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dimanche, 06 janvier 2013

L'Enfer de Dante - Introduction, Chants 8, 10, 15, 16 & 17 - Botticelli

Botticelli, dante, enfer
La carte de l'Enfer, Botticelli 
 

 

Extrait de La divine comédie, L'Enfer, 1314, Dante, traduction de Jacqueline Risset, GF-Flammarion 1985 : 

 

Introduction

[...]

Lorsqu'il parle de son oeuvre, Dante ne parle jamais d'une fiction. Il emploie le mot de Comédie (ce qui veut dire qu'elle finit bien), et la qualification de "poème sacré" - rapportant une expérience ayant valeur de vérité, et l'ayant pour tout les hommes. Elle a pour but, son auteur le précise en ces termes, de "tirer de l'état de misère les vivants dans cette vie et de les conduire à l'état de félicité".

[...]

 

Chant 8

[...]
"O mon cher guide, toi qui plus de sept fois
m'as rendu la sécurité et m'as tiré
des terribles dangers qui me menaçaient,
ne me laisse pas", lui dis-je, "si défait ;
et s'il est interdit d'aller plus loin,
revenons vite ensemble sur nos pas."
Et ce seigneur qui m'avait mené jusque-là
me dit : "N'aie crainte ; il n'est personne qui puisse
nous barrer le passage : trop grand est qui l'accord.
Mais attends-moi ici : ranime ton esprit harassé
et nourris-le de bonne espérance,
je ne te laisserai pas dans le monde d'en bas."
Il s'en va ainsi, et là m'abandonne,
mon doux père, et moi je reste en suspens,
car oui et non se battent dans ma tête. 
[...]

 

Chant 10

[...]
Il semble qu'avant l'heure, si j'entends bien,
vous puissiez voir ce que le temps apporte,
mais pour le présent vous ayez autre usage.
"Nous voyons, comme ceux qui n'ont pas de bons yeux",
dit-il, "les choses qui sont lointaines ;
c'est ainsi que Dieu nous donne sa lumière.
Notre intellect est vain pour tout ce qui est proche
ou présent ; et si nul ne vient nous parler,
nous ignorons tout de l'état humain.
Tu comprends ainsi que notre connaissance
sera toute morte à partir de l'instant
où sera fermée la porte du futur."
[...]
"Garde en mémoire ce que tu viens d'entendre
contre toi", me commanda ce sage ;
"et à présent sois attentif", et il dressa le doigt :
"quand tu seras devant le doux regard
de celle dont les beaux yeux* voient toutes choses,
tu sauras d'elle tout le voyage de ta vie."
[...]

* de celle dont les beaux yeux : Béatrice.

 

Chant 15

[...]
"Si ma demande était comblée",
lui répondis-je, "vous ne seriez pas encore
mis au ban de la vie humaine ;
car dans ma mémoire est gravée, et me navre à présent,
la chère et bonne image paternelle
de vous quand sur la terre vous m'enseigniez
heure après heure comment l'homme se rend éternel ;
quel gré je vous en sais durant toute ma vie,
il faut que dans ma langue on le discerne.
Ce que vous avez dit de mon sort, je l'écris ;
et je le garde à commenter avec un autre texte
pour dame* qui saura lire, si je vais jusqu'à elle.
Je veux seulement qu'il vous soit clair,
pour que ma conscience ne me remorde pas,
que pour la fortune, comme elle veut, je suis prêt.
Telle prédiction n'est pas nouvelle à mon oreille :
mais que Fortune tourne sa roue
comme elle voudra, et le vilain sa pelle."
Mon maître alors se retourne
vers le côté droit, me regarda,
et dit : "Bon entendeur qui comprend bien." 
[...]

* pour dame : Béatrice. 

 

Chant 16

[...]
Ah comme les hommes doivent être prudents
auprès de ceux qui voient plus que les actes,
et dont l'esprit pénètre les pensées !
[...]

 

Chant 17

[...]
Et moi qui craignais de fâcher, en restant plus,
celui qui m'avait dit de ne pas m'attarder,
je m'en revins, loin des âmes lassées.
Je trouvai que mon guide était déjà monté
sur les reins de l'animal farouche ;
et il me dit : "A présent, sois fort et hardi.
Nous irons désormais par de telles échelles ;
monte devant, je veux être au milieu,
pour que sa queue ne puisse te blesser."
Tel est celui qui sent le premier frisson
de la fièvre quarte, qui a déjà les ongles blancs,
et tremble tout entier en regardant l'ombre,
tel je devins à ces paroles dites ;
mais la honte me fit ses menaces,
elle qui rend son courage au valet d'un bon maître.
Je m'assis donc sur cette affreuse échine ;
et voulus dire, mais la voix ne vint pas
comme je croyais : "Serre-moi dans tes bras."
Mais lui, qui d'autres fois m'avait tiré déjà
d'autres dangers, sitôt que je montai,
m'entoura de ses bras et me soutint.
[...]

  

 

41ZAB9F45HL__SL500_AA300_.jpgSe procurer l'ouvrage :

La divine comédie, L'Enfer

34 chants, écrits en 1314

Dante

1985

Traduction de Jacqueline Risset, GF Flammarion

380 pages, édition bilingue

http://www.amazon.fr/Divine-Com%C3%A9die-LEnfer-Dante-Alighieri/dp/2080707256/ref=sr_1_16?s=books&ie=UTF8&qid=1353399190&sr=1-16

 

  

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