samedi, 25 mai 2013
The-blue-pipe - XII - L'encens du poëte esseulé - Cocteau
Remerciements à Adrien Vannier
pour avoir complété mes lectures.
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[...] Ce que l’opium a apporté à Cocteau, c’est "une sieste extrême" ; l’opium, c’est "la femme fatale, les pagodes, les lanternes". C’est ce qui repose et inspire, une muse qui endort et éveille dans un autre monde, en dehors des hommes, mais dans une solitude qui n’a rien de solitaire… Une solitude en synergie avec la nature, et un soi-même qui échappe à la conscience. Une rupture avec lui-même, un long sommeil, après des années de drame. Une "femme fatale" qui fait tout oublier à l’amant, sinon elle, qui devient tout, qui se fait monde. [...]
"Il est difficile de vivre sans l'opium après l'avoir connu, car il est difficile, après avoir connu l'opium, de prendre la terre au sérieux".
Les gestes du fumeur, le rituel sophistiqué qu’exige l’opium sont en eux-mêmes un acte de création, une recréation du monde, égoïstes, désespérés. Quand l’opium s’est évanoui, comme l’écrit Cocteau, tout est trop léger- ou trop lourd. Le monde, qui s’était abandonné à l’artiste fumeur, tente de se réimposer. [...]
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Jean Cocteau (1889-1963)
"La sagesse est d'être fou lorsque les circonstances en valent la peine. "
"Tout ce qu'on fait dans la vie, même l'amour, on le fait dans le train express qui roule vers la mort."
"Plus on est avide, plus il est indispensable de reculer coûte que coûte les bornes du merveilleux."
" Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière."
Extrait de http://tpe-opium.e-monsite.com/:
En décembre 1928, Jean Cocteau entre à la clinique de Saint-Cloud où il doit subir une cure de désintoxication de l'opium. [...] Jean Cocteau, opiomane, écrit et dessine. Pour lui, il s'agit d'une même activité, du même acte créateur: "Ecrire pour moi, c'est dessiner, nouer les lignes de telle sorte qu'elles fassent écriture, ou les dénouer de telle sorte que l'écriture devienne dessin." [...] Ce journal de solitude s'éclaire de remarques sur le cinéma, sur la poésie, sur l'art. Le thème lancinant, qui revient au détour de chaque page, c'est celui de l'opium. Ainsi Jean Cocteau retrouve-t-il la grande tradition des poètes visionnaires, de Baudelaire et surtout de Rimbaud.
"Plus on est avide, plus il est indispensable de reculer coûte que coûte les bornes du merveilleux." Plus qu'à un témoignage personnel, c'est à une méditation sur la création, sur la poésie, sur le style, sur notre rapport même à l'existence que nous convie Jean Cocteau. Méditation poétique visant à cerner des notions subtiles. "Il faut laisser une trace de ce voyage que la mémoire oublie, il faut, lorsque c'est impossible, écrire, dessiner sans répondre aux invitations romanesques de la douleur, ne pas profiter de la souffrance comme d'une musique, se faire attacher le porte-plume au pied si nécessaire, aider les médecins que la paresse ne renseigne pas." Il pense que le rôle du poète n'est pas de prouver mais d'affirmer sans fournir aucune des preuves encombrantes qu'il possède et d'où résulte son affirmation. Le poète ne demande aucune admiration ; il veut être cru. [...] D'une remarquable pudeur sur les souffrances de la cure, Opium est le livre émouvant d'un homme reclus, qui évoque librement ses admirations ou ses affections, qu'elles aient pour nom Raymond Radiguet, Marcel Proust ou Chaplin. [...]
Interview du critique littéraire Paul Stho
Suite à quel événement a-t-il succombé à la prise de cette drogue?
Si l'on en croit les études psychologiques, faites par certains médecins, les consommateurs d'opium sont principalement des personnes ayant une vie difficile, où la souffrance était un sentiment permanent de leur quotidien. En étudiant de plus près la vie de Jean Cocteau, nous nous sommes aperçus que les années en compagnie de Raymond Radiguet, son meilleur ami, sont d'une fécondité exceptionnelle et, lorsque le jeune poète romancier meurt en 1923, Cocteau est anéanti. C'est à la suite de ce deuil qu'il commencera à fumer de l'opium, pratique qu'il n'abandonnera plus tout sa vie durant, sinon pendant l'Occupation.
Nous avons appris récement la découverte de plusieurs lettres écrites par Jean Cocteau, que nous ont-elles apportées?
La plupart des lettres retrouvées sont des lettres destinées à la mère de Jean Cocteau. Il les a écrites quand il se trouvait dans le sud de la France. Il y écrit surtout ce qu'il ressent après les morts de ses différents amis, comme celle de Radiguet. On comprendra que Radiguet était comme une drogue pour Cocteau, et l'on comprend ainsi pourquoi il tombera dans l'opium car pour lui c'était comme pour combler un manque. Cocteau le dira lui-même dans ses lettres: "La mort de Raymond m'a tué", "la mort de Raymond m'a laissé seul, comme un fou, au milieu des débris d'une maison de cristal", "j'essaye de vivre ou plutot d'apprendre à vivre à la mort que je porte en moi. C'est atroce."
Quelle a été l'influence de l'opium sur le livre Opium de Jean Cocteau ?
Cocteau écrit son livre lors de sa deuxième cure de désintoxication. Cependant, il n'arrête pas sa consommation. Il peut écrire pendant des moments de "manque", où il perd complètement ses moyens, tremble, transpire... tout comme sous l'emprise de la drogue. Dans ces moments-ci, il expliquera l'effet que produit l'opium : il se sent euphorique et critiquera la médecine. Pour lui, la médecine ne devrait pas perfectionner la désintoxication, mais devrait plutôt essayer de rendre l'opium inoffensif. [...]
> Quizz par ici : http://tpe-opium.e-monsite.com/pages/quizz/quizz.html
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vendredi, 24 mai 2013
The-blue-pipe - XI - L'opium ou la cuisse - Jimmy Kempfer
Extrait de "Sexe, opium et morphine dans la littérature et l'histoire", Jimmy Kempfer : http://www.pistes.fr/swaps/52_165.htm
De l'Antiquité aux fumeries de l'époque coloniale, opiacés ont souvent rimé avec sexualité. Florilège.
"Jouir" serait, selon certains chercheurs, la signification de Hül-Gil, la désignation du pavot la plus ancienne que l’on connaisse, provenant d’une tablette sumérienne vieille de 5000 ans1. Depuis des temps immémoriaux, la consommation de substances psychoactives, notamment l’opium, est associée à la sexualité. Dans l’antique Rome, on préparait le Cocetum, un breuvage à base de pavot, pour détendre et préparer les jeunes Romaines à l’union conjugale. D’anciens traités médicaux arabes et indiens sont entièrement consacrés aux "pilules de la joie" 2, souvent à base d’opium, censées permettre aux riches levantins d’honorer leurs harems sans faiblir. A la cour des grands Moghols, bien des dignitaires sont opiophages car astreints à honorer d’innombrables concubines.
Les grimoires du XVe au XVIIIe siècle contiennent de nombreuses recettes, dans lesquelles on trouve souvent l’opium, pour "dénouer l’aiguillette" 3 ou "réactiver le feu qui couve sous la cendre". Les recettes aphrodisiaques de Cosme Ruggieri, le parfumeur de Catherine de Médicis, sont généralement opiacées.
Nicolas Venette, connu comme le fondateur de la sexologie, publie un des best-sellers du XVIIIe siècle : Tableau de l’amour conjugal ou histoire complète de la génération de l’homme. Il y décrit minutieusement les effets exhilarants de l’opium qu’il a complaisamment essayé sur lui-même et qu’il recommande selon de savants dosages et mélanges pour "parfaire les fonctions qui complaisent à Venus". Parallèlement, le laudanum4 est recommandé pour diminuer l’impétuosité de la nature afin de combattre "le fléau de l’onanisme". Les médecins avaient bien sûr remarqué "l’atrophie des facultés génésiques", effet secondaire fréquemment lié à la consommation régulière et à l’abus des opiacés. Selon la logique de l’époque, la masturbation était bien plus nocive que la dépendance à l’opium5.
Nous voyons là une même substance paradoxalement recommandée tantôt comme stimulant des rapports sexuels, tantôt pour favoriser la continence, la différence des effets étant souvent liée au dosage. Mais le contexte et la subjectivité sont à considérer également. Par ailleurs, l’opium étant le principal produit psychoactif connu, il était employé pour traiter d’innombrables troubles et pathologies.
Dans Valentine (1832), George Sand décrit de façon exemplaire l’emploi paradoxal de l’opium en fonction du contexte et de la motivation. Une femme mariée à un homme qu’elle n’aime pas se sert une double ration d’opium, avant la nuit de noces, pour avoir les sens totalement anesthésiés, ne ressentir aucune sensation et être "absente" durant l’acte. Mais lorsque, la formalité accomplie, le mari s’est retiré, son amant se glisse chez elle. Elle se réveille alors et "l’entoure de ses bras dans un ravissement opiacé".
Durant le XIXe siècle, de nombreux ouvrages médicaux recommandent invariablement l’opium, mélangé avec d’autres plantes telles la valériane mais également des solanacées6, pour traiter les "érotomanies" comme la nymphomanie, la "fureur utérine" et même la "satyriasis"7.
Les premières morphinomanes mondaines "qui entrent dans la morphine par la porte de la volupté" (par opposition aux personnes devenues morphinomanes suite à des affections douloureuses que la drogue soulageait) parlent de "ravissements extatiques" pour qualifier les effets d’une piqûre. Peu à peu naît une terminologie où la morphinomanie est associée à la recherche de voluptés et de jouissances immorales8. Les illustrations et descriptions sont puissamment suggestives pour une société qui considère la vue d’un mollet comme hautement érotique. Dans l’imaginaire "fin de siècle", la morphine est souvent associée aux visions d’une injection furtive, jupe relevée, dans la chair nue du gras de la cuisse, au dessus de la jarretière.
Peu à peu, la morphinomanie va être liée à la "déviance" sexuelle, surtout féminine. Le terrain est fertile pour susciter fascination et phantasmes et... faire vendre du papier. Des écrivains écrivent de pseudo-reportages riches en descriptions explicites. Quelques "spécialistes" évoquent l’utilisation de la morphine par des amants possessifs qui intoxiqueraient leur maîtresse pour "calmer ses ardeurs génésiques et s’en réserver l’exclusivité"8.
Le sujet est porteur, et les ouvrages décrivant "les langueurs, les débauches et la perversité dans lesquelles s’abîmeraient les demi-mondaines"9 sont nombreux. Les livres censés "porter l’effroi chez les gens du monde qui auraient envie de toucher jamais à la morphine"9 semblent susciter attrait et fascination, et contribuent à façonner pour des générations des représentations des drogues intimement associées au vice, à la prostitution et à une sexualité débridée fantasmée. Les innombrables éditions illustrées de belles alanguies dans les vapeurs d’opium des Paradis Artificiels de Baudelaire en témoigneront. Si le bourgeois éprouve "une peur exquise" devant la fascination de la "fureur utérine" que la morphine pourrait provoquer chez la femme, il admet par contre tout à fait que les filles de joie se droguent pour supporter leur métier.
Le mouvement de la "décadence fin de siècle" renforcera encore fortement l’association entre drogue et débauche. Les journaux à sensation rivalisent dans la surenchère. La passion de la morphine exacerberait les plus bas instincts, les narcotiques détraqueraient gravement l’orientation sexuelle et seraient la cause de la perversion pathologique de nombreux "invertis" et autres homosexuel(le)s. Quelques eugénistes voient là un avantage qui limiterait la reproduction des dégénérés. Pour d’autres, la morphine menace directement la natalité. La diatribe de Lefevre est édifiante : "La morphinomanie abolit les fonctions génitales, et c’est à l’impuissance absolue que courent les morphinomanes s’ils ne guérissent de bonne volonté ou contraints par d’énergiques conseillers"8. Précisons que la morphine était pure, facile d’accès, d’un prix raisonnable. Si la consommation moyenne se situait souvent aux alentours de un à deux grammes par jour, les quantités consommées par certains pouvaient dépasser les dix grammes par jour. A ce stade, il est évident que la libido est sérieusement neutralisée.
A partir du début du XXe siècle, des livres comme La divine Diane Kline, Lélie fumeuse d’opium, et les oeuvres de Claude Farrère, Maurice Magre ou Aldelswarth Fersen, souvent richement et explicitement illustrés, contribuent fortement à alimenter les imaginations. Bien des maisons de tolérance chic installent des fumeries d’opium. Les petites alliées et Fumée d’opium, de Claude Farrère, La tendre camarade, de Maurice Magre, restituent avec force détails comment activité sexuelle et opium sont intimement associés dans les bordels des ports de la métropole et les fumeries huppées des colonies. Les hommes y passent de longues heures en compagnie de Congaï très prévenantes qui, entre caresses et massages, préparent des pipes d’opium. A Java, les fumeries se situaient toujours à côté des "bordels" afin de pourvoir à l’essentiel et à l’agréable, selon le bon plaisir et la fantaisie des fumeurs. La littérature de ce pays comporte d’ailleurs un édifiant et très populaire poème mystique autour de l’opium créateur et aphrodisiaque : Suluk Batoloco.
Dans Le pur et l’impur, Colette, qui se rend parfois dans les fumeries parisiennes, décrit magistralement l’ambiance de frôlements, de soupirs, de halètements et de petits cris émanant des alcôves où se lovent les couples.
Durant les années 1920, La Garçonne de Victor Marguerite donne le ton. Cette héroïne des années folles est indépendante et n’a pas peur d’affirmer ostensiblement qu’elle fume de l’opium (et prise de la "coco") avant de faire l’amour. Parallèlement, toute une littérature coloniale présente l’usage de l’opium d’une façon insidieusement attractive : un "vice oriental" acceptable tant que cela se passe "aux colonies". Les descriptions des effets, généralement totalement fantasmés, y sont empreints d’une constante "érotisation" du ressenti. Les protagonistes subissent leur attirance pour la drogue qui les fait sombrer avec une bienveillante indulgence dans la luxure et les excès. Dans l’imaginaire de nos arrière grands-parents, l’opium étaient souvent intimement associé à la prostitution, la débauche et donc à la sexualité.
Yves Salgues, journaliste d’après-guerre auteur de L’héroïne, une vie (Ed. JC Lattes, 1987), s’adonna à l’opium durant l’occupation avant de tâter, puis de préférer l’héroïne. Voici comment il décrit certains effets de l’opium après ses premières pipes : "Une immense volupté d’être, une extase physique de chaque cellule... Le sexe raide, l’idée ne vous viendrait pas de saisir votre verge pour une masturbation... Vous vous laissez flotter, la pine à l’équerre, scrupuleusement attentif à ce qui se passe à l’intérieur."
Pour Albert de Pouvourville, "le potentiel de conscience sensorielle est décuplé. L’opium incite à la langueur, à savourer un état de tension érotique durant des heures, en dehors de tout acte sexuel, les seules limites sont celles d’une imagination, qui par définition, sont abolies par l’action de la drogue"10.
[…]
> Pour la suite : http://www.pistes.fr/swaps/52_165.htm
1 Merlin Mark David, On the trail of the ancient opium poppy, Associated University Presses, Londres, 1984.
2 Rätsch Christian, Encyklopädie der psychoaktiven pflanzen, Botanik, ethnopharmakologie und anwendung, AT Verlag, Aarau, 1997.
3 Lorsqu’un homme était incapable de pénétrer sa femme, il était fréquent d’attribuer cette impuissance à un maléfice : "l’aiguillette nouée". Le remède consistait souvent en des pénitences accompagnées de potions ayant des propriétés déshinibantes et contenant généralement opium, plants de chanvre femelle, sarriette et autres "herbes aux satyres".
4 Teinture alcoolique d’opium aromatisée au safran, très utilisée jusqu’au début du XXe siècle pour soulager la douleur et toutes sortes de troubles physiques ou moraux.
5 Duché Didier Jacques, Histoire de l’onanisme, PUF, 1994.
6 Plantes contenant de l’atropine telles le datura, la belladone, la jusquiame.
7 Quetel Claude, Morel Pierre, Les fous et leurs médecines de la Renaissance au XXe siècle, Hachette Littérature, 1979.
8 Yvorel Jean-Jacques, Les poisons de l’esprit (Drogues et drogués au XIXe siècle).
9 de Liedekerke Arnould, La belle époque de l’opium, aux éditions de la Différence, Le Sphinx, 1984.
10 Te Duc Nguyen (Albert de Pouvourville alias Matgioi), Le livre de l’opium, Ed. Guy Tredaniel, 1979.
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jeudi, 23 mai 2013
The-blue-pipe - X - Voyage dans l'histoire de l'Opium
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Opium
Cultivation of opium poppies for food, anaesthesia, and ritual purposes dates back to at least the Neolithic Age (new stone age). The Sumerian, Assyrian, Egyptian, Indian, Minoan, Greek, Roman, Persian and Arab Empires all made widespread use of opium, which was the most potent form of pain relief then available, allowing ancient surgeons to perform prolonged surgical procedures. Opium is mentioned in the most important medical texts of the ancient world, including the Ebers Papyrus and the writings of Dioscorides, Galen, and Avicenna. Widespread medical use of unprocessed opium continued through the American Civil War before giving way to morphine and its successors, which could be injected at a precisely controlled dosage.
http://www.refletsdechine.com/langleterre-commerce-et-guerre-de-lopium-en-chine-1830-1842-22.html
In China, recreational use of this drug began in the 15th century, but was limited by its rarity and expense. Opium trade became more regular by the 17th century, when it was mixed with tobacco for smoking, and addiction was first recognized.Opium prohibition in China began in 1729, yet was followed by nearly two centuries of increasing opium use. China had a positive balance sheet in trading with the British, which led to a decrease of the British silver stocks. Therefore, the British tried to encourage Chinese opium use to enhance their balance, and they delivered it from Indian provinces under British control. In India, its cultivation, as well as the manufacture and traffic to China, were subject to the East India Company, as a strict monopoly of the British government. For supervising and managing the business, there was an extensive and complicated system of government agencies. A massive confiscation of opium by the Chinese emperor, who tried to stop the opium deliveries, led to two Opium Wars in 1839 and 1858, in which Britain suppressed China and traded opium all over the country. After 1860, opium use continued to increase with widespread domestic production in China, until more than 25% of the male population were regular consumers by 1905. Recreational or addictive opium use in other nations remained rare into the late 19th century, recorded by an ambivalent literature that sometimes praised the drug.
http://www.addictopedia.com/premiere_guerre_de_l_opium.php
Global regulation of opium began with the stigmatization of Chinese immigrants and opium dens in San Francisco, California, leading rapidly from town ordinances in the 1870s to the formation of the International Opium Commission in 1909. During this period, the portrayal of opium in literature became squalid and violent, British opium trade was largely supplanted by domestic Chinese production, purified morphine and heroin became widely available for injection, and patent medicines containing opiates reached a peak of popularity. Opium was prohibited in many countries during the early 20th century, leading to the modern pattern of opium production as a precursor for illegal recreational drugs or tightly regulated legal prescription drugs. Illicit opium production, now dominated by Afghanistan, was decimated in 2000, when production was banned by the Taliban, but has increased steadily since the fall of the Taliban in 2001 and over the course of the war in Afghanistan.
[...]
http://www.transasiart.com/voyageurs/voyageurs03/srs03dpa...
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mercredi, 22 mai 2013
The-blue-pipe - IX - and she is soon to be mine - Phlippe Sollers
Philippe Sollers
Extrait d'une conversation entre Philippe Sollers e Jacques-Alain Miller, 2005 :
Jacques-Alain Miller : Vous devenez voyant, ou bien ça devient plus apparent. La sociomanie...
Philippe Sollers : Vous savez d'où vient ce mot, de voyant, et là vous appelez Rimbaud. C’est raconté par Baudelaire dans les Paradis artificiels, c’est-à-dire les soirées dans les soirées. Il décrit les soirées, les parties de prise de drogue, c’est-à-dire de haschisch à l’époque. Théophile Gautier, Baudelaire, Balzac qui refuse l’expérience. Le type qui restait sobre, et qui jouait un peu de piano pour faciliter les évolutions hallucinatoires, qui était donc en somme chargé de la sécurité des participants, s’appelait "le voyant", c’est-à-dire celui qui voyait juste, et non pas celui qui avait un transport de voyance. Parce que dans ce moment-là, la voyance, en effet, défile, à plein flots. C’est très intéressant à relire les Baudelaire là-dessus.
[...]
> Pour la suite : http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=1...
Antoine Gallimard
Source : http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/09/17/chaque-...
Extrait de Bibliobs, Philippe Sollers, 2011 :
Sans la littérature et l'art, nous ne connaîtrions qu'un petit monde étriqué, celui de la finance, des philosophes ou des idéologues, c'est-à-dire, aujourd'hui, le nôtre. Où est passé l'infini ? On ne sait pas, et ce n'est pas la télévision qui vous le dira. D'où la surprise renouvelée en ouvrant l'immense Thomas De Quincey (1785-1859), qui, avec Shakespeare, Poe, Coleridge et Melville, est la gloire de l'anglais, désormais aplati en langue de communication universelle. "Confessions d'un mangeur d'opium anglais" est la première brèche à travers ce qui s'annonçait déjà comme fermeture de l'être humain par rapport à lui-même. Disons les choses : la vie intérieure vous est interdite, vous êtes là pour rumnier les clichés sociaux qu'on vous sert. La sinistre mondialisation du Spectacle bouche toutes les issues. Baudelaire et d'autres vous ont averti, en vain. Pourtant, quelque chose persiste à vous appeler personnellement vers une expérience.
De Quincey souffre beaucoup. Un jour, pour calmer ses douleurs insupportables, il achète du laudanum dans une pharmacie de Londres. Et, là, coup de théâtre : "Dans l'espace d'une heure, ô ciel ! Quelle révolution ! Quelle surrection de l'esprit intérieur du tréfonds de ses abîmes ! Quelle apocalypse du monde que je portais en moi !".
L'opium a mauvaise réputation : il serait religieux pour endormir les masses, il détournerait du travail en répandant la torpeur. De Quincey, avec une précision médicale, apporte ici un témoignage essentiel et très dérangeant. Contrairement à l'alcool, qui dépouille un homme de sa maîtrise de soi, "il communique sérénité et équilibre à toutes les facultés, actives ou passives". Telle est la révélation : "Le mangeur d'opium ressent que la partie divine de sa nature est souveraine : ses sentiments moraux connaissent une sérénité sans nuages, et, au-dessus de tout, brille avec majesté la grande lumière de l'intelligence." L'opium n'abrutit pas, au contraire, il est "éloquent". Si c'est une religion, il s'agit d'une Eglise dont le sujet concerné est le seul membre, et elle est fondée sur "un abîme de divine volupté". "Ô juste, puissant et subtil opium !". Il bouleverse toutes les coordonnées habituelles, destitue tous les pouvoirs, se balade dans toutes les dimensions, vous offre le paradis mais aussi l'enfer. Si vous en sortez vivant, comme De Quincey, on pourra dire que vous savez vraiment ce qu'est la santé et l'intelligence. Rien à voir avec la vertu ni avec la morale, l'opium ouvre sur une vérité qui est à la fois délice et horreur.
Dans le paradis, le monde et vous même devenez un opéra fabuleux, et la musique se met à vivre intensément pour elle-même. Voyez De Quincey écoutant avec passion une cantatrice italienne, "la Grassini". L'opium multiplie l'harmonie, le chant, les vocalises. Vous entendez bien au-delà de ce qui s'entend. Surtout, sa magie vous prouve à quel point vous n'avez, le plus souvent, qu'une perception misérable de l'espace et du temps. L'espace est illimité, le temps sans mesure. Vitesse, intuition, métamorphoses, mais aussi grand calme. "L'ocean, avec sa respiration éternelle, mais aussi par son grand calme, personnifiait mon esprit et l'influence qui le gouvernait alors." Attention, le tempête s'approche, et tout se renverse dans "la véhémente chimie des rêves". L'espace devient une succession de prisons à la Piranèse, et "la tyrannie de la face humaine" envahit le rêveur : "L'Ocean m'apparut pavé d'innombrables têtes tournées vers le ciel, des visages furieux, désespérés, se mirent à danser à la surface, par milliers, par myriades, par générations, par siècles."
L'aventurier a dépassé les limites humaines, c'est comme si des foules lui faisaient sentir leur détresse, comme si elles se vengeaient sur lui des massacres dont elles sont l'objet. L'espace s'enfle et se déchire, le temps déborde de partout, le mangeur d'opium a l'impression d'avoir vécu cent ans ou mille ans en une nuit, le moindre incident de son enfance est là, sous ses yeux, comme dans la vision panoramique de certains noyés ou mourants. Normal : le cerveau humain est un palimpseste immense et naturel, un manuscrit sans cesse recouvert de nouvelles écritures, mais qui reste en attente d'un déchiffrage nouveau. [...]
> Pour la suite : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20110420.OBS1640/voy...
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mardi, 21 mai 2013
The-blue-pipe - VIII - and she is soon to be mine - Marcel Schwob
Marcel Schwob (1867-1905)
Extrait de Les portes de l'Opium, Marcel Schwob :
O just, subtle and mighty opium !...
THOMAS DE QUINCEY.
Je fus toujours l'ennemi d'une vie réglée comme celle de tous les autres. La monotonie persistante des actions répétées et habituelles m'exaspérait. Mon père m'ayant laissé la disposition d'une énorme fortune, je n'eus point le désir de vivre en élégant. Les hôtels somptueux ni les attelages de luxe ne m'attiraient ; non plus les chasses forcenées ou la vie indolente des villes d'eaux ; le jeu ne présentait que deux alternatives à mon esprit agité : c'était trop peu. Nous étions arrivés dans un temps extraordinaire où les romanciers nous avaient montré toutes les faces de la vie humaine et tous les dessous des pensées. On était lassé de bien des sentiments avant de les avoir éprouvés ; plusieurs se laissaient attirer vers un gouffre d'ombres mystiques et inconnues ; d'autres étaient possédés par la passion de l'étrange, par la recherche quintessenciée de sensations nouvelles ; d'autres enfin se fondaient dans une large pitié qui s'étendait sur toutes choses.
Ces poursuites avaient créé en moi une curiosité extravagante de la vie humaine. J'éprouvais le désir douloureux de m'aliéner à moi-même, d'être souvent soldat, pauvre, ou marchand, ou la femme que je voyais passer, secouant ses jupes, ou la jeune fille tendrement voilée qui entrait chez un pâtissier : elle relevait son voile à demi, mordait dans un gâteau, puis, versant de l'eau dans un verre, elle restait, la tête penchée.
Ainsi il est facile de comprendre pourquoi je fus hanté par la curiosité d'une porte. Il y avait dans un quartier éloigné un haut mur gris, percé d'yeux grillés à de grandes hauteurs, avec de fausses fenêtres pâlement dessinées par places. Et au bas de ce mur, dans une position singulièrement inégale, sans qu'on pût savoir ni pourquoi, ni comment, loin des trous grillés, on voyait une porte basse, en ogive, fermée d'une serrure à longs serpents de fer et croisée de traverses vertes. La serrure était rouillée, les gonds étaient rouillés ; dans la vieille rue abandonnée, les orties et les ravenelles avaient jailli par bouquets sous le seuil, et des écailles blanchâtres se soulevaient sur la porte comme sur la peau d'un lépreux.
Derrière, y avait-il des êtres vivants ? Et quelle insolite existence devaient-ils mener, s'ils passaient les journées à l'ombre de ce grand mur gris, cloîtrés du monde par la petite porte basse qu'on ne voyait jamais ouverte ! D'heure en heure mes promenades inactives me ramenaient dans cette rue silencieuse, et j'interrogeais la porte comme un problème.
Un soir que j'errais dans la foule, cherchant de curieuses figures, je remarquai un vieux petit homme qui tressautait en marchant. Il avait un foulard rouge pendant de sa poche, et il frappait le pavé d'une canne tordue, en ricanant. Sous le gaz, sa figure, semblait barrée d'ombre, et les yeux y étincelaient de lueurs si verdâtres que je fus invinciblement ramené à l'idée de la porte: dans l'instant je devins sûr qu'il y avait entre lui et elle quelque relation.
Je suivis cet homme. Je ne puis pas dire qu'il ait rien fait pour cela. Mais il m'était impossible d'agir autrement, et quand il parut au bout de la rue abandonnée où était la porte, je fus illuminé de ce pressentiment soudain qui vous fait saisir, comme dans un éclair du temps, qu'on sait ce qui va se passer. Il frappa deux ou trois coups ; la porte roula sur ses gonds rouillés sans grincer. Je n'hésitai pas, et je m'élançai ; mais je trébuchai sur les jambes d'un mendiant que je n'avais pas vu, et qui s'était assis le long du mur. Il avait sur les genoux une écuelle de terre et une cuillère d'étain à la main ; levant son bâton, il me maudit d'une voix rauque, lorsque la porte se referma silencieusement sur moi.
J'étais dans un immense jardin sombre, où les herbes folles et les plantes sauvages poussaient à hauteur de genoux. La terre était détrempée, comme par des pluies continuelles ; elle paraissait de glaise, tant elle s'attachait aux pas. Tâtonnant dans l'obscurité vers le bruit mat du vieux qui avançait, je vis bientôt poindre une éclaircie ; il y avait des arbres où pendaient des lanternes de papier faiblement éclairées, donnant une lumière roussâtre, diffuse ; et le silence était moins profond, car le vent semblait respirer lentement dans les branches.
En approchant, je vis que ces lanternes étaient peintes de fleurs orientales et qu'elles dessinaient en l'air les mots :
MAISON D'OPIUM
Devant moi se dressait une maison blanche, carrée avec des ouvertures étroites et longues d'où sortait une lente musique grinçante de cordes, coupée de battements, et une mélopée de voix rêveuses. Le vieux se tenait sur le seuil, et, agitant gracieusement son foulard rouge, il m'invitait du geste à entrer.
J'aperçus dans le couloir une mince créature jaune, vêtue d'une robe flottante ; vieille aussi, avec la tête branlante et la bouche édentée - elle me fit entrer dans une pièce oblongue, tendue de soie blanche. Sur les tentures des raies noires s'élevaient verticalement, croissant jusqu'au plafond. Puis il y eut devant moi un jeu de tables de laque, rentrant les unes dans les autres, avec une lampe de cuivre rouge ou une fine flamme filait, un pot de porcelaine plein d'une pâte grisâtre, des épingles, trois ou quatre pipes à tige de bambou, à fourneau d'argent. La vieille femme jaune roula une boulette, la fit fondre à la flamme autour d'une épingle, et, la plantant avec précaution dans le fourneau de la pipe, elle y tassa plusieurs rondelles. Alors, sans réflexion, j'allumai, et je tirai deux bouffées d'une fumée âcre et vénéneuse qui me rendit fou.
Car je vis passer devant mes yeux aussitôt, bien qu'il n'y eût eu aucune transition, l'image de la porte et les figures bizarres du vieux homme au foulard rouge, du mendiant à l'écuelle et de la vieille à la robe jaune. Les raies noires se mirent à grandir en sens inverse vers le plafond, et à diminuer vers le plancher, dans une sorte de gamme chromatique de dimensions qu'il me semblait entendre résonner dans mes oreilles. Je perçus le bruit de la mer et des vagues qui se brisent, chassant l'air des grottes rocheuses par des coups sourds. La chambre changea de direction sans que j'eusse l'impression d'un mouvement ; il me parut que mes pieds avaient pris la place de ma tête et que j'étais couché sur le plafond. Enfin il y eut en moi un anéantissement complet de mon activité ; je désirai rester ainsi éternellement et continuer à éprouver.
C'est alors qu'un panneau glissa dans la chambre, par où entra une jeune femme comme je n'en avais jamais vu. Elle avait la figure frottée de safran et les yeux attirés vers les tempes ; ses cils étaient gommés d'or et les conques de ses oreilles délicatement relevées d'une ligne rose. Ses dents, d'un noir d'ébène, étaient constellées de petits diamants fulgurants et ses lèvres étaient complètement bleuies. Ainsi parée, avec sa peau épicée et peinte, elle avait l'aspect et l'odeur des statues d'ivoire de Chine, curieusement ajourées et rehaussées de couleurs bariolées. Elle était nue jusqu'à la ceinture ; ses seins pendaient comme deux poires et une étoffe brune guillochée d'or flottait sur ses pieds.
Le désir d'étrangeté qui me tenait devint alors si violent que je me précipitai vers cette femme peinte en l'implorant : chacune des couleurs de son costume et de sa peau semblait à l'hyperesthésie de mes sens un son délicieux dans l'harmonie qui m'enveloppait ; chacun de ses gestes et les poses de ses mains étaient comme des parties rythmées d'une danse infiniment variée dont mon intuition saisissait l'ensemble.
Et je lui disais, en la suppliant : - Fille de Lebanon, si tu es venue à moi des profondeurs mystérieuses de l'Opium, reste, reste... mon coeur te veut. Jusqu'à la fin de mes jours je me nourrirai de l'impréciable drogue qui te fait paraître à mes yeux. L'opium est plus puissant que l'ambroisie, puisqu'il donne l'immortalité du rêve, non plus la misérable éternité de la vie ; plus subtil que le nectar, puisqu'il crée des êtres si étrangement brillants ; plus juste que tous les dieux, puisqu'il réunit ceux qui sont faits pour s'aimer !
«Mais si tu es femme née de chair humaine, tu es mienne - pour toujours - car je veux donner tout ce qui est à moi pour te posséder...»
Elle fixa sur moi ses yeux miroitants entre les cils d'or, s'approcha lentement et s'assit dans une pose douce qui faisait battre mon coeur. «Est-il vrai ? murmura-t-elle. Donnerais-tu ta fortune pour m'avoir ?» - Elle secoua la tête avec incrédulité.
Je vous dis que la folie me tenait. Je saisis mon carnet de chèques - je le signai en blanc et je le lançai dans la chambre - il rebondit sur le parquet. «Hélas ! dit-elle - aurais-tu le courage d'être mendiant pour être à moi ? Il me semble que je t'aimerais mieux ; dis - veux-tu ?» - Elle me déshabillait légèrement. [...]
> Pour le texte intégral et la fin du récit : http://www.bmlisieux.com/litterature/schwob/portopiu.htm
> Pour d'autres texte de Marcel Schwob en audiolivres : http://www.litteratureaudio.com/livres-audio-gratuits-mp3...
07:00 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Thèse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pipe, tabac, fumer, marcel schwob, schwob, léon daudet, byvanck, opium