vendredi, 17 mai 2013
Quadruple gun pour des adieux aux Champs Elysées
> Source et pour davantage de photos du vieux Paris : http://www.juliachou.fr/paris/paris-quand-la-vie-etait-en-noir-et-blanc.html
Paris, le 17 mai 2013
Champs Elysées,
Pour vous enlaidir, et de Noël en Noël,
Il semble que vous n'avez pas votre pareil.
Que vous arrive-t-il, vous semblez presque à terre ?
Un parfait musée des horreurs à ciel ouvert.
x 12
L'indécence et la décadence,
Pillages et puis matraquages,
A minuit tout comme à midi.
x 8
What next ?
What else ?
Jana Hobeika
De Noël en Noël
> Source : http://www.fotocommunity.fr/pc/pc/display/15520447
A minuit
Photo originale retouchée en style caléïdoscope
> Le cas PSG : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/05/13/01016-...
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/psg-champion-21-...
A midi
Photo originale retouchée en style lunettes 3D
> Le cas Virgin : http://lesretrogaleriesdemistergutsy.blogspot.fr/2013/05/... repris sur http://www.rue89.com/2013/05/16/soldes-a-virgin-etes-comportes-comme-pourritures-242388
Réalisation Jana Hobeika
¤ ¤ ¤ ¤
Ajout du dimanche 19 mai 2013 :
"Comme le pauvre pain de l'hostie, pain de misère, devient Pain de vie éternelle par la descente de l'Esprit, que ce même Esprit se répande sur les bourreaux et les fous sauvages pour apporter la lumière à ceux qui paraissent au-delà de toute espérance."
Père Gabriel Würz
13:41 Publié dans Politique & co, Revue de presse, Votre dévouée | Lien permanent | Commentaires (0)
jeudi, 02 mai 2013
L'âne et le roi
Il appelle son météorologue et lui demande l'évolution pour les heures suivantes.
Celui-ci le rassure en lui affirmant qu'il pouvait aller tranquillement à la pêche car il ne pleuvrait pas de la journée.
Comme la reine vivait près de là où il irait, le roi revêtit ses plus beaux atours.
Sur le chemin, il rencontra un paysan monté sur son âne qui en voyant le roi lui dit : "Seigneur, vaut mieux que vous rebroussiez chemin car il va beaucoup pleuvoir dans peu de temps."
Bien sûr, le roi continua en pensant : "Comment ce type peut-il mieux savoir que mon spécialiste très bien payé qui m'a indiqué le contraire, poursuivons".
Et c'est ce qu'il fit ... et bien sûr il plut à torrents.
Le roi trempé, sa reine se moqua de le voir dans un si piteux état.
Furieux, le roi retourna au palais et congédia son employé.
Il convoqua le paysan et lui offrit le poste, mais le paysan refusa : "Seigneur, je ne suis pas celui qui comprend quelque chose dans ces affaires de météo ni de climat, mais je sais que si les oreilles de mon âne sont baissées alors ça signifie qu'il va pleuvoir."
Et le roi a embauché l'âne...
C'est ainsi que commença la coutume de recruter des ânes pour les postes de conseillers les mieux payés!
09:45 Publié dans Beaux-Arts, Farce et attrape, Gravure, Politique & co | Lien permanent | Commentaires (0)
mercredi, 24 avril 2013
Vous reprendrez bien un peu de soupe populitique ?
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...
Rétrospective fichtresque :
> Avril 2012.
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/04/18/collage-...
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/04/21/...flashback-ou-deja-vu.html
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/04/24/le-franc...
> Juin 2012.
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/06/08/au-bizoo...
> Septembre 2012.
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/09/05/la-sarco...
17:23 Publié dans Politique & co | Lien permanent | Commentaires (0)
samedi, 20 avril 2013
Foot ou [...!?...], il [ne] faut [pas] choisir.
Mademoiselle Marion : Messieurs, est-ce que vous aimez le Paris-Saint-Germain ?
Adrien : Ah je trouve que c'est une très bonne équipe qui est malheureusement parfois mal représentée mais qu'il faut toujours supporter avec coeur et passion.
Mademoiselle Marion : Quel est ton prénom ?
Adrien : Moi, c'est Adrien.
Mademoiselle Marion : Et toi ?
Charles : Charles.
Mademoiselle Marion : Bon, Charles et Adrien, oh-là-lààà, vous êtes très seixième, très huitième arrondissement ?
Adrien : Mais on en vient, oui, seixième, oui, c'est ça.
Mademoiselle Marion : C'est ça. Alors, euh, est-ce que vous serez devant votre télévision dimanche pour suivre PSG-OM ?
Adrien : ...
Charles : J'ai pas Canal Plus, mais je serai à la radio, oui.
Mademoiselle Marion : Et toi ?
Adrien : Je serai à la radio, je pense que Charles m'invitera et puis on regardera, on écoutera ça ensemble.
Mademoiselle Marion : Tu suis un petit peu les résultats du Paris-Saint-Germain ces derniers temps ?
Adrien : J'les suis un petit peu de loin. C'est vrai que bon, en prépa, c'est vrai que - j'suis en prépa - on n'a pas trop l'temps vraiment de suivre tout ça, maiaiais, mais bon, avec passion, le football, c'est vrai que c'est très important.
Mademoiselle Marion : Très important. Une victoire du Paris-Saint-Germain face à l'OM ce week-end ?
Adrien : Ah c'est souhaitable. Ah, pour le moins, souhaitable. Et vraiment, ce serait vraiment très encourageant pour cette équipe, parce que j'pense qu'elle le mérite.
Mademoiselle Marion : D'accord... T'sais qu'on va garder des images de toi, parce que dans vingt ans ou dans vingt-cinq ans, j'te vois bien premier ministre, touah.
Adrien : Premier ministre ?
Mademoiselle Marion : Oui.
Charles : Oui c'est... c'est gentil.
Adrien : C'est gentil.
Charles : Je le verrais plus à la tête de l'Etat moi.
Adrien : J'pense qu'il faut pas donner trop d'honneurs aux jeunes gens comme moi. J'pense que, vous savez, une carrière, ça se construit. On peut pas dire à dix-huit ans, ou dix-neuf ans comme moi, "oui alors je serai premier ministre". Non, j'pense que ce sont des choses qui se construisent petit à petit et c'est un développement personnel avant tout.
Mademoiselle Marion : Avant tout. Merci messieurs.
Adrien : Mais je vous en prie.
En 2010...
La séquence démarre à 1'28''
http://www.dailymotion.com/video/xfiaw6_psg-om-le-micro-t...
07:12 Publié dans Farce et attrape, Politique & co, Trivialités parisiennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psg, om, football, ministre
mercredi, 03 avril 2013
Un air de FEMille ? Oui. Un air de femme ? Non. De la Cicciolina aux femen, transsexuels et gender-benders - Jean Baudrillard
La Cicciolina Une femen
Extrait de La Transparence du Mal, 1990, Jean Baudrillard, Galilée (pp 28 à 32) :
[...]
Le corps sexué est livré aujourd'hui à une sorte de destin artificiel. Et ce destin artificiel, c'est la transsexualité. Transsexuel non pas au sens anatomique, mais au sens plus général de travesti, de jeu sur la commutation des signes du sexe, et, par opposition au jeu antérieur de la différence sexuelle, du jeu de l'indifférence sexuelle, indifférenciation des pôles sexuels et indifférence au sexe comme jouissance. Le sexuel est porté sur la jouissance (c'est le leitmotiv de la libération), le transsexuel est porté sur l'artifice, que ce soit celui de changer de sexe, ou le jeu des signes vestimentaires, morphologiques, gestuels, caractéristiques des travelos. Dans tous les cas, opération chirurgicale ou sémiurgique, signe ou organe, il s'agit de prothèses et, aujourd'hui où le destin des corps est de devenir prothèse, il est logique que le modèle de la sexualité devienne la transsexualité, et que celle-ci devienne partout le lieu de la séduction.
[...]
Voyez la Cicciolina. Y a-t-il plus merveilleuse incarnation du sexe, de l'innocence pornographique du sexe ? On l'a opposée à Madonna, vierge fruit de l'aérobic et d'une esthétique glaciale, dénuée de tout charme et de toute sensualité, androïde musclée et dont justement, pour cela, on a pu faire une idole de synthèse. Mais la Cicciolina n'est-elle pas, elle aussi, une transsexuelle ? Les longs cheveux platinés, les seins moulés à la louche, les formes idéales d'une poupée gonflable, l'érotisme lyophilisé de bande dessinée ou de science-fiction, et, surtout, l'exagération du discours sexuel (jamais pervers, jamais libertin), transgression totale clés en mains ; la femme idéale des téléphones roses, plus une idéologie érotique carnivore qu'aucune femme aujourd'hui n'assumerait - sauf précisément une transsexuelle, un travesti : eux seuls, on le sait, vivent des signes exagérés, des signes carnivores de la sexualité. L'ectoplasme charnel qu'est la Cicciolina rejoint ici la nitroglycérine artificielle de Madonna, ou le charme androgyne et frankensteinien de Michaël Jackson. Ce sont tous des mutants, des travelos, des êtres génétiquement baroques, dont le look érotique cache l'indétermination générique. Tous des "gender-benders", des transfuges du sexe.
Voyez Michaël Jackson. Michaël Jackson est un mutant solitaire, précurseur d'un métissage parfait parce que universel, la nouvelle race d'après les races. Les enfants d'aujourd'hui n'ont pas de blocage par rapport à une société métissée : elle est leur univers et Michaël Jackson préfigure ce qu'ils imaginent comme un avenir idéal. A quoi il faut ajouter que Michaël s'est fait refaire le visage, décrêper les cheveux, éclaircir la peau, bref qu'il s'est minutieusement construit : c'est ce qui en fait un enfant innocent et pur - l'androgyne artificiel de la fable, qui, mieux que le Christ, peut régner sur le monde et le réconcilier parce qu'il est mieux qu'un enfant-dieu : un enfant-prothèse, un embryon de toutes les formes rêvées de mutation qui nous délivreraient de la race et du sexe.
On pourrait parler aussi des travelos de l'esthétique, dont Andy Warhol serait la figure emblématique. Comme Michaël Jackson, Andy Warhol est une mutant solitaire, précurseur d'un métissage parfait et universel de l'art, d'une nouvelle esthétique d'après toutes les esthétiques. Comme Jackson, c'est un personnage parfaitement artificiel, lui aussi innocent et pur, un androgyne de la nouvelle génération, une sorte de prothèse mystique et de machine artificielle qui nous délivre par sa perfection à la fois du sexe et de l'esthétique. Quand Warhol dit : toutes les oeuvres sont belles, je n'ai pas à choisir, toutes les oeuvres contemporaines se valent - quand il dit : l'art est partout, donc il n'existe plus, tout le monde est génial, le monde tel qu'il est, dans sa banalité même, est génial, personne ne peut y croire. Mais en cela il décrit la configuration de l'esthétique moderne, qui est celle d'un agnosticisme radical.
Nous sommes tous des agnostiques, ou des travelos de l'art ou du sexe. Nous n'avons plus de conviction esthétique ni sexuelle, mais nous les professons toutes.
Le mythe de la libération sexuelle reste vivant sous bien des formes dans la réalité, mais, dans l'imaginaire, c'est le mythe transsexuel qui domine, avec ses variantes androgynes et hermaphrodites. Après l'orgie, le travesti. Après le désir, le rayonnement de tous les simulacres érotiques, pêle-mêle, et le kitsch transsexuel dans toute sa gloire. Pornographie postmoderne si on veut, où la sexualité se perd dans l'excès théâtral de son ambiguïté. [..]
Cette stratégie d'exorcisme du corps par les signes du sexe, d'exorcisme du désir par l'exagération de sa mise en scène, est bien plus efficace que celle de la bonne vieille répression par l'interdit. Mais au contraire de l'autre, on ne voit plus du tout à qui elle profite, car tout le monde la subit sans discrimination. Ce régime du travesti est devenu la base même de nos comportements, jusque dans notre recherche d'identité et de différence. Nous n'avons plus le temps de nous chercher une identité dans les archives, dans une mémoire, ni dans un projet ou un avenir. Il nous faut une mémoire instantanée, un branchement immédiat, une sorte d'identité publicitaire qui puisse se vérifier dans l'instant même. Ainsi, ce qui est recherché aujourd'hui n'est plus tellement la santé, qui est un état d'équilibre organique, mais un rayonnement éphémère, hygiénique et publicitaire du corps - beaucoup plus une performance qu'un état idéal. [...]
Comme il n'est plus possible de tirer argument de sa propre existence, il ne reste plus qu'à faire acte d'apparence sans se soucier d'être, ni même d'être regardé. Non pas : j'existe, je suis là, mais : je suis visible, je suis image - look, look ! [...] Le look n'est déjà plus de la mode, c'est une forme outrepassée de la mode. Ca ne se réclame même plus d'une logique de la distinction, ce n'est plus un jeu de différences, ça joue à la différence sans y croire. C'est de l'indifférence. Être soi devient une performance éphémère, sans lendemain, un maniérisme désenchanté dans un monde sans manières...
Rétrospectivement, ce triomphe du transsexuel et du travesti jette une étrange lumière sur la libération sexuelle des générations antérieures. Celle-ci, loin d'être, selon son propre discours, l'irruption d'une valeur érotique maximale du corps, avec assomption privilégiée du féminin et de la jouissance, n'aura peut-être été qu'une phase intermédiaire vers la confusion des genres. La révolution sexuelle n'aura peut-être été qu'une étape vers la transsexualité. [...]
Se procurer l'ouvrage :
La Transparence du Mal
Jean Baudrillard
1990
Galilée
179 pages
07:30 Publié dans Ecrits, littérature contemporaine, Politique & co, Réflexions, philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cicciolina, femen, baudrillard, madonna, michael jackson
mercredi, 06 février 2013
L'homo parisianus - Le Monde
Crédits photographiques Karim Hobeika
Extrait de "L'Homo Parisianus",16 novembre 2012, Stéphanie Marteau, LeMonde.fr
Source : http://www.lemonde.fr/style/article/2012/11/16/l-homo-par...
Difficile de dresser un portrait de Paris et ses habitants sans faire de généralités. Pas un arrondissement qui n'ait le même profil, pas un Parisien qui ne ressemble à un autre. Mais en brossant la ville à gros traits, on la dépouille déjà de quelques clichés. Notamment de l'idée que, trop chère, elle serait désertée. Selon le dernier recensement de l'Insee, la population parisienne s'est accrue de 10 900 habitants en 2009. Preuve que la Ville Lumière aimante encore. C'est qu'elle concentre plus fortement qu'ailleurs les emplois qualifiés, une offre sociale et culturelle performante, et un maillage de transports très dense. Un dynamisme conforté par les statistiques, qui fait mentir ceux qui la dépeignent en ville-musée. [...]
Crédits photographiques Karim Hobeika
- Le jeune cadre connecté
Premier constat, Paris est une ville jeune. 27,6 % de la population a entre 20 et 34 ans. Dans les 2e et 11e arrondissements, ils représentent même plus d'un tiers des habitants. Mobiles, plus diplômés qu'ailleurs (67 % des moins de 30 ans sont diplômés du supérieur), ils sont aussi plus offensifs dès qu'ils mettent un pied dans le monde du travail. Et comme Paris concentre la plupart des sièges sociaux des grands groupes, 42,4 % de la population active y est cadre. 17 % sont ingénieurs ou consultants, 8,4 % travaillent dans la banque ou l'assurance. Les autres font carrière dans les services, notamment dans les secteurs de l'information ou de la communication. Le jeune cadre parisien ne lit plus la presse (le nombre de marchands de journaux a chuté de 14 % en dix ans), il s'informe en ligne. Il est tellement connecté que les boutiques de téléphonie ferment les unes après les autres, le marché parisien ayant atteint son seuil de saturation. Evidemment, le cadre parisien est pressé et roule trois fois plus souvent que les autres Franciliens à deux-roues. Grâce à lui, la restauration rapide explose (+28 %), la vente de sushis prospère (+17 %) et le nombre de supérettes ouvertes de 8 h à 22 h a bondi de 16 %. Par son style de vie, il a plus en commun avec un New-Yorkais qu'avec un Marseillais. Par son niveau de vie aussi d'ailleurs : parmi les ménages ayant accédé à la propriété à Paris ces dix dernières années, l'énorme majorité est cadre et célibataire.
Crédits photographiques Karim Hobeika
- La working girl avec enfant
Active, indépendante, la Parisienne est une femme émancipée... Et attentive à son apparence. Centres de bronzage, salons de massage, spas : le secteur du "bien-être" est en hausse de 29 % dans la capitale. Elle a son premier enfant à 32 ans, contre 30 ans en province. Voire plus tard : 15 % des mères d'enfants nés à Paris en 2008 avaient plus de 37 ans. Conséquence d'un investissement professionnel important, résultat des recompositions familiales... près de la moitié des Parisiennes n'ont qu'un enfant. Elles préfèrent le pacs au mariage (2 pour 1), mais ne divorcent pas plus qu'ailleurs. Fait notable, la tendance observée chez les familles depuis cinquante ans s'inverse timidement : elles réinvestissent la capitale (+5 % ces dix derrières années), quitte à aménager dans des souplexes ou à investir dans des lits superposés (41 % des familles sont en situation de suroccupation). Comme son conjoint, la Parisienne travaille : 76 % des couples sont bi-actifs, 80 % des élèves déjeunent donc à la cantine. 81 % des mères avec bébés de moins de 3 ans ont une activité : un record ! Pourtant, une Parisienne sur quatre vit seule avec son enfant. Mais la ville offre davantage d'équipements d'accueil pour les jeunes enfants (32 % vont à la crèche), de logements sociaux et d'aides socio-éducatives qu'ailleurs. Dernière statistique à méditer : du lundi au samedi, les femmes parisiennes se déplacent plus que les hommes pour les achats du quotidien, les formalités administratives ou l'accompagnement des enfants.
Crédits photographiques Karim Hobeika
- L'étranger en quête d'eldorado
En 2012, le visage du Parisien prend de plus en plus souvent les traits d'un immigré originaire du Maghreb, d'Afrique subsaharienne ou d'Asie. Selon l'Insee, 38 % des habitants de la capitale âgés de 18 à 50 ans étaient immigrés (20 %) ou enfants d'immigrés (18 %) en 2007. Et la part de la population étrangère est plus importante à Paris (15 %) que dans d'autres grandes villes. Ces dix dernières années, le nombre de naturalisations y a augmenté de 4 %. Grâce à un marché du travail dynamique, y compris dans des secteurs peu qualifiés, la capitale demeure attractive pour les étrangers et les scores du FN y sont toujours bien en dessous de la moyenne nationale. Fait marquant : 52 % des immigrés vivant à Paris sont des femmes, de plus en plus jeunes et qualifiées, qui n'arrivent plus dans le cadre du regroupement familial. Les immigrés originaires d'Afrique et notamment du Maghreb restent essentiellement implantés dans le nord-est populaire de la capitale. Les Asiatiques, eux, investissent les beaux quartiers du centre (2e, 3e arrondissements) et de l'ouest parisien (16e). 26 % des ménages d'origine immigrée résident dans un logement suroccupé. La vie à Paris demeure plus difficile pour ces familles d'origine extra-européenne : 32,6 % d'entre elles vivent sous le seuil de pauvreté. L'accès à l'emploi est complexe : bien que la situation s'améliore, 16 % des immigrés sont au chômage (contre 9 % des non-immigrés).
Crédits photographiques Karim Hobeika
- Le beurgeois
Malgré la crise, les jeunes issus de l'immigration sautent de plus en plus souvent dans l'ascenseur social. Ainsi, 26 % des immigrés parisiens actifs sont cadres ou exercent des professions intellectuelles supérieures, postes auxquels ils accèdent plus facilement que dans le reste de l'Ile-de-France. Une petite bourgeoisie d'origine africaine, notamment maghrébine, émerge. S'il n'investit pas encore les quartiers les plus prisés de la capitale, le beurgeois parisien évolue sans heurts dans une ville multiculturelle où les valeurs progressistes sont plus ancrées qu'ailleurs. Individualiste, il associe souvent un mode de vie urbain à la pratique d'un islam culturel qui fait de lui une cible marketing : dans les supérettes parisiennes, plats cuisinés, pizzas et foie gras halal lui sont destinés.
Crédits photographiques Karim Hobeika
- Le bobo écolo
Les 300 ruches juchées sur les toits de Paris, la Fête des voisins, les jardins partagés, c'est lui. Le bobo écolo, nouvel urbain, est souvent un "intello-précaire". A moins qu'il ne travaille dans l'administration publique, grande pourvoyeuse d'emploi à Paris (1 emploi sur 4). Il vit dans un logement modeste, le loyer moyen d'un appartement (20,80 €/m2 selon l'Observatoire des loyers) étant nettement plus élevé qu'en grande banlieue (12,40 €/m2). A la différence du cadre, le bobo n'a pas les moyens de rester à Paris quand il fonde une famille, et s'exile généralement en petite couronne. En attendant, c'est grâce à ce consommateur exigeant que le nombre de cavistes, vendeurs de produits régionaux et producteurs bio a bondi de 13 % dans la capitale. Le nouvel urbain effectue 55 % de ses déplacements à pied (moins de 40 % des ménages déclarent disposer d'au moins une voiture, un chiffre qui ne cesse de baisser). Il est donc installé près de son travail et de ses lieux de socialisation (galeries d'art, local associatif). Quant au vélo, il ne compte que dans 3 % des déplacements (4 % le dimanche).
Crédits photographiques Karim Hobeika
- Le SDF
Les sans-abri sont malheureusement des figures éminemment parisiennes : ils sont plus nombreux dans la capitale que dans les autres grandes villes françaises, où l'accompagnement médico-social est moins développé. Selon l'Insee, 5 000 personnes seraient sans toit à Paris. Elles se concentrent essentiellement dans le centre-ville et aux abords des gares. Le principal regroupement suit le canal Saint-Martin, de République à Stalingrad, en passant par la gare de l'Est et le square Villemin, dans le 10e arrondissement. Accompagnant la gentrification de la capitale, le mobilier urbain devient un élément de lutte contre l'installation des SDF : bancs penchés, arrosage automatique des pelouses... Selon l'observatoire du Samu social, 83,3 % des SDF parisiens sont des hommes, 13 % ont entre 18 et 25 ans. Une étude de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS) montre aussi que 13% des sans-abri ont un emploi. Bien que les familles roms soient très visibles, la moitié des SDF parisiens est de nationalité française. En 2009, le collectif Les morts de la rue a recensé une centaine de décès à Paris. L'espérance de vie d'un SDF est de 49 ans.
Tout l'enjeu politique dans la capitale consiste à maintenir le lien entre des catégories de plus en plus hétérogènes. Une fonction assurée traditionnellement par la présence d'une classe moyenne administrative, grâce à laquelle la capitale fonctionne. La Ville de Paris leur réserve en priorité ses logements (notamment aux éboueurs et aux auxiliaires puéricultrices, les uns à cause de leurs horaires, les autres en raison des difficultés de recrutement). Les salariés de l'AP-HP, de la SNCF et de la RATP sont eux aussi logés par leur entreprise. Pour les sociologues, c'est le retour de ces "travailleurs-clés" qui permettra d'installer à Paris une mixité sociale pacifiée.
* Toutes les données de cet article sont issues d'études de l'Insee et de l'Apur.
¤ ¤ ¤
Et aussi, si ce n'a été fait cet été, relire les Mémoires d'un tricheur, Sacha Guitry :
http://fichtre.hautetfort.com/archive/2012/08/21/paris-et...
07:37 Publié dans Photographie, Politique & co, Trivialités parisiennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homo parisianus
jeudi, 24 janvier 2013
Un regard philosophique et littéraire sur le MPT - Romain Debluë
Avant de commencer, voyons l'étymologie du mot "mariage" gracieusement fournie par Wikipedia :
En français, le nom mariage provient du verbe latin maritare, issu de maritus, qui dérive, d’après une explication traditionnelle, de mas / maris, le mâle.
L’adjectif qui lui correspond « matrimonial », provient du substantif latin matrimonium, issu de mater, la mère et signifiant également mariage.
L'usage du mot latin matrimonium dans les textes juridiques et théologiques a largement contribué en Europe à l’élaboration de la notion. Il n'a pas laissé de substantif en français moderne, mais reste néanmoins présent en italien et en espagnol, sous la forme de matrimonio. Dans les pays d'Europe occidentale dont les langues découlent du latin, le cadre lexical du mariage renvoie donc à une forme juridique par laquelle la femme se prépare à devenir mère par sa rencontre avec un homme.
*
> Pour davantage : http://fichtre.hautetfort.com/les-mots-francais.html
Rose en papier faite main par une fillette en voyage
Extrait de "Petit traité de gamologie contemporaine", 2013, Romain Debluë :
"On a tout essayé, par la suite, avec le mariage. On l'a plié dans tous les sens. On a tâté de la polygamie, de la bigamie, de la monogamie, de l'adultère, du divorce à répétition, du mariage forcé, du mariage civil, du mariage religieux, du mariage d'argent, du mariage raté. On a même vu des mariages heureux. On a vu des mariages stériles et d'autres féconds, des unions dramatiques et des noces de sang. On en a fait des vaudevilles et des tragédies. Avec des placards pleins d'amants, des cocus en caleçon, des maîtresses acariâtres. Le mariage, en résumé, n'a été inventé que pour fournir des sujets de romans et pour assurer la chaîne sans fin des générations ainsi que veut l'espèce." (Ph. Muray, Le mariage transformé par ses célibataires mêmes, in Exorcismes spirituels IV)
Le mariage, institution des temps antérieurs, sacrale mais par lucidité religieuse, semble aujourd'hui comme jamais certes jadis disgracié de ses antiques prérogatives anthropologiques, - mais implicites toujours car luisantes des heureuses amours modernes.
Maint hémisphérique crétin désormais s'entrapplaudissent de n'y plus rien comprendre et glosent d'aisance une éphémère chimère dont à l'horizon de leur propre sottise, seule, ils peuvent parfois entrevoir l'ombre, vite abolie. On ne sait trop, d'ailleurs - faute à leur malaisance verbale bien souvent - quels sémantismes l'on devrait ouïr vibrer lorsque d'aucuns énoncent l'infatigable quoiqu'absurde formule du "mariage pour tous", ce mystérieux grumeau d'une gerbure d'intellect moisi, dégluti par quelque étêté politicard au fond d'une morne journée d'hypotention mentale.
Lors même que le mariage, en vertu de sa prime définition, constitue d'excellence une institution à toutes et tous ouverte ; pour peu, bien sûr, que l'on entende, de pleine volonté, se plier à sa structure, lors donc certains - insavants peut-être de l'art alphabétique, se répandent politiquement en bruyants hurlements d'étranges revendications qui, certes, eussent fait tressauter de rire ces notoires invertis que furent, par exemple, Proust, Wilde et, selon certain, Michel-Ange.
Le débat contemporain, qui voudrait qu'il n'y ait point débat puisque Dieu, en la bouche détournée et multiple du Parti Socialiste, a parlé, afflige et désole maints : certains parce que son objet fait évidence de son aberration, d'autres parce que l'opposition à son objet leur apparaît une monstruosité au moins comparable à ce que, jadis, l'inversion représentait aux yeux des moralistes.
Tous, notoires indigents mentaux, font mine de savoir de quoi l’on parle, et par l’insensé verbiage de leurs grinçants argumentaires, espèrent élever leur intime opinion à valeur d’universelle raison. Fasse l’Histoire que leur bilatérale folie ne puisse plus être longtemps dissimulée, car m’apparaît urgent de considérer, une bonne fois pour toute, le problème en ses principes et non point en ses inconciliables et confuses ramifications.
J'affirme, pour ma part, que l'infernal pandémonium qui aujourd'hui tient lieu de nationale préoccupation en terres françaises ne relève ni, en ses origines, du social, ni du sociétal, ni de l'anthropologique pur, ni bien sûr du politique : la question du mariage telle qu'elle est tordue et, osons le mot, pervertie aux nôtre embrumées époques, relève du Langage ; et donc, avant tout, de la littérature. Excluons donc de nos intellectuels interlocuteurs ceux qui n'y peuvent rien entendre, à commencer par le très cocasse gouvernement où d'égale façon se répartissent les jobards et les ribaudes en lequel résonnent depuis de longues semaines les sermons émouvants de Madame Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et de l'Universelle Pénitence Masculine, souriante benjamine du gouvernement dont il semble, à première vue, fort malaisé de ne point se gausser tant son immuable ton de joviale maîtresse d'école, sorte de flûte envoûtante du Bien, paraît destiné à susciter chez autrui la plus immédiate vague d'hilarité qui soit, - méchante et misogyne bien sûr, car c'est un péché que de moquer une femme politique à travers laquelle, toujours, gronde l'assemblée intégrale des femelles d'ici et d'ailleurs prêtes à dégainer une plainte pénale exorbitante.
Comment, en effet, ne point ricaner lorsque l'on entend cette jeune et dynamique mégère déclarer, dans Le Monde, ce "choc des paupières" comme disait Desproges, que "pour les élèves, un apprentissage de l'égalité sera mis en place de la fin de la maternelle à la fin du primaire" et que, "enfin, l'éducation à la sexualité deviendra effective : il ne s'agit pas de parler de pratiques, mais d'apprendre l'égale dignité et le respect entre les sexes." Ainsi que, sans doute, demanderait Philippe Muray, moi-même m'interroge : quelle éducation ? quelle dignité et surtout quels sexes ? Autant de mots que, depuis plus de trente longues années, la France s'emploie à décortiquer comme d'inertes crevettes pour, très bientôt, finir par en jeter les débris épars dans les poubelles de l'Histoire terminée. Que puis-je donc, moi pauvre mâle phallique et mal famé, respecter lorsque l'autre sexe n'existe plus que d'une espérance de cosmique dissolution ?
[...]
Il semble difficile pour les nébulosités céphaliques de Mme Vallaud-Belkacem d'émettre ne serait-ce qu'un millilitre de substance cohérente et claire, quoique peut-être, nous pourrions l'espérer, vaguement élaborée. Si la susdite ministre du Droit aux radasses à faire voter en toute impunité leurs lois salopes n'avait pas, comme je le suppose, été au moins première de classe en cours de langue vivante II, option Français-Langue de bois, nous n'eussions pas eu à subir les ravages de sa prose sur plus, probablement, de deux lignes et demi car, peu ou prou, ainsi aurait-elle formulé sa diatribe : tant que l'individu n'est pas un mâle, l'individu a le droit de faire tout ce qu'il veut avec tous ceux qui consentent à ses phantasmes, sans quoi les gens risqueraient de ne point s'aimer les uns les autres, - et pour cause.
Qu'on me permette de traduire une seconde fois, pour les plus engourdis : la Loi n’a qu’un but, divin et socialiste, sa propre abolition dans la pure reconnaissance d’elle-même dans la fluide mouvance des désirs de tous. Hegel, en temps historiques où bientôt Marx allait surgir sur les terres par lui préparées à cette pensée, affirmait, cela dit avec le vague qui convient à une simplification pédagogique, que l’Histoire se pouvait ramener en ultime compréhension à quelque chose comme le « jeu du sujet singulier et de la Loi universelle »*; par malfortune, la post-Histoire qui est hui notre quotidien paraît bien loin de réaliser la finale synthèse qu’il affirmait être sienne. Si, de fait, le jeu a cessé, car les cons temporés n’aiment point l’implicite de gratuité qui sourd en cette activité, ce n’est certes pas en un sens d’aboutissement, bien plutôt de conflagration folle où se débat en débats et déboires l’humanité d’un temps en quoi le sujet singulier pour n’avoir plus à s’interdire quoi que ce soit, fait de la Loi l’instrument docile – car abstrait – de ses personnelles exigences. La Loi, primordiale quoiqu’en cet aspect inexhaustive et allégée de ses conséquences, était interdiction ; car c’est par l’interdiction que, du chaos naturel des vivants, s’extirpe l’Homme par-là devenu être de culture et de société. À la source, bien sûr, de cette assomption de l’Homme en sa propre essence, qui de toujours fut d’être culturel, se niche et même point ne se cache l’interdit de l’inceste, primitive nécessité de tout ordre social futurement projeté et réalisée par l’acte d’attribution aux mâles d’une femelle, empêchant par ce geste fondateur l’ancienne domination de l’unique chef de meute qui, de par cette position, portait haut le privilège d’ensemencer à lui seul toutes les utérines cavités alentours. D’où jaillissement d’une neuve et très symbolique fonction : la fonction du père, – et bientôt celle même des Nom-du-Père, ainsi que la formalisera Jacques Lacan. Inexistante, icelle, jusques alors, ce qui déjà signifie une évidence aujourd’hui oubliée, celle de l’indissolubilité radicale de la paternité et du mariage. Disons-le en termes simples, au risque d’éclabousser de cette simplicité quelqu’âme sensible inhabituée à sentir heurtés ses ronronnants préjugés post-modernes, le mariage n’a point d’autre prime et élémentaire fonction que d’offrir à tout enfant un père, c’est-à-dire, puisque par le père vient celle-là, une Loi ; pour mieux dire une existence au sein de cette Loi que dit le père et que, dans la bouche du fils, il entend faire respecter ; entende qui n’est pas toujours compréhension d’ailleurs.
[...] Mère l’est sans le dire, nul recours à la parole ici nécessaire, père en revanche ne l’est qu’en l’horizon du langage, et s’affirmer tel ne peut, en réalité, qu’être toujours un peu travestissement de la réalité, – car le langage laisse la possibilité de ne pas le dire. Dans cette précise négation réside la particularité de la fonction paternelle qui, à y regarder bien, n’a que peu de rapport avec le rôle de la mère, pourtant dit aujourd’hui adjacent et peut-être même équivalent. Point n’est ici notre volonté de contester la capacité que peuvent avoir deux hommes ou deux femmes à élever un enfant, car quoiqu’en disent les éberlués partisans du « mariage avec n’importe qui », la question ne peut ainsi être posée. La réalité des familles monoparentales ou, parfois même, homoparentales, comme l’on dit, n’est pas à nier, mais elle est à conserver en sa nature, qui est précisément d’être réalité ; or il est dangereux de mêler sans en prendre conscience le réel et le symbolique, selon les lacaniennes dénominations dont aujourd’hui tout le monde semble faire fi. L’enfant n’a pas, comme s’évertuent à le répéter les grenouilles ignares qui s’époumonent à coasser des lieux-communs de la psychanalyse en surgelés, d’un père et d’une mère nécessairement, mais de bien plus essentielle façon d’avoir prise sur deux fonctions, qui sont de paternité et de maternité, mais n’existent que dans l’ordre du Symbolique ; quoique profondément ancré dans le Réel soit la fonction maternelle, qui pourtant peut souffrir de lacune sans dommages psychiques systématiques. Aberration, donc, si l’on discute la réalité mais folie en revanche si l’on prétend faire d’icelle l’autorité des structures symboliques, dont la Loi, ultimement, n’est que la cristallisation culturelle la plus implacable.
Si les partisans et les opposants à cette loi ne pourront, d'éternité, s'entendre (et outre le fait que les deux clans sont en majorité composés d'irréductibles imbéciles) c'est en premier lieu parce qu'ils ne parlent tout simplement plus la même langue. Ou plutôt les uns radotent une langue morte dont ils n'ont plus l'entente, tandis que les autres bredouillent un post-langage infinitésimal dont avec l'inoxydable Vallaud-Belkacem nous avons pu avoir quelque impression vertigineuse. Cette égalité entre les enfants naturels et légitime, par exemple, ne voyons-nous donc point qu’en plus de signer la mort définitive de toute possible paternité, – qui commence précisément là où s’opère la distinction entre ces deux modes de géniture –, elle constitue (du moins en sa forme ultime qui, d’un jour à l’autre, menace de nous tomber sur le coin de la gueule) le plus court chemin vers cet ordre naturel dont plus haut j’ai fait mention en le disant préposé à toute forme de société car n’étant pas encore théâtre du partage des femmes, et donc de la plus originelle distinction qui se puisse concevoir en ce domaine qui est celui du parlêtre duquel l’Homme tient sa définition même ? Dans ce contexte, la Loi est rabougrie à l’état, latent, de phantasmes universalisés et portés à hauteur de décrets : si deux personnes s’aiment, de facto elles doivent pouvoir se marier car la loi est à présent celle du désir et son rôle, lorsque ce n’est pas en faveur d’un malin phallus, est de permettre, encore et toujours, jusqu’à ce que ce terme même, comme tant d’autres jà dissous, ne signifie plus que sa propre extinction imminente. En rien ne s’agit-il ici de nier le succès que peuvent avoir deux hommes ou deux femmes à éduquer un enfant, – quoique personnellement l’idée d’avoir deux mères me ferait arder d’une surnaturelle angoisse car l’on a bien assez d’une seule à laquelle échapper. Le plan susévoqué du Réel n’est ici nullement en cause, et nécessaire se fait la distinction. En revanche, là où le débat blesse, c’est lorsqu’il est exigé que cette réalité soit transcendée symbolique par l’action d’une Loi, laquelle précisément n’existe que pour n’avoir rien à faire avec la réalité sinon de surplomb et de prééminence.
Le mariage ouvert à tous entre tous et certainement bientôt entre parents proches, puisque la très algide Élisabeth Badinter, dans un ouvrage intitulé L’un et l’autre, au cœur d’un chapitre titré : La mort du patriarcat, autant dire tout un programme, et des plus bucoliques, écrivait que « pour la première fois, certains osent revendiquer à visage découvert le droit à l’inceste et d’autres s’emploient à le dédramatiser »** et semblait s’en réjouir comme si elle n’avait jamais fait d’études de Philosophie, – ce qui, dans le fond, est sans doute le cas ; ce mariage ouvert à tous, donc, constitue bel et bien l’annulation pure et simple du but premier et fondamental du mariage qui, jadis, était d’offrir à l’enfant un père, grâce à la sursumation légale de ce rôle dont nous avons dit qu’à l’origine, il se peut résumer à un pur acte de langage.
Comme on le peut constater sans peine, l’amour n’a que peu de rapport avec cette affaire, car il me paraît évidence que tout amour véritable, en matière sociale, cherche avant tout à profiter d’une certaine clandestinité ; et sur ce point, ce n’est certes pas Sollers qui me contredira. Or, depuis quelques années, il semble que maints s’accordent à considérer le mariage comme une forme de reconnaissance sociale de l’affection tissée entre un nombre d’êtres encore réduit à celui du couple, mais bientôt extensible à souhaits, cela va sans dire : se marier revient donc à demander à l’État de faire exister avec un peu plus de consistance l’amour que Monsieur Lambda éprouve pour un autre Lambda, vaguement apparenté à l’une des dix-huit identités sexuelles répertoriées. Faut-il donc, au fond du gouffre, rappeler que l’amour n’a nul besoin du mariage et qu’en affirmant pareille bêtise, les progressistes béats se mettent, à l’inverse de leurs troubles intentions, à faire le lit des plus traditionnelles et moralisatoires idéologies conjugales ?
J'ai dit plus haut que l’essentiel de la question était littéraire, et sur ce point ce me paraît être limpide, car après tout, seuls les contes de fées, destinés à offrir aux enfants une prise symbolique sur le Réel, se terminent par l’heureux mariage du Prince et de la Princesse. La littérature romanesque, précisément, commence là où finit le conte de fée, et s’entend donc le roman comme toujours étude de mœurs, sinon poésie insue. Impossible, cela va de soi, d’écrire Madame Bovary dans un monde où règne le droit pour tous d’infuser la substance de ses désirs dans la moelle de la Loi ; impossible d’écrire L’Education sentimentale dans un monde où il suffirait à Mme Arnoux de divorcer sans conséquence pour rejoindre Frédéric, de vivre avec lui jusqu’à plus soif, et peut-être même, après une durée de cohabitation suffisante, de le légaliser tuteur officiel de ses deux enfants ; impossible d’écrire Un prêtre marié en une époque où c’est précisément parce qu’ils sont célibataires que les ecclésiastiques sont la cible des moqueries de tous les éternels potaches de la République ; impossible à Feydeau d’écrire la moindre de ses hilarantes comédies dans un monde où nul amant n’a encore besoin de se cacher dans aucun placard ; impossible aussi d’écrire L’Homme qui rit dans un monde où Ursus aurait simplement pu adopter Gwynplaine et par là effacer jusqu’à la trace de sa biologique filiation que nul n’aurait pu découvrir nobiliaire ; impossible également d’écrire la Recherche du Temps perdu dans un monde où Charlus serait marié à Jupien et Albertine à Mlle de Vinteuil, les deux couples ayant d’ailleurs employé les vits et utérus anonymes de quelque philanthropique donneur et mère porteuse afin d’avoir trois enfants par couple, trois beaux enfants épanouis et heureux qui, le dimanche après-midi, s’en iraient porter des madeleines à Monsieur Proust dont tout le monde saurait qu’il envisage de se pacser avec sa chère « maman. » Je ne crois pas un seul chef-d’œuvre de la littérature capable de résister à cette énumération, qui se peut indéfiniment poursuivre d’ailleurs : impossible d’écrire Hamlet dans un monde où le père n’est qu’une construction sociale née d’un modèle arbitraire d’hétérosexualité dominante et qui donc en rien ne mérite qu’on le venge de quoi que ce soit ; impossible d’écrire Le lys dans la vallée, Partage de midi, Sous le Soleil de Satan, Les liaisons dangereuses, impossible aussi d’écrire le premier roman, superbe, de Boutang : La maison un dimanche, impossible d'écrire Rodogune et son noeud de vipères familial admirablement tressé tandis que tournoie dans l'obscurité une brillante coupe de poison, en laquelle scintille la Mort, plus noir que la nuit des âmes alentours ; bref l'à peu près intégralité des romans fondamentaux de notre histoire.
[...] Si d’aucuns peuvent, sans que les axones de leurs neurones s’entrelacent de confusion, affirmer que le « mariage pour tous » ne change rien, c’est parce qu’eux-mêmes, en prémisses de leur absence de raisonnement, admettent une définition du mariage qui jà change tout. Si l’on entend dénier au mariage toute pertinence symbolique, en le résorbant en l’orbe atrophié d’une pure déclaration d’affection, le faisant ainsi, en termes hégéliens, le jouet d’une belle âme qui ne trouve sa vérité qu’en ses propres intimes désirs mais ne peut néanmoins s’empêcher de s’en justifier par ce moyen universel qu’est le Langage afin d’obtenir d’autrui manière de légitimation ; déjà, alors, on le défigure, on le prostitue sans vergogne aux autoritaires exigences d'un Surmoi de jouissance couronné souverain. L’égalité des droits est une nécessité qui n’exige rien de plus – nul ne me fera sur ce point dévier – que la mise en place d’une union civile taillée sur mesure pour les couples d’invertis ; laquelle exclurait bien sûr toute prolongation filiale et ne constituerait qu’une manière de faciliter, pour ces personnes, une vie sociale que, parfois, j’imagine effectivement compliquée.
Dans un monde où les mots pourraient encore avoir quelque forme d'importance, ce genre d'union ne pourrait bien sûr être désigné sous le terme de mariage, mais comme je l'ai affirmé plus haut, le post-humain militant ne parle malheureusement plus la langue qu'ici, pour ma part, je m'efforce d'ânonner avec plus ou moins de rigueur et, nonobstant, d'élégance. Lorsqu’il glapit : « mariage pour tous ! » j’entends une évidence qui est celle d’une institution ouverte à tout individu qui désirerait bénéficier d’icelle en tant que structure donnée ; nous ne nous comprenons plus parce que nous n’existons plus dans le même ordre d’être-au-monde, et c’est ce divorce significatif que signe et confirme cette nouvelle utopie des temps nôtres, ou la démence est faite roue libre pour le plaisir de tous et les droits d’aucun. Nous vivons à ce point de vue une époque des plus fascinantes, quoique nauséabonde par de nombreux côtés, qui s’affirme celle d’un tournant radical dans la débâcle post-historique dont Philippe Muray a su analyser les premières effusions. Consummatum est, peut-être, ou très bientôt en tous cas, et ne reste plus qu’à observer, de loin, les gagnants continuer à se battre pour une victoire déjà obtenue et les perdants continuer à résister, myopes, pour sauver tout ce qui est déjà mort et dont à présent ils n’agitent plus que les spectres ridicules et translucides. Peu me chaut que pareil projet soit voté ou ne le soit pas : il l’est déjà et lutter contre de pareilles évidences, tant elles sont démentielles, relève de l’inexorable effort inutile. Je préfère m’employer à prendre cette boue que l’on ne donne même pas afin que d’essayer d’en faire de l’or, – c’est-à-dire de la littérature. Ce qui, en la présente matière, vient d’être fait grâce à ce texte.
> A consulter pour le texte intégral et beaucoup plus : http://amicusveritatis.over-blog.com/article-petit-traite...
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