dimanche, 25 novembre 2012
Ce que nous devons à nos dirigeants
Père Antoine-Louis de Laigue
33e dimanche du Temps ordinaire, semaine du 18 au 24 novembre 2012 :
"Ce que nous devons à nos dirigeants", Père Antoine-Louis de Laigue, paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy
La doctrine chrétienne nous fait considérer avec respect les autorités civiles légitimes, quel que soit le régime politique considéré. Ce respect ne correspond pas à un manque d'imagination ou à une crainte à l'égard de l'autorité politique. L'attitude est inspirée par la conviction et la conscience que toute autorité tient sa force et sa légitimité de Dieu lui-même, au sens où elle est dérivée de l'autorité du Créateur et lui est relative, au sens également où elle a mission de faire grandir chacun vers sa maturité dans l'unité de la famille humaine. L'origine de l'autorité humaine ainsi comprise explique le respect fondamental qui est dû à ceux qui en sont revêtus.
Mais elle implique aussi pour eux une manière juste d'exercer l'autorité dont ils sont dépositaires. Or, nous savons d'expérience que l'histoire humaine est marquée par la violence, l'injustice et le cynisme. Les Grecs nous avaient appris l'existence des Sophistes et la période moderne les ravages que produit la raison lorsqu'elle s'affranchit du réel et prétend le modeler à sa guise. Nous savons que l'organisation d'une société est extrêmement complexe et fragile, tout comme l'est chaque personne humaine. Nous devrions savoir aussi qu'elle peut être vite déréglée, que la confusion de la pensée précède et nourrit l'arbitraire des comportements.
Notre premier devoir est donc de prier pour ceux qui ont en charge le bien commun, qui ont reçu pouvoir et force pour le maintenir et le faire croître. Nous ne prions pas suffisamment pour eux, estimant sans doute que Dieu n'a rien à faire en ces matières. En cela nous sommes coupables de cécité spirituelle. Sur fond de prière, nous devons aussi, dans le même mouvement, nous instruire du bien commun et des conditions de son développement.
Nous devons nous efforcer d'agir selon le bien, chacun à sa place, et nous devons, à ceux qui détiennent l'autorité politique et sociale, le service de la vérité, avec une fermeté aussi grande que notre respect. C'est ainsi que les dissidents du siècle précédent ont maintenu intacte la force qui a pu venir à bout des carcans qui ont séduit tant d'intellectuels mais opprimé les simples.
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dimanche, 18 novembre 2012
Psaume 29 - Rembrandt
Le Christ dans la tempête, Rembrandt
Quand j'ai crié vers toi, Seigneur,
Mon Dieu, tu m'as guéri ;
Seigneur, tu m'as fait remonter dans l'abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
Rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu'un instant,
Sa bonté toute la vie.
Avec le soir viennent les larmes,
Mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
Mes habits funèbres en parure de joie !
Quand mon cœur ne se taise pas,
Qu'il soit en fête pour toi ;
Et que sans fin, Seigneur mon Dieu,
Je te rende grâce !
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dimanche, 11 novembre 2012
Considérations sur l'amour pour Dieu - saint Bernard
Eglise Saint-Germain-des-prés
Crédits photographiques Jana Hobeika
Extrait du Traité de saint Bernard, abbé de Clairvaux, sur l'amour de Dieu :
Reconnaissez dans quelle mesure Dieu mérite d'être aimé, ou plutôt, comprenez qu'il doit l'être sans mesure.
En effet, il nous a aimés le premier, lui si grand, nous si petits ; il nous a aimés avec excès, tels que nous sommes, et avant tout mérite de notre part ; voilà pourquoi la mesure de notre amour pour Dieu est d'excéder tout mesure ; d'ailleurs, puisque l'objet de notre amour est immense, infini (car Dieu est tel), quels doivent être, je le demande, le terme et la mesure de notre amour pour lui ? De plus, notre amour n'est pas gratuit ; c'est le payement d'une dette que nous avons contractée. Enfin, quand c'est l'Être immense et éternel, l'amour même par excellence, quand c'est un Dieu dont la grandeur est sans bornes, la sagesse incommensurable, la paix au-dessus de tout sentiment et de toute pensée ; quand, dis-je, c'est un tel Dieu qui nous aime, garderons-nous à son égard quelque mesure dans notre amour ?
Je vous aimerai donc, Seigneur, vous qui êtes ma force et mon appui, mon refuge et mon salut, vous qui êtes pour moi tout ce qui peut se dire de plus désirable et de plus aimable. Mon Dieu et mon soutien, je vous aimerai de toutes mes forces non pas autant que vous le méritez, mais certainement autant que je le pourrai, si je ne le puis autant que je le dois, car il m'est impossible de vous aimer plus que de toutes mes forces. Je ne vous aimerai davantage qu'après que vous m'aurez fait la grâce de le pouvoir, et ce ne sera pas encore vous aimer comme vous le méritez. Vos yeux voient toute mon insuffisance, mais je sais que vous inscrivez, dans votre livre de vie, tous ceux qui font ce qu'ils peuvent, lors même qu'ils ne peuvent tout ce qu'ils doivent.
J'en ai dit assez, si je ne me trompe, pour montrer comment Dieu doit être aimé, et par quels bienfaits il a mérité notre amour. Je dis par quels bienfaits, car pour leur excellence, qui pourrait la comprendre, qui pourrait l'exprimer, qui pourrait la sentir ?
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dimanche, 04 novembre 2012
Ô prends mon âme - El Greco
L'Annonciation, El Greco
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samedi, 03 novembre 2012
Considérations sur la mémoire - Albert Chapelle
Albert Chapelle (1929-2003)
Extrait d'Anthropologie, 1998, Albert Chapelle, Institut d'études théologiques de Bruxelles :
La mémoire est la puissance de l'esprit par laquelle la liberté fait acte de présence à ce qu'elle a vécu. Faire mémoire de ce qui a été vécu, c'est y découvrir le sens...
Quand la mémoire n'a pas travaillé à recueillir les restes de sa douleur, l'homme reste sans raison, enfermé dans sa souffrance...
Il faut la réminiscence de la mémoire pour que l'homme se retrouve, se reconnaisse et par là même connaisse le chemin qu'il veut emprunter...
Ce travail de la mémoire est décisif pour l'éducation de la vie spirituelle, pour la reconnaissance des personnes, pour l'intelligence de leur destinée.
> http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Chapelle
Se procurer l'ouvrage :
Anthropologie
Albert Chapelle
1998, 2007
Institut d'études théologiques de Bruxelles
282 pages
http://www.amazon.fr/Anthropologie-Albert-Chapelle/dp/2872991611
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dimanche, 28 octobre 2012
La Somme théologique - Saint Thomas d'Aquin
Apothéose de saint Thomas d'Aquin, Francisco de Zurbaran
Extrait de Famille Chrétienne, n°1803 du 4 au 10 août 2012
Article "Le roman sacré de... LA SOMME THEOLOGIQUE", Edouard Huber
[...] En voyant ce grand jeune moine massif, toujours occupé à des méditations qui avaient l'air de rêveries nébuleuses, ils l'avaient baptisé "le grand boeuf muet de Sicile". Saint Albert, qui avait vu, lui, quelle intelligence stupéfiante de vivacité et de clarté cachait ce corps pesant, les avait sèchement repris : "Ah ! Vous l'appelez le boeuf muet ! Je vous le dis, quand ce boeuf mugira, ses mugissements rempliront l'univers !"
[...] Certes, il pouvait donner l'impression de faire un petit somme. Mais "somme", oui ; "petit", non : il était en train de concevoir l'immense "Somme" théologique qui serait désormais, jusqu'à sa mort, son travail prioritaire, et qui resterait le chef-d'oeuvre de cette vie intellectuelle surhumaine. Vie d'autant plus féconde qu'elle aura été en même temps une vie spirituelle de haute sainteté, marquée par la vertu la plus nécessaire aux grands esprits, et la plus difficile pour eux : l'humilité. Quand il était arrêté par une difficulté théologique, il laissait reposer sa tête, longuement, contre le tabernacle pour y puiser les réponses.
Un autre trait de simplicité : Thomas revient de l'abbaye de Saint-Denys avec ses disciples, et le chemin permet d'admirer une vue magnifique de Paris. Un moine qui connaît la noble naissance de Frère Thomas, fils du comte d'Aquin, lui demande : "Vous n'aimeriez pas être le roi de cette belle cité ? - J'aimerais bien mieux avoir les homélies de saint Jean Chrysostome sur saint Matthieu !", lui répond-il.
Tel est l'homme qui jette les premières pierres de sa Somme en cette année 1266. L'édifice aura des proportions immenses : environ deux millions de mots, soit quatorze millions de caractères, presque trois fois le volume de la Bible complète. [...] Tout le monde sait bien que c'est un traité pour spécialistes, illisible pour qui n'a pas fait d'études de scolastique ! Tout le monde le sait bien... parce que personne ne la lit. C'est la remarque que fait chaque jour, dans son travail de théologien, le Père Thierry-Dominique Humbrecht, fin connaisseur actuel de la pensée de saint Thomas : "On cite toujours, déplore-t-il, ce qui a été dit ou écrit sur saint Thomas, et on discute à partir de là, mais on ne veut pas le lire lui-même. C'est pourtant le plus intéressant !" [cf. Lire saint Thomas d'Aquin, de T.-D. Humbrecht, Ed. Ellipse].
Lisons donc ce qu'écrit Thomas au début de sa Somme : "Le docteur de la vérité catholique doit non seulement enseigner les plus avancés, mais aussi instruire les commençants, selon ces mots de l'Apôtre (1 Co 3, 1-2) : "Comme à de petits enfants dans le Christ, c'est du lait que je vous ai donné à boire, non de la nourriture solide." Notre intention est donc, dans cet ouvrage, d'exposer ce qui concerne la religion chrétienne de la façon la plus convenable à la formation des débutants [...] nous tenterons, confiants dans le pouvoir divin, de présenter la doctrine sacrée brièvement et clairement, autant que la matière le permettra".
La chose est donc entendue : ce livre est pour les "commençants" ! Pour chacun de nous ! C'est du "lait pour petits enfants". Peut-on croire aussi saint Thomas quand il dit que c'est écrit "brièvement" ? Oui, quand on ne s'arrête plus à la masse intimidante de la Somme complète, et qu'on s'aventure dans sa lecture, en ouvrant une page au hasard. On s'aperçoit alors que le texte est composé d'"articles" souvent brefs, en effet, et le plus souvent faciles d'accès, pour peu qu'on connaisse quelques mots-clés de la philosophie aristotélicienne, en petit nombre, tels que forme et matière, acte et puissance, substance et accident, essence et existence, fin et moyen, nécessaire et contingent... Même si les "articles" de la Somme sont ordonnés en ensembles plus vastes (les "questions"), elles-mêmes groupées en "livres", chacun d'eux constitue une unité de lecture autonome. De sorte qu'on peut venir à bout de tout l'ouvrage en faisant une lecture quotidienne d'un ou quelques articles seulement, beaucoup plus facilement qu'on ne lit un roman russe !
Chaque article pose une question, par exemple : "Dieu existe-t-il ?", à laquelle la réponse est habituellement "oui" (en tout cas, c'est la réponse de Thomas dans cet exemple précis !). Mais conformément à la méthode médiévale de la "disputatio", l'article commence par énumérer les "objections" à cette réponse. Dans notre exemple, la première objection est la plus terrible : Dieu étant par définition le Bien infini, il ne peut pas exister de mal en face de Lui, qui serait la négation de son infinité. "Or, reconnaît Thomas - avec comme un étonnement attristé -, on trouve du mal dans le monde."
Après l'objection vient le "sed contra" ("mais là-contre") qui se borne à opposer un argument en sens inverse. Ici, le verset solennel et capital du livre de l'Exode (3, 14) : "Je suis celui qui suis". Le "sed contra" ouvre au corps de l'article, toujours annoncé avec la formule d'autorité du maître : "Respondeo dicendum quod : Je réponds en disant que..."
Dans l'exemple, je réponds en énumérant les fameuses "cinq voies", qui sont les cinq possibilités pour notre intelligence de remonter du visible à l'invisible, des effets observables dans le monde à la "cause première" de tout, qui est Dieu. Cinq voies qui donneront du grain à moudre à tous les philosophes futurs et qui n'ont pas fini de faire immensément réfléchir et méditer.
Finalement l'article se conclut par la réponse aux objections. Pour l'argument du mal - l'objection universelle de toutes les générations humaines contre l'existence de Dieu - Thomas n'a qu'à citer son maître révéré, saint Augustin : "Dieu, souverainement bon, ne permettrait aucunement que quelque mal s'introduise dans ses œuvres, s'il n'était tellement puissant et bon que du mal même il puisse faire du bien". Et pour ceux qui douteraient, Thomas enfonce lui-même un peu plus le coup en disant : "C'est donc bien à l'infinie bonté de Dieu que les maux doivent d'avoir la permission d'exister, pour qu'Il en tire du bien".
Du XIIIe siècle à nos jours, la liste des papes qui ont recommandé l'étude de saint Thomas, en louant sa pensée et sa méthode, est vertigineuse. Pour Pie XII : "La méthode de l'Aquinate l'emporte singulièrement sur toutes les autres [...] ; sa doctrine forme comme un accord harmonieux avec la révélation divine ; elle est, de toutes, la plus efficace pour mettre en sûreté les fondements de la foi (Humani Generi, 1950)".
[...] "le propre du sage est d'ordonner". Il en donne la preuve la plus impressionnante dans l'organisation de la Somme théologique, admirable d'ampleur et de finesse, véritable cathédrale intellectuelle. L'oeuvre a trois parties : prima pars, secunda pars et tertia pars (première, deuxième et troisième partie), la secunda, de loin la plus longue, étant elle-même divisée en deux, prima secundae et secunda secundae. On utilise couramment les abréviations : Ia, IaIIae, IIaIIae, IIIa.
La prima pars consiste en l'étude de Dieu en Lui-même, puis de sa Création, spécialement l'homme. La secunda pars étudie les actes humains ; d'abord "en général", autrement dit la morale entendu comme le moyen pour l'homme de parvenir à sa fin, la béatitude, puis "en particulier", en détaillant notamment les vertus. Enfin, la tertia pars étudie le Christ et les sacrements, voie pour réaliser la vie parfaite.
Avec les deux premières parties on a, selon le Père Chenu (Introduction à l'étude de saint Thomas d'Aquin, éd. Vrin) une exposition complète de la destinée humaine, selon un schéma classique : "sortie" de Dieu (exitus), par la Création, et retour à Lui (reditus) dans la vie bienheureuse. [...]
La démarche est typique du génie de saint Thomas : accorder d'un côté la foi, adhésion à la Révélation qui culmine dans le Christ - la source juive -, et de l'autre côté la raison, prise dans son expression la plus rigoureuse : la source grecque. [...]
Dans la grande encyclique sur la philosophie chrétienne, Léon XIII considère les penseurs chrétiens, jusqu'à saint Thomas qui "a hérité [...] de l'intelligence de tous" et a fourni "des armes invincibles" contre les erreurs futures.
"[...] Entre tous les docteurs scolastiques, brille, d'un éclat sans pareil, leur prince et maître à tous, Thomas d'Aquin. [...] Il n'est aucune partie de la philosophie qu'il n'ait traitée avec autant de pénétration que de solidité [...]. L'angélique Docteur a considéré les conclusions philosophiques dans les raisons et les principes mêmes de choses [...]. En employant, comme il le fait, ce même procédé dans la réfutation des erreurs, [...] il est arrivé à ce double résultat, de repousser à lui seul toutes les erreurs des temps antérieurs, et de fournir des armes invincibles pour dissiper celles qui ne manqueront pas de surgir dans l'avenir. De plus, en même temps qu'il distingue parfaitement [...] la raison d'avec la foi, il les unit toutes les deux par les liens de mutuelle amitié : il conserve ainsi à chacune ses droits, il sauvegarde sa dignité, de telle sorte que la raison portée sur les ailes de saint Thomas, jusqu'au faîte de l'intelligence humaine, ne peut guère monter plus haut, et que la foi peut à peine espérer de la raison des secours plus nombreux ou plus puissants que ceux que saint Thomas lui a fournis. (Le) plus grand honneur rendu à saint Thomas, réservé à lui seul, et qu'il ne partagea avec aucun des Docteurs catholiques, lui vint des Pères du concile de Trente : ils voulurent qu'au milieu de la sainte assemblée, avec le livre des divines Ecritures et des décrets des pontifs suprêmes, sur l'autel même, la Somme de Thomas d'Aquin fût déposée ouverte, pour qu'on pût y puiser des conseils, des raisons, des oracles. [...] Aussi, comme il a été dit aux Egyptiens lors d'une extrême disette : "Allez à Joseph" (Gn. 41, 55), ce Joseph qui devait leur fournir le blé nécessaire à nourrir leurs corps ; [...] à tous ceux [...] qui sont aujourd'hui en quête de la vérité, nous disons : "Allez à Thomas, [...] allez lui demander l'aliment de la saine doctrine, dont il est si riche et qui nourrit les âmes pour la vie éternelle. Aliment à la portée de tous et facilement accessible"".
Christophe Geffroy, fondateur-directeur du mensuel La Nef. [...] "La Somme théologique est un monument qui intimide. Il faut passer cette appréhension. Deux auteurs m'y ont grandement aidé. Etienne Gilson, dont l'ouvrage Le Thomisme (Vrin) est sans doute la meilleure introduction à saint Thomas, et Jacques Maritain qui me l'a fait vraiment découvrir. Saint Thomas est d'un style aussi limpide que les sujets étudiés le permettent. Pour aborder la Somme, il est cependant indispensable d'être familiarisé avec les "outils" philosophiques d'Aristote dont Maritain fournit le "b.a.ba" dans ses Eléments de philosophie (Téqui).
Ainsi équipé, vous pouvez vous lancer dans l'aventure, car c'en est vraiment une ! J'avais choisi l'édition en IV volumes du Cerf (1984 à 1986), la seule complète disponible en français à l'époque. J'avais choisi de m'astreindre à une lecture quotidienne de 15 à 30 minutes, tôt le matin - cela dura quelques années !
Peu d'ouvrages m'ont marqué à ce point et m'ont autant apporté pour approfondir ma foi. Saint Thomas est le plus grand théologien catholique, mais c'est aussi un extraordinaire psychologue. [...]
Se procurer l'ouvrage :
Somme théologique, tome 1
saint Thomas d'Aquin
1984
Le Cerf
966 pages
Tome 1 http://www.amazon.fr/Thomas-dAquin-Somme-th%C3%A9ologique...
Tome 2 http://www.amazon.fr/Somme-th%C3%A9ologique-dAquin-saint-...
Tome 3 http://www.amazon.fr/Somme-th%C3%A9ologique-deuxi%C3%A8me...
Tome 4 http://www.amazon.fr/Somme-th%C3%A9ologique-4-Thomas-Aqui...
08:00 Publié dans Beaux-Arts, Foi, Peinture, Réflexions, philosophie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : apotheose, saint thomas d'aquin, francisco de zurbaran
samedi, 27 octobre 2012
Considérations sur l'amour de Dieu - saint Bernard
Eglise Saint-Sulpice
Crédits photographiques Jana Hobeika
Extrait du Traité de saint Bernard, abbé de Clairvaux, sur l'amour de Dieu :
La foi me dit aussi d'avoir pour lui un amour d'autant plus grand que je comprends mieux combien je dois l'estimer plus que moi-même, car si je tiens de sa libéralité tout ce que je suis, je lui dois aussi le don de lui-même.
Enfin le jour de la foi chrétienne n'avait pas lui encore, un Dieu ne s'était pas encore montré revêtu de notre chair, il n'était ni mort sur la croix, ni descendu dans le sépulcre, ni remonté vers son Père ; il n'avait dis-je, pas encore fait éclater toute l'étendue de son amour pour nous, de cet amour dont je me suis complu à vous parler, que déjà l'homme avait reçu l'ordre d'aimer le Seigneur son Dieu, de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces, c'est-à-dire de tout son être, de tout l'amour dont il est capable, en tant qu'il est une créature douée de force et d'intelligence.
[...] Et pour réparer l'être qu'il m'avait, d'un seul mot, donné si complet, que de paroles il a dû prononcer, que de merveilles il a dû opérer, que de traitements cruels, ce n'est pas assez dire, que de traitements indignes il lui a fallu souffrir ! "Que rendrai-je donc au Seigneur, en reconnaissance de tout ce qu'il a fait pour moi (Psalm. CXV, 12) ?"
Quand il m'a créé, il m'a donné à moi-même ; mais il m'a rendu à moi-même quand il s'est donné à moi ; donné d'abord, rendu ensuite, je me dois donc pour moi et je me dois deux fois. Mais que rendrai-je à Dieu pour lui ? Car si je pouvais me donner mille fois, que serait-ce en comparaison de Dieu ?
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