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mercredi, 02 janvier 2013

L'Enfer de Dante - Introduction & Chant 1 - Turner

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Eruption du Vésuve, William Turner

 

Extrait de La divine comédie, L'Enfer, 1314, Dante, traduction de Jacqueline Risset, GF-Flammarion 1985 :

 

Introduction

[...]

L'Enfer commence comme un récit de voyage : "Je me retrouvai dans une forêt obscure." Mais c'est en même temps le début typique d'un récit de rêve. Et, de fait, tout le premier chant peut se lire comme un rêve (modalité traditionnelle d'ouverture des grands récits antiques). Dès ce début et par la suite, la narration participe de façon simultanée, et parfois indiscernable, de registres opposés. Tout ce qui est décrit est allégorique (la forêt est forêt de l'erreur et du péché) ; et, en même temps, tout est concret. Chaque perception est retracée avec une précision quasi hallucinatoire, qu'on pourrait comparer de nos jours peut-être seulement à Kafka...

Dante donc dit qu'il se retrouve, il ne sait comment, dans cette forêt. Il entrevoit, au-delà des arbres, la cime d'une colline ensoleillée, où il voudrait bien aller, où il sait qu'il doit aller ; mais trois bêtes terrifiantes se dressent sur son passage ; il recule... A ce moment, une ombre apparaît tout près de lui, pâle et bienveillante : c'est Virgile, son maître en poésie, qui est aussi, pour tout le Moyen Âge, grand mage, grand sage, et, dans ses écrits, prophète secret du christianisme. Virgile propose à Dante de l'accompagner : il n'a pas le choix ; pour sortir de ce mauvais pas, il lui faudra passer par les trois règnes, les traverser de fond en comble, l'un après l'autre. Pour sortir de l'Enfer, où il va entrer, il ui faudra descendre tout l'espace du vaste entonnoir, où règnent l'obscurité, le bruit, la puanteur, jusqu'au fond, jusqu'au corps de Lucifer, qui coïncide avec le centre de la terre, qui est le centre du monde - le mal est là, indéniable et central.

"Au milieu du chemin de notre vie" : tel est le premier vers. Il va s'agir, dans le livre qui commence, d'un voyage, ou peut-être d'une vision, vécu au nom de l'humanité. Mais le nous de la dimension prophétique se mélange intimement, dès les premières lignes - dans un glissement grammatical internet - au je de l'expérience individuelle :

"Au milieu du chemin de notre vie*
Je me retrouvai dans une forêt obscure"

[...]

 

Chant 1

Au milieu du chemin de notre vie*
je me retrouvai par une forêt obscure**
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu'elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée !
Elle est si amère que mort l'est à peine plus ;
mais pour parler du bien que j'y trouvai,
je dirai des autres choses que j'y ai vues.
Je ne sais pas bien redire comment j'y entrai,
tant j'étais plein de sommeil en ce point
où j'abandonnai la voie vraie.
[...]

 

* de notre vie : selon Dante, suivant Isaïe, la vie humaine dessine un arc, dont le centre, et le point le plus haut, est l'âge de 35 ans. Né en 1265, Dante a 35 ans en l'an 1300, date de son voyage à Rome, au moment du grand Jubilé organisé par le pape Boniface VIII.

** une forêt obscure : au sens allégorique, les vices et l'erreur ("la forêt d'erreurs de cette vie", Convivio, IV, XXIV, 12) ; elle correspond, pour Dante, à une période d'égarement moral et intellectuel.

 

 

> A consulter également : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Divine_Com%C3%A9die 

 

 

41ZAB9F45HL__SL500_AA300_.jpgSe procurer l'ouvrage :

La divine comédie, L'Enfer

34 chants, écrits en 1314

Dante

1985

Traduction de Jacqueline Risset, GF Flammarion

380 pages, édition bilingue

http://www.amazon.fr/Divine-Com%C3%A9die-LEnfer-Dante-Ali...

 

 

Commentaires

Où dans Isaïe il est fait mention que la vie humaine se dessine comme un arc dont le centre est le plus haut?
Merci de votre réponse
Marc Laporte

Écrit par : Marc Laporte | mardi, 05 mai 2015

Les commentaires sont fermés.