premier Secrétaire. Je m'adresse à cet individu qui a eu l'audace de dérober un bien appartenant à l'U.R.S.S. Est-ce que vous m'entendez ?

Gant à son camp : Nous avons droit à des égards princiers.

Gant au Premier Secrétaire : Oui, allez-y, parlez.

Le Premier Secrétaire : Etes-vous content de votre escapade aérienne ? Notre joujou vous plaît ?

Gant : On peut l'améliorer.

Le Premier Secrétaire : Ah, vous êtes expert en la matière, monsieur Gant.

Gant : C'est ce qu'on dit. Alors je vais avoir les pires ennuis, pas vrai ?

Le Premier Secrétaire : Je vous les dirai plus tard si vous le désirez. Mais d'abord je vous demanderai de destituer ce qui ne vous appartient pas, Colonel.

Gant : Et vous pardonnerez ce petit larcin ?

Le Premier Secrétaire : Si je vous disais oui, vous n'en croiriez pas un mot, monsieur Gant, n'est-ce pas ? Bien sûr que non. Sachez pourtant que vous resterez en vie si vous rentrez sans plus tarder. Selon nos ordinateurs, il vous suffit d'un temps de vol de quatre minutes et demie pour être de retour sur la piste d'envol de Biliarsk.

Gant : Quelle est l'alternative ?

Le Premier Secrétaire : Nous ferons tout pour vous empêcher de livrer le MIG 31 aux services de renseignements de votre pays. Cela est hors de question.

Gant : C'est naturel. Toutes mes excuses, cher monsieur, je dois dire non.

Le Premier Secrétaire : Il va sans dire que vous êtes déjà perdu, quelle que soit votre destination. Adieu, monsieur Gant.

Gant à son camp : Ca y est, le bluff a bien pris. Direction nord vers l'Oural.

 

lundi, 14 mai 2012

Le concert - Tchaikovsky

le concert 6.jpg

 

Film : Le concert (2009, durée 1h59)

Réalisateur : Radu Mihaileanu

Côté russe : Andreï Filipov le chef d'orchestre devenu homme de ménage (Aleksey Guskov), Sasha le violoncelliste devenu ambulancer (Dmitri Nazarov), Ivan Gavrilov l'organisateur (Valeriy Barinov)

Côté français : Anne-Marie Jacquet la violoniste (Mélanie Laurent), Guylène de la Rivière l'agent de la violoniste (Miou-Miou), Olivier Duplessis le directeur du Châtelet (François Berléand), Jean-Paul Carrère employé du Châtelet (Lionel Abelanski) 

 

¤   ¤   ¤

 

Sacha : On ne sort jamais indemne deux fois d'une dictature communiste. Vas-y molo.

Andreï Filipov : Sacha, je te considère comme un excellent violoncelliste. Alors, est-ce que tu veux rejouer, ou conduire une ambulance toute ta vie ? Ivan Gavrilov nous doit un concert, on finira ce concert.

 

¤   ¤   ¤

 

Ivan Gavrilov : Et pourquoi moi ?

Andreï Filipov : Ah-ah tu le sais ! Tu connais parfaitement l'art de la négociation, tu as l'expérience, tu as toujours été le meilleur et c'est grâce à toi si les concerts du fameux Bolchoï ont fait date.

Ivan Gavrilov : Paris... J'organiserai ce concert, c'est d'accord.

Sacha : Répète un peu. Où est l'arnaque ?

Andreï Filipov : Allez, on t'écoute, vas-y dis la vérité. Ca va nous coûter combien ?

Ivan Gavrilov : Rien du tout.

Sacha : Il va nous baiser.

Andreï Filipov : Rien du tout, Ivan ?

Ivan Gavrilov : Pas un sou.

Andreï Filipov : Ah, c'est gentil. Si tu veux avoir une carte de vétéran de guerre, je te l'offrirai, en plus tu peux obtenir la gratuité dans le métro, dans les autobus et dans le chemin de fer.

Ivan Gavrilov : J'men fiche, je l'ai déjà. Je vous l'ai dit : je suis d'accord. Ce qui est dit est dit. Vous avez ma parole.

 

Andréï Filipov et Sacha sortent. (On apprendra plus tard au cours du film qu'Ivan Gavrilov avait d'autres motivations pour se rendre à Paris...).

 

Sacha : Tu as vu son regard ? Il a même souri ! Ce mec est un vicelard ! Tu devrais pas lui faire confiance ! Andréï, apporte le fax s'il te plaît.

Andréï Filipov : Je n'ai vu que du désir dans son regard. Il le veut ce concert.

 

¤   ¤   ¤

 

Jean-Paul Carrère : Monsieur Duplessis, je vous en supplie, remboursez-moi. Ma carte de crédit est bloquée, je dois déposer un chèque à ma banque cet après-midi avant 16 heures.

Olivier Duplessis : Calmez-vous Carrère, chaque chose en son temps.

Jean-Paul Carrère : Mais il est temps ! J'les ai sauvés hier ! Ils ont investi un restaurant russe hier, par le Trou Normand ! Et j'ai dû payer toute la note alors qu'ils avaient leur défrayement ! A 6 heures du matin, 1536 euros rien qu'en alcool, ils ont rien mangé ! J'ai fait un chèque en bois !

Olivier Duplessis : Si vous les avez sauvés comme vous le dites, où sont-ils ? Vous entendez de la musique, vous ? Un Tchaikosvy inédit ? Du silence pour violon et orchestre ?

Jean-Paul Carrère : Il y a un malentendu ou peut-être un problème de traduction ?

Olivier Duplessis : C'est un orchestre ou un quatuor ? Où est votre orchestre monsieur Filipov ? Où est-il ?

Ivan Gavrilov : Je suis ravissant de vous rencontrer ! Ne vous perturbez pas, ils seront tous ici très immédiatement. Ils ne sont pas français, monsieur, ni allemands, loin de là. En tant que russes, c'est une affaire de politesse que de parvenir un peu en retard, essayez de comprendre, faire preuve de la courtoisie.

Olivier Duplessis : Ivan Gavrilov ?

Ivan Gavrilov : Oui.

Olivier Duplessis : Vous êtes en retard ! et TOUT votre spasiba Bolchoï aussi !

 

¤   ¤   ¤

 

Andreï Filipov : Ce concert... il... c'est comme, n'est-ce pas, confession, un cri. Dans chaque note de musique, il y a la vie, Anne-Marie. Notes, toutes, recherchent harmonie, recherchent bonheur.

 

le concerto.jpg

 

Anne-Marie Jacquet : Je cherche le regard de mes parents depuis que je suis toute petite. Dans la rue, partout. Quand je joue, ce que j'aimerais atteindre, c'est leur regard, une seconde, rien qu'une seconde.

 

¤   ¤   ¤

 

Andreï Filipov : Bolchoï Théâtre... Pleine salle... Monde beaucoup... Journalistes monde entier, managers, collègues... Concerto... commence... miracle... arrive... rires... sublime... violon magique lever moi et orchestre... vers ciel... beaucoup... haut... nous voler... nous public ensemble voler vers ultime harmonie. Mais concerto arrêté au milieu. Nous sommes pas arrivés à harmonie ultime. Brejnev arrêter concerto au milieu pour humilier nous face à public. Brejnev couper nos ailes. Nous beaucoup tomber. Après tous juifs jetés dehors.

 

le concert.jpg

 

http://www.youtube.com/watch?v=_UEs0aubxoY

 

dimanche, 13 mai 2012

La place était encore chaude... le thé aussi

Paris, le 13 mai 2012

 

Café, tisane, chocolat viennois, encore une fois, à la gentille terrasse ensoleillée tu m'attends, je t'entends, décide de ne plus attendre et précipitamment m'y rends.

Et qui vois-je, à ma table destinée, grand, sa tête encore plus*, avec à son bras une elle tout aussi grande et pourtant tristement vêtue ; je vois que la télévision ne grossit pas, et que reste fort longtemps chaud le thé dans l'affreux et encore fumeux récipient chinois, que le couple avait commandé, à ma table destinée.

Allez hop, débarrassez vite le tout que je pose mon séant, et ouste ! fini les chinoiseries, allez pour une bonne verveine-menthe à présent.

 

bogdqnov recolorisee.JPG

 

Café, tisane, chocolat viennois,

Encore une fois,

A la gentille terrasse ensoleillée tu m'attends,

Je t'entends, décide de ne plus attendre et précipitamment m'y rends.

 

Et qui vois-je, à ma table destinée,

Grand, sa tête encore plus*,

Avec à son bras une elle tout aussi grande et pourtant tristement vêtue ;

Je vois que la télévision ne grossit pas,

Et que reste fort longtemps chaud le thé dans l'affreux et encore fumeux récipient chinois,

Que le couple avait commandé, à ma table destinée.

 

Allez hop, débarrassez vite le tout que je pose mon séant,

Et ouste ! fini les chinoiseries, allez pour une bonne verveine-menthe à présent.

 

Jana Hobeika

 

* mardi 1er mai 2012, rue Jean Bologne, Paris XVI, un des frères Bogdanov et sa compagne

samedi, 12 mai 2012

En flagrant délit de décapitation

Paris, le 12 mai 2012

 

Paris, parfois tu n'es pas bien réconfortante, souvent même ton ciel nous tombe dessus, pas une fois pour toutes, mais bien un peu toute la journée.

Alors lorsque tu mets entre mes mains une baguette encore tout chaude sortie du four, que je me pose dehors, et que je dois attendre, je sens l'odeur de ton pain chaud attraper mes narines, et me réchauffer les doigts, je ne suis pas chef d'orchestre moi, alors ta gentille baguette, je lui coupe la tête, et l'enfourne dans la mienne, sous deux grands yeux bleus, je ne sais s'ils envient la bouchée, ou s'ils trouvent le geste inconvenant, quoi qu'il en soit, le doux visage de la passante* rend Paris finalement bien plaisante.

 

four à pain recolorisee.jpg

 

Paris, parfois tu n'es pas bien réconfortante,

Souvent même ton ciel nous tombe dessus,

Pas une fois pour toutes, mais bien un peu toute la journée.

Alors lorsque tu mets entre mes mains

Une baguette encore tout chaude sortie du four,

Que je me pose dehors,

Et que je dois attendre,

Je sens l'odeur de ton pain chaud attraper mes narines,

Et me réchauffer les doigts,

Je ne suis pas chef d'orchestre moi,

Alors ta gentille baguette,

Je lui coupe la tête,

Et l'enfourne dans la mienne,

Sous deux grands yeux bleus,

Je ne sais s'ils envient la bouchée,

Ou s'ils trouvent le geste inconvenant,

Quoi qu'il en soit, le doux visage de la passante*

Rend Paris finalement bien plaisante.

Jana Hobeika

 

* mercredi 2 mai 2012, rue de la Pompe, Paris XVI, avec Christiana Reali dans le rôle de la passante