mercredi, 17 décembre 2014
Oeuvres (in)sonores et mesostic - John Cage, Pierre Soulages
Pour une œuvre insonore/insensée
Pour deux œuvres sonores/sonnées
Pour un mesostic animé en musique
Triptyque, Pierre Soulages
http://www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/collections-musee/vie-des-collections/acquisition-soulages/
Pour une œuvre insonore/insensée
Quatre minutes trente trois - John Cage
Version orchestre
https://www.youtube.com/watch?v=zY7UK-6aaNA
Version piano
https://www.youtube.com/watch?v=JTEFKFiXSx4
Partition
http://www.knovart.fr/index3.html
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Pour deux œuvres sonores/sonnées
Water Walk - John Cage
Interview télévisée, 1960
https://www.youtube.com/watch?v=SSulycqZH-U&index=2&list=RDzY7UK-6aaNA
Sonatas & Interludes
Avec partition, années 1940, à rapprocher de la citation plus bas
https://www.youtube.com/watch?v=8fPSz-o4zzY&index=6&list=RDzY7UK-6aaNA
https://www.youtube.com/watch?v=pUTXNxFvjDw&list=RDzY7UK-6aaNA&index=10
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Source : http://johncage.org/autobiographical_statement.html
When I wish as now to tell of critical incidents, persons, and events that have influenced my life and work, the true answer is all of the incidents were critical, all of the people influenced me, everything that happened and that is still happening influences me.
My father was an inventor. He was able to find solutions for problems of various kinds, in the fields of electrical engineering, medicine, submarine travel, seeing through fog, and travel in space without the use of fuel. He told me that if someone says "can't" that shows you what to do. He also told me that my mother was always right even when she was wrong.
My mother had a sense of society. She was the founder of the Lincoln Study Club, first in Detroit, then in Los Angeles. She became the Women's Club editor for the Los Angeles Times. She was never happy. When after Dad's death I said, "Why don't you visit the family in Los Angeles? You'll have a good time," she replied, "Now, John, you know perfectly well I've never enjoyed having a good time." When we would go for a Sunday drive, she'd always regret that we hadn't brought so‑and‑so with us.[...]
When I was young and still writing an unstructured music, albeit methodical and not improvised, one of my teachers, Adolph Weiss, used to complain that no sooner had I started a piece than I brought it to an end. I introduced silence. I was a ground, so to speak, in which emptiness could grow. [...]
I don't know when it began. But at Edwin Denby's loft on 21st Street, not at the time but about the place, I wrote my first mesostic. It was a regular paragraph with the letters of his name capitalized. Since then I have written them as poems, the capitals going down the middle, to celebrate whatever, to support whatever, to fulfill requests, to initiate my thinking or my nonthinking [...]. I have found a variety of ways of writing mesostics: Writings through a source: Rengas (a mix of a plurality of source mesostics), autokus, mesostics limited to the words of the mesostic itself, and "globally," letting the words come from here and there through chance operations in a source text. [...]
Pour un mesostic animé en musique
http://movingpoems.com/2013/09/mesostic-dancersuchands-by-john-cage/
07:09 Publié dans Beaux-Arts, Farce et attrape, Musique, Peinture, Portraits de personnalités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johns cage, soulages, mesostic
dimanche, 07 décembre 2014
Quatre Nocturnes - Mozart
Luci care, luci belle
Luci care, luci belle Yeux adorés, beaux yeux,
Cari lumi amate stelle Chers yeux, étoiles adorées,
Date calma a questo core. Donnez le repos à ce cœur.
Se per voi sospiro e moro Si pour vous je soupire et je meurs,
Idol mio, mio bel tesoro Ô mon idole, mon beau trésor,
Forza e solo del Dio d’amore. Ce n’est que grâce à la force du dieu d’amour.
Chœur https://www.youtube.com/watch?v=xi0gxMWC6X0
Due pille amabili
Due pupille amabili Deux adorables yeux,
M’han piegeto il core Ont fait céder mon cœur
E se pieta non chiedo Et si je ne demande pas grâce
A quelle luci belle A ces belles flammes,
Per quelle, si per quelle Par elles, oui par elles,
Io moriro d’amore. Je mourrai d’amour.
Chœur
https://www.youtube.com/watch?v=wOmXrl_gUis
Transcription piano à trois voixhttps://www.youtube.com/results?search_query=mozart+due+pupille+score
Piu non si trovano
Più non si trovano On ne trouve plus,
Fra mille amanti Parmi mille amantes
Sol due bell’anime, Même deux belles âmes,
Che sian costanti, Qui soient fidèles
E tutti parlano de fedeltà ! Et toutes parlent de fidélité !
E il reo costume Et l’usage coupable
Tanto s’avanza Qui a cours maintenant
Che la costanza Est que la fidélité,
Di chi ben ama De celui qui sait bien aimer,
Ormai si chiama semplicità. A présent s’appelle, naïveté.
Chœur et partitionhttps://www.youtube.com/watch?v=X3bbQe8H2ac&list=PL5tprhG0JRHwIYq-wNd_TKNNBAK4dP-CO
3 voixhttps://www.youtube.com/watch?v=muyLkOqRSLs
Altohttps://www.youtube.com/watch?v=TtoArBsYjos
Ecco quel fiero instante
Ecco quel fiero istante, Voilà cet instant cruel,
Nice, mia Nice, addio, Nice, ma belle Nice, adieu,
Come vivró, ben mio, Comment vivrais-je, ma bien-aimée
Così lontan da te ? Ainsi, loin de toi ?
Io vivrò sempre in pene, Je vivrai toujours dans la peine,
Io non avrò più bene Je n’aurai plus de biens
E tu, chi sa se mai Et toi, qui sait si jamais
Ti soverrai di me ! Tu ne te souviendras de moi ?
Chœur lent et chandelier
https://www.youtube.com/watch?v=lfVAbehxCI4
> Traduction fournie par, et pour les pupitres isolés :
http://corpsyphonie.free.fr/wiki/pmwiki/Chant/Six-nocturn...
16:03 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mozart, nocturnes
lundi, 24 novembre 2014
Le Gloria de Vivaldi
En belles images, BBC Four
https://www.youtube.com/watch?v=cgaOVV4JQHA
Chœur et partition
Gloria, gloria, gloria, gloria
In excelsis Deo, in excelsis Deo,
Gloria, gloria, gloria, gloria in excelsis Deo,
Gloria, gloria in excelsis Deo,
Gloria in excelsis, Gloria in excelsis Deo,
Gloria in excelsis Deo,
In excelsis,
Gloria in excelsis Deo!
Gloire à Dieu au plus haut des cieux
Et in terra pax hominibus,
Et in terra pax hominibus
Bonae, bonae voluntatis, pax hominibus
Bonae voluntatis, bonae voluntatis
Et in terra pax hominibus,
Et in terra pax,
Et in terra pax hominibus,
Pax hominibus bonae voluntatis,
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis,
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté
Gratias agimus tibi
Gratias agimus tibi
Nous te rendons grâce
Propter magnam gloriam,
Propter magnam gloriam,
Propter magnam gloriam,
Propter magnam gloriam Tuam,
Propter magnam gloriam Tuam,
Pour ton immense gloire
Domine Fili unigenite Jesu Christe
Domine Fili unigenite Jesu Christe
Domine Fili, Domine Fili, uni genite, Jesu Christe
Domine Deus, agnus Dei, Filius Patris
Domine Deus, Domine Deus, agnus Dei, filius Patris
Qui tollis peccata
Domine Deus, rex coelestis
Qui tollis peccata
Domine fili uni genite
Qui tollis peccata
Domine Deus, Domine Deus
Agnus Dei, filius patris
Qui tollis peccata mundi
Miserere
Agnus Dei
Miserere
Filius patris
Miserere nobis
Miserere, miserere
Miserere nobis
Miserere nobis
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,le Fils du Père
Seigneur Dieu, roi du Ciel
Seigneur, fils unique
Seigneur Dieu, agneau de Dieu, le fils du Père
Toi qui enlèves le péché du monde
Prends pitié de nous
Qui tollis peccata mundi, peccata mundi, suscipe,
Suscipe, suscipe deprecationem, deprecationem nostram, deprecationem nostram
Toi qui enlèves le péché du monde
Reçois notre prière
Quoniam tu solus sanctus,
Quoniam tu solus sanctus,
Tu solus Dominus, tu solus altis simus, Jesu Christe, Jesu Christe
Car Toi seul est saint
Toi seul est Seigneur
Toi seul es Le très haut, Jésus Christ
Cum sancto spiritu, in gloria Dei patris, in gloria Dei patris Amen, Amen, Amen
Cum sancto spiritu, in gloria Dei patris, Dei patris, Amen, Amen, Amen, Amen
Cum sancto spiritu, in gloria Dei patris, Amen, Amen
Cum sancto spiritu, in gloria Dei patris, Dei patris, Amen, Amen, Amen, Amen
Cum sancto spiritu, cum sancto spiritu, Amen, Amen
Cum sancto spiritu, in gloria Dei, Dei patris, patris Amen, Amen, Amen, Amen, Amen, Amen
Cum sancto spiritu, cum sancto spiritu, cum sancto spiritu,
In gloria Dei patris, Dei patris, Amen.
Avec le Saint Esprit
Dans la gloire de Dieu le père
Amen
> Pour une analyse :
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Pedagogie/Musique/gloriavi....
12:30 Publié dans Foi, Musique | Lien permanent | Commentaires (1)
L'entreprise ne l'entend pas de cette oreille - Schubert, Furtwängler
L'entreprise n'a pas seulement la dent dure
Il semble qu'elle soit également dure de la feuille
Ou qu'elle ne l'entende pas de cette oreille
Image extraite des Temps Modernes, Charlie Chaplin
http://www.gulli.fr/Encyclopedie-et-dictionnaire/Actu/Le-...
Source : http://blague.dumatin.fr/
http://blague.dumatin.fr/2014/11/la-symphonie-inachevee/
Un président de société reçoit en cadeau un billet d’entrée pour une représentation de la Symphonie Inachevée de Schubert. Ne pouvant s’y rendre, il passe l’invitation à Didier G., son Directeur des Ressources Humaines. Seule condition, que le DRH lui fasse un mémo sur la qualité du concert.
Le lendemain matin, le président trouve sur son bureau le rapport de Didier G., le DRH :
1 – les quatre joueurs de hautbois demeurent inactifs pendant des périodes considérables. Il convient donc de réduire leur nombre et de répartir leur travail sur l’ensemble de la symphonie, de manière à réduire les pointes d’inactivité.
2 – les douze violons jouent tous des notes identiques. Cette duplication excessive semblant inutile, il serait bon de réduire de manière drastique l’effectif de cette section de l’orchestre. Si l’on doit produire un son de volume élevé, il serait possible de l’obtenir par le biais d’un amplificateur électronique.
3 – l’orchestre consacre un effort considérable à la production de triples croches. Il semble que cela constitue un raffinement excessif, et il est recommandé d’arrondir toutes les notes à la double croche la plus proche. En procédant de la sorte, il devrait être possible d’utiliser des stagiaires et des opérateurs peu qualifiés.
4 – la répétition par les cors du passage déjà exécuté par les cordes ne présente aucune nécessité. Si tous les passages redondants de ce type étaient éliminés, il serait possible de réduire la durée du concert de deux heures à vingt minutes.
Nous pouvons conclure, Monsieur le Président, que si Schubert avait prêté attention à ces remarques, il aurait été en mesure d’achever sa symphonie.
Didier G.
DRH
https://www.youtube.com/watch?v=XWDGssTbmYY
07:00 Publié dans Farce et attrape, Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 20 novembre 2014
Et préparer Noël en priant deux fois
Christmas impression: Seoul, Korea
crédits photographiques Michael Sean Gallagher
https://www.flickr.com/photos/michaelgallagher/sets/
Noël approche, et pour préparer la fête miraculeuse, sortons donc le nez de la planification du menu champagno-foiegrassien et autres balivernes hypogastres, prenons un peu d'élan avant de plonger tête baissée dans les paquets enrubannés sans compter, et il reste bien assez de temps avant d'essaimer nos belles cartes de vœux à tous les vents. Je vous propose à présent de penser à notre âme qui, elle, est capable de s'élever pour de bon et de saisir cette occasion d'offrir et de vous offrir un cadeau pas commun.
Si je vous dis Noël, en principe, vous devriez très vite me fredonner quelque chose. Il s'agit effectivement de chants et de musique, dont Paris va progressivement se remplir. Et il y a une belle église qui va raisonner un mercredi en décembre de chants majestueux. Les chanteurs sont ceux du chœur Roland De Lassus, (en images ici), sous la direction de C. Charles, avec l'accompagnement de X. Zhang. L'église est Notre Dame de Grâce de Passy. Le tarif sur place sera 18 € mais vous pouvez obtenir des préventes à prix malin en m'écrivant un message privé.
Le programme contient des pépites, parmi lesquelles des œuvres majeures comme le Gloria de Vivaldi ou des Nocturnes de Mozart, et entre ces monuments sont glissées moulte raretés venues d'Italie par Verdi, Rossini, Puccini, Pergolèse, et des pièces bien de chez nous grâce à Rameau, Couperin et Daquin.
Si chanter c'est prier deux fois - Saint Augustin -, écouter doit valoir une fois et demie - au moins !
09:51 Publié dans Foi, Musique, Photographie, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 09 novembre 2014
Crucifix
07:34 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barbara
dimanche, 02 novembre 2014
Maîtrise ou orchestration ?
Maîtrise ou orchestration,
que fait le chef d'orchestre ?
Walter, crédits photographiques Ilona Maras
Maîtrise ou orchestration,
que fait le chef d'orchestre ?
J'ai moi-même longtemps pensé que le chef d'orchestre donnait des ordres, en particulier lors du concert. Eh bien non, en fin de comptes, il ne donne pas d'ordres, il demande. Il ne dit pas quoi faire, ni comment. Il demande à chacun de produire un résultat final : il peut demander que le son soit "rond", ou "vertical", ou nuancé de telle manière. Il va demander à chacun d'entrer comme ceci à cet endroit, comme cela à tel autre endroit. Après, chacun est maître de son instrument et tentera d'accéder aux demandes du chef d'orchestre, en livrant le son demandé.
Et il y a quelques façons d'aboutir à un résultat. Pour donner un exemple, un fortissimo sera joué par tel pianiste en contractant ses muscles, tel autre en utilisant le poids de son dos, un autre encore en faisant appel à ses nerfs, son souffle ou une humeur. Chacun a sa méthode. Il y a autant d'écoles que de professeurs. Et puis on peut avoir sa petite cuisine interne.
Et comment sait-il, le chef d'orchestre, comment chaque son doit être ?
Eh bien il voit le tableau. Le tableau final de l’œuvre. Peut-être au sens où Mozart voyait son œuvre sous forme de tableau final avant de procéder à son écriture, à sa transcription dans l'encre, à son ancrage dans le papier et dans chaque instrument individuellement.
Ce tableau de Fran Angelico récemment rassemblé, qui avait été découpé par des marchands en son temps pour en tirer plus de profit, peut servir ici de métaphore. L'oeuvre musicale, prenez une symphonie de votre choix, est le tableau entier. Chaque mouvement, un panneau. Chaque mouvement raconte une histoire et peut s'écouter pour lui-même. Et rassemblés, les mouvements forment un tout.
On peut penser aussi à des toiles de Bosch, celles aussi qui comportent des panneaux, ou encore de très célèbres plafonds d'église et de monuments.
La Thébaïde, Fra Angelico
http://onditmedievalpasmoyenageux.fr/la-thebaide-de-fra-a...
La tentation de saint Antoine, Bosch
Et les gestes alors ? Et la baguette ? Elle donne bien des ordres, du moins le tempo...
Le tempo, oui. La main du chef d'orchestre est le pouls. Et il faut apprendre en tant que musicien à caler son pouls sur celui d'un autre. Comme on peut synchroniser sa respiration avec celle de son amant quand on s'endort dans ses bras. Dans l'orchestre ou dans le chœur - car ici tout ce que je pense avoir appris vient d'un chœur de chant -, il faut apprendre à caler son pouls sur celui du chef, et cela par les yeux : voir la main, s'en imprégner et suivre le tempo avec tout son corps. Ce qui n'est pas une mince affaire quand on a appris au métronome tic-taquant. D'ailleurs, les métronomes électriques avec diode lumineuse trouvent ici une utilité renforcée.
La baguette, la main, le pouls. Et tous ces mouvements dans l'air au concert ?
Ces mouvements sont encore moins des ordres. Le chef d'orchestre n'est pas un contremaître. Ces mouvements ressemblent à ceux de la main du paysan qui cueille le son comme un fruit mûr dont il aura planté les graines auparavant. D'ailleurs, le moment de la représentation, du concert, n'est plus un moment où l'on pourrait demander quoi que ce soit. La grande organisation est en marche. La main initie le pouls et le transmet. Installée dans la première loge, et dos au public, elle cueille, tandis que les oreilles et la peau de l'auditoire reçoivent les vibrations émises par l'ensemble des musiciens.
A un niveau infra, chaque musicien a une écoute unique et triple : il doit entendre son propre jeu car il est en première ligne pour savoir si ce qu'il produit est conforme ; ensuite et en même temps, il entend ses voisins directs, qui peuvent jouer du même instrument que lui, ou chanter dans la même tessiture, avec qui il peut aussi partager strictement la même partition, sorte de doubles d'eux-mêmes ; enfin, et toujours en même temps, il entend le reste de la formation, les instruments très différents, des tessitures très différentes, parfois plus faciles à entendre - comme les basses et les sopranes -, parfois plus difficile - car situés entre les extrêmes, comme les altos. Il y a un concert à l'intérieur du concert, où chaque siège de l'orchestre - celui où se trouvent les musiciens - reçoit un son qui est dans une perspective unique.
Voilà pour l'orchestration. Et la maîtrise ?
Comme vous l'aurez déjà compris, le chef d'orchestre n'a pas besoin de maîtriser le jeu de chaque instrument. Sinon nous aurions sans doute moins de chefs d'orchestre... Il doit avoir pensé l’œuvre au préalable. Il doit savoir en somme le résultat qu'il veut obtenir, ce fameux tableau, emprunt de ce qu'il a compris du Sens que le compositeur a donné à son œuvre. Si vous écoutez plusieurs versions d'une même symphonie, vous verrez immédiatement à quel point elles sont différentes, empreintes de la volonté du chef d'orchestre. Un même musicien peut avoir interprété sa partition de manière radicalement différente selon qu'il a été sous la direction d'un chef d'orchestre puis d'un autre. Et un chef d'orchestre peut avoir obtenu des résultats similaires en dirigeant deux orchestres différents. Toutefois, les choix d'interprétation d'un même chef d'orchestre peuvent nettement varier dans le temps. Certaines œuvres dirigées par un chef d'orchestre de génie et à un âge mûr ont quelque chose de transcendantal... Donc le chef d'orchestre ne maîtrise pas le jeu de chaque instrument, mais l’œuvre dans sa globalité. Comme nous l'évoquions en début, il va demander à chaque musicien un résultat, à charge pour chacun de le fournir grâce à la maîtrise de son instrument. Le maître à bord, et l'on dit bien "maestro", c'est le chef d'orchestre. On pourrait aller jusqu'à dire le maître d’œuvre. Mais pas le contremaître. Celui qui maîtrise l'instrument reste le musicien seul, même s'il peut recevoir les conseils avisés d'un chef d'orchestre pianiste, violoniste, chanteur ou autre.
Et permettez que nous terminions en évoquant Glenn Gould, penseur génial de la Musique, au point qu'il réalisa de véritables orchestrations de son jeu au piano. Le piano est un instrument qui est dit "symphonique", parce qu'il cumule fréquemment deux ou trois voix (plus parfois) auxquelles s'ajoute l'accompagnement qui peut lui aussi être décomposé en plusieurs voix, le tout joué par seulement deux mains (les pédales amplifient le son produit par les mains, ou le réduisent, sans ajouter de voix, contrairement à l'orgue dont le jeu de pédales produit un son en lui-même). Les interprétations de Glenn Gould ont cela de particulier qu'elles sont uniques, pensées, géniales, et que ce travail est comparable à celui du chef d'orchestre tel que nous l'avons ici expliqué. L'on sait que Glenn Gould avait trafiqué sa chaise et son piano, qu'il marmonnait ou chantonnait par-dessus son jeu, et l'on peut voir une main dans l'air. Le résultat est époustouflant tant ses interprétations sont uniques : il prend très souvent le contrepied des convenances : Glenn Gould chevauche là où les autres s'enlisent dans le coton, il ralenti à l'extrême et retient le temps là où les autres trottinent à tue-tête. Il ose faire comme si la pédale n'existe pas là où tous avant lui l'ont utilisée. Je suis presque toujours d'accord avec ce qu'il fait. Si je ne suis pas d'accord, c'est que je n'ai pas encore compris.
Jana Hobeika
07:00 Publié dans Musique, Photographie, Réflexions, philosophie, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chef d'orchestre, glenn gould