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lundi, 23 décembre 2013

Voici que l'ange est apparu - Le Songe de saint Joseph - De La Tour

 

le songe, joseph, de la tour
L'Apparition de l'ange à saint Joseph, Georges de La Tour
dit aussi le Songe de Saine Joseph
Au Musée des Beaux-Arts de Nantes

 

Voici que l'ange Gabriel, devant la Vierge est apparu,
De toi va naître un enfant Dieu,
Et tu l'appelleras Jésus.

De mon Seigneur j'ai tout reçu,
je l'ai servi jusqu'à ce jour,
Qu'il fasse en moi sa volonté,
je m'abadonne à son amour.

Voici que l'ange Gabriel, devant la Vierge est apparu,
De toi va naître un enfant Dieu,
Et tu l'appelleras Jésus.

Et Dieu se fit petit enfant
La Vierge lui donna son corps
Il connut toute notre vie,
Nos humbles joies et notre mort.

Voici que l'ange Gabriel, devant la Vierge est apparu,
De toi va naître un enfant Dieu,
Et son nom est Emmanuel.

 

> A consulter également : 

http://www.ndgrace-passy.com/editoriaux/editoriaux_10/edi...

http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/06/15/neuvaine-saint-joseph.html

 

dimanche, 22 décembre 2013

La vie aux champs - Victor Hugo

le salon chinois, maison de victor hugo Paris
Le salon chinois, maison de Victor Hugo, Paris

 

 

Le soir, à la campagne, on sort, on se promène,
Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine ;
Moi, je vais devant moi ; le poète en tout lieu
Se sent chez lui, sentant qu'il est partout chez Dieu.
Je vais volontiers seul. Je médite ou j'écoute.
Pourtant, si quelqu'un veut m'accompagner en route,
J'accepte. Chacun a quelque chose en l'esprit ;
Et tout homme est un livre où Dieu lui-même écrit.
Chaque fois qu'en mes mains un de ces livres tombe,
Volume où vit une âme et que scelle la tombe,
J'y lis.

Chaque soir donc, je m'en vais, j'ai congé,
Je sors. J'entre en passant chez des amis que j'ai.
On prend le frais, au fond du jardin, en famille.
Le serein mouille un peu les bancs sous la charmille ;
N'importe : je m'assieds, et je ne sais pourquoi
Tous les petits enfants viennent autour de moi.
Dès que je suis assis, les voilà tous qui viennent.
C'est qu'ils savent que j'ai leurs goûts; ils se souviennent
Que j'aime comme eux l'air, les fleurs, les papillons
Et les bêtes qu'on voit courir dans les sillons.
Ils savent que je suis un homme qui les aime,
Un être auprès duquel on peut jouer, et même
Crier, faire du bruit, parler à haute voix;
Que je riais comme eux et plus qu'eux autrefois,
Et qu'aujourd'hui, sitôt qu'à leurs ébats j'assiste,
Je leur souris encor, bien que je sois plus triste ;
Ils disent, doux amis, que je ne sais jamais
Me fâcher ; qu'on s'amuse avec moi ; que je fais
Des choses en carton, des dessins à la plume ;
Que je raconte, à l'heure où la lampe s'allume,
Oh! des contes charmants qui vous font peur la nuit ;
Et qu'enfin je suis doux, pas fier et fort instruit.

Aussi, dès qu'on m'a vu : «Le voilà !» tous accourent.
Ils quittent jeux, cerceaux et balles; ils m'entourent
Avec leurs beaux grands yeux d'enfants,sans peur,sans fiel,

Qui semblent toujours bleus, tant on y voit le ciel !

Les petits -- quand on est petit, on est très-brave --
Grimpent sur mes genoux; les grands ont un air grave ;
Ils m'apportent des nids de merles qu'ils ont pris,
Des albums, des crayons qui viennent de Paris ;
On me consulte, on a cent choses à me dire,
On parle, on cause, on rit surtout ; -- j'aime le rire,
Non le rire ironique aux sarcasmes moqueurs,
Mais le doux rire honnête ouvrant bouches et coeurs,
Qui montre en même temps des âmes et des perles.

J'admire les crayons, l'album, les nids de merles ;
Et quelquefois on dit quand j'ai bien admiré :
«Il est du même avis que monsieur le curé.»
Puis, lorsqu'ils ont jasé tous ensemble à leur aise,
Ils font soudain, les grands s'appuyant sur ma chaise,
Et les petits toujours groupés sur mes genoux,
Un silence, et cela veut dire : «Parle-nous.»

Je leur parle de tout. Mes discours en eux sèment
Ou l'idée ou le fait. Comme ils m'aiment, ils aiment
Tout ce que je leur dis. Je leur montre du doigt
Le ciel, Dieu qui s'y cache, et l'astre qu'on y voit.
Tout, jusqu'à leur regard, m'écoute. Je dis comme
Il faut penser, rêver, chercher. Dieu bénit l'homme,
Non pour avoir trouvé, mais pour avoir cherché.
Je dis : Donnez l'aumône au pauvre humble et penché ;
Recevez doucement la leçon ou le blâme.
Donner et recevoir, c'est faire vivre l'âme !
Je leur conte la vie, et que, dans nos douleurs,
Il faut que la bonté soit au fond de nos pleurs,
Et que, dans nos bonheurs, et que, dans nos délires,
Il faut que la bonté soit au fond de nos rires ;
Qu'être bon, c'est bien vivre, et que l'adversité
Peut tout chasser d'une âme, excepté la bonté ;
Et qu'ainsi les méchants, dans leur haine profonde,
Ont tort d'accuser Dieu. Grand Dieu! nul homme au monde
N'a droit, en choisissant sa route, en y marchant,
De dire que c'est toi qui l'as rendu méchant ;
Car le méchant, Seigneur, ne t'est pas nécessaire !

Je leur raconte aussi l'histoire ; la misère
Du peuple juif, maudit qu'il faut enfin bénir ;
La Grèce, rayonnant jusque dans l'avenir ;
Rome ; l'antique Égypte et ses plaines sans ombre,
Et tout ce qu'on y voit de sinistre et de sombre.
Lieux effrayants ! tout meurt; le bruit humain finit.
Tous ces démons taillés dans des blocs de granit,
Olympe monstrueux des époques obscures,
Les Sphinx, les Anubis, les Ammons, les Mercures,
Sont assis au désert depuis quatre mille ans ;
Autour d'eux le vent souffle, et les sables brûlants
Montent comme une mer d'où sort leur tête énorme ;
La pierre mutilée a gardé quelque forme
De statue ou de spectre, et rappelle d'abord
Les plis que fait un drap sur la face d'un mort ;
On y distingue encor le front, le nez, la bouche,
Les yeux, je ne sais quoi d'horrible et de farouche
Qui regarde et qui vit, masque vague et hideux.
Le voyageur de nuit, qui passe à côté d'eux,
S'épouvante, et croit voir, aux lueurs des étoiles,
Des géants enchaînés et muets sous des voiles.

 

A consulter également : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor...

 

 

tondeuse,barbeVictor Hugo (1802-1885)

samedi, 21 décembre 2013

Turner

 

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Le pont des soupirs, Turner

 

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Le môle, vu du bassin de Saint-Marc, Canaletto

 

 

Extrait de "Turner et ses idoles", pages Culture d'un quotidien, lundi 29 mars 2010 :

[...]

Le nom de Turner (1775-1851), immédiatement évocateur de toiles incandescentes, où flamboient, en fusions polychromes, des paysages de mer ou de montagne, de terres éthérées ou de ciels irréels, est déjà fort connu en nos contrées et très cher à beaucoup d'amateurs de paysages alpins ou de peinture "explosée", annonçant Monet et l'art non figuratif du XXe siècle.

Cependant, avant d'être ce précurseur indéniable, Turner fut l'un des derniers maîtres anciens, très nourri d'autres maîtres anciens (de Titien à Poussin ou Rembrandt à Claude Gellée, dit Le Lorrain, son préféré), autant qu'il était attentif à l'art anglais et européen de son temps.

 

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Le Déluge, Turner

 

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L'hiver ou le Déluge, Poussin

 

Formé, dès l'âge de 14 ans, aux préceptes de l'art et au métier dans les ateliers de la Royal Academy de Londres, Joseph Mallord William Turner concilia très tôt une conscience vive de l'importance de la tradition et la préservation de sa vision artistique personnelle. Celle-ci supposait une autonomie financière, dont Turner, fils de petites gens, ne disposait pas. L'époque n'était plus aux grands mécénats de l’Église, de l’État ou des princes, le jeune artiste compensa son éducation sommaire et son manque d'appuis sociaux par un travail effréné, qui lui valut la reconnaissance de la Royal Academy. Cette dernière était attachée à la méritocratie et relayée par une exploitation commerciale adéquate de son métier. "Il avait la passion de l'art (...) et il avait la passion beaucoup plus commune de l'argent", note un biographe.

 

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Embarcation de saint Ursule, Le Lorrain

 

David Solkin, maître d’œuvre du catalogue de l'exposition*, précise : "La clé du succès économique de Turner résidait dans son empressement et sa capacité à produire un éventail étonnamment vaste de biens artistiques de grande qualité." Ces données "triviales", liées au marché artistique de l'époque età la furieuse concurrence qui y régnait, sont d'autant plus intéressantes qu'elles révèlent un Turner à multiples facettes. Immensément ambitieux et non moins attaché au perfectionnement de son métier, il est aussi curieux du travail des autres et pleure en découvrant le tableau d'un rival qu'il craint de ne pouvoir égaler ! Il aspirait à tutoyer les plus grands : il voudra par testament que son legs à la National Gallery permette à ses plus beaux tableaux d'être accrochés près de ceux du Lorrain...

[...] un paysage, loin d'être la seule représentation de la nature, est à la fois pensée et point de vue. Des Italiens classiques aux Flamands "quotidiens", des Français néoclassiques aux Suisses romantiques, Turner enjambe les frontières et les siècles, en quête de "sa" vision. Celle-ci tend à se dépouiller de toute "littérature" pour aller vers le chant pur de la couleur et des énergies formelles, mais tirer Turner vers "nous" est peut-être excessif. Le maître ancien était plein lui aussi d'une frémissante jeunesse, comme en témoignent ses merveilleuses aquarelles sans âge, et le pur voyant n'existerait pas sans la double patience de la pensée et de l'art.

 

* Exposition Tuner et ses idoles, au Grand Palais, Paris, 2010.
  Catalogue Turner et ses peintres, éditeur RMN, 288 pages, 23 x 30,5cm, 195 illustrations.

 

 

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Pécheurs en mer, Turner

 

 

> A consulter également :
http://rillon.blog.lemonde.fr/2010/03/17/turner-embrase-l...

dimanche, 01 décembre 2013

L'Avent

 

Sélection par Marc Kandalaft

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Crédits photographiques Marc Kandalaft
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Après retouche informatique de la lumière et des contrastes par Jana Hobeika

 

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Crédits photographiques William Eggleston
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lundi, 11 novembre 2013

Après l'orgie, la simulation par fractale - Jean Baudrillard (il y a plus de vingt ans)

 

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Crédits photographiques Sylvia El Aarabi 

 

Extrait de La Transparence du Mal, 1990, Jean Baudrillard, Galilée (pp 11 à 16) :

 

S'il fallait caractériser l'état actuel des choses, je dirais que c'est celui d'après l'orgie. L'orgie, c'est tout le moment explosif de la modernité, celui de la libération dans tous les domaines. Libération politique, libération sexuelle, libération des forces productives, libération des forces destructives, libération de la femme, de l'enfant, des pulsions inconscientes, libération de l'art. Assomption de tous les modèles de représentation, de tous les modèles d'anti-représentation. Ce fut une orgie totale, de réel, de rationnel, de sexuel, de critique et d'anti-critique, de croissance et de crise de croissance. Nous avons parcouru tous les chemins de la production et de la surproduction virtuelle d'objets, de signes, de messages, d'idéologies, de plaisirs. Aujourd'hui, tout est libéré, les jeux sont faits, et nous nous retrouvons collectivement devant la question cruciale : QUE FAIRE APRES L'ORGIE ?

Nous ne pouvons plus que simuler l'orgie et la libération, faire semblant d'aller dans le même sens en accélérant, mais en réalité nous accélérons dans le vide, parce que toutes les finalités de la libération sont déjà derrière nous et que ce par quoi nous sommes hantés, obsédés, c'est par cette anticipation de tous les résultats, par la disponibilité de tous les signes, de  toutes les formes, de tous les désirs. Que faire alors ? C'est ça l'état de simulation, celui où nous  ne pouvons que rejouer tous les scénarios parce qu'ils ont déjà eu lieu - réellement ou virtuellement. C'est celui de l'utopie réalisée, de toutes les utopies réalisées, où il faut paradoxalement continuer de vivre comme si elles ne l'étaient pas. Mais puisqu'elles le sont, et puisque nous ne pouvons plus garder l'espoir de les réaliser, il ne nous reste qu'à les hyper-réaliser dans une simulation indéfinie. Nous vivons dans la reproduction indéfinie d'idéaux, de fantasmes, d'images, de rêves qui sont désormais derrière nous, et qu'il nous faut cependant reproduire dans une sorte d'indifférence fatale.

Au fond partout la révolution a bien eu lieu, mais pas du tout comme on l'attendait. Partout ce qui a été libéré l'a été pour passer à la circulation pure, pour passer sur orbite. Avec quelque recul, on peut dire que l'aboutissement inéluctable de toute libération est de fomenter et d'alimenter les réseaux. Les choses libérées sont vouées à la commutation incessante, et donc à l'indétermination grandissante et au principe d'incertitude.

Rien (ni même Dieu) ne disparaît plus par la fin ou la mort, mais la prolifération, contamination, saturation et transparence, exténuation et extermination, par épidémie de simulation, transfert dans l'existence seconde de la simulation. Plus de mode fatal de disparition, mais un mode fractal de dispersion.

 

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Signe astrologique du sagittaire, Yves Bady

 

Rien ne se réfléchit plus vraiment, ni en miroir, ni en abyme (qui n'est encore que le dédoublement à l'infini de la conscience). La logique de la dispersion virale des réseaux n'est plus celle de la valeur, ni donc de l'équivalence. Il n'y a plus de révolution, mais une circonvolution, une involution de la valeur. A la fois une compulsion centripète, et une excentricité de tous les systèmes, une métastase interne, une autovirulence fiévreuse qui les porte à exploser au-delà de leurs propres limites, à outrepasser leur propre logique, non dans la tautologie pure, mais dans une montée en puissance, dans une potentialisation fantastique où ils jouent leur propre perte.

[...] Après le stade naturel, le stade marchand, le stade structural, voici venu le stade fractal de la valeur. Au premier correspondait un référent naturel, et la valeur se développait en référence à un usage naturel du monde. Au second correspondait un équivalent général, et la valeur se développait en référence à une logique de la marchandise. Au troisième correspond un code, et la valeur s'y déploie en référence à un ensemble de modèles. Au quatrième stade, le stade fractal, ou encore le stade viral, ou encore le stade irradié de la valeur, il n'y a plus de référence du tout, la valeur irradie dans toutes les directions, dans tous les interstices, sans référence à quoi que ce soit, par pure contiguïté. A ce stade fractal, il n'y a plus d'équivalence, ni naturelle ni générale, il n'y a plus à proprement parler de loi de la valeur, il n'y a plus qu'une sorte d'épidémie de la valeur, de métastase générale de la valeur, de prolifération et de dispersion aléatoire. En toute rigueur, il ne faudrait plus parler de valeur, puisque cette sorte de démultiplication et de réaction de chaîne rend impossible toute évaluation. [...] Le bien n'est plus à la verticale du mal, rien ne se range plus en abscisses et en ordonnées. Chaque particule suit son propre mouvement, chaque valeur, ou fragment de valeur, brille un instant dans le ciel de la simulation, puis disparaît dans le vide, selon une ligne brisée qui ne rencontre qu'exceptionnellement celle des autres. C'est le schéma même du fractal, et c'est le schéma actuel de notre culture.

Quand les choses, les signes, les actions sont libérées de leur idée, de leur concept, de leur essence, de leur valeur, de leur référence, de leur origine et de leur fin, alors elles entrent dans une auto-reproduction à l'infini. Les choses continuent de fonctionner alors que l'idée en a depuis longtemps disparu. Elles continuent de fonctionner dans une indifférence totale à leur propre contenu. Et le paradoxe est qu'elles fonctionnent d'autant mieux.

Ainsi, l'idée de progrès a disparu, mais le progrès continue. L'idée de la richesse qui sous-tend la production a disparu, mais la production continue de plus belle. Elle accélère au contraire à mesure qu'elle devient indifférente à ses finalités d'origine. Du politique, on peut dire que l'idée en a disparu, mais que le jeu politique continue dans une indifférence secrète à son propre enjeu. [...] Toute chose qui perd son idée est comme l'homme qui a perdu son ombre - elle tombe dans un délire où elle se perd.

 

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Signe astrologique de la vierge, Yves Bady

 

[...] Alors s'estompe en quelque sorte dans tous les domaines de la grande aventure de la sexualité, des êtres sexués - au profit du stade antérieur (?) des êtres immortels et asexués, de reproduisant comme des protozoaires, par simple division du Même et déclinaison du code. Les être technologiques actuels, les machines, les clones, les prothèses, tendent tous vers ce type de reproduction et tout doucement ils induisent le même processus chez les êtres dits humains et sexués. [...]

La possibilité de la métaphore s'évanouit dans tous les domaines. [...] Et notre mélancolie vient peut-être de là, car la métaphore était belle encore, esthétique, elle jouait de la différence et de l'illusion de la différence. [...]

 

la transparence du mal, jean baudrillardSe procurer l'ouvrage :

La Transparence du Mal

Jean Baudrillard

1990

Galilée

179 pages

http://www.amazon.fr/transparence-du-mal-Jean-Baudrillard...

 

dimanche, 10 novembre 2013

Psaume 89 - Raphaël

 

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La Vierge à la rose - Raphaël
> http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Vierge_%C3%A0_la_rose_%28...

 

Tu fais retourner l'homme à la poussière ;
Tu as dit : "Retournez, fils d'Adam !"

A tes yeux, mille ans sont comme hier,
C'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ;
Dès le matin, c'est une herbe changeante :

Elle fleurit le matin, elle change ;
Le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
Que nos coeurs pénètrent la sagesse.

Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes visiteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
Que nous passions nos jours dans la joie et les chants.

Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu.
Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains.

dimanche, 03 novembre 2013

Il n'y a d'amour que du particulier - El Greco, Titien, Blake, Rubens, Fragonard

el-greco-pieta.jpg
Pieta, El Greco

 

pieta, titien
Pieta, Titien

 

29ème dimanche du Temps ordinaire, semaine du 20 au 26 octobre 2013 :

"Il n'y a d'amour que du particulier", Père Luc de Bellescize, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy


> http://www.ndgrace-passy.com/editoriaux/edito131020.htm 

 

   La foi chrétienne vient révolutionner la pensée grecque, qui privilégie l'universel au mépris du particulier. Socrate, dans le Banquet de Platon, veut s'élever de la beauté sensible des êtres vers l'amour de la beauté en soi, qui seule est digne de la conquête du philosophe. Il s'agit de s'arracher à l'unique, qui n'est qu'ombre et poussière, pour entrer dans l'universel abstrait. Il s'agit de dépasser les visages pour parvenir au monde des Idées, quitter l'unique concret, que l'on voit, pour entrer le monde idéal, que l'on ne voit pas. Ainsi, dans le mythe de la caverne - La République, VII -, l'homme libre doit se détourner de ce qu'il voit pour marcher à la lumière qu'il ne voit pas, et qui, pour Platon, est la seule réalité qui vaille la peine d'être cherchée, car l’existence n'est qu'un théâtre d'ombres et la vie est un songe qui se dissipe au sortir du sommeil. Mais quand Jésus guérit, il touche un homme entre tous, un homme réel et concret, et affirme la dignité de cet homme-là, à un moment précis du temps qui passe. Le Christ est venu nous dire qu’il n’y a d’amour que du particulier. Tant qu'on n'a pas aimé le particulier, on n'a jamais aimé.

   Le christianisme est un anti platonisme. « Non pas le dieu des philosophes, écrivait Pascal, mais le dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Il exalte la chair comme Temple de l'Esprit, il pense que nous n'avons pas à nous détourner du monde pour entrer en Dieu, mais que Dieu est entré Lui-même dans le monde. Il croit que Celui qui est le « Tout » s'est fait homme, a pris sur lui un visage unique, parce que nous sommes uniques à ses yeux. Il est stricte justice de réaliser à quel point le Christ a irrigué les racines de notre société, combien la foi en un Dieu qui s'est fait homme a bouleversé notre conception de l'homme, et combien tout le personnalisme occidental est dû à notre enracinement dans le mystère de la croix du Seigneur, dans le visage « vulnérable » de Dieu. « Les droits de l’homme, Dieu merci ! », écrivait le cardinal Lustiger. Ils sont enracinés bien davantage dans la Lumière du Christ que dans la pensée des Lumières, qui a vu le retour de l'universalisme païen et du culte de l'abstrait. Nous avons perdu la contemplation de l’icône du Christ, nous avons refusé le mystère du Crucifié et estompé le « plus grand amour » pour exalter le grand horloger de Voltaire, l'Être suprême de la révolution française vénéré par cet homme très ascète et très religieux qu'était Robespierre, ou par certaines loges maçonniques déistes, que l'on célébrait publiquement tandis que les têtes roulaient par milliers, car là où Dieu perd son visage, les hommes n'ont plus de visages.

 

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L'amour d'Adam et Eve, William Blake

 

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Samson et Dalila, Rubens


Diane et Endymion - J H Fragonard.jpg
Diane et Endymion, Fragonard