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mercredi, 19 septembre 2012

Peur sur la ville - Verneuil, Belmondo, Denner, Morricone, Dante (bonus)

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Film : Peur sur la ville (1975, durée2h)

Réalisateur : Henri Verneuil

Musique : Ennio Morricone

Le commissaire Jean Letellier (Jean-Paul Belmondo), l'inspecteur Charles Moissac (Charles Denner), le commissaire divisionnaire Sabin (Jean Martin), un inspecteur de police (Henry Djanik), le préfet (Georges Riquier), l'inspecteur de police (Henry Djanik), l'inspecteur Duvielle (Louis Samier), Jacques Paoli (Jacques Paoli lui-même), le commissaire de quartier (Philippe Brigaud), le préfet (Georges Riquier), le sous-préfet (Jean-Louis Le Goff), un inspecteur (Maurice Auzel)

Julien Dallas l'étudiant (Jean-François Balmer), le psychologue (Roland Dubillard), un journaliste de RTL (André Valardy), Cacahuète (Jacques Rispal)
 
Pierre Valdeck alias Minos (Adalberto Maria Merli), Marcucci (Giovanni Cianfriglia), Cortes (Henri-Jacques Huet), l'invité qui se trompe de porte (Maurice Vallier)
 
Nora Elmer (Lea Massari), Germaine Doizon (Rosy Varte), Hélène Grammont (Catherine Morin), Pamela Sweet (Germana Carnacina), Eugène Merclin le gardien de l'immeuble de Nora (Roger Riffard), la concierge de Germaine (Gilberte Geniat), Julio Cortes l'amant de Nora (Henri-Jacques Huet)
 
 

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 That's all, Folks !

 

mardi, 18 septembre 2012

Peur sur la ville - Verneuil, Belmondo, Denner, Morricone, Dante (suite)

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Film : Peur sur la ville (1975, durée2h)

Réalisateur : Henri Verneuil

Musique : Ennio Morricone

Le commissaire Jean Letellier (Jean-Paul Belmondo), l'inspecteur Charles Moissac (Charles Denner), le commissaire divisionnaire Sabin (Jean Martin), un inspecteur de police (Henry Djanik), le préfet (Georges Riquier), l'inspecteur de police (Henry Djanik), l'inspecteur Duvielle (Louis Samier), Jacques Paoli (Jacques Paoli lui-même), le commissaire de quartier (Philippe Brigaud), le préfet (Georges Riquier), le sous-préfet (Jean-Louis Le Goff), un inspecteur (Maurice Auzel)

Julien Dallas l'étudiant (Jean-François Balmer), le psychologue (Roland Dubillard), un journaliste de RTL (André Valardy), Cacahuète (Jacques Rispal)
 
Pierre Valdeck le chef de clinique (Adalberto Maria Merli), Marcucci (Giovanni Cianfriglia), Cortes (Henri-Jacques Huet), l'invité qui se trompe de porte (Maurice Vallier)
 
Nora Elmer (Lea Massari), Germaine Doizon (Rosy Varte), Hélène Grammont (Catherine Morin), Pamela Sweet (Germana Carnacina), Eugène Merclin le gardien de l'immeuble de Nora (Roger Riffard), la concierge de Germaine (Gilberte Geniat), Julio Cortes l'amant de Nora (Henri-Jacques Huet)
 

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Jean Letellier : C'est qui, ça ?  (Il montre des photos au mur)

Cacahuète le patron du café : Laszlo Papp.

Jean Letellier : Bien. Et ça ?

Cacahuète : Max Cohen ?

Jean Letellier : Très bien. Et ça ? C'est un acteur, non ?

Cacahuète : Jean Gabin.

Jean Letellier : Très très bien. Et lui ? (Il tend une photo de sa poche)

Cacahuète : Je connais pas.

Jean Letellier : C'est pas un acteur... C'est pas un boxeur... Qu'est-ce qu'il y a là-dessous ?

Cacahuète : Mais, rien. C'est une cave. Des bouteilles, des saloperies qui s'entassent comme dans toutes les caves.

 

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Jean Letellier : Vous venez d'où comme ça ?

Un clandestin : D'Afrique. Du Mali.

Jean Letellier : Et vous vivez là-dedans ?

Le clandestin : Oui, patron.

Jean Letellier : Combien êtes-vous ?

Le clandestin : Quarante.

Jean Letellier : Combien payez-vous ?

Le clandestin : Chacun trente francs, tous les mois.

Charles Moissac : Benh il la rentabilise bien, sa cave, la salope.

 

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Jean Letellier : Eh benh, tu vois, on te doit des excuses. Tu avais raison. C'est une cave tout ce qu'il y a de plus normal. Avec des bouteilles, un tas de trucs qui s'entassent. Une vraie cave, quoi. Oh, mais dis donc, tu saignes, toi ?

Charles Moissac : Oui.

Jean Letellier : Mais dis, mon grand, c'est pas un coup de couteau, ça ?

Charles Moissac : Benh maintenant que tu me l'dis...

Jean Letellier : Hé, qui est-ce qui a pu te donner un coup de couteau ? Y'a personne dans la cave...

Charles Moissac : Ah non.

Jean Letellier : Y'a personne dans la salle... Qui est-ce qui a pu te faire ça ?

Cacahuète : Ca va pas, non ?

Jean Letellier : Frapper un policier à coup de couteau, est-ce que c'est sérieux, hein ?

Cacahuète : J'ai frappé personne !

Jean Letellier : Et ça ?

Cacahuète : Mais c'est pas à moi, ça !

Jean Letellier : Oui, mais y'a tes empreintes dessus maintenant. Donc, ce n'est pas un acteur, ce n'est pas un boxeur.

Charles Moissac : Je vais te souffler, pour t'aider un peu. Le hold up de la banque à Asnières, ça te dit quelque chose ?

 

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Le poste de radio : Z2 appelle TV108, Z2 appelle TV108 

Jean Letellier : TV108, j'écoute.

Le poste de radio : Où étiez-vous, bon Dieu, ça fait une heure que je vous appelle ! 

Jean Letellier : On a été acheter des cacahuètes.

 

¤     ¤     ¤

 

L'invité qui s'est trompe de porte, appelons-le Maurice.  

Jean Letellier : Quand vous avez sonné, vous n'avez entendu ni cri ni bruit de lutte ?

Maurice : Seulement son cri à elle, rien d'autre.

Jean Letellier : Une femme cri au secours dans la nuit, et vous allez tranquillement passer la soirée chez vos amis.

Maurice : Elle n'a pas crié au secours. Elle a tout simplement poussé un cri. C'était la première fois que je venais chez monsieur et madame Chisco, je me suis tout simplement trompé de porte, c'est tout.

 

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Jean Letellier : Vous êtes le gardien de l'immeuble ?

Le gardien : Eugène Merclin, quarante-cinq ans, célibataire !

Jean Letellier : A quelle heure madame Elmer est-elle rentrée ce soir ?

Le gardien : Attendez, j'ai regardé les informations, il devait être huit heures, ouais c'est ça, huit heures à peu près.

Charles Moissac : Et comment était-elle ?

Le gardien : Il me semble bien qu'elle portait un pantalon de toile, un peu style blue jean, vous voyez ?

Jean Letellier : C'est pas ce qu'on vous demande, mon toto. Elle était bouleversée, inquiète, nerveuse ?

Le gardien : Ah, pardon. Benh non, pas plus que d'habitude. Il faut dire qu'elle venait de perdre son mari dans un accident de voiture. Alors...

Jean Letellier : C'est lui ?

Le gardien : Ah benh ouais, ça c'est... hmm... enfin, c'était monsieur Elmer.

Charles Moissac : Elle vivait seule depuis ?

Le gardien : Même avant ! Il voyageait beaucoup, son mari. Il la laissait souvent seule.

Jean Letellier : Et lui, qui est-ce ?

Le gardien : Je ne sais pas. Ca me dit quelque chose, mais... Aah ! Il me semble bien que je l'ai vu dans l'immeuble.

Charles Moissac : Elle recevait beaucoup ?

Le gardien : Allez savoir où vont les gens ? Il y a quarante-huit étages dans cette putain de tour !

Jean Letellier : Raccompagne ces messieurs à cette putain de porte, on leur enverra une putain de convocation.

 

¤     ¤     ¤

 

Jean Letellier au téléphone : Letellier, brigade criminelle. Vous avez reçu l'appel d'une nommée Nora Elmer ?

Le commissaire de quartier : Euh exact. Elle se plaignait d'un maniaque du téléphone.

Jean Letellier : Vous avez envoyé quelqu'un ?

Le commissaire de quartier : Oh benh ça arrive dix fois par nuit. On ne va pas se déranger chaque fois.

Jean Letellier : Ce coup-ci vous auriez dû.

Le commissaire de quartier : Pourquoi ?

Jean Letellier : Parce qu'elle vous dérangera plus, celle-là.

 

¤     ¤     ¤

 

Charles Moissac : Dis donc, j'ai un peu regardé sa correspondance. Des condoléances, le patron de son mari, des amis, une petite cousine de la Nièvre, mais voilà, là, c'est autre chose : "Ma chérie, je sais que je vais te faire un peu de peine mais je dois quitter la France et je ne sais pas si je reviendrai un jour. Oublie-moi. Tu gardes toute ma tendresse, mon cœur saigne." Et c'est signé : Julio Cortès."

 

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Jean Letellier : Vous devez pas vous ennuyer dans ce quartier avec toutes ces tours.

Charles Moissac : Ca doit tomber comme des mouches.

: Comment ?

Jean Letellier : Quel beau métier que le nôtre. Les gens sautent, on les ramasse. C'est chouette, non ? Tu sais ce que j'ai envie de faire ?

Charles Moissac : Benh non.

Jean Letellier : J'ai envie de sauter, moi aussi. Tu diras que, passionné par cette affaire, qui doit sûrement être l'affaire du siècle, j'ai voulu procéder à une reconstitution.

 

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Jean Letellier : C'est vrai qu'il a le cœur qui saigne.

Cortes : A... Appelez une ambulance...

Charles Moissac : Qu'est-ce que tu dis ?

Jean Letellier : Hein ? J'ai rien dit.

Charles Moissac : Ah bon.

Jean Letellier qui allume une cigarette : Merci. C'est bon de se détendre après l'effort.

Cortes : Vous voyez... vous voyez pas que je pisse mon sang ? Je vais crever.

Jean Letellier : Qu'est-ce qu'il veut ?

Charles Moissac : Il dit qu'il est en train de mourir.

Jean Letellier : Dis-lui que je m'en fous.

Charles Moissac : Il s'en fout.

Cortes : A... Appelez une ambulance... Ah... Ah... Bon D...

Charles Moissac : Pourquoi tu as tiré ?

Jean Letellier : Tu parles d'abord, on appelle l'ambulance après.

Cortes : Et si je meurs ? Vous serez responsables ?

Jean Letellier : Tu crois qu'on pourra survivre à ce remords ?

Charles Moissac : Ce sera dur.

Jean Letellier : On essaie ? Allez ! On le laisse mourir pour voir si on supporte le choc, mmmh ?

Cortes : Revenez !

Jean Letellier : Il nous a appelés ?

Cortes : La valise... ah... le double fond... ... ... uuh... l'ambulance... vite...

Jean Letellier : Nora Elmer, tu connais ?

Cortes : Quoi ?

Jean Letellier : "Ma chérie, je sais que je vais te faire un peu de peine mais je dois quitter la France..."

Cortes : Vous n'avez jamais eu l'intention d'appeler une ambulance, vous vouliez me descendre, c'est tout.

Jean Letellier : Comment ?

Cortes : Je vous ai refilé la drogue, je suis en train de crever, vous me lisez une lettre d'amour. Allez-vous-en.

Jean Letellier : Elle est morte.

Cortes : Nora ? Aaah... Uuuuh...

Charles Moissac : C'est toi qui l'a tuée.

Cortes : Moi ? ... Huh... Oh...

Charles Moissac : Allez, tu nous dis la vérité, tu es à l'hôpital dans cinq minutes.

Cortes : Tuer Nora Elmer, moi, mais pourquoi faire ?

Charles Moissac : Je crois qu'on peut laisser tomber. Appelle-lui... son ambulance.

Jean Letellier : Allô ? Ici le commissaire Letellier, oui. Envoyez-moi une... attendez une seconde. Dis donc, pendant qu'on y est, dis-moi comme ça, très vite, qui te fournissait la drogue ?

Cortes : Oh merde... Je recevais un coup de fil, ça se passait au bar La Frégate, place Pereire, c'était jamais le même type.

Jean Letellier : Eh benh voilà.

 

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Charles Moissac, qui répond au téléphone : Le commissaire Letellier est occupé. Je suis son adjoint.

L'assassin : Je veux parler au commissaire Letellier. C'est au sujet de la mort de Nora Elmer.

Jean Letellier : Commissaire Letellier, j'écoute.

L'assassin : Justice est faite. Cette nuit, Nora Elmer a payé de sa mort ses instincts les plus bas. C'était une ignoble salope qui salissait même le deuil le plus sacré. Je serai désormais le bras d'une justice qui condamnera et exécutera sans pitié toutes celles qui se vautreront dans cette immense boue sexuelle qui submerge le monde.

Jean Letellier : Qui êtes-vous ?

L'assassin : Je vais vous le dire, commissaire.

Jean Letellier, à son équipé : Essayer de localiser l'appel.

L'assassin : Permettez-moi de raccrocher d'abord, au cas où vous tenteriez de repérer mon appel. A tout de suite.

Jean Letellier : Merde ! Qu'est-ce que c'est que cette connerie... Commissaire Letellier, j'écoute.

L'assassin : Vous avez lu L'enfer de Dante, commissaire ? Sans doute pas. Eh bien, je suis Minos. Après chacune de mes condamnations, vous recevrez une lettre. Le double en sera envoyé à la presse, elle contiendra le nom de ma victime et une photo qui représentera une partie de mon corps. Vous les assemblerez comme un puzzle et vous obtiendrez un jour mon portrait tout entier, vous connaîtrez donc Minos. Mais, d'ici là, le monde aura tremblé.

 

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Le commissaire divisionnaire Sabin : "J'ai tué Nora Elmer", c'est ce qu'affirme un mystérieux correspondant dans une lettre adressée à France Soir et signée Minos.

Jean Letellier : C'est pas la première fois qu'un foldingue revendique un crime ? Ca arrive souvent. Et ceux qui en général écrivent aux journaux ou nous téléphonent... sont pas bien méchants. Et pour Nora Elmer, rien ne prouve encore que ce soit un assassinat. Bon, eh benh, voilà. Pas bien méchant, tout ça.

Sabin : Letellier ! Vous avez fait beaucoup de karaté, je crois.

Jean Letellier : Oui.

Sabin : Et puis du judo, aussi ?

Jean Letellier : Oui.

Sabin : Et au tir rapide, vous ne vous débrouillez pas mal non plus ?

Jean Letellier : Ecoutez, je vous arrête tout de suite, on m'a déjà fait le coup à l'armée. Vous savez parler l'anglais ? Oui ? Bon, alors corvée de chiottes.

Sabin : Je veux la liste de toutes les femmes qui depuis trois mois ont demandé le changement de leur numéro de téléphone. Je veux aussi savoir pourquoi elles ont demandé ce changement.

Jean Letellier : Navré de vous avoir coupé votre effet, monsieur Sabin.

Sabin : Letellier. Vous n'imaginez pas le nombre d'affaires de police qui ont été résolues par des corvées de chiottes.  

 

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Jean Letellier : Ouvre-le !

Charles Moissac : Je l'aimais bien, cette voiture. Je m'étais habitué.

Jean Letellier : Hein ?

Charles Moissac : C'est peut-être une bombe.

Jean Letellier : Il commence à me courir, ton copain, hein. D'ailleurs, c'est toute cette affaire qui commence à me courir. Sept-cent quatre-vingt demandes de changement de ligne dont deux cent soixante femmes. On en a déjà vu sept ce matin et j'en ai plein les bottes. Arrête de lire quand je te parle.

Charles Moissac : Oui-oui.

Jean Letellier : La dame, dont le numéro est à une chiffre près celui du radio taxi. La pute qui travaillait par téléphone et qui veut tirer un trait sur son passé. L'infirmière réveillée toutes les nuits par un maniaque. Aucun intérêt tout ça ! Mais arrête de lire !

Charles Moissac : Tiens, écoute. "Minos, c'est la terrible voix de la conscience qui juge les intentions et qui prononce les condamnations." Mais ça t'inquiète pas, ce type qui nous suit.

Jean Letellier : Mais c'est un foldingue ! Il fait joujou et j'ai pas de temps à perdre, moi. Bon, la prochaine s'appelle Germaine Doizon. y'a aucune raison qu'on s'emmerde à deux, on va tirer à pile ou face celui qui y va. Face, c'est moi, pile, c'est toi. Pour la peine, c'est moi.

Charles Moissac : Ca fait mille ou deux mille fois qu'on tire à pile ou face, tu perds toujours. La pièce est truquée.

Jean Letellier : C'est toi qui la lance.

Charles Moissac : Alors tu es cocu.

Jean Letellier : C'est toi qui est marié.

Charles Moissac : Alors, merde.

Jean Letellier : Allez, détends-toi. Elle est peut-être passionnante cette Germaine Doizon ? 

 

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Germaine Doizon : Mon mari était bijoutier. Il avait un port d'arme.

Un "policier" : Il est chargé ?

Germaine Doizon : Ah benh bien sûr ! Ce salaud m'a menacée plusieurs fois de venir. Eh benh, je l'attends. Voulez-vous une cigarette ?

Un "policier" : Non merci. Pourquoi "ce salaud" ?

Germaine Doizon : Vous avez raison, je devrais dire "ce malade". C'est sûrement un... un irresponsable. Mais il me rend la vie tellement impossible que moi j'ai du mal à lui trouver des excuses. Voulez-vous boire quelque chose, commissaire ? Un petit café, hein ?

Un "policier" : Non merci.

Germaine Doizon : Ah, vraiment ?

Un "policier" : Pourquoi "un malade" ?

Germaine Doizon : Oh benh, parce que... benh il est par normal, ce type, c'est évident.

Un "policier" : Vous trouvez anormal de stigmatiser le vice, la pourriture qui nous entoure ?

Germaine Doizon : Comment ?

Un "policier" : C'est plus simple de le traiter de fou, n'est-ce pas ? Ca permet de fermer les yeux sur soi-même, de continuer sa petite vie sans remords.

Germaine Doizon : J'avoue que j... je ne vous suis pas du tout.

Un "policier" : J'essayais de comprendre, c'est tout. Un policier qui a un minimum de sensibilité doit essayer de comprendre les criminels, vous ne croyez pas ?

Germaine Doizon : Oui, mais enfin lui, y'a rien à comprendre. C'est un pauvre fou. Puis il doit être impuissant en plus.

Un "policier" : Ah oui ?

Germaine Doizon : Ah oui ! Ca alors, pour dire toutes ces saletés ! Il doit rêver de les faire et ne pas pouvoir. Ah oui, ça alors, c'est sûrement un impuissant.

Un "policier" : Comment l'imaginez-vous physiquement ? Enfin, d'après sa voix.

Germaine Doizon : Je sais pas. Je peux pas lui voir un visage normal comme vous et moi. Ni même un corps. C'est... oh, c'est pas un monstre non plus, non, mais plutôt quelque chose d'informe. Oh, il faut dire que je suis encore dans un demi-sommeil quand il me parle, c'est comme un cauchemar en fait. Oh, et puis quand il se met à baver sur ma vie privée, j'imagine une espèce de grosse chenille pleine de haine.

Un "policier" : Et bien sûr, votre vie privée à vous est irréprochable.

Germaine Doizon : Ah mais absolument ! Mais je baise moi, commissaire ! Je suis veuve depuis cinq ans et parfaitement normale. Alors, j'allais pas entrer au couvent, non ? Vous me pardonnerez ma franchise mais je m'envoie en l'air de temps en temps et j'aime ça.

Un "policier" : Je prendrais bien un café finalement.

Germaine Doizon : Oui ? Je nous apporte ça tout de suite. Vous l'aimez très fort ?

Un "policier" : En fait, nous savons un peu à quoi ressemble Minos. Nous avons fait une sorte de portrait robot.

Germaine Doizon : Ah bon ?

Un "policier" : Ce n'est pas une grosse chenille. Il est plutôt beau. Assez beau pour inspirer le désir à n'importe quelle salope... et assez fort pour ne pas lui céder !

 

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Charles Moissac : J'ai pas besoin de la voiture, moi. Prends-la. T'en meurs d'envie.

Jean Letellier : Tu crois ?

Charles Moissac : Ouais. Je rentrerai en bus.

Jean Letellier : Benh non, y'a déjà trois types en faction. T'as une cigarette.

Charles Moissac : Non, terminé.

Jean Letellier : Dis-donc, c'est incompréhensible, ce truc-là.

Charles Moissac : Ouais, c'est pas facile à lire.

Jean Letellier : Si l'autre dingue a été jusqu'au bout, ça vaut une remise de peine.

Charles Moissac : Bon, je vais voir Germaine.

Jean Letellier : Bonne bourre !

Charles Moissac : Ca vole haut avec toi. Je t'accompagne, alors fais-moi un beau sourire.

 

¤     ¤     ¤

 

Jean Letellier : N'importe quel flic supplierait à genoux qu'on la lui donne. Pas moi. Marcucci, dans un, cinq, dix ans, j'aurais fini par l'avoir. C'est ma catégorie. Mais le schyzo-machin à tendance paranoïde, c'est pas mon truc ça, je trouverai pas la distance. Alors, monsieur le directeur, je vous demande de me retirer de l'affaire. Voilà.

Sabin : Letellier ! Vous ne trouvez pas que vous en faites un peu trop ? Dans le style petite tronche et gros bras, rien dans la tête, tout dans les muscles !?

Jean Letellier : Dans le fond, qu'est-ce que c'est que les muscles ? Quelques grammes de gélatine durcie placés où il faut. Ca sert aussi quelques fois à faire des flics vivants.

Sabin : Letellier, vous êtes commissaire principal de la brigade criminelle, pas videur dans une boite de nuit. Que vous préfériez le western à l'explication psychologique, ça vous regarde. Mais on ne fait pas toujours ce qu'on aime. Minos vous a dénoncé, Letellier, il vous a cafté ! Et vous avez un compte à régler avec lui maintenant. Le schyso-machin à tendance paranoïde, il vous a foutu dans la merde jusqu'au cou ! Et si vous n'essayez pas de vous en sortir, vous pouvez compter sur moi pour vous appuyer sur la tête et pour vous y enfoncer complètement !! Je vous demande pardon, monsieur le directeur.

Jean Letellier : Je peux me retirer ?

 

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Jean Letellier : Vous allez sursauter longtemps comme ça ? C'est horripilant à la fin. Ca fait deux nuits qu'on passe ensemble, et chaque fois que je rentre quelque part, vous sursautez. Vous devriez commencer à vous habituer.

Hélène Grammont : Ne prenez pas ce verre.

Jean Letellier : Pourquoi ?

Hélène Grammont : Il est ébréché.

Jean Letellier : S'il est ébréché, pourquoi vous le gardez ?

Hélène Grammont : Je ne sais pas !!

Jean Letellier : Je garde pas les verres ébréchés, moi.

 

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Jean Letellier : Vous feriez mieux d'aller vous coucher.

Hélène Grammont : Non ! Arrêtez de hocher la tête. Ca fait deux jours que vous hochez la tête, ça aussi c'est horripilant !

 

¤     ¤     ¤

 

Pierre Valdeck, au téléphone : Hélène ?

Hélène Grammont, au téléphone : Oui.

Pierre Valdeck : Je te réveille ?

Hélène Grammont : Non, tu ne me réveilles pas, je ne suis pas seule. Je suis avec quelqu'un de la police pour ce que tu sais.

Pierre Valdeck : Et alors ?

Hélène Grammont : Rien de neuf. [...]

Jean Letellier : Dites à votre gugusse de plus appeler la nuit.

Hélène Grammont : Il appelle parce qu'il s'inquiète pour moi. Et c'est pas un gugusse !

Jean Letellier : Je sais, il est chef de clinique, marié et père de deux enfants. Vous vouliez garder secrets vos rapports, c'est raté. Je vous rappelle que vous êtes sur écoute et que nous vérifions toutes les communications.

Hélène Grammont : Je lis les journaux tous les matins. On vous traîne dans la boue depuis trois jours. Vous avez sans doute des raisons d'être nerveux mais moi aussi, figurez-vous ! Entre les urgences la nuit et les appels de Minos, je ne dors plus depuis des semaines.

Jean Letellier : Allez vous coucher ! Je ne vous demande pas de me tenir la main.

Hélène Grammont : Non ! Vous êtes arrivé ici d'une humeur de chien et c'est moi qui paie. Et je n'ai aucune raison de supporte ça. Allez-vous-en, je n'ai pas besoin de vous !

Jean Letellier : Ne - criez - pas.

Hélène Grammont : Allez-vous en.

 

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Jean Letellier : "L'as de la brigade joue les westerns en plein Paris." J'aurais eu Marcucci il y a un an, j'étais un héro. 

 

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Jean Letellier : Commissaire principal à la brigade criminelle, attendre vissé dernière un téléphone l'appel d'un dingue. Ah, non de Dieu, quand je pense à ce que j'imaginais quand j'étais gosse.

Hélène Grammont : Ah oui ?

Jean Letellier : Ah oui, alors.

Hélène Grammont : Et qu'est-ce que vous imaginiez ?

Jean Letellier : Sur la police, sur tout, quoi. Y'a un truc qui m'avait frappé, une image. Les g-men américains qui escortaient les voitures officielles. Ils marchaient la main sur le capot, la voiture avançait au pas, et leur regard était extraordinaire. Ils cherchaient un type sur les toits, ou derrière une fenêtre, embusqué. J'étais tout gosse, moi. Et quand je voyais ces types, aux actualités, ces g-men, je me disais "c'est ça, un flic". Je crois que j'ai jamais raconté ça à personne.

Hélène Grammont  : Heureusement.

Jean Letellier : Hein ?

Hélène Grammont : Je dis, heureusement que vous n'avez jamais raconté ça à personne.

Jean Letellier : Pourquoi ?

Hélène Grammont : Parce que c'est consternant.

Jean Letellier : Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?

Hélène Grammont : Ca veut dire que le rêve du commissaire Letellier depuis trente ans, c'est de devenir un gorille. Excusez-moi, mais je trouve ça complètement débile. Oh mais je l'avais pressenti en lisant les journaux, "le commissaire flingueur", "l'as de la brigade anti-gangs". Je m'attendais à tomber sur un demeuré. Mais à ce point-là... Douze ans d'âge mental ! Et encore, mon petit frère a neuf ans et il est plus évolué.

Jean Letellier : Peut-être pas très évolué mais vous, c'est pas mal non plus. Vous avez lu les journaux et moi j'ai écouté les communications. Votre roman photo avec le chirurgien, c'est dégoulinant de connerie. Elle l'aime. Il est marié, père de deux enfants. Trouveront-ils le bonheur ? En vente tous les jeudis dans les kiosques. Lui : "Allô, ma chérie, excuse-moi, je ne pourrai pas passer la soirée avec toi. Un confrère étranger qui débarque, sans crier gare." Elle : "Ne mens pas, tu vas encore passer la soirée avec ta femme." Lui : "Enfin, ma chérie, tu sais très bien qu'il n'y a plus rien entre ma femme et moi." Elle : "Pourquoi ne divorces-tu pas ?" Lui : "Les enfants ne comprendraient pas, mon amour." Moi : je me prends peut-être pour un cow-boy mais au moins je ne joue pas les backstreets avec mon chef de service !

Hélène Grammont : Vous êtes content ?

Jean Letellier : Je suis fatigué.

Hélène Grammont : Enlevez votre chemise.

Jean Letellier : Pardon ?

Hélène Grammont  : Allez, enlevez-moi ça et venez par ici. Je fais de la rééducation à l'hôpital, vous en avez sérieusement besoin. Venez vous allonger ici.

 

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Hélène Grammont : C'est bon ?

Jean Letellier : Formidable... Vous savez, quand je vous ai traitée de conne, tout à l'heure, je le pensais pas vraiment.

Hélène Grammont : Et moi, quand je vous ai traité de demeuré, je le pensais.

 

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L'assassin, au téléphone : Vous avez encore vu votre amant aujourd'hui.

Hélène Grammont, au téléphone : J'ai le droit de faire ce que je veux de ma vie.

L'assassin : La loi vous en donne le droit. L'Eglise ferme hypocritement les yeux. Le monde moderne vous applaudit. Mais ma justice, car il faut qu'il y en ait une, vous a déjà condamnée.

Jean Letellier : Continuez.

Hélène Grammont : Quand vous avez appelé, j'étais sur le point de faire l'amour avec un homme. Un homme avec un corps d'homme, des mains d'homme. Faire l'amour, Minos, vous ne savez sans doute ce que ça veut dire, mais ça peut être très beau. Il était si près de moi, il est presque nu. Et nous vous plaignons beaucoup, tous les deux.

L'assassin : Sale putain ! Vous êtes en train de localiser mon appel.

Jean Letellier : Vous n'auriez pas dû le provoquer comme ça.

Hélène Grammont : C'est vous que je provoquais.

Jean Letellier : Il doit pas être content.

Le téléphone sonne.

Jean Letellier : Il est pas content du tout.

Hélène Grammont : Allô ?

Un homme : Mademoiselle Grammont ?

Hélène Grammont : Oui.

Un homme : Ici l'hôpital de la Trinité, c'est pour une urgence. Le professeur Hermione entre en salle d'opération, on vous attend.

Hélène Grammont : J'arrive.

 

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Hélène Grammont : Salut cow-boy.

Jean Letellier : Le cow-boy débile et demeuré évidemment.

Hélène Grammont : Je ne sais pas. Mais je peux vous assurer quelque chose, c'est que si vous aviez eu la tête d'Einstein, je ne vous aurais pas massé les épaules.

Jean Letellier : Euh, quel âge il a déjà votre petit frère ?

Hélène Grammont : Neuf ans ?

Jean Letellier : Eh benh je vais quand même essayer de le rattraper.

Hélène Grammont : Oh, si vous devez rester encore quelque temps à la maison, je vous achéterai un rasoir.

Jean Letellier : Mécanique ! Avec un blaireau et du savon qui fait beaucoup de mousse.

 

lundi, 17 septembre 2012

Peur sur la ville - Verneuil, Belmondo, Denner, Morricone, Dante

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Film : Peur sur la ville (1975, durée2h)

Réalisateur : Henri Verneuil

Musique : Ennio Morricone

Le commissaire Jean Letellier (Jean-Paul Belmondo), l'inspecteur Charles Moissac (Charles Denner), le commissaire divisionnaire Sabin (Jean Martin), un inspecteur de police (Henry Djanik), le préfet (Georges Riquier), l'inspecteur de police (Henry Djanik), l'inspecteur Duvielle (Louis Samier), Jacques Paoli (Jacques Paoli lui-même), le commissaire de quartier (Philippe Brigaud), le préfet (Georges Riquier), le sous-préfet (Jean-Louis Le Goff), un inspecteur (Maurice Auzel)

Julien Dallas l'étudiant (Jean-François Balmer), le psychologue (Roland Dubillard), un journaliste de RTL (André Valardy), Cacahuète (Jacques Rispal)
 
Pierre Valdeck alias Minos (Adalberto Maria Merli), Marcucci (Giovanni Cianfriglia), Cortes (Henri-Jacques Huet), l'invité qui se trompe de porte (Maurice Vallier)
 
Nora Elmer (Lea Massari), Germaine Doizon (Rosy Varte), Hélène Grammont (Catherine Morin), Pamela Sweet (Germana Carnacina), Eugène Merclin le gardien de l'immeuble de Nora (Roger Riffard), la concierge de Germaine (Gilberte Geniat), Julio Cortes l'amant de Nora (Henri-Jacques Huet)

 

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Nora Elmer : Comment vous le savez ? Hein ? Hein ?? [...] Quoi !? Vous êtes rentré chez moi, vous.

Le tueur : C'est joli chez vous, j'aime beaucoup. Surtout votre lit. Je l'ai essayé. Il est doux, moelleux, un vrai lit pour l'amour. Un lit qui doit vous rappeler un amant et un pauvre mari qui est mort maintenant, n'est-ce pas, Nora ?

Nora Elmer : Vous étiez... vous étiez un ami de Pierre, n'est-ce pas ?

Le tueur : Ha ha ha ha, non, rassurez-vous. Mais vous pourrez me parler de lui, puisque je viens.

Nora Elmer : Oh non !! 

 

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Le concierge: Allô ?

Nora Elmer : Allô, monsieur Merclin ? 

Le concierge: Oui.

Nora Elmer : Je suis Nora Elmer. Je viens d'être menacée par téléphone. Je vous en supplie, ne laissez monter personne !

Le concierge : Menacée ?

Nora Elmer : Oui, menacée ! Je vous en supplie, personne.

Le concierge: Je surveillerai, mais vous savez bien qu'on peut monter directement par le parking. Alors là, j'y peux rien. Vous devriez plutôt prévenir la police.

Nora Elmer : Je viens de téléphoner ! mais ça ne répond pas. Qu'est-ce que je dois faire là ?

Le concierge : La nuit, il faut appeler le commissariat d'arrondissement. Je vous donne le numéro.

Nora Elmer : Oui, merci, attendez. Dites-moi.

Le concierge : Défense 44 52.

 

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Le commissaire de quartier : Ne vous inquiétez pas, madame, nous avons l'habitude de ce genre d'appels. Ce sont des détraqués, ils s'excitent de la frayeur qu'ils provoquent. Ils disent tous qu'ils vont venir, ça fait partie de leur petit cinéma mais ils ne viennent jamais.

Nora Elmer : Mais s'il vient quand même ? Qu'est-ce que je dois faire, moi ?

Le commissaire : Rappelez-nous. En moins de cinq minutes, on est chez vous. Mais rassurez-vous, il ne viendra pas. Bonsoir, madame.

Nora Elmer : Bonsoir, monsieur, merci.

 

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Le policier : Quarante-sept avenue George Méliès. Défénestration. Nom de la victime, Nora... Elmer. Je préviens la criminelle. 

 

A suivre...

 

mercredi, 09 mai 2012

Le Président - Gabin, Blier

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Film : Le Président (1960 , durée 1h45)

Réalisateur : Henri Verneuil

Dialoguiste : Michel Audiard

Emile Beaufort le Président (Jean Gabin), Philippe Chalamont son rival (Bernard Blier), mademoiselle Milleran son assistante (Renée Faure), Antoine Monteil (Henri Crémieux), François son chauffeur (Alfred Adam), Lauzet-Duchet (Louis Seigner), le docteur Fumet (Robert Vattier), sir Merryl (Charles Cullum), Jussieu (Louis Arbessier), Huguette (Françoise Delrick), la cuisinière (Hélène Dieudonné), Augustin le paysan (Pierre Larguey)

 

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Président Beaufort : Dire qu'on finit tous de la même manière. Vous trouvez pas ça humiliant ? Vous vous en foutez ?

Docteur Fumet : Ah pas du tout ! Ca je-je vous jure monsieur le Président qu'il n'y a aucune...

Président Beaufort : Mais si, vous vous en foutez ! Vous, ce qui vous excite, c'est de vous dire : ce vieux bonhomme à qui je pique les fesses tous les matins a déjà son nom dans les manuels d'histoire, et il aura une avenue dans toutes les grandes villes de France, comme Clémenceau ou ce pauvre Jaurès. Ca vous plairait à vous, d'avoir une avenue portant votre nom ? Avenue du docteur Fumet...

Docteur Fumet : Oui (en riant). Pas vous, monsieur le Président ?

Président Beaufort : Ooofff, si après tout, peut-être.

 

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Président Beaufort :  Où en étions-nous restés hier ?

Son assistante Milleran : "On ne gouverne pas sans quelques inimitiés. Tout homme de pouvoir devrait s'imprégner de cette maxime car en vertu d'un étrange paradoxe c'est la notion même du bien public."

Président Beaufort : Bon, alors écrivez en tête de chapitre : les années difficiles. Je crois avoir été un des hommes les plus détestés de son époque. Ce fut longtemps mon chagrin, c'est aujourd'hui mon orgueil. Je suis républicain depuis que je respire, et pourtant, au cours de quarante années de vie politique, j'ai eu le privilège d'avoir été traité de despote oriental par les socialistes, de voyou moscoutaire par l'acion française, de valet de Wall Street par les syndicalistes, et de faux monnayeur par la Haute Banque. Voilà pour mes adversaires. Quant à mes amis, les amis n'aiment pas être fidèles, ils ont l'impression de perdre leur personnalité, quant à mes amis donc, ils se contentèrent de me taxer d'ambition et d'intransigeance, deux appellations que je revendique. J'ai toujours été en effet extrêmement ambitieux du destin de mon pays et intransigeant sur la manière de le voir s'accomplir. Le moindre article dans un journal étranger  défavorable à la France m'a toujours beaucoup plus affecté que la chute d'un ministère Beaufort.

[...]

Président Beaufort : Pourquoi ne fumez-vous pas Milleran ? Ca rend aimable. Bon, allez, continuons. Au lendemain des émeutes, et après la dissolution des ligues fascistes, je conservais de fidèles adversaires à gauche et je n'avais désormais que des ennemis à droite. Mais je gardais derrière moi la force qui finalement gouverne les chambres : l'opinion publique. Il ne me restait plus qu'à perdre son soutien en me rendant impopulaire, ce fut chose faite du jour au lendemain. Ecrivez en sous-titre : la dévaluation. L'ordre étant rétabli, je demandais les pleins pouvoirs et les obtenais. Mais, sauf pour les dictateurs et pour les imbéciles, l'ordre n'est pas une fin en soi. L'ordre n'empêche pas le nombre des chômeurs d'augmenter, ni le déficit des chemins de fer de s'accroître, ni les faillites de se multiplier. A peine m'avait-on donné ces pleins pouvoirs que chacun se disait : que va-t-il en faire?  C'est une habitude bien française que de confier un mandat aux gens et de leur contester le droit d'en user. Or, il fallait choisir et choisir vite entre la protection du capital et celle du travail. Il fallait choisir entre le passé et l'avenir : j'ai choisi l'avenir. Mais il ne restait pour cela qu'une ressource : celle de la dévaluation massive. Et encore fallait-il qu'elle se produise d'une façon assez inattendue pour empêcher la spéculation... pour empêcher la spéculation...

Son assistante Milleran : Vous êtes fatigué de dicter, monsieur le Président ?

Président Beaufort : Non, je pense à ce que je ne peux pas dire.

 

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Président Beaufort : Vous ne connaissez pas mon vieil ami Mulstein directeur de Paris France ? Ce journal qui a trop de lecteurs pour me défendre mais trop de lecteurs aussi pour m'attaquer.

 

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Président Beaufort : C'est prodigieux le nombre de yaourths qui défilent dans cette maison.

La cuisinière : Tout le monde en mange, monsieur le Président.

Président Beaufort :Pourquoi ?

La cuisinière : Je sais pas, moi, pour faire comme vous.

Président Beaufort : Eh benh vous avez tort, parce que moi j'ai horreur de ça. C'est une nourriture de nouveau né... Qu'est-ce qu'il y a encore, qu'est-ce que vous voulez ?

La cuisinière : Monsieur le Président, si ça vous dérange pas, j'aurais aimé avoir mon après-midi.

Président Beaufort : Pourquoi faire ?

La cuisinière : Ma grand-mère est malade.

Président Beaufort : Ah c'est bien ça. Enfin, on va dire c'est bien de votre part de vous intéresser à votre grand-mère. Prenez votre après-midi, allez.

Huguette : Menteuse, coureuse, et vous lui passez tout. 

Président Beaufort : Je lui passe tout, je lui passe tout. C'est le seul élément jeune de cette maison.

Huguette : Vous ne croyez tout de même pas à cette histoire de grand-mère ?

Président Beaufort : Bien sûr que non, mais elle témoigne d'une imagination délicate.

Huguette : Un certain culot, oui !

Président Beaufort : Non, le culot aurait été de me dire : Monsieur le Président, j'ai besoin de mon après-midi pour aller me faire sauter. Benh quoi, vous me parler de culot, le culot c'est ça.

 

¤   ¤   ¤

 

Le paysan Augustin : Tu veux le fond de ma pensée ? Les députés, faudrait tous les ficher dans la Seine !

Président Beaufort : Oh, sois tranquille, ils savent nager.

Augustin : La politique, c'est un métier de voyous !

Président Beaufort : Eh dis donc, j'te remercie !

Augustin : Ah, non, c'est pas pour toi que j'dis ça. Non, toi t'es d'ici, c'est pas pareil [...] A ton avis, quel nouveau voyou ils vont nous mettre au gouvernement ?

 

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Président Beaufort : S'il part doucement, c'est qu'il a l'intention d'aller loin.

Chalamont : Pour n'être pas très neuve, l'idée de fédération européenne n'en est pas moins généreuse. Généreuse mais utopique. La suppression de l'actuel système douanier, le libre échange, sont autant de formules qui relèvent du manuel de littérature mais qui constituent un défi permanent au manuel d'arithmétique élémentaire. Est-ce parce qu'il sera européen que le mètre va devenir extensible ? Est-ce parce qu'elle sera européenne que la tonne de charbon va doubler de volume ? Est-ce parce qu'elle sera européenne que la France augmentera en puissance et en prospérité ? Le projet d'union douanière sur lequel le gouvernement nous invite aujourd'hui à voter la confiance est mis en pratique depuis longtemps par les contrebandiers. Est-ce une raison suffisante pour l'adopter ?

 

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Président Beaufort : Si cette assemblée avait conscience de son rôle, elle repousserait cette Europe des maîtres de forge et des compagnies pétrolières, cette Europe qui a l'étrange particularité de vouloir se situer au-delà des mers, c'est-à-dire partout sauf en Europe. Car je les connais moi, ces Européens à tête d'explorateurs !

- La France de 89 avait une mission civilisatrice à remplir !

Président Beaufort : Et quelques profits à en tirer !

- Il y avait des places à prendre, le devoir de la France était de les occuper, pour y trouver de nouveaux débouchés pour son industrie, un champs d'expérience pour ses armes !

Président Beaufort : Et une école d'énergie pour ses soldats, j'connais  la formule ! Eh bien personnellement, je trouve cette mission sujette à caution et le profit dérisoire, sauf évidemment pour quelques affairistes en quête de fortune et quelques missionnaires en mal de conversion. Or je comprends très bien que le passif de ces entreprises n'effraie pas une assemblée où les partis ne sont plus que des syndicats d'intérêts !

 

Sifflets, cris et cloche.

 

Jussieu : Monsieur le Président de l'Assemblée, monsieur le Président de l'Assemblée, je demande que les insinuations calomnieuses que le Président du Conseil vient de porter contre les élus du peuple ne soient pas publiées au Journal Officiel !

 

Bravos et applaudissements.

 

Président Beaufort : J'attendais cette protestation. Je ne suis pas surpris qu'elle vienne de vous, monsieur Jussieu. Vous êtes je crois conseil juridique des aciéries Kremer, je ne vous le reproche pas.

Jussieu : Vous êtes trop bon.

Président Beaufort : Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l'Assemblée que des projets d'inspiration patronale.

Jussieu : Il y a des patrons de gauche ! Je tiens à vous l'apprendre !

Président Beaufort : Il y a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre !

 

Cris et cloche.

 

Président Beaufort : J'ai parlé tout à l'heure de syndicats d'intérêts. Voulez-vous messieurs que je fasse l'appel de cette assemblée ? Nous allons même le faire par ordre alphabétique.

 

[...]

 

Président Beaufort : Et maintenant, permettez-moi de conclure. Vous allez faire avec les amis de monsieur Chalamont l'Europe de la fortune contre celle du travail, l'Europe de l'industrie lourde contre celle de la paix, et bien cette Europe-là vous la ferez sans moi, j'vous la laisse ! [...] J'ajouterai simplement pour quelques un d'entre vous : réjouissez-vous, fêtez votre victoire, vous n'entendrez plus jamais ma voix. Et vous n'aurez jamais plus à marcher derrière moi. Jusqu'au jour de mes funérailles. Funérailles nationales que vous voterez d'ailleurs à l'unanimité. Et ce dont je vous remercie par anticipation.

 

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Chalamont : Je pense que vous m'attendiez.

Beaufort : Je vous attends depuis vingt ans. Qu'est-ce que vous regardez ?

Chalamont : Tout cela, je ne pensais jamais revoir cette maison, ce bureau, c'est étrange. Je m'attendais à une sorte de gêne, de honte, et tout cas de malaise.

Beaufort : Vous vous surestimez.

Chalamont : Peut-être, oui. Je n'éprouve finalement que de l'émotion, c'est presque agréable.

Beaufort : Asseyez-vous.

Chalamont : J'ai cru un moment que vous refusiez de me recevoir. Je suppose que vous me haïssez toujours.

Beaufort : Oh, vous savez, j'ai soixante-treize ans.

Chalamont : Ca n'empêche pas les sentiments.

Beaufort : Ca les atténue, à mon âge, on vit en veilleuse. On peut encore marcher, manger, haïr, mais à condition de faire tout ça doucement.

Chalamont : Vous avez à peine changé. Vous avez blanchi, oui, mais... peut-être un peu plus de ventre, et encore. Et moi ?

Beaufort : En ce qui vous concerne, la surprise ne joue pas, je vous ai souvent vu à la télévision, vous étiez fort brillant, d'ailleurs c'est une justice à vous rendre. Ce qui laisse le plus à désirer chez vous, ça n'a jamais été le style. Je vous ai également vu et entendu ce matin, mais là le style était plus évasif. Il s'agissait je crois d'une réponse à donner demain matin au Président de la République, vous auriez pu économiser du temps et de l'essence en la donnant tout de suite.

Chalamont : A condition qu'elle soit négative, n'est-ce pas ? Et vous prétendez que la haine s'atténue. Je trouve moi que vos sentiments n'ont pas varié.

Beaufort: Ce qui n'a pas varié c'est ma notion de ce que doit être un chef de gouvernement. Cette notion-là ne variera jamais.

Chalamont : Je vous admire.

Beaufort : Oh je ne vous en demande pas tant.

Chalamont : Si, si, je vous admire, car ma notion à moi a bien changé. Votre attitude lorsque vous étiez au pouvoir m'a souvent heurté. Mais aujourd'hui je la comprends. Longtemps la façon dont vous avez agi envers moi m'a semblé monstrueuse, mais aujourd'hui j'agirais de même. Voyez-vous, Président, je pense que si la croissance s'arrête de bonne heure, l'homme ne cesse jamais de grandir. Ce que j'ai longtemps refusé de comprendre et qui m'apparaît aujourd'hui comme une vérité première, c'est qu'à partir d'un certain degré de réussite, bien sûr, un homme d'Etat fait abstraction de son orgueil et de ses intérêts personnels pour devenir le prisionnier de la chose publique.

Beaufort : Vous avez découvert ça quand ?

Chalamont : Quand ? A ma première élection, peut-être à ma nomination au Conseil Monétaire, je ne sais pas, mais ma conviction est faite. Me permettez-vous de vous poser une question ? Voyez-vous, parmi les hommes politiques d'aujourd'hui un chef de gouvernement qui s'impose et qui rende ma candidature superflue ?

Beaufort : Non.

Chalamont : Voyez-vous un parti plus apte que le mien à dénouer la crise ?

Beaufort : Non.

Chalamont : Pensez-vous que je sois capable et là mieux qu'un autre de résoudre les problèmes syndicaux et d'éviter la grève générale qui menace ?

Beaufort : Oui.

Chalamont : Estimez-vous que je possède la technique, l'expérience, enfin en un mot la stature d'un homme d'Etat ?

Beaufort : Oui.

Chalamont : Bon, alors dans ce cas, levez-vous votre veto ? M'autorisez-vous à ...

Beaufort : A devenir Président du Conseil ? Voilà vingt ans que je vous dis non. Et pour être franc, je vous ai reçu ce soir pour le plaisir de vous le dire une dernière fois. Mais maintenant, sincèrement je ne sais plus.

Chalamont : Est-ce que vous êtes souffrant ? Vous ne vous sentez pas bien ?

Beaufort : Non, non, non, ce n'est rien, je n'ai plus l'habitude de veiller, excusez-moi, c'est grotesque, attendez-moi un instant.

 

Il sort prendre un cachet.

 

Chalamont : Votre malaise est passé ? Vous m'avez fait peur. Tout cela est de ma faute, je suis désolé.

Beaufort : Alors, votre programme.

Chalamont : Vous devriez prendre un peu de repos.

Beaufort : J'aurai bientôt l'éternité pour ça. Alors laissez-moi juger de ce qui est urgent de ce qui ne l'est pas. Parlez-moi de votre programme.

Chalamont : C'est à peu de choses près le programme Beaufort. L'expansion de l'économie nationale par l'ouverture des marchés étrangers, avec comme premier palier un projet d'union douanière. Ce projet que mes amis et moi avons torpillé. Mais à cette époque, l'Europe était pour nous une fiction grammaticale. Nous n'avons pas compris qu'elle était en passe de devenir une réalité économique. Vous aviez quinze ans d'avance.

Beaufort : Bon, admettons qu'il reste là-dedans deux ou trois idées à reprendre, mais la situation financière a changé. Vous êtes à la veille de l'inflation.

Chalamont : Nous prendrons les mesures appropriées.

Beaufort : Lesquelles ?

Chalamont : Mais je ne prendrai pas cette décision sans vous consulter le moment venu. Mais je suis convaincu qu'une dévaluation s'impose. A moins que vous n'ayez une meilleure solution à nous proposer ?

Beaufort : Pourquoi moi ?

Chalamont : Mais parce que je compte gouverner non seulement avec votre agrément mais avec votre appui. J'aimerais que mon entrée à Matignon soit le départ d'une nouvelle collaboration, secrète mais totale.

Beaufort : Ce que vous venez de dire me flatte, Chalamont. Si, si. Pour des raisons particulières, je vous ai longtemps pris pour un salaud et je constate avec plaisir que là aussi j'avais quinze ans d'avance. Et dire que vous avez failli m'avoir. Vous êtes intelligent, Chalamont, comme la plupart des salauds d'ailleurs. Vous savez qu'il y a des hommes qu'on peut acheter avec une enveloppe ou un bout de légion d'honneur. Moi, vous avez essayé de m'avoir par la vanité. Ce que vous venez de faire est ignoble !

Chalamont : Enfin, monsieur le Président, permettez-moi de vous demander quelques explications !

Beaufort : Vous venez d'être de la plus grande lâcheté, celle de l'esprit ! Et c'est pour ça, Chalamont, que je ne vous laisserai jamais prendre le pouvoir. Parce que c'est une saloperie de venir au pouvoir sans avoir une conviction à y appliquer !

Chalamont : Je ne serais pas le premier !

Beaufort : Savez-vous pourquoi je vous ai fait écrire cette fameuse lettre et pourquoi je l'ai gardée ?

Chalamont : Oui, je le sais figurez-vous. Par vengeance. Pour humilier un homme que vous n'aimiez pas.

Beaufort : Non, pour préserver un pays que j'aime bien !

Chalamont : Pourquoi disiez-vous tout à l'heure que j'étais un gouvernant possible ? En tout cas pas plus mal qu'un autre.

Beaufort : Pas plus mal qu'un autre ... ! Décidément vous êtes plus ambitieux pour vous que pour votre pays. Voilà tout ce que vous lui souhaitez : un homme pas plus mal qu'un autre. Quand on a cette ambition-là on ouvre un bazar, on ne gouverne pas une nation !

Chalamont : Et si je vous disais que je me fous de cette lettre ? Si je passais outre ?

Beaufort : Oh, tous les journaux en auraient une copie dans les vingt-quatre heures !

Chalamont : Croyez-vous qu'ils la publieraient ?

Beaufort : Non, mais toute la presse saurait que cette lettre existe et ça reviendrait au même, vous le savez très bien. C'est pourquoi, moi vivant, vous ne serez jamais Président du Conseil. Moi mort non plus d'ailleurs. Foutez-moi le camp Chalamont. Courez à l'Elysée dire que vous renoncez, enveloppez ça dans le bobard que vous voulez. Allez-allez, vite-vite-vite !

Chalamont : Laissez-moi regarder une dernière fois le dépositaire de la grandeur française. Vous parlez d'ambition. Savez-vous ce que vous allez avoir au gouvernement ? Un Bergelon, un Marcel Ferchou, un crétin ! Mais un crétin comme vous les aimez, honnête.

Beaufort : Eh benh, ce sera toujours ça. Etant donné ce que ça rapport, il faut bien que ça serve à quelque chose d'être honnête.

 

Chalamont part. Beaufort brûle la lettre dans sa cheminée.

 

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Beaufort : Ecrivez. Madame la rédactrice en chef, au risque de vous décevoir, je me dois de vous informer que ma vie sentimentale fut extrêmement brève. Veuf, après dix ans d'une union parfaitement heureuse, il ne m'est jamais venu à l'idée de me remarier. Durant les trente années qui ont suivi, je n'ai eu qu'une maîtresse, la France. Pour le reste, je me suis toujours adressé aux maisons closes et aux théâtres subventionnés.

Milleran : Oh, on va pas envoyer ça ?

Beaufort : Si. Et avec une photo encore.

 

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François : Tiens, voilà de la soutane qui nous arrive.

Le curé : Bonjour monsieur le Président, comment vous portez-vous ?

Beaufort : Admirablement, vous êtes un peu en avance, mon père. Mais ça, il faudra en prendre votre parti, je mourrai avec insolence et sans vous prévenir.