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lundi, 09 février 2015

Ses yeux sont devenus liquides

 

poisson rouge
http://enisor81.canalblog.com/archives/2010/04/13/17560808.html

 

Extrait de La dame qui dormait sur les bancs, Jean-Luc Luciani, 2009, SEDRAP Jeunesse :

Le jour de l'anniversaire de mes huit ans, mon père m'a demandé ce que je souhaitais comme cadeau et j'ai répondu que je voulais qu'il me dresse la liste de toutes les choses extraordinaires que ma mère savait faire.

Il a pris une feuille de papier, plus le stylo à plume argenté qui va avec, et il a écrit en 1 que si elle plantait une roue, un vélo poussait. En 2, il n'a plus rien écrit parce qu'ensuite ses yeux sont devenus liquides et qu'un écharpe de tristesse a fait trois fois le tour de sa gorge et l'a serré si fort qu'il ne pouvait même plus parler. Tout juste respirer.

[...]

Ma mère est partie lorsque j'étais encore toute petite. Si petite que je ne me souviens de rien. Je sais seulement qu'un matin, elle a rempli une valise, elle a descendu la grande allée qui mène à l'arrêt de bus et après ça, on ne l'a plus jamais revue.

Il paraît qu'au début, mon père ne s'est pas vraiment inquiété. Il disait qu'elle finirait bien par rentrer, mais pour finir maman n'est jamais revenue.

Une fois encore, mon père s'était trompé. En plus de toutes ses autres erreurs où "il s'est mis le doigt dans l’œil", comme dit grand-père Lyvan.

Et grand-mère Lotty d'ajouter aussitôt :

- Jusqu'au coude qu'il se l'est mis, le doigt !

Je m'appelle Laura et mon père, lui, se prénomme Erik. Avec grand-père Lyvan et grand-mère Lotty, vous avez la famille Kaven au grand complet. Quatre personnes. Pas une de plus. [...]

Il y a aussi un poisson rouge qui vit dans ma chambre, il s'appelle Oscar et je l'aime beaucoup même s'il ne me parle pas. Il ne fait rien d'autre que tourner dans son aquarium et me regarder avec ses grands yeux ronds. Moi, je l'observe tandis qu'il nage et ça me suffit pour être bien.

Pour me sentir moins seule.

J'habite dans une ville qui, selon grand-mère Lotty, est assez grande pour que l'on puisse s'y promener toute la journée sans jamais croiser quelqu'un que l'on connaisse. Elle dit aussi que parfois les gens font semblant de ne pas vous reconnaître mais, que dans ce cas-là, ça ne compte pas.

[...]

 

 

la dame qui dormaitSe procurer l'ouvrage :

La dame qui dormait sur les bancs

Jean-Luc Luciani

2009

SEDRAP Jeunesse

.. pages

http://www.amazon.fr/dame-qui-dormait-bancs-roman/dp/2758107570

 

 

 

 

dimanche, 08 février 2015

Variations sur points d'orgue

 

Variations sur points d'orgue

 

Pour bien la connaître, il faut dormir en elle.

 

les dormeurs, picasso
Les dormeurs,
Picasso

 

 

Les points d'orgues de l'existence varient.

Les points bas écorchent. Et le sang jaillit. Il aura fallu mourir deux fois à l'aube d'une même matinée d'octobre. De la main de fer de l'homme, pour donner une jeune pousse au monde. Et d'un trou noir conséquent pour revenir et donner le monde à la jeune pousse. Peines prolongées que la main Aimée effaça par imposition. Mais un autre mois d'octobre, à six années près, lorsque la terre s'est fendue sous moi et moi avec elle, derechef mais sans la couche qui aurait autorisé le coma réparateur, il est passé une paire d'uniformes bleu nuit, point d'appui planté dans la rue à perte de vue. Fendue. Et violette à mes tempes, de la main Aimée. Et de l'écume projetée à mes cheveux, de la bouché Aimée. Et dans la loge, le sang sorti par mes narines, que ma bouche a goûté, de la main Aimée.

Les points hauts demeurent incandescents par tous temps. Le pied tremblant du petit d'homme allaité, trait d'union du passage unique du dedans au dehors. Le petit corps que l'on peut contempler endormi dans tous ses sommeils. Ses yeux dans lesquels on peut plonger et y voir sa propre projection reproduite. La frêle main tenue qui toujours surprend tant elle demeure petite. Et toutes les premières fois qu'elle nous offre, mots, pas, comments et pourquois.

Et dormir en elle : il est grand d'un mètre quatre-vingt sept et en emplirait un cube, et grand d'âme et de volonté. Il a dormi en elle. Après l'intense amour sans restriction et surtout pas de temps, il a posé sa tête enflammée sur ses seins, elle l'a entourée de ses mains pour accueillir et retenir son sommeil sur son cœur, point d'orgue. Il a rompu le vertigineux trou noir tombé autour d'elle par son sommeil commençant pour accéder à ses pensées à elle, dans les marmonnements d'un sommeil paradoxal, point d'orgue cosmique. Lui au piano, elle posée sur ses genoux et entre ses bras, son visage dans son cou, la Tempête qui déferle sous ses doigts la berce, point d'orgue. Dans le grand jour de la rue, il presse sa main fort et se délecte des inévitables gémissements qu'il lui arrache dans leur marche. A sa porte à elle, bras dans les bras, buste contre buste, rayonnement de chaleur. Rayonnement d'un nuage de chaleur qui enveloppe leurs deux cœurs, chaleur forte mais impalpable, les mains ne la sentent pas, ne le peuvent pas, seuls les cœurs se la transmettent par voie directe, en partage, point d'orgue. Au beau milieu de la nuit et de son jour à lui de labeur, il la réveille, la mine réjouie et les yeux pétillants, pour lui lire en primeur ce qu'il vient d'écrire, point d'orgue à la postérité.


Jana Hobeika
Paris, le 25 juillet 2014

 

samedi, 07 février 2015

Les Français et l'argent

 

français, argent, gestion, comptes, banque
Source : 20 Minutes, jeudi 9 octobre 2014

 

vendredi, 06 février 2015

Perdre

 

Ce qui est important, ce n'est pas de gagner ou perdre,

c'est comment vous racontez la partie.

 

michael herr, las vegas, gagner, perdre michael herr, las vegas, gagner, perdre
Michael Herr (né en 1940)
à propos de Las Vegas

 

jeudi, 05 février 2015

Funny best seller Brit writer

 

bridget, jones
Source : 20 minutes, jeudi 2 octobre 2014

 

mercredi, 04 février 2015

Nasser au micro dans les années 1950

  

nasser, freres musulmans, islam, voile
Cliquez l'image pour la vidéo

 

Source : http://nssnss.ma/les-plus/inclassable/25-01-2015/video-im...

 

En 1953,  nous voulions vraiment, honnêtement, collaborer avec les frères musulmans pour qu'ils avancent dans le droit chemin. J'ai rencontré le conseiller général des frères musulmans, il a présenté ses demandes. Il a demandé quoi ?

"D'abord, m'a-t-il dit, il faut que tu imposes le voile en Egypte. Et que tu ordonnes à chaque femme qui sort dans la rue de se voiler".

A chaque femme dans la rue... (qu'il le porte lui-même)... Et moi je lui ai répondu que c'était revenir à l'époque où la religion gouvernait. Et où on ne laissait les femmes sortir qu'à la nuit tombée. Moi, à mon avis, chacun est libre de ses choix.

Il me répondit : "Non ! C'est à toi de décider en tant que gouverneur responsable."

Je lui répondis : "Monsieur, vous avez une fille à la faculté de médecine, et elle ne porte pas le voile. Pourquoi ne l'obligez-vous pas à le porter ? Si vous... Si vous n'arrivez pas à faire porter... Si vous n'arrivez pas à faire porter le voile à une seule fille qui de plus est la vôtre, comment voulez-vous que je le fasse porter à 10 millions de femmes égyptiennes ?"

  

mardi, 03 février 2015

Dormir en elle, voyage en cathédrale

 

voyage en cathédrale,notre dame de rodezhttp://www.pinterest.com/pin/573575702515072120/

 

Extrait de Voyage en cathédrale, Notre Dame de Rodez, Alain Willaume, Robert Dulau, 1991, Editions du Rouergue :

Page 31

 

Aimer

 

"Pour bien la connaître, il faut dormir en Elle."

Premiers mots prononcés. Il en parlait comme d'un désir qui point, qui s'articule, avec ses lignes de force, ses couleurs, ses angles morts, ses images dérobées ; une sorte de photogrammétrie du corps, d'un corps immense qui naît, s'anime parce que la main a imperceptiblement bougé. Sa main a dû franchir tout un lot d'assemblages, d'espaces d'attraction, de chicanes, de fourrés pour s'aventurer plus librement hors des visions immédiates, au-delà des reflets, - les reflets qui copient tous nos mouvements - vers un espace autre où Elle respire.
Et l'on se tient couché, presque muet en son emprise. Tête renversée, et ce ciel toujours inintelligible.

"Pour bien la connaître, il faut dormir en Elle."

Il prononçait ces mots avec presque gravité, comme on livre un secret, un secret éprouvé. Depuis quand la connaissait-il ? Combien de cheminements, d'itinéraires gratuits, toujours en solitaire. Avait-il en son cœur dressé tous les points, les zones récalcitrantes, une carte d'état major, d'état majeur ? Et les domaines enfouis toujours en dérobade ? Et les parts de faiblesse où Elle semble mourir. Il y eut un ciel chargé, un regard plus fort et deux mains qui se touchent, des doigts se joignent puis se scellent : un serment clandestin.

"Pour bien la connaître, il faut dormir en Elle."

Son domaine à Elle s'étend à presque tous les temps, à celui de la nuit qui travaille furtive. La nuit c'est une respiration plus lente. Elle s'apaise, se laisse remplir par toutes les perceptions parmi les plus lointaines, les plus rafraîchissantes. Elle attend qu'il vienne. Elle attend son retour et se retire dans le profond de l'ombre.

Il va venir comme chaque soir et jouer au passe-muraille. Il va parler, la caresser, entrer en sympathie. Mais de toute cela, il ne saura plus rien, aura tout oublié.

Il faudrait pourtant retenir quelques fragments de nuit : le défilé d'images captives.

"Dormir en Elle"

Une évidence, une presque certitude. Par ces premières paroles, Lui, le compagnon, l'amant fou d'une folie rejoint tous les mystères des amours impossibles.

 

voyage en cathédrale,notre dame de rodez
http://www.photo-aveyron.com/article-3444262.html

 
 

voyage en cathédrale,notre dame de rodezSe procurer l'ouvrage :

Voyage en Cathédrale, Notre Dame de Rodez

Alain Willaume, Robert Dulau

1991

Editions du Rouergue

148 pages

http://www.amazon.fr/Voyage-en-cath%C3%A9drale-notre-dame...