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mercredi, 17 octobre 2012

Le prix de l'art - Philippe Muray

 

"Le goût est la règle du juste prix des choses."
                                                     
                                                      Gracian 

 

la gloire de rubens,philippe muray
Philippe Muray (1945-2006)

 

Extrait de La gloire de Rubens, 1991, Philippe Muray, Grasset :

 

[...]

Il peut paraître provocant de dire que Rubens est la peinture par définition, parce que la peinture, toute la peinture semble au contraire s'étaler pour vous déconseiller ce détour. Et pas seulement la peinture, mais ce qui foisonne dans ses proximités, l'histoire de l'art, la critique d'art, les organisateurs d'art, directeurs d'art, conservateurs d'art, commissaires d'art, animateurs et réanimateurs infatigables d'art. Il y a belle lurette que tout ce petit monde passe son temps à faire maigrir la peinture comme les designers de mode firent maigrir les femmes pour vous dégoûter de la beauté pleine de leurs volumes comme de la splendeur saturante de celles de Rubens. Pourquoi ? Tiens donc ! Parce que si on y était arrivé vraiment, à Rubens, eh bien la mort de l'art, au lieu de se produire au XXe siècle, aurait peut-être eu lieu dès ce moment-là, dans ce milieu du XVIIe siècle où lui-même disparaît.

Le bout du tunnel aux illuminations serait alors apparu. La question esthétique aurait été réglée, quel temps gagné ! On se serait rendu compte que ce n'était plus la peine. Qu'il avait tout fait. Vous imaginez le drame ? Plus de marché ! Plus de cotes ! Pas de "Fondations" ! Pas d'inflation ni d'"installations" ! De catalogues ! De muséographie ! De commissaires ! De commentateurs ! Pas de messes anniversaires autour de l'art défunt ! Rien que le mouvement perpétuel de la gigantomachie rubénienne tournant, ivre, sans fin, jusqu'à la fin des mondes.

Le temps de la peinture est passé. J'établirai en quelques lignes comment et pourquoi il s'est terminé ; c'est fait. Plus on se fout de l'art, et plus il flambe. Il est heureux que la cote des peintres d'aujourd'hui, publiée désormais dans des revues en nombre croissant, dispense les spéculateurs d'avoir à s'approcher des œuvres elles-mêmes : ainsi leur foi a-t-elle des chances de rester intacte et leur enthousiasme inentamé. Les grands trafiquants de drogue, après tout, brassent bien les narcodollars en quantité astronomique sans être obligés d'approcher, dans toute leur vie, d'un gramme de coke ou d'héroïne. C'est d'un cœur plus allègre que l'on change le plomb en or si l'on ne touche pas trop au plomb et qu'on ne voit que l'or. Dans le cas de l'art, évidemment, cette invisibilité se complique d'une mystique sur laquelle il serait mal vu d'ironiser, dans la mesure où elle est le cache-sexe poétique qui permet aux lois du marché de ne pas être mises trop crûment à nu.

Comme toutes les lois, celles-ci reposent sur des cadavres. La poule aux œufs d'or a le croupion sur un cimetière : celui où furent enterrées, au XIXe, ces victimes sacrées de l'âge contemporain qu'on devait appeler Impressionnistes. Nous n'en finissons pas de payer le martyre de ces christs ! Tout est permis, depuis, en leur nom. En réparation de ce qu'ils ont subi. En pénitence de nos péchés. L'art dit moderne est une grande opération religieuse de contribution à la culpabilité publique.

La faillite est complète, mais on garde le moral. Aujourd'hui, tout le monde se marre en annonçant son propre naufrage. Mort aux tristes ! Des millions d'apparatchiks soviétiques ne viennent-ils pas de nous donner l'exemple de la plus saine gaieté en annonçant, tordus de rire, la disparition du communisme, c'est-à-dire, après tout, de leur fonds de commerce ? L'art est en cessation de magie, mais ses liquidateurs s'activent parmi les mouches avec bonne humeur. Pas de quoi pleurer. L'art est une catégorie rentable de l'ère des loisirs pour les masses résignées. L'Etat mécène providence poursuit sa tâche de dressage des citoyens en plantant aux carrefours d'inimaginables gadgets que l'on peut considérer comme autant d'étapes méthodiques et méditées dans la guerre qui se livre contre le goût à seule fin que celui-ci ne soit plus capable de servir d'instrument de mesure, donc de jugement, pour ce qui se présente comme nouveauté à adorer. Multiplier les commandes publiques est devenu le plus sûr moyen d'abolir le souvenir de l'art. On en voudrait encore plus, toujours plus, tous les jours ! Subventionner n'importe quoi est aujourd'hui synonyme de guerre contre l'art d' "avant". Même chose, d'ailleurs, en littérature : il est plus subtil de ne pas brûler les rares livres qui comptent, mais d'en faire écrire d'autres, à tour de bras, par des robots appelés "auteurs", dans l'espoir (en général comblé) que le flot de ces artefacts noiera les rares ouvrages de quelque intérêt qui risqueraient de voir le jour, ici ou là, malgré les considérables mesures de sécurité qui ont été prises.

Depuis que plus personne ne sait à quoi pourrait servir la peinture, on lui a trouvé une destination providentielle : elle sert à blanchir (de l'argent, mais pas seulement). La spéculation sur la nullité est une idée neuve en Europe et dans le reste du monde. Et plus ils payent, plus on sent que c'est aussi leur argent dont les amateurs voudraient qu'on ne sache pas qu'il est mort.

Et plus encore, peut-être, sont-ce les industries désolantes et superflues d'où ils tiennent, pour la plupart, cet argent, dont ils souhaitent que la nullité demeure inconnue. Golden boys japonais, américains, australiens, tous payent, donc, pour ne pas savoir ou pour empêcher qu'on sache.

Les seuls véritables spécialistes du néant contemporain, ce sont eux, pourtant. Comment ignoreraient-ils qu'il n'y a rien, dans le saint des saints, et que ça pourrait être démontré ? Une peur à la mesure des millions de dollars qui y sont engagés règne donc sur cet univers. Le mensonge est si énorme, si planétaire, qu'il faut qu'il soit éternisé pour ne jamais courir le risque d'être révélé.

Art et Thanatos ! Il était fatal que le siècle où les peintres se sont affranchis de toutes les lois soit celui où l'on aura vu les lois du marché venir y mettre leur ordre, le dernier qui puisse encore être respecté. Supprimer les obstacles, comme le déclarait Picasso, à rebrousse-poil de tout le catéchisme moderne, ce n'est pas la liberté, "c'est un affadissement qui rend tout invertébré, informe, dénué de sens, zéro".

En effet : beaucoup de zéros.

On ne raconte jamais à quel point, vers la fin de sa vie, il était exaspéré par le monde qui s'annonçait, Picasso. Je ne vois pas souvent citer ses pires réflexions, les plus amères, les plus lucides :

"Ce qui est terrible aujourd'hui, c'est que personne ne dit du mal de personne... Dans toutes les expositions, il y a quelque chose. En tout cas, à quelque chose près, tout est valable... Tout est sur le même niveau. Pourquoi ? Sûrement pas parce que c'est vrai. Alors ? Parce qu'on ne pense plus. Ou parce qu'on n'ose pas le dire."

Mais qu'importe l'art, après tout ? Tel qu'on le fait consommer de force aux populations hébétées, il n'est qu'une assurance de plus, un de ces "plus petits communs dénominateurs" consensuels dont notre détresse a besoin, et plus que jamais. L'effondrement de ces non-valeurs, s'il arrive un jour, ne fera pas pleurer grand monde. Le temps de la peinture est passé, parlons de Rubens. L'art comme je le conçois est un effort patient pour ne pas donner son consentement à l'ordre du monde, pour ne jamais se résigner à la passivité unanime devant toutes les formes de la mort inéluctable, y compris les plus souriantes, les plus apparemment rassurantes, celles qui veulent le plus votre bien. Ce n'était peut-être que cela, en fin de compte, que Rubens visait, quand il avouait son désir si simple, si "modeste", de mourir un peu plus instruit qu'il n'était né.

[...]  En une époque plus récente, Stendhal a repéré les progrès de l'analphabétisme : "A mesure que les demi-sots deviennent de plus en plus nombreux, la part de la forme diminue." [...]

 

 

la gloire de rubens, philippe muraySe procurer l'ouvrage :

La gloire de Rubens

Philippe Muray

1991

Grasset

284 pages

http://www.amazon.fr/gloire-Rubens-Philippe-Muray/dp/2246...

 

 

mardi, 16 octobre 2012

Taxera, taxera pas les toiles ? - revue de presse

Revue de presse du vendredi 12 octobre 2012, source Le Figaro et Libération

 

"Quoi qu'il en soit, cet amendemant sera bel et bien débattu dans l'Hémicycle lors de l'examen du projet de budget 2013, qui débute mardi prochain à l'Assemblée." 

 

Le Figaro - Taxation des oeuvres d'art.jpg

 Pour agrandir : Le Figaro - Taxation des oeuvres d'art.jpg

 

 

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07:00 Publié dans Politique & co | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : isf, art, peinture

lundi, 15 octobre 2012

Etymologie - Tailler des croupières

 

tailler des croupières
 Source : Direct Matin, mardi 2 octobre 2012

 

*

> Pour davantage : http://fichtre.hautetfort.com/les-mots-francais.html

 

 

dimanche, 14 octobre 2012

L'amour ne passe jamais - El Greco

 

el-greco-le-cinquieme-sceau-de-l-apocalypse.jpg
Le cinquième sceau de l'apocalyspe, El Greco

 

1Co 13, 8-12

 

L'amour ne passe jamais.

Les prophéties ? elles disparaîtront.

Les langues ? elles se tairont.

La science ? elle disparaîtra.

Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie.

Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face.

A présent, je connais d'une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu.

 

08:00 Publié dans Beaux-Arts, Foi, Peinture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : el greco

samedi, 13 octobre 2012

Des bijoux bidon... alors bidonnons-nous un peu

Elle portait un ours à son cou...

... mais c'est parce qu'elle était au bras d'un ours.

 

haribo, bijou

  

vendredi, 12 octobre 2012

Les compères - Gérard Depardieu, Pierre Richard (fin)

 

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Film : Les compères (1983, durée 1h30)

Réalisateur : Francis Veber

François Pignon (Pierre Richard), Jean Lucas (Gérard Depardieu), Christine Martin (Anny Duperey), Paul Martin (Michel Aumont), Tristan Martin (Stéphane Bierry), Ralph (Jean-Jacques Scheffer), Milan (Philippe Khorsand), Jeannot (Roland Blanche), Verdier (Jacques Frantz), Raffart (Maurice Barrier), madame Raffart (Charlotte Maury Sentier), Louise (Giselle Pascal)

 

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François : J'suis content de vous avoir rencontré, c'est moins pénible à deux.

Jean : Oui, c'est bien que nos fils soient copains. Ca sera plus facile pour les ramener.

François : Elle est belle, cette voiture.

Jean : C'est ma folie, ça. Elle est neuve, je l'ai prise pour la roder, c'est une BM.

François : Elle est superbe. Je l'aurais prise en gis metallisé, moi.

Jean : Moi pas.

 

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Jean : On n'a plus d'essence.

François : Comment ?

Jean : On va manquer d'essence.

François : Snif-snif, snif... On va manquer d'essence...

Jean : C'est pas grave, on va dans une station-service.

François : Ah non, c'est pas pour ça. Je... je pleure de temps en temps parce que je sors de dépression. Ca va passer, ne vous inquiétez pas.

 

¤     ¤     ¤

 

Madame Raffart : Il vous faut autre chose ?

Jean : Vous êtes madame Raffart ?

Madame Raffart : Oui.

Jean : Votre mari ne vous a pas téléphoné ?

Madame Raffart : Mon mari ?

Jean : C'est lui qui nous a conseillé de venir vous voir. Je m'appelle Lucas, mon fils a fait une fugue.

François : François Pignon, le mien aussi.

Jean : Ils sont passés chez votre mari il y a quelques jours avec votre fille

Madame Raffart : Je suis plus avec mon mari depuis quinze ans.

Jean : C'est votre fille qui nous intéresse. Vous avez eu de ses nouvelles récemment ?

Madame Raffart : Non.

Jean : Je veux récupérer mon fils, madame Raffart.

François : Et moi, le mien.

Jean : Et votre fille peut sûrement nous aider.

Madame Raffart : J'sais pas où est ma fille. J'ai du travail, moi. Vous me devez trois cent francs.

 

¤     ¤     ¤

 

François : Elle dit peut-être la vérité.

Jean : Je ne crois pas. Et celle-là, pour la faire parler... Vous pourriez pas pleurer un coup ?

François : Comment ?

Jean : Pleurez un petit coup, comme ça, ça va peut-être l'attendrir.

François : Pleurer, comme ça, maintenant ?

Jean : Benh oui.

François : Huh, c'est pas commode.

Jean : Benh vous pleurez bien parce que j'ai plus d'essence.

François : J'pleure tout l'temps mais pas sur commande.

Jean : Eh benh pleurez pas, mais elle parlera pas.

François : Attendez. Je vais essayer... ... ...

Jean : Mais dépêchez-vous.

François : "Dépêchez-vous", vous êtes marrant, vous. Faut que j'pense à quelque chose de triste. Voyons-voyons... Ffff ! Ffff-ffff !

 

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Jean : Qu'est-ce qui vous arrive ?

François : Ha-ha-ha-ha ! Rrrrr ! Ca fait des mois que j'pleure, j'emmerde tout le monde avec ça, et pour une fois qu'on m'demande, ha-ha-ha-ha ! Zzzz ! L'enterrement de mon père, c'était d'une tristesse ! Chaque fois que j'y pense, j'y reste... ... ... Ffff ! Ffff-ffff ! Hi-hi-hi-hi ! Pas cette fois-ci !

Depardieu le gifle.

François : Oh ! Le con ! Il m'a foutu une baffe.

Jean : Oh mais c'est foutu. On peut repartir ? Benh voilà.

François : J'suis désolé, Lucas. Mais ça fait longtemps que je m'étais pas marré comme ça. J... Hhhh... J... J'en ai les larmes aux yeux dites donc ! Hhhhh-ho-ho-ho-ho !

 

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Madame Raffart : : Votre plein est fait, vous pouvez partir.

Jean : Venez, venez, Pignon.

François : Hhh-hhh... J'vais prendre un kleenex.

Madame Raffart : Qu'est-ce qu'il a ?

Jean : Il a... il a qu'il est bouleversé !

François : Hhhh-hhhh...

Jean : Allons, mon vieux, calmez-vous. Allons, calmez-vous.

François : Hhhh-hhhh !!

Madame Raffart : Il pleure ?

 

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Jean : Oui, il pleure, bien sûr qu'il pleure ! Son fils a disparu et vous refusez de l'aider. Qu'est-ce qu'il peut faire ? 

Madame Raffart : Mais j'pense à ma fille, moi. J'veux pas qu'elle ait des ennuis avec les flics !

Jean : On ne dira rien à la police ! Vous avez ma parole.

François : Hhhh-hhhh ! Hhhh-hhhh-hhh...

Madame Raffart : Vous connaissez les Video-flip ?

Jean : Non.

Madame Raffart : C'est un truc pour les jeunes. Un bar avec des jeux électroniques. Elle est toujours fourrée là-bas. J'vais vous donner l'adresse. S'ils sortent avec elle, j'ai dû les voir, vos gosses. Ils sont comment ?

 

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Jean : Vous avez un téléphone ?

Christine : Oui. Ah, c'est toi. J'ai essayé de te joindre mais tu étais déjà parti. Ecoute-moi.

Jean : Non, toi écoute-moi ! J'ai pas assez de pièces, on va être coupés. Y'a un type qui s'appelle Pignon qui se promène avec la photo de ton fils dans la poche et qui dit qu'il est le père !

Christine : Oui, justement, je... je vais t'expliquer.

Jean : Non ! Ne m'explique rien ! Réponds seulement à une question : qui est le père de cet enfant ? Ton mari, Pignon ou moi ?

Christine : Je ne sais pas ! Et c'est pas le problème pour l'instant ! Ramenez-moi mon fils, c'est tout ce que je vous demande. J'vous ai connus au même moment, tous les trois. Alors c'est peut-être toi le père, c'est peut-être Paul, c'est peut-être Pignon mais on verra ça plus tard ! J'vous en supplie, ramenez-moi mon fils !

Paul : Comment ça, tu sais pas qui est le père ?

 

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Jean : J'en n'ai rien à foutre, moi, de ce gosse ! Je suis venu ici pour mon journal. J'ai une masse de boulot. Si je me suis occupé de lui, c'est que j'avais rien de mieux à faire. Arrêtez de jouer avec cette ceinture, merde ! ... J'ai une vie agréable, je suis célibataire, qu'est-ce que je vais m'emmerder avec des enfants ?

François : Y'a pas de problème là puisque je le prends celui-là.

 

 

jeudi, 11 octobre 2012

Les compères - Gérard Depardieu, Pierre Richard (suite)

 

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Film : Les compères (1983, durée 1h30)

Réalisateur : Francis Veber

François Pignon (Pierre Richard), Jean Lucas (Gérard Depardieu), Christine Martin (Anny Duperey), Paul Martin (Michel Aumont), Tristan Martin (Stéphane Bierry), Ralph (Jean-Jacques Scheffer), Milan (Philippe Khorsand), Jeannot (Roland Blanche), Verdier (Jacques Frantz), Raffart (Maurice Barrier), madame Raffart (Charlotte Maury Sentier), Louise (Giselle Pascal)

 

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Christine : Il a dix-sept ans, il s'appelle Tristan.

François : Un fils ? Moi ?  Un enfant, tu as eu un enfant de moi et tu m'as rien dit ?

Christine : Ah non-non, j'ai, j'ai pas pu à l'époque. J'sais pas si tu te souviens, mais c'était pas simple entre nous, hein. On se quittait... On se suicidait...

François : Tu me quittais, je me suicidais.

Christine : Bref, j'ai préféré ne pas t'en parler.

François : Un fils... Tu as une photo ?

Christine : Oh, oui... oui, oui mais elle, elle est pas très bonne, hein... Il y a quelque chose, non ? Les yeux peut-être ? Il a tes yeux.

François : Il me semble qu'il a les yeux noirs, là, non ?

Christine : Beeenh, oui, oui mais c'est... c'est la même forme. 

François : Snif, snif... Il m'a encore apporté mon café sans crème... Snif !

Christine : Comment ?

François : Snif... J'lui demande un café crème, il oublie toujours la crème.

Christine : Mais c'est pas grave !

François : Hhh, non, non, c'est pas grave du tout. Mais je viens de faire une dépression et, je suis guéri maintenant mais, de temps en temps, je pleure encore comme ça, sans raison. Snif ! Le médecin m'a dit que c'était normal ! Que ça allait passer ! Où est-il ? Pourquoi tu l'as pas amené ?

Christine : T'es sûr que tu vas bien, toi ?

François : Très très bien. Où est-il ? 

Christine : Oh je suis désolée de t'embêter avec ça, toi aussi t'as tes problèmes. Non, pardonne-moi.

François : Mais arrête, écoute, j'ai pas de problèmes, j'te dis. Où est mon fils ?

Christine : Hhhh, il est parti. Il a fait une fugue. Je voulais te demander de m'aider, mais je... j'ai peur que tu sois pas en état. 

François : Tu as pensé à moi ? Mais c'est formidable. Ah oui, c'est parce que je suis le père, que je suis bête. J'arrive pas à me faire à l'idée. Ah, que je suis heureux, Christine, tu peux pas savoir. Garçon ! J'suis désolé, pardon. L'addition, s'il vous plait. Snif-snif. Mais bien sûr que je vais t'aider à retrouver notre fils !

Christine : Non mais t'es sûr que t'es en état de...

François : Mais oui, ça va bien, j'te dis. Ca va formidablement bien !

Christine : Faudra partir pour Nice, ça te pose peut-être des problèmes ?

François : Mais pas du tout ! On a une chance inouïe, écoute. J'ai plus de boulot, ma femme m'a quitté, j'habite avec ma mère qui me fait une vie impossible, j'ai pas de projets, pas d'avenir, rien, tout est bouché, foutu, c'est formidable, non ? Snif !

 

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Jean : T'as vu ? C'est reparti, la guerre des casinos.

Son supérieur : J'ai vu ça, oui.

Jean : T'envoies quelqu'un ?

Son supérieur : Dubois.

Jean : Dubois ? C'est pas du tout son truc !

Son supérieur : Justement, il n'a pas écrit un bouquin sur la question, Dubois. Il est pas interdit de séjour dans le Midi.

Jean : Les voyous qui m'ont interdit de séjour, j'en ai rien à foutre. Laisse-moi y aller, Julien, ça m'excite.

Son supérieur : Ca t'excite de prendre une balle dans le ventre ?

Jean : Mais ça gênera personne. J'suis pas marié, j'ai pas de gosses. C'est moi qui les aurai. J'te parie une caisse de champagne. Tu peux la commander tout de suite.

Son supérieur : J'te commande une couronne.

 

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Jean : Qu'est-ce qui se passe ?

François : Hhh-Hhhh ! J'entre dans son bureau pour lui demander un renseignement, il attrappe le téléphone et... C'est un fou dangereux, oui !!

Jean : Ca va ?

François : Hhh-Hhhh ! Mon fils a fait une fugue. C'est normal de faire une enquête, non ? J'vais appeler la police, moi !! Qu'est-ce que c'est que ces procédés !!

Jean : Votre fils a fait une fugue ?

François : Oui. Il m'a pété la mâchoire, ce con !

Jean : Le mien aussi a fait une fugue.

François : Sans blague. Hhh-Hhhh !

Jean : Ils devaient être ensemble, ils sont passés ici à plusieurs. Quel âge il a, le vôtre ?

François : Seize ans. Hhh-Hhhh !

Jean : Le mien aussi.

François : Hhh-Hhhh ! Pignon.

Jean : Lucas.

François : Ravi de vous rencontrer.

Jean : Moi aussi.

François : Si on parlait un peu de nos enfants, monsieurs Lucas ?

Jean : Volontiers.

 

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Jean : D'après Raffart, ils ont piqué des trucs dans un magasin, des transistors, des magnétophones...

François : Oh-la-la.

Jean : Oui, si vous voulez mon avis, ils sont en train de mal tourner, nos enfants.

François : Comment je vais raconter ça à sa mère, moi ?

Jean : Et moi donc ?

François : Pauvre Christine. Elle est déjà assez abattue.

Jean : Elle s'appelle Christine ?

François : Mmh.

Jean : C'est marrant, la mienne aussi. Pauvre Christine.

François : La vérité, c'est que je m'en suis pas assez occupé de cet enfant.

Jean : Eh benh moi non plus. Malheureusement.

François : Ils ont tellement besoin de nous. Surtout le mien, qui est un rêveur, un instable. J'étais comme lui, moi, à son âge. Ombrageux, mal dans ma peau. J'écrivais des poèmes. Il a été plus loin que moi, lui, il a eu le courage de partir. En fait, c'est moi mais en... en moins étouffé, en plus libéré.

Jean : Le mien, c'est une petite brute. Il est costaud comme un boeuf, il se bagarre tout le temps. J'étais comme ça, moi aussi. Je pouvais pas tenir en place. Vous savez ce que j'ai pensé quand j'ai appris qu'il avait fait une fugue ? J'ai pensé c'est bien mon fils, ce p'tit con.

François : C'est la montre que mon père m'a donnée quand j'avais dix-huit ans. Elle lui venait de son père. J'vais la lui donner.

Jean : J'vais le prendre au journal, moi. Stagiaire. Il va bosser, ça lui fera du bien. J'serais là pour lui donner un coup de main. J'vais m'en occuper maintenant.

François : Moi aussi, je vais m'occuper de lui. Puis on sera plus jamais seuls, ni lui ni moi.

 

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Christine : Rien de neuf ?

Paul : Pas grand chose. Ah, y'a un type qui a téléphoné, Lucas, Jean Lucas, il a appelé de Nice.

Christine : Et qu'est-ce qu'il voulait ?

Paul : Des renseignements sur Tristan. Qui c'est, ce type ?

Christine : Oh rien, un garçon que j'ai connu il y a très longtemps.

 

à suivre...