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mardi, 27 août 2013

Graphie d'écrivain - Le marquis de Sade

 

Remerciements à Romain Debluë
pour sa correspondance éclairante.

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Donatien de Sade (1740-1814)

 

"Entendons-nous :
rien ne serait plus vain
que de prendre Sade
à la lettre, au sérieux.
Par quelque côté qu'on l'aborde,
il s'est à l'avance dérobé."

(La littérature et le mal, Georges Bataille, 1957, Gallimard).

 

 

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Document photographié    

en vitrine de la librairie "Autographes"    

rue Bonaparte    

dans le VIème arrondissement de Paris.    

 

 

lundi, 26 août 2013

Graphie de peintre - Auguste Renoir

 

Remerciements à Romain Debluë
pour sa correspondance éclairante.

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Auguste Renoir (1841-1919)

 

"Villa des Arts, près l'avenue
De Clichy, peint Monsieur Renoir
Qui devant une épaule nue
Broie autre chose que du noir."

(Les loisirs de la poste, Mallarmé, 1894)

 

 

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Document photographié    

en vitrine de la librairie "Autographes"    

rue Bonaparte    

dans le VIème arrondissement de Paris.    

 

 

vendredi, 21 juin 2013

Théophile Gautier

 

Autobiographie, 1867 :

 

Au premier coup d'oeil, cela semble bien simple de rédiger des notes sur sa propre vie. On est, on le croit du moins, à la source des renseignements, et l'on serait mal veni ensuite de se plaindre de l'inexactitudes des biographes. " Connais-toi toi-même " est un bon conseil philosophique, mais plus difficile à suivre qu'on ne pense, et je découvre à mon embarras que je ne suis pas aussi bien informé sur mon propre compte que je me l'imaginais. Le visage qu'on regarde le moins est son visage à soi. Mais enfin, j'ai promis, il faut que je m'exécute.
  

 

theophile gautier, autobiographie
Théophile Gautier (1811-1872)

 

 
Diverses notices me font naître à Tarbes, le 31 août 1808. Cela n'a rien d'important, mais la vérité est que je suis venu dans ce monde où je devais tant faire de copie, le 31 août 1811, ce qui me donne un âge encore assez respectable pour m'en contenter. On a dit aussi que j'avais commencé mes études en cette ville et que j'étais entré en 1822, pour les finir, au collège Charlemagne. Les études que j'ai pu faire à Tarbes se bornent à peu de choses, car j'avais trois ans quand mes parents m'emmmenèrent à Paris à mon grand regret, et je ne suis retourné à mon lieu de naissance qu'une seule fois pour y passer vingt-quatre heure, il y a six ou sept ans. Chose singulière pour un enfant si jeune, le séjour de la capitale me causa une nostalgie assez intense pour m'amener à des idées de suicide. Après avoir jeté mes joujoux par la fenêtre j'allais les suivre, si, heureusement ou malheureusement, on ne m'avait retenu par ma jaquette. On ne parvenait à m'endormir qu'en me disant qu'il fallait se reposer pour se lever de grand matin et retourner là-bas. Comme je ne savais que le patois gascon, il me semblait que j'étais en terre étrangère, et une fois, au bras de ma bonne, entendant des soldats qui passaient parler cette langue, pour moi la maternelle, je m'écriai : " Allons-nous-en avec eux, ceux-là sont des nôtres ! "

Cette impression ne s'est pas tout à fait effacée, et quoique, sauf le temps des voyages, j'aie passé toute ma vie à Paris, j'ai gardé un fond méridional. Mon père, du reste, était né dans le Comtat-Venaissin, et malgré une excellente éducation, on pouvait reconnaître à son accent l'ancien sujet du pape. On doute parfois de la mémoire des enfants. La mienne était telle, et la configuration des lieux s'y était si bien gravée qu'après plus de quarante ans j'ai pu reconnaître dans la rue qui mène au Mercadieu la maison où je naquis. Le souvenir des silhouettes de montagnes bleues qu'on découvre au bout de chaque ruelle et des ruisseaux d'eaux courantes qui, parmi les verdures, sillonnent la ville en tout sens, ne m'est jamais sorti de la tête et m'a souvent attendri aux heures songeuses.

Pour en finir avec ces détails puérils, j'ai été un enfant doux, triste et malingre, bizarrement olivâtre, et d'un teint qui étonnait mes jeunes camarades roses et blancs. Je ressemblais à quelque petit Espagnol de Cuba, frileux et nostalgique, envoyé en France pour faire son éducation. J'ai su lire à l'âge de cinq ans, et depuis ce temps je puis dire comme Apelles, nulla dies since lineâ. A ce propos, qu'on me permette de placer une courte anecdote.

Il y avait cinq ou six mois qu'on me faisait épeler sans grand succès ; je mordais fort mal au babe, bi, bo, bu, lorsqu'un jour de l'an le chevalier de Port de Guy, dont parle Victor Hugo dans les Misérables, et qui portait les cadavres de guillotinés avec l'évêque de ***, me fit cadeau d'un livre fort proprment relié et doré sur tranche et me dit : " Garde-le pour l'année prochaine, puisque tu ne sais pas encore lire. - Je sais lire, " répondis-je, pâle de colère et bouffi d'orgueil. J'emportai rageusement le volume dans un coin, et je fis de tels efforts de volonté et d'intelligence que je le déchiffrai d'un bout à l'autre et que je racontai le sujet au chevalier à sa première visite.

Ce livre c'était Lydie de Gersin. Le sceau mystérieux qui fermait pour moi les bibliothèques était rompu. Deux choses m'ont toujours épouvanté, c'est qu'un enfant apprît à parler et à lire : avec ces deux clefs qui ouvrent tout, le reste n'est rien. L'ouvrage qui fit sur moi le plus d'impression, ce fut Robinson Crusoe. J'en devins comme fou, je ne rêvais plus qu'île déserte et vie libre au sein de la nature, et me bâtissais, sous la table du salon, des cabanes avec des bûches où je restais enfermé des heures entières. Je ne m'intéressais qu'à Robinson seul, et l'arrivée de Vendredi rompait pour moi tout le charme.

Plus tard, Paul et Virginie me jetèrent dans un enivrement sans pareil, que ne me causèrent, lorsque je fus devenu grand, ni Shakspeare, ni Goëthe, ni lord Byron, ni Walter Scott, ni Chateaubriand, ni Lamartine, ni même Victor Hugo, que toute la jeunesse adorait à cette époque. A travers tout cela, sous la direction de mon père, fort bon humaniste, je commençais le latin, et à mes heures de récréation je faisais des vaisseaux correctement gréés, d'après les eaux-fortes d'Ozanne, que je copiais à la plume pour mieux me rendre compte de l'arrangement des cordages. Que d'heures j'ai passées à façonner une bûche et à la creuser avec du feu à la façon des sauvages ! Que de mouchoirs j'ai sacrifiés pour en faire des voiles ! Tout le monde croyais que je serais marin, et ma mère se désespérait par avance d'une vocation qui dans un temps donné devait m'éloigner d'elle. Ce goût enfantin m'a laissé la connaissances de tous les termes techniques de marine. Un de mes bâtiments, les voiles bien orientées, le gouvernail fixé dans une direction convenable, eut la glore de traverser tout seul la Seine en amon du pont d'Austerlitz. Jamais triomphateur romain ne fut plus fier que moi.

Aux vaisseaux succédèrent les théâtres en bois et en carton, dont il fallait peindre les décors, ce qui tournait mes idées vers la peinture. J'avais attrapé une huitaine d'années et l'on me mit au collège Louis le Grand, où je fus saisi d'un désespoir sans égal que rien ne put vaincre. La brutalité et la turbulence de mes petits compagnons de bagne me faisait horreur. Je mourrais de froid, d'ennui et d'isolement entre ces grands murs tristes, où, sous prétexte de me briser à la vie de collège, un immonde chien de cour s'était fait mon bourreau. Je conçus pour lui une haine qui n'est pas éteinte encore. S'il m'apparaissait reconnaissable après ce long espace de temps, je lui sauterais à la gorge et je l'étranglerais. Toutes les provisions que ma mère m'apportait restaient empilées dans mes poches et y moisissaient. Quant à la nourriture du réfectoire, mon estomac ne pouvait la supporter ; je dépérissais si visiblement que le proviseur s'en alarma : j'étais là-dedans comme une hirondelle prise qui ne veut plus manger et meurt. On était du reste très-content de mon travail, et je promettais un brillant élève si je vivais. Il fallut me retirer eet j'achevai le reste de mes études à Charlemagne, en qualité d'externe libre, titre dont j'étais entièrement fier, et que j'avais soin d'écrire en grosse lettres au coin de ma copie.

Mon père me servait de répétiteur, et c'est lui qui fut en réalité mon seul maître. Si j'ai quelque instruction et quelque talent, c'est à lui que je les dois. Je fus assez bon élève, mais avec des curiosités bizarres, qui ne plaisaient pas toujours aux professeurs. Je traitais les sujets de vers latins dans tous les mètres imaginables, et je me plaisais à imiter les styles qu'au collège on appelle la décadence. J'étais souvent taxé de barbarie et d'africanisme, et j'en étais charmé comme d'un compliment. je fis peu d'amis sur les bancs, excepté Eugène de Nully et Gérard de Nerval, déjà célèbre à Charlemagne par ses odes nationales, qui étaient imprimées.

Outre mes vers latins décadents, j'étudiais les vieux auteurs français, Villon et Rabelais surtout, que j'ai sus par coeur, je dessinais et je m'essayais à faire des vers français ; la première pièce dont je me souvienne était le Fleuve Scamandre, inspirée sans doute par le tableau de Lancrenon, des traductions du Musée, de l'Anthologie grecque, et plus tard un poëme de l'enlèvement d'Hélène, en vers de dix pieds. Toutes ces pièces se sont perdues. il n'y a pas grand mal. Une cuisinière moins lettrée que la Photis de Lucien en flamba des volailles, ne voulant pas employer du papier blanc à cet usage. De ces années de collège il ne me reste aucun souvenir agréable et je ne voudrais pas les revivre.

Pendant que je faisais ma rhétorique, il me vint une passion, celle de la nage, et je passais à l'école Petit tout le temps que me laissait les classes. Parfois même, pour parler le langage des collégiens, je filais, et passais toute la journée dans la rivière. Mon ambition était de devenir un caleçon rouge. C'est la seule de mes ambitions qui ait été réalisée. En ce temps-là, je n'avais aucune idée de me faire littérateur, mon goût me portait plutôt vers la peinture, et avant d'avoir fini ma philosophie j'étais entré chez Rioult, qui avait son atelier rue Saint-Antoine, près du temple protestant, à proximité de Charlemagne : ce qui me permettait d'aller à la classe après la séance. Rioult était un homme d'une laideur bizarre et spirituelle, qu'une paralysie forçait, comme Jouvenet, à peindre de la main gauche, et qui n'en était pas moins adroit. A ma première étude il me trouva plein de "chic", accusation au moins prématurée. La scène si bien racontée dans l'Affaire Clémenceau se joua pour moi sur la table de pose et le premier modèle de femme ne me parut pas beau et me désappointa singulièrement, tant l'art ajoute à la nature la plus parfaite. C'était cependant une très-jolie fille, dont j'appréciai plus tard, par comparaison, les lignes élégantes et pures ; mais d'après cette impression, j'ai toujours préféré la statue à la femme et le marbre à la chair. Mais études de peintures me firent apercevoir d'un défaut que j'ignorais, c'est que j'avais la vue basse. quand j'étais au premier rang, cela allait bien, mais quand le tirage des places reléguait mon chevalet au fond de la salle, je n'ébauchais plus que des masses confuses.

 

théophile gautier


 
Je demeurais alors avec mes parents à la place Royale, n° 8, dans l'angle de la rangée d'arcades où se trouvait la mairie. Si je note ce détail, ce n'est pas pour indiquer à l'avenir une de mes demeures. Je ne suis pas de ceux dont la postérité signalera les maisons avec un buste ou une plaque de marbre. Mais cette circonstance influa beaucoup sur la direction de ma vie. Victor Hugo, quelque temps après la révolution de Juillet, était venu loger à la place Royale, au n° 6, dans la maison en retour d'équerre. On pouvait se parler d'une fenêtre à l'autre. J'avais été présenté à Hugo, rue Jean Goujon, par Gérard et Pétrus Borel, le licanthrope, Dieu sait avec quels tremblements et quelles angoisses Je restai plus d'une heure assis sur les marches de l'escalier avec mes deux cornacs, les priant d'attendre que je fusse un peu remis.

Hugo était alors dans toute sa gloire et son triomphe. Admis devant le Jupiter romantique, je ne sus pas même dire comme Henri Heine devant Goëthe :

          "Que les prunes étaient bonnes pour la soif sur le chemin d'Iéna à Weimar."

Mais les dieux et les rois ne dédaignent pas ces effarements de timidité admirative. Ils aiment assez qu'on s'évanouisse devant eux. Hugo daigna sourire et m'adresser quelques paroles encourageantes. C'était à l'époque des répétitions d'Hernani. Gérard et Pétrus se portèrent mes garants, et je reçus un de ces billets rouges marqués avec une griffe de la fière devise espagnole hierro (fer). On pensait que la représentation serait tumultueuse, et il fallait des jeunes gens enthousiastes pour soutenir la pièce. Les haines entre classiques et romantiques étaient aussi vives que celles des guelfes et des gibelins, des gluckistes et des piccinistes. Le succès fut éclatant comme un orage, avec sifflement des vents, éclairs, pluie et foudre. Toute une salle soulevée par l'admiration frénétique des uns et la colère opiniâtre des autres Ce fut à cette représentation que je vis pour la première fois Mme Emile de Girardin, vêtue de bleu, les cheveux roulés en longue spirale d'or comme dans le portrait d'Hersent. Elle applaudissait le poëte pour son génie, on l'applaudit pour sa beauté. A dater de là, je fus considéré comme un chaud néophyte, et j'obtins le commandement d'une petite escouade à qui je distribuais des billets rouges. On a dit et imprimé qu'aux batailles d'Hernani j'assommais les bourgeois récalcitrants avec mes poings énormes. Ce n'était pas l'envie qui me manquait, mais les poings. J'avais dix-huit ans à peine, j'étais frêle et délicat, et je gantais sept et un quart. Je fis depuis toutes les grandes campagnes romantiques. Au sortir du théâtre, nous écrivions sur les murailles « Vive Victor Hugo » pour propager sa gloire et ennuyer les Philistins. Jamais Dieu ne fut adoré avec plus de ferveur qu'Hugo. Nous étions étonnés de le voir marcher avec nous dans la rue comme un simple mortel, et il nous semblait qu'il n'eût dû sortir par la ville que sur un char triomphal traîné par un quadrige de chevaux blancs, avec une Victoire aîlée suspendant une couronne d'or au-dessus de sa tête. À vrai dire, je n'ai guère changé d'idée, et mon âge mûr approuve l'admiration de ma jeunesse.

A travers tout cela, je faisais des vers, et il y en eut bientôt assez pour former un petit volume entremêlé de pages blanches et d'épigraphes bizarres en toutes sortes de langues que je ne savais pas, selon la mode du temps. Mon père fit les frais de la publication, Rignoux m'imprima, et avec cet à-propos et ce flair des commotions politiques qui me caractérisent, je parus au passage des Panoramas, à la vitrine de Marie, éditeur, juste le 28 juillet 1830. On pense bien, sans que je le dise, qu'il ne se vendit pas beaucoup d'exemplaires de ce volume à couverture rose, intitulé modestement Poésies.

Le voisinage de l'illustre chef romantique rendit mes relations avec lui et avec l'école naturellement plus fréquentes. Peu à peu je négligeai la peinture et me tournai vers les idées littéraires. Hugo m'aimait assez et me laissait asseoir comme un page familier sur les marches de son trône féodal. Ivre d'une telle faveur, je voulus la mériter, et je rimai la Légende d'Albertus que je joignis avec quelques autres pièces à mon volume sombré dans la tempête, et dont l'édition me restait presque entière ; à ce volume, devenu rare, était jointe une eau-forte ultra-excentrique de Célestin Nanteuil. Ceci se passait vers, 1833. Le surnom d'Albertus me resta et l'on ne m'appelait guère autrement dans ce qu'Alfred de Musset appelait la grande boutique romantique. Chez Victor, je fis la connaissance d'Eugène Renduel, le libraire à la mode, l'éditeur au cabriolet d'ébène et d'acier. Il me demanda de lui faire quelque chose, parce que, disait-il, il me trouvait « drôle » Je lui fis les Jeunes France, espèce de précieuses ridicules du romantisme, puis Mademoiselle de Maupin, dont la préface souleva les journalistes, que j'y traitais fort mal. Nous regardions, en ce temps-là, les critiques comme des cuistres, des monstres, des eunuques et des champignons. Ayant vécu depuis avec eux, j'ai reconnu qu'ils n'étaient pas si noirs qu'ils en avaient l'air, étaient assez bons diables et même ne manquaient pas de talent.

J'avais, vers cette époque, quitté le nid paternel, et demeurais impasse du Doyenné, où logeaient aussi Camille Rogier, Gérard de Nerval et Arsène Houssaye, qui habitaient ensemble un vieil appartement dont les fenêtres donnaient sur des terrains pleins de pierres taillées, d'orties et de vieux arbres. C'était la Thébaïde au milieu de Paris. C'est rue du Doyenné, dans ce salon où les rafraîchissements étaient remplacés par des fresques, que fut donné ce bal costumé qui resta célèbre, et où je vis pour la première fois ce pauvre Roger de Beauvoir, qui vient de mourir après de si longues souffrances, dans tout l'éclat de son succès, de sa jeunesse et de sa beauté. Il portait un magnifique costume vénitien à la Paul Véronèse grande robe de damas vert-pomme, ramagé d'argent, toquet de velours nacarat et maillot rouge en soie, chaîne d'or au col ; il était superbe, éblouissant de verve et d'entrain, et ce n'était pas le vin de Champagne qu'il avait bu chez nous qui lui donnait ce pétillement de bons mots. Dans cette soirée, Edouard Ourliac, qui plus tard est mort dans des sentiments de profonde dévotion, improvisait avec une âpreté terrible et un comique sinistre, ces charges amères où perçait déjà le dégoût du monde et des ridicules humains.

Dans ce petit logement de la rue du Doyenné, qui n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir, J. Sandeau vint nous chercher de la part de Balzac pour coopérer à la Chronique de Paris, où nous écrivîmes la Morte amoureuse et la Chaîne d'or ou l'Amant partagé, sans compter un grand nombre d'articles de critique. Nous faisions aussi à la France littéraire, dirigée par Charles Malo, des esquisses biographiques delà plupart des poètes maltraités dans Boileau, et qui furent réunies sous le titre de Grotesques. A peu près vers ce temps (1836), nous entrâmes à La Presse, qui venait de se fonder, comme critique d'art. Un de nos premiers articles fut une appréciation des peintures d'Eugène Delacroix à la Chambre des députés. Tout en vaquant à ces travaux, nous composions un nouveau volume de vers la Comédie de la mort, qui parut en 1838. Fortunio, qui date à peu près de cette époque, fut inséré d'abord au Figaro sous forme de feuilletons qui se détachaient du journal et se pliaient en livre.

Là finit ma vie heureuse, indépendante et primesautière. On me chargea du feuilleton dramatique de la Presse, que je fis d'abord avec Gérard et ensuite tout seul pendant plus de vingt ans. Le journalisme, pour se venger de la préface de Mademoiselle de Maupin, m'avait accaparé et attelé à sa besogne. Que de meules j'ai tournées, que de seaux j'ai puisés à ces norias hebdomadaires ou quotidiennes, pour verser de l'eau dans le tonneau sans fond de la publicité J'ai travaillé à la Presse, au Figaro, à la Caricature, au Musée des Familles, à la Revue de Paris, à la Revue des Deux-Mondes, partout où l'on écrivait alors. [...]

 

theophile gautier, autobiographie



J'aimais beaucoup les cathédrales, sur la foi de Notre-Dame de Paris, mais la vue du Parthénon m'a guéri de la maladie gothique, qui n'a jamais été bien forte chez moi. J'ai écrit un Salon d'une vingtaine d'articles, toutes les années d'exposition à peu près, depuis 1837, et je continue, au Moniteur, la besogne de critique d'art et de théâtre que je faisais à la Presse. J'ai eu plusieurs ballets représentés à l'Opéra, entre autres Giselle et la Péri, où Carlotta Grisi conquit ses aîles de danseuse ; à d'autres théâtres, un vaudeville, deux pièces en vers : le Tricorne enchanté et Pierrot posthume ; à l'Odéon, des prologues et des discours d'ouverture. Un troisième volume de vers, Émaux et camées, a paru en 1852, pendant que j'étais à Constantinople. Sans être romancier de profession, je n'en ai pas moins bâclé, en mettant à part les nouvelles, une douzaine de romans les Jeunes France, Mademoiselle de Maupin, Fortunio, les Roués innocents, Militona, la Belle Jenny, Jean et Jeannette, Avatar, Jettatura, le Roman de la momie, Spirite, le Capitaine Fracasse, qui fut longtemps ma « Quinquengrogne (1), » lettre de change de ma jeunesse payée par mon âge mûr. Je ne compte pas une quantité innombrable d'articles sur toutes sortes de sujets. En tout quelque chose comme trois cents volumes, ce qui fait que tout le monde m'appelle paresseux et me demande à quoi je m'occupe. Voilà, en vérité, tout ce que je sais sur moi.

 

A consulter pour le texte intégral : http://www.litteratureaudio.com/livres-audio-gratuits-mp3...

mercredi, 12 juin 2013

Ludwig

 

beethoven
Ludwig van Beethoven (1770-1827)

 


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

gargouille, notre dame de paris, hermann schurig
Notre Dame de Paris, crédits photographiques Hermann Schurig

 


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

gargouille, notre dame de paris, hermann schurig
Notre Dame de Paris, crédits photographiques Hermann Schurig

 

 
http://www.youtube.com/watch?v=UUJW0AdFqlY&feature=pl...

 

gargouille, notre dame de paris, hermann schurig
Notre Dame de Paris, crédits photographiques Hermann Schurig

 

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Ajout le 11 septembre 2014 : film indiqué sur le site de Maxence Caron

http://maxencecaron.fr/2014/06/le-meilleur-film-sur-beeth...
 

 

mardi, 11 juin 2013

Horowitz - trilogie beethovenienne & impromptus schubertiens

 

phonographe, marc kandalaft
Crédits photographiques Marc Kandalaft

 

Horowitz - Beethoven Clair de Lune, Pathétique & Appassionata  
                   Schubert Impromptus Op 90, D 899 No 2, 4


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=RDQfWfCuuOM

 

 

Vladimir Horowitz (1903-1989)

Vladimir Horowitz    Vladimir Horowitz

Vladimir Horowitz    Vladimir Horowitz

Vladimir Horowitz    Vladimir Horowitz

Vladimir Horowitz

Vladimir Horowitz

Vladimir Horowitz

samedi, 04 mai 2013

L'Interprète Beethovenien - Maxence Caron

mansarde
Washwoman Quartier Latin Paris, 1928, crédits photographiques André Kertész

 

Extrait d'une visite à Beethoven, 1840, Richard Wagner :

 

[...] Ce que je me rappelle, c'est qu'un soir, ayant entendu une symphonie de Beethoven, j’eus dans la nuit un accès de fièvre, je tombai malade, et qu’après mon rétablissement je devins musicien. Cette circonstance peut expliquer la préférence que je donnai constamment dans la suite aux œuvres de Beethoven, quelque belle musique que j’aie maintes fois entendue. C’était pour moi une affection, une idolâtrie à part. Ma plus vive jouissance fut de me plonger dans l’étude intime, approfondie de ce puissant génie, jusqu’à ce que je crus m’être identifié pour ainsi dire avec lui, jusqu’à ce que mon esprit nourri d’inspirations de plus en plus sublimes me parût être devenu une parcelle de ce rare et merveilleux esprit, jusqu’à ce qu’enfin j’arrivai à cet état d’exaltation que bien des gens traitent de démence.

Folie bien tolérable pourtant, et bien inoffensive. Cela ne me procurait qu'un pain fort sec et une boisson fort crue ; car on ne s'enrichit pas en Allemagne à courir le cachet. Après avoir vécu de la sorte assez longtemps dans ma mansarde, je vins un jour à penser que le grand artiste, objet de ma profonde vénération, vivait encore, et j'eus peine à m'expliquer comment cette idée ne m'était pas venue plus tôt. Le fait est que jamais jusque-là je ne m'étais représenté Beethoven sous une forme humaine pareille à la nôtre, et soumis aux besoins et aux appétits de la nature. Et cependant il existait, il vivait à Vienne, et dans une condition à peu près semblable à la mienne. Dès lors je n'eus plus un instant de repos ; toutes mes pensées, tous mes désirs étaient dirigés vers un seul but : voir Beethoven. [...]

 

> Le texte intégral indispensable http://maxencecaron.fr/2013/05/une-visite-a-beethoven-nou...

 

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After the Grand Prix, Paris 1907, crédits photographiques Edward Steichen

 

 

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Maxence Caron,

L'Interprète Beethovenien.

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 beethoven
Ludwig van Beethoven (1770-1827)

 

 

Maxence Caron joue la 1è Sonate de Beethoven

> http://maxencecaron.fr/2013/01/maxence-caron-joue-la-1e-s...

 

 

Maxence Caron joue la 8è Sonate de Beethoven (« Pathétique », op. 23)

> http://maxencecaron.fr/2012/10/maxence-caron-joue-la-8e-s...

 

 

Maxence Caron joue Beethoven : la 14è Sonate pour piano, réputée « au clair de lune »

> http://maxencecaron.fr/2012/08/maxence-caron-joue-beethov...

 

 

Maxence Caron joue la 17è Sonate de Beethoven (op. 31, n° 2 : « La Tempête »)

> http://maxencecaron.fr/2012/11/maxence-caron-joue-la-17e-...

 

Maxence Caron joue la « Waldstein » (21è Sonate pour piano, op. 53, en do majeur)

> http://maxencecaron.fr/2014/07/beethoven-maxence-caron-jo...

 

 

Maxence Caron joue la 23è Sonate de Beethoven (op. 57, « Appassionata »)

> http://maxencecaron.fr/2012/10/maxence-caron-joue-la-23e-...

 

 

Maxence Caron joue la 30è Sonate pour piano de Beethoven (op. 109)

> http://maxencecaron.fr/2012/09/maxence-caron-joue-la-30e-...

 

 

Maxence Caron joue la Marche funèbre de Beethoven

> http://maxencecaron.fr/2012/10/maxence-caron-joue-la-marc...

 

vendredi, 03 mai 2013

Glenn et Ludwig

 

 Les mains en mitaines de l'artiste.

glenn gould

 

 

Extrait de "La pensée de Glenn Gould", 2013, Maxence Caron :

[...]

Infiniment nuancé, dansant sur une ligne de crête, usant de la technologie pour la retourner contre elle-même, créant un domaine de protection pour que l’âme puisse vivre en solitude au domaine de l’âme et l’artiste en solitude dans une demeure d’artiste, Glenn Gould, rigodant avec Pandore*, touche aux éléments où notre ère prend plaisir à succomber et demande à l’individu de marcher sur les eaux.

[...] Là où les artistes avancent vers l’esclavage à mesure qu’ils font carrière, lui se retire de toute carrière, il prend sa retraite à l’âge où d’autres commencent à réussir de vendre leur âme, il refuse d’être donné en spectacle, il entre en soi, il rentre chez soi pour définir les modalités d’exercice de l’art et les fondre avec ce que fut depuis toujours l’absence de compromission de l’érémitisme attaché à la création individuelle.

[...]

Le but de Glenn Gould : la sagesse, la pensée – et pour cela, la solitude. « La solitude, il est en votre pouvoir de l’acquérir et de votre devoir de la cultiver, car la contemplation est une grâce dont on doit pouvoir jouir à bon escient ». La sagesse et la pensée ne conduisent pas Gould à une éthique ni à une érudition, mais à un savoir contemplatif mû par un Absolu.

[...]

Advient de ce fait une communion d’un génie à l’autre ; en l’occurrence, quelles que soient les distorsions et les « folies » que la bienséance croit entendre Gould infliger aux compositeurs qu’il joue, il faut comprendre ces audaces comme le fondamental contact d’égal à égal entre deux personnalités, deux compositeurs, pour qui l’art n’est pas un fait de musée. Gould transpose la vie d’une œuvre dans sa propre vie qui est elle-même pensée du fondement de toute vie, et, s’ouvrant ainsi à cette œuvre depuis ce qu’il a de plus profond, il fait poser l’œuvre pour lui tandis qu’il se donne à elle. [...]

Pourquoi Gould aurait-il fait autant de simagrées mimiques, lui qui clamait son dégoût du spectacle, s’il ne s’était pas laissé éprendre par une instance plus lointaine que son ego. [...] Ce que Glenn Gould quiert, il l’acquiert en le recevant d’un ciel qui est « par-dessus le toi », le moi, par-dessus tout domaine ne relevant que de l’idiosyncrasique. [...] Les fameux mugissements gouldiens lorsqu’il joue relèvent de la glossolalie au sens mystique. [...] Les minores habentes ne se doutent pas de ce qui sous-tend les insolences du génie. Ne connaîtront que ceux qui en sont, parmi ceux qui perçoivent ce qui est plus pur et plus différent que l’espace.

[...] Gould a trouvé un moyen d’ouvrir au triple agir à l’œuvre en son génie de compositeur, de pianiste et d’écrivain, une capacité d’expression paroxystique [...].

Il y a ainsi dans l’art, dit Gould, « une composante qui lui permet de présider à sa propre désuétude » : l’art, s’il réussit, a une destinée d’auto-abandon vers la spiritualité.

Glenn Gould avait donné son âme à Dieu : la plupart de ses nombreux textes sont les esquisses d’un important ouvrage qu’il méditait d’écrire depuis des années, lorsqu’il aurait pris, non sans produire un autre scandale sans doute, sa seconde retraite, et après avoir reçu la prophétique grâce d’hypnotiser Pandore*.

 

> Le texte intégral indispensable http://laregledujeu.org/2013/02/14/12365/la-pensee-de-gle...

 

* A propos de Pandore : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pandore.

glenn gould, pandoreDans la mythologie grecque, Pandore (Πανδώρα, "tous les dons") est la première femme, "celle qui fait sortir les présents des profondeurs", "la Déesse de la terre qui préside la fécondité". Pandore fut créée sur l'ordre de Zeus qui voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Elle fut fabriquée dans de l'argile et de l'eau par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l'habileté manuelle, entre autre l'art du tissage, et l'habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon lui donna le talent musical ; Hermès lui apprit le mensonge et l'art de la persuasion ; Héra lui donna la curiosité et la jalousie. Zeus offrit la main de Pandore à Epiméthée, frère de Prométhée. Bien qu'il eût promis à Prométhée de refuser les cadeaux venant de Zeus, Epiméthée accepta Pandore. Pandore apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse que Zeus lui interdit d'ouvrir. Celle-ci contenait tous les maux de l'humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion ainsi que l'Espérance. Une fois installée comme épouse, Pandore céda à la curiosité qu'Héra lui avait donnée et ouvrit la boîte, libérant ainsi les maux qui y étaient contenus. Elle voulut refermer la boîte pour les retenir il était hélas trop tard. Seule l'Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée. L'Iliade énonce que sans femme, la vie de l'homme n'est pas vivable, et avec une femme, guère plus.

 

 

glenn gould
Crédits photographiques Gordon Parks

 

> Page à consulter également 
http://theselvedgeyard.wordpress.com/2011/03/10/pianist-glenn-gould-rejecting-the-bloodsport-cult-of-showmanship/
pour de nombreuses photos
de Glenn Gould en enregistrement de Bach
prises par Gordon Parks pour LIFE
et commentées.

 

Trente-deux variations


http://www.youtube.com/watch?v=bVrUaiL2gz8&feature=pl...

 

Le IIIe mouvement du Concerto n°3 + photos :
mis en ligne en janvier 2011, seulement 6'081 vues (!?)


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

glenn-gould-061.jpg

glenn gould

 

L'Appassionata


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=GXjM2hrqO54


 
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=YCgwVVgSDpU

 

glenn gould

glenn gould

 

La Tempête I, II, III


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

 La Tempête III


http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=vEGmSHKlsaI 

 

glenn gould

glenn gould

 

Le Clair de Lune I et III


http://www.youtube.com/watch?v=WD6pGV69fJI&feature=player_detailpage

 


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=DVZqAbbkdgw

 

glenn-gould au café.jpg

Gould-420x0.jpg

 

La Pathétique I, II, III


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

GOULD_08.jpg

glenn gould

 

Les deux dernières sonates :

Sonate 31 opus 110


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

Sonate 32 opus 111


http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...

 

Si ce n'est déjà fait :

> Page à consulter absolument 
pour de nombreuses photos de Gordon Parks pour LIFE
avec commentaires
http://theselvedgeyard.wordpress.com/2011/03/10/pianist-glenn-gould-rejecting-the-bloodsport-cult-of-showmanship/