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samedi, 25 mai 2013

The-blue-pipe - XII - L'encens du poëte esseulé - Cocteau

 Remerciements à Adrien Vannier
pour avoir complété mes lectures.

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"Il est difficile, après avoir connu l’opium, de prendre la terre au sérieux".
 
 
 

[...] Ce que l’opium a apporté à Cocteau, c’est "une sieste extrême" ; l’opium, c’est "la femme fatale, les pagodes, les lanternes". C’est ce qui repose et inspire, une muse qui endort et éveille dans un autre monde, en dehors des hommes, mais dans une solitude qui n’a rien de solitaire… Une solitude en synergie avec la nature, et un soi-même qui échappe à la conscience. Une rupture avec lui-même, un long sommeil, après des années de drame. Une "femme fatale" qui fait tout oublier à l’amant, sinon elle, qui devient tout, qui se fait monde. [...]

"Il est difficile de vivre sans l'opium après l'avoir connu, car il est difficile, après avoir connu l'opium, de prendre la terre au sérieux".

Les gestes du fumeur, le rituel sophistiqué qu’exige l’opium sont en eux-mêmes un acte de création, une recréation du monde, égoïstes, désespérés. Quand l’opium s’est évanoui, comme l’écrit Cocteau, tout est trop léger- ou trop lourd. Le monde, qui s’était abandonné à l’artiste fumeur, tente de se réimposer. [...]

 

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cocteau, opium, encens
Jean Cocteau (1889-1963)

 

 

"La sagesse est d'être fou lorsque les circonstances en valent la peine. "
 

"Tout ce qu'on fait dans la vie, même l'amour, on le fait dans le train express qui roule vers la mort."
 

"Plus on est avide, plus il est indispensable de reculer coûte que coûte les bornes du merveilleux." 

 

" Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière."

 

 

Extrait de http://tpe-opium.e-monsite.com/:

 

En décembre 1928, Jean Cocteau entre à la clinique de Saint-Cloud où il doit subir une cure de désintoxication de l'opium. [...] Jean Cocteau, opiomane, écrit et dessine. Pour lui, il s'agit d'une même activité, du même acte créateur: "Ecrire pour moi, c'est dessiner, nouer les lignes de telle sorte qu'elles fassent écriture, ou les dénouer de telle sorte que l'écriture devienne dessin." [...] Ce journal de solitude s'éclaire de remarques sur le cinéma, sur la poésie, sur l'art. Le thème lancinant, qui revient au détour de chaque page, c'est celui de l'opium. Ainsi Jean Cocteau retrouve-t-il la grande tradition des poètes visionnaires, de Baudelaire et surtout de Rimbaud.

"Plus on est avide, plus il est indispensable de reculer coûte que coûte les bornes du merveilleux." Plus qu'à un témoignage personnel, c'est à une méditation sur la création, sur la poésie, sur le style, sur notre rapport même à l'existence que nous convie Jean Cocteau. Méditation poétique visant à cerner des notions subtiles. "Il faut laisser une trace de ce voyage que la mémoire oublie, il faut, lorsque c'est impossible, écrire, dessiner sans répondre aux invitations romanesques de la douleur, ne pas profiter de la souffrance comme d'une musique, se faire attacher le porte-plume au pied si nécessaire, aider les médecins que la paresse ne renseigne pas." Il pense que le rôle du poète n'est pas de prouver mais d'affirmer sans fournir aucune des preuves encombrantes qu'il possède et d'où résulte son affirmation. Le poète ne demande aucune admiration ; il veut être cru. [...] D'une remarquable pudeur sur les souffrances de la cure, Opium est le livre émouvant d'un homme reclus, qui évoque librement ses admirations ou ses affections, qu'elles aient pour nom Raymond Radiguet, Marcel Proust ou Chaplin. [...]

 

Interview du critique littéraire Paul Stho

[...]

Suite à quel événement a-t-il succombé à la prise de cette drogue?

Si l'on en croit les études psychologiques, faites par certains médecins, les consommateurs d'opium sont principalement des personnes ayant une vie difficile, où la souffrance était un sentiment permanent de leur quotidien. En étudiant de plus près la vie de Jean Cocteau,  nous nous sommes aperçus que les années en compagnie de Raymond Radiguet, son meilleur ami, sont d'une fécondité exceptionnelle et, lorsque le jeune poète romancier meurt en 1923, Cocteau est anéanti. C'est à la suite de ce deuil qu'il commencera à fumer de l'opium, pratique qu'il n'abandonnera plus tout sa vie durant, sinon pendant l'Occupation.

Nous avons appris récement la découverte de plusieurs lettres écrites par Jean Cocteau, que nous ont-elles apportées?

La plupart des lettres retrouvées sont des lettres destinées à la mère de Jean CocteauIl les a écrites quand il  se trouvait dans le sud de la France.  Il y écrit surtout ce qu'il ressent après les morts de ses différents amis, comme celle de Radiguet. On comprendra que Radiguet était comme une drogue pour Cocteau, et l'on comprend ainsi pourquoi il tombera dans l'opium car pour lui c'était comme pour combler un manque. Cocteau le dira lui-même dans ses lettres: "La mort de Raymond m'a tué", "la mort de Raymond m'a laissé seul, comme un fou, au milieu des débris d'une maison de cristal", "j'essaye de vivre ou plutot d'apprendre à vivre à la mort que je porte en moi. C'est atroce."

Quelle a été l'influence de l'opium sur le livre Opium de Jean Cocteau ?

Cocteau écrit son livre lors de sa deuxième cure de désintoxication. Cependant, il n'arrête pas sa consommation. Il peut écrire pendant des moments de "manque", où il perd complètement ses moyens, tremble, transpire... tout comme sous l'emprise de la drogue. Dans ces moments-ci, il expliquera l'effet que produit l'opium : il se sent  euphorique et critiquera la médecine. Pour lui, la médecine ne devrait pas perfectionner la désintoxication, mais devrait plutôt essayer de rendre l'opium inoffensif. [...]

 

> Quizz par ici : http://tpe-opium.e-monsite.com/pages/quizz/quizz.html