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samedi, 21 décembre 2013

Turner

 

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Le pont des soupirs, Turner

 

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Le môle, vu du bassin de Saint-Marc, Canaletto

 

 

Extrait de "Turner et ses idoles", pages Culture d'un quotidien, lundi 29 mars 2010 :

[...]

Le nom de Turner (1775-1851), immédiatement évocateur de toiles incandescentes, où flamboient, en fusions polychromes, des paysages de mer ou de montagne, de terres éthérées ou de ciels irréels, est déjà fort connu en nos contrées et très cher à beaucoup d'amateurs de paysages alpins ou de peinture "explosée", annonçant Monet et l'art non figuratif du XXe siècle.

Cependant, avant d'être ce précurseur indéniable, Turner fut l'un des derniers maîtres anciens, très nourri d'autres maîtres anciens (de Titien à Poussin ou Rembrandt à Claude Gellée, dit Le Lorrain, son préféré), autant qu'il était attentif à l'art anglais et européen de son temps.

 

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Le Déluge, Turner

 

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L'hiver ou le Déluge, Poussin

 

Formé, dès l'âge de 14 ans, aux préceptes de l'art et au métier dans les ateliers de la Royal Academy de Londres, Joseph Mallord William Turner concilia très tôt une conscience vive de l'importance de la tradition et la préservation de sa vision artistique personnelle. Celle-ci supposait une autonomie financière, dont Turner, fils de petites gens, ne disposait pas. L'époque n'était plus aux grands mécénats de l’Église, de l’État ou des princes, le jeune artiste compensa son éducation sommaire et son manque d'appuis sociaux par un travail effréné, qui lui valut la reconnaissance de la Royal Academy. Cette dernière était attachée à la méritocratie et relayée par une exploitation commerciale adéquate de son métier. "Il avait la passion de l'art (...) et il avait la passion beaucoup plus commune de l'argent", note un biographe.

 

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Embarcation de saint Ursule, Le Lorrain

 

David Solkin, maître d’œuvre du catalogue de l'exposition*, précise : "La clé du succès économique de Turner résidait dans son empressement et sa capacité à produire un éventail étonnamment vaste de biens artistiques de grande qualité." Ces données "triviales", liées au marché artistique de l'époque età la furieuse concurrence qui y régnait, sont d'autant plus intéressantes qu'elles révèlent un Turner à multiples facettes. Immensément ambitieux et non moins attaché au perfectionnement de son métier, il est aussi curieux du travail des autres et pleure en découvrant le tableau d'un rival qu'il craint de ne pouvoir égaler ! Il aspirait à tutoyer les plus grands : il voudra par testament que son legs à la National Gallery permette à ses plus beaux tableaux d'être accrochés près de ceux du Lorrain...

[...] un paysage, loin d'être la seule représentation de la nature, est à la fois pensée et point de vue. Des Italiens classiques aux Flamands "quotidiens", des Français néoclassiques aux Suisses romantiques, Turner enjambe les frontières et les siècles, en quête de "sa" vision. Celle-ci tend à se dépouiller de toute "littérature" pour aller vers le chant pur de la couleur et des énergies formelles, mais tirer Turner vers "nous" est peut-être excessif. Le maître ancien était plein lui aussi d'une frémissante jeunesse, comme en témoignent ses merveilleuses aquarelles sans âge, et le pur voyant n'existerait pas sans la double patience de la pensée et de l'art.

 

* Exposition Tuner et ses idoles, au Grand Palais, Paris, 2010.
  Catalogue Turner et ses peintres, éditeur RMN, 288 pages, 23 x 30,5cm, 195 illustrations.

 

 

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Pécheurs en mer, Turner

 

 

> A consulter également :
http://rillon.blog.lemonde.fr/2010/03/17/turner-embrase-l...

mardi, 10 septembre 2013

La fièvre au corps - William Hurt, Kathleen Turner

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Film : La fièvre au corps / Body Heat (1981, durée 1h55)

Réalisateur : Lawrence Kasdan

Ned Racine avocat en Floride (William Hurt), Matty Walker femme mariée (Kathleen Turner), monsieur Walker le riche mari (Richard Crenna) 

 

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Ned : Vous pouvez rester avec moi si vous voulez, à condition que vous ne me parliez pas de la chaleur.

Matty : Je suis une femme mariée.

Ned : Ca veut dire quoi ?

Matty : Ca veut dire que je ne cherche pas de compagnie.

Ned : Vous auriez dû dire "Je suis une femme mariée et heureuse".

Matty : Il n'y a que moi que ça regarde.

Ned : Quoi ?

Matty : Si je suis heureuse ou non.

Ned : Vous êtes vraiment heureuse ?

Matty : Vous, vous êtes un peu lourd. C'est un défaut qui me plaît.

Ned : Qu'est-ce qui vous plaît encore ? La paresse ? La laideur, la luxure ? J'ai tous les défauts.

Matty : Vous n'êtes pas paresseux. Dites-moi, ce genre de baratin, ça marche avec combien de femmes ?

Ned : Uniquement avec celles qui n'ont pas beaucoup vécu.

Matty : Ca me rassure. Je me demandais si j'étais encore dans le coup.

Ned : Vous voulez que je vous offre un verre ?

Matty : Je vous l'ai déjà dit, j'ai un mari.

Ned : Je lui en offrirai un à lui aussi.

Matty : Il n'est pas en ville.

Ned : Vous avez un mari idéal. Nous allons boire à sa santé.

Matty : Il ne vient que pour le week-end.

Ned : Alors là, il commence à me plaire de plus en plus. Il faut vite prendre votre décision parce que dans une demi-heure, je vais m'énerver, je vais me tirer.

Matty : Vous voulez m'offrir quelque chose ?

Ned : Oui.

Matty : Alors je veux une glace.

Ned : A quoi ?

Matty : Cerise.

Ned : (au glacier) Cerise, mettez-en deux... Vous n'êtes pas de Miranda Beach. Je vous aurais remarquée.

Matty : Cette ville est si petite que ça ?

Ned : Oh... Pine Heaven ? Vous devez habiter Pine Heaven. Au bord de la plage. Vous avez une villa.

Matty : A quoi voyez-vous cela ?

Ned : Vous avez le style Pine Heaven.

Matty : Le style Pine Heaven, c'est quoi ?

Ned : Petite fille gâtée.

Matty : Je suis gâtée, c'est vrai Je suis gâtée. Et pas vous ?

Ned : Moi ? Je rêve d'être gâté. Je rêve d'une femme qui s'occuperait de moi, une femme qui me masserait mes muscles fatigués, qui me ferait mon lit.

Matty : Alors mariez-vous.

Ned : Je parlais juste pour ce soir.

 

Matty en tache son chemisier avec sa glace.

 

Matty : Oh ! Benh bravo Matty.

Ned : Matty ? J'adore. C'est juste sur votre cœur.

Matty : Ca me rafraîchit. Avec la chaleur qu'il fait.

Ned : Je vous ai interdit de parler de la chaleur.

Matty : Vous voulez bien m'apporter une serviette en papier ? Trempez-la dans l'eau fraîche.

Ned : Tout de suite. Je vais même vous enlever la tâche.

Matty : Vous ne voulez pas la lécher ?

 

Il part aux latrines. A son retour, elle n'est plus là.

 

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Matty : Mais qui je vois ? Ca alors, c'est une coïncidence.

Ned : Je vous connais ?

Matty : L'homme qui interdit que l'on parle de la chaleur. C'est dommage, je vous aurais parlé de mes mobiles.

Ned : Vos mobiles ?

Matty : Chez moi, j'ai des mobiles musicaux. Dès qu'ils se mettent à tinter, je sors en espérant un peu d'air frais, c'est ce qu'ils veulent dire d'habitude. Mais pas cette année. Cette année, l'air est si lourd.

Ned : Comme quelqu'un que je connais ?

Ned, au barman : Un bourbon quelconque avec de la glace.

Ned : Vous en voulez un autre ?

Matty : Oui. Que faites-vous à Pine Heaven ?

Ned : Je suis pas un plouc, je suis allé jusqu'à Miami une fois.

Matty : C'est curieux comme certains hommes, dès qu'ils sentent une proie, la traquent comme des chiens.

Ned : J'en suis pas à ce point-là.

Matty : Comment vous vous appelez ?

Ned : Ned Racine.

Matty : Matty Walker.

Ned : Oh, ça va ?

Matty : Oui, très bien. Ma température normale est entre 38 et 39. Ce n'est pas grave, c'est quelque chose dans le moteur.

Ned : Vous avez peut-être besoin d'une révision ?

Matty : Ne me dites pas que vous avez l'outil qu'il faut.

Ned : Je ne parle pas comme ça.

Matty : Comment m'avez-vous trouvée ?

Ned : Il n'y a qu'un bar à Pine Heaven.

Matty : Vous n'auriez pas dû venir. Vous repartirez déçu.

Ned, voyant une brochette d'hommes qui le regardent éberlués : Qu'est-ce que j'ai fait ?

Matty : Ils ont tous voulu s'asseoir à côté de moi. Vous êtes le premier que j'ai laissé faire.

Ned : Vous venez si souvent que ça ?

Matty : Beaucoup d'hommes sont des enfants.

Ned : Vous devriez rester boire chez vous.

Matty : Trop triste.

Ned : Vous ne devriez pas vous habiller comme ça.

Matty : J'ai une blouse et une jupe, je ne vois pas ce que vous voulez dire.

Ned : Alors vous devriez changer de corps.

Matty : Il y a des moments, je ne sais pas. J'en ai tellement marre de tout que je finis par m'en foutre. Est-ce que vous me comprenez, Ned ?

Ned : Je sais qu'il y a des moments où il y a tellement de merde qui me tombe dessus qu'il faudrait que je porte un chapeau.

Matty : Oui, vous me comprenez. Il va falloir que je vous laisse, je dois rentrer.

Ned : Je vous ramène.

Matty : Non, j'ai une voiture.

Ned : Alors je vous suis. Je veux voir les mobiles.

Matty : Vous voulez voir les mobiles ?

Ned : Je veux entendre leur musique.

Matty : C'est tout. Je vous laisse venir mais c'est tout.

Ned : J'ai horreur des complications.

Matty : Je viens souvent dans ce bar. Il peut m'arriver de passer y prendre un verre avec mon mari. Ca ne vous gêne pas de sortir avant moi, m'attendre dans votre voiture ? Je sais que ça semble idiot.

Ned : Qui croyez-vous tromper avec cette comédie ? Ils ont bien vu que vous me draguiez.

 

Elle le gifle.

 

Matty : Fichez-moi la paix maintenant.

 

Elle s'assied à une table seule. Il part.

 

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Ned : C'est aussi bien que chez moi... Pas de bonne ?

Matty : Elle rentre chez elle le soir.

Ned : Vous n'avez pas peur de rester seule ?

Matty : Non.

Ned : Alors c'était vrai, les mobiles. Qu'est-ce que c'est ?

Matty : Une tonnelle.

Ned : Non, non, là-bas.

Matty : La remise à bateau.

Ned : Qu'est-ce qu'il y a dedans ?

Matty : Un bateau... C'est le foutoire là-dedans, il y a, il y a juste une vieille barque, des rames, des chaises longues, des trucs comme ça... Vous devriez vous en aller maintenant.

Ned : Je viens juste d'arriver.

Matty : Vous avez vu les mobiles alors allez-vous en... Je suis vraiment désolée, je n'aurais pas dû vous laisser venir.

Ned : Vous n'êtes pas aussi forte que vous voulez le faire croire.

Matty : Non, je suis faible.

 

Elle l'embrasse à peine, ferme la porte et le laisse dehors. Il marche jusqu'à sa voiture puis revient. Il essaie d'ouvrir la porte d'entrée, elle est fermée à clé. Il contourne la maison, il la voit debout qui le regarde fixement depuis l'intérieur. Il casse une baie vitrée et il entre. 

 

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mercredi, 13 mars 2013

L'homme aux deux cerveaux - Carl Reiner, Steve Martin, Kathleen Turner

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Film : L'homme aux deux cerveaux (1983, durée 1h33)

Réalisateur : Carl Reiner

Le chirurgien Michael Hfuhruhurr (Steve Martin), Dolores Benedict (Kathleen Turner), le docteur Alfred Necessiter (David Warner),  le docteur Pasteur (Richard Brestoff), le docteur Brandon (Peter Hobbs), le docteur Felix Conrad (Earl Boen), Realtor (James Cromwell), Butler (Paul Benedict), Timon le premier vieux mari de Dolores (Georg Furth)

 

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- Docteur, est-ce que la science vous intéressait déjà enfant ? 

Michael : Je ne saurais dire si j'étais intéressé par la science. Je crois que j'étais intéressé par tout ce qui était gluant, comme par exemple les grenouilles, les escargots, et plus tard, lorsque j'ai vu à quel point le cerveau humain était gluant, j'ai aussitôt compris que c'était ce que je voulais faire pour le restant de mes jours.

 

¤     ¤     ¤

 

Michael : S'il vous plaît, relisez-moi votre papier, je ne voudrais pas paraître trop pompeux auprès de vos lecteurs.

- "Mes recherches sur les transplantations de cerveaux n'ont jamais été égalées et rendront probablement célèbre mon nom pour l'éternité."

Michael : Tout ça est très bien. Enlevez seulement "probablement". Il ne faut jamais être restrictif, vous savez.

 

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Dolores : Qu'est-ce qu'il y a Timon, je croyais que tu adorais le poisson ?

Timon : Il a un goût curieux.

Dolores : Ah oui ? Il est frais, tu sais. Je l'ai pris tout à l'heure là-dedans (elle montre son aquarium).

Timon : Tu as fait cuire mon angelot des mers ? Pourquoi est-ce que tu fais des choses aussi terribles ? Tu peux me le dire ?

Dolores : Parce que je trouve très amusant de voir tes grosses veines sur tes tempes trembler.

Timon : Toi, toi, ooooh, tu es une sans cœur ! Tu es un monstre ! Tu ne feras plus jamais ça à un autre homme !

Dolores : Mais si, qu'est-ce que tu crois ? Je le referai encore et encore, c'est sûr ! [...] Enlève tes sales pattes, espèce d'impuissant sénile !

Timon : Oooooh... Je vais te tuer §

Dolores : Ca m'excite tellement quand tu es en colère. Quand on me lira ton testament, j'aurai au moins autant de plaisir...

Timon : T'auras pas un sou, t'entends, pas un sou ! J'ai refait mon testament il y a des mois.

Dolores : Tu n'est qu'un vieux salaud merdique ! Bon, il va falloir que je me trouve une autre pauvre cloche à torturer. [...] Est-ce que notre lapin nous a fait une attaque cardiaque ? Comme ce serait affreux, et moi qui suis si jeune et si ardente !

 

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Dr : Michael, comment va ce mariage ?

Michael : Je ne sais pas ! Excusez-moi, il y a plus de quinze jours, je suis dans tous mes états, je ne sais plus ce que je fais.

Dr : Oh, Michael !

Michael : Vous voyez, voilà un exemple. Oh, bon Dieu, j'ai failli pisser dans le lavabo ! Je me demande pourquoi je suis si tendu.

Dr : Peut-être un peu trop de café ?

Michael : ... Non. Quand une femme qui vient de subir une opération du cerveau vous dit qu'elle a mal à la tête, il faut en tenir compte.

Dr : Ooooh... Patience, Michael. Entre un jeune marié et sa femme, s'ils s'adorent, ça s'arrange. Avant peu, vous l'entendrez vous dire "Prends-moi, prends-moi !" 

 

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Dolores : Est-ce que cela te fait de l'effet ?

Michael : Oui !

Dolores : Tant mieux. Je veux que pour notre première nuit, ce soit le pied intégral.

Michael : J'en serais heureux.

Dolores : J'espère que ça ne t'a pas trop coûté d'attendre.

Michael : ...

Dolores : Il y a une chose que je voudrais te dire. C'est un petit peu serré (sa nuisette), tu vas avoir un peu de mal, tu seras obligé de déchirer. Le mieux c'est d'y aller sans se préoccuper de rien.

Michael : Tu peux y compter, je vais y aller, sois tranquille.

Dolores : Oooh... Tu es... ma lame d'acier... Hoooh.... Aaaah-Haaa.... Attends, attends jusqu'à jeudi.

Michael : ... Aujourd'hui, c'est lundi.

Dolores : Je sais. Mes migraines devraient être passées jeudi. Ca ne t'ennuie pas d'attendre, n'est-ce pas ?

Michael : Non-non-non-non, pas du tout. J'ai mal à la tête moi aussi, et je vais aller faire un petit tour, ça me fera du bien... Oh c'est bon un peu de fraîcheur. 

 

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Michael : Vous vouliez me voir ?

Dr Brandon : Michael, je me fais du souci à votre sujet.

Michael : Ah oui !? Et pourquoi Dieu du ciel !?

Dr Brandon : Mes collaborateurs ne cessent de me dire que vous êtes un tantinet tendu ces jours-ci.

Michael : Tendu !? C'est vraiment ce qu'ils disent de moi, monsieur ?

Dr Brandon : Voyons, Michael, même avec moi, vous semblez un peu nerveux.

Michael : Nerveux !?

Dr Brandon : Comment ça va chez vous, Michael ?

Michael : Très bien ! Je suis marié à la plus merveilleuse femme au monde, alors ça ne peut qu'aller très bien, non !? Et ce sera encore plus extraordinaire... dès que nous aurons...

Dr Brandon : Six semaines, et vous n'avez pas fait l'amour avec votre femme ? Je comprends que vous soyez tendu.

Michael : Docteur Brandon, cette femme a été tout récemment opérée du cerveau, elle a eu son compte de souffrances, je peux vous le garantir. Et si vous l'ignorez, sachez qu'elle vous suce le doigt divinement, j'en suis particulièrement satisfait. 

 

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 ¤     ¤     ¤

 

Michael : Qu'est-ce qui se passe ici ?

Dolores : Laisse donc, ce monsieur me paie quinze mille dollars pour avoir le droit de toucher mon derrière.

Michael : Ca c'est le genre de choses qui pourrait détruire notre ménage.

 

mercredi, 02 janvier 2013

L'Enfer de Dante - Introduction & Chant 1 - Turner

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Eruption du Vésuve, William Turner

 

Extrait de La divine comédie, L'Enfer, 1314, Dante, traduction de Jacqueline Risset, GF-Flammarion 1985 :

 

Introduction

[...]

L'Enfer commence comme un récit de voyage : "Je me retrouvai dans une forêt obscure." Mais c'est en même temps le début typique d'un récit de rêve. Et, de fait, tout le premier chant peut se lire comme un rêve (modalité traditionnelle d'ouverture des grands récits antiques). Dès ce début et par la suite, la narration participe de façon simultanée, et parfois indiscernable, de registres opposés. Tout ce qui est décrit est allégorique (la forêt est forêt de l'erreur et du péché) ; et, en même temps, tout est concret. Chaque perception est retracée avec une précision quasi hallucinatoire, qu'on pourrait comparer de nos jours peut-être seulement à Kafka...

Dante donc dit qu'il se retrouve, il ne sait comment, dans cette forêt. Il entrevoit, au-delà des arbres, la cime d'une colline ensoleillée, où il voudrait bien aller, où il sait qu'il doit aller ; mais trois bêtes terrifiantes se dressent sur son passage ; il recule... A ce moment, une ombre apparaît tout près de lui, pâle et bienveillante : c'est Virgile, son maître en poésie, qui est aussi, pour tout le Moyen Âge, grand mage, grand sage, et, dans ses écrits, prophète secret du christianisme. Virgile propose à Dante de l'accompagner : il n'a pas le choix ; pour sortir de ce mauvais pas, il lui faudra passer par les trois règnes, les traverser de fond en comble, l'un après l'autre. Pour sortir de l'Enfer, où il va entrer, il ui faudra descendre tout l'espace du vaste entonnoir, où règnent l'obscurité, le bruit, la puanteur, jusqu'au fond, jusqu'au corps de Lucifer, qui coïncide avec le centre de la terre, qui est le centre du monde - le mal est là, indéniable et central.

"Au milieu du chemin de notre vie" : tel est le premier vers. Il va s'agir, dans le livre qui commence, d'un voyage, ou peut-être d'une vision, vécu au nom de l'humanité. Mais le nous de la dimension prophétique se mélange intimement, dès les premières lignes - dans un glissement grammatical internet - au je de l'expérience individuelle :

"Au milieu du chemin de notre vie*
Je me retrouvai dans une forêt obscure"

[...]

 

Chant 1

Au milieu du chemin de notre vie*
je me retrouvai par une forêt obscure**
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu'elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée !
Elle est si amère que mort l'est à peine plus ;
mais pour parler du bien que j'y trouvai,
je dirai des autres choses que j'y ai vues.
Je ne sais pas bien redire comment j'y entrai,
tant j'étais plein de sommeil en ce point
où j'abandonnai la voie vraie.
[...]

 

* de notre vie : selon Dante, suivant Isaïe, la vie humaine dessine un arc, dont le centre, et le point le plus haut, est l'âge de 35 ans. Né en 1265, Dante a 35 ans en l'an 1300, date de son voyage à Rome, au moment du grand Jubilé organisé par le pape Boniface VIII.

** une forêt obscure : au sens allégorique, les vices et l'erreur ("la forêt d'erreurs de cette vie", Convivio, IV, XXIV, 12) ; elle correspond, pour Dante, à une période d'égarement moral et intellectuel.

 

 

> A consulter également : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Divine_Com%C3%A9die 

 

 

41ZAB9F45HL__SL500_AA300_.jpgSe procurer l'ouvrage :

La divine comédie, L'Enfer

34 chants, écrits en 1314

Dante

1985

Traduction de Jacqueline Risset, GF Flammarion

380 pages, édition bilingue

http://www.amazon.fr/Divine-Com%C3%A9die-LEnfer-Dante-Ali...

 

 

jeudi, 23 août 2012

De l'immortalité de l'âme - Discours de la méthode, V, Descartes, Turner

 

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L'apparition d'un ange, Turner

 

 

Extrait de la Cinquième Partie du Discours de la Méthode, 1637, Descartes :

 

 [...] J'avais décrit après cela l'âme raisonnable, et fait voir qu'elle ne peut aucunement être tirée de la puissance de la matière, ainsi que les autres choses dont j'avais parlé, mais qu'elle doit expressément être créée, et comment il ne suffit pas qu'elle soit logée dans le corps humain, ainsi qu'un pilote en son navire, sinon peut-être pour mouvoir ses membres ; mais qu'il est besoin qu'elle soit jointe et unie plus étroitement avec lui, pour avoir outre cela des sentiments et des appétits semblables aux nôtre, et ainsi composer un vrai homme. Au reste, je me suis ici un peu détendu sur le sujet de l'âme à cause qu'il est des plus importants : car, après l'erreur de ceux qui nient Dieu, laquelle je pense avoir ci-dessus assez réfutée, il n'y en a point qui éloigne plutôt les esprits faibles du chemin de la vertu que d'imaginer que l'âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que par conséquent nous n'avons rien à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis ; au lieu que lorsqu'on sait combien elles diffèrent, on comprend beaucoup mieux les raisons qui prouvent que la nôtre est d'une nature entièrement indépendante du corps, et par conséquent qu'elle n'est point sujette à mourir avec lui ; puis, d'autant qu'on ne voit point d'autres causes qui la détruisent, on est porté naturellement à juger de là qu'elle est immortelle.

 

 

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Pour d'autres peintures :  http://www.eternels-eclairs.fr/tableaux-turner.php