jeudi, 25 juillet 2013
Les Liaisons dangereuses - Les 5e et 9e Symphonies de Beethoven - Le Requiem de Mozart
Harissa vers 1900
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&am...
http://www.youtube.com/watch?v=t3217H8JppI&feature=pl...
http://www.youtube.com/watch?v=TBYtUs_aE7Y&feature=pl...
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Extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Liaisons_dangereuses
La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont se jouent de la société pudibonde et privilégiée dans laquelle ils vivent. Se livrant à la débauche, ils ne cessent, tout au long du livre, de se narrer leurs exploits au travers des lettres qu’ils s’envoient, car ils ne se fréquentent pas ouvertement, et qui constituent le corps de l’intrigue. Mais, pour rivaux qu’ils soient, ils n’en sont pas pour autant à égalité. Le vicomte de Valmont est un homme et, à ce titre, il peut se montrer un libertin flamboyant au grand jour et sans retenue. Les lettres qu’il écrit à la marquise de Merteuil ne sont que le récit triomphant de ses aventures.
Il n’en va pas de même pour cette dernière. Si elle se doit de rivaliser avec le vicomte sur le terrain des aventures d’alcôve, la marquise de Merteuil, de plus, est contrainte à la dissimulation. Son statut social (elle est marquise), matrimonial (elle est veuve) et son sexe (elle est une femme dans un monde dominé par les hommes) l’obligent à la duplicité et à la tromperie. Si le vicomte use aussi de ces armes, ce n’est que pour séduire puis pour perdre, en les déshonorant, les femmes dont il fait la conquête. Il ne fait que prendre un chemin aisé qui ne transgresse que la morale de son époque.
Pour être son égale, la marquise de Merteuil doit, en plus, réussir à s’extraire du rôle qui lui est dévolu. Elle a déclaré la guerre aux hommes et, se voulant « née pour venger [son] sexe », elle utilise toute son intelligence pour conserver son indépendance, ses amants et sa réputation. Toute la force du roman réside dans la double narration de ces deux intrigues entremêlées. Le récit de leurs aventures libertines respectives, de leurs stratégies et de leurs péripéties mais aussi le combat qu’ils se livrent l’un contre l’autre. Un combat qui apparaît tout d’abord comme un jeu de séduction pour ensuite se transformer en rivalité destructrice. En définitive, les deux combattants se prendront mutuellement ce qu’ils ont de plus précieux. Le vicomte mourra en duel après avoir succombé à l’amour de madame de Tourvel dont il aura pourtant causé la perte. Le brillant libertin agonisera en amoureux désespéré d’avoir détruit celle qu’il aimait. La marquise de Merteuil perdra sa réputation, que toute sa vie elle s’était attachée à préserver, sa fortune, en perdant un procès et sa féminité qu’une petite vérole flétrira en la défigurant.
La marquise de Merteuil est une libertine accomplie, qui a passé sa vie à se jouer des hommes tout en préservant son honneur sous des apparences de vertu. Elle décide, pour se venger de Gercourt, de faire de Cécile de Volanges sa pupille, en lui donnant une éducation libertine. Au fil des lettres, le lecteur découvre un personnage complexe qui a très jeune décidé de « venger son sexe ». Ses aventures amoureuses deviennent alors des conquêtes dont elle dispose à sa guise. Mariée jeune et veuve très rapidement, elle jouit d’une fortune importante. Par le passé, elle a été l’amante de Valmont et on apprend qu’elle a été la seule femme capable de lui tenir tête. Au début du roman, elle entretient une liaison avec un chevalier (Belleroche), mais après avoir tourné en ridicule le célèbre Prévan, elle trouve le moyen de s’en débarrasser pour se consacrer à Danceny. Son art de la dissimulation lui permet d’être perçue comme une femme vertueuse et elle devient la confidente de ses propres victimes, comme l’illustre exemple de Cécile de Volanges. Elle parvient même à manipuler Valmont en trouvant les mots pour le convaincre de rompre avec la seule femme qu’il ait jamais aimée, la présidente de Tourvel. Le personnage de Merteuil est vraiment fascinant car mystérieux et unique. Peu importe l'opinion du lecteur sur ses agissements, il ne peut qu'être admiratif des stratagèmes mis en place par la jeune femme pour vivre la vie à laquelle elle aspire dans une société patriarcale étouffante. Les femmes de son époque n'avaient pas le droit d'étudier les sciences, les philosophies... Car elles n'en étaient pas dignes, or, Mme de Merteuil explique dans la lettre 81 sa soif de connaissance, son besoin d'apprendre et de savoir. Dans un milieu où une femme n'est qu'un reflet de son époux, elle est devenue une machine, impassible et froide en surface pour pouvoir exister un peu. Sa relation avec le Vicomte de Valmont en est le parfait exemple et la faille en même temps. Il a une réputation de séducteur invétéré, et elle dit l'avoir voulu dès qu'elle a entendu parler de lui, comme un défi. Tout au long du roman, par plusieurs phrases, on sent une véritable profondeur entre les deux personnages principaux. Le fait même d'écrire en est un. La marquise de Merteuil cache soigneusement toutes les preuves de son libertinage et pourtant, raconte ses exploits dans les moindres détails à son allié et ami. C'est d'ailleurs la transmission des lettres par Valmont à Danceny lors de sa mort qui causera la perte de la marquise. Les deux libertins sont dans une constante surenchère. Ils veulent dominer l'autre, Merteuil parce que Valmont est un libertin avoué et reconnu, Valmont, parce que Merteuil est la seule femme qu'il n'ait jamais réussi à faire plier. Arrivés au sommet de leur art, l'affrontement est inévitable. La guerre est déclarée entre les deux, Merteuil se refusant à Valmont qui la voit comme un trophée et s'achèvera par leur perte. Valmont, libertin reconnu, meurt physiquement, Merteuil, modèle de vertu, meurt socialement.
La fin du roman est énigmatique, car aucun des personnages ne la revoit. « On dit qu'elle », « On dit que »... Mais personne ne peut confirmer les rumeurs. Il y a donc un mystère encore plus grand autour d'elle et elle devient presque un mythe. « On dit qu'elle » a été défigurée par la petite vérole, « On dit qu'elle » s'est enfuie en Hollande. Or, à cette époque, la Hollande est le pays des sorcières et des contes... Elle devient donc presque un personnage légendaire.
Le vicomte de Valmont agit sournoisement et met en place toute une stratégie pour séduire la présidente de Tourvel : on le découvre vite rusé, mais surtout très doué. Ses relations avec la marquise de Merteuil ne sont pas très explicites, chacun cherchant perpétuellement à impressionner l'autre pour se rendre plus désirable : ils étaient autrefois amants et, bien que désirant voler le cœur de la présidente, il se montre toujours autant épris de la marquise. Quant à elle, elle explique son désir de vengeance envers Gercourt, et c’est pourquoi elle essaie d’engager le vicomte à séduire Cécile : mais, trop intéressé par la présidente, il décline l'offre.
Ils en viennent alors à un pacte : s’il parvient à conquérir la Présidente de Tourvel, il pourra posséder la marquise qui lui résiste toujours. Son amour étant repoussé, il essaie encore de retourner la situation et conçoit comme une preuve d’amour le fait qu’elle l’autorise encore à lui écrire contre son départ. Il découvre que Madame de Volanges médisait sur son compte auprès de la présidente et, dès lors, pour s’en venger, il accepte l’ancienne mission que lui confiait la marquise : il se rend à Paris pour débaucher sa fille, prêt à séduire Cécile. Après avoir de tout son zèle contribué à la formation libertine de la « pupille » de Mme de Merteuil, il est chargé par la marquise de « s’emparer » de Danceny comme elle s’est emparée de Cécile, puis va être chargé par la même personne de relayer son rôle d'entremetteuse entre Cécile et le chevalier Danceny après que la mère de Cécile a eu connaissance de la relation unissant sa fille au chevalier. Après la fausse couche de Cécile, suite à sa relation avec le vicomte, ce dernier ne cesse d'irriter la marquise avec ses récits et surtout son amour inconscient pour la présidente.
Les interprétations sur ce personnage divergent. Certains diront qu'il se donne la mort pour avoir trahi Mme de Tourvel, d'autres penchent plutôt pour une autre thèse. Le Vicomte de Valmont reste un libertin et il serait trop simple de croire qu'une simple liaison puisse le ramener sur « le droit chemin ». La marquise de Merteuil et lui se livrent un combat à mort dans la dernière partie de l'œuvre, or, sa mort constitue la perte de son adversaire. Il meurt en la privant de sa réputation, chose vitale pour une femme du XVIIIe siècle. Le fait même qu'il remette au chevalier Danceny l'intégralité des lettres de Merteuil laisse à penser que son geste était mûrement réfléchi. C'est en se laissant tuer qu'il gagne leur bataille.
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Rimbaud - X - Heureux comme avec une femme
Nuit étoilée, Munch
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
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Arthur Rimbaud (1854-1891), 1873, par Jef Rosman
07:40 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, munch
mercredi, 24 juillet 2013
Rimbaud - IX - L'étoile a pleuré rose
Weeping nude, Munch
L'étoile a pleuré rose
L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ;
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
Le vampire, Munch
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Arthur Rimbaud (1854-1891), 1873, par Jef Rosman
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mardi, 23 juillet 2013
Rimbaud - VIII - Ithyphalliques et pioupiesques
The lonely ones, Munch
Le coeur volé
Mon triste coeur bave à la poupe,
Mon coeur couvert de caporal :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste coeur bave à la poupe :
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire général,
Mon triste coeur bave à la poupe,
Mon coeur couvert de caporal !
Separation, Munch
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l'ont dépravé !
Au gouvernail on voit des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques.
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon coeur, qu'il soit lavé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs quolibets l'ont dépravé !
Between clock and bed, Munch
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô coeur volé ?
Ce seront des hoquets bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques :
J'aurai des sursauts stomachiques,
Moi, si mon coeur est ravalé :
Quand ils auront tari leurs chiques
Comment agir, ô coeur volé ?
Summer night's dream, Munch
Street in Asgardstrand, Munch
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Arthur Rimbaud (1854-1891), 1873, par Jef Rosman
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lundi, 22 juillet 2013
Rimbaud - VII - Les assis
Mélancolie, Munch
Les assis
Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;
Ils ont greffé dans des amours épileptiques
Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !
Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
Sentant les soleils vifs percaliser leur peau,
Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.
Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée
Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.
Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.
- Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.
Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,
Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
Et leurs boutons d'habit sont des prunelles fauves
Qui vous accrochent l'oeil du fond des corridors !
Puis ils ont une main invisible qui tue :
Au retour, leur regard filtre ce venin noir
Qui charge l'oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.
Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l'aurore au soir, des grappes d'amygdales
Sous leurs mentons chétifs s'agitent à crever.
Quand l'austère sommeil a baissé leurs visières,
Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
De vrais petits amours de chaises en lisière
Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;
Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule
Les bercent, le long des calices accroupis
Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules
- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.
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Arthur Rimbaud (1854-1891), 1873, par Jef Rosman
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dimanche, 21 juillet 2013
Et in Arcadia Ego - Nicolas Poussin, Chopin, Maxence Caron
Et in Arcadia ego, Nicolas Poussin
Et in Arcadia ego, Nicolas Poussin
Extrait de https://fr.wikipedia.org/wiki/Et_in_Arcadia_ego
Littéralement, le titre Et in Arcadia Ego est un memento mori (« Souviens-toi que tu es mortel. ») Toutefois, André Félibien, le biographe de Poussin, l'interprétait comme : « la personne enterrée dans cette tombe a vécu en Arcadie. » Autrement dit : « elle aussi a profité des plaisirs de la vie sur terre ». C'est le sens qu'on donnait généralement à ces œuvres aux XVIIIe et XIXe siècles. Pour d'autres, le sujet établit une opposition ironique entre la sévérité de la mort et le caractère léger des nymphes et des bergers peuplant l'Arcadie. Dans Dessin, couleur, lumière, Yves Bonnefoy consacre un article à ces toiles. Il propose de recomposer le parcours intellectuel de Poussin, l'un de ses peintres de prédilection, du premier tableau au second. Aujourd'hui, memento mori est le sens le plus généralement accepté.
La différence la plus importante entre les deux versions, c'est que dans la seconde, l'un des deux bergers reconnaît l'ombre de son compagnon sur la tombe et trace la silhouette avec son doigt. Selon une ancienne tradition (Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXV 5, 15), c'est le moment de la découverte de l'art pictural. Ainsi, l'ombre du berger est la première image de l'histoire de l'art. Mais l'ombre sur la tombe est aussi un symbole de la mort. (Dans la première version, celle-ci est symbolisée par un crâne posé sur la tombe). Le sens de cette composition très complexe semble être que l'Humanité surgit de la découverte de la mort inéluctable et de l'invention concomitante de l'Art, réponse créative de l'Humanité à la finitude de l'individu.
Ainsi, la prétention de la mort à régner même en Arcadie est récusée par l'Art (symbolisé par la jeune femme parée à droite dans la seconde version), issu de l'Arcadie même, monde idéal : l'Art est légitime quand le pouvoir de la mort n'est qu'usurpé. Face à la mort, l'objet de l'Art - sa raison d'être - est de ressusciter les aimés disparus, consoler les chagrins, calmer les angoisses, concilier les sentiments inconciliables, distraire la solitude, exprimer l'indicible.
> Chopin le 19è Nocturne posthume en mi mineur
http://maxencecaron.fr/2013/06/chopin-maxence-caron-joue-...
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samedi, 20 juillet 2013
Rimbaud - VI - Nous chierons dans vos ventres de grès
Autoportrait à la cigarette, Munch
L'homme juste
Le Juste restait droit sur ses hanches solides :
Un rayon lui dorait l'épaule ; des sueurs
Me prirent : " Tu veux voir rutiler les bolides ?
Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
D'astres lactés, et les essaims d'astéroïdes ?
" Par des farces de nuit ton front est épié,
Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
La bouche dans ton drap doucement expié ;
Et si quelque égaré choque ton ostiaire,
Dis : Frère, va plus loin, je suis estropié ! "
Et le juste restait debout, dans l'épouvante
Bleuâtre des gazons après le soleil mort :
" Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente,
Ô Vieillard ? Pèlerin sacré ! barde d'Armor !
Pleureur des Oliviers ! main que la pitié gante !
" Barbe de la famille et poing de la cité,
Croyant très doux : ô coeur tombé dans les calices,
Majestés et vertus, amour et cécité,
Juste ! plus bête et plus dégoûtant que les lices !
Je suis celui qui souffre et qui s'est révolté !
" Et ça me fait pleurer sur mon ventre, ô stupide,
Et bien rire, l'espoir fameux de ton pardon !
Je suis maudit, tu sais ! je suis soûl, fou, livide,
Ce que tu veux ! Mais va te coucher, voyons donc,
Juste ! je ne veux rien à ton cerveau torpide.
" C'est toi le Juste, enfin, le Juste ! C'est assez !
C'est vrai que ta tendresse et ta raison sereines
Reniflent dans la nuit comme des cétacés,
Que tu te fais proscrire et dégoises des thrènes
Sur d'effroyables becs-de-cane fracassés !
" Et c'est toi l'oeil de Dieu ! le lâche ! Quand les plantes
Froides des pieds divins passeraient sur mon cou,
Tu es lâche ! Ô ton front qui fourmille de lentes !
Socrates et Jésus, Saints et Justes, dégoût !
Respectez le Maudit suprême aux nuits sanglantes ! "
J'avais crié cela sur la terre, et la nuit
Calme et blanche occupait les cieux pendant ma fièvre.
Je relevai mon front : le fantôme avait fui,
Emportant l'ironie atroce de ma lèvre...
- Vents nocturnes, venez au Maudit ! Parlez-lui,
Cependant que silencieux sous les pilastres
D'azur, allongeant les comètes et les noeuds
D'univers, remuement énorme sans désastres,
L'ordre, éternel veilleur, rame aux cieux lumineux
Et de sa drague en feu laisse filer les astres !
Ah ! qu'il s'en aille, lui, la gorge cravatée
De honte, ruminant toujours mon ennui, doux
Comme le sucre sur la denture gâtée.
- Tel que la chienne après l'assaut des fiers toutous,
Léchant son flanc d'où pend une entraille emportée.
Qu'il dise charités crasseuses et progrès...
- J'exècre tous ces yeux de Chinois à bedaines,
Puis qui chante : nana, comme un tas d'enfants près
De mourir, idiots doux aux chansons soudaines :
Ô Justes, nous chierons dans vos ventres de grès !
Pour plus de poësie d'Arthur Rimbaud : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/arthur_rimbaud/index.html
Arthur Rimbaud (1854-1891), 1873, par Jef Rosman
07:00 Publié dans Beaux-Arts, Ecrits, Peinture, Poësie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, munch