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samedi, 03 janvier 2015

Considérations astrophysiques

 

Venant de changer d'année,
prenons un peu de distance avec notre nombril

 

 

> Pour l'intégrale des visuels : http://www.buzzfeed.com/daves4/the-universe-is-scary

 

 

 

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vendredi, 02 janvier 2015

Jacques S.


la grande chorégraphie cosmique de l'histoire humaine

chaque chemin de vie, tendu entre la terre et le ciel
y dessine ses volutes et ses arabesques
ses tornades ou ses mouvantes circonvolutions

dans l'enclave de liberté qui s'offre à chacun

entre l'orient et le ponant de chaque être

 

opéra, garnier
Plafond de l'Opéra Garnier, crédits photographiques Jana Hobeika

 

Poëme préintroductif à Le courage d'être soi, une charte du mieux-être avec soi-même et avec autrui, Jacques Salomé, 1999, Les Editions du Relié :

 

Pour chacun d'entre nous,
chaque trajectoire de recherche personnelle
dispose d'une place dans l'espace temps de l'univers.
Chaque existence a un rôle à jouer
dans la grande chorégraphie cosmique de l'histoire humaine.
Chaque chemin de vie, tendu entre la terre et le ciel,
y dessine ses volutes et ses arabesques,
ses tornades ou ses mouvantes circonvolutions,
Soumis qu'il est à des aspirations contradictoires
entre ancrage ou enracinement, élan ou envol.
Nos errances oscillent entre expansion vers les autres
et retour, repli ou centrage sur soi.
Nous nous cherchons par bonds successifs,
trois pas en avant et parfois deux en arrière
quand ce n'est pas un saut nécessaire sur le côté.
La quête sans fin du meilleur de soi se meut
dans l'enclave de liberté qui s'offre à chacun
entre dette et créance, allégeance et autonomie,
à la lisière du défini et de l'indéfinitif,
du passé et de son devenir,
entre l'orient et le ponant de chaque être.

 

le courage d'être soi, jacques salomé, charte du mieux-êtreSe procurer l'ouvrage :

Le courage d'être soi, une charte du mieux-être avec soi-même et avec autrui

Jacques Salomé

1999 (réédité en 2003)

Pocket Evolution, Les Editions du Relié

219 pages

http://www.amazon.fr/Courage-d%C3%AAtre-soi-mieux-%C3%AAt...

 

dimanche, 28 décembre 2014

Considérations sur la violence, la religion et la femme - le décentrage empathique

boris,cyrulnik, claude gillot, deux carrosses
Les deux carrosses, Claude Gillot (1673-1722)
Musée du Louvre



Source : http://www.illustre.ch/illustre/article/boris-cyrulnik-%C...

Propos de Boris Cyrulnik

[...]

La violence, jusqu’aux années 60, était adaptative. J’ai connu l’époque où les ouvriers travaillaient douze heures par jour et six jours par semaine. Le travail était violent, les rapports sociaux aussi. Quand je suis venu au monde, en 1937, il n’y avait pas de caisse de retraite, pas de sécurité sociale, donc la violence des hommes était une valeur pour s’adapter à la violence du monde. Les femmes méprisaient d’ailleurs les hommes non violents. Elles les appelaient femmelettes, omelettes… Les mères méprisaient leur fils s’il n’était pas bagarreur. Et puis, après les années 60, il y a eu la croissance économique et l’émergence des droits de l’homme. On s’est demandé alors si la violence était vraiment, dans notre société, une manière de vivre ensemble et d’être heureux.

[...]

La violence n’était plus adaptée à un contexte de paix. On s’est rendu compte qu’elle n’apportait que du malheur: violence conjugale, violence familiale, violence culturelle, violence de la guerre. La violence que l’on voit ressurgir aujourd’hui n’est pas due à une réadaptation à un contexte de violence, mais à l’émergence d’une idéologie totalitaire: l’islamisme, le djihadisme. On voit réapparaître la violence la plus effroyable pour défendre un Dieu. C’est un retour à la barbarie.

[...]

Il y a une formule qui s’applique bien en l’occurrence, c’est celle de La Boétie, le copain de Montaigne. Il parle du bonheur dans la servitude volontaire. Pourquoi les hommes éprouvent-ils un tel bonheur à se soumettre? Parce que dès qu’on s’engage dans un groupe, que ce soit chez les nazis, les communistes ou les djihadistes, on n’a plus d’angoisse. Tous les criminels de guerre disent la même chose: «Je n’ai fait qu’obéir, donc je ne suis responsable de rien.» Cette perte de jugement apporte un grand bénéfice psychologique. C’est un tranquillisant.

[...]

La religion qui a le plus protégé les femmes, c’est le christianisme, parce qu’il y avait la Vierge Marie. J’ai un peu de mal à comprendre la violence des djihadistes contre les femmes, de même que j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi il y a tant de femmes qui sont séduites par les djihadistes. [...] Ça me rappelle le nazisme, là aussi. Les nazis avaient un mépris incroyable pour les femmes: ils les traitaient de juments, de poules. Pourquoi ont-elles voté pour le nazisme? Parce que le nazisme leur promettait mille ans de bonheur. Le même discours que les djihadistes! Si vous vous voilez, vous serez une femme vertueuse, on va vous respecter, vous serez plus près de Dieu. Beaucoup de femmes appellent cela le féminisme djihadiste. Vous comprenez cela, vous? [...] Lévi-Strauss disait qu’on fait circuler les femmes pour faire du social. On les marie au gré des nécessités: tu épouseras Untel parce qu’il a un champ voisin du mien, parce que c’est le fils d’un roi qui nous permettra d’éviter la guerre… En donnant les femmes, on assure la paix sociale. Mais ça implique que la personnalité des femmes n’existe pas.

[...]

Je pense qu’on ne sait pas vivre en paix. On est plus doué pour vivre dans la guerre, même si ça nous fait souffrir, que pour vivre dans la paix. Parce que pour vivre en paix, il faut prendre l’initiative du bonheur. Il faut organiser des fêtes, il faut parler gentiment, il faut chercher à comprendre l’autre, cet autre qui n’a pas la même couleur de peau que moi, pas la même religion, pas le même niveau social. Je dois me décentrer empathiquement de qui je suis pour me représenter qui il est.

[...]

 

jeudi, 27 novembre 2014

Le dandysme, antidote à la procrastination - Baudelaire

 

The following is written by Tamara Spitzer-Hobeika, who also held a discussion during the Procrastination Seminar about ‘Baudelaire’s dandy: the anti-procrastinator’ on October 29th 2014 in the Old Library, All Souls College, Oxford.

List of all speakers.

 

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Source : "Baudelaire and procrastination : the flâneur, the dandy, and the poet", Tamara Spitzer-Hobeika, 14 octobre 2014

http://procrastinationoxford.org/2014/10/14/baudelaire
/

 

      Il n’y a de long ouvrage que celui qu’on n’ose pas commencer. Il devient cauchemar.

      The only difficult work is that which we dare not begin. It becomes a nightmare.

      —Charles Baudelaire

 

These words by the accursed poet, the writer of beautiful spleen and terrifying idéal himself, are a perfect mantra for anyone experiencing the entrancing throes of procrastination.

The sentence that follows them in his Journaux Intimes (1887)—“By putting off what one has to do, one runs the danger of never being able to do it”—confirms that Baudelaire was no stranger to procrastination. Since he speaks of it as danger, risk, or haunting nightmare, it is not surprising that he also offers thoughts on how to counter its siren call.

A few lines further, in a section titled “Hygiene. Morality. Behaviour.”, Baudelaire makes this note-to-self: “An abridgement of wisdom. Grooming, prayer, work.” As editor Claude Pichois explains, the poet viewed the ritual of prayer as a process through which to gather his spirits, focus on his work, and enhance his determination.

Indeed, although Baudelaire penned the figure of the flâneur who whiles away the hours in observant but unproductive wanderings, his journals show that he actually aspired to a work ethic that defies procrastination (“Work tirelessly six days a week”)—and that there is another key figure of his oeuvre which is closely connected to this preoccupation with time and creation: the dandy.

In his essay The Painter of Modern Life (1863), Baudelaire depicts the dandy as a man stoically devoted to “cultivat[ing] the idea of beauty” in himself, assiduously crafting his existence into a work of art. While some are quick to discard the dandy as a superficial figure, the Journaux Intimes underline that Baudelaire’s dandy has depth: he is the “superior man”, who must “be sublime without interruption” and even “like to work”, so long as it is not for the mundane purpose of making a living—since he is by definition, as is clearly stated, wealthy and powerful enough to not be concerned with such trivialities.

The dandy’s meticulous grooming and steadfast commitment to sustaining a cold, proud façade (he has an “unshakable resolve not to be moved”) are less frivolous than popular opinion would have it: as Baudelaire’s above note-to-self indicates, they are an antidote to procrastination, a morally-driven behaviour at the service of creation. By dedicating his every minute to embodying his aesthetic ideal, unperturbed by the rest of the world, the dandy’s mere being—both in appearance and thought—is art, without having to produce anything outside of himself.

The poet, however, does not necessarily have this luxury. In his poem “La Fin de la Journée” from the iconic Fleurs du Mal (1857), Baudelaire writes that a poet always welcomes nighttime with a relieved “At Last!”—not only because he revels, in romantic fashion, in its soothing shadows, but also because it “erases everything, even shame”. Tormented by the pressure of time and productivity (daytime is “pushy and shrill” in the poem), the poet feels at home in the moment at which rest and sleep (darkly likened to entombment) are expected.

As evident in the use of the words ‘erase’ and ‘shame’, artistic self-doubt looms behind the poet’s procrastinatory tendency and his desire for respite from, even destruction of, his work. In Baudelaire’s “Le Confiteor de l’Artiste” (from the prose poetry collection, Le Spleen de Paris, 1869), the speaker, in awe of the splendour and vastness of the world, confesses: “The study of beauty is a duel in which the artist screams out of fear before being vanquished.” The poet is paralysed by the beauty that he sees in the light of day, unsure he will be able to match its wonder.

The dandy, untroubled by ordinary considerations or feelings (deadlines, bills, or low self-confidence are foreign to him), is indefatigably focused on being his own masterpiece (he must even “sleep in front of a mirror”, according to the Journeaux Intimes). The poet, confronted with the realities of life and his own anxieties, instead finds solace at night, when the spectre of what has not been achieved during the day fades. He can then stop writing and revising—or on the contrary, stop putting it off and quietly start all over again—liberated by the sense that the late hours demand nothing from him, that darkness is a blank slate.

Baudelaire’s work is a Pierian spring for procrastinators. The flâneur, who merely promenades through the modern city, without aiming to create anything, may be the first of Baudelaire’s key figures to come to the procrastinator’s mind: how could the freedom of idling along the streets with no obligation not be tempting when faced with a daunting task? Moreover, as is commonly accepted, a stroll may spark renewed creativity (though that is not what the true flâneur seeks).

Yet Baudelaire’s oeuvre presents an alternate figure for procrastinators to draw inspiration from: the dandy, who pledges his life so entirely to his aesthetic principles (in a manner assimilated to ‘spiritualism’ in the author’s essay) that his every move serves to realise them. Those who have creative rituals may find a new spiritual leader in Baudelaire’s dandy and challenge themselves to emulate the constancy underpinning his sartorial and behavioural choices. As we have seen, Baudelaire apparently practiced prayer—as well as perfect dress—to concentrate his creative energy.

Nevertheless, given that neither of these “ideal” figures (who, it is important to note, are not in fact procrastinators, since they are not required to produce anything to begin with) represents a tenable way of life for the average person in our society, the procrastinator may simply find it reassuring to listen to the voice of the third figure, the poet, echoing through Baudelaire’s writing—a voice which speaks of uncertainty and fear, but still decides to ring out and not remain silent.

 

dimanche, 23 novembre 2014

Considérations sur le corps - Nicholas Vujicic

 

venus, milo
Venus, Milo - Musée du Louvre
http://www.destination360.com/europe/france/paris/venus-de-milo

 

Nicholas James Vujicic, is an Australian preacher and motivational speaker born with Tetra-amelia syndrome, a rare disorder characterized by the absence of all four limbs. As a child, he struggled mentally and emotionally, as well as physically, but eventually came to terms with his disability and, at the age of seventeen, started his own non-profit organization, Life Without Limbs. Vujicic presents motivational speeches

 


http://www.youtube.com/watch?v=8jhcxOhIMAQ

 

 

dimanche, 02 novembre 2014

Maîtrise ou orchestration ?

 

Maîtrise ou orchestration,

que fait le chef d'orchestre ?

 

karim hobeika, ilona maras, walter
Walter, crédits photographiques Ilona Maras

 

 

Maîtrise ou orchestration,

que fait le chef d'orchestre ?

 

 

J'ai moi-même longtemps pensé que le chef d'orchestre donnait des ordres, en particulier lors du concert. Eh bien non, en fin de comptes, il ne donne pas d'ordres, il demande. Il ne dit pas quoi faire, ni comment. Il demande à chacun de produire un résultat final : il peut demander que le son soit "rond", ou "vertical", ou nuancé de telle manière. Il va demander à chacun d'entrer comme ceci à cet endroit, comme cela à tel autre endroit. Après, chacun est maître de son instrument et tentera d'accéder aux demandes du chef d'orchestre, en livrant le son demandé.

Et il y a quelques façons d'aboutir à un résultat. Pour donner un exemple, un fortissimo sera joué par tel pianiste en contractant ses muscles, tel autre en utilisant le poids de son dos, un autre encore en faisant appel à ses nerfs, son souffle ou une humeur. Chacun a sa méthode. Il y a autant d'écoles que de professeurs. Et puis on peut avoir sa petite cuisine interne.

Et comment sait-il, le chef d'orchestre, comment chaque son doit être ?

Eh bien il voit le tableau. Le tableau final de l’œuvre. Peut-être au sens où Mozart voyait son œuvre sous forme de tableau final avant de procéder à son écriture, à sa transcription dans l'encre, à son ancrage dans le papier et dans chaque instrument individuellement.

Ce tableau de Fran Angelico récemment rassemblé, qui avait été découpé par des marchands en son temps pour en tirer plus de profit, peut servir ici de métaphore. L'oeuvre musicale, prenez une symphonie de votre choix, est le tableau entier. Chaque mouvement, un panneau. Chaque mouvement raconte une histoire et peut s'écouter pour lui-même. Et rassemblés, les mouvements forment un tout.

On peut penser aussi à des toiles de Bosch, celles aussi qui comportent des panneaux, ou encore de très célèbres plafonds d'église et de monuments.

 

fra angelico, tableau, reconstitué, morceaux, réunis, rassemblés
La Thébaïde, Fra Angelico
http://onditmedievalpasmoyenageux.fr/la-thebaide-de-fra-a...

 

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La tentation de saint Antoine, Bosch

 

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Le Christ aux limbes
, Bosch

 

Et les gestes alors ? Et la baguette ? Elle donne bien des ordres, du moins le tempo...

Le tempo, oui. La main du chef d'orchestre est le pouls. Et il faut apprendre en tant que musicien à caler son pouls sur celui d'un autre. Comme on peut synchroniser sa respiration avec celle de son amant quand on s'endort dans ses bras. Dans l'orchestre ou dans le chœur - car ici tout ce que je pense avoir appris vient d'un chœur de chant -, il faut apprendre à caler son pouls sur celui du chef, et cela par les yeux : voir la main, s'en imprégner et suivre le tempo avec tout son corps. Ce qui n'est pas une mince affaire quand on a appris au métronome tic-taquant. D'ailleurs, les métronomes électriques avec diode lumineuse trouvent ici une utilité renforcée.

La baguette, la main, le pouls. Et tous ces mouvements dans l'air au concert ?

Ces mouvements sont encore moins des ordres. Le chef d'orchestre n'est pas un contremaître. Ces mouvements ressemblent à ceux de la main du paysan qui cueille le son comme un fruit mûr dont il aura planté les graines auparavant. D'ailleurs, le moment de la représentation, du concert, n'est plus un moment où l'on pourrait demander quoi que ce soit. La grande organisation est en marche. La main initie le pouls et le transmet. Installée dans la première loge, et dos au public, elle cueille, tandis que les oreilles et la peau de l'auditoire reçoivent les vibrations émises par l'ensemble des musiciens.

A un niveau infra, chaque musicien a une écoute unique et triple : il doit entendre son propre jeu car il est en première ligne pour savoir si ce qu'il produit est conforme ; ensuite et en même temps, il entend ses voisins directs, qui peuvent jouer du même instrument que lui, ou chanter dans la même tessiture, avec qui il peut aussi partager strictement la même partition, sorte de doubles d'eux-mêmes ; enfin, et toujours en même temps, il entend le reste de la formation, les instruments très différents, des tessitures très différentes, parfois plus faciles à entendre - comme les basses et les sopranes -, parfois plus difficile - car situés entre les extrêmes, comme les altos. Il y a un concert à l'intérieur du concert, où chaque siège de l'orchestre - celui où se trouvent les musiciens - reçoit un son qui est dans une perspective unique.

Voilà pour l'orchestration. Et la maîtrise ?

Comme vous l'aurez déjà compris, le chef d'orchestre n'a pas besoin de maîtriser le jeu de chaque instrument. Sinon nous aurions sans doute moins de chefs d'orchestre... Il doit avoir pensé l’œuvre au préalable. Il doit savoir en somme le résultat qu'il veut obtenir, ce fameux tableau, emprunt de ce qu'il a compris du Sens que le compositeur a donné à son œuvre. Si vous écoutez plusieurs versions d'une même symphonie, vous verrez immédiatement à quel point elles sont différentes, empreintes de la volonté du chef d'orchestre. Un même musicien peut avoir interprété sa partition de manière radicalement différente selon qu'il a été sous la direction d'un chef d'orchestre puis d'un autre. Et un chef d'orchestre peut avoir obtenu des résultats similaires en dirigeant deux orchestres différents. Toutefois, les choix d'interprétation d'un même chef d'orchestre peuvent nettement varier dans le temps. Certaines œuvres dirigées par un chef d'orchestre de génie et à un âge mûr ont quelque chose de transcendantal... Donc le chef d'orchestre ne maîtrise pas le jeu de chaque instrument, mais l’œuvre dans sa globalité. Comme nous l'évoquions en début, il va demander à chaque musicien un résultat, à charge pour chacun de le fournir grâce à la maîtrise de son instrument. Le maître à bord, et l'on dit bien "maestro", c'est le chef d'orchestre. On pourrait aller jusqu'à dire le maître d’œuvre. Mais pas le contremaître. Celui qui maîtrise l'instrument reste le musicien seul, même s'il peut recevoir les conseils avisés d'un chef d'orchestre pianiste, violoniste, chanteur ou autre.

Et permettez que nous terminions en évoquant Glenn Gould, penseur génial de la Musique, au point qu'il réalisa de véritables orchestrations de son jeu au piano. Le piano est un instrument qui est dit "symphonique", parce qu'il cumule fréquemment deux ou trois voix (plus parfois) auxquelles s'ajoute l'accompagnement qui peut lui aussi être décomposé en plusieurs voix, le tout joué par seulement deux mains (les pédales amplifient le son produit par les mains, ou le réduisent, sans ajouter de voix, contrairement à l'orgue dont le jeu de pédales produit un son en lui-même). Les interprétations de Glenn Gould ont cela de particulier qu'elles sont uniques, pensées, géniales, et que ce travail est comparable à celui du chef d'orchestre tel que nous l'avons ici expliqué. L'on sait que Glenn Gould avait trafiqué sa chaise et son piano, qu'il marmonnait ou chantonnait par-dessus son jeu, et l'on peut voir une main dans l'air. Le résultat est époustouflant tant ses interprétations sont uniques : il prend très souvent le contrepied des convenances : Glenn Gould chevauche là où les autres s'enlisent dans le coton, il ralenti à l'extrême et retient le temps là où les autres trottinent à tue-tête. Il ose faire comme si la pédale n'existe pas là où tous avant lui l'ont utilisée. Je suis presque toujours d'accord avec ce qu'il fait. Si je ne suis pas d'accord, c'est que je n'ai pas encore compris.

 

Jana Hobeika

 

Glenn Gould (1932-1982)
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samedi, 18 octobre 2014

Considérations sur le cynisme

 

Watch what people are cynical about, and one can often discover what they lack.

 

Si l'on regarde ce sur quoi les gens sont cyniques, on peut souvent découvrir ce dont ils manquent.

 

George S. Patton (1885-1945)

 

george, patton, eisenhower   george, patton, eisenhower 1907                                    Bradley, Eisenhower, and Patton in Europe, 1945