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samedi, 12 mai 2012

En flagrant délit de décapitation

Paris, le 12 mai 2012

 

Paris, parfois tu n'es pas bien réconfortante, souvent même ton ciel nous tombe dessus, pas une fois pour toutes, mais bien un peu toute la journée.

Alors lorsque tu mets entre mes mains une baguette encore tout chaude sortie du four, que je me pose dehors, et que je dois attendre, je sens l'odeur de ton pain chaud attraper mes narines, et me réchauffer les doigts, je ne suis pas chef d'orchestre moi, alors ta gentille baguette, je lui coupe la tête, et l'enfourne dans la mienne, sous deux grands yeux bleus, je ne sais s'ils envient la bouchée, ou s'ils trouvent le geste inconvenant, quoi qu'il en soit, le doux visage de la passante* rend Paris finalement bien plaisante.

 

four à pain recolorisee.jpg

 

Paris, parfois tu n'es pas bien réconfortante,

Souvent même ton ciel nous tombe dessus,

Pas une fois pour toutes, mais bien un peu toute la journée.

Alors lorsque tu mets entre mes mains

Une baguette encore tout chaude sortie du four,

Que je me pose dehors,

Et que je dois attendre,

Je sens l'odeur de ton pain chaud attraper mes narines,

Et me réchauffer les doigts,

Je ne suis pas chef d'orchestre moi,

Alors ta gentille baguette,

Je lui coupe la tête,

Et l'enfourne dans la mienne,

Sous deux grands yeux bleus,

Je ne sais s'ils envient la bouchée,

Ou s'ils trouvent le geste inconvenant,

Quoi qu'il en soit, le doux visage de la passante*

Rend Paris finalement bien plaisante.

Jana Hobeika

 

* mercredi 2 mai 2012, rue de la Pompe, Paris XVI, avec Christiana Reali dans le rôle de la passante

vendredi, 11 mai 2012

Le bon geste... si tu ne veux pas Rentrer Avec Tes Pieds

Paris, le 11 mai 2012

 

Faut-il un stage à New York pour résoudre l'énigme ?

Quel est-il, ce geste si subtil, qui est élégant et sait être efficace, qui est efficace tout en restant élégant, par lequel je pourrais un jour parvenir à arrêter un taxi ou un autobus sans me ridiculiser ?

Ce geste n'est pas courant à Paris, je ne trouve aucun modèle du genre pour m'en inspirer.

En restant tranquille, toutefois bien en vue, à un arrêt où ne passe que le numéro trente-deux*, je lis sept minutes au paneau d'attente, le temps de me plonger dans mon courrier, le temps même d'ébaucher réponse.

Un obus fonce droit, j'ai la tête haute, je me tiens bien droite, tout au bord du trottoir, et c'est un courant d'air à bien cinquante à l'heure qui me frôle.

J'en conclus deux choses, le conducteur n'aime pas que l'on pianote sur de l'électronique en l'attendant, cette vue donnerait du poids à son pied droit, il n'aime pas non plus les personnes âgées, car si j'avais de quelques centimètres davantage translaté, il aurait été contraint de piler, et faire chuter à son bord quantité de mémés et de pépés. Loin de moi l'idée de provoquer telle hécatombe.

Je lis de nouveau sept minutes au paneau d'attente, le temps dorénavant de ne pas me plonger dans mon courrier, et encore moins d'ébaucher réponse, point opportunité, anxiété, tergiversations : et si tu Rentrais Avec Tes Pieds au lieu d'emprunter la RATP ?

Un jumeau du précédent apparaît en début de rue, cette fois je translate jusqu'à mettre un pied sur la chaussée, pour l'obliger à l'arrêt, et pour ne point être percutée, je gesticule, les bras bien hauts, cette fois forcément remarquée. Je monte à bord, rejoins le cortège des mémés et pépés, mais dévisagée, par un air qui dit : "je m'arrête aussi pour les gens qui ne sont pas en pleine crise d'épilepsie".

Quel est-il, ce geste si subtil, qui est élégant et sait être efficace, qui est efficace tout en restant élégant, par lequel je pourrais un jour parvenir à arrêter un taxi ou un autobus sans me ridiculiser ?

Faut-il un stage à New York pour résoudre l'énigme ?

Ou un retour aux bêtes, qui, vous en conviendrez, sont, tous comptes faits, moins bêtes. 

autobus cheval.jpg

 

Faut-il un stage à New York pour résoudre l'énigme ?

Quel est-il, ce geste si subtil,

Qui est élégant et sait être efficace,

Qui est efficace tout en restant élégant,

Par lequel je pourrais un jour parvenir à arrêter un taxi ou un autobus sans me ridiculiser ?

Ce geste n'est pas courant à Paris,

Je ne trouve aucun modèle du genre pour m'en inspirer.

En restant tranquille, toutefois bien en vue, à un arrêt où ne passe que le numéro trente-deux*,

Je lis sept minutes au paneau d'attente,

Le temps de me plonger dans mon courrier,

Le temps même d'ébaucher réponse.

Un obus fonce droit, j'ai la tête haute, je me tiens bien droite, tout au bord du trottoir,

Et c'est un courant d'air à bien cinquante à l'heure qui me frôle.

J'en conclus deux choses,

Le conducteur n'aime pas que l'on pianote sur de l'électronique en l'attendant,

Cette vue donnerait du poids à son pied droit,

Il n'aime pas non plus les personnes âgées,

Car si j'avais de quelques centimètres davantage translaté,

Il aurait été contraint de piler,

Et faire chuter à son bord quantité de mémés et de pépés.

Loin de moi l'idée de provoquer telle hécatombe.

Je lis de nouveau sept minutes au paneau d'attente,

Le temps dorénavant de ne pas me plonger dans mon courrier,

Et encore moins d'ébaucher réponse,

Point opportunité,

Anxiété,

Tergiversations : et si tu Rentrais Avec Tes Pieds au lieu d'emprunter la RATP ?

Un jumeau du précédent apparaît en début de rue,

Cette fois je translate jusqu'à mettre un pied sur la chaussée,

Pour l'obliger à l'arrêt,

Et pour ne point être percutée,

Je gesticule, les bras bien hauts, cette fois forcément remarquée.

Je monte à bord, rejoins le cortège des mémés et pépés,

Mais dévisagée,

Par un air qui dit : "je m'arrête aussi

Pour les gens qui ne sont pas en pleine crise d'épilepsie".

Quel est-il, ce geste si subtil,

Qui est élégant et sait être efficace,

Qui est efficace tout en restant élégant,

Par lequel je pourrais un jour parvenir à arrêter un taxi ou un autobus sans me ridiculiser ?

Faut-il un stage à New York pour résoudre l'énigme ?

Ou un retour aux bêtes,

Qui, vous en conviendrez, sont, tous comptes faits, moins bêtes.

Jana Hobeika

 

* vendredi 27 avril 2012, rue La Boétie, Paris VIII