dimanche, 08 mars 2015
Les cinq sens - Grand Corps Malade
minotaure caressant du mufle la main d'une dormeuse, Picasso
Les 5 sens en éveil à l'approche de la Belle
Les capteurs s'émerveillent, répondant à l'appel
En un battement de cils, ils oscillent dociles
Vulnérables et puissants, équilibre fragile
Ça commence par la vue, rien n'est fait au hasard
Comme elle ôte ses vêtements, il l'habille du regard
Il la parcourt doucement, il n'a d'yeux que pour elle
Elle le tient et il y tient, comme à leurs prunelles
Elle n'a pas froid aux yeux, lui son oeil est rincé
Comme il navigue à vue, il voudrait l'embrasser
Elle approche fébrile pour amorcer le jeu
Son visage et son corps, il en a plein les yeux
Elle est tout près de lui, imposant son aura
Comme un réflexe bestial se réveille l'odorat
Les pupilles se dilatent, les paupières sont fermées
Maintenant s'il la voit, c'est bien à vue de nez
Il respire son parfum et l'odeur de sa peau
Son arôme est si fin, c'est un nouveau cadeau
Et puisqu'il a du flair, elle va lui en donner
Il adore qu'elle le mène, par le bout du nez
Leurs bouches se rejoignent, le baiser le plus doux
Ses lèvres et puis sa langue, il aime déjà leur goût
Comme elle goûte à son charme, ils iront jusqu'au bout
C'est une femme de classe et un homme de goût
On dépasse la tendresse, maintenant le temps presse
Les pulsions apparaissent au départ des caresses
Car le sens qui prend place est celui du toucher
Ils étaient bien debout, ils seront mieux couchés
Il l'effleure de ses doigts, de ses mains, de sa bouche
Il sent bien que sa manière de la toucher la touche
Comme c'est un touche-à-tout, bien sûr il n'oublie rien
Elle n'est pas sainte-ni-touche, alors elle lui rend bien
Pour être consentant, il est bon qu'on s'entende
Cette écoute est mutuelle et les muscles se tendent
Oui le dernier des 5 sens est celui de l'ouïe
Il est proche de la transe quand elle susurre un "oui"
Y a pas que les murs qu'ont des oreilles, les voisins vont comprendre
Quand le jour se fait attendre, l'amour se fait entendre
Car de bouche à oreille, j'entends dire aujourd'hui
Que l'éveil des 5 sens a de beaux jours devant lui
07:10 Publié dans Beaux-Arts, Chanson, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 15 février 2015
Le spleen est rouge - Baudelaire
Opéra Garnier, crédits photographiques Jana Hobeika
La fontaine de sang
Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
A travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s'en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature.
J'ai demandé souvent à des vins captieux
D'endormir pour un jour la terreur qui me mine ;
Le vin rend l’œil plus clair et l'oreille plus fine !
J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux ;
Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !
Charles Baudelaire
07:00 Publié dans Ecrits, Photographie, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 22 janvier 2015
A la nue accablante - Mallarmé
Caron passant les ombres, Pierre Subleyras (1699-1749)
La barque de Caron traverse le Styx pour conduire les âmes jusqu'aux enfers
A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu
Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mât dévêtu
Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l'abîme vain éployé
Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d'une sirène.
07:05 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 18 janvier 2015
Les lignes de la main - Grand Corps Malade
Signe astrologique de la vierge, Yves Bady
https://www.youtube.com/watch?v=KyeUo0YvY_A
Un certain soir d'incertitude
Je suis allé voir une voyante
Prêt pour l'arnaque et l'inquiétude
car la vision de l'avenir est payante
C'est mon cœur qui frappe quand je sonne à la porte
Je me sens tout gamin
Quand elle ouvre, me regarde, me sourit et m'escorte
Pour me lire les lignes de la main
Elle prend son pied en prenant mes mains
Ses mains tenant mes doigts sont balèzes
Elle est adroite et j'ai deux mains gauches, c'est main-
tenant mon malaise
Elle a la main forte
Elle a la main ferme, elle a la main mise
Moi faut que je sorte
Je veux revenir demain, mes deux mains sont prises
Sa main est agile, et ça m'indispose que sa main tripote
Car sa main est curieuse, et sa main est fouineuse, et ça m'insupporte
Mais ça m'intéresse quand sa main se calme, car sa main est belle
Oui, sa main est douce et sa main est chaude, et ça m'interpelle.
Elle prends ma main gauche pour me lire les lignes
Moi, j'ai un mauvais feeling
Car elle veut être précise, mais moi je lui propose de rester dans les grande lignes
Ses doigts glissent sur ma peau comme une piste de curling, elle vise la ligne de cœur
C'est une ligne à haute tension, elle est en première ligne, une ligne à la hauteur
Niveau cœur, pas besoin de savoir lire entre les lignes,
Elle voit que la ligne est occupée
C'est une ligne droite magnifique, longiligne, rectiligne
La ligne printemps-été
En revanche, la voyante ne trouve pas ma ligne de chance, j'ai vraiment pas de pot
Elle l'avait en ligne de mire, moi j'avais envie d'en rire, elle a ripé sur un bout de peau
Mais en ligne de compte elle a retrouvé ma chance, c'est une vraie pilote de ligne
La ligne de chance aime bien faire des feintes, elle est maligne ma ligne
La dernière ligne droite, la voyante a décidé d'analyser ma ligne de vie
Elle cherche la ligne d'arrivée
Mais la voyante a souligné
Qu'apparemment ma ligne dévie
Alors ma ligne de vie rage, ma ligne de vie perds, mais la voyante ne la voit pas bien
Elle a un air inquiet car la ligne est coupée, alors moi j'entends plus rien
Je lui demande si elle est sûre, elle scrute les interlignes
Ce moment est inhumain
Du coup elle va se faire une petite ligne
Moi j'ai perdu mon avenir quelque part au creux de ma main
Ça a mis un bout de temps mais on a retrouvé ma vie
Elle avait juste sauté une ligne
Quand la séance fut finie j'ai décidé de prendre soin de moi
Et de faire attention à ma ligne
Avant de quitter la voyante on s'est serré la main
On a mélangé nos lignes
Une chose est sûre je reviendrai pas demain
Elle s'est vraiment plantée sur toute les lignes
Depuis, ma ligne de conduite est de viser la ligne d'horizon
Pour voir plus loin que le bout de mes lignes
Fini de lire dans les mains, maintenant je préfère serrer le poing
Point à la ligne
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Chanson, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0)
dimanche, 11 janvier 2015
En vers et contre tout - Grand Corps Malade
Calligramme, Apollinaire
http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-comment...
https://www.youtube.com/watch?v=BdvmyvB4zhA
C'est le calvaire sévère du poète et de ses vers
Envers et contre tout, le poète s'évertue à trouver des vers
Sans tergiverser il reste ouvert été comme hiver
Tout l'inspire, assis dans un verger verdâtre il observe l'air pervers d'un pivert
picorant sans vergogne un vers de terre
Il prend de la hauteur et en auteur vertueux et averti
Il convertit seul la véracité de cette scène en vers et contre tous
L'écriture est son univers, sa perversion
Il versifie sans se diversifier regardant les mots de face, de travers
Les posant à l'endroit, à l'envers,
rimant en vers rapides ou en vers lents
Vers l'an 2000 il doute, il se dit qu'il est en train de passer au travers
Ses parents l'avaient averti, ils ont une aversion pour ses vers
Ça, il l'a découvert,
Des fois même, il en perd ses vers
Mais malgré un père sévère, il persévère
et décide de mettre fin au calvaire
Il se tourne vers une maison de disques véritable pari vers un nouvel univers
Il fait confiance à la verve de son stylo
et attend de voir ce que ses propres vers dictent
Il s'avère qu'il obtient un rendez-vous le jour de son anniversaire
Il s'est bien couvert car dehors il pleut averse,
Notre poète est sagittaire, aujourd'hui dame nature est verseau
Vers sept heures dans son blouson vermillon
Il arrive devant ce grand immeuble de verre
Il appréhende, il se sent tout petit, rabougri, comme une verge effarouchée
L'hôtesse d'accueil lui dit qu'il est attendu au sixième étage bureau 666
Dans l'ascenseur il se dit qu'il va peut-être enfin mettre fin à ce sale hiver
Il a la gorge sèche, la pression bloque ses glandes salivaires
Il arrive devant la bonne porte, pose la main sur la poignée c'est tout vert à l'intérieur
La moquette est verte les rideaux sont verts la table et les chaises sont vertes
Et lui il a le vertige
Face à lui un homme, le poète sent que c'est une vermine
Il est habillé comme un ado mais doit avoir sa carte vermeille, ça l'émerveille
Il a la peau vérolée et un œil de verre
Il dit à notre poète qu'il a lu ses vers
Il pense qu'il a du talent mais qu'il n'est pas encore assez mûr,
Peut-être trop vert
Il l'invite à revenir vers l'hiver prochain,
Pour l'instant miser sur lui serait perdre de l'argent
Quand il a fini de déverser ses arguments renversants,
Notre poète se lève sans un mot, pour sortir et quitter cet univers sale
Il garde la tête haute et le cou droit mais il s'est pris un revers
Et même si pour l'instant il rit jaune en fait il est vert
Il est à deux doigts de se laisser pervertir à casser quelques vertèbres à cette vermine
Mais finalement, il décide de ne pas ajouter un nouveau fait divers glacé
Dans cet hiver déjà rude
Ce soir, il troquera sa tasse de verveine contre un verre de vermouth
Avant d'enlever son pull over et de se remettre à ses vers,
Sa façon à lui de se mettre au vert
C'est vrai qu'il n'est pas verni,
Que son ascension n'est pas verticale
Mais un jour il sait qu'il trouvera la clé de ce verrou
Et il pourra alors courir même s'il ne sait pas encore vers où
Il a confiance en l'avenir, en sa plume, en son style versatile
Il faut qu'il s'évertue
Même sans revolver, il faut que ses vers tuent
Alors pour lui et pour ses vers, pour son calvaire sévère,
Ce soir je lève mon verre
Malgré ces quelques heures noires pourvu que ses vers durent
> A consulter également à propos d'Apollinaire :
http://www.bookine.net/bibliographieguillaumeapollinaire.htm
07:00 Publié dans Ecrits, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : calligramme, poème, poésie, apollinaire, grand corps malade, vers
vendredi, 02 janvier 2015
Jacques S.
la grande chorégraphie cosmique de l'histoire humaine
chaque chemin de vie, tendu entre la terre et le ciel
y dessine ses volutes et ses arabesques
ses tornades ou ses mouvantes circonvolutions
dans l'enclave de liberté qui s'offre à chacun
entre l'orient et le ponant de chaque être
Plafond de l'Opéra Garnier, crédits photographiques Jana Hobeika
Poëme préintroductif à Le courage d'être soi, une charte du mieux-être avec soi-même et avec autrui, Jacques Salomé, 1999, Les Editions du Relié :
Pour chacun d'entre nous,
chaque trajectoire de recherche personnelle
dispose d'une place dans l'espace temps de l'univers.
Chaque existence a un rôle à jouer
dans la grande chorégraphie cosmique de l'histoire humaine.
Chaque chemin de vie, tendu entre la terre et le ciel,
y dessine ses volutes et ses arabesques,
ses tornades ou ses mouvantes circonvolutions,
Soumis qu'il est à des aspirations contradictoires
entre ancrage ou enracinement, élan ou envol.
Nos errances oscillent entre expansion vers les autres
et retour, repli ou centrage sur soi.
Nous nous cherchons par bonds successifs,
trois pas en avant et parfois deux en arrière
quand ce n'est pas un saut nécessaire sur le côté.
La quête sans fin du meilleur de soi se meut
dans l'enclave de liberté qui s'offre à chacun
entre dette et créance, allégeance et autonomie,
à la lisière du défini et de l'indéfinitif,
du passé et de son devenir,
entre l'orient et le ponant de chaque être.
Se procurer l'ouvrage :
Le courage d'être soi, une charte du mieux-être avec soi-même et avec autrui
Jacques Salomé
1999 (réédité en 2003)
Pocket Evolution, Les Editions du Relié
219 pages
http://www.amazon.fr/Courage-d%C3%AAtre-soi-mieux-%C3%AAt...
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie, Réflexions, philosophie | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 13 décembre 2014
Prolepse en décembre
Un élégant entre au Nemours et commande un café.
Il s'installe en terrasse, et malgré
la température tout à fait
d'hiver, retire son manteau bleu, qui laisse apparaître un nœud papillon bleu
assorti encore à son veston taillé un peu au milieu
du même tissu tout bonnement bleu.
Sans le moindre morbleu !
et dans un calme qui contraste un peu
avec le ballet sonore des garçons - rugby fans - qui œuvrent en ce lieu,
il déploie un journal in anglische, et semble prendre la pause,
alors que l'amie qui l'accompagnait discrètement s'éclipse.
Il va se passer quelque chose,
patience... patience.
Ce n'est que bien ensuite et alors que notre élégant commence à bleuir,
- autrement énoncé, par prolepse -,
qu'entrent en scène un photographe et son sbire,
ou est-ce l'inverse.
Quoi qu'il en soit,
le numérique,
c'est bigrement chic,
après quelques clics,
par abracadabra,
on voit déjà que "c'est nickel, ça, fouchtra".
Ni une ni deux,
- le temps,
étant de l'argent -,
tout le monde disparaît du lieu.
Notre élégant retrouve sa mie,
les voilà eux aussi jà partis.
Il n'y a rien à gagner - à part notre reconnaissance -, si vous trouviez
la publicité qui dans cet angle fut tirée,
dimanche 30 novembre 2014, ci
au café Nemours, Palais Royal, Paris
07:00 Publié dans Ecrits, Poësie, Trivialités parisiennes, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nemours