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mercredi, 09 mai 2012

Le Président - Gabin, Blier

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Film : Le Président (1960 , durée 1h45)

Réalisateur : Henri Verneuil

Dialoguiste : Michel Audiard

Emile Beaufort le Président (Jean Gabin), Philippe Chalamont son rival (Bernard Blier), mademoiselle Milleran son assistante (Renée Faure), Antoine Monteil (Henri Crémieux), François son chauffeur (Alfred Adam), Lauzet-Duchet (Louis Seigner), le docteur Fumet (Robert Vattier), sir Merryl (Charles Cullum), Jussieu (Louis Arbessier), Huguette (Françoise Delrick), la cuisinière (Hélène Dieudonné), Augustin le paysan (Pierre Larguey)

 

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Président Beaufort : Dire qu'on finit tous de la même manière. Vous trouvez pas ça humiliant ? Vous vous en foutez ?

Docteur Fumet : Ah pas du tout ! Ca je-je vous jure monsieur le Président qu'il n'y a aucune...

Président Beaufort : Mais si, vous vous en foutez ! Vous, ce qui vous excite, c'est de vous dire : ce vieux bonhomme à qui je pique les fesses tous les matins a déjà son nom dans les manuels d'histoire, et il aura une avenue dans toutes les grandes villes de France, comme Clémenceau ou ce pauvre Jaurès. Ca vous plairait à vous, d'avoir une avenue portant votre nom ? Avenue du docteur Fumet...

Docteur Fumet : Oui (en riant). Pas vous, monsieur le Président ?

Président Beaufort : Ooofff, si après tout, peut-être.

 

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Président Beaufort :  Où en étions-nous restés hier ?

Son assistante Milleran : "On ne gouverne pas sans quelques inimitiés. Tout homme de pouvoir devrait s'imprégner de cette maxime car en vertu d'un étrange paradoxe c'est la notion même du bien public."

Président Beaufort : Bon, alors écrivez en tête de chapitre : les années difficiles. Je crois avoir été un des hommes les plus détestés de son époque. Ce fut longtemps mon chagrin, c'est aujourd'hui mon orgueil. Je suis républicain depuis que je respire, et pourtant, au cours de quarante années de vie politique, j'ai eu le privilège d'avoir été traité de despote oriental par les socialistes, de voyou moscoutaire par l'acion française, de valet de Wall Street par les syndicalistes, et de faux monnayeur par la Haute Banque. Voilà pour mes adversaires. Quant à mes amis, les amis n'aiment pas être fidèles, ils ont l'impression de perdre leur personnalité, quant à mes amis donc, ils se contentèrent de me taxer d'ambition et d'intransigeance, deux appellations que je revendique. J'ai toujours été en effet extrêmement ambitieux du destin de mon pays et intransigeant sur la manière de le voir s'accomplir. Le moindre article dans un journal étranger  défavorable à la France m'a toujours beaucoup plus affecté que la chute d'un ministère Beaufort.

[...]

Président Beaufort : Pourquoi ne fumez-vous pas Milleran ? Ca rend aimable. Bon, allez, continuons. Au lendemain des émeutes, et après la dissolution des ligues fascistes, je conservais de fidèles adversaires à gauche et je n'avais désormais que des ennemis à droite. Mais je gardais derrière moi la force qui finalement gouverne les chambres : l'opinion publique. Il ne me restait plus qu'à perdre son soutien en me rendant impopulaire, ce fut chose faite du jour au lendemain. Ecrivez en sous-titre : la dévaluation. L'ordre étant rétabli, je demandais les pleins pouvoirs et les obtenais. Mais, sauf pour les dictateurs et pour les imbéciles, l'ordre n'est pas une fin en soi. L'ordre n'empêche pas le nombre des chômeurs d'augmenter, ni le déficit des chemins de fer de s'accroître, ni les faillites de se multiplier. A peine m'avait-on donné ces pleins pouvoirs que chacun se disait : que va-t-il en faire?  C'est une habitude bien française que de confier un mandat aux gens et de leur contester le droit d'en user. Or, il fallait choisir et choisir vite entre la protection du capital et celle du travail. Il fallait choisir entre le passé et l'avenir : j'ai choisi l'avenir. Mais il ne restait pour cela qu'une ressource : celle de la dévaluation massive. Et encore fallait-il qu'elle se produise d'une façon assez inattendue pour empêcher la spéculation... pour empêcher la spéculation...

Son assistante Milleran : Vous êtes fatigué de dicter, monsieur le Président ?

Président Beaufort : Non, je pense à ce que je ne peux pas dire.

 

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Président Beaufort : Vous ne connaissez pas mon vieil ami Mulstein directeur de Paris France ? Ce journal qui a trop de lecteurs pour me défendre mais trop de lecteurs aussi pour m'attaquer.

 

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Président Beaufort : C'est prodigieux le nombre de yaourths qui défilent dans cette maison.

La cuisinière : Tout le monde en mange, monsieur le Président.

Président Beaufort :Pourquoi ?

La cuisinière : Je sais pas, moi, pour faire comme vous.

Président Beaufort : Eh benh vous avez tort, parce que moi j'ai horreur de ça. C'est une nourriture de nouveau né... Qu'est-ce qu'il y a encore, qu'est-ce que vous voulez ?

La cuisinière : Monsieur le Président, si ça vous dérange pas, j'aurais aimé avoir mon après-midi.

Président Beaufort : Pourquoi faire ?

La cuisinière : Ma grand-mère est malade.

Président Beaufort : Ah c'est bien ça. Enfin, on va dire c'est bien de votre part de vous intéresser à votre grand-mère. Prenez votre après-midi, allez.

Huguette : Menteuse, coureuse, et vous lui passez tout. 

Président Beaufort : Je lui passe tout, je lui passe tout. C'est le seul élément jeune de cette maison.

Huguette : Vous ne croyez tout de même pas à cette histoire de grand-mère ?

Président Beaufort : Bien sûr que non, mais elle témoigne d'une imagination délicate.

Huguette : Un certain culot, oui !

Président Beaufort : Non, le culot aurait été de me dire : Monsieur le Président, j'ai besoin de mon après-midi pour aller me faire sauter. Benh quoi, vous me parler de culot, le culot c'est ça.

 

¤   ¤   ¤

 

Le paysan Augustin : Tu veux le fond de ma pensée ? Les députés, faudrait tous les ficher dans la Seine !

Président Beaufort : Oh, sois tranquille, ils savent nager.

Augustin : La politique, c'est un métier de voyous !

Président Beaufort : Eh dis donc, j'te remercie !

Augustin : Ah, non, c'est pas pour toi que j'dis ça. Non, toi t'es d'ici, c'est pas pareil [...] A ton avis, quel nouveau voyou ils vont nous mettre au gouvernement ?

 

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Président Beaufort : S'il part doucement, c'est qu'il a l'intention d'aller loin.

Chalamont : Pour n'être pas très neuve, l'idée de fédération européenne n'en est pas moins généreuse. Généreuse mais utopique. La suppression de l'actuel système douanier, le libre échange, sont autant de formules qui relèvent du manuel de littérature mais qui constituent un défi permanent au manuel d'arithmétique élémentaire. Est-ce parce qu'il sera européen que le mètre va devenir extensible ? Est-ce parce qu'elle sera européenne que la tonne de charbon va doubler de volume ? Est-ce parce qu'elle sera européenne que la France augmentera en puissance et en prospérité ? Le projet d'union douanière sur lequel le gouvernement nous invite aujourd'hui à voter la confiance est mis en pratique depuis longtemps par les contrebandiers. Est-ce une raison suffisante pour l'adopter ?

 

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Président Beaufort : Si cette assemblée avait conscience de son rôle, elle repousserait cette Europe des maîtres de forge et des compagnies pétrolières, cette Europe qui a l'étrange particularité de vouloir se situer au-delà des mers, c'est-à-dire partout sauf en Europe. Car je les connais moi, ces Européens à tête d'explorateurs !

- La France de 89 avait une mission civilisatrice à remplir !

Président Beaufort : Et quelques profits à en tirer !

- Il y avait des places à prendre, le devoir de la France était de les occuper, pour y trouver de nouveaux débouchés pour son industrie, un champs d'expérience pour ses armes !

Président Beaufort : Et une école d'énergie pour ses soldats, j'connais  la formule ! Eh bien personnellement, je trouve cette mission sujette à caution et le profit dérisoire, sauf évidemment pour quelques affairistes en quête de fortune et quelques missionnaires en mal de conversion. Or je comprends très bien que le passif de ces entreprises n'effraie pas une assemblée où les partis ne sont plus que des syndicats d'intérêts !

 

Sifflets, cris et cloche.

 

Jussieu : Monsieur le Président de l'Assemblée, monsieur le Président de l'Assemblée, je demande que les insinuations calomnieuses que le Président du Conseil vient de porter contre les élus du peuple ne soient pas publiées au Journal Officiel !

 

Bravos et applaudissements.

 

Président Beaufort : J'attendais cette protestation. Je ne suis pas surpris qu'elle vienne de vous, monsieur Jussieu. Vous êtes je crois conseil juridique des aciéries Kremer, je ne vous le reproche pas.

Jussieu : Vous êtes trop bon.

Président Beaufort : Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l'Assemblée que des projets d'inspiration patronale.

Jussieu : Il y a des patrons de gauche ! Je tiens à vous l'apprendre !

Président Beaufort : Il y a aussi des poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre !

 

Cris et cloche.

 

Président Beaufort : J'ai parlé tout à l'heure de syndicats d'intérêts. Voulez-vous messieurs que je fasse l'appel de cette assemblée ? Nous allons même le faire par ordre alphabétique.

 

[...]

 

Président Beaufort : Et maintenant, permettez-moi de conclure. Vous allez faire avec les amis de monsieur Chalamont l'Europe de la fortune contre celle du travail, l'Europe de l'industrie lourde contre celle de la paix, et bien cette Europe-là vous la ferez sans moi, j'vous la laisse ! [...] J'ajouterai simplement pour quelques un d'entre vous : réjouissez-vous, fêtez votre victoire, vous n'entendrez plus jamais ma voix. Et vous n'aurez jamais plus à marcher derrière moi. Jusqu'au jour de mes funérailles. Funérailles nationales que vous voterez d'ailleurs à l'unanimité. Et ce dont je vous remercie par anticipation.

 

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Chalamont : Je pense que vous m'attendiez.

Beaufort : Je vous attends depuis vingt ans. Qu'est-ce que vous regardez ?

Chalamont : Tout cela, je ne pensais jamais revoir cette maison, ce bureau, c'est étrange. Je m'attendais à une sorte de gêne, de honte, et tout cas de malaise.

Beaufort : Vous vous surestimez.

Chalamont : Peut-être, oui. Je n'éprouve finalement que de l'émotion, c'est presque agréable.

Beaufort : Asseyez-vous.

Chalamont : J'ai cru un moment que vous refusiez de me recevoir. Je suppose que vous me haïssez toujours.

Beaufort : Oh, vous savez, j'ai soixante-treize ans.

Chalamont : Ca n'empêche pas les sentiments.

Beaufort : Ca les atténue, à mon âge, on vit en veilleuse. On peut encore marcher, manger, haïr, mais à condition de faire tout ça doucement.

Chalamont : Vous avez à peine changé. Vous avez blanchi, oui, mais... peut-être un peu plus de ventre, et encore. Et moi ?

Beaufort : En ce qui vous concerne, la surprise ne joue pas, je vous ai souvent vu à la télévision, vous étiez fort brillant, d'ailleurs c'est une justice à vous rendre. Ce qui laisse le plus à désirer chez vous, ça n'a jamais été le style. Je vous ai également vu et entendu ce matin, mais là le style était plus évasif. Il s'agissait je crois d'une réponse à donner demain matin au Président de la République, vous auriez pu économiser du temps et de l'essence en la donnant tout de suite.

Chalamont : A condition qu'elle soit négative, n'est-ce pas ? Et vous prétendez que la haine s'atténue. Je trouve moi que vos sentiments n'ont pas varié.

Beaufort: Ce qui n'a pas varié c'est ma notion de ce que doit être un chef de gouvernement. Cette notion-là ne variera jamais.

Chalamont : Je vous admire.

Beaufort : Oh je ne vous en demande pas tant.

Chalamont : Si, si, je vous admire, car ma notion à moi a bien changé. Votre attitude lorsque vous étiez au pouvoir m'a souvent heurté. Mais aujourd'hui je la comprends. Longtemps la façon dont vous avez agi envers moi m'a semblé monstrueuse, mais aujourd'hui j'agirais de même. Voyez-vous, Président, je pense que si la croissance s'arrête de bonne heure, l'homme ne cesse jamais de grandir. Ce que j'ai longtemps refusé de comprendre et qui m'apparaît aujourd'hui comme une vérité première, c'est qu'à partir d'un certain degré de réussite, bien sûr, un homme d'Etat fait abstraction de son orgueil et de ses intérêts personnels pour devenir le prisionnier de la chose publique.

Beaufort : Vous avez découvert ça quand ?

Chalamont : Quand ? A ma première élection, peut-être à ma nomination au Conseil Monétaire, je ne sais pas, mais ma conviction est faite. Me permettez-vous de vous poser une question ? Voyez-vous, parmi les hommes politiques d'aujourd'hui un chef de gouvernement qui s'impose et qui rende ma candidature superflue ?

Beaufort : Non.

Chalamont : Voyez-vous un parti plus apte que le mien à dénouer la crise ?

Beaufort : Non.

Chalamont : Pensez-vous que je sois capable et là mieux qu'un autre de résoudre les problèmes syndicaux et d'éviter la grève générale qui menace ?

Beaufort : Oui.

Chalamont : Estimez-vous que je possède la technique, l'expérience, enfin en un mot la stature d'un homme d'Etat ?

Beaufort : Oui.

Chalamont : Bon, alors dans ce cas, levez-vous votre veto ? M'autorisez-vous à ...

Beaufort : A devenir Président du Conseil ? Voilà vingt ans que je vous dis non. Et pour être franc, je vous ai reçu ce soir pour le plaisir de vous le dire une dernière fois. Mais maintenant, sincèrement je ne sais plus.

Chalamont : Est-ce que vous êtes souffrant ? Vous ne vous sentez pas bien ?

Beaufort : Non, non, non, ce n'est rien, je n'ai plus l'habitude de veiller, excusez-moi, c'est grotesque, attendez-moi un instant.

 

Il sort prendre un cachet.

 

Chalamont : Votre malaise est passé ? Vous m'avez fait peur. Tout cela est de ma faute, je suis désolé.

Beaufort : Alors, votre programme.

Chalamont : Vous devriez prendre un peu de repos.

Beaufort : J'aurai bientôt l'éternité pour ça. Alors laissez-moi juger de ce qui est urgent de ce qui ne l'est pas. Parlez-moi de votre programme.

Chalamont : C'est à peu de choses près le programme Beaufort. L'expansion de l'économie nationale par l'ouverture des marchés étrangers, avec comme premier palier un projet d'union douanière. Ce projet que mes amis et moi avons torpillé. Mais à cette époque, l'Europe était pour nous une fiction grammaticale. Nous n'avons pas compris qu'elle était en passe de devenir une réalité économique. Vous aviez quinze ans d'avance.

Beaufort : Bon, admettons qu'il reste là-dedans deux ou trois idées à reprendre, mais la situation financière a changé. Vous êtes à la veille de l'inflation.

Chalamont : Nous prendrons les mesures appropriées.

Beaufort : Lesquelles ?

Chalamont : Mais je ne prendrai pas cette décision sans vous consulter le moment venu. Mais je suis convaincu qu'une dévaluation s'impose. A moins que vous n'ayez une meilleure solution à nous proposer ?

Beaufort : Pourquoi moi ?

Chalamont : Mais parce que je compte gouverner non seulement avec votre agrément mais avec votre appui. J'aimerais que mon entrée à Matignon soit le départ d'une nouvelle collaboration, secrète mais totale.

Beaufort : Ce que vous venez de dire me flatte, Chalamont. Si, si. Pour des raisons particulières, je vous ai longtemps pris pour un salaud et je constate avec plaisir que là aussi j'avais quinze ans d'avance. Et dire que vous avez failli m'avoir. Vous êtes intelligent, Chalamont, comme la plupart des salauds d'ailleurs. Vous savez qu'il y a des hommes qu'on peut acheter avec une enveloppe ou un bout de légion d'honneur. Moi, vous avez essayé de m'avoir par la vanité. Ce que vous venez de faire est ignoble !

Chalamont : Enfin, monsieur le Président, permettez-moi de vous demander quelques explications !

Beaufort : Vous venez d'être de la plus grande lâcheté, celle de l'esprit ! Et c'est pour ça, Chalamont, que je ne vous laisserai jamais prendre le pouvoir. Parce que c'est une saloperie de venir au pouvoir sans avoir une conviction à y appliquer !

Chalamont : Je ne serais pas le premier !

Beaufort : Savez-vous pourquoi je vous ai fait écrire cette fameuse lettre et pourquoi je l'ai gardée ?

Chalamont : Oui, je le sais figurez-vous. Par vengeance. Pour humilier un homme que vous n'aimiez pas.

Beaufort : Non, pour préserver un pays que j'aime bien !

Chalamont : Pourquoi disiez-vous tout à l'heure que j'étais un gouvernant possible ? En tout cas pas plus mal qu'un autre.

Beaufort : Pas plus mal qu'un autre ... ! Décidément vous êtes plus ambitieux pour vous que pour votre pays. Voilà tout ce que vous lui souhaitez : un homme pas plus mal qu'un autre. Quand on a cette ambition-là on ouvre un bazar, on ne gouverne pas une nation !

Chalamont : Et si je vous disais que je me fous de cette lettre ? Si je passais outre ?

Beaufort : Oh, tous les journaux en auraient une copie dans les vingt-quatre heures !

Chalamont : Croyez-vous qu'ils la publieraient ?

Beaufort : Non, mais toute la presse saurait que cette lettre existe et ça reviendrait au même, vous le savez très bien. C'est pourquoi, moi vivant, vous ne serez jamais Président du Conseil. Moi mort non plus d'ailleurs. Foutez-moi le camp Chalamont. Courez à l'Elysée dire que vous renoncez, enveloppez ça dans le bobard que vous voulez. Allez-allez, vite-vite-vite !

Chalamont : Laissez-moi regarder une dernière fois le dépositaire de la grandeur française. Vous parlez d'ambition. Savez-vous ce que vous allez avoir au gouvernement ? Un Bergelon, un Marcel Ferchou, un crétin ! Mais un crétin comme vous les aimez, honnête.

Beaufort : Eh benh, ce sera toujours ça. Etant donné ce que ça rapport, il faut bien que ça serve à quelque chose d'être honnête.

 

Chalamont part. Beaufort brûle la lettre dans sa cheminée.

 

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Beaufort : Ecrivez. Madame la rédactrice en chef, au risque de vous décevoir, je me dois de vous informer que ma vie sentimentale fut extrêmement brève. Veuf, après dix ans d'une union parfaitement heureuse, il ne m'est jamais venu à l'idée de me remarier. Durant les trente années qui ont suivi, je n'ai eu qu'une maîtresse, la France. Pour le reste, je me suis toujours adressé aux maisons closes et aux théâtres subventionnés.

Milleran : Oh, on va pas envoyer ça ?

Beaufort : Si. Et avec une photo encore.

 

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François : Tiens, voilà de la soutane qui nous arrive.

Le curé : Bonjour monsieur le Président, comment vous portez-vous ?

Beaufort : Admirablement, vous êtes un peu en avance, mon père. Mais ça, il faudra en prendre votre parti, je mourrai avec insolence et sans vous prévenir.