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lundi, 21 octobre 2013

Gorky Park - Michael Apted, William Hurt, Lee Marvin

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Film : Gorky Park (1983, durée 2h06)

Réalisateur : Michael Apted

D'après le roman de Martin Cruz Smith.

Arkady Renko (William Hurt), Jack Osborne (Lee Marvin), Irina Asanova (Joanna Pacula), William Kirwill (Brian Dennehy), Iamskoy (Ian Bannen), le professeur Andreev (Ian McDiarmid), Anton (Richard Griffiths), Pasha (Michael Elphick), l'agent du KGB Rurik (Nial O'Brien), Levin (Henry Woolf), Natasha (Tusse Silberg), Fet (Patrick Field)

 

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- Mon cher, vous avez la même insolence que votre père. Mais lui, on la lui passait parce qu'il avait beaucoup de talent dans son métier.

 

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Irina : En quel honneur ai-je la visite d'un inspecteur principal ?

Arkady : Vos patins à glace ont été retrouvés, votre nom était dessus.

Irina : Oh, c'est vrai. Oh là là, depuis le temps.

Arkady : Votre déclaration de perte remonte au 4 février mais il paraît que vous les avez perdus le 31 janvier. Vous ne vous en êtes aperçue qu'au bout de quatre jours ?

Irina : Ce genre de choses, c'est quand on en a besoin qu'on voit qu'on les a égarées.

Arkady : C'est une fille morte qui les avait aux pieds.

Irina : C'est le bon Dieu qui l'a punie. Il faut me comprendre, vous savez, j'avais économisé sou par sou pour me les acheter. Et regardez mes bottes, vous voyez ? Foutues.

Arkady : La jeune personne qui avait vos patins a été assassinée.

Irina : Le réalisateur de mon film m'en a promis une paire si je voulais bien coucher avec lui. Faudrait que j'y pense. Qu'est-ce que vous en dites ?

Arkady : Que l'hiver touche presque à sa fin.

Irina : Très juste. Et puis je suis sibérienne, le froid, je connais.

Arkady : Fait-il aussi froid dans votre cœur ?

Irina :  Quoi ?

Arkady : La jeune fille qui a été assassinée avait votre âge. Deux autres personnes ont été tuées en même temps. On leur a arraché le visage.

Irina : Pourquoi vous me dites ça à moi ? Qu'est-ce que vous voulez ?

Arkady : Vos patins à glace, vous ne savez pas qui les avait ?

Irina : Je soupçonne tout le monde et personne.

Arkady : Moi aussi.

Irina : Sincèrement, comptez-vous m'arrêter pour perte de patins à glace ?

Arkady : Je ne pense pas, non.

Irina : Tant mieux, alors laissez-moi tranquille maintenant.

 

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Anton : Bravo, un week-end chez les Yamskoy. Est-ce un père héro de l'armée soviétique qui te vaut cette marque de faveur ? Non. Et tu conviendras que ce n'est sûrement pas non plus ton charme ni ton élégance.

Arkady : Oh, je ne resterai pas tout le week-end. Aujourd'hui seulement, le temps de coincer mon hôte dans un coin.

Anton : Alors, qu'est-ce que tu fabriques ?

Arkady : Je sauve la vie d'un homme.

Anton : La vie de qui ?

Arkady : La mienne. On m'a collé une affaire qui sent bon le KGB. Il va falloir que j'y aille sur la point des pieds.

- Je peux vous offrir un verre de bonne vodka soviétique ?

Arkady : Non, un verre de mauvais vin français fera l'affaire.

 

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Iamskoy : J'ai lu votre rapport, Arkady. Je vous sens très désireux de repasser au KGB une affaire un peu délicate. Cela ne vous ressemble pas, hein, pourquoi, qu'est-ce vous chiffonne ?

Arkady : Puis-je m'ouvrir à vous ?

Iamskoy : A moi ?

Arkady : Il est plus que probable que le KGB a liquidé les trois victimes.

Iamskoy : Et alors ?

Arkady : Et alors, je suis certain que c'est moi que le KGB veut piéger.

Iamskoy : Pourquoi ?

Arkady : Il y a deux ans, j'ai voulu arrêter le major Preguda pour homicide volontaire. Vous vous rappelez, l'affaire des cadavres sur la berge ?

Iamskoy : Dieu qu'il fait froid ici. Vous voulez me glacer le sang jusqu'à la moëlle ?

Arkady : J'ai prouvé que c'était le fait du KGB. Après, j'ai demandé l'inculpation, mais c'est moi qu'on a arrêté, tabassé et jeté en cellule.

Iamskoy : Et qui vous a sorti de là ?

Arkady : Je vous en serai éternellement reconnaissant, mais quel sale moment à passer.

Iamskoy : Arkady, la roue tourne, vous savez. Désormais j'ai le bras plus long que je ne l'avais jadis. Et eux sont plus vulnérables. Vous êtes de loin le meilleur policier de Moscou. C'est de vous dont j'ai besoin, grand besoin.

Arkady : Pouvez-vous nous protéger, moi et mes miliciens ?

Iamskoy : Ecoutez, notre constitution soviétique est une bien belle chose, mais uniquement entre les mains de gens d'honneur. J'entends absolument rester dans la légalité. Le KGB ne peut et surtout ne doit pas travailler dans l'illégalité, sinon il ne vaut pas plus cher que la CIA !

Arkady : Que voulez-vous ?

Iamskoy : L'appui de la milice ! Ne vous désaisissez pas de l'enquête, il ne faut pas lâcher d'un pouce, et je vous promets, Arkady, à vous, personnellement, de vous épauler à chaque jalon posé par tous les moyens.

 

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Arkady : Ce n'est pas le genre de maison où traînent les filles qui n'ont pas des bottes convenables, qu'est-ce que vous en dites ?  Votre richissime ami américain ne va-t-il pas se fâcher ?

Irina : Je vous ai demandé de me ramener, pas de me faire la conversation.

Arkady : C'est parce que vous avez perdu vos patins que vous êtes sur les nerfs ? Enfin, perdus, c'est un mot.

Irina : J'ai fait ma déclaration à la police.

Arkady : Oui mais pourquoi ?

Irina : Quoi ?

Arkady : Je vous vois assez mal aller à la police pour ça si vous n'avez pas une autre bonne raison. Vous aviez peur que ces patins se trompent d'adresse ?

Irina : Laissez-moi sortir.

Arkady : Quoi ?

Irina : Stoppez et laissez-moi sortir, j'irai à pied.

Arkady : Faites pas l'idiote, il fait glacial, vous mourrez de froid. Mais qu'est-ce que vous faites !? Vous êtes folle, vous allez tout droit à la mort !

Irina : Des question, des questions.

Arkady : Et merde, saleté de voiture ! On sera deux maintenant à être frigorifiés. Démarre ! ...

Irina : Le KGB a de meilleures voitures.

Arkady : Oui mais il ne vous emmènent pas toujours où vous voulez, n'est-ce pas ?

 

¤    ¤    ¤

 

Anton : Qui t'a fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est Primeluda ? Arkady !

Arkady : Mmmmh.... Ca avait l'air d'être un Américain.

Anton : Merde, la CIA, tu crois ?

Arkady : Je ne sais pas mais ses poings étaient de vraies massues.

Anton : Encore une petite goutte de tranquilisant ?

Arkady : Mmmmh...

Anton : Qu'est-ce qu'on fait dans cette cuisine ? Tu devrais être couché !

Arkady : C'est à la cuisine que tu planques ton armagnac.

 

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Le professeur Andreev : Pour pouvoir faire ça, il faut imaginer que ce sont des êtres chers, ces petites créatures. Hé oui, nous en avons besoin. D'ailleurs, les êtres chers ne sous rongent-ils pas toujours les chairs, hein ?

 

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Le professeur Andreev : Vous savez que trop de gens disparaissent dans ce pays sans laisser de trace. Et pourquoi, à votre avis ?

Arkady : Parce qu'ils tombent dans l'abîme entre ce qui se dit et le silence.

 

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William Kirwill : Au cas où vous ne le savez pas, je vous signale qu'il pleut dehors.

Arkady : Fermez la porte. Non, jetez-la à mes pieds. Videz vos poches sur le lit. Enlevez le manteau aussi. Jetez-le par-terre. Les poches du pantalon.

William Kirwill : Alors, on est tout seul, le ruskov ?

Arkady : Pas un geste.

William Kirwill : Quoi ?

Arkady : Ne bougez pas !

William Kirwill : Allons, le ruskov, allons, je suis dans ma chambre. Où voulez-vous que j'aille ?

Arkady : Assis !

William Kirwill : Doucement.

Arkady : Attachez vous deux lacets de chaussures.

 

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Arkady :  J'ai passé une nuit blanche.

- Comment-comment-comment, il ne faut pas travailler autant !

Arkady : Rassurez-vous, camarade, je rentre chez moi avec mon petit déjeuner.

- Le poète doit ranger sa plume, le tueur sa cognée, et vous apprendre à vous relaxer.

Arkady : Eh bien, je vais pouvoir me relaxer dans mon lit.

- Venez plutôt avec moi. J'ai ce qu'il vous faut pour ouvrir les pores de la peau et délasser un esprit acablé de soucis.

 

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Arkady : J'ai toujours rêvé de voir de près un Américain. Vous êtes tellement... tellement autre. Excusez l'insistance de mon regard. Jusqu'à présent, je n'avais vu qu'un seul Américain, en chair et en os si je puis dire. Un jeune étudiant, il s'appelait Kervin, je crois, James Kervin.

Jack Osborne : Ah.

Arkady : Mais à la morgue, hélas.

Jack Osborne : Alors vous vous êtes senti floué.

Arkady : Comme vous avez dû le remarquer, un monde sépare un homme comme vous, monsieur Osborne, d'un homme comme moi.

Jack Osborne : Vous avez une moustache.

Arkady : ... Pardon ?

Jack Osborne : Vous avez une miette sur la lèvre supérieure.

Arkady : ... Quel plouc, n'est-ce pas ? Ce petit inspecteur venu de rien, il n'a pas sa place dans votre monde. Rendez-vous compte, trois personnes, tuées et sauvagement défigurées, dans Gorky Park, et moi, j'ai des miettes sur ma lèvres.

Jack Osborne : Si encore c'était du caviar.

Arkady : J'ai l'impression que l'exécuteur, appelons-le X pour le moment, aurait préféré que l'adversaire toi un homme un peu plus subtile, non ?

 

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Arkady : C'est vous qui importez nos merveilleuses zibelines soviétiques en Amérique, monsieur Osborne ?

Jack Osborne : Oui, je les achète. N'est-ce pas votre monopole, les zibelines ?

Arkady : J'ai toujours eu envie d'une chapka en zibeline.

Jack Osborne : Un homme de votre envergure devrait avoir ça. Je peux y pourvoir peut-être ?

Arkady : Oh, nous autres Russes, nous sommes dressés à attendre pour obtenir, d'où ma patience, n'est-ce pas. J'observe, je réfléchis et je patiente. C'est ma seule vertu.

Jack Osborne : Pourquoi attendre ? Je suis toujours prêt à obliger mes plus sympathiques amis soviétiques.

Arkady : La patience a sa propre récompense.

Jack Osborne : Vous le voulez ce cadeau ou non ? A moins que mon Sherlock Holmes ne songe à une récompense encore plus payante ?

Arkady : Oui,... c'est possible.

Jack Osborne : Vous n'avez pas encore décidé.

Arkady : Mmmmh, pas pour l'instant. Je marche d'abord à l'intuition, ensuite je réunis mes observations, et enfin je...

Jack Osborne : ... vous ...

Arkady : ... je pars en chasse.

Jack Osborne : Oh, on ne chasse pas ainsi la zibeline. Elle est bien trop rusée, elle est bien trop vive. Le temps que vous patientez, réfléchissiez et observiez, votre proie sera loin.

Arkady : Non, je ne le pense pas.

Jack Osborne : Pourtant moi, la chapka, je l'ai, et vous pas.