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vendredi, 03 janvier 2014

Icône j#6 - Prière de l'icônographe

 

 icone, notre dame de grace de passy, ndgp

 

Seigneur Jésus Christ, notre Dieu,

Toi qui possèdes une nature divine et sans limite et qui a pris un corps dans le sein de la vierge Marie pour le salut de l'homme,

Toi qui as imprimé les traits saints de Ton visage sur un saint voile qui a servi à guérir la maladie du roi Abgar et à éclairer son âme pour la connaissance du vrai Dieu,

Toi qui as illuminé de Ton Saint-Esprit Ton divin apôtre et évangéliste Luc, afin qu'il put représenter la beauté de Ta Mère très pure qui T'a porté petit enfant dans ses bras et qui disait : "La Grâce de Celui qui est né de moi s'est répandue sur les hommes",

Toi, Maître divin de tout ce qui existe, éclaire et dirige mon âme, mon coeur et mon esprit, conduis mes mains afin que je puisse représenter dignement et parfaitement Ton Image, celle de la très Sainte Mère et celle de tous les saints, pour la gloire, la joie et l'embellissement de Ta très sainte Eglise.

Pardonne les péchés de tous ceux qui vénéreront ces icônes et, se prosternant devant elles, rendront honneur au modèle qui est dans les Cieux.

Sauve-les de toute influence mauvaise et instruits-les par de bons conseils, par la prière de ta très Sainte Mère, de l'illustre apôtre et évangéliste Luc et de tous les saints.

Amen.

 

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jeudi, 02 janvier 2014

Icône j#5 - Technique de l'icône

 

 icone, notre dame de grace de passy, ndgp

 

Article "Technique de l'icône", in La revue Passy Notre-Dame, numéro 522, décembre 2013 :

La technique de la peinture a tempera, où les poudres de couleurs sont détrempées au jaune d'oeuf, remonte au Bas Empire romain. Les matières utilisées sont essentiellement d'origine naturelle.

Le support
C'est une planche de bois tendre (cyprès, platane, tilleul) ou contreplaqué marine, qui ne se déforme pas.

Apprêt
Après avoir marouflé la planche avec une toile de lin ou de coton usée, on pose une douzaine de couches de blanc de Meudon délayé au bain-marie dans de la colle de peau, puis on égalise la surface avec une pierre ponce.

Le dessin
Sa précision est fondamentale. C'est une épure sans indication de modelé, réalisée au pinceau avec une ocre rouge ou une terre verte. Les débutants peuvent faire un décalque.

La dorure
La dorure à la feuille à l'eau donne le plus beau résultat. On pose d'abord l' "assiette", mélange de terre d'Arménie et de colle animale en 2 ou 3 couches minces qui sont ensuite polies. On mouille abondamment l'assiette et on pose l'or. L'or peut être ensuite bruni à l'agate pour être brillant ou maté avec de la colle diluée.

Les couleurs
Elles sont d'origine naturelle : terres (de Sienne, Pouzzoles, Bohême), laque de garance, safran, des oxydes métalliques (cobalt, cadmium, plomb) et aussi quelques pigments artificiels dont la stabilité a été éprouvée. Ces poudres sont longuement mélangées au doigt avec du jaune d'oeuf dilué à l'eau, dosage délicat, car variable selon les pigments.

Enfin la peinture !
Pour avoir une harmonie d'ensemble, on pose la couleur de base sur chacun des motifs, assez diluée pour garder transparence et légèreté. On nuance par superposition de couleurs (pas de mélanges). On restaure ensuite le dessin (couleur très dense au contraire). Enfin, les éclaircissements, qui rendent le modelé des visages et les reliefs du corps à travers les vêtements.

Le vernis
On emploie l'huile de lin cuite, que l'on fait pénétrer avec la paume de la main, ce qui confère éclat et profondeur, mais aussi conservation optimale aux couleurs, car, à la longue, l'huile imprègne toute l'épaisseur de l'apprêt et atteint le bois.

 

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mercredi, 01 janvier 2014

Icône j#4 - La tradition orientale des icônes

  

 icone, notre dame de grace de passy, ndgp

 

Article "La tradition orientale des icônes", in La revue Passy Notre-Dame, numéro 522, décembre 2013, Jean-Christophe Moreau :

Des l'origine, les chrétiens ont cherché à avoir chez eux des images (du grec eikona) représentant le Christ, la Vierge Marie, des saints... La tradition veut même que ce soient des apôtres qui aient peint les premières icônes (saint Luc aurait peint la première icône de la Vierge Marie).

Sur ce point, catholiques et orthodoxes sont parfaitement d'accord. Là où les choses deviennent plus complexes, c'est que l'Eglise orthodoxe accorde à l'icône une très importante valeur théologique, voire liturgique, alors que l'Eglise catholique romaine a favorisé, au cours de l'histoire, l'émergence d'une esthétique propre, plus libre par rapport au culte. Comme l'exprime Léonide Ouspensky*, un des plus grands spécialistes de l'icône, aujourd'hui décédé : "pour l'Eglise orthodoxe, l'icône est un langage exprimant ses dogmes et son enseignement. C'est une théologie inspirée, présentée sous forme visuelle... Alors qu'en Occident "l'art religieux" s'est orienté vers l'humanisme et l'esthétisme dès la fin du Moyen Âge. L'icône, en Orient, est demeurée fidèle à sa vocation première : exprimer la transcendance."

Ainsi, l'icône est une "sainte image" et non une "image sainte".

Dans l'art religieux, tel qu'il s'est développé en Occident, l'artiste cherchera à exprimer ses sentiments personnels, et à les faire partager à la personne qui regardera l'oeuvre. Et la magie des "chefs-d'oeuvre" religieux c'est que - justement - cette piété est ressentie par tous, quelles que soient les époques. Qui n'a pas été profondément touché par la Pietà de Michel-Ange, les vitraux de la cathédrale de Chartres, ou encore la perfection d'une petite église romane de campagne ?

La peinture liturgique orthodoxe (qui aboutit à l'icône) procède d'un cheminement tout à fait différent : "C'est la voie de la soumission ascétique, de la prière contemplative. La beauté d'une icône, quoique comprise par chacun de ceux qui la regardent à sa façon personnelle, dans la mesure de ses possibilités, est exprimée par l'artiste objectivement, selon le refus de son moi, s'effaçant devant la vérité révélée", comme l'écrit de manière très précise Léonide Ouspensky*.

C'est ce qui est résumé - mais de manière bien incomplète - dans la formule : une icône est une prière.

La technique de peinture des icônes illustre ce cheminement : "les premières couches sont très sombres et progressivement les couleurs s'éclaircissent, pour marquer le passage des ténèbres vers la lumière de la Résurrection... La matière, entrant dans sa composition, doit être authentique. Il faut que son traitement soit conforme à la matière en question et que, de son côté, la matière soit conforme à l'emploi de l'objet. Il est essentiel que l'objet ne donne pas l'illusion d'être autre chose qu'il n'est pas. Aussi, dans l'icône, l'espace est limité par la surface plane de la planche et ne doit pas donner l'impression artificielle de la dépasser." Ibid

Mais attention, ne tombons pas dans le piège qui consisterait à penser que l'icône n'est qu'une tradition qui se perpétue. Ce serait manquer l'essentiel. L'icône est résolument dans son temps. C'est un peu comme si l'on considérait que le culte, tel que nous le pratiquons, n'est autre chose que souvenir d'un temps très ancien que nous essayons de faire revivre de la manière la plus fidèle. Ce serait faire fausse route. L'icône comme le culte sont l'expression même de la révélation divine, qui continue d'être, qui nous accompagne et vivifie notre devenir de chrétiens.

Alors, quand vous offrirez une icône à votre enfant ou votre petit-enfant, expliquez-lui bien que vous lui offrez un objet de culte. 

 

Mélanges de l'Institut orthodoxe français de Paris, IV, 1948, Léonide Ouspensky 

 

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