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dimanche, 03 novembre 2013

Il n'y a d'amour que du particulier - El Greco, Titien, Blake, Rubens, Fragonard

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Pieta, El Greco

 

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Pieta, Titien

 

29ème dimanche du Temps ordinaire, semaine du 20 au 26 octobre 2013 :

"Il n'y a d'amour que du particulier", Père Luc de Bellescize, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy


> http://www.ndgrace-passy.com/editoriaux/edito131020.htm 

 

   La foi chrétienne vient révolutionner la pensée grecque, qui privilégie l'universel au mépris du particulier. Socrate, dans le Banquet de Platon, veut s'élever de la beauté sensible des êtres vers l'amour de la beauté en soi, qui seule est digne de la conquête du philosophe. Il s'agit de s'arracher à l'unique, qui n'est qu'ombre et poussière, pour entrer dans l'universel abstrait. Il s'agit de dépasser les visages pour parvenir au monde des Idées, quitter l'unique concret, que l'on voit, pour entrer le monde idéal, que l'on ne voit pas. Ainsi, dans le mythe de la caverne - La République, VII -, l'homme libre doit se détourner de ce qu'il voit pour marcher à la lumière qu'il ne voit pas, et qui, pour Platon, est la seule réalité qui vaille la peine d'être cherchée, car l’existence n'est qu'un théâtre d'ombres et la vie est un songe qui se dissipe au sortir du sommeil. Mais quand Jésus guérit, il touche un homme entre tous, un homme réel et concret, et affirme la dignité de cet homme-là, à un moment précis du temps qui passe. Le Christ est venu nous dire qu’il n’y a d’amour que du particulier. Tant qu'on n'a pas aimé le particulier, on n'a jamais aimé.

   Le christianisme est un anti platonisme. « Non pas le dieu des philosophes, écrivait Pascal, mais le dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Il exalte la chair comme Temple de l'Esprit, il pense que nous n'avons pas à nous détourner du monde pour entrer en Dieu, mais que Dieu est entré Lui-même dans le monde. Il croit que Celui qui est le « Tout » s'est fait homme, a pris sur lui un visage unique, parce que nous sommes uniques à ses yeux. Il est stricte justice de réaliser à quel point le Christ a irrigué les racines de notre société, combien la foi en un Dieu qui s'est fait homme a bouleversé notre conception de l'homme, et combien tout le personnalisme occidental est dû à notre enracinement dans le mystère de la croix du Seigneur, dans le visage « vulnérable » de Dieu. « Les droits de l’homme, Dieu merci ! », écrivait le cardinal Lustiger. Ils sont enracinés bien davantage dans la Lumière du Christ que dans la pensée des Lumières, qui a vu le retour de l'universalisme païen et du culte de l'abstrait. Nous avons perdu la contemplation de l’icône du Christ, nous avons refusé le mystère du Crucifié et estompé le « plus grand amour » pour exalter le grand horloger de Voltaire, l'Être suprême de la révolution française vénéré par cet homme très ascète et très religieux qu'était Robespierre, ou par certaines loges maçonniques déistes, que l'on célébrait publiquement tandis que les têtes roulaient par milliers, car là où Dieu perd son visage, les hommes n'ont plus de visages.

 

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L'amour d'Adam et Eve, William Blake

 

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Samson et Dalila, Rubens


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Diane et Endymion, Fragonard


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